[...] Une fois
J’ai vécu comme les Dieux et n’ai besoin de rien de plus.

Hölderlin, Aux Parques

 


Au tournant des XVIIIe et XIXe siècles et au retour d’un séjour en France, Hölderlin rejoint le langage des oiseaux, des sources et des Dieux qui lui était si cher. C’est au cours de ces 37 années de retrait que le jeune poète Wilhelm Waiblinger lui rend visite :


Jamais il n’a oublié que j’étais poète, et nombre de fois il m’a questionné sur l’ouvrage que j’avais en train, me demandant si j’avais bien travaillé. Ce qui n’empêchait pas, évidemment, qu’il ajoutât tout aussitôt : «Moi, Monsieur, je n’ai plus le même nom, je m’appelle à présent Killalusimeno. Oui, Votre Majesté ; vous le dites aussi, vous l’affirmez : il ne m’arrive rien.»
Une phrase, celle-là, que je lui ai entendu dire très fréquemment : «Il ne m’arrive rien.» Comme s’il voulait se rassurer et se tranquilliser en ayant toujours cette pensée qu’il ne lui arrivait rien.