(Nom d’une série télévisée fantastique des années 1990 dont la phrase culte est : «La vérité est ailleurs». N.d.é.)


Au contraire, sœur, j’ai dû me rappeler qu’il est prêtre, pour lui dire que je ne crois pas aux dires des prêtres. C’est leur faute si je n’ai plus de foi dans leur Dieu. Pourquoi nous donnent-ils un architecte tout-puissant et qui se mêle, à chaque instant, à notre vie ? Il n’y a rien de vrai dans cette histoire. Mais la vérité doit être ailleurs. Où ? Je n’en sais rien. Ce que je sais, c’est que nous vivons, nous souffrons et nous mourons bêtement, sans savoir ni pourquoi ni comment. Je sais encore que notre plus grande erreur est de trop désirer le bonheur, tandis que la vie reste indifférente à nos désirs : si nous sommes heureux, c’est par hasard ; et si nous sommes malheureux, c’est encore par hasard. Dans cette mer pleine d’écueils qu’est la vie, notre barque est à la merci des vents, et notre adresse ne peut éviter que peu de chose. Et c’est inutile d’accuser quelqu’un, ou d’accrocher son espoir à quelque chose : on est destiné au bonheur ou au malheur avant de sortir du ventre de sa mère. Heureux est celui qui sent le moins, ou qui ne sent rien. Le peu qu’il demande, l’existence le lui donne. Et malheureux est celui qui sent et qui veut : il n’en a jamais assez.

Panaït Istrati, Oncle Anghel