Musil, Robert. 1880-1942. Il y a l’odyssée classique, circulaire, autrement dit l’odyssée comme trajet de l’individu qui part, traverse le monde et à la fin revient chez lui, enrichi et changé, bien sûr, par les expériences qu’il a faites en cours de route, mais confirmé dans son identité. Et puis il y a l’odyssée rectiligne, celle que raconte par exemple Musil, dans laquelle l’individu ne revient pas chez lui, mais avance en ligne droite vers l’infini ou vers le rien, en se perdant en route et en changeant radicalement sa physionomie, en devenant autre, en détruisant toute frontière de sa propre identité. (d’après Claudio Magris, Utopie et désenchantement)