– C’est un nihiliste.
– Comment ? lui demanda son père. Quant à Paul, il leva son couteau dont l’extrémité portait un morceau de beurre, et resta immobile.
– C’est un nihiliste, répéta Arcade.
– Un nihiliste, dit Kirsanof. Ce mot doit venir du latin nihil, rien, autant que je puis juger, et par conséquent il signifie un homme qui… qui ne veut rien reconnaître ?
– Ou plutôt qui ne respecte rien, dit Paul qui se remit à beurrer son pain.
– Un homme qui envisage toute chose à un point de vue critique, reprit Arcade.
– Cela ne revient-il pas au même ? demanda son oncle.
– Non, pas du tout ; un nihiliste est un homme qui ne s’incline devant aucune autorité, qui n’accepte aucun principe, sans examen, quel que soit le crédit dont jouisse ce principe.

Ivan Tourgueniev, Pères et fils

 

 

Nietzsche ne pardonna jamais aux nihilistes d’avoir tellement besoin d’une croyance qu’ils préférèrent, plutôt que de ne rien croire, croire en rien.

Roland Jaccard, La tentation nihiliste