La demeure du Général, ville de Resht, en Perse du Nord, 1023, après Jésus-Christ. Le Général étudie ses cartes d’état-major et tire des plans pour lancer le corps expéditionnaire sur Alamout. Le Vieux de la Montagne, dans l’esprit du Général, représentait le mal absolu. Certainement cet homme avait commis le terrible péché mentionné par le Coran, désiré être Dieu – la secte d’Ishmael était la malédiction, secrète, furtive, toujours prête à frapper, défiant toute autorité... «Rien n’est vrai. Tout est permis.»
«Blasphème !» hurla le Général en se levant d’un bond. «L’homme est fait pour se soumettre et obéir !»... simulant une dernière charge contre ce Démon il marche de long en large en tripotant la poignée de son sabre incrustée de pierres précieuses.
William S. Burroughs, Les garçons sauvages
La sortie du livre de Burroughs amena ce commentaire de Bernard Delvaille dans un numéro de Combat en 1973 : «Avec Les garçons sauvages, nous sommes en 1988, c’est-à-dire bientôt, et les adolescents guérilleros, rompus à toutes les armes du sexe et de la drogue, vont dévaster la terre. Des meutes de garçons-insectes, garçons-planeurs, garçons-patins à roulettes, garçons-riens, garçons-frondes, garçons-lézards vont saccager le monde. Ne sont-ils pas la seule riposte à ces États policiers qui maintiennent une façade démocratique derrière laquelle à haute voix les gouvernants disent que les drogués et les invertis ou ceux qui s’opposent à la machine de contrôle sont des criminels ? Et aussi l’auto-châtiment de ces États ?»