Titre d’un film des Monty Python. N.d.é.

 

Le chevalier Antonius Block, en proie à de graves questions existentielles, et son écuyer nihiliste Jöns rentrent de Croisade. Sur leur route ils croisent un moine et un groupe de soldats qui s’apprêtent à mener au bûcher une jeune fille...

 

– Chevalier à la jeune fille : M’entends-tu ? Tu as eu un commerce avec le Diable ?
– Jeune fille : Pourquoi le demandes-tu ?
– Chevalier : Pour des raisons personnelles. Je veux le rencontrer.
– Jeune fille : Pourquoi ?
– Chevalier : Je veux le questionner sur Dieu. Lui, au moins, il doit savoir.
– Jeune fille : Tu peux le voir quand tu veux. Il te suffit de faire comme je dis. Mets tes yeux dans mes yeux. Et bien ? Que vois-tu ? Le vois-tu ?
– Chevalier : J’y vois l’épouvante, rien d’autre. Rien d’autre.
– Jeune fille : Personne ? Rien ? Personne ?
– Chevalier : Non.
– Jeune fille : Il n’est pas là derrière toi ?
– Chevalier : Non, il n’y a personne.
– Jeune fille : Il m’accompagne partout. Si je tends la main, je sens la sienne. Maintenant aussi. Le feu ne me fera rien.
– Chevalier : Il te l’a dit ?
– Jeune fille : Je le sais.
– Chevalier : Il te l’a dit ?
– Jeune fille : Je le sais. Je le sais. Tu dois le voir. Les prêtres et les soldats l’ont vu. Ils n’osent pas me toucher.
– Chevalier à un soldat : Pourquoi avez-vous brisé ses mains ?
– Soldat : Ce n’est pas nous.
– Chevalier : Qui alors ?
– Soldat : Demandez-le au moine.
– Chevalier au moine : Qu’as tu fait à cette enfant ?
– Moine : Tu ne cesses de questionner ?
– Chevalier : Je ne cesserai jamais.
– Moine : Mais on ne te répond pas.

Les soldats allument le bûcher...

– Écuyer : Que voit-elle ? Peux-tu me le dire ?
– Chevalier : Elle n’a plus mal.
– Écuyer : Tu ne me réponds pas ! Qui prendra soin d’elle ? Les anges, Dieu, Satan, le néant ? Il n’y a rien, messire !
– Chevalier : Il ne peut en être ainsi !
– Écuyer : Vois ses yeux. Sa pauvre conscience fait une découverte. Il n’y a rien ! Nous sommes impuissants. Nous voyons ce qu’elle voit et notre épouvante est la même.

Ingmar Bergman, Le Septième Sceau