(Un titre de l’album Concerto pour détraqués des Bérurier Noir. N.d.é.)


KLIMATOGOTHIQUE

 

Il n’y a ni quelque chose ni rien.. : cette terrible contradiction constitue le comble du scepticisme. Le dernier lopin de sol se dérobe sous nos pieds ; le fin mot du tout n’est plus le "rien", mais quelque chose de plus effroyable, de plus inconcevable encore, informe, monstrueux, noir – et resplendissant d’un éclat céleste. – Le noyau du monde, je le nomme "Éclat Noir", "Illusion Noire"...

Ladislav Klíma, Traités et Diktats


KLIMATOEXPLORATEUR

 

Ce n’est pas impunément qu’un quelconque quidam, habitué à son corps suant et urinant, au gentil radotage et à la promiscuité du prochain, – installé dans sa chèreornière comme un tramway dans ses rails bénis, croupissant dans son existence assurée, – et même l’assassin poursuivi par la police vit, tout en étant relatif, dans une profonde sécurité –, qu’il se voie, dis-je, un beau jour à l’improviste en abstractum amorphe, impensable et surfantôme, – un Quelque-chose qui n’est Rien, le sens consistant en le non-sens le plus insensé, le jour en la nuit, – qu’il se voie en X superlativement effroyable ou en ? et en ∞ et en –, chargé du poids de Tout, du Tout.., et dans la solitude et l’obscurité et l’incertitude les plus atroces, les plus abyssales et les plus glaciales, lui-même doublement ténèbre et, pour cette seule raison, lumière – – – Que seule ose s’aventurer dans ces contrées l’âme dotée de la constitution la mieux trempée, de l’astuce la plus granitique...

Ladislav Klíma, Lettre à Miloš Srb, 4 novembre 1917


KLIMATOAÉROPORTÉDANSLEFOUTOIR

 

50. Il est tombé une nuit sans nuages, sans étoiles... Disparus jusqu’aux plus petits nuages, – ces étoiles terrestres, de même que les étoiles ne sont que des nuages célestes ratatinées ; plus de nuages..., plus d’hommes... ni autres êtres visibles, plus de chimères oniriques, planant au-dessus de l’homme de même que le rêve s’élève au-dessus de la veille. Ces créatures félines, tigresques ne sont qu’un symbole de la philosophie, symbole de toutes choses basses et honteuses ; symbole de ce petit univers. Elles se sont dissipées ; et il n’y a pas d’Étoiles... Encore un instant et le sol aussi se dérobera sous vos pieds... Éteintes, les hallucinations des étoiles et des nuages et de la terre, – ne reste, comme vous dites, rien..., le Rien...

51. Le rien est toujours quelque chose ; mais le "quelque chose" s’est perdu. Ne pourrait-on y gagner – le Tout, le Surtout ? – Superomne ? Plus aucune étoile ne luit ; pourquoi le Soleil ne se mettrait-il pas à briller ?

52. Il n’est rien resté. On ne peut plus demander : qu’est-ce donc au juste que la solution ? Ni même, tout "bêtement" : « eh ben, alors – quoi ? » Tout – petits nuages et étoiles hallucinatoires, tout s’est évanoui...

53. Il n’est rien resté ! – Et pourtant... l’Esclavage n’est-il pas toujours là ? et... la Liberté ? –

Ladislav Klíma, «Métaphilosophiques» in Instant et Éternité


KLIMATOCLIMATIQUE

 

Rien absolument n’existe, n’a jamais existé, n’existera jamais en dehors de ma conscience.

Ladislav Klíma, Traités et Diktats (définition donnée pour l’Égosolisme, concept klimaïen du point de fusion absolu du Moi, du Soi et du Je)


KLIMATOBROUILLON

 

Tout = tout. Il n’y a pas de différence. C’est dire qu’il n’y a rien au-delà du rien = le rien existe.

Ladislav Klíma, brouillon du 24 janvier 1922 du Grand Roman.

 

KLIMATOLEIBNIZIEN

 

L’intellect est essentiellement mensonger, c’est-à-dire : tout ce qu’il raconte sans exception est faux ; croire qu’un hasard puisse lui faire dire vrai, c’est absurde. En effet, les concepts : "être", "monde", "quelque chose", "substance", tous tant qu’ils sont, sont de pures fictions ! Qu’il nous semble que quelque chose existe, c’est la preuve qu’il n’y a rien ; si nous n’avions pas cette impression-là, – il y aurait sans doute quelque chose !... Tout cela étant, la conclusion : « RIEN N’EXISTE. » – s’ensuit de manière évidente. Que rien n’existe, ce serait vérité plénière s’il pouvait y avoir une pleine et entière vérité. Si cela nous paraît insensé, c’est la faute à notre nature menteuse, – l’absurdité est ici une preuve de la vérité. [...] En réalité, rien n’existe : – pourtant, il nous semble qu’il y a quelque chose... Mais est-ce certain que tant nous en semble ? : Nenni ! : la conscience d’existence n’est pas immédiate et nous ne savons pas si la conclusion : " quelque chose existe " , – s’ensuit logiquement du sentiment que nous en avons, – nous ignorons si le sentiment d’existence existe le moins du monde... ; " cogito, ergo sum " : – rien de moins certain ! – Tout ce que nous pouvons faire, c’est caractériser encore le semblant comme semblant : « IL NOUS SEMBLE QU’IL NOUS SEMBLE QUE QUELQUE CHOSE EXISTE. » Il est impossible d’aller plus loin.

Ladislav Klíma, Le Monde comme conscience et comme rien


KLIMATOBRAILLE

 

36. Tout aveuglement, toute cécité est un s’aveugler-soi-même, quiconque s’aveugle est esclave et, comme tout esclave, ne peut s’en prendre qu’à soi. L’univers a voulu être – par éparpillement – Esclave ; à cette fin, il lui a fallu totalement s’aveugler. Toute "connaissance" humaine n’est qu’une hallucination d’aveugle ; il n’y a là rien qui soit de l’ordre d’un voir, d’un savoir, autant dire rien de Sublime, rien de Divin. Voilà la seule exception à la règle : nulla regula sine exceptione ; de même que le fait qu’il n’y ait dans l’univers aucun perpetuum mobile n’empêche en rien l’univers comme tel – d’en être un. Tout, sans exception, on le voit mal, c’est-à-dire : en hallucinant, c’est-à-dire : on ne voit rien, on ne sait rien.

Ladislav Klíma, «Métaphilosophiques» in Instant et Éternité


KLIMATOLEIBNIZIEN V2.0

 

Peut-on être absolument certain de quoi que ce soit ? On ne sait jamais avec une certitude complète si on est en train de canoter ou si on ne fait pas plutôt du patin à glace, si on n’est pas victime d’une obnubilation des sens et de l’âme, victime d’un mirage, d’une vision, du somnambulisme, si on veille ou si on rêve. Rien, on ne peut jurer de rien ; on ne pourra jamais rien savoir de certain tant que l’esprit restera esprit, c’est-à-dire illusion !

Ladislav Klíma, Némésis la glorieuseœuvre policière métaphysique anti-psychiatrique» dixit Klíma)

 

KLIMATOSAGE

 

La sagesse a honte de la vie, la vie a honte de la sagesse et c’est de sa part la sagesse même, la sagesse est vie, – mais pour finir ? : le fin mot du tout, – rien !...

Ladislav Klíma, Le Monde comme conscience et comme rien


KLIMATOSCEPTIQUE

 

– « Me semble-t-il », restriction à appliquer à chaque mot, – ou à aucun : rien de rien n’est certain, et il est à supposer que nos lecteurs ne seront pas de ces péquenots qui prennent tout ce qu’ils voient imprimé pour paroles d’évangile.

Ladislav Klíma, Le Monde comme conscience et comme rien


KLIMATOPERSPICACE

 

36. Pour la philosophie, le problème du monde se réduit à une sublime devinette : qu’est-ce qu’il peut bien y avoir de fourré dans le coffre fermé que voici ? des chiffons ou bien des brioches ou bien des bombes ou même un macchabée ? elle n’a jamais eu l’idée de se demander : et s’il n’y avait tout bêtement rien ? – L’absurdité du concept de "monde extérieur" n’admet aucune problématicité tant soit peu profonde.

Ladislav Klíma, «Métaphilosophiques» in Instant et Éternité

 

KLIMATOBESOGNEUX

 

L’explication du monde apparent, c’est-à-dire de ce bas monde que tout le monde connaît, représente encore une tâche de la philosophie. Elle est une gnose, à la différence de l’explication du monde "vrai", aspirant à la vérité absolue : – l’agnose ; de même que l’agnose enseigne : « nous ne savons rien », – la gnose dit : « nous savons tout » – : nous savons tout ensemble tout et rien : – La gnose et l’agnose affectent pareillement toutes les idées, – l’une ne va pas sans l’autre.

Ladislav Klíma, Le Monde comme conscience et comme rien


KLIMATOAPOCALYPTIQUE

 

33. Il ne restera, de tous les concepts humains, rien, rien et rien de rien ! Malgré toutes nos tentations, malgré la peur qui revient nous hanter, tout est à jeter – tout, sans pitié ! Que l’audace, la paradoxalité, la folie soient sans limites ! Plus on délirera, mieux ça vaudra, – plus on s’éloignera de l’horripilodégoûtation qu’a été jusque-là toute la folie, et plus – on s’approchera de Dieu ! Qu’il ne reste pas pierre sur pierre !...

Ladislav Klíma, «Métaphilosophiques» in Instant et Éternité