Désire peu : tu auras tout.
Ne désire rien : tu es libre.
L’amour même que l’on pourrait
Nous porter, nous réclame, nous opprime

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Rien ne reste de rien. Et nous ne sommes rien.
Au soleil et au vent quelque peu nous nous arriérons
De l’irrespirable ténèbre qui nous grèvera
De l’humide terre imposée,
Cadavres ajournés qui procréent.

Lois promulguées, statues contemplées, odes achevées–
Tout connaît son tombeau. Si nous, amas de chairs
Qu’un intime soleil nourrit de sang, avons
Notre couchant, pourquoi pas elles ?
Nous sommes contes contant contes, rien

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Fleurs que je cueille, fleurs que je laisse,
Identique est votre destin.

Chemin que je fraie, tu atteins
Plus loin que je n’atteins.

Nous ne sommes rien qui vaille –
Et ce rien est moins que rien.

Ricardo Reis, Odes éparses