(Je suis Dieu, phrase en latin récurrente chez L. Klíma. N.d.é.)
Lorsque nous avons englouti le monde et que nous restons seuls, fiers de notre exploit, Dieu, rival du Rien, apparaît comme une dernière tentation.Tous les nihilistes ont eu maille à partir avec Dieu. Une preuve de plus de son voisinage avec le rien. Ayant tout foulé aux pieds, il ne vous reste plus à détruire que cette ultime réserve du néant.
Emil Cioran, Des larmes et des saints
Après s’être inventé des dieux, l’Homme a voulu s’en affranchir et s’autoproclamer dieu lui-même ; "Je suis, nous sommes", toute l’humanité se résume à un jeu de balancier entre docilité de masse et révolte individuelle. Esclave consentant de ses mythes, l’homme s’extrait avec difficulté du néant qui s’offre à lui : une hypothétique vie future ou une mort présente certaine. Considérer que Dieu n’est pas c’est constater que l’Homme n’est rien, même pas le reflet risible de lui-même et surtout rien de plus que tout ce qui l’entoure. Arbre, homme, chien ou cloporte, tous "frères en rien" de l’Univers.