Et si l’âme…

et si l’âme n’était que cette noire plume
de corbeau chue sur le pavé

et si l’âme n’était que ce pistil obscène
dardant au milieu d’une corolle crépusculaire

et si l’âme n’était que ce chiffon nuageux
palpitant au-dessus d’une ruche désertée

et si l’âme n’était que cet éclat de galet
clignotant dans la caillasse d’une moraine

dans le grand Rien l’inestimable petit rien

Lambert Schlechter, Je est un pronom sans conséquence

 

Dans Nihilismes, Denise Souche-Dagues essaie de faire une généalogie typologique du nihilisme européen et en montre la complexité d’approche : «À la place d’un discours unifié sur le nihilisme, on dispose de descriptions, d’éloges, ou de remèdes. Ces différentes propositions recouvrent le nihilisme ; elles ne l’expliquent pas, et même ne l’exposent pas, s’il est vrai que du rien il n’y a ni concept ni intuition. Le rien est sans rivages, sans contours, sans détermination. Seul le tableau, ou le poème, parce qu’ils esquissent la possibilité d’une intuition, dans le geste même où ils la démentent, peuvent jouer une quasi-ostention du néant. Mais l’étymologie du rien atteste de son impensibilité : l’absence de toute chose, telle est la chose, nous dit le mot.»