Deux vérités que les hommes généralement ne croiront jamais : l’une est de ne rien savoir, l’autre de n’être rien. Ajoute la troisième, qui dépend essentiellement de la deuxième : de n’avoir rien à espérer après la mort. (16 septembre 1832, 4525)
Giacomo Leopardi, Zibaldone
Les nihilistes russes ont lu et aimé Leopardi, trouvé en lui des confirmations à des prises de position qu’il n’aurait jamais partagées. Une quantité de monde le pris pour modèle, en lui faisant dire ce que jamais il ne pensa, des catholiques, convaincus de voir en lui un grand esprit mystique, tourné vers les astres comme on cherche le salut, aux marxistes qui lui ont prêté un esprit de solidarité gauchisant basé sur un matérialisme qu’ils ont mis beaucoup de mauvaise foi à trouver historique. Dérision des dérisions : être le chantre du néant, écrire le rien, et laisser des textes à qui l’on fait tout dire...
Perle Abbrugiati, Giacomo Leopardi, du néant plein l’infini