Il n’y a rien, rien par quoi le démon conciliant du recueillement se facilite autant la vie que les revenants, et il n’y a pas plus grand obstacle que ces revenants.
Vladimír Holan
Sa lecture est étrange, troublante, mêlant l’anecdote anodine à la métaphysique. Ses poèmes semblent à la fois tendus à rompre et fragiles infiniment. Parfois blocs abstraits, parfois lyriques ; sa poésie est mouvement, galopade pour, semble-t-il, fuir les marécages de son époque. Les objets les plus contondants de la vie s’opposent à son abstraction : pierre, quotidien qui cogne. Sa poésie est tension extrême, affirmations cinglantes et doutes encore plus béants, aphorismes à la René Char, mais lui était resté lucide. Démuni et lucide. Il ne voulait pas être le grand héraut d’une "grande poésie", la sienne reste immédiate et à hauteur d’homme. Elle sort douloureusement de l’argile des jours. C’est l’écriture d’un homme seul qui s’enfonce volontairement dans le silence, ce silence qui ne console en rien de rien :
Moins que dire
et se taire à rien de rien
voilà ce qui nous attend...
D’après Gil Pressnitzer, Vladimír Holan, Le poète du reclus.