Tchernomorie : Différence entre versions

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== Panorama tchernomorien ==
 
== Panorama tchernomorien ==
  
Hormis celleux <ref>Rappelons que la plupart des sociétés d'hominines connues se sont structurées sur une dichotomie mâle/femelle et sur une division entre adultes et enfants. Cette hiérarchie sociale place l'adulte mâle en haut, suivi de l'adulte femelle, de l'enfant mâle et de l'enfant femelle. Parfois l'enfant mâle est situé entre adulte mâle et adulte femelle. Ces différenciations se retrouvent souvent dans les pratiques linguistiques des hominines qui utilisent des pronoms masculins et féminins. Sauf indications contraires, le terme ''hominines'' est utilisé pour désigner l'ensemble de ces composantes. L'utilisation de telles catégorisations n'est pas une validation de ces hiérarchies arbitraires mais une contrainte linguistique. Voir l'article [[Raphé]]</ref> des hominines qui pensent que la planète Terre est plate — ce qui expliquerait que toutes les mers et océans ne soient pas dans l'hémisphère sud alors que l'eau coule toujours vers le point le plus bas, ou tout simplement que les eaux ne s'écoulent pas toutes hors de la planète — les autres constatent que l'horizon n'est pas sans limite. La courbure de la Terre en est la raison. Face à une vue dégagée, la vision maximale à hauteur d'hominine est d'un peu moins de 5 kilomètres. La formule est mathématique. Plus la hauteur est grande et plus l'horizon est lointain. À [[ACAB|1312]] mètres d'altitude, l'horizon visible maximum est à 129,36 kilomètres. Les phénomènes atmosphériques perturbent néanmoins ces calculs et des choses plus lointaines peuvent parfois être vues, tels les mirages. Du centre de la mer Noire, la visibilité possible donne l'impression d'être en plein océan de solitude, sans terres émergées, et vue des rivages, d'être solitaire sur un bout de terre face à une immensité inatteignable. Outre les nombreux mythes et légendes des hominines qui décrivent ou inventent leurs panoramas tchernomoriens, cette illusion se retrouve aussi chez les géopoétosophes, qu'illes aient ou non connaissance de la rotondité de la planète.
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Hormis celleux <ref>Rappelons que la plupart des sociétés d'hominines connues se sont structurées sur une dichotomie mâle/femelle et sur une division entre adultes et enfants. Cette hiérarchie sociale place l'adulte mâle en haut, suivi de l'adulte femelle, de l'enfant mâle et de l'enfant femelle. Parfois l'enfant mâle est situé entre adulte mâle et adulte femelle. Ces différenciations se retrouvent souvent dans les pratiques linguistiques des hominines qui utilisent des pronoms masculins et féminins. Sauf indications contraires, le terme ''hominines'' est utilisé pour désigner l'ensemble de ces composantes. L'utilisation de telles catégorisations n'est pas une validation de ces hiérarchies arbitraires mais une contrainte linguistique. Voir l'article [[Raphé]]</ref> des hominines qui pensent que la planète Terre est [[Néoplatisme|plate]] — ce qui expliquerait que toutes les mers et océans ne soient pas dans l'hémisphère sud alors que l'eau coule toujours vers le point le plus bas, ou tout simplement que les eaux ne s'écoulent pas toutes hors de la planète — les autres constatent que l'horizon n'est pas sans limite. La courbure de la Terre en est la raison. Face à une vue dégagée, la vision maximale à hauteur d'hominine est d'un peu moins de 5 kilomètres. La formule est mathématique. Plus la hauteur est grande et plus l'horizon est lointain. À [[ACAB|1312]] mètres d'altitude, l'horizon visible maximum est à 129,36 kilomètres. Les phénomènes atmosphériques perturbent néanmoins ces calculs et des choses plus lointaines peuvent parfois être vues, tels les mirages. Du centre de la mer Noire, la visibilité possible donne l'impression d'être en plein océan de solitude, sans terres émergées, et vue des rivages, d'être solitaire sur un bout de terre face à une immensité inatteignable. Outre les nombreux mythes et légendes des hominines qui décrivent ou inventent leurs panoramas tchernomoriens, cette illusion se retrouve aussi chez les géopoétosophes, qu'illes aient ou non connaissance de la rotondité de la planète.
  
 
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À ces préjugés qui traversent les différentes communautés culturelles, linguistiques et religieuses, viennent s'ajouter l'héritage des conflits territoriaux ou de propriété dans les régions où des déplacements de populations eurent lieu. Au gré des politiques, les biens et les terrains appartenant à des personnes condamnées à la déportation sont redistribués à d'autres populations locales ou à des personnes elles-mêmes chassées de chez elles dans d'autres pays ou régions. Par exemple, les villages vidés des cosaques<ref name="#cos" /> dans le Caucase sont investis par des tchétchènes et des ingouches, et leurs territoires sont intégrés dans les républiques soviétiques autonomes de Tchétchénie et d'Ingouchie. Lorsque des meshkètes<ref name="#mes" /> tentent de rentrer en Géorgie après des décennies d'exil en Asie centrale, leurs maisons sont occupées par des arménophones géorgiens qui en sont les propriétaires. Situation similaire à celle des tatarophones de Crimée ou des allemands de la Dobrogée roumaine.  
 
À ces préjugés qui traversent les différentes communautés culturelles, linguistiques et religieuses, viennent s'ajouter l'héritage des conflits territoriaux ou de propriété dans les régions où des déplacements de populations eurent lieu. Au gré des politiques, les biens et les terrains appartenant à des personnes condamnées à la déportation sont redistribués à d'autres populations locales ou à des personnes elles-mêmes chassées de chez elles dans d'autres pays ou régions. Par exemple, les villages vidés des cosaques<ref name="#cos" /> dans le Caucase sont investis par des tchétchènes et des ingouches, et leurs territoires sont intégrés dans les républiques soviétiques autonomes de Tchétchénie et d'Ingouchie. Lorsque des meshkètes<ref name="#mes" /> tentent de rentrer en Géorgie après des décennies d'exil en Asie centrale, leurs maisons sont occupées par des arménophones géorgiens qui en sont les propriétaires. Situation similaire à celle des tatarophones de Crimée ou des allemands de la Dobrogée roumaine.  
  
La situation des hominines des différentes vagues d'échanges et de déplacements de population est souvent très difficile. Outre les conditions de départ, souvent dans la violence, les pays d'accueil ne sont pas toujours en mesure d'y faire face. Au cours du XIX<sup><small>ème</small></sup> siècle, l'empire ottoman voit arriver sur son territoire plus d'un million d'hominines de différentes communautés mahométiennes fuyant l'avancée des armées russes dans le Caucase ou chassées des Balkans par les pays et royaumes christiens nouvellement indépendants de l'empire. Seulement une partie d'entre elleux se réinstallent dans leurs régions d'origine après la fin des guerres caucasiennes<ref>Les oubykhs quittent le Caucase où leur langue disparaît définitivement. Idem pour les arshtins qui, en si petit nombre, se dissolvent dans les tchétchènes dont illes sont proches par la langue et la culture.</ref>. Dans les années 1920, les micrasiates et les autres populations christiennes sont installées dans les régions périphériques de Grèce où vivaient auparavant des populations turcophones mahométiennes ou des slavophones christiennes<ref>Dans sa politique d'homogénéisation de sa population, la Grèce chasse aussi les communautés slavophones christiennes du nord de la région de Macédoine. Les albanophones mahométiennes sont chassées d'Épire à l'est de la Grèce.</ref>, ou bien dans les quartiers urbains les plus pauvres pour les migrations plus récentes<ref>Michel Bruneau, "Territoires de la diaspora grecque pontique", ''Espace géographique'', tome 23, n°3, 1994 - [https://www.persee.fr/doc/spgeo_0046-2497_1994_num_23_3_3306 En ligne]. Régis Darques, "La nouvelle migration des Grecs du Pont vers Salonique : origine géographique et processus d'installation", ''Revue européenne des migrations internationales'', vol. 13, n°2, 1997 - [https://www.persee.fr/doc/remi_0765-0752_1997_num_13_2_1554 En ligne]. Marie Lavrentiadou, "Identités territoriales des Grecs «pontiques» de l'ex-Union Soviétique", ''Villes en parallèle'', n°32-34, décembre 2001 - [https://www.persee.fr/doc/vilpa_0242-2794_2001_num_32_1_1363 En ligne]. </ref>. Parfois, les populations réfugiées se structurent en tant que groupes distincts de la population majoritaire, gardant des pratiques linguistiques singulières ou des traditions spécifiques même quand illes en partagent les principaux traits culturels. La glottophobie<ref>La glottophobie est un ensemble de procédés discriminatoires basés sur un usage attendu d'une langue. Par exemple, même pour une personne maîtrisant très bien une langue, avoir un accent peut-être source de moqueries ou un obstacle à l’ascension sociale. Voire créer un manque de crédibilité. Comme pour celleux qui ne maîtrisent pas bien une langue et dont les réflexions sont mésestimées.</ref> s'ajoute parfois aux autres formes de stigmatisations. Malgré les injonctions d'Israël à se plier aux pratiques religieuses moïsiennes majoritaires, les karaïtes parviennent à se faire accepter comme une composante sans avoir à reconnaître l'autorité des rabbins. En Grèce, environ 200000 pontiques pratiquent toujours leur langue grecque, incompréhensible pour les autres grécophones, alors que celle des micrasiates de Cappadoce a quasiment disparu. Cultiver ses différences est soit un choix identitaire qui vise à préserver quelque chose, soit le simple reflet d'une réalité sociale, de l'isolement qui maintient ces hominines au bas de l'échelle sociale, en marge. Quel que soit le pays d'accueil, les moyens mis en œuvre et les politiques appliquées ne sont jamais réellement suffisants pour absorber les vagues d'exil dans des conditions sociales acceptables qui permettent une bonne intégration. Les camps d'accueil temporaires durent trop longtemps, les relogements se font au goutte à goutte ou collectivement dans des quartiers "communautaires". La ségrégation spatiale et l'exclusion sociale perdurent de fait sur plusieurs générations. Le populicide s'estompe mais le populocide continue. Bien moins connues que les travaux de l'historien optimiste Demis Roussos qui déclame ''Forever and Ever''<ref>Demis Roussos, "Forever and Ever" sur l'album du même titre, 1973 - [https://www.youtube.com/watch?v=KiLkA_jWzn4 En ligne]</ref>, les paroles du psychanalyste dépressif Nikos Kazantzakis, inscrites sur sa pierre tombale, semblent être plus en prise avec la triste réalité de celleux qui sont les morts qui ont survécu.  
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La situation des hominines des différentes vagues d'échanges et de déplacements de population est souvent très difficile. Outre les conditions de départ, souvent dans la violence, les pays d'accueil ne sont pas toujours en mesure d'y faire face. Au cours du XIX<sup><small>ème</small></sup> siècle, l'empire ottoman voit arriver sur son territoire plus d'un million d'hominines de différentes communautés mahométiennes fuyant l'avancée des armées russes dans le Caucase ou chassées des Balkans par les pays et royaumes christiens nouvellement indépendants de l'empire. Seulement une partie d'entre elleux se réinstallent dans leurs régions d'origine après la fin des guerres caucasiennes<ref>Les oubykhs quittent le Caucase où leur langue disparaît définitivement. Idem pour les arshtins qui, en si petit nombre, se dissolvent dans les tchétchènes dont illes sont proches par la langue et la culture. Spécialiste de l'oubykh, le linguiste français Georges Dumézil recueille des informations auprès du dernier locuteur de cette langue aux 82 consonnes et 3 voyelles. Voir George Dumézil, ''Entretiens avec Didier Eribon'', Gallimard, 1987. </ref>. Dans les années 1920, les micrasiates et les autres populations christiennes sont installées dans les régions périphériques de Grèce où vivaient auparavant des populations turcophones mahométiennes ou des slavophones christiennes<ref>Dans sa politique d'homogénéisation de sa population, la Grèce chasse aussi les communautés slavophones christiennes du nord de la région de Macédoine. Les albanophones mahométiennes sont chassées d'Épire à l'est de la Grèce.</ref>, ou bien dans les quartiers urbains les plus pauvres pour les migrations plus récentes<ref>Michel Bruneau, "Territoires de la diaspora grecque pontique", ''Espace géographique'', tome 23, n°3, 1994 - [https://www.persee.fr/doc/spgeo_0046-2497_1994_num_23_3_3306 En ligne]. Régis Darques, "La nouvelle migration des Grecs du Pont vers Salonique : origine géographique et processus d'installation", ''Revue européenne des migrations internationales'', vol. 13, n°2, 1997 - [https://www.persee.fr/doc/remi_0765-0752_1997_num_13_2_1554 En ligne]. Marie Lavrentiadou, "Identités territoriales des Grecs «pontiques» de l'ex-Union Soviétique", ''Villes en parallèle'', n°32-34, décembre 2001 - [https://www.persee.fr/doc/vilpa_0242-2794_2001_num_32_1_1363 En ligne]. </ref>. Parfois, les populations réfugiées se structurent en tant que groupes distincts de la population majoritaire, gardant des pratiques linguistiques singulières ou des traditions spécifiques même quand illes en partagent les principaux traits culturels. La glottophobie<ref>La glottophobie est un ensemble de procédés discriminatoires basés sur un usage attendu d'une langue. Par exemple, même pour une personne maîtrisant très bien une langue, avoir un accent peut-être source de moqueries ou un obstacle à l’ascension sociale. Voire créer un manque de crédibilité. Comme pour celleux qui ne maîtrisent pas bien une langue et dont les réflexions sont mésestimées.</ref> s'ajoute parfois aux autres formes de stigmatisations. Malgré les injonctions d'Israël à se plier aux pratiques religieuses moïsiennes majoritaires, les karaïtes parviennent à se faire accepter comme une composante sans avoir à reconnaître l'autorité des rabbins. En Grèce, environ 200000 pontiques pratiquent toujours leur langue grecque, incompréhensible pour les autres grécophones, alors que celle des micrasiates de Cappadoce a quasiment disparu. Cultiver ses différences est soit un choix identitaire qui vise à préserver quelque chose, soit le simple reflet d'une réalité sociale, de l'isolement qui maintient ces hominines au bas de l'échelle sociale, en marge. Quel que soit le pays d'accueil, les moyens mis en œuvre et les politiques appliquées ne sont jamais réellement suffisants pour absorber les vagues d'exil dans des conditions sociales acceptables qui permettent une bonne intégration. Les camps d'accueil temporaires durent trop longtemps, les relogements se font au goutte à goutte ou collectivement dans des quartiers "communautaires". La ségrégation spatiale et l'exclusion sociale perdurent de fait sur plusieurs générations. Le populicide s'estompe mais le populocide continue. Bien moins connues que les travaux de l'historien optimiste Demis Roussos qui déclame ''Forever and Ever''<ref>Demis Roussos, "Forever and Ever" sur l'album du même titre, 1973 - [https://www.youtube.com/watch?v=KiLkA_jWzn4 En ligne]</ref>, les paroles du psychanalyste dépressif Nikos Kazantzakis, inscrites sur sa pierre tombale, semblent être plus en prise avec la triste réalité de celleux qui sont les morts qui ont survécu.  
  
 
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* '''Bulgarie'''
 
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D'après le recensement ethnolinguistique de 2011<ref>Recensement de 2011 en anglais - [https://www.nsi.bg/census2011/PDOCS2/Census2011final_en.pdf En ligne]</ref>, selon les auto-dénominations des personnes interrogées, sur un peu moins de 7 millions d'hominines à vivre en Bulgarie, 85% parlent bulgare, 9% turc de Bulgarie<ref>Alexandre Popovic, "Les Turcs de Bulgarie, 1878-1985, Une expérience des nationalités dans le monde communiste", ''Cahiers du monde russe et soviétique'', vol. 27, n° 3-4,‎ juillet-décembre 1986 - [https://www.persee.fr/doc/cmr_0008-0160_1986_num_27_3_2087 En ligne]</ref> et 5% rom. Dans le petit pourcent restant, 10000 personnes se déclarent russes, 6500 arméniennes, 3600 valaques<ref>Jean-François Gossiaux, "Valaques et/ou Aroumains en Bulgarie : ethnonyme et politique", ''Nommer et classer dans les Balkans'', École française d’Athènes, 2008 - [https://doi.org/10.4000/books.efa.7427 En ligne] </ref>, 2500 Saracatsanes<ref>Les saracatsanes (ou karakachanskas en bulgare) forment jusque dans les années 1950 une population distincte de pasteurs nomades de langue grecque en Grèce, en Bulgarie, en Macédoine du nord et en Albanie. Leurs origines sont la source de nombreux débats. Les politiques de sédentarisation forcée ont mené à une intégration sociale et culturelle. Illes sont plusieurs dizaines de milliens en Grèce et considérés comme grecs, et moins de 3000 en Bulgarie où illes sont différenciés des autres populations grecques du pays. Geneviève Zoïa, "Les usages sociaux de l'identité : Les Sarakatsanes grecs", ''CEMOTI'', n°17 Grèce: identités, territoires, voisinages, modernisations, 1994 - [https://doi.org/10.3406/cemot.1994.1076 En ligne]</ref>, 1800 ukrainiennes, 1600 macédoniennes, 1400 grecques, 1200 moïsiennes et 900 roumaines. Estimés à quelques milliers d'hominines, les tatars criméens de Bulgarie ne sont plus recensés. Idem pour les gagaouzes<ref name="#gag" /> qui ne sont que quelques dizaines. La catégorie "bulgare" contient environ 70000 pomaks<ref name="#pom" />. La catégorie "turc de Bulgarie" englobe parfois les pomaks et les gagaouzes<ref>Frank W. Carter, "Minorités nationales et groupes ethniques en Bulgarie : distribution régionale et liens transfrontaliers", ''Espace, populations, sociétés'', 1994 - [https://www.persee.fr/doc/espos_0755-7809_1994_num_12_3_1653 En ligne]</ref>. Les pomaks vivent dans le sud de la Bulgarie, à cheval sur la frontière grecque, alors que les turcs de Bulgarie sont dans le nord-est, proche de la Roumanie. La plupart des petites communautés sont aussi situées dans le nord-est, près des côtes de la mer Noire, dans la Dobrogée du sud que la Bulgarie et la Roumanie se sont disputées. Elles sont les vestiges des derniers échanges de population entre les deux pays en 1940. La Bulgarie expulse alors plus de 100000 hominines des communautés roumaines, aroumaines<ref name="#aro" /> et mégléno-roumains<ref name="#meg">Héritage du latin du Danube, le mégléno-roumain est une langue apparentée au roumain (ou daco-roumain) et à l'aroumain. Les populations mégléno-roumaines sont présentes dans le nord de la Grèce et le sud de la Mécedoine du nord. Quelques milliers d'hominines. Mâles et femelles</ref> vers le nord de la Dobrogée et la Roumanie un peu plus de 60000 bulgares vers le sud. Le bulgare est la langue officielle et 9 autres langues sont présentes dans le pays sans avoir de statut particulier. Environ 300000 turcophones sont expulsés en 1989 vers la Turquie, dont seulement la moitié reviendra quelques années plus tard. Avec l'échec dans le milieu des années 1980 d'un petit groupe armé clandestin<ref>Mouvement de libération nationale des turcs de Bulgarie</ref>, qui est démembré après plusieurs actions, apparaît en 1990 le Mouvement pour les droits et les libertés qui se propose de défendre les intérêts de la communauté turque bulgare. À l'issue des élections législatives de 2021, ce mouvement dispose de 34 sièges sur les 240 du parlement. D'autres mouvements turcs bulgares plus petits existent mais aucun n'a d'élus. La Bulgarie n'a aucun litige frontalier avec les pays qui la bordent. Il existe un contentieux avec la Macédoine du Nord et la Bulgarie qui lui dénie le droit à être autre chose que bulgare, par la langue, la culture et l'histoire. Les mêmes critiques que formule la Roumanie à la Moldavie. Vu de Bulgarie, le [[macédonien]] n'est qu'une variante occidentale du bulgare. Une grande partie de la frontière nord avec la Roumanie s'étend le long du Danube sur 470 kilomètres. La côte tchernomorienne bulgare est longue de 354 kilomètres.  
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D'après le recensement ethnolinguistique de 2011<ref>Recensement de 2011 en anglais - [https://www.nsi.bg/census2011/PDOCS2/Census2011final_en.pdf En ligne]</ref>, selon les auto-dénominations des personnes interrogées, sur un peu moins de 7 millions d'hominines à vivre en Bulgarie, 85% parlent bulgare, 9% turc de Bulgarie<ref>Alexandre Popovic, "Les Turcs de Bulgarie, 1878-1985, Une expérience des nationalités dans le monde communiste", ''Cahiers du monde russe et soviétique'', vol. 27, n° 3-4,‎ juillet-décembre 1986 - [https://www.persee.fr/doc/cmr_0008-0160_1986_num_27_3_2087 En ligne]</ref> et 5% rom. Dans le petit pourcent restant, 10000 personnes se déclarent russes, 6500 arméniennes, 3600 valaques<ref>Jean-François Gossiaux, "Valaques et/ou Aroumains en Bulgarie : ethnonyme et politique", ''Nommer et classer dans les Balkans'', École française d’Athènes, 2008 - [https://doi.org/10.4000/books.efa.7427 En ligne] </ref>, 2500 Saracatsanes<ref>Les saracatsanes (ou karakachanskas en bulgare) forment jusque dans les années 1950 une population distincte de pasteurs nomades de langue grecque en Grèce, en Bulgarie, en Macédoine du nord et en Albanie. Leurs origines sont la source de nombreux débats. Les politiques de sédentarisation forcée ont mené à une intégration sociale et culturelle. Illes sont plusieurs dizaines de milliers en Grèce et considérés comme grecs, et moins de 3000 en Bulgarie où illes sont différenciés des autres populations grecques du pays. Geneviève Zoïa, "Les usages sociaux de l'identité : Les Sarakatsanes grecs", ''CEMOTI'', n°17 Grèce: identités, territoires, voisinages, modernisations, 1994 - [https://doi.org/10.3406/cemot.1994.1076 En ligne]. Évoqués dans F. Merdjanov (Attribué à), ''L'équation corse à la lumière de l'inconnue macédonienne. (Im)précis de nihilisme montagnard et de contre-imaginaire historique'', - [https://analectes2rien.legtux.org/images/PDF/CORSE_MACEDOINE.pdf En ligne]</ref>, 1800 ukrainiennes, 1600 macédoniennes, 1400 grecques, 1200 moïsiennes et 900 roumaines. Estimés à quelques milliers d'hominines, les tatars criméens de Bulgarie ne sont plus recensés. Idem pour les gagaouzes<ref name="#gag" /> qui ne sont que quelques dizaines. La catégorie "bulgare" contient environ 70000 pomaks<ref name="#pom" />. La catégorie "turc de Bulgarie" englobe parfois les pomaks et les gagaouzes<ref>Frank W. Carter, "Minorités nationales et groupes ethniques en Bulgarie : distribution régionale et liens transfrontaliers", ''Espace, populations, sociétés'', 1994 - [https://www.persee.fr/doc/espos_0755-7809_1994_num_12_3_1653 En ligne]</ref>. Les pomaks vivent dans le sud de la Bulgarie, à cheval sur la frontière grecque, alors que les turcs de Bulgarie sont dans le nord-est, proche de la Roumanie. La plupart des petites communautés sont aussi situées dans le nord-est, près des côtes de la mer Noire, dans la Dobrogée du sud que la Bulgarie et la Roumanie se sont disputées. Elles sont les vestiges des derniers échanges de population entre les deux pays en 1940. La Bulgarie expulse alors plus de 100000 hominines des communautés roumaines, aroumaines<ref name="#aro" /> et mégléno-roumains<ref name="#meg">Héritage du latin du Danube, le mégléno-roumain est une langue apparentée au roumain (ou daco-roumain) et à l'aroumain. Les populations mégléno-roumaines sont présentes dans le nord de la Grèce et le sud de la Macédoine du nord. Quelques milliers d'hominines. Mâles et femelles</ref> vers le nord de la Dobrogée et la Roumanie un peu plus de 60000 bulgares vers le sud. Le bulgare est la langue officielle et 9 autres langues sont présentes dans le pays sans avoir de statut particulier. Environ 300000 turcophones sont expulsés en 1989 vers la Turquie, dont seulement la moitié reviendra quelques années plus tard. Avec l'échec dans le milieu des années 1980 d'un petit groupe armé clandestin<ref>Mouvement de libération nationale des turcs de Bulgarie</ref>, qui est démembré après plusieurs actions, apparaît en 1990 le Mouvement pour les droits et les libertés qui se propose de défendre les intérêts de la communauté turque bulgare. À l'issue des élections législatives de 2021, ce mouvement dispose de 34 sièges sur les 240 du parlement. D'autres mouvements turcs bulgares plus petits existent mais aucun n'a d'élus. La Bulgarie n'a aucun litige frontalier avec les pays qui la bordent. Il existe un contentieux avec la Macédoine du Nord et la Bulgarie qui lui dénie le droit à être autre chose que bulgare, par la langue, la culture et l'histoire. Les mêmes critiques que formule la Roumanie à la Moldavie. Vu de Bulgarie, le [[macédonien]] n'est qu'une variante occidentale du bulgare. Une grande partie de la frontière nord avec la Roumanie s'étend le long du Danube sur 470 kilomètres. La côte tchernomorienne bulgare est longue de 354 kilomètres.  
  
 
* '''Roumanie'''
 
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* '''Géorgie'''
 
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Avant son indépendance la Géorgie est peuplée de 5,4 millions d'hominines, mâles et femelles, dont 70% parlent la langue géorgienne selon le recensement de 1989. Les communautés arméniennes, russes et azéries représentent respectivement 8%, 6,3% et 5,7% de la population. L'Abkhazie, l'Adjarie et l'Ossétie du sud sont trois provinces autonomes géorgiennes. Les langues abkhaze et ossète sont officiellement reconnues. En 1989, près de 165000 hominines se déclarent ossètes et 95000 abkhazes. Après l'indépendance de la Géorgie en 1991, les provinces autonomes font sécession et demandent leur rattachement à la Russie après de courtes guerres<ref>De août 1992 à juillet 1993, la guerre des groupes armées abkhazes et leurs alliés russes contre l'armée géorgienne cause la mort de, respectivement, 2000 et 4000 militaires, ainsi que celle de 15000 et 2000 hominines parmi la population civile. La guerre entre le 20 et le 26 mai 1998 fait quelques dizaines de morts et contraint plus de 35000 hominines à fuir la région. Entre janvier 1991 et juin 1992, la guerre entre l'Ossétie et la Géorgie cause, respectivement, environ 800 et 2000 morts. La guerre entre le 7 et le 16 août 2008 fait, parmi les combattants, un peu plus de 150 morts de chaque côté et plusieurs centaine de personnes blessées. Pour la population civile, le bilan est plus lourd. Plus de 200 côté géorgien, plus de 300 côté ossète.</ref>. Devant le refus russe, elles proclament leurs propres indépendances. L'Adjarie se contente de son statut d'autonomie. La guerre en 1998 avec l'Abkhazie chasse plus de 200000 géorgiens mâles et femelles de la région. Lors du recensement de 2002, le géorgien représente plus de 83% des quelques 4,3 millions d'hominines que compte alors la Géorgie. L'Abkhazie et l'Ossétie du sud<ref>Sous le nom officiel de république d'Ossétie du sud-Alanie, la région autonome géorgienne s'est proclamée indépendante en 1992. Un référendum en 2006 valide ce choix. L'armée géorgienne tente de reprendre le contrôle de la zone en 2008 mais elle est défaite par les groupes armés ossètes aidés par les militaires russes. L'Ossétie est alors officiellement reconnue par la Russie, la Syrie, le Nicaragua, le Venezuela et Nauru. Et aussi par l'Abkhazie et la [[Pridniestrie]]. Arsène Saparov, "Aux origines de l’autonomie sud-ossète (1918-1922)", Ordres et désordres au Caucase, Éditions de l’Université libre de Bruxelles, 2010 - [https://analectes2rien.legtux.org/images/PDF/osseti.pdf En ligne]. Thorniké Gordadzé, "Ossétie du Sud. L’Empire contre l’État-nation. L’Ossétie du Sud au cœur du conflit russo-géorgien (1922-2008)", ''Ordres et désordres au Caucase'' - [https://analectes2rien.legtux.org/images/PDF/georosset.pdf En ligne] </ref> ne sont pas incluses dans ce recensement, mais il reste plus de 38000 ossètes et 3500 abkhazes, représentant dorénavant 0,9% et 0,1% de la population géorgienne. Toutes les communautés restantes subissent une nette diminution de leur population d'hominines. Parmi les plus touchées, la russe, l'ukrainienne et la pontique caucasienne<ref name="#poncau">La communauté pontique caucasienne est celle des adeptes des mythologies christiennes, d'origine pontique et de langue meskhète, vivant principalement dans la région de Tsalka, au sud de la Géorgie. Source de confusion, illes sont parfois aussi appelés ''urums'' comme les pontiques tatarophones de la mer d'Azov</ref> perdent entre 70 et 80% de leurs populations, l'arménienne, la kurde<ref>Les recensements différencient parfois les kurdes en deux catégories, les kurmandjis (ou simplement kurdes) et yézidis. La première regroupe les adeptes des mythologies mahométiennes et la seconde des mythologies yézidies. </ref> et l'assyrienne près de la moitié. La communauté moïsienne, dont beaucoup parlent le judéo-géorgien<ref>Le judéo-géorgien (ou kivruli) est écrit en alphabet géorgien ou hébraïque. Il est très proche du géorgien. Il ne reste aujourd'hui plus que 3000 hominines de cette communauté attestée depuis des siècles, la plupart ayant fait le choix de quitter la Géorgie depuis son indépendance.</ref>, se délite et près de 90% de ses membres quittent le pays, majoritairement en direction d'Israël. Le constat général est le même lors du recensement de 2014. En 2015, le géorgien est officiellement promulgué langue officielle et des droits restreints sont octroyés aux langues minoritaires. Aucune n'est mentionnée explicitement alors que pour leur lien avec le géorgien, les langues kartvéliennes — svane<ref name="#sva">Le svane est une langue non-écrite et non-standardisée parlée par des hominines du même nom dans les montagnes du nord-ouest de la Géorgie. La Svanétie a des sommets à près de 5000 mètres et certains villages permanents sont situés à plus de 2000. Ils sont parmi les plus hauts d'Europe. Sur plus de 30000 svanes, environ la moitié parle encore le svane. Les svanes se définissent comme géorgien. Voir le documentaire soviétique ''Le sel de Svanétie'', réalisé en 1930 par Mikhaïl Kalatozichvili (Kalatozov) - [https://www.youtube.com/watch?v=SP-zhXt_zLM En ligne]</ref>, mingrélien<ref name="#min">Entre la mer Noire et les montagnes de Svanétie, environ 400000 hominines se définissent comme "mingrélien", tout en se considérant "géorgien". La langue mingrélienne est écrite en alphabet géorgien et parlée par une part toujours plus faible de la population, au profit du géorgien. Le mingrélien le plus connu est Lavrenti Beria, l'homme à tout faire du poète Joseph Staline</ref> et laze<ref name="#laz" /> — sont promues langues régionales et les "variantes" régionales géorgiennes valorisées. L'apprentissage du géorgien est encouragé mais celui des autres langues ne bénéficie pas de réels moyens fournis par l’État. L'enseignement général se fait en géorgien et elles ne peuvent être utilisées dans l'administration ou l'enseignement, par exemple. La reconnaissance légale d'un dizaine de minorités caucasiennes en Géorgie n'implique pas leur mise en valeur. Les rivages tchernomoriens de la Géorgie actuelle sont les côtes de l'Adjarie, de la Gourie et du sud de la Mingrélie. Une centaine de kilomètres. La sécession de l'Abkhazie ampute la Géorgie de plus de 180 kilomètres de côtes sur la mer Noire.
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Avant son indépendance la Géorgie est peuplée de 5,4 millions d'hominines, mâles et femelles, dont 70% parlent la langue géorgienne selon le recensement de 1989. Les communautés arméniennes, russes et azéries représentent respectivement 8%, 6,3% et 5,7% de la population. L'Abkhazie, l'Adjarie et l'Ossétie du sud sont trois provinces autonomes géorgiennes. Les langues abkhaze et ossète sont officiellement reconnues. En 1989, près de 165000 hominines se déclarent ossètes et 95000 abkhazes. Après l'indépendance de la Géorgie en 1991, les provinces autonomes font sécession et demandent leur rattachement à la Russie après de courtes guerres<ref>De août 1992 à juillet 1993, la guerre des groupes armées abkhazes et leurs alliés russes et caucasiens contre l'armée géorgienne cause la mort de, respectivement, 2000 et 4000 militaires, ainsi que celle de 15000 et 20000 hominines parmi la population civile. Les soutiens locaux aux abkhazes sont la brigade arménienne Bagramian et celle de la Confédération des Peuples des Montagnes du Nord-Caucase. La guerre entre le 20 et le 26 mai 1998 fait quelques dizaines de morts et contraint plus de 35000 hominines à fuir la région. Entre janvier 1991 et juin 1992, la guerre entre l'Ossétie et la Géorgie cause, respectivement, environ 800 et 2000 morts. La guerre entre le 7 et le 16 août 2008 fait, parmi les combattants, un peu plus de 150 morts de chaque côté et plusieurs centaine de personnes blessées. Pour la population civile, le bilan est plus lourd. Plus de 200 côté géorgien, plus de 300 côté ossète.</ref>. Devant le refus russe, elles proclament leurs propres indépendances. L'Adjarie se contente de son statut d'autonomie. La guerre en 1998 avec l'Abkhazie chasse plus de 200000 géorgiens mâles et femelles de la région. Lors du recensement de 2002, le géorgien représente plus de 83% des quelques 4,3 millions d'hominines que compte alors la Géorgie. L'Abkhazie et l'Ossétie du sud<ref>Sous le nom officiel de république d'Ossétie du sud-Alanie, la région autonome géorgienne s'est proclamée indépendante en 1992. Un référendum en 2006 valide ce choix. L'armée géorgienne tente de reprendre le contrôle de la zone en 2008 mais elle est défaite par les groupes armés ossètes aidés par les militaires russes. L'Ossétie est alors officiellement reconnue par la Russie, la Syrie, le Nicaragua, le Venezuela et Nauru. Et aussi par l'Abkhazie et la [[Pridniestrie]]. Arsène Saparov, "Aux origines de l’autonomie sud-ossète (1918-1922)", Ordres et désordres au Caucase, Éditions de l’Université libre de Bruxelles, 2010 - [https://analectes2rien.legtux.org/images/PDF/osseti.pdf En ligne]. Thorniké Gordadzé, "Ossétie du Sud. L’Empire contre l’État-nation. L’Ossétie du Sud au cœur du conflit russo-géorgien (1922-2008)", ''Ordres et désordres au Caucase'' - [https://analectes2rien.legtux.org/images/PDF/georosset.pdf En ligne] </ref> ne sont pas incluses dans ce recensement, mais il reste plus de 38000 ossètes et 3500 abkhazes, représentant dorénavant 0,9% et 0,1% de la population géorgienne. Toutes les communautés restantes subissent une nette diminution de leur population d'hominines. Parmi les plus touchées, la russe, l'ukrainienne et la pontique caucasienne<ref name="#poncau">La communauté pontique caucasienne est celle des adeptes des mythologies christiennes, d'origine pontique et de langue meskhète, vivant principalement dans la région de Tsalka, au sud de la Géorgie. Source de confusion, illes sont parfois aussi appelés ''urums'' comme les pontiques tatarophones de la mer d'Azov</ref> perdent entre 70 et 80% de leurs populations, l'arménienne, la kurde<ref>Les recensements différencient parfois les kurdes en deux catégories, les kurmandjis (ou simplement kurdes) et yézidis. La première regroupe les adeptes des mythologies mahométiennes et la seconde des mythologies yézidies. </ref> et l'assyrienne près de la moitié. La communauté moïsienne, dont beaucoup parlent le judéo-géorgien<ref>Le judéo-géorgien (ou kivruli) est écrit en alphabet géorgien ou hébraïque. Il est très proche du géorgien. Il ne reste aujourd'hui plus que 3000 hominines de cette communauté attestée depuis des siècles, la plupart ayant fait le choix de quitter la Géorgie depuis son indépendance.</ref>, se délite et près de 90% de ses membres quittent le pays, majoritairement en direction d'Israël. Le constat général est le même lors du recensement de 2014. En 2015, le géorgien est officiellement promulgué langue officielle et des droits restreints sont octroyés aux langues minoritaires. Aucune n'est mentionnée explicitement alors que pour leur lien avec le géorgien, les langues kartvéliennes — svane<ref name="#sva">Le svane est une langue non-écrite et non-standardisée parlée par des hominines du même nom dans les montagnes du nord-ouest de la Géorgie. La Svanétie a des sommets à près de 5000 mètres et certains villages permanents sont situés à plus de 2000. Ils sont parmi les plus hauts d'Europe. Sur plus de 30000 svanes, environ la moitié parle encore le svane. Les svanes se définissent comme géorgiens. Voir le documentaire soviétique ''Le sel de Svanétie'', réalisé en 1930 par Mikhaïl Kalatozichvili (Kalatozov) - [https://www.youtube.com/watch?v=SP-zhXt_zLM En ligne]</ref>, mingrélien<ref name="#min">Entre la mer Noire et les montagnes de Svanétie, environ 400000 hominines se définissent comme "mingrélien", tout en se considérant "géorgien". La langue mingrélienne est écrite en alphabet géorgien et parlée par une part toujours plus faible de la population, au profit du géorgien. Le mingrélien le plus connu est Lavrenti Beria, l'homme à tout faire du poète Joseph Staline</ref> et laze<ref name="#laz" /> — sont promues langues régionales et les "variantes" régionales géorgiennes valorisées. L'apprentissage du géorgien est encouragé mais celui des autres langues ne bénéficie pas de réels moyens fournis par l’État. L'enseignement général se fait en géorgien et elles ne peuvent être utilisées dans l'administration ou l'enseignement, par exemple. La reconnaissance légale d'un dizaine de minorités caucasiennes en Géorgie n'implique pas leur mise en valeur. Les rivages tchernomoriens de la Géorgie actuelle sont les côtes de l'Adjarie, de la Gourie et du sud de la Mingrélie. Une centaine de kilomètres. La sécession de l'Abkhazie ampute la Géorgie de plus de 180 kilomètres de côtes sur la mer Noire.
  
 
* '''Abkhazie'''
 
* '''Abkhazie'''

Version actuelle datée du 23 août 2024 à 20:08

Tchernomorie (Црно Море en macédonien - Mar Negra en nissard) Mer Noire et ses rivages où déambule F. Merdjanov.


Usage protivophile

Rivages tchernomoriens

Tchernomorie est la francisation de cherno more, qui dans la plupart des langues slaves, tel le russe Черное Море ou le macédonien Црно Море, signifie "Mer Noire". Par extension, la Tchernomorie désigne autant la mer Noire que les régions terrestres qui l'entourent. Un peu comme pour la Méditerranée qui désigne tout autant la mer que les terres de ses rivages. Une géographie française de la mer Noire du début de la seconde moitié du XVIIIème siècle après JC[1] précise sur la carte qu'elle est nommée Czernoe More en russe. Le terme Tchenomorie est alors employé pour nommer une province du sud de la Russie, sur les bords de la mer Noire. À l'exception de la langue grecque qui conserve l’appellation antique de Pont Euxin, "étendue d'eau accueillante" en grec, ou mer Pontique, dans la plupart des langues parlées par les hominines[2] sur le pourtour tchernomorien, de l'abkhaze au turc osmanli, de l'aroumain au géorgien, en adjar ou en laze, la désignation de cette mer est une traduction de "mer noire". Le qualificatif noire est sans rapport avec la couleur de ses eaux, qui sont bleutées, mais renvoie à la géographie ottomane qui note les points cardinaux selon des couleurs. L'ouest est le rouge, l'est le vert et le sud le blanc. Le nord est le noir, kara dans les langues turciques. N'en déplaise au racisme blanc qui est vert de rage et voit rouge d'être ainsi identifié au sud, là où selon lui ne règne que le noir. Inutile aussi d'y chercher une quelconque trace de négrophobie[3]. Karadeniz, "mer noire", est à l'origine du nom qui s'est généralisé ensuite aux autres langues. Même dans celles qui sont pratiquées dans des régions où cette mer n'est pas située au nord. Les représentations cartographiques sont relatives et se construisent selon les imaginaires des hominines qui les pensent[4]. Dans certaines régions du monde, les mêmes couleurs renvoient à des directions différentes et le sens même des cartes n'est pas identique. Parfois le nord est en haut mais il est courant de trouver aussi l'inverse, ou bien des cartes où c'est l'est — l'orient — qui est placé en haut de la carte. Idée que l'on retrouve d'ailleurs dans le mot orientation[5].

Panorama tchernomorien

Hormis celleux [6] des hominines qui pensent que la planète Terre est plate — ce qui expliquerait que toutes les mers et océans ne soient pas dans l'hémisphère sud alors que l'eau coule toujours vers le point le plus bas, ou tout simplement que les eaux ne s'écoulent pas toutes hors de la planète — les autres constatent que l'horizon n'est pas sans limite. La courbure de la Terre en est la raison. Face à une vue dégagée, la vision maximale à hauteur d'hominine est d'un peu moins de 5 kilomètres. La formule est mathématique. Plus la hauteur est grande et plus l'horizon est lointain. À 1312 mètres d'altitude, l'horizon visible maximum est à 129,36 kilomètres. Les phénomènes atmosphériques perturbent néanmoins ces calculs et des choses plus lointaines peuvent parfois être vues, tels les mirages. Du centre de la mer Noire, la visibilité possible donne l'impression d'être en plein océan de solitude, sans terres émergées, et vue des rivages, d'être solitaire sur un bout de terre face à une immensité inatteignable. Outre les nombreux mythes et légendes des hominines qui décrivent ou inventent leurs panoramas tchernomoriens, cette illusion se retrouve aussi chez les géopoétosophes, qu'illes aient ou non connaissance de la rotondité de la planète.

L’eau nous sépare, écoute bien :
Si tu fais un pas, tu n’as rien.[7]

Dissection géographique

La mer Noire est, avec les mers Caspienne et d'Aral, un vestige de l'ancien océan sarmatique — en référence aux antiques sarmates[8] — qui, selon les géologues, se forme à la suite du fractionnement progressif du super-continent Pangée entamé vers 200 millions d'années avant F. Merdjanov. Au rythme de la lente tectonique des plaques et des changements climatiques qu'elle induit, des terres émergées, à la rencontre entre la Laurasie et le Gondwana[9], séparent petit à petit cet océan des autres océans du globe. Il s'étend au maximum de l'Asie centrale aux Alpes du nord et communique par intermittence avec ce qui deviendra la mer Méditerranée. Lorsqu'il est coupé des étendues d'eau salée marine, cet océan sarmatique est essentiellement alimenté par les eaux douces des fleuves et rivières qui s'y déversent et se mêlent aux fonds marins résiduels. Lorsqu'il est relié aux autres océans, soit il y déverse son trop plein, soit il en reçoit des eaux salées. L'emprisonnement de l'eau douce lors de la dernière glaciation fait baisser le niveau général des eaux. Cinq millions d'années avant le présent, la mer sarmatique commence à se rétrécir jusqu'à ne persister que dans ses parties les plus profondes qui, dorénavant, ne communiquent plus entre elles. Dans les zones peu profondes, le retrait des eaux laisse place à de vastes étendues qui constituent par la suite les grandes plaines d'Europe orientale.

Environ 180 mètres sous le niveau actuel de la mer Noire se forme alors un lac d'une profondeur maximale de 2000 mètres. Ses eaux partiellement salées sont alimentées exclusivement par les fleuves qui s'y jettent. Sa salinité diminue. La faune et la flore aquatiques et terrestres s'adaptent à cette nouvelle situation. La fonte des glaces et la remontée du niveau des eaux qui s'en suit bouleversent considérablement les écosystèmes tchernomoriens. S'illes divergent sur le rythme et la datation exacte, les géologues se rejoignent pour penser que la montée des eaux de la mer Méditerranée a engendré un déversement de celle-ci dans le lac pontique. Cet apport d'eau salée transforme le lac dont les eaux remontent rapidement et devient ainsi la mer Noire. Elle reçoit une grande quantité d'eau douce par les grands fleuves du nord, le Danube, le Dniepr et le Don, et les fleuves du Caucase au sud-est. Dans le contexte géologique actuel, la mer Noire communique via le détroit du Bosphore, long d'une trentaine de kilomètres, avec la petite mer de Marmara[10] qui, par le détroit des Dardanelles, rejoint la Méditerranée orientale. Les eaux fluviales qui nourrissent la mer Noire demeurent en surface et une partie se faufilent en direction de la Méditerranée alors que celle-ci l'alimente en eau salée par des courants inverses de profondeur qui coulent vers les fonds tchernomoriens. L'écoulement d'un trop-plein d'eau douce de surface entre le mer Noire et la mer de Marmara, située 30 centimètres plus bas, crée une rivière de surface qui s'écoule par le Bosphore à une vitesse d'environ quatre kilomètres par heure sur un courant inverse d'eau salée. Cette situation hydrologique particulière fait de la mer Noire un écosystème singulier. Les deltas des trois grands fleuves du nord-ouest forment de très nombreuses lagunes où l'eau salée se mélange à l'eau douce. Un multitude d'îlots parsèment les eaux saunâtes de ces lagunes appelées limans[11]. L'apport en eau douce est tel que la salinité de la mer Noire est très inférieure à celle de la Méditerranée, entre 12 et 16 grammes de sel par litre pour l'une, entre 35 et 37 pour l'autre. La salinité est si faible dans les régions des deltas du nord-ouest que l'eau de la mer Noire peut geler en hiver. Au-delà de 200 mètres de profondeur, les eaux de la mer Noire sont jugées anoxiques car elles ne comportent pas d'oxygène. Les profondeurs saturées en sulfure sont le monde des microbiens. Les deux principaux courants marins tchernomoriens, au centre de la mer Noire, créés par l'arrivée de l'eau douce et son mélange avec les eaux salées plus en profondeur, et qui tournent dans le sens des aiguilles d'une montre pour qui place le nord en haut, causent plusieurs courants secondaires près des côtes. Ces derniers occasionnent des micro-climats. Dans le nord-ouest, le climat dit drossopontique — pontique frais — se caractérise par un été méditerranéen et un hiver continental dans ces régions de plaines. À l'est, région de montagnes, le climat dit eupontique — pontique doux — est chaud et humide, quasi-subtropical dans le sud-est. Les rivages méridionaux tchernomoriens sont soumis à des micro-climats mixtes dans ces régions montagneuses et forestières[12].

Je plonge dans mes souvenirs : rien,
je n’en ramène rien.
J’ai écrit, écrit, écrit.
J’ai tout noté :
rien.
Les nuages volent, la rivière
traverse les plaines, la lumière s’ouvre
et se ferme.
Rien,
cela n’amène à rien.
Je note ce rien, pour m’en souvenir.[13]

Limaçon de la mer sarmatique[14]

Généralement les géographes divisent l'espace maritime tchernomorien entre la mer Noire à proprement dit et, au nord-est, la mer d'Azov. Séparées par la péninsule de Crimée, la première a une superficie de 436000 km2 et une profondeur maximale de plus de 2000 mètres, la seconde a une superficie de 37600 km2 et tout au plus une dizaine de mètres de profondeur. Les eaux saumâtres de la mer d'Azov forment un gigantesque liman de la mer Noire dans laquelle elles se déversent par le détroit de Kertch, au sud-est de la Crimée. La salinité de cette mer varie entre 10 et 12 grammes de sel par litre près du détroit et entre 2 et 7 grammes dans le delta du Don, au nord-est. À l'époque antique de Diogène de Sinope, les géographes qualifiaient la mer d'Azov de lac et le nommaient Méotide. Dans l'usage protivophile, le terme Tchernomorie inclut la mer Noire et celle d'Azov ainsi que leurs rivages.

En Tchernomorie, la plupart de la faune et de la flore est originaire de Méditerranée. La faune marine s'est installée selon les trois espaces différenciés que sont les eaux douces, saumâtres et salées. Certaines espèces ne peuvent vivre que dans un seul des trois alors que d'autres parviennent à aller de l'un à l'autre. Sur 167 espèces de poissons, 37 vivent en eau douce et 27 en eau saumâtre[15]. Le grand esturgeon navigue entre ces trois eaux. Certaines espèces de la faune supportent mieux le climat drossopontique que l'eupontique. Le phoque-moine à ventre blanc[16] — espèce disparue depuis 1941 après JC[1] — préfère les côtes sud-ouest alors que le bernard l'ermite Diogenes Pugilator[17] raffole de celles du nord-est. La dernière espèce de la faune locale à s'introduire dans le paysage tchernomorien est celle des hominines[2]. Tout comme l'ère glaciaire qui la vide de son eau douce ou le déversement progressif des eaux salées de la Méditerranée, l'arrivée des hominines est le début d'un long bouleversement pour la faune et la flore qui les précèdent dans la région. Chassé depuis des milliers d'années pour ses œufs, appelés caviar[18], le grand esturgeon fait la vexante expérience d'être classé aujourd'hui parmi les espèces en voie de disparition. Dans des milliers d'années, les hominines du futur auront la surprise de découvrir les squelettes de ces poissons pouvant atteindre 7 mètres de long et peser plus d'une tonne. La naissance à venir d'un nouvel animal imaginaire ? Déjà au cours du XVIème siècle, bien des siècles avant Didier Raoult[19], le médecin français Ambroise Paré s'emballe devant le fossile d'une probable ammonite géante[20] qu'il présente comme les restes d'un limaçon de la mer sarmatique, "gros comme un tonneau, ayant les cornes quasi comme celles d'un cerf, au bout desquelles, et aux rameaux d'icelles, y a de petits boutons ronds et luysans comme fines perles. Il a le col fort gros, les yeux luy esclairent comme une chandelle, son nez est rondelet et fait comme celuy d'un chat, avec un petit de poil tout autour, ayant la bouche fort fendue, au dessous de laquelle luy pend une eminence de chair assez hideuse à voir. Il a quatre jambes, et des pattes larges et crochues qui luy servent de nageoires, avec une queuë assez longue, toute martelée et coulourée de diverses couleurs, comme celle d'un tigre. [...] Il est amphibie."[21]. Selon cet affabulateur, sa chair est comestible et appréciée ! Peut-être a-t-il été sujet aux effets hallucinogènes du miel de rhododendron tchernomorien ?[22] Victime de l'andromédotoxine comme Didier Raoult de l'hydroxychloroquine.

Dissection homininique

Au cours des siècles, des sociétés d'hominines s'organisent dans les régions de plaines bordant les fleuves du nord et de l'ouest, et leurs deltas, ainsi que dans les zones montagneuses et forestières du sud et de l'est. L'âge de pierre laisse place à l'âge de bronze, puis à celui du fer. L'agriculture est une activité organisée. Lorsque s'enclenche le processus d'écoulement de la mer Méditerranée dans le lac pontique qui le transforme en mer Noire, les hominines sont probablement dans l'obligation de devoir reculer face à la montée des eaux. Selon les hypothèses des géologues, il existe trois possibilités pour décrire le phénomène de remplissage. La première postule que le déversement est lent et constant, la deuxième que cela s'est fait graduellement, au rythme de la mer de Marmara, avec parfois des inversions de sens, et la troisième que cela fut un acte catastrophique. Selon elle, un effondrement dû à l'érosion est probablement la cause d'un déversement massif des eaux dans le lac pontique qui monte de 180 mètres en quelques semaines, il y a 8 millénaires de cela. Une gigantesque cascade d'eau de mer. Un paysage très rare, digne d'une superproduction hollywoodienne, tel le royaume d'Asgard dans la trilogie Thor. Des adeptes de cette théorie catastrophe vont plus loin dans leur analyse et font un rapprochement avec une autre superproduction, la hiérosolymitaine. Noé raconte l'histoire d'un ivrogne, né d'une famille congénitale et fratricide, à deux doigts de verser dans la pédophilie incestueuse, qui s'invente une histoire dans laquelle il sauve sa famille et un couple de chaque espèce animale non-hominine grâce à la construction d'un gigantesque bateau qui doit les aider à survivre à une brusque montée de eaux, conséquence d'un déluge de pluie[23]. Malgré les incohérences du scénario[24], des hominines s'acharnent à vouloir y voir un fait historique. Le Déluge, avec une majuscule. Les écrits religieux des moïsiens[25] et des christiens[25] sont pris, à tort, pour des livres fourmillant de faits historiques. Les nombreuses recherches archéologiques menées sur les lieux "bibliques" n'ont pour l'instant pas permis de confirmer une quelconque véracité de ce qui est raconté dans ce célèbre univers d’heroic fantasy[26]. Les anachronismes sont courants et les exagérations permanentes. Qui aurait l'idée de prendre au sérieux le monde de Warcraft et de voir dans l'empire gorien et sa capitale Goria[27] une référence à l'antique royaume de Gourie sur la côte tchernomorienne de l'actuelle Géorgie, et d'en déduire que, inversement, l'existence d'un tel royaume valide l'historicité de l'univers de Warcraft ? Dans les polémiques qui opposent les géologues, la plupart défendent l'hypothèse d'un remplissage progressif et intermittent. Pour autant cela n'invalide pas totalement celle d'un remplissage très rapide, mais cette dernière hypothèse ne peut en aucun cas s'appuyer sur les fantaisies religieuses pour se trouver une caution historique, ni servir à fournir un semblant d'historicité à des écrits contradictoires et imagés.

Non, non, rien à changé.
Tout, tout a continué.
Non, non, rien à changé.
Tout, tout a continué.
Hé hééééé...
Hé hééééé...[28]

Culture de Hamangia

Difficile pour les paléoanthropologues, les archéologues ou les linguistes de déterminer avec précision quelles furent les chemins empruntés par les hominines et les schémas de différenciation entre différentes sociétés organisées. Pourquoi la diversité des pratiques linguistiques ? Pourquoi tel type d'organisation sociale plutôt que d'autres ? Si l'on fait abstraction du mythique âge hyborien, celui de Conan le cimmérien[29], censé se dérouler il y a plus de 15000 ans, la plus ancienne mention d'une société d'hominines appelée ainsi date d'environ le Xème siècle avant JC lorsqu'elle atteint les côtes nord de la mer Noire. Peuplade nomade arrivant par les plaines eurasiatiques, les cimmériens sont les premiers d'une succession de migrations et d'installations de sociétés nomades venues par les mêmes routes jusqu'aux rivages nord-tchernomoriens pendant plus d'un millénaire et demi[30]. Scythes, sarmates[8], alains, huns et avars, pour ne citer que les plus connus, passent, s'arrêtent ou contournent la mer Noire. Ces hominines s'affrontent et se mélangent. L'histoire dément l'expression populaire française, summum de l'hunnophobie[31], selon laquelle "Là où Attila passe, l'herbe ne repousse plus." Arrivant par le sud-est en remontant la mer de Marmara, des hominines de langues grecques, venant de l’extrême sud de la péninsule des Balkans et des côtes méditerranéennes de l'Anatolie, s'installent sur les côtes occidentales et méridionales tchernomoriennes et y fondent quelques villes et comptoirs commerciaux. Les implantations débutent à partir du VIIème siècle avant JC. Petit à petit, elles sont présentes sur tout le pourtour de la mer. L'olivier est introduit sur la côte sud, posant ainsi rapidement les conditions concrètes d'une possible émergence ultérieure de macédoines de légumes de type salade chopska ou niçoise dans la région. Ces hominines exploitent largement les ressources de la zone, utilisant les plaines pour l'agriculture et les forêts pour la construction navale. Les relations avec les hominines nomades du nord et de l'est sont faîtes de guerres et de paix, d'affrontements armés et de brassages de population, d'échanges culturels et de commerces florissants. Les cités grecques de Tchernomorie rayonnent politiquement et culturellement sur les régions proches des côtes. L'hellénisation est en marche. Ce phénomène n'est pas propre à la mer Noire. Les différentes cités grecques balkaniques et anatoliennes créent plusieurs villes et comptoirs sur les côtes de la mer Méditerranée. Marseille et Nice, par exemple, sont fondées, respectivement, vers la fin du VIème siècle avant JC et au tournant des IIIème et IIème siècles avant le même. L'expansion militaire, politique et culturelle maximale des cités grecques se fait au IVème siècle avant l'idem sous l'impulsion d'Alexandre de Macédoine qui les unit dans un projet d'exploration et de conquête militaire. Le royaume de Macédoine s'étend au détriment de l'empire perse des Achéménides et de l’Égypte pharaonique. Du delta de l'Indus, aux portes du sous-continent indien, jusqu'à l'oasis de Siwa dans le désert égyptien. Le sud tchernomorien est sous contrôle iskandarien — en rapport avec Alexandre[32] — alors que le nord reste le domaine des nomades scythes. Le royaume s’effrite doucement sous ses successeurs, puis tombe sous domination romaine à la fin du IIème siècle après JC. D'après la tradition littéraire et philosophique de la Grèce antique, Diogène de Sinope, père spirituel de la philosophe Hipparchia, a répondu à Alexandre qui lui demande ce qu'il peut faire pour lui, de se pousser pour ne pas lui cacher le soleil. Si cette anecdote est connue depuis des siècles, ses dialogues protivophiles avec le roi macédonien le sont beaucoup moins. Exhumé en 2008 par Sept et Laurent "Lartizan" Memmi, un court texte post-mortem lui est attribué dans leur opus Diogène. Sans que l'on sache exactement s'il décrit les conséquences pour les populations d'hominines des guerres et des luttes de pouvoir, s'il dénonce le système économique qui s'installe, s'il parle de sa propre situation ou s'il a une vision lumineuse du futur sous l'emprise du miel de rhododendron tchernomorien[22].

Du jour au lendemain, restructuration.
L'licenciement vient, expulsion.
Divorce sanguin, répartition d'biens.
J'me retrouve en chien, sans rien.
Jeté d'force dans l'bain, privé d'mes gosses.
Et traité comme une bête féroce par les gens bien.[33]

Pour la protivophilie, mais pas seulement, les espaces tchernomoriens sont de véritables analectes de riens[34]. Une richesse pour qui s'y intéresse. L'histoire, les toponymes et les ethnonymes en regorgent. Des cimmériens aux tauriens, hominines de Taurie (actuelle Crimée), des comptoirs marmariens au royaume bosphorien, en passant par les hominines parlant le dorien des cités grecques d'Érétrie et de Mégare, érétriens et mégariens ! Au cours des deux millénaires qui suivent la chute définitive des vestiges de l'empire iskandarien[35], la mer Noire et ses rivages continuent à être un espace où les hominines aiment à s'installer durablement. Les conditions climatiques et géographiques sont favorables à l'agriculture et au commerce. La Tchernomorie est un point de passage entre l'intérieur des terres en Europe de l'est via les fleuves, et vers l'Asie centrale via les plaines au nord, vers l'Anatolie au sud. Elle est aussi un point de sortie rapide vers la Méditerranée. La mer Noire est un liant autour de laquelle s'agglomèrent quelques sociétés d'hominines, diverses par leurs pratiques linguistiques, par leurs traditions culturelles et par leurs histoires, mais interconnectées les unes aux autres. Parfois enchevêtrées. Les analectes s'enrichissent des gouriens de la Gourie, des gazariens de la Gazarie et l'adjarien de l'Adjarie. Respectivement une petite royauté dynastique géorgienne entre le XIVème siècle et le XIXème[36], un ensemble de 7 ports fortifiés à la pointe sud de la Crimée sous contrôle de la république de Gênes entre 1315 et 1475[37], et la langue parlée par les hominines, apparentée au géorgien[38], dans la région qui chevauche l'actuelle frontière entre la Géorgie et la Turquie. Le vocabulaire contemporain ajoute bulgarien, transniestrien et autre pridniestrien alors que tatarien, en rapport avec la Tatarie[39], ne parvient pas à se faire une place sérieuse. Tout comme le terme tchernomorien ! Mais les rivages tchernomoriens ne peuvent se résumer en quelques riens. La macédoine d'hominines qui forment les ingrédients de ce mélange ont de multiples saveurs. Les mythologies moïsiennes, christiennes et mahométiennes[25] se sont largement répandues sur le pourtour. Avec des nuances, parfois dans des versions peu orthodoxes ou mystiques. Pour quelques groupes d'hominines ou des individualités, la Tchernomorie est un point de chute ou un cul-de-sac. Un refuge pour les minorités qui fuient des persécutions, ou un bastion à défendre militairement. Un lieu de vie pour les afro-abkhazes[40] et une région de garnison pour des cosaques zaporogues[41]. Les langues de l'espace tchernomorien sont multiples et les cultures diversifiées, certaines plus "mixtes" que d'autres. Les moïsiens tatarophones de Crimée[42], les turcophones christiens urums[43] et gagaouzes[44] ou les mahométiens de langue grecque[45] en sont quelques exemples. Mais, au delà de leurs singularités linguistiques et culturelles, toutes les communautés tchernomoriennes sont socialement structurées de manières assez identiques : elles sont — comme la plupart des sociétés d'hominines — hiérarchisées, inégalitaires et coercitives. Au XIXème siècle, après des guerres entre empires et des conquêtes de territoires incessantes, les grands mouvements de population se ralentissent et les frontières des États modernes se fixent progressivement. Au siècle suivant, le pourtour tchernomorien est divisé entre l'empire ottoman (future Turquie), la Bulgarie, la Roumanie et la Russie. Les régions côtières de ces pays sont de vraies macédoines culturelles et linguistiques, héritières de la longue histoire tchernomorienne. La région du Pont, en Turquie, abrite des communautés d'hominines — mâles et femelles — grecques pontiques, arméniennes, turques et lazes[46], mahométiennes ou christiennes, ainsi que des bulgarophones. En Bulgarie, des minorités turques, tatares, grecques et roumaines sont présentes dans les régions de la mer Noire. Certaines christiennes, d'autres mahométiennes. La Dobrogée, une région historique située entre les deltas du Danube et du Dniestr, aujourd'hui essentiellement roumaine, est une mosaïque. De par sa situation inter-fluviale et sa géographie propice à y trouver refuge, elle a été longuement disputée par les empires et les royaumes, et a servi d'asile à plusieurs communautés. Parmi une population majoritairement roumanophone, des villages ou des quartiers de certaines villes sont peuplés de bulgares, de russes, de tatars, de grecs, de turcs, d'allemands[47], de gagaouzes et de nogaïs[48]. Des mâles et des femelles. Une partie de ces hominines appartiennent à des courants dissidents des mythologies christiennes, tels les allemands mennonites[49] ou les russes lipovènes[50]. À cette époque, la vaste côte russe de la mer Noire s'étend de l'ouest au sud-est, de la Dobrogée au sud du Caucase. Aujourd'hui divisée entre Ukraine, Russie, Abkhazie[51] et Géorgie. Outre des russophones, elle abrite des grécophones pontiques entre Dobrogée, Crimée et Caucase, des tatars de Crimée, des germanophones de la mer Noire[52], des moïsiens karaïtes[53] et krymtchaks[42], des arméniens, des adyguéens[54], des abkhazes, des géorgiens et des adjariens dans le Caucase, et des lazes à la lisière de l'Anatolie. Ces communautés cohabitent, se mélangent ou s'affrontent entre elles ou avec la population majoritaire russe, bulgare, roumaine ou turque. Selon les circonstances. L'attrait des empires et des royaumes pour la Tchernomorie n'est pas source de tranquillité pour les populations d'hominines qui y vivent. Certaines sont déplacées au fil des changements de frontières et des accords de paix. Dès la fin du XIXème siècle, les empires russe et ottoman procèdent à des échanges de population dans le cadre de la délimitation de leur nouvelle frontière : des bulgares de mythologie christienne partent s'installer en Russie et celle-ci expulsent des turcophones de mythologie mahométienne vers l'empire ottoman. Le siècle suivant est celui de tous les excès.

Au début du XXème siècle, l'empire ottoman perd de son influence et de sa puissance[55]. Les réformes de libéralisation politique et de modernisations économiques, ainsi que l'aide de certains pays européens soucieux pour leurs intérêts, ne suffisent pas à consolider ce vaste édifice qui s'effrite. Il est très affaibli par les contestations nationalistes dans les Balkans, l'Anatolie et le monde arabe où des communautés linguistico-culturelles réclament leur indépendance politique. Des soulèvements populaires secouent l'empire. Lors de la grande guerre de 1914 à 1918 qui oppose entre eux les empires européens, dite Première guerre mondiale, l'empire ottoman s'allie à l'Allemagne, mais la défaite de cette dernière l'entraîne dans sa chute. Les puissances européennes sorties vainqueures de ce conflit encouragent le démembrement de l'empire ottoman en soutenant les mouvements de contestation. Lors de la guerre de 1914-1918, prises dans le contexte militaire international et l'émergence des nationalismes turco-ottoman et kurde, les populations christiennes d'Anatolie centrale sont chassées de chez elles, contraintes à l'exil ou à la mort. Parfois les deux. Plus d'un million de personnes des communautés arméniennes, soit environ 70% de la population arménienne anatolienne, meurent d'assassinats et de massacres, de misère et de faim sur les routes. Entre 50% et 75% du million d'hominines des communautés assyriennes[56] subissent le même sort. Mâles, femelles et rejetons. Ces deux massacres et déportations de masse de populations christiennes d'Anatolie sont considérés comme le second génocide du XXème siècle[57], qui ne fait que commencer. Quelques hominines optent pour rester sur place en se convertissant aux croyances mahométiennes, ou tout du moins en le prétextant. Des enfants, mâles et femelles, devenus orphelins sont adoptés dans des villages turcs et kurdes. Tout comme les communautés arméniennes des rives anatoliennes de la mer Noire, les grecques pontiques, christiennes elles aussi, n'échappent pas à ces persécutions. Plus de 100000 hominines décèdent dans des violences à leur encontre. D'autres se réfugient dans la Dobrogée ou en Tchernomorie russe, là où existent déjà des communautés. Le traité de paix signé en 1920 entre les puissances européennes et les autorités ottomanes défaites en 1918 prévoit le démembrement de l'empire ottoman. Les côtes anatoliennes de la mer Égée et la Thrace orientale sont attribuées à la Grèce alors qu'à l'est de l'Anatolie il est proposé la formation d'un Kurdistan autonome et d'une Arménie indépendante, du lac de Van à la mer Noire. Le sud de l'Anatolie est placé sous protection italo-franco-britannique. Le territoire anatolien restant n'est pas suffisant selon les nationalistes ottomans. Entrée en conflit avec les autorités de l'empire auxquelles il est reproché son défaitisme et entrée en guerre contre la Grèce voisine qui convoite les régions grécophones, la résistance parvient en quelques années à renverser le sultan ottoman, à proclamer la naissance de la république de Turquie en 1922, gagner la guerre contre la Grèce et imposer un nouveau traité de paix moins défavorable. La "Grande Idée" se délite, le projet nationaliste grec qui prévoyait de réunir l'ensemble des territoires où résident des hominines en lien direct ou indirect avec la culture grecque dans les Balkans, en Anatolie et autour de la mer Noire, s'effondre. Le traité de Sèvres de 1920 est abandonné et remplacé en 1923 par le traité de Lausanne qui laisse l'ensemble de l'Anatolie à la Turquie, abandonnant de fait le projet d'un Kurdistan autonome et d'une Arménie indépendante. La Thrace orientale n'échoie plus à la Grèce mais à la Turquie. Afin de parfaire leur projet d'une Turquie indépendante, les nationalistes obtiennent qu'un échange de population soit organisé. Les grécophones d'Anatolie — égéens, cappadocéens et pontiques appelés collectivement micrasiates — et de Thrace orientale doivent être expulsés vers la Grèce et les mahométiens turcophones d'Europe vers la Turquie. Quelques exceptions sont négociées dont la ville de Constantinople, la future Istanbul. Plus généralement, le projet est de vider le territoire de la nouvelle Turquie de l'ensemble de ses populations christiennes et d'accueillir les mahométiennes venues des territoires perdus. Presque un million et demi de micrasiates — dont 500000 pontiques — et plus de 500000 mahométiens d'Europe. La "Grande Idée" fait place à la "Grande Catastrophe", ainsi appelée par l'historiographie grecque[58]. Les karamanlides[59] qui croient dans les mythologies christiennes et parlent une langue turcique écrite en caractères grecs, vivant en Anatolie centrale près des micrasiates de Cappadoce, ainsi que les lazes de la mer Noire, qui parlent une langue kartvélienne[38] et sont adeptes des mythologies christiennes[46], doivent fuir aussi vers la Grèce. Sur cette seule catégorisation religieuse, les karamanlides et les lazes christiens vont rejoindre un pays dont illes ne parlent pas la langue. Le traité de Lausanne garantie le maintien des slavophones mahométiens de Grèce et de Bulgarie, les pomaks[60], au prétexte qu'illes seraient d'origine bulgare. Idem pour les gagaouzes[44] de la Dobrogée roumaine qui ont l'autorisation de rester parce qu'illes sont adeptes des mythologies christiennes et autochtones, bien que turcophones dans un environnement qui ne l'est pas, alors que les turcs mahométiens de Roumanie sont expulsables vers la Turquie car illes sont de migration récente. Les échanges de populations négociés en 1923 concernent la Turquie, la Bulgarie, la Grèce, la Roumanie et la Yougoslavie. La turcophonie n'est pas l'ensemble des personnes parlant le turc mais celui des hominines parlant des langues turciques[61]. Parmi celles-ci, et pour ne citer que celles de l'espace tchernomorien, l'osmanli parlé en Anatolie par les turcs ottomans, le gagaouze et le nogaï en Dobrogée, le tatar et le krymtchak de Crimée, ou l'urum[43] de la mer d'Azov. Le turc moderne est issu d'une réforme de l'osmanli afin de devenir la langue officielle de la Turquie républicaine.

Au nom de leurs idéologies nationalistes respectives, la Turquie, la Bulgarie, la Roumanie et la Grèce acceptent d'opérer à un "nettoyage ethnique". Chacune prônant une homogénéisation linguistique et culturelle à l'intérieur de leurs frontières. Les rivages du sud et de l'ouest de la mer Noire sont particulièrement touchés par ces processus de violences et de déportations. Plus de 300000 micrasiates – d'Asie mineure — sont à l'abri à Constantinople / Istanbul, alors qu'un demi-million meurent dans des massacres et sur les routes de l'exil. Plus d'un million d'entre elleux parviennent à rejoindre la Grèce. Sur les quelques 600000 pontiques, 400000 sont expulsés et seulement 260000 arrivent jusqu'en Grèce. Environ 60000 fuient vers la Russie. Les quelques 50000 restés sur place adoptent la langue turque et se convertissent aux mythologies mahométiennes afin d'échapper aux violences[62] qui ont déjà fait environ 350000 morts entre 1919 et 1923 parmi les pontiques[63]. Plus de 100000 turcophones de mythologie christienne réussissent à se rendre en Grèce, dont la moitié de karamanlides. Les chiffres exacts du nombre de morts dans cette Grande Catastrophe sont encore discutés. Les conditions d'accueil des micrasiates qui fuient la Turquie sont très difficiles[64]. Beaucoup arrivent dans les grandes villes ou dans les régions où la Grèce a chassé les populations turcophones, mais aussi slaves et albanophones. La Grèce expulse environ 400000 turcophones. La macédoine de Dobrogée aussi change ses ingrédients. La Roumanie expulse vers la Turquie, la Bulgarie et la Russie. Plus de 70000 tatars et turcs sont expulsés vers la Thrace turque, où autant de grecs sont chassés pour rejoindre la Grèce qui expulse autant de valaques vers le sud de la Dobrogée ![65]

Soviétique de la république du Donutsk

Depuis 1917, la Russie glisse dans les mains des bolchevistes[66]. Lors de la guerre qui opposent les bolchevistes, les tsaristes et les anarchistes[67], les communautés cosaques[41] prennent parti et font des choix différents. La majorité rejoignent les tsaristes mais les alliances sont changeantes. Les bolchevistes décident de "mener une terreur de masse contre les riches cosaques, en les détruisant tous sans exception, [...] une terreur de masse impitoyable contre tous les cosaques qui ont pris part directement ou indirectement à la lutte contre le pouvoir soviétique."[68] Leurs villages sont détruits et les déplacements d'hominines ayant survécu sont massives, plus de 150000 s'exilent à l'étranger. Une partie des territoires caucasiens sont octroyés à des républiques soviétiques du Caucase qui s'agrandissent d'autant. Telle celle de Tchétchénie-Ingouchie. Devenue l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) en 1922, les découpages administratifs de l'ex-Russie sont modifiés. Les rivages tchernomoriens sont remembrés. Les républiques soviétiques d'Odessa et de Donetsk-Krivoï-Rog sont intégrées dans la république socialiste d'Ukraine et celle de Crimée dans la république socialiste de Russie. Dans la partie est de la Tchernomorie soviétique, les républiques soviétiques de la mer Noire, du Kouban, du Terek et de Stavropol se fondent dans une éphémère république soviétique du nord-Caucase. Finalement, ces territoires sont directement intégrés dans la république socialiste de Russie. Les républiques soviétiques d'Abkhazie et de Géorgie sont incluses dans le république socialiste de Transcaucasie avec deux autres républiques soviétiques, l'Arménie et l'Azerbaïdjan. La politique des nationalités du nouveau pouvoir bolcheviste consiste à subdiviser les langues et les cultures des hominines et de leur attribuer, selon leur importance, une république soviétique, une région autonome ou un district autonome. Pour les communautés sans territoires, il est accordé des droits relatifs à l'usage de leur langue et à la libre pratique de leur culture. L'enseignement et la presse sont encouragés en parallèle d'une interdiction de certaines pratiques ou croyances. Des alphabets sont introduits pour permettre un meilleur apprentissage de ces "langues locales" et une partie du folklore populaire est valorisée. Les pontiques qui ont décidé de fuir les violences sur la rive méridionale de la mer Noire ont rejoint les communautés pontiques de Crimée et du Caucase. Elles ne bénéficient pas d'un territoire alloué mais, comme d'autres dans cette situation, sont encouragées à promouvoir leur culture et leur langue. Changement de programme dans les années 1930. La Transcaucasie est divisée en trois républiques socialistes, l'Arménie, l'Azerbaïdjan et la Géorgie. L'Adjarie et l'Abkhazie demeurent des régions autonomes au sein de la Géorgie. L'Adjarie a la particularité d'être la seule entité administrative basée sur une appartenance religieuse[69], peuplée d'hominines de croyance mahométienne parlant une langue kartvélienne[38]. Plus de 20000 grécophones soviétiques fuient vers la Grèce. Le grand maître d'œuvre de ce remaniement n'est autre que Joseph "Staline" Djougachvili[70], érigé en "Petit Père des peuples", et son petit camarade de jeu Lavrenti Beria ; eux-mêmes géorgiens. Lors de l'accord de non-agression signé entre les hitléristes et les stalinistes en 1939, Staline présente Lavrenti Beria comme étant "le chef de notre Gestapo" aux diplomates allemands présents. Ils font un grand ménage dans la politique menée avant eux. La beauté de la culture populaire et la diversité des langues tant vantées hier laissent place aujourd'hui à des accusations de "nationalisme et d'individualisme petit-bourgeois" qui cachent souvent des résistances populaires aux collectivisations. Beaucoup d'hominines, mâles et femelles, sont tués ou envoyés en déportation. Cette répression n'est qu'un avant-goût de ce qui s'annonce sur le pourtour tchernomorien soviétique dans les années 1940. Les armées hitléristes allemandes tentent d'envahir l'URSS mais, au prix de millions de morts soviétiques, l'opération militaire est un échec. Au lendemain de la guerre, les autorités soviétiques se vengent sur les communautés accusées de collaboration avec les hitléristes et se servent de ce prétexte pour mener à bien une nouvelle politique des nationalités. La collaboration réelle — souvent pour des raisons bien éloignées de l'adhésion au "nazisme" — ou fictive de quelques milliers d'hominines avec les hitléristes engendre une punition collective pour des centaines de milliers d'hominines. Préventivement, en 1941, les communautés allemandes du Caucase et de la mer Noire sont massivement déportées vers la Sibérie et l'Asie centrale. Près de 400000 hominines, mâles, femelles et rejetons. La Crimée est particulièrement touchée. Plus de 230000 hominines, mâles et femelles, tatars sont envoyées dans la région montagneuse de l'Oural et en Sibérie. Près de la moitié meurt dans les trois premières années. Environ 15000 pontiques, 100000 arméniens, des bulgares et des nogaïs[48] subissent les déplacement forcés. Le projet est "la déportation des citoyens Turcs, des Turcs ne possédant pas la nationalité, des anciens citoyens Turcs qui avaient reçu la nationalité soviétique, des citoyens anciennement Grecs et actuellement sans nationalité, des citoyens Grecs qui ont reçu la nationalité soviétique, des Roumains se trouvant avec leur famille sur le territoire de l'URSS et provenant des républiques socialistes soviétiques de Géorgie, d'Arménie, d'Azerbaïdjan et des côtes de la Mer Noire."[71]. En Géorgie, 25000 hémichis[72], des arménophones mahométiens, et 100000 meskhètes[73], des turcophones mahométiens, sont déportés vers l'Asie centrale. Idem pour les quelques milliers de lazes[46] qui avaient fuis la Turquie en 1923. Dans le Caucase du nord, entre mers Noire et Caspienne, la répression et les déportations s’abattent sur plusieurs communautés. Mâles, femelles et enfants. 300000 tchétchènes, 90000 ingouches et autant de kalmouks, 70000 karatchaïs et 40000 balkars sont envoyés par train vers l'Asie soviétique. Des dizaines de milliers d'hominines meurent pendant le voyage. "Le problème des nationalités est un problème de transport" comme disait le punchliner Staline[74], le poète préféré du peintre Adolf Hitler[75]. Selon les optimistes, la politique de Staline ne fait pas que détruire des langues et des cultures, elle en crée aussi ![76] Ainsi, les soviétiques forment sur la rive gauche du Dniestr une éphémère république soviétique de Moldavie – dont se réclame l'actuelle Pridniestrie — qui devient une république socialiste lorsque le fleuve est franchi et que des populations roumanophones sont intégrées. Celles-ci sont alors élevées au rang de communauté linguistique et culturelle différenciée des roumanophones, utilisant l'alphabet cyrillique plutôt que latin[77]. Le moldave devient une langue officielle.

La population cosaque[41] est aussi touchée par cette vague vengeresse. Pour la participation de nombreuses unités militaires cosaques à l'armée hitlériste, l'ensemble des hominines, mâles, femelles et enfants, sont contraints de quitter leurs villages sous peine d'être exécutés en représailles. Entre 40000 et 60000 d'entre elleux reçoivent en 1943 la permission des hitléristes de s'installer dans le nord de l'Italie, dans la région de Carnie, où il leur a été promis un futur territoire indépendant, le Kosakenland von italienischen Krain ou Pays cosaque de la Carniole italienne en français[78]. À la fin de la seconde guerre dite mondiale, avec la signature d'accords lors des conférences de Téhéran en 1943 puis de Yalta en 1945, l'Union soviétique obtient de ses alliés ouest-européens la déportation des cosaques de tous les territoires qu'ils contrôlent. Les États-Unis d'Amérique, la Grande-Bretagne, l'Italie, la France et l'Autriche livrent les cosaques sans hésitation. En famille. En Autriche, les militaires britanniques tuent 300 cosaques qui tentent de s'opposer à leur déportation. Seul le Luxembourg refuse d'expulser les quelques dizaines de cosaques de son territoire. En tout, environ 2 millions d'hominines cosaques doivent quitter l'Europe de l'ouest pour l'Union soviétique. Toujours en famille. Destination suivante, la Sibérie, pour celleux qui survivent au voyage. Des milliers d'officiers et de soldats cosaques sont exécutés. Des familles entières se suicident. D'autres parviennent à se cacher et vivent sous une fausse identité. Les territoires sur lesquels vivaient les communautés cosaques sont nationalisés ou occupés par d'autres populations locales et administrativement remodelés.

Ce que les non-protivophiles nomment antisémitisme, c'est à dire la détestation des adeptes des mythologies moïsiennes et tout ce qui s'y rapporte de près ou de loin, est présent partout où de telles populations existent en Tchernomorie. À des degrés divers et sous des formes variées. Les massacres urbains et les destructions de villages moïsiens sont les prémices de leur anéantissement. Les massacres des hitléristes ont causé la mort d'environ 6000 krymtchaks[42], soit 75% de cette communauté moïsienne turcophone de Crimée, mais les karaïtes moïsiens[53] sont épargnés car illes sont considérés comme étant d'origine kazhare, donc turque et non moïsienne ! La Crimée est un véritable défi pour les théories racistes des hitléristes. Que faire des vestiges goths aux inscriptions en caractères hébraïques ? L'ensemble des communautés moïsiennes de la mer Noire sont victimes des violences des armées hitléristes et de leurs suppôts. En Crimée, illes sont environ 50000 au début des années 1920 et la population moïsienne ne cesse de croître avec l'implantation de colonies agricoles moïsiennes[79], alimentées par les hominines qui fuient les violences. Il est même évoqué le projet de création d'une région autonome[80]. Sur les 70000 hominines adeptes des mythologies moïsiennes présents en 1942, plus de 40000 mâles et femelles sont tués. Plus d'un million d'hominines de croyances moïsiennes, souvent yiddishophones [81], vivant dans la république socialiste d'Ukraine — à laquelle la Crimée est rattachée — tombent sous les balles des hitléristes ou meurent dans un camp de concentration. Beaucoup fuient vers l'Europe occidentale et les États-Unis d'Amérique. D'autres partent en direction de la Palestine britannique. La Roumanie n'est pas en reste dans ses massacres. Elle participe grandement à la mise en place de camps d'internement dans la région qu'elle appelle Transnistrie, entre les fleuves Dniestr et Bug oriental, jusqu'à la mer Noire. Plus de 185000 hominines des communautés moïsiennes de Roumanie et de la ville ukrainienne d'Odessa finissent dans un de ces camps. Le gouvernorat de Transnistrie est un véritable hub de l'atrocité. La Roumanie fait du zèle. La psychopathie roumano-hitlériste ne focalise pas que sur les adeptes de Moïse. Les roms, qu'illes soient christiens ou mahométiens[82], sont aussi pourchassés. Plus de 35000 d'entre elleux perdent la vie en Roumanie. Idem en Crimée.

Ma vie n'est rien : ce qui compte ce sont les raisons de ma vie. Je ne suis pas un chien.[83]

Les germanophones de la Dobrogée roumaine subissent aussi les conséquences de l'invasion hitlériste de la région. Illes sont appelés à rejoindre l'Allemagne. Environ 14000 hominines, soit 90% de la communauté, sont déplacés de force vers les territoires annexés par l'Allemagne en Pologne et en Tchécoslovaquie. Mâles, femelles et enfants. Plus de la moitié décèdent des conditions de vie et de la guerre. Après la défaite hitlériste, leurs biens sont nationalisés par la Roumanie. Seulement 2500 tentent de rentrer en Dobrogée. Prises dans la guerre, toutes les communautés germanophones d'Europe sont enrôlées dans l'armée hitlériste ou déplacées pour coloniser l'est européen, suspectées à tort ou à raison par leurs pays d'origine d'être volontaires. Après-guerre, une quinzaine de millions de germanophones de tous les pays européens sont expulsés des pays où illes sont une minorité. De mémoire d'hominines, le plus grand déplacement de population. Deux millions meurent sur les routes de l'Allemagne, victimes de la misère et de violences à leur encontre. La punition collective est sévère. Illes viennent s'entasser dans un pays détruit par la guerre. Aucune nuance n'est faîte parmi ces germanophones entre les hitléristes et les opportunistes, leurs oppositions et la population.

Dans les années qui suivent la mort de Staline en 1953[84], ses successeurs tentent de corriger les errements de sa politique. Les "peuples punis" de Crimée et du Caucase sont réhabilités progressivement et celleux qui ont survécu sont invités à revenir dans leurs régions d'origine. Quelques hominines restent sur place. Beaucoup décident de partir mais le retour n'est pas simple, voire pas toujours possible. En arrivant sur place, les hominines découvrent parfois que leurs maisons sont occupées.[85] Les autorités locales ne sont pas toujours très favorables à ces retours et ne font rien pour les faciliter. Les indemnisations pour les expropriations se font attendre. Les germanophones du Caucase et de la mer Noire[52] n'obtiennent aucune compensation. Pas plus que les pontiques ou les turcophones de Crimée qui ont tout perdu. À l'exception des cosaques qui furent jugés et/ou exécutés pour leur collaboration avec les hitléristes, les autres reçoivent une réhabilitation. Sans compensation, ni possibilité réelle de retourner sur leurs anciens territoires.

Autopsie

Dans la première moitié du XXème siècle, la Tchernomorie est totalement chamboulée. Ses rivages sont labourés par les violences qui s'y déroulent. Plusieurs millions d'hominines mâles et femelles sont échangés, déplacés ou déportés. Tout autant meurent de faim ou de maltraitance sur les chemins de l'exil, d'autres lors de massacres organisés ou d'exécutions sommaires. Le bilan est très lourd. Aucun chiffre n'est exact, tous sont des estimations faîtes sur la base d'archives disponibles, de témoignages recueillis et de travaux historiques. À ces chiffres, il faut ajouter ceux du nombre de morts parmi l'ensemble des hominines lors des guerres qui ont ensanglanté l'espace tchernomorien et son voisinage. De 1911 à 1913 dans la péninsule balkanique, de 1914 à 1918 lors de la première guerre dite mondiale, de 1917 à 1921 en Russie, de 1919 à 1923 entre la Grèce et la future Turquie, puis de 1939 à 1945 lors de la seconde guerre dite mondiale. À cela s'ajoutent les dizaines de millions de morts causées par la grippe espagnole[86] à travers le monde et les famines qui s'abattent sur les régions du nord de la mer Noire entre 1931 et 1933, provoquant la mort d'entre 5 et 8 millions d'hominines. Dans l'ensemble des pays concernés par ces conflits armés, le total des morts s'élèvent à plus de 100 millions, dont plus de la moitié parmi la population civile. Sans compter les millions de personnes traumatisées, blessées, malades ou invalides. Pour la seule Union des Républiques Socialistes Soviétiques — la Russie soviétique —, le nombre de morts lors de la guerre de 1939-1945 se monte à plus de 25 millions, dont plus de la moitié parmi la population civile. La république socialiste d'Ukraine compte presque 7 millions de morts, soit plus de 16% de sa population, dont environ 70% parmi la population civile.

Les conséquences de ces guerres et de ces déplacements de population n'ont pas seulement un impact sur les hominines. Sans qu'il soit possible de fournir un quelconque chiffre, il est probable que des centaines de millions d'animaux non-hominines mâles et femelles aient trouvé la mort lors de ces conflits inter-hominines. Plutôt que de finir à l'abattoir, des chevaux, vaches, moutons et cochons sont tués en représailles ou volés pour accentuer la famine. Pour l'alimenter. Les chiens et les chats qui échappent aux bombardements et aux tirs sont tués pour l'atténuer. Pour s'alimenter.

Je ne suis pas mouton et c'est pourquoi je ne suis rien.[87]

Urne funéraire de Tchernomorie

La seconde moitié du XXème siècle est moins agitée. Les pays riverains de la mer Noire — Turquie, Bulgarie, Roumanie et Union soviétique dans laquelle l'Ukraine, la Russie, l'Abkhazie[51] et la Géorgie — n'opèrent plus de nettoyages ethniques. Des retours individuels sont autorisés au compte-gouttes et les départs encouragés. Un petit nombre de germanophones rentrent en Dobrogée roumaine alors que des tatarophones la quittent pour rejoindre la Turquie, des pontiques de Crimée s'installent en Grèce alors que les meskhètes de Géorgie[73] se découragent de parvenir à se réinstaller. Des moïsiens de Crimée, dont des karaïtes[53], ou d'Odessa se réfugient en Israël. Comme la plupart des pays de l'est européen, ceux de la mer Noire ont profité de la guerre de 1939-1945 pour homogénéiser linguistiquement et culturellement leurs populations. Par la mort, la contrainte ou l'assimilation. Les délires nationalistes sont le tombeau des diversités. Ils adaptent à leur sauce le fameux slogan des hitléristes qui réclament un empire, un peuple et un chef. Pour les gastronomes de la politique, ces ingrédients sont déconseillés dans la confection de macédoines car cela donne toujours un goût rance. Qu'ils aient un arrière-goût de soviétisme ou non. Cela ne change rien. La Bulgarie, la Roumanie et l'Union soviétique octroient quelques droits à leurs minorités tchernomoriennes tout en accentuant la pression pour leur assimilation progressive. Les mariages inter-communautaires sont de plus en plus fréquents. Les langues bulgare, roumaine, ukrainienne, russe ou géorgienne deviennent celles du quotidien. En Turquie, les lazes[46], bien qu'adeptes des mythologies mahométiennes, subissent la défiance de celleux qui croient qu'illes cachent leur préférence pour les christiennes, alors même que cette partie des lazes a été déplacée vers la Grèce. Beaucoup adoptent la langue turque. Les hominines pontiques qui n'ont pas quitté la côte tchernomorienne de la Turquie pratiquent leur religion christienne et leur langue grecque en secret, utilisant le turc dans leurs échanges avec le reste de la population. La politique violente turque vis-à-vis de ses populations kurdophones ne donne pas envie de se faire remarquer ! L'éclatement de l'Union soviétique en 1991 fait place sur les rivages tchernomoriens à la Géorgie, et sa région autonome d'Abkhazie, la Russie, l'Ukraine et via le Danube, la Moldavie. Après de courtes guerres, l'Abkhazie obtient son indépendance de la Géorgie et la Pridniestrie se détache de la Moldavie. Aucune des deux n'est reconnue internationalement. La guerre en Abkhazie entraîne la mort de plusieurs milliers d'hominines ainsi que la fuite de 100000 abkhazes et 200000 hominines de langue géorgienne. Les petites communautés russophones et arménophones quittent la région. En Pridniestrie, des russophones et ukrainophones des régions industrielles de la rive gauche du Dniestr proclament leur indépendance d'une Moldavie roumanophone. La Gagaouzie hésite mais ne franchit pas le pas[88]. De ces nouveaux pays qui apparaissent à partir de 1991 autour de la mer Noire, la plupart sont alors un mystère pour la grande majorité des hominines d'Europe de l'ouest et d'ailleurs. Hormis la Russie qui est déjà internationalement connue pour être le berceau du nihilisme et des frères Bogdanov, et l'Ukraine qui est mondialement reconnue depuis 1986 pour l'introduction dans sa gastronomie régionale de l'aile de mouton[89].

Les catégories culturelles, linguistiques ou religieuses utilisées au cours du XXème siècle par les pouvoirs politiques des royaumes, empires et républiques du pourtour de la mer Noire ne sont évidemment pas le reflet de la réalité de ce que sont les hominines qui les composent. Elles sont des données statistiques et des prétextes à des enjeux politiques. Pour les hominines, la vraie vie est plus complexe [Références manquantes ?]. Des unions, des mariages ou des enfants inter-communautaires sont de plus en plus nombreux. Les échanges commerciaux aussi. La pression sociale ou l'urbanisation favorisent les langues des majorités par des mécanismes d'assimilation, de non-transmission ou de bilinguisme. À titre d'exemple, après la chute de l'Union soviétique, la Grèce accueille environ 60000 pontiques mâles et femelles. Personne ne parle la langue grecque, illes sont russophones. Israël est parcouru d'hésitations lors de la migration d'hominines russophones et ukrainophones qui prétendent être adeptes des mythologies moïsiennes. Le doute persiste. L'optimisme sioniste[90] pense qu'il leur suffit d'apprendre la langue israélienne alors que pour sa vision plus réaliste il leur faut même apprendre ce que sont ces mythologies dont illes ignorent tout.

Dans les cinq premières décennies du XXème siècle, les républiques, royaumes et empires d'Europe se livrent à de véritables "nettoyages ethniques" pour homogénéiser au mieux leurs populations ou aider leurs alliés à le faire. Chacun à sa manière. Par des massacres répétés, des discriminations, des échanges et des déplacements. Certains les provoquent, d'autres en profitent. Certains expulsent alors que d'autres empêchent les retours. Certains le font pour des choix idéologiques, d'autres par simple opportunisme. Les politiques menées s'apparentent à un populicide[91] au sens que lui donne Gracchus Babeuf en 1794[92] de politiques qui, par leurs choix et sans que cela soit obligatoirement leurs buts ultimes, causent la mort massive de la population. Par les combats, les famines, les destructions de villages et de champs, les exils forcés, etc. Ou par des décisions politiques et économiques aberrantes qui les ruinent. Pour la protivophilie, le néologisme populocide est plus précis car il insiste sur le fait que les plus pauvres, le populo, soient toujours les principales victimes des guerres, des conquêtes, des rivalités de pouvoir et des changements de frontières. Les plus pauvres peinent à fuir par manque de moyens ou à échapper à l’enrôlement et celleux qui survivent sont les moins à même socialement de s'en remettre. Le qualificatif de génocide définit après la seconde guerre dite mondiale implique la volonté délibérée d'exterminer une ou plusieurs populations précises. Le génocide est une forme particulière de populicide. Dans la seconde moitié du siècle, la macédoine tchernomorienne n'est plus faîte que de quelques ingrédients majeurs et d'un léger saupoudrage d'épices. La Bulgarie, la Roumanie, la Russie, puis après elles la Moldavie, l'Ukraine et la Géorgie, octroient quelques droits à leurs minorités linguistiques tout en favorisant l'usage d'une unique langue nationale, dont la méconnaissance est handicapante socialement dans les administrations ou le monde du travail par exemple. Malgré les évidences dans ses régions kurdophones d'Anatolie ou lazophones de la mer Noire, la Turquie considère que la seule langue parlée est le turc et le prouve en la rendant officielle ! Et elle seule. Les avis divergents sont sévèrement réprimés : Plus de 40000 morts en plusieurs décennies d'une guerre commencée dans le début des années 1980[93].

Le panorama tchernomorien du début du XXIème siècle ne ressemble plus aux cartes multicolores des ethnographes et linguistes des siècles précédents. Défiguré progressivement par des jets d'acide nationaliste puis redessiné à coup de bistouris dans des plaies encore fraîches. La chirurgie réparatrice s'apparente ici à de la boucherie. Les cimetières sont pleins d'hominines qui ont sans doute quelque chose à en dire. Avant ce remembrement cartographique, les relations des différentes communautés entre elles ne sont pas faites pour autant que de joie et de concorde. Sans attendre les mythologies nationalistes qui se construisent au cours du XIXème siècle, les préjugés et les méfiances sont multiples. Les différences sont parfois accentuées pour mieux se distinguer de communautés proches culturellement, linguistiquement ou religieusement. Ces xénophobies ne s'accompagnent pas nécessairement de violences directes. Elles sont constituées de stéréotypes, de dénigrements, de généralisations ou de blagues. Les exemples sont nombreux. Les lazes de Turquie sont la cible de blagues qui font d'elleux l'incarnation de la naïveté, voire d'une certaine bêtise. Comme en France avec les belges ou les suisses. En Turquie, bien que de langue et d'origine arméniennes, les hémichis[72] de croyances mahométiennes utilisent le terme arménien pour dire "ivrogne" alors même qu'illes sont appelés arméniens par les lazes et considérés lazes par les turcs. De manière générale les communautés linguistiques où les deux mythologies christienne et mahométienne sont présentes sont suspectées d'appartenir secrètement à l'une ou l'autre, même si l'une des deux composantes a été déportée, tuée ou assimilée. Les lazes et les hémichis connaissent très bien ce phénomène. Idem pour les quelques milliers de pontiques qui se convertissent aux croyances mahométiennes et à la langue turque pour échapper aux déportations des années 1920, mais qui pratiquent leur langue dans le secret de l'intimité et du quotidien afin de ne pas s'exposer aux foudres des autorités turques. La situation des enfants arméniens, mâles et femelles, qui furent adoptés par des familles turques ou kurdes après les massacres qui décimèrent leurs propres familles est complexe[94]. Les langues se délient et quelques hominines découvrent aujourd'hui avec stupeur un pan de leur histoire jusqu'alors inconnu. Difficile pour elleux de s'exprimer dans un contexte politique turc où l'historiographie officielle ne reconnaît pas les massacres des populations arméniennes et assyriennes[56] pour lesquels elle refuse catégoriquement le qualificatif de génocide. En Russie, le Caucase est la source de nombreux poncifs et exagérations sur les populations montagnardes. Dans l'imaginaire, le Caucase abrite la descendance des farouches populations guerrières qui, selon les époques, incarnent la bravoure, la violence, la liberté ou la sauvagerie. Un peu comme les cosaques[41]. Dans le nord de la mer Noire, ce sont les populations tatares qui sont victimes de préjugés. La tatarophobie est une réalité sur la péninsule de Crimée. Elle se construit sur des vestiges d'une histoire soviétique qui les condamne collectivement à la déportation vers l'Asie centrale pour collaboration avec les hitléristes, avant de les réhabiliter tardivement, et aussi sur les ressentiments contre les projets de réinstallation en Crimée de familles tatares déportées quelques décennies plus tôt. L'exclusion sociale est une des conséquences de cette tatarophobie. Une autre de ses conséquences est l'assimilation des tatars et de toutes les populations de langues turciques dans le même terme générique de "Turc". Ce procédé permet de sous-entendre que les tatarophones de Crimée et les nogaïs[48]ne sont pas autochtones mais des populations dont les origines sont à chercher du côté de la Turquie. Illes se confondent avec les turcs de la Dobrogée roumaine ou de Bulgarie. Dans ce pays, la communauté bulgarophone mahométienne, les pomaks[60], est acceptée lorsqu'elle est valorisée comme bulgare et dénigrée lorsqu'elle est vue comme turque. En Grèce, les pomaks subissent aussi une ostracisation du fait d'une méfiance vis-à-vis de leurs pratiques religieuses identiques à celles des turcs. Les karamanlides[59], turcophones de croyances christiennes, arrivent en Grèce pour y trouver refuge avec les populations micrasiates chassées de Turquie dans les années 1920. Leur proximité religieuse et culturelle avec les grécophones ne suffit pas à faire accepter les origines turciques de leur langue. Illes se voient interdits de la pratiquer. Les pontiques sont au centre de blagues où illes sont dépeints comme un peu stupides et pas très dégourdis. Même au sein des populations moïsiennes, les nuances et les différences peuvent se transformer en défiance. Pensant qu'illes n'étaient pas concernés, les turcophones krymtchaks[42] restent dans un premier temps de marbre face à la déportation massive par les hitléristes des yiddishophones[81] qui colonisent la Crimée, avant d'être elleux-mêmes déportés. Parce qu'illes sont exemptés du label "Juif", des karaïtes[53] n'hésitent pas à fournir de faux "certificats de karaïsme" afin d'éviter à d'autres la déportation ou la mort. La tâche est rendue complexe pour les hitléristes qui ne peuvent se fier uniquement à leur seule intelligence binaire comme l'illustrent très bien les propos rapportés par l'historien du Limousin et des bons mots, Pierre Desproges : "Naguère encore, les juifs avaient les lobes des oreilles pendants, les doigts et le nez crochus. Et la bite à col roulé. Mais maintenant [...] c'est pas évident de reconnaître du premier coup d'œil un petit enfant juif d'un petit enfant antisémite."[95]

À ces préjugés qui traversent les différentes communautés culturelles, linguistiques et religieuses, viennent s'ajouter l'héritage des conflits territoriaux ou de propriété dans les régions où des déplacements de populations eurent lieu. Au gré des politiques, les biens et les terrains appartenant à des personnes condamnées à la déportation sont redistribués à d'autres populations locales ou à des personnes elles-mêmes chassées de chez elles dans d'autres pays ou régions. Par exemple, les villages vidés des cosaques[41] dans le Caucase sont investis par des tchétchènes et des ingouches, et leurs territoires sont intégrés dans les républiques soviétiques autonomes de Tchétchénie et d'Ingouchie. Lorsque des meshkètes[73] tentent de rentrer en Géorgie après des décennies d'exil en Asie centrale, leurs maisons sont occupées par des arménophones géorgiens qui en sont les propriétaires. Situation similaire à celle des tatarophones de Crimée ou des allemands de la Dobrogée roumaine.

La situation des hominines des différentes vagues d'échanges et de déplacements de population est souvent très difficile. Outre les conditions de départ, souvent dans la violence, les pays d'accueil ne sont pas toujours en mesure d'y faire face. Au cours du XIXème siècle, l'empire ottoman voit arriver sur son territoire plus d'un million d'hominines de différentes communautés mahométiennes fuyant l'avancée des armées russes dans le Caucase ou chassées des Balkans par les pays et royaumes christiens nouvellement indépendants de l'empire. Seulement une partie d'entre elleux se réinstallent dans leurs régions d'origine après la fin des guerres caucasiennes[96]. Dans les années 1920, les micrasiates et les autres populations christiennes sont installées dans les régions périphériques de Grèce où vivaient auparavant des populations turcophones mahométiennes ou des slavophones christiennes[97], ou bien dans les quartiers urbains les plus pauvres pour les migrations plus récentes[98]. Parfois, les populations réfugiées se structurent en tant que groupes distincts de la population majoritaire, gardant des pratiques linguistiques singulières ou des traditions spécifiques même quand illes en partagent les principaux traits culturels. La glottophobie[99] s'ajoute parfois aux autres formes de stigmatisations. Malgré les injonctions d'Israël à se plier aux pratiques religieuses moïsiennes majoritaires, les karaïtes parviennent à se faire accepter comme une composante sans avoir à reconnaître l'autorité des rabbins. En Grèce, environ 200000 pontiques pratiquent toujours leur langue grecque, incompréhensible pour les autres grécophones, alors que celle des micrasiates de Cappadoce a quasiment disparu. Cultiver ses différences est soit un choix identitaire qui vise à préserver quelque chose, soit le simple reflet d'une réalité sociale, de l'isolement qui maintient ces hominines au bas de l'échelle sociale, en marge. Quel que soit le pays d'accueil, les moyens mis en œuvre et les politiques appliquées ne sont jamais réellement suffisants pour absorber les vagues d'exil dans des conditions sociales acceptables qui permettent une bonne intégration. Les camps d'accueil temporaires durent trop longtemps, les relogements se font au goutte à goutte ou collectivement dans des quartiers "communautaires". La ségrégation spatiale et l'exclusion sociale perdurent de fait sur plusieurs générations. Le populicide s'estompe mais le populocide continue. Bien moins connues que les travaux de l'historien optimiste Demis Roussos qui déclame Forever and Ever[100], les paroles du psychanalyste dépressif Nikos Kazantzakis, inscrites sur sa pierre tombale, semblent être plus en prise avec la triste réalité de celleux qui sont les morts qui ont survécu.

Je n'espère rien,
je ne crains rien,
je suis libre.[101]

Auto-psy

Hormis la Turquie, tous les pays actuels des rivages tchernomoriens ont appartenu jusque dans le début des années 1990 au Bloc de l'Est : l'Union de Républiques Socialistes Soviétiques (URSS) et ses alliés roumain et bulgare[102] qui se définissent comme communistes. Historiquement, les "politiques des nationalités" menées dans ces pays ne sont pas identiques malgré leurs proximités idéologiques. Héritière de l'empire russe tsariste, l'URSS est un vaste territoire peuplé d'une multitude de communautés linguistiques et culturelles. Les soviétiques favorisent le développement de certaines langues et cultures en les dotant d'un territoire, d'un alphabet et d'un système scolaire. Presque 150 [103]. Des journaux et des livres sont imprimés dans ces langues. Les choix de telles ou telles ne sont pas motivés uniquement par des considérations linguistiques ou anthropologiques, la politique entre en jeu. Répandue dans les moindres recoins du territoire soviétique, la langue russe reste celle de la majorité et la russification est généralisée. À part quelques exceptions, les découpages administratifs soviétiques font qu'aucune des républiques ou des territoires autonomes n'est homogène et toutes ont une population russophone. Même petite. Et parfois majoritaire dans certaines régions. Avec l'éclatement de l'URSS, tous les pays qui lui succèdent possèdent maintenant une communauté russophone. En Roumanie et en Bulgarie, le choix d'un nationalisme inclusif est fait par les autorités. Pour se faire, la roumanisation et la bulgarisation de la toponymie sont imposées dans les régions où vivent des communautés germanophones, tatarophones ou autres. Dans les années 1980, les pomaks de Bulgarie doivent abandonner leurs prénoms mahométiens pour des bulgares. Afin de se justifier leurs démarches, les autorités de ces deux pays s'appuient sur l'anthropologie et l'histoire ancienne pour démontrer que les roumains et les bulgares, mâles et femelles, sont des peuples présents sur leurs territoires actuels dès les âges les plus anciens. Avec cette même fierté ridicule que les supporters de l'équipe de football de l'ancienne citée grecque de Marseille avec leur slogan "À jamais les premiers !" Ainsi les daces antiques deviennent les ancêtres des roumains actuels et l'origine des bulgares est à chercher du côté des thraces. Avec ce raisonnement, toutes les populations actuelles de Roumanie et de Bulgarie, si elles ne sont pas étrangères, sont finalement des daces ou des thraces slavisés, turquisés, mahométisés, christienisés, grecquisés, etc. La liste est sans fin. Bref, des roumains et des bulgares qui s'ignorent. La Grèce et la Turquie font la même chose. Fouiner dans le passé pour se justifier dans le présent. Ce que les spécialistes appellent protochronisme et définissent comme une "rétroprojection nationaliste". Par exemple, jusqu'à la seconde moitié du XVIIIème, le sarmatisme polonais fait des sarmates[8] du nord tchernomorien l'origine lointaine des populations polonaises actuelles. Jusqu'au ridicule. Comme l'Allemagne et ses guerriers germaniques, ou la France et ses intrépides gaulois.

Pour le reste, [tel ou tel pays] est un pays comme les autres : ses frontières sont une chimère, son histoire nationale une mythologie, son pouvoir politique un rapport de domination et son organisation sociale une contrainte. Comme toute identité collective, [tel ou tel pays] est une illusion. Bien sûr, [tel ou tel pays] a connu des épisodes de son histoire qu’[il] ne partage pas avec les autres pays, mais cela ne change rien.[104]

Géographie du rien

Même illusoires, ces identités collectives ne sont pas sans effet sur la réalité. Que ce soit le nationalisme, la nation, l'ethnie ou la culture. Autour de la mer Noire, leur impact est tel que les demandes de reconnaissances de génocide se multiplient au fil des décennies. Après la Shoah des populations moïsiennes, reconnue internationalement, les associations roms, arméniennes, assyriennes et micrasiates militent aussi pour la reconnaissance de leurs massacres comme étant des génocides. Le Porajmos ou Samudaripen[105] des roms est en voie de l'être. La Grèce réclame que la Grande Catastrophe des micrasiates soit qualifiée comme tel. Mais la Turquie s'y refuse au prétexte que l'échange de populations est lié à un accord international et que des turcophones aussi furent expulsés de Grèce, oubliant de comptabiliser les massacres des micrasiates en Anatolie. Pour les populations arméniennes et assyriennes, la Turquie refuse avec obstination de qualifier leurs massacres de génocides. Cette question soulève des soubresauts diplomatiques entre la Turquie et tout nouveau pays qui reconnaît le génocide arménien ou le Sayfo assyrien[106]. Les raisons invoquées par la Turquie sont toujours alambiquées. La principale étant que ces faits ne sont pas de sa responsabilité car ils se passent sous l'empire ottoman, qui n'est pas encore la Turquie. Un peu comme la France et le régime de Vichy qui n'est provisoirement plus la France. En Russie et en Turquie, de nombreuses associations circassiennes réclament que les massacres et les déportations de 1864 des populations du nord Caucase soient labellisés génocide. Cette reconnaissance ne concerne pas les seules populations circassiennes — adyguéennes, tcherkesses et kabardes — mais aussi d'autres qui furent contraintes de fuir le Caucase, ingouches, tchétchènes, abkhazes, oubykhs ou abazas. Illes sont des muhadjirs, les hominines qui se réfugient dans l'empire ottoman. Les tatars de Crimée demandent que la déportation de 240000 d'entre elleux et la mort de la moitié lors du voyage soit aussi actées comme un génocide, sous le nom de Sürgünlik, "exil". De manière générale, les reconnaissances internationales de ces génocides se font au compte-goutte et, même plus d'un siècle après certains d'entre eux, nombre de pays, pour des raisons de diplomatie ou de politique intérieure, sont encore réticents à le faire.

La catégorisation systématique des hominines selon leurs langues ou leurs cultures crée des prisons identitaires dans lesquelles chaque hominine, mâle ou femelle, adulte ou enfant, se trouve enfermé à vie. Même si cela n'a aucun lien avec sa réalité sociale, ses pratiques linguistiques réelles ou sa croyance ou non dans des mythologies religieuses. Il est par exemple possible pour une personne d'être cataloguée "pontique" en URSS, c'est à dire grécophone christienne, parce que ses ancêtres pontiques ont fuit l'Anatolie dans les années 1920, alors qu'elle est exclusivement russophone et athée, mariée avec une arménienne mahométienne[72]. Ou d'être étiquetée "tatar de Crimée" tout en étant née en Asie centrale, ne parlant que les langues locales et dont les enfants sont exclusivement russophones. Etc. L'endogamie n'est pas une règle et les "unions mixtes" sont courantes, mais l'étiquetage ne s'efface pas même après plusieurs générations. Cela peut avoir un avantage dans le cas de graves crises politiques ou de déplacements de populations. "Pontique" permet d'obtenir un "droit au retour" garanti par la Grèce et la nationalité immédiate, contrairement à une personne immigrée dans ce pays et sa descendance parlant la langue. Idem pour Israël qui accueille sur son sol des populations russes, ukrainiennes ou roumaines au nom de sa loi du retour réservée aux adeptes de Moïse du monde entier, sans pour autant accorder un quelconque intérêt aux populations palestiniennes chassées d'Israël et réfugiées dans les pays alentour depuis plusieurs décennies. La Turquie reçoit les muhadjirs qui fuient le Caucase et les Balkans mais pourchasse ses propres populations kurdes, renommées "turques des montagnes". L'humanisme nationaliste a ses limites. Avec des argumentaires qui leur sont propres, aucun pays n'hésite réellement à faire à l'autre ce qu'il n'accepterait pas qu'on lui fasse, et aucune communauté ne renonce à faire à une autre ce qu'elle n'aimerait pas elle-même subir ou qu'elle a déjà subi. À part pour les mythologies nationalistes qui tentent de les récupérer, il n'existe pas à proprement parlé de mouvements populaires passés basés sur des revendications essentiellement identitaires mais plutôt sur des conflictualités sociales. Au mieux, les aspects identitaires sont un vernis à une situation sociale, au pire, ils sont des leviers utilisés par des groupes politiques ou des "bourgeoisies nationales" pour parvenir à leurs fins. La différence principale entre le nationalisme et la libération nationale est que l'une renforce le pouvoir politique et économique de celleux qui le détiennent, alors que l'autre est une tentative de restauration ou d'instauration d'un pouvoir politique et économique qui est en demande de reconnaissance. Dans les deux cas, le sort des populations n'est qu'une variable dans la course au pouvoir. Récupérer des champs de ruines après une bataille est considéré comme une victoire. Pour schématiser, le nationalisme induit populocide et populicide alors que la lutte de libération nationale est essentiellement populocide[107], avant de devenir potentiellement populicide une fois au pouvoir.

Outre l'exclusion sociale qu'il engendre, le désavantage principal de cet étiquetage trans-générationnel est le risque qu'il expose chaque hominine à une répression communautaire ciblée. Quels que soient les choix individuels, les germanophones de Dobrogée roumaine sont collectivement punis pour les crimes de quelques hominines. Des anti-hitléristes subissent le même sort que leurs ennemis au prétexte d'être aussi "allemands". Les hitléristes désignent eux-mêmes qui doit recevoir l'étiquette "juif", même lorsque les personnes concernées ne s'en revendiquent pas, n'ont aucune connaissance des mythologies moïsiennes, aucune croyance en elles, ou simplement ignorent tout de cet hypothétique lien. Lorsqu'elles ne parlent plus yiddish[81] mais russe ou moldave. Avoir l'une de ses seize trisaïeules née en Pologne dans une famille moïsienne et yiddishophone dont l'enfant est adopté secrètement par le beau-frère christien de la petite cousine d'un artiste tatar de Crimée, mahométien et russophone, fait de n'importe qui un "juif" selon la pensée complexe élaborée par les généalogistes hitléristes. Comme lors des procès en sorcellerie d’antan, le nier avec acharnement, jusqu'à la mort, est évidemment une preuve supplémentaire de la réalité des choses. Les quinze autres trisaïeules et leur descendance ne sont d'aucun secours. Les hitléristes ne pourchassent pas celleux qui se disent moïsiens mais celleux qu'ils désignent comme tel, la nuance est énorme. S'il y a de l'horreur et de l'incompréhension dans les yeux de celleux qui sont pourchassés pour ce qu'illes sont, il y a un grand désespoir et un immense vide pour celleux qui le sont pour ce qu'illes ne sont pas.

Monde de merde[108]

Dissection géopolitique

Allongés sur un divan rouge sang, les nationalismes de Tchernomorie font le bilan des trois derniers siècles qui viennent de s'écouler et lors desquels le sang a beaucoup coulé. Un gigantesque gâchis selon les principales banques de sang, les tiques et autres vampires qui n'ont pas su profiter de la situation comme ont pu le faire d'autres suceurs de sang. Pas plus que les fabricants de boudins, d'ailleurs. Les guerres, les déplacements de population et leurs massacres ont dessiné les frontières des États tchernomoriens actuels et modelé leurs géographies hominines. Dans chacun d'eux, des associations culturelles ou des organisations politiques ont émergé parmi des communautés minoritaires. Certains pays ont accordé des droits culturels ou politiques, là où d'autres y rechignent. Voire les pourchassent. Pour ceux qui octroient des droits, aucun n'a opté pour des politiques identitaires où les "origines ethniques" sont indiquées sur les cartes d'identité ou les passeports. Personne ne le réclame. Il s'agit souvent à minima de la possibilité de s'auto-désigner suivant une langue ou une culture, et de pouvoir s'organiser en tant que tel dans un cadre institutionnel et légal, associations, partis ou amicales. Seule la Grèce opte en 1993 pour mentionner la religion sur la carte d'identité avant de revenir sur cette décision en 2000[109]. Les recensements revêtent un caractère particulièrement important et périlleux. Selon les hominines, la case "Ethnie" ne correspond pas nécessairement à la case "Langue". La plupart des hominines appartenant aux minorités sont bilingues.

Bataille navale

Même s'ils n'ont pas de contacts terrestres entre-eux, des pays qui bordent la mer Noire ont des frontières communes grâce aux zones maritimes qui découpent la mer en zones d'influence. Ainsi la Turquie a une frontière, au large, avec la Roumanie, l'Ukraine et la Russie, et elle est la seule à en avoir une avec tous les autres pays de la mer Noire. Le rattachement de la Crimée et de ses eaux territoriales à la Russie coupe depuis 2014 l'Ukraine de sa frontière maritime avec la Turquie. L'intérêt pour chaque pays n'est pas de profiter au mieux des ressources en poisson qui n'existent plus mais de s'assurer le contrôle d'hypothétiques ressources en gaz ou autres hydrocarbures qui ne demandent qu'à être découvertes et exploitées. La mer d'Azov est riche en gaz. Mais aussi de se faire des routes commerciales sûres pour exporter du gaz, du pétrole ou des céréales ou importer des marchandises diverses. Le mer Noire est la porte vers la mer Méditerranée. Le transport maritime permet de déplacer d'énormes quantités bien plus rapidement et plus aisément que l'utilisation du réseau routier. Environ 150 navires commerciaux traversent le détroit du Bosphore tous les jours, soit plus de 50000 par an, dont plus de 6000 sont des pétroliers. Le libre passage par le Bosphore est garanti par la Turquie et des accords internationaux. En cas de guerre, l'accès peut être restreint par la Turquie aux seuls navires civils. Les fonds marins sont aussi un lieu de passage. Un gazoduc est inauguré en 2005 entre la Russie et le nord-est de la Turquie. Si le projet de gazoduc South Stream devant relier la Russie à l'Europe occidentale a été abandonné en 2014, celui reliant la Thrace turque a été inauguré en 2020. Le projet est d'alimenter en gaz quelques pays d'Europe balkanique, via la Grèce, la Bulgarie, la Serbie et la Hongrie.

La nouvelle recette de la macédoine de Tchernomorie est maintenant disponible. Selon la protivophilie, le haïku inédit[110] du juvénile poète Soso[70] illustre l'évidente catastrophe passée, présente et à venir, lui qui sera sous le sobriquet de Staline le principal artisan du remodelage du nord de la mer Noire. La démographie de guerre, la problématique de l'eau et la linguistique de rien s'y entrecroisent. L’intersectionnalité est toujours un outil puissant pour les Post-Nothing Studies, spécialisées dans ce qui rime à rien.

Sans eux, la mer Noire n'est rien
Comme sans eaux, elle n'est rien
Comme sans o, elle est rien

  • Bulgarie

D'après le recensement ethnolinguistique de 2011[111], selon les auto-dénominations des personnes interrogées, sur un peu moins de 7 millions d'hominines à vivre en Bulgarie, 85% parlent bulgare, 9% turc de Bulgarie[112] et 5% rom. Dans le petit pourcent restant, 10000 personnes se déclarent russes, 6500 arméniennes, 3600 valaques[113], 2500 Saracatsanes[114], 1800 ukrainiennes, 1600 macédoniennes, 1400 grecques, 1200 moïsiennes et 900 roumaines. Estimés à quelques milliers d'hominines, les tatars criméens de Bulgarie ne sont plus recensés. Idem pour les gagaouzes[44] qui ne sont que quelques dizaines. La catégorie "bulgare" contient environ 70000 pomaks[60]. La catégorie "turc de Bulgarie" englobe parfois les pomaks et les gagaouzes[115]. Les pomaks vivent dans le sud de la Bulgarie, à cheval sur la frontière grecque, alors que les turcs de Bulgarie sont dans le nord-est, proche de la Roumanie. La plupart des petites communautés sont aussi situées dans le nord-est, près des côtes de la mer Noire, dans la Dobrogée du sud que la Bulgarie et la Roumanie se sont disputées. Elles sont les vestiges des derniers échanges de population entre les deux pays en 1940. La Bulgarie expulse alors plus de 100000 hominines des communautés roumaines, aroumaines[116] et mégléno-roumains[117] vers le nord de la Dobrogée et la Roumanie un peu plus de 60000 bulgares vers le sud. Le bulgare est la langue officielle et 9 autres langues sont présentes dans le pays sans avoir de statut particulier. Environ 300000 turcophones sont expulsés en 1989 vers la Turquie, dont seulement la moitié reviendra quelques années plus tard. Avec l'échec dans le milieu des années 1980 d'un petit groupe armé clandestin[118], qui est démembré après plusieurs actions, apparaît en 1990 le Mouvement pour les droits et les libertés qui se propose de défendre les intérêts de la communauté turque bulgare. À l'issue des élections législatives de 2021, ce mouvement dispose de 34 sièges sur les 240 du parlement. D'autres mouvements turcs bulgares plus petits existent mais aucun n'a d'élus. La Bulgarie n'a aucun litige frontalier avec les pays qui la bordent. Il existe un contentieux avec la Macédoine du Nord et la Bulgarie qui lui dénie le droit à être autre chose que bulgare, par la langue, la culture et l'histoire. Les mêmes critiques que formule la Roumanie à la Moldavie. Vu de Bulgarie, le macédonien n'est qu'une variante occidentale du bulgare. Une grande partie de la frontière nord avec la Roumanie s'étend le long du Danube sur 470 kilomètres. La côte tchernomorienne bulgare est longue de 354 kilomètres.

  • Roumanie

Rendue célèbre en 1997 par le président étasunien Bill Clinton qui confond un drapeau avec ce qu'il pense être un poncho tricolore[119], la Roumanie abrite un peu plus de 20 millions d'hominines. Lors du recensement de 2011[120], plus de 85% se déclarent roumains, 6% hongrois[121] et 1,2% roms. Plus de 6% ne mentionne aucune appartenance ethnolinguistique. Le reste se répartie entre 17 communautés. Les populations hongroises se situent essentiellement dans le centre du pays, en Transylvanie, et à l'ouest. Si les ukrainiens et les russophones sont présents dans l'est et le nord de la Roumanie, dans les régions proches de l'Ukraine et de la mer Noire, les autres slavophones le sont dans l'ouest. En 2011, les ukrainiens sont 48000 et les russes 18000. Avec une population de 25000 hominines, les allemands de Roumanie[47] sont la cinquième plus grande communauté et représente 0,13% de la population roumaine. En Dobrogée, le millier d'ukrainiens sont en grande partie la descendance de cosaques zaporogues[41] et les russes sont des lipovènes[50]. Les aroumains hésitent à se différencier des roumains[122]. Les autres communautés dobrogéennes sont, par ordre décroissant, turques, tatares et grecques, respectivement 22500, 19700 et 1500 hominines. Mâles et femelles. Un tiers des grecs sont d'origine pontique. Le qualificatif "tatar" inclue les tatars de Crimée et les nogaïs[48]. Le droit roumain reconnaît 20 communautés ethnolinguistiques[123] auxquelles une représentation parlementaire est accordée à partir d'un certain pourcentage obtenu aux élections, avec un siège obligatoire au minimum quel que soit le résultat. Toutes ces communautés sont représentées par des associations ou des partis politiques. Les tatars et les turcs se sont parfois alliés au sein d'un même parti, mais deux mouvements distincts les représentent maintenant. Les auto-désignations ethniques ne correspondent pas nécessairement avec les pratiques linguistiques. Environ 85% des personnes se déclarant turques de Roumanie ont le turc en langue maternelle et 14% le roumain. Beaucoup d'hominines de petites communautés linguistiques sont bilingues. La Roumanie a un différend avec la Moldavie auprès de qui elle insiste pour qu'elle fasse enfin le choix entre moldave et roumain pour appeler sa langue officielle, et qu'elle assume sa roumanité. Jusqu'à se fondre en elle pour les plus nationalistes. Le seul litige territoriale de la Roumanie est celui avec l'Ukraine sur 6 îles fluviales du Danube, une dans le delta et l'île des Serpents dans la mer Noire. En 2009, une cour de Justice internationale attribue 5 des îles fluviales et l'île des Serpents (0,17 km2) à l'Ukraine. Ce différend entre l'Ukraine et la Roumanie autour de l'île des Serpents est lié à la présence de pétrole. L'Ukraine accorde des concessions offshores. Le contentieux restant est celui concernant l'îlot fluvial de Maican (0,18 km2) et de l’îlot Limba dans le delta du Danube. Le rivage tchernomorien s'étend sur 245 kilomètres.

  • Moldavie

Au recensement de 2014, la Moldavie compte presque 3 millions d'hominines. Mâles et femelles. Selon les personnes interrogées, 75.1% se disent moldaves, 7% roumaines, 6,6% ukrainiennes, 4,6% gagaouzes, 4,1% russes, 1,9% bulgares et 0,3% roms, et 54,6% affirment parler moldave, 24% roumain, 14,5% russe, 2,7% ukrainien, 2,7% gagaouze et 1,7% bulgare. Les populations roumaines et moldave sont sur tout le territoire de la Moldavie, les russes et les ukrainiens forment de petit îlots dans tous le pays, beaucoup au nord et à l'est. Les gagaouzes et les bulgares sont présents au sud. Dans la région de Gagaouzie[44], sur une population de 160000 hominines, seulement un tiers pratique le gagaouze, les autres utilisent le russe au quotidien et non le moldave. La chute de l'URSS et l'indépendance de la Moldavie incite celle-ci à se rapprocher de la Roumanie, en réponse la Gagaouzie menace de se proclamer elle-même république indépendante. Finalement un statut d'autonomie interne est conclu en 1994 sous le nom d'Unité territoriale autonome de Gagaouzie, quatre territoires non contigus dans le sud de la Moldavie. En 1991, la région industrielle russophone et ukrainophone de l'est du Dniestr refuse le projet d'autonomie et proclame son indépendance sous le nom de Pridniestrie. La Moldavie n'a pas d'accès simple à la mer Noire. Ces frontières lui permettent un accès de 340 mètres de long au Danube, au croisement de la Roumanie, l'Ukraine et la Moldavie, et son point le plus proche de la mer Noire est à 850 mètres du liman du Dniestr qui se déverse dans cette mer.

  • Pridniestrie

La superficie de la Pridniestrie est d'environ 4160 km2 — soit approximativement celle de l'ancien comté de Nice — et elle s'étend sur une longue bande d'une dizaine de kilomètres au plus large et d'une centaine de long, en suivant le cours du Dniestr. De rares territoires demeurés moldaves sont situés sur la rive est du fleuve, et la Pridniestrie administre quelques zones de la rive ouest. Le recensement de 2004 dénombre un peu plus de 500000 hominines mâles et femelles se répartissant en trois principales communautés linguistiques — par ordre décroissant, moldave, russe et ukrainienne. Chacune représentant environ un tiers de la population. Environ 2% de la population se déclare de langue polonaise, à l'extrême-nord de la Pridniestrie, 1,5% gagaouzes et quelques autres biélorusses ou juifs. En 2015, la population d'hominines a chuté de plus de 14%. Les russophones sont dorénavant les plus nombreux devant les moldavophones et les ukrainophones, respectivement 29,1%, 28,6% et 22,9%. Si un petit pourcentage continue à se déclarer bulgare, gagaouze ou biélorusse, la mention d'une appartenance pridniestrienne apparaît pour la première fois. Un peu plus de 1000 hominines se définissent comme tel. Plus de 14% de la population ne se reconnaît dans aucune de ces affiliations ethnolinguistiques. Depuis l'indépendance du pays, la population moldave a fortement diminué, passant de 240000 en 1989 à 137000 en 2015. Bien que le russe, l'ukrainien et le moldave soient les trois langues officielles de la Pridniestrie, le moldave, écrit en cyrillique contrairement à la Moldavie, ne bénéficie pas des mêmes encouragements de l’État et son enseignement s'organise de manière autonome. La Pridniestrie n'est reconnu par aucun autre État dans le monde. Seul l’Abkhazie, l’Ossétie du Sud et le Haut-Karabagh — eux-mêmes non reconnus internationalement — l'ont officiellement reconnu. La Russie se dit favorable à une fédération moldave entre les deux rives du Dniestr. L'armée pridniestrienne est forte d'environ 7000 militaires auxquels s'ajoutent 1500 militaires russes. La présence de l'armée russe est l'héritage d'un passé soviétique où la 14ème Armée de la Garde veillait sur les entrepôts d'armes et qui depuis, après une aide aux indépendantistes de Pridniestrie lors de la guerre avec la Moldavie, s'est officiellement transformée en force de maintien de la paix en 1995. La Pridniestrie n'a aucun accès direct à la mer Noire. La partie sud du fleuve Dniestr reste sous le contrôle de la Moldavie, tout comme le Turunchuk, sa branche orientale qui rejoint le Dniestr avant de se jeter dans la mer Noire, demeure en territoire ukrainien.

  • Ukraine
Linceul linguistique[124]

Le dernier recensement en date, celui de 2001, décompte en Ukraine plus de 48 millions d'hominines, mâles et femelles. Plus de 67% se déclarent de langue ukrainienne et 29% de langue russe. La première est présente à l'ouest et au centre du pays et la seconde à l'est et au sud. Il n'existe pas de frontière nette entre les deux zones linguistiques. Les proportions entre les deux sont différentes selon les régions. Le russe est majoritaire uniquement dans les régions de Luhansk et de Donetsk, et en Crimée. Dans le nord et le centre de l'Ukraine, une langue mixte, le sourjyk[125], est parlée par environ 15 à 25% de la population. La plupart des minorités recensées se concentrent dans le sud du pays, en Crimée et surtout dans le Boudjak, entre les deltas du Dniestr et du Danube, zone qui sépare la Moldavie de la mer Noire. Les tatars de Crimée sont la plus importante avec 240000 hominines. Sur la péninsule, vivent aussi les minuscules communautés moïsiennes d'hominines se déclarant krymtchaks[42] et karaïtes[53], respectivement 400 et 96. Les christiennes urums[43] de la mer d'Azov et les grecques de la région de Marioupol sont fortes chacune de plus de 90000 hominines. Le Boudjak et la région d'Odessa regroupent la plupart des autres minorités linguistiques, par ordre décroissant, moldave, hongroise, roumaine, bulgare, biélorusse, arménienne, gagaouze, rom et polonaise. Et quelques autres encore. Telle la communauté koryo-saram[126] qui regroupe la descendance d'hominines originaires de Corée et dont la langue coréenne est encore parlée au quotidien en 2001 par 18% des quelques 12700 hominines. Les autres sont russophones à 76% et ukrainophones à 6%. À noter l'exotisme de la communauté d'une centaine d'hominines du village ukrainien de Gammalsvenskby, dont un dizaine parlent encore un ancien dialecte suédois de l'île lituanienne de Dagö ![127] Aucun recensement depuis 2001. Seulement quelques approximations. L'Ukraine reconnaît légalement presque une vingtaine de minorités, elle fait de l'ukrainien la langue de l’État et permet localement aux autres langues de s'exprimer. Plus de deux millions d'hominines accèdent à l'éducation dans leur propre langue[128]. Dans le début des années 2010, les débats autour de la place du russe face à l'ukrainien et les divergences politiques entre les pro-russes et les pro-européens cristallisent le jeu politique ukrainien. En février 2014, le parlement local de Crimée proclame l'indépendance d'une République de Crimée qui demande ensuite son rattachement à la Russie. Dans l'est de l'Ukraine, des combats opposent l'armée nationale et des groupes armés qui réclament l'indépendance des régions russophones du Donbass[129]. La République populaire de Donetsk et celle de Lougansk sont proclamées en avril 2014. La Russie justifie la présence de ses militaires auprès des groupes armés et son annexion de la Crimée en prétextant de la politique répressive contre les russophones. Elle agite les cadavres des pro-russes tués lors d'affrontements à Odessa le 2 mai 2014 et de la trentaine qui ont péri lors de l'incendie accidentel de la Maison des syndicats qui s'en est suivi[130]. Les nouvelles lois de 2019 consacrent l'ukrainien comme unique langue de l’État et de son administration, et proposent un statut de langues minoritaires aux autres communautés linguistiques qui ne peuvent plus prétendre à une utilisation dans tous les aspects de leur vie. Après des années d'une guerre larvée entre l'Ukraine et les forces armées du Donbass, et dans un contexte de rapprochement militaire et politique entre l'Ukraine et les principaux pays occidentaux, la Russie reconnaît officiellement l'indépendance des deux républiques de l'est de l'Ukraine le 21 février 2022.

  • Russie

Même si le russe est la langue officielle de l’État et la plus répandue parmi la population, la fédération de Russie reconnaît 35 langues officielles parlées dans ses différentes républiques et régions autonomes. Chacun de ces territoires établit une liste de langues locales auxquelles des droits d'usage et de transmission sont garantis. Plus d'une centaine sur l'ensemble du territoire russe. Le District Fédéral du sud est la région administrative qui met en contact la Russie avec la mer Noire, particulièrement la sous-région de Rostov qui rejoint la mer d'Azov au niveau du delta du Don et celle de Krasnodar qui s'étend sur les rives de la mer Noire, de la mer d'Azov à l'Abkhazie. Depuis son rattachement à la Russie en 2014, la péninsule de Crimée est une nouvelle composante de ce district fédéral méridional[131]. Dans les régions de Rostov et de Krasnodar, la langue russe est celle de 90% de la population d'hominines. Malgré son histoire de conquêtes militaires, de colonisation et de déplacements de population, les rivages tchernomoriens russes sont encore une petite macédoine. Lors du recensement de 2010 à Rostov, 157 appartenances différentes sont indiquées par la population, dont seulement 27 dépassent les 2000 hominines. La communauté arménienne est la seconde en nombre, suivie de l'ukrainienne, qui regroupent respectivement 400000 et 160000 hominines, mâles et femelles, à Rostov et Krasnodar. La rubrique arménienne comptabilise ensemble les hominines qui se disent descendre des populations installées dans la région à partir du XIVème siècle, les tcherkessogaïs[132], largement majoritaires, et celles arrivées au cours des siècles suivants avec la conquête russe ou ayant fuit l'Anatolie au début du XXème siècle. La rubrique ukrainienne dissimule en partie les populations d'origine cosaque[41]. Toutes les autres communautés représentent chacune moins de 1% de la population des deux sous-régions. Outre les langues bénéficiant d'un territoire ou d'un statut, tel le romani, le tatar, l'adyguéen[54] ou le tchétchène, ou celles reconnues dans d'autres pays, tel le géorgien, l'azéri ou le moldave, il existe de très petites communautés, vestiges des péripéties du pourtour tchernomorien. Quelques milliers d'urums[43], environ 5500 assyriens[56] et 20000 pontiques du Caucase, par exemple. Un peu plus de 10000 koryo-sarams[126] dans la région de Rostov. Pour le recensement de 2010, un peu moins de 2% des hominines se déclarent sans aucune appartenance communautaire spécifique. La frontière entre l'Ukraine et la Russie est celle entre les régions du Donbass et de Rostov. L'armée russe aide plus ou moins directement les groupes armés russophones ukrainiens qui réclament depuis 2014 l'indépendance du bassin minier du Donbass au prétexte de la sauvegarde des hominines de cette région russophone. Pour contrecarrer l'isolement géographique de la Crimée, la Russie construit en 2018 un pont de 19 kilomètres au-dessus du détroit de Kertch — qui sépare les mers d'Azov et Noire — pour relier la péninsule criméenne à la région de Krasnodar. La Crimée ajoute presque 800 kilomètres de littoral au territoire de la Russie, dont plus de 200 sur la mer d'Azov

  • Géorgie

Avant son indépendance la Géorgie est peuplée de 5,4 millions d'hominines, mâles et femelles, dont 70% parlent la langue géorgienne selon le recensement de 1989. Les communautés arméniennes, russes et azéries représentent respectivement 8%, 6,3% et 5,7% de la population. L'Abkhazie, l'Adjarie et l'Ossétie du sud sont trois provinces autonomes géorgiennes. Les langues abkhaze et ossète sont officiellement reconnues. En 1989, près de 165000 hominines se déclarent ossètes et 95000 abkhazes. Après l'indépendance de la Géorgie en 1991, les provinces autonomes font sécession et demandent leur rattachement à la Russie après de courtes guerres[133]. Devant le refus russe, elles proclament leurs propres indépendances. L'Adjarie se contente de son statut d'autonomie. La guerre en 1998 avec l'Abkhazie chasse plus de 200000 géorgiens mâles et femelles de la région. Lors du recensement de 2002, le géorgien représente plus de 83% des quelques 4,3 millions d'hominines que compte alors la Géorgie. L'Abkhazie et l'Ossétie du sud[134] ne sont pas incluses dans ce recensement, mais il reste plus de 38000 ossètes et 3500 abkhazes, représentant dorénavant 0,9% et 0,1% de la population géorgienne. Toutes les communautés restantes subissent une nette diminution de leur population d'hominines. Parmi les plus touchées, la russe, l'ukrainienne et la pontique caucasienne[135] perdent entre 70 et 80% de leurs populations, l'arménienne, la kurde[136] et l'assyrienne près de la moitié. La communauté moïsienne, dont beaucoup parlent le judéo-géorgien[137], se délite et près de 90% de ses membres quittent le pays, majoritairement en direction d'Israël. Le constat général est le même lors du recensement de 2014. En 2015, le géorgien est officiellement promulgué langue officielle et des droits restreints sont octroyés aux langues minoritaires. Aucune n'est mentionnée explicitement alors que pour leur lien avec le géorgien, les langues kartvéliennes — svane[138], mingrélien[139] et laze[46] — sont promues langues régionales et les "variantes" régionales géorgiennes valorisées. L'apprentissage du géorgien est encouragé mais celui des autres langues ne bénéficie pas de réels moyens fournis par l’État. L'enseignement général se fait en géorgien et elles ne peuvent être utilisées dans l'administration ou l'enseignement, par exemple. La reconnaissance légale d'un dizaine de minorités caucasiennes en Géorgie n'implique pas leur mise en valeur. Les rivages tchernomoriens de la Géorgie actuelle sont les côtes de l'Adjarie, de la Gourie et du sud de la Mingrélie. Une centaine de kilomètres. La sécession de l'Abkhazie ampute la Géorgie de plus de 180 kilomètres de côtes sur la mer Noire.

  • Abkhazie
Rien à craindre

En 1989, les abkhazes sont 1,8% de la population totale de la Géorgie et environ 17% dans la région autonome d'Abkhazie. La population géorgienne en représente plus de 43%. La russe et arménienne environ 14% chacune et un peu moins de 3% pour la grecque. Les afro-abkhazes ont disparu depuis plusieurs décennies maintenant. Après l'indépendance de l'Abkhazie en 1992 puis la guerre de 1998, la population a considérablement changé[140]. Lors du recensement de 2011, sur une population de 240000 hominines, mâles et femelles, les abkhazes sont plus de 50% contre un peu plus de 17% pour les géorgiens. Les arménophones hémichis[72] sont 17% et les russes 9%. À peine plus de 0,5% pour la population grecque. Les populations géorgiennes, essentiellement mingréliennes[139] et svanes[138], sont chassées lors des combats entre l'armée géorgienne et les groupes armés abkhazes. Plus de 200000 d'entre elleux. Selon la Géorgie, 2500 svanes vivent encore en Abkhazie. La communauté moïsienne a trouvé refuge en Israël, et en 2009, seulement 150 hominines, d'âge avancé, vivent encore en Abkhazie. La Russie a reconnu officiellement en 2008 l'indépendance de l'Abkhazie et y maintient depuis une force armée de presque 2000 militaires, chargée de la paix. Seuls le Nicaragua, le Venezuela, Nauru[141] et la Syrie ont aussi reconnu le nouvel État. L'Abkhazie s'étend sur plus de 180 kilomètres le long de la mer Noire, avec pour frontière nord et ouest la province russe de Krasnodar et au sud-est la province géorgienne de Mingrélie.

  • Turquie

Cousine anatolienne de la France, la république de Turquie est obsédée par sa langue officielle et met tout en œuvre pour faire disparaître les autres. Le turc est l'unique langue ayant le droit d'être pratiquée par les hominines de ce pays, et faire autrement est considéré comme une atteinte aux fondements mêmes de la république. La turquisation se veut totale. Au-delà même de droits, l'existence d'autres communautés linguistiques est niée. Les populations kurdophones par exemple sont parfois désignées comme "turques des montagne". Affirmer le contraire ou revendiquer une reconnaissance peuvent mener à la prison, voire à la mort. Dans le sud-est de l'Anatolie, la présence de groupes armés kurdes depuis les années 1980 et les soulèvements populaires sporadiques sont prétextes à maintenir la chape de plomb de la langue turque. Le contrôle militaire de la population et la répression sont les seules réponses données par l’État turc aux revendications sociales, linguistiques et culturelles. L'absence de reconnaissance par la Turquie des génocides du début du XXème siècle n'incite pas les populations arménophones ou pontiques[142] qui vivent discrètement sur les rives de la mer Noire à sortir de leur anonymat[62]. La question des adoptions d'enfants ayant survécu aux meurtres massifs de leurs parents reste encore en 2022 un sujet tabou. Derrière ce semblant d'uniformité se cache aussi de nombreuses communautés linguistiques, héritières des populations échangées ou chassées d'Europe et qui ont trouvé refuge dans l'empire ottoman puis la Turquie. Comme les circassiennes ou les tatares. Il n'existe pas de recensement, seulement des relevés partiels et des estimations. Les langues autres que le turc se pratiquent dans le quotidien des hominines. Hormis dans les régions kurdophones, la plupart des hominines sont bilingues. Les langues ou les cultures qui ne se pas pourchassées et sont en net déclin sont folklorisées. Comme les auvergnats en France avec les bars parisiens, les danses folkloriques et les dictons xénophobes contre elleux, les lazes ont la réputation d'être les bateliers de la mer Noire et leur musique[143] est à la hauteur des rires déclenchés par les blagues sur les elleux ! Michel Leeb aurait pu y faire carrière dans sa jeunesse. Les côtes tchernomoriennes turques sont longues de plus de 1200 kilomètres, dont environ 150 en Thrace, la partie européenne de la Turquie.

  • Grèce

La plus grande partie de la Thrace étant turque, la Grèce n'a pas de côtes sur la mer Noire mais l'histoire de ses populations d'hominines actuelles est fortement imprégnée du pourtour tchernomorien. Des pontiques et autres micrasiates d'Anatolie puis des soviétiques de la communauté grecque ont trouvé refuge en Grèce en vertu d'une "loi sur le retour". Plus récemment, illes arrivent de Russie, d'Ukraine ou de Géorgie. L'intégration économique et sociale de ces flux d'hominines n'est pas à la hauteur des exigences, ni des promesses. Hormis le pontique qui reste utilisé, la plupart des langues grecques d'Anatolie ou celles des communautés christiennes chassées de cette région, le cappadocien et le karamanli[59] par exemple, ont pratiquement disparu avec la normalisation des pratiques linguistiques induite par la scolarisation ou la stigmatisation sociale. Les régions où sont installées les populations réfugiées sont bien souvent celles où vivent les minorités linguistiques slaves, macédoniennes au nord-ouest et bulgares au nord-est. Environ 150000 roumanophones — aroumaines[116] et mégléno-roumaines[117] — vivent aussi dans le nord. Elles sont toutes essentiellement christiennes, à l'exception des 3000 slaves torbèches et des 2000 roumanophones moglénites, adeptes des mythologies mahométiennes. Parmi les mahométiennes, les 50000 pomaques bulgarophones[60][144] et les 100000 turcophones de Thrace occidentale. Plus de 140000 hominines, mâles et femelles, ayant reçu l'estampille romani sont présentes sur tout le territoire grec. Une petite partie est mahométienne. Environ 20000 arménophones vivent aussi en Grèce de manière éparpillée. Des populations albanophones[145] habitent dans le nord-ouest et dans le sud de la Grèce. Les premières, mahométiennes, parlent le tosque alors que les secondes, christiennes, ont presque entièrement abandonné l'arvanitique et sont largement devenues grécophones. Parmi les communautés moïsiennes, conséquence des massacres des hitléristes et leurs suppôts, il ne reste que quelques milliers de romaniotes[146] et un petit millier de ladinos[147]. De rite mahométien et de croyance moïsienne, les dönmes ont échappé aux persécutions. Illes sont un peu moins de 2000 aujourd'hui. La Grèce abrite une quinzaine de minorités. Environ 700000 hominines de nationalité grecque auraient une autre langue que le grec standard ou l'une de ses variantes régionales. Tous ces chiffres sont des estimations car la Grèce ne dispose pas de données officielles à ce sujet depuis plusieurs décennies. La tendance générale semble être une extension de la pratique de la langue officielle au détriment des autres. La Grèce et la Turquie ont des différends frontaliers sur quelques îles de la Méditerranée orientale et se partagent l'île de Chypre[148]. La Grèce a aussi un contentieux avec la Macédoine du Nord à qui elle conteste le droit de s'appeler ainsi car, selon elle, ce nom renvoie à son antique passé iskandarien[32].

Au top, si...

Donbass. Cœur de la Russie (1921)[149]

En Europe, le dernier nettoyage ethnique en date est celui qui déchire l'ex-Yougoslavie entre 1991 et 1995[150]. Cette guerre de territoires entre la Bosnie-Herzégovine, la Serbie et la Croatie fait plusieurs centaines de milliers de morts et de blessés, mâles et femelles, et plus d'un million de personnes déplacées. En Bosnie, des découpages de frontières alambiqués sont mis en place pour délimiter les territoires de chacune des communautés. La dernière guerre sanglante est celle de la Russie en Tchétchénie d'août 1999 à février 2000 qui se solde par la mort de 12000 soldats russes et plus de 13000 combattants tchétchènes, et celle de 100000 à 300000 hominines parmi la population civile. Soit entre 10 et 25% de la population totale. Les envies d'indépendance sont écrasées dans le sang. Ensevelies sous des ruines.

Hormis la courte guerre de douze jours en 2008 entre la Russie et la Géorgie à propos de l'Ossétie du sud, les pourtours tchernomoriens n'ont pas connu de conflit armé pendant plus d'une décennie. Ni de déplacements de population. Entamée en 2014, la guerre entre l'Ukraine et les groupes armés du Donbass[129], à l'est du pays, a fait (jusqu'en 2020) plus de 13000 morts et causé le déplacement de près de 1,5 millions d'hominines vers d'autres régions d'Ukraine ou vers la Russie. La reconnaissance des républiques populaires de Donetsk et de Lougansk dans le Donbass par la Russie le 21 février 2022 est une nouvelle étape vers une extension du conflit à l'est de l'Ukraine. Et si la Russie envoyait son armée à l'assaut de l'Ukraine trois jours plus tard... Et si...

Tu ne sais rien, mon frère, de la nuit,
du trouble qui tourmentait le mortier,
rien de Shakespeare et du crâne brillant
qui, comme la pierre, portait des cendres par millions,
qui roulait jusqu’aux blanches côtes,
au-delà de la guerre et de la pourriture avec des éclats de rire.[151]

Déambulement riparien

L'espace tchernomorien est un préalable à toute recherche contemporaine autour de F. Merdjanov. Sa courte et unique biographie connue, parue en 2017, indique sa présence "actuellement en apiculture sur les rives de la mer Noire"[152]. Dans ses travaux, la protivophilie a tenté à plusieurs reprises de nouer d'hypothétiques liens entre F. Merdjanov et la mer Noire. Les principales pistes explorées sont celles des raisons de son installation dans la région et l'apiculture sur les rivages tchernomoriens.

En se laissant porter par le sens du courant marin principal, ce déambulement riparien[153] a mené la protivophilie sur beaucoup de rivages à la recherche, même symbolique, de F. Merdjanov. Quels sont les liens qui lui font choisir un endroit plutôt qu'un autre pour se poser ? En partant de Nice, le chemin le plus court pour se rendre sur une des rives de la mer Noire est d'aller à Burgas en Bulgarie. Cette région est celle de naissance de Svetoslav Merdjanov, dans la petite ville de Karnobat, à une cinquantaine de kilomètres de la côte. Les enquêtes de terrain n'ont pu déterminer la place exacte, si il existe encore, du petit monument élevé après sa mort par souscription populaire selon certaines sources[154]. Pas sûr que F. Merdjanov ait prêté attention à l'origine turque de ce patronyme qui est le leur[155]. À la naissance de Svetoslav, la région est encore ottomane et une partie de sa population est turque, presque un siècle après, à celle de F. elle est bulgare et partiellement peuplée d'hominines d'origine turque. En s'éloignant des rivages bulgariens, vers le sud-est, la protivophilie se lance sur les traces de Diogène, né à Sinope sur la côte de l'actuelle Turquie, inspirateur de la philosophe cynique Hipparchia. Retourner toutes les grandes jarres de la ville pour voir si F. Merdjanov y habite comme Diogène le faisait est inutile car ce mode de vie ne semble pas très compatible avec l'apiculture. Même horizontale[156]. Plus à l'est, dans les régions du Caucase, la rencontre avec Zana n'a pas eu lieu. Celle qui fut capturée et prise pendant des années pour une yéti femelle est morte vers 1890. Un livre d'or du cimetière du petit village de Tkhina, en Abkhazie actuelle, où elle est enterrée pourrait fournir une trace d'un passage de F. Merdjanov pour lui rendre un inutile hommage. Idem avec les amazones. Pour cause de mauvais timing, ces farouches guerrières antiques qui n'existent pas ne sont pas venues. C'est peut-être cette "invisibilité faîte aux femmes" — les hominines femelles — qui a incité la protivophilie à étendre un peu son champ de recherche géographique jusqu'au corridor de Latchin, à l'autre bout du Caucase, aux confins de l'Arménie. Même si entre les révolutionnaires d'Arménie et de Macédoine existent des liens, des contacts et des échanges, pas de traces de Svetoslav. Ni de F. d'ailleurs. Aucune trace merdjanovienne. En remontant vers le nord, impossible de ne pas faire escale dans la ville de Rostov, au nord de la mer d'Azov, haut-lieu des artistes rienistes dans le début des années 1920. "Profitez de la visite, il y a rien à voir", selon l'office du tourisme. Ce probable voyage explique-t-il que F. Merdjanov connaisse le systema, un art martial développé par l'armée soviétique et très peu répandu ? La question est largement débattue au sein de la communauté protivophile. La discussion est aussi toujours ouverte au sujet de savoir si F. Merdjanov connaît l'existence de l'anarchiste Germaine Berton parce qu'elle tue un dirigeant royaliste en janvier 1923 et est acquittée en décembre, ou grâce au soutien qu'elle a apporté aux mutineries en avril 1919 de marins français stationnés en mer Noire[157]. Rien ne le dit. Afin de pousser sa logique jusqu’au-boutiste, la protivophilie a aussi exploré les confins pridniestriens. Parce qu'elle est la région de naissance de l'anarchiste Samuel Schwartzbard[158], qui tue à Paris en 1926 le dirigeant politique ukrainien Symon Petlioura — pour sa responsabilité dans les massacres de moïsiens de 1919 — et, défendu par le même avocat que Germaine Berton, est acquitté en 1927, et celle de Mikhaïl Larionov[159] qui peint en 1912 son célèbre Saucisson et maquereau rayonnistes, il y a lieu de penser que la Pridniestrie n'est pas une totale inconnue pour F. Merdjanov. Il suffit pour cela de se rappeler que la maxime de Mikhaïl Larionov "Nous ne demandons pas l’attention de la société, mais nous lui demandons de ne pas l’exiger non plus de nous" fut, à tort, attribuée à F. Merdjanov alors qu'il faut plutôt regarder en direction de l'écrivaine George Sand, citée par F. Merdjanov dans Analectes de rien.

La société ne doit rien exiger de celui qui n’attend rien d’elle[160].

Rien. Pas une trace de F. Merdjanov dans les univers tchernomoriens explorés par la protivophilie jusqu'à maintenant. Pas même une petite crotte comme en laissent les rats des villes et les chats errants lors de leurs déambulements urbains. Depuis la parution en 2017 de Analectes de rien qui officialise l'installation de F. Merdjanov en apiculture, la protivophilie est particulièrement sensible à ce sujet. Attribué à F. Merdjanov et publié à une date inconnue, Les ruches horizontales, une apiculture de la paresse[161] est un texte fondamental. Il est présenté comme un "petit manuel pratique ou comment faire rimer dandysme et antispécisme, nihilisme et naturalisme. La protivophilie appliquée à la communication inter-espèces. Un outil indispensable." Malheureusement, il reste inédit à ce jour et personne n'a jamais pu le consulter. Armée néanmoins de quelques connaissances sur les ruches horizontales et d'un acharnement à mener ses recherches sur F. Merdjanov, la protivophilie part à la rencontre des abeilles de Tchernomorie.

Abeille
Langue Traduction Translittération
Adyghé[54] бжьэ bž̍ă
Allemand biene
Arménien մեղու meghou
Aroumain[116] alghinã
Bats ფუტკარ puṭḳar
Bélarusse пчала́ pčalá
Bulgare пчела́ pčelá
Gagaouze[44] arı
Géorgien ფუტკარი puṭḳari
Grec μέλισσα mélissa
Hongrois méh
Ingouche накхармоз naqarmoz
Ladino[147] bízba
Laze[46] ბუტკუჯი buṭḳuǯi
Macédonien пчела pčela
Mégléno-roumain[117] albină
Mingrélien[139] სკა sḳa
Ossète мыдыбындз mydybynʒ
Polonais pszczoła
Romani berorî
Roumain albină
Russe пчела́ pčelá
Svane[138] ღუ̂ებ ɣûeb
Tatar умырта корты umırta qortı
Tatar de Crimée balqurt
Tchétchène накхармоза naqarmoza
Turc arı
Ukrainien бджола́ bdžolá
Yiddish בין‎ bin

Maya[162]

Selon la recension ci-dessus, la présence d'abeilles est attestée sur l'ensemble du pourtour tchernomorien. L'apiculture est une pratique ancienne chez les hominines. Si les principes généraux de l'apiculture restent semblables, quelque soit l'environnement culturel, les types de ruches sont multiples. Le but étant d'offrir un abri artificiel à une colonie d'abeilles suffisamment calme et adapté pour qu'elles y produisent du miel et que celui-ci soit accessible sans trop perturber la vie des insectes. Les ruches les plus communes et les plus anciennes sont celles faites avec des souches d'arbres. On en retrouve sur tous les continents et à différentes époques. La plupart du temps elles sont constituées d'une structure en bois, de différents formats, d'un panier en paille ou en osier, ou d'un aménagement en pierre. Les classifications des entomologistes signalent quelques espèces d'abeilles spécifiques à la mer Noire. Par exemple, l’apis mellifera taurica en Crimée, l’apis mellifera sossimai en Ukraine et au nord Caucase, et l’apis mellifera caucasia, la plus courante. Résistante aux hivers, cette abeille caucasienne est très présente en Europe. Grise dans les régions de montagnes et jaune en plaines, elle est appréciée en apiculture pour sa trompe particulièrement longue qui lui permet de butiner des fleurs profondes, ce que d'autres espèces d'abeilles ne parviennent pas à faire. Il n'est néanmoins pas possible pour la protivophilie de définir avec précision à quelle espèce d'abeilles appartient Maya. Son prénom n'indique pas une origine particulière. En effet, Maya et ses formes dérivées que sont par exemple Maïa ou Maja se retrouvent dans les langues slaves, turciques ou kartvéliennes[38]. Sous ses différentes variantes, ce prénom est aussi utilisé en tant que nom de famille. Adeptes de la réappropriation culturelle, les hominines de croyances christiennes affirment parfois que son origine est à chercher dans le prénom Marie dont Maya et les autres ne seraient que des déformations. Mais il est plausible aussi qu'il soit à rapprocher du prénom Maïa, noté Μαῖα en grec, que portait l'une des déesses des mythologies de la Grèce antique. Sa signification est "petite mère" et son usage est réservé pour une marque de tendre affection à une grand-mère, une nourrice ou une sage-femme[163]. La langue française conserve le terme maïeutique pour désigner la "science de l'accouchement"[164]. Dans son sens médical la maïeutique est l'ensemble des connaissances concernant les méthodes d'accouchement chez les hominines, la science des sages-femmes[165]. En philosophie, elle est une méthode de questionnement pensée par Socrate, "reposant apparemment sur l'interrogation et se proposant d'amener un interlocuteur à prendre conscience de ce qu'il sait implicitement, à l'exprimer et à le juger"[166]. Si Maya est un prénom d'origine latine, il renvoie à la divinité Maïa dans l'antique empire romain qui en fait une déesse de la fertilité et du printemps. Comme cela était d'usage à cette époque romaine, la langue française conserve le terme mai pour désigner un mois de l'année.

Les aventures de Maya racontent la vie insouciante d'une jeune abeille curieuse de découvrir le monde, née dans une ruche autogérée et indépendante des hominines, mais cela ne dit rien sur la domestication des abeilles pour l'apiculture sur les bords de la mer Noire. Quel type de ruches ? Savoir que les ruches horizontales sont une spécificité de F. Merdjanov[161] n'est pas d'une grande aide pour trouver sa région d'installation. Tout au plus cela indique une nette volonté de porter plus d'attentions au bien-être de ses coéquipières mellifères. Et au sien. Ce qui n'est pas rien. Si la ruche horizontale la plus rudimentaire consiste en un tronc d'arbre vide et couché, duquel les hominines extraient le miel, elle peut être attestée sur l'ensemble du pourtour tchernomorien. Et bien plus loin encore[167].

Les spécificités régionales tendent à s'uniformiser vers une apiculture standardisée utilisant des ruches verticales à cadres mobiles. L'usage de ruches horizontales est plus que marginal, essentiellement le fait de quelques individualités. Sans dimensions prédéfinies et de fabrication facile, la ruche horizontale est une structure allongée et creuse, fermée sur le dessus et possédant une petite ouverture à une extrémité pour l'entrée des abeilles. Des lattes de bois sont parfois installées en travers de la structure afin que les abeilles y construisent elles-mêmes leurs rayonnages d'alvéoles sur mesure. Le miel est extrait en soulevant les lattes désirées. La récolte se fait au printemps afin de laisser aux abeilles plus de miel pour passer l'hiver à venir. Une petite récolte est parfois faite à l'automne si le stock est jugé plus que nécessaire. Il existe quelques types de ruches horizontales où la récolte du miel peut se faire des deux côtés de la structure, par alternance chaque année, et ainsi conserver le couvain central. Depuis les années 1960, des ruches horizontales standardisées ont fait leur apparition. Les deux plus connues sont les ruches d'origine kényane, appelées "Tanzaniennes", et les "Kényanes" venant du Canada ! Selon la protivophilie, la probabilité que F. Merdjanov ait acheté une ruche tanzanienne ou kényane plutôt que fabriquer la sienne est vraiment infime. Il semble évident que conformément à son ouvrage Analectes de rien, qui est un pillage littéraire agréable à lire, la méthode choisie soit celle d'un mélange de bric et de broc. Une sorte de macédoine de tout et rien de ce qui l'entoure pour en faire une ruche agréable à vivre. Les travaux récents sur l'individualité dans les insectes sociaux ont montré que parmi les fourmis et les abeilles certaines mettent en place des stratégies pour échapper aux obligations de leurs sociétés. Certaines pour simplement ne rien faire. Installer une vitre à une extrémité de la ruche horizontale, opposée à l'entrée, permet sans aucun doute de passer de longues heures à chercher et observer celles qui font tout pour faire rien. Une occupation qui peut parfaitement convenir à F. Merdjanov qui aime à faire de même. Comme si la télépathie inter-espèces existait ou qu'une mutuelle compréhension était enfin possible, les quelques mots suivants qui lui sont attribués dans le texte Le Tout, le Rien pourraient très bien être aussi un extrait de son Apiculture de la paresse[161], présentée comme de "la protivophilie appliquée à la communication inter-espèces." Sensible comme pourrait l'être le témoignage direct de Maya.

À tout instant, les colonnes sans fin des sensations m’assaillent. Il y a ce que je vois et ce que je sens, ce qui m’est visible et ce qui ne l’est pas. Parmi des milliers de choses, de faits, de gestes, des riens, certains prennent importance pour moi, se sacralisent, résistent au temps et deviennent des touts qui forment ce que je suis. J’acte la conscience de ceux-ci sans succomber au conditionnement qui fait de moi ce que je ne suis pas. Le Centre du Monde est en moi, je suis mon propre Tout fait de riens.[168]

Pour le reste, la protivophilie n'en sait rien.

Notes

  1. 1,0 et 1,1 JC, Jésus aka Christ, à ne surtout pas confondre avec Julien Clerc qui a les mêmes initiales mais qui lui a vendu des millions de disques et est réel. Ce qui n'a rien à voir.
  2. 2,0 et 2,1 L'hominine est une espèce animale de la sous-famille des simiesques bilatériens présente sous différents climats à travers le monde. Sa taille moyenne à l'âge adulte est celle d'un limaçon de la mer sarmatique et son poids est environ 15 fois moindre que celui d'un grand esturgeon adulte. Sa maturité sexuelle et son cycle de reproduction sont plus proches du grand esturgeon que du limaçon. Comme ce dernier avec sa coquille, l'hominine aime à vivre dans des abris fermés. Idem pour le bernard l'ermite Diogenes Pugilator de la mer Noire. Avec des oscillations selon les contextes, son espérance de vie se situe entre le bernard l'ermite et le grand esturgeon. Mais celui-ci est en voie de disparition, sans le savoir. Contrairement aux hominines.
  3. La négrophobie est une attitude d'hostilité à l'encontre des hominines mâles et femelles catalogués "noir". Ses formes sont multiples et complexes, comme toutes les expressions de préjugés, de discriminations ou de racismes qui existent à l'encontre d'autres catégories d'hominines. Malheureusement, la liste est longue.
  4. La plus ancienne cartographie retrouvée à ce jour en Europe est la dalle gravée de Saint-Bélec en Bretagne, en territoire finistérien. Elle est datée d'environ 4000 ans avant cet article. Des détails sur le site de l'INRAP - En ligne. À écouter à ce sujet l'émission Carbone 14 du 7 août 2021 - En ligne
  5. Orientation, "Position d’un objet relativement à l’orient, aux points cardinaux." selon le wiktionnaire - En ligne
  6. Rappelons que la plupart des sociétés d'hominines connues se sont structurées sur une dichotomie mâle/femelle et sur une division entre adultes et enfants. Cette hiérarchie sociale place l'adulte mâle en haut, suivi de l'adulte femelle, de l'enfant mâle et de l'enfant femelle. Parfois l'enfant mâle est situé entre adulte mâle et adulte femelle. Ces différenciations se retrouvent souvent dans les pratiques linguistiques des hominines qui utilisent des pronoms masculins et féminins. Sauf indications contraires, le terme hominines est utilisé pour désigner l'ensemble de ces composantes. L'utilisation de telles catégorisations n'est pas une validation de ces hiérarchies arbitraires mais une contrainte linguistique. Voir l'article Raphé
  7. "L'entrevue au ruisseau" dans Marceline Desbordes-Valmore, Poésies inédites. Cité à l'entrée "un petit poisson, un petit oiseau, s'aimaient d'amour tendre..." dans F. Merdjanov, Analectes de rien, 2017
  8. 8,0 8,1 et 8,2 Peuplades nomades iranophones des steppes du nord de la mer Noire, les sarmates entrent en contact avec les colonies grecques tchernomoriennes vers le Vème siècle avant JC et "disparaissent" vers le Vème siècle après. Iaroslav Lebedynsky, Les Nomades : Les peuples nomades de la steppe des origines aux invasions mongoles, Paris, 2003. Konstantin F. Smirnov, "Sauromates et Sarmates", Dialogues d'histoire ancienne, vol. 6, 1980 - En ligne. D'après les descriptions grecques, les mythiques amazones sont liées aux sarmates. Iaroslav Lebedynsky, Les Amazones. Mythe et réalité des femmes guerrières chez les anciens nomades de la steppe, Paris, 2009. Voir aussi le chapitre "Amazones" de l'article "Hache" .
  9. La Laurasie au nord et le Gondwana au sud sont les morceaux du supercontinent Pangée. L'une se fracture ensuite entre l'Amérique du nord et l'Eurasie il y a environ 65 millions d'années, et le second entre l'Amérique du sud, l'Afrique, l'Inde, l'Antarctique et l'Australie.
  10. La mer de Marmara a une superficie de 11500 km2 et une profondeur maximale de 1260 mètres. Elle abrite une quinzaine de petite îles et porte le nom de la plus grande d'entre elles, l'île de Marmara, proche du détroit des Dardanelles qui communique avec la mer Égée.
  11. Un liman est une "lagune formée dans un estuaire par un cordon littoral qui barre partiellement l'embouchure du fleuve" selon le Trésor de la Langue Française - En ligne
  12. Joël Charre, "Classification des climats de la côte pontique turque", Revue de géographie alpine, tome 60, n°4, 1972 - En ligne. Joël Charre, "La forêt de la chaîne pontique orientale", Revue de géographie alpine, n° 62, 1974 - En ligne
  13. "Le rien" de Jan H. Mysjkin. Cité à l'entrée "mémoire" dans F. Merdjanov, Analectes de rien, 2017
  14. Représentation extraite de Cosmographie universelle publiée en 1575 par l'explorateur et géographe français André Thevet - En ligne
  15. Bernard Lory, "La mer Noire, à nulle autre pareille - Esquisse géographique", Cahiers d'Études sur la Méditerranée Orientale et le monde Turco-Iranien, n° 13,‎ 1992 - En ligne
  16. Le phoque-moine est présent dans les mers Méditerranée et Noire ainsi que sur les côtes nord-ouest de l'Afrique lors de l'antiquité grecque. La région de la Grèce centrale, la Phocide, et le cité de Phocée en Anatolie sont ainsi nommées en référence aux phoques. Sa population a considérablement diminuée au cours du XXème siècle jusqu'à quasiment disparaître au siècle suivant. Les estimations parlent d'environ 500 individus. Le phoque-moine à ventre blanc (Monachus monachus albiventer), une sous-espèce de la mer Noire, est considérée éteinte depuis 1941.
  17. Le Diogenes pugilator ou Diogène des sables est une espèce de pagure — aussi appelée bernard l'ermite — qui s'abrite dans des coquilles vides de mollusques. Elle mesure environ un centimètre et vit sur les fonds sablonneux à quelques dizaines de mètres de profondeur. Voir sa fiche descriptive - En ligne. Le Diogenes Pugilator est apparenté au crabe des cocotiers qui peut peser de quelques kilos à une dizaine, d'une grandeur d'environ 40 cm et d'une envergure pouvant atteindre un mètre d'une extrémité à l'autre de ses pinces. Le crabe des cocotiers est le plus gros arthropode terrestre et, bien que proche du bernard l'ermite, n'est pas un animal aquatique et dispose d'un système respiratoire mixte. Il grimpe aux arbres pour y manger les fruits. Voir l'article "Cocovores"
  18. Dans la gastronomie de luxe, réservée aux hominines les plus riches, le caviar est une préparation culinaire composée d'œufs d'esturgeon salés ou marinés. À ne pas confondre avec le caviar des scatophiles qui désigne la matière première de leur gourmandise, obtenue pour seulement quelques euros du repas précédent.
  19. Didier Raoult est à la médecine ce que Bernard Henri Levy est à la philosophie : un vague souvenir qui amuse.
  20. Les ammonites sont une famille très diverse de mollusques marins à coquille et céphalopodes — qui ont des tentacules sur la tête — disparue il y a environ 60 millions d'années. La taille des coquilles varie de quelques millimètres à plus de deux mètres selon les espèces.
  21. Ambroise Paré, "Limaçon de la mer sarmatique", 1579 dans Œuvres complètes, tome 3 - En ligne
  22. 22,0 et 22,1 rhododendron ponticum
  23. Pour un résumé, voir Humeurs hérétiques. La Bible pour les caves, 2016 - En ligne
  24. Des travaux récents ont permis de visibiliser celleux qui n'ont pu bénéficier de ce moyen de transport très select. Voir le très beau documentaire, Oups ! J'ai raté l'arche..., réalisé en 2015. Bande-annonce en ligne
  25. 25,0 25,1 et 25,2 Moïsien est un terme générique qui désigne les adeptes, mâles et femelles, de Moïse comme christien et Jésus aka Christ ou mahométien et Mahomet.
  26. Israël Finkelstein, La Bible dévoilée. Les nouvelles révélations de l'archéologie, Bayard, 2002. Et Les Rois sacrés de la Bible. À la recherche de David et Salomon, 2006
  27. Une histoire complète de l'empire gorien - En ligne
  28. Les Poppys, Non, non, rien a changé, 1971 - En ligne
  29. Voir à ce sujet, les travaux réalisés entre 1932 et 1935 par Robert E. Howard, principal biographe de Conan le cimmérien et ami de H. P. Lovecraft, autre grand biographe de mondes imaginaires. Réédités en français en 2007 en trois volumes chronologiques Conan le Cimmérien, Conan : L'Heure du dragon et Conan : Les Clous rouges qui regroupent 22 récits.
  30. Iaroslav Lebedynsky, Les Cimmériens. Les premiers nomades des steppes européennes, Paris, 2004.
  31. Si elle existe, l'hunnophobie regroupe les attitudes de mépris et les préjugés contre les population hunniques. Comme souvent dans la construction des xénophobies, la phrase est prêtée à Attila lui-même.
  32. 32,0 et 32,1 En rapport avec Alexandre (Iskandar) de Macédoine dit le Grand. Voir Guide-Âne merdjanovien, un petit lexique pour comprendre rien - En ligne
  33. Sept & Lartizan, "Diogène" sur l'album Le jeu du pendu, 2008 - En ligne
  34. Clin d'œil discret à une personne inconnue hors des sphères de la protivophilie, F. Merdjanov, et à son œuvre principale Analectes de rien. Sa sortie en 2017 est restée confidentielle et l'absence de toutes critiques et commentaires dans la presse spécialisée laisse à penser qu'elle n'avait rien à en dire. "Je dis ça... je dis rien !" pour reprendre un dicton populaire.
  35. Daredjan D. Kačarava, Guram Kvirkvelia, Otar Lordkipanidzé, "Les contacts entre les Grecs et les populations locales de la mer Noire. Chronologie et typologie", La Mer Noire zone de contacts : actes du VIIe Symposium de Vani (Colchide) - 26-30 IX 1994, Institut des Sciences et Techniques de l'Antiquité, 1999 - En ligne
  36. De nos jours, la Gourie est une région de l'ouest de la Géorgie
  37. Michel Balard, "Habitat, ethnies et métiers dans les comptoirs génois d'Orient (XIIIe-XVe siècle)", D'une ville à l'autre. Structures matérielles et organisation de l'espace dans les villes européennes (XIIIe-XVIe siècle), Actes du colloque de Rome (1er-4 décembre 1986), École Française de Rome, 1989 - En ligne
  38. 38,0 38,1 38,2 et 38,3 Les langues kartvéliennes sont un groupe de langues apparentées, le laze, le mingrélien, le svane et le géorgien. Chacune présentant des variantes régionales. Le gourien et l'adjarien — gourouli et adjarouli en langues locales — appartiennent au groupe du sud-ouest des parlers géorgiens. Le géorgien moderne est formé sur les pratiques linguistiques du centre de la Géorgie.
  39. L'actuelle région du Tatarstan en Russie.
  40. Les afro-abkhazes sont une population d'hominines installée dans l'Abkhazie caucasienne. La présence d'hominines venant d'Afrique des suites de leurs mise en esclavage est mentionnée dans la région dès l'Antiquité grecque. La plus célèbre des afro-abkhazes est Zana qui, dans les années 1850, est capturée et exhibée comme étant une femelle abnauayu, le yéti abkhaze. Elle meurt vers 1890.
  41. 41,0 41,1 41,2 41,3 41,4 41,5 et 41,6 Historiquement, les cosaques sont des communautés socio-militaires d'hominines mâles et femelles, fermiers ou éleveurs, russophones, qui négocient leur "liberté collective" en contrepartie d'une protection des frontières de l'empire tsariste. Ils servent aussi de force d'appui à l'armée. Leurs chefs sont élus. Les cosaques zaporogues — de l'ukrainien Запорожжя "au-delà des rapides" — s'installent autour du Dniepr, puis s'étendent dans la région. Illes perdent leur autonomie en 1775 et sont déplacés vers la région du Kouban à l'est de la mer d'Azov. Dans le sud de la Russie, des communautés existent près des fleuves Don et Kouban ainsi que dans le Caucase, jusqu'à la mer Caspienne. Elles sont généralement regroupées sous l'appellation de cosaques de la mer Noire. En parallèle d'une longue tradition militaire au service du tsarisme et de révoltes paysannes au cours des XVII et XVIIIème siècles contre ce même tsarisme, les communautés cosaques sont aussi réputées pour leurs participations répétées aux violences contre les moïsiens de Russie, les pogroms. Iaroslav Lebedynsky, Histoire des Cosaques, Terre Noire, 1995 et Les Cosaques. Une société guerrière entre libertés et pouvoirs : Ukraine - 1490-1790, Errance, coll. "Civilisations et cultures", 2004.
  42. 42,0 42,1 42,2 42,3 et 42,4 Les krymtchaks sont une communauté moïsienne parlant une langue proche du tatar de Crimée, mâtinée de vocabulaire hébreu et écrite en alphabet hébraïque. Les soviétiques imposent l'alphabet cyrillique. Illes sont la plus petite des communautés moïsiennes de Crimée avec seulement 8000 hominines vers 1940. Anatoly Khazanov, The Krymchaks: A Vanishing Group in the Soviet Union, 1989 - En ligne
  43. 43,0 43,1 43,2 et 43,3 Les urums sont une communauté christienne parlant une langue proche du tatar de Crimée, mâtinée de vocabulaire grec pontique. Illes sont présents en Crimée et autour de la mer d'Azov, principalement dans la ville ukrainienne de Marioupol dans la région de Donetsk. À ne pas confondre avec la communauté grécophone christienne, plus nombreuse, qui vit aussi dans les mêmes régions. Dans le Caucase, des communautés christiennes parlant une langue proche du turc, mâtinée de grec pontique, d'arménien et de géorgien, sont présentes en Géorgie et elles-aussi appelées urums. Les urums de la mer d'Azov et du Caucase reçoivent généralement le label de pontiques ayant changé de langue.
  44. 44,0 44,1 44,2 44,3 et 44,4 Les gagaouzes sont une communauté turcophone de mythologie christienne vivant dans l'ouest tchernomorien. Arrivant de Thrace, illes s'installent au nord de la Dobrogée au début du XIXème siècle pour y cultiver la terre après des échanges de population entre la Russie et l'empire ottoman, qui lui récupère des populations mahométiennes tatares et turques ottomanes. Celles-ci s'implantent dans le sud de la Dobrogée, restée ottomane. De nos jours, environ 240000 gagaouzes vivent en Moldavie et 32000 en Ukraine, dont plus du quart ne parlent pas le gagaouze mais le moldave ou l'ukrainien. Sur la Moldavie, voir Marianne Paul-Boncour, Patrick de Sinety, Voyage au pays des gagaouzes, Éditions Cartouche, 2007.
  45. Au sud-est de la mer Noire, autour de la ville turque de Trabzon, vivent plusieurs milliers d'hominines de croyances mahométiennes et de langue grecque pontique avec de nombreux emprunts au turc et à l'arabe. Les conversions des mythologies christiennes aux mahométiennes datent d'entre le XVIIème et le XIXème siècle. Leur langue est souvent qualifiée d'ophitique, en référence à la vallée d'Of où illes vivent majoritairement.
  46. 46,0 46,1 46,2 46,3 46,4 et 46,5 Le laze est une langue kartvélienne apparentée au mingrélien, au svane et au géorgien, parlée dans les zones montagneuses de la côte sud-est de la mer Noire dans l'actuelle Turquie. Les lazes sont adeptes des croyances mahométiennes et christiennes. Jusqu'à la déportation des communautés christiennes lazes dans les années 1920 vers la Grèce. Les survivantes fuient vers la Russie voisine, devenue l'Union soviétique. Une partie font le choix de la conversion aux mythologies mahométiennes. Les estimations actuelles mentionnent le chiffre de plus de 500000 lazes en Turquie dont seulement une centaine de milliers parlent la langue, au profit du turc. Alexandre Toumarkine, Les Lazes en Turquie (XIXe – XXe siècles), Éditions Isis, Istanbul, 1995 - [En ligne]
  47. 47,0 et 47,1 L’appellation Allemands de Roumanie regroupe plusieurs communautés germanophones installées dans la région entre le XIIème et le XIXème siècle. Saxonne et landler de Transylvanie, allemande du Banat, de Bucovine, de Bessarabie, de Dobrogée et du Vieux Royaume, souabe de Satu Mare, autant de dénominations que d'histoires différentes. Si toutes sont adeptes des mythologies christiennes, elles se divisent entre catholiques et protestantes. La communauté saxonne est la plus ancienne et la plus nombreuse, celle de Dobrogée la plus récente et la plus petite. L'ancien maire de Sibiu, Klaus Iohannis, d'origine saxonne, est le président de la Roumanie depuis 2014. Les germanophones de Roumanie représentent en 1930 environ 4% de la population roumaine, soit près de 750000. Plus de 23% dans la région du Banat, environ 8% dans la Bucovine et la Transylvanie, et autour de 3% dans le Bessarabie et la Dobrogée. Leur population est réduite de moitié après la Seconde guerre dite mondiale. Moins de 200000 au début de années 1990. Aujourd'hui illes sont seulement 35000.
  48. 48,0 48,1 48,2 et 48,3 Les nogaïs sont une population d'hominines dont la langue turcique est apparentée au tatar et au krymtchak de Crimée. L'origine du terme nogaï est le nom d'un arrière-petit fils de Gengis Khan, Nogaï, général de la Horde d'Or, l'empire qui contrôle les steppes centrasiatiques au XIIIème et XIVème siècle. La Horde Nogaï est une confédération nomade qui occupe le nord-ouest de la mer Caspienne et qui est chassée vers le nord de la mer Noire par l'arrivée de nomades arrivant de l'est. Après deux siècles d'existence, la horde est défaite militairement par les armées russes. Une partie s'installe dans le Caucase, alors que d'autres optent pour le khanat de Crimée ou la Dobrogée ottomane, où illes peuvent pratiquer leur religion mahométienne.
  49. Le mennonisme est un courant religieux christien qui remonte au XVIème siècle. Apparu aux Pays-Bas parmi les mouvements critiques du clergé et des doctrines christiennes de la papauté de Rome, appelés anabaptistes, le mennonisme se base sur Fondation de la doctrine chrétienne publié en 1540 par Menno Simons. Hors des Pays-Bas, il se répand parmi de petits groupes de germanophones d'Europe. Une partie fait scission à la fin du XVIIème siècle pour former les amish, célèbres de nos jours pour leurs charrettes en bois et leur refus de la modernité technique, leurs débats sur l'opportunité ou non du bouton pression et le film Witness en 1985 avec Harisson Ford. Pourchassés, illes trouvent refuge à l'est de l'Europe dans la République des deux Nations (Pologne et Lituanie) et l'empire russe. Profondément pacifistes, illes refusent de servir dans les armées et de prendre part aux guerres. Illes obtiennent parfois des exemptions auprès des autorités des pays dans lesquels illes vivent.
  50. 50,0 et 50,1 Les lipovènes sont des hominines, pour la plupart russophones, qui refusent à la fin du XVIIème siècle les réformes introduites par le clergé christien orthodoxe russe. Pourchassés au fil des siècles, ces Vieux-Croyants — comme illes se désignent elleux-mêmes — se réfugient dans les marges de l'empire russe, au Caucase ou en Sibérie, ou dans les régions sous domination ottomane, la Crimée et la Dobrogée. Il existe plusieurs courants religieux au sein même des Vieux-Croyants. Léon Poliakov, L'Épopée des vieux croyants, Éditions Perrin, 1991. Sur une famille sibérienne dans les années 1980, voir les deux documentaires écrits par Vassili Peskov, Ermites dans la Taïga et Des nouvelles d'Agafia, édités en français chez Actes Sud en 1995 et 2009.
  51. 51,0 et 51,1 L'Abkhazie est une région autonome de l'ouest de la Géorgie. Après l'indépendance de celle-ci en 1991, l'Abkhazie obtient sa propre indépendance après une courte guerre en 1992. Près de 250000 hominines de langue géorgiennes sont chassés. Avant guerre, illes représentaient 48% du demi-million d'hominines d'Abkhazie, contre 17% pour les abkhazes, après, la population est composée d'environ 30% d'abkhazes, autant de géorgiens, 20% d'arméniens et 16% de russes. Lors du recencement de 2011, les chiffres respectifs sont de 50%, 19%, 17% et 9%. Les pontiques sont un peu plus de 1380, soit 0,6% de la population. Pierre Binette, "La crise en Abkhazie : acteurs et dynamique (Note)", Études internationales, volume 29, numéro 4, 1998 - En ligne. Régis Genté, Voyage au pays des Abkhazes, Cartouche, 2012.
  52. 52,0 et 52,1 Les allemands de la mer Noire sont des populations d'hominines germanophones arrivées entre la fin du XVIIIème et la première moitié du siècle suivant pour coloniser les nouveaux territoires conquis par la Russie tsariste. Illes sont installés dans le nord de la mer Noire, entre les fleuves Dniepr et Don. Avec les allemands de la Volga, celleux de la mer Noire sont préventivement déportés afin d'éviter toute collaboration avec les hitléristes allemands. Une grande partie est envoyée en Asie centrale. Parmi celleux restés sur place, plusieurs milliers rejoignent les armées hitléristes. Contrairement aux allemands de la Volga qui sont réhabilités en 1954, les allemands de la mer Noire ne bénéficient d'aucun pardon et illes ne peuvent récupérer leurs biens.
  53. 53,0 53,1 53,2 53,3 et 53,4 Les karaïtes sont des hominines adeptes des croyances moïsiennes mais qui ne reconnaissent que la Torah écrite et rejettent l'autorité des rabbins qui les considèrent hérétiques. La plus ancienne mention du karaïsme est datée du VIIIème siècle. Sous différentes formes, il est présent en Afrique du Nord, au Proche-Orient, en Asie centrale et en Europe de l'est. Si le moïsisme rabbinite est majoritaire parmi les communautés du monde entier, le karaïte a pu représenter presque 40% d'entre elles. Sur les bords de la mer Noire, le karaïsme est particulièrement implanté en Crimée. Cette communauté parle une langue turcique, le karaïm, et tente depuis le XVIIIème siècle de se considérer comme distincte des autres moïsiens, d'être admise comme une descendance de l'ancien empire khazar qui, entre les VIème et XIème siècles, s'étend entre mers Noire et Caspienne. Des chroniques historiques mentionnent la conversion aux mythologies moïsiennes de l'aristocratie khazare, sans qu'il soit possible de déterminer la réalité d'une telle conversion parmi la population de la Khazarie. Les controverses persistent parmi les spécialistes du sujet. Les karaïtes reçoivent ainsi l’étiquette de "peuple turc de religion juive" et non celle de "juifs de langue turque". Cela les sauve même des hitléristes qui, malgré leur obsession mortelle, acceptent cette hypothèse et les épargnent. Simon Szyszman, "Les Khazars. Problèmes et controverses", Revue de l'histoire des religions, tome 152, n°2, 1957 - En ligne. Richard H. Popkin, "Les Caraïtes et l'émancipation des juifs", Dix-huitième Siècle, n°13, 1981 - En ligne. Emanuela Trevisan Semi, "L'oscillation ethnique : le cas des Caraïtes pendant la Seconde Guerre mondiale", Revue de l'histoire des religions, tome 206, n°4, 1989 - En ligne. Simon Szyszman, Le Karaïsme, ses doctrines et son histoire, L’Âge d’homme, 1980. Emanuela Trevisan-Semi, Les Caraïtes, un autre judaïsme, Albin Michel, 1992. Jean-François Faü, Les Caraïtes, Brepols, 2000.
  54. 54,0 54,1 et 54,2 Les circassiens sont une population d'hominines parlant des langues apparentées à l'abkhaze et vivant entre la mer d'Azov et le Caucase du nord. Des nuances culturelles et linguistiques en font trois groupes distincts, les adygéens, les tcherkesses et les kabardes. Illes sont adeptes des mythologies mahométiennes. L'expansion militaire russe dans le Caucase à la fin du XIXème siècle contraints des milliers d'hominines à fuir la région en 1864 et se réfugier dans l'empire ottoman. Comme les tchétchènes et les ingouches. Les soviétiques instaurent des républiques autonomes pour les trois composantes circassiennes dans lesquelles elles sont minoritaires. Elles sont supprimées après la Seconde guerre dite mondiale et une grande partie de leur population déportée pour soutien aux hitléristes. Elles sont réinstaurées par la suite. Aujourd'hui environ 2 millions d'hominines d'ascendance circasienne vivent en Turquie et 700000 en Russie dans les trois régions d'Adyguée, de Karatchaïévo-Tcherkessie et de Kabardino-Balkarie.
  55. Yves Ternon, Empire ottoman. Le déclin, la chute, l'effacement, Éditions Michel de Maule, 2002
  56. 56,0 56,1 et 56,2 Le terme "assyrien" désigne les populations parlant des langues araméennes et appartenant à des communautés christiennes différentes réparties sur l'Irak, la Turquie, le Liban et la Syrie. Joseph Yacoub, Qui s'en souviendra ? 1915 : Le génocide assyro-chaldéo-syriaque, Cerf, 2014. Claire Weibel Yacoub, Surma l'assyro-chaldéenne (1883 - 1975). Dans la tourmente de Mésopotamie, L'Harmattan, 2007. Florence Hellot, "Les Assyro-Chaldéens de Perse et du Hakkari : des migrations à l'exil (1835-1935)", Études kurdes, n° 7, 2005 - En ligne
  57. En réponse à la colonisation allemande de l'Afrique australe, en Namibie actuelle, les populations héréros et namas se soulèvent. La répression est terrible. Entre 1904 et 1911, environ 80% de ces populations meurent des suites des déportations dans des camps de concentration, d'exécutions directes et de massacres ou de mort lente pour celleux qui fuient vers le désert. 65000 héréros et presque 20000 namas. Ces tueries sont considérées comme le premier génocide du XXème siècle et l'Allemagne a reconnu sa responsabilité historique dans ces faits. Des processus d'indemnisation et de mémoire historique sont enclenchés aujourd'hui entre la Namibie et l'Allemagne. Joël Kotek, "Le génocide des Herero, symptôme d’un Sonderweg allemand ?", Revue d’Histoire de la Shoah, vol. 189, no. 2, 2008 - En ligne
  58. L'écrivaine grecque Dido Sotiriou retrace en 1962 le sort des micrasiates dans son roman D'un jardin d'Anatolie (Les Éditeurs Français réunis, 1965) ou Terres de sang (Editions Hatier, 1996).
  59. 59,0 59,1 et 59,2 Les karamanlides sont une population d'hominines de langue turcique, le karamanli, variante du turc et très influencé par le grec et s'écrivant en caractères grecs. Illes vivent en Cappadoce et sont adeptes des mêmes mythologies christiennes que les grécophones de la région. Après sa disparition en Anatolie, le karamanli continue à être parlé après l'exil des karamanlides en Grèce et plusieurs journaux sont publiés à partir des années 1930. Stigmatisée comme turque cette langue disparaît progressivement de l'usage.
  60. 60,0 60,1 60,2 et 60,3 Les populations d'hominines parlant une langue slave, variante méridionale du Bulgare, et adeptes des mythologies mahométiennes sont appelées "musulmans bulgares" en Bulgarie et pomaks en Grèce et en Turquie. Elles sont les héritières des conversions aux mythologies mahométiennes de populations slaves lors de l'expansion ottomane dans les Balkans. Actuellement plus d'un demi million en Thrace turque, 50000 en Thrace grecque et 40000 en Macédoine du Nord, presque 70000 dans le sud de la Bulgarie. Illes sont parfois englobés dans la grande catégorie des "slaves musulmans" qui inclue par exemple les torbèches de Macédoine. Yannis Frangopoulos, "La minorité musulmane et les Pomaques de la Thrace : entre Islam et ethnisme", CEMOTI, n°17, 1994 - En ligne. Margarita Karamihova, Nadège Ragaru, "Les Bulgares musulmans dans la vie politique après 1989 : un groupe politique anonyme", Revue d'études comparatives Est-Ouest, vol. 38, 2007, n°4 - En ligne. Alexandre Popovic, "Représentation du passé et transmission de l'identité chez les musulmans des Balkans", Revue du monde musulman et de la Méditerranée, n°66, 1992 - En ligne. Machiel Kiel, "La diffusion de l'Islam dans les campagnes bulgares à l'époque ottomane (XVe-XIXe s) : colonisation et conversion", Revue du monde musulman et de la Méditerranée, n°66, 1992 - En ligne
  61. Les langues turciques sont une vaste famille d'une trentaine de langues qui s'étalent des confins sibériens aux rivages tchernomoriens. Du ouïghour à l'azéri, en passant par le turc, le turkmène ou le kazakh, pour ne citer que les plus connues.
  62. 62,0 et 62,1 L'historien turc Ömer Asan publie La Culture du Pont en 1996 dans lequel il parle de la présence de plus de 200000 hominines dans une soixantaine de villages tchernomoriens de Turquie parlant encore le pontique. Il est accusé de haute-trahison en 2002 mais est finalement acquitté. Le tollé suscité par le livre a poussé les pontiques à la mettre en veilleuse et de continuer à parler turc.
  63. Michel Bruneau, Les Grecs pontiques, diaspora, identité, territoires, Paris, C.N.R.S. Éditions, 1998. Stratis Doukas, Histoire d'un prisonnier (1929), Ginkgo Éditeur, 2009
  64. Katherine Nazloglou, "Problèmes d’intégration et de quête identitaire des réfugiés grecs de Turquie en milieu urbain (Athènes-Le Pirée) de 1922 au début des années 1930 : quelques exemples", Cahiers balkaniques, n°42, 2014 - En ligne
  65. Sur la situation dans les années 1920 dans le sud de la Dobrogée, voir Un été inoubliable, réalisé en 1994 par Lucian Pintilié, d'après le chapitre "salade" du roman Les Boyards de Petru Dumitriu, écrit en 1959.
  66. Les bolchevistes sont un courant politique révolutionnaire russe se réclamant du marxisme et pronant le communisme. Après leur arrivée au pouvoir en écrasant et en trahissant leurs alliances et leurs promesses d'hier, les bolchevistes et leurs suppots n'ont eu de cesse de décridibiliser l'emploi du mot "communisme" et de faire de Karl Marx un repoussoir. Les années 1920 bolchevistes marquent la fin de la révolution en Russie.
  67. Nestor Makhno naît en 1888 dans une famille de cosaques zaporogues au nord de la mer d'Azov. Anarchiste convaincu, il mène une Armée révolutionnaire insurrectionnelle ukrainienne qui combat les tsaristes et les bolchevistes entre 1918 et 1921. Plusieurs dizaines de milliers d'hominines de la paysannerie composent cette armée anarchiste. Contraint à l'exil, Makhno meurt en France en 1934. Mémoires et écrits : 1917 - 1932 (trad. Alexandre Skirda), Ivrea, 2010.
  68. Directive du Bureau d'organisation du Comité central du Parti Communiste, datée du 24 janvier 1919
  69. Selon le Traité de Kars de 1921. David Dartchiachvili, Charles Urjewicz, "L'Adjarie, carrefour de civilisations et d'empires", CEMOTI, n°27, 1999 - En ligne. Ekatherina Meiering Mikadze, "L'Islam en Adjarie : trajectoire historique et implications contemporaines", CEMOTI, n°27, 1999 - En ligne
  70. 70,0 et 70,1 Joseph Djougachvili est un poète né dans un village du nord de la Géorgie en 1878. Avide lecteur et bon élève, le petit Soso s'essaye à écrire très jeune. Il publie sous des pseudonymes plusieurs poèmes et recueils qui sont alors très peu diffusés parmi la population illettrée. Il abandonne finalement l'écriture pour se tourner vers une carrière dans la politique sous le pseudonyme de Koba puis, trouvant que cela ne faisait pas assez pop-star, lui préfère celui de Staline, "en acier" dans la langue russe. Sous ce nouveau nom, il entame une carrière de 30 ans qui lui vaut sa célébrité dans le moindre recoin de l'Union soviétique et dont la seule évocation fait frémir les foules. Ignoré pour sa poésie, il est néanmoins très connu parmi les poètes qu'il a fait interdir, exécuter ou déporter. Sur la dangerosité de l'activité poétique à cette période, voir Poésie par le fait/faire, Z-ditions de l’Amphigouri, 2021 - En ligne
  71. Arrêté du Ministre de la Sûreté de l'État n°00183 du 28 juin 1944
  72. 72,0 72,1 72,2 et 72,3 Les hémichis sont des populations d'hominines converties récemment et divisées en trois entités distinctes. En Turquie, à la frontière géorgienne, les hémichis orientaux parlent le homshetsi une langue proche de l'arménien oriental et les hémichis occidentaux parlent le hemshinji, une variante de la langue turque très influencée par l'arménien. Illes sont mahométiens. En Géorgie et en Abkhazie, les hémichis du nord parlent le homshetsma, proche du homshetsi, et sont adeptes des mythologies christiennes. Sebastian Jupille, Meryem Emek, Les Hamshens. Histoire, Culture et identité, INALCO, 2010-2011 - En ligne
  73. 73,0 73,1 et 73,2 Les meskhètes ou turcs meskhètes sont une population d'hominines turcophone et mahométienne, vivant dans le sud montagneux de la Géorgie, dans l'actuelle région de Samtskhé-Djavakhétie. Environ 100000 d'entre elleux sont déportés vers l'Asie centrale en 1944 au prétexte d'une hypothétique collaboration avec les hitléristes allemands. Réhabilités collectivement en 1956, illes sont assignés en résidence en Asie centrale. Seuls 43000 d'entre elleux sont autorisés à s'installer en Azerbaïdjan. Les tentatives de retour en Géorgie à partir de la fin des années 1980 se soldent par des échecs. Leurs maisons et villages sont maintenant occupés par des arménophones et la Géorgie ne fait rien pour chercher des solutions. Sur une population totale d'environ 500000 personnes, la plupart vivent actuellement dans les pays d'Asie centrale, 80000 en Russie et 100000 en Azerbaïdjan. Pas plus de 1500 en Géorgie. Sophie Tournon, "Les Turcs Meskhètes : des oubliés de l'Histoire", CEMOTI, n°37, 2004 - En ligne
  74. Propos de 1922 d'après l'historien Moshe Lewin.
  75. Adolf Hitler est un peintre autrichien de langue allemande né en 1889. Très peu connues, ses œuvres de jeunesse, essentiellement des paysages, des villages et des monuments, sont estimées à plus d'un millier de tableaux. La plupart disparus aujourd'hui. Après deux échecs successifs pour entrer à l'école des Beaux-Arts de Vienne, il change son style pour se concentrer sur les natures mortes dont il se fait une grande spécialité et qui lui vaudront sa notoriété mondiale auprès du grand public. Le réalisme est saisissant et la nausée monte rapidement. Des millions de personnes peuvent en témoigner. Autant n'ont pas eu le temps. Persuadé d'être incompris, rejeté, il se suicide en 1945.
  76. Sur ce processus en Asie centrale soviétique, voir Des ethnies aux nations en Asie centrale, Revue du Monde Musulman et de la Méditerranée, Edisud, n° 59-60, 1991 - En ligne. Olivier Roy, La Nouvelle Asie centrale ou la fabrication des nations, Le Seuil, 1997
  77. L'URSS ne parvient pas à intégrer l'ensemble de la Roumanie et crée la Moldavie dans les zones roumanophones à l'ouest de l'Ukraine. Les linguistes et les anthropologues soviétiques accentuent les différences entre les spécificités roumaines et moldaves afin de faire accepter l'existence d'une langue, d'une culture et d'une histoire moldave singulières. Alors que le roumain s'écrit avec l'alphabet latin, le moldave l'est avec le cyrillique. Après l'indépendance de la Moldavie en 1991, l'alphabet latin est imposé et la langue officielle est appelée roumaine ou moldave selon les textes. Pour la Roumanie et les moldaves roumanophiles, la langue est roumaine et commune. Pour les nationalistes moldaves et les slavophones de Moldavie, le moldave est une langue distincte écrite en alphabet latin, alors que pour les slavophones de Pridniestrie, le moldave s'écrit avec le cyrillique.
  78. Voir le livre du microhistorien Claudio Magris, Enquête sur un sabre (1984), Gallimard, 2015
  79. Voir le documentaire soviétique Les juifs et la terre, 1927, 18 minutes, muet - En ligne
  80. Après plusieurs projets sans suite, les soviétiques décident de créer une république autonome pour y regrouper les adeptes de Moïse qui le veulent. Autour de la ville de Birobidjan, dans l'extrême-orient russe à la frontière avec la Chine, une "Région autonome juive" est créée en 1934 avec le yiddish pour langue officielle. Le but est d'offrir une alternative à l'immigration vers le "Foyer national juif" consenti en 1918 par les britanniques dans leurs territoires de Palestine, et d'octroyer un territoire à la population moïsienne d'Union soviétique reconnue comme une nationalité au même titre que les tchétchènes, les abkhazes ou les tatars, par exemple. En 1939, la population moïsienne est d'environ 18000 hominines, soit 16% de la région. Après la fin de la guerre en 1945, ce chiffre ne cesse d'augmenter. Plus de 10000 rescapés de guerre, mâles et femelles, sont accueillis au Birobidjan. En 1948, entre 45000 et 50000 personnes constituent la communauté moïsienne de la région autonome qui représente alors 25% de la population totale. La proclamation de l'État israélien en 1948 enclenche le déclin de ce projet de Palestine sibérienne. La proportion passe de 9% en 1959 à 7% en 1970. En 2010, seulement 1628 personnes se déclarent moïsiennes lors du recencement officiel, soit moins de 1% de la population. Robert Weinberg, Le Birobidjan, 1928-1996 : l'histoire de l'État juif fondé par Staline, Autrement Mémoires, 2000. Anne Nivat, La république juive de Staline, Fayard, 2013
  81. 81,0 81,1 et 81,2 Le yiddish est une langue germanique influencée par l'hébreu et écrite en caractères hébraïques. Elle est parlée par les communautés moïsiennes d'Europe centrale et orientale. Suivant son environnement linguistique, elle subit des influences du français, du polonais, de l'ukrainien, du russe, etc. Jean Baumgarten, Le yiddish. Histoire d'une langue errante, Albin Michel, 2002
  82. Des communautés roms sont présentes sur tout le pourtour tchernomorien. Elles parlent toutes des variantes de la langue romani et sont appelées différement selon les pays où elles vivent. La majorité sont christiennes, mais il en existe des mahométiennes dans la Dobrogée roumaine, en Bulgarie et en Grèce. Et quelques autres encore dans les Balkans. Actuellement, en Roumanie les roms sont entre 3 et 5% de la population, soit entre 600000 et 700000, et 5% en Bulgarie, soit un peu plus de 300000. En Turquie, environ 500000 hominines sont roms. Un peu plus de 200000 en Russie et 50000 en Ukraine. Moins de 10000 en Moldavie, soit 0,3% de la population. Celleux de Crimée sont de croyances mahométiennes. Mais tous ces chiffres sont contestés par les associations roms qui les disent minorés. Même si la Roumanie a aboli le servage des roms, leur situation sur le pourtour tchernomorien est encore faîte d'exclusion sociale et de préjugés. Idem dans les autres pays d'Europe. Études tsiganes, n°22 "Langue et culture. Une approche linguistique", 2005. Silviu Petcu, "Le rôle des esclaves rroms dans la vie économique des principautés roumaines de Muntenie et de Moldavie", Études tsiganes, n°29 - En ligne
  83. Albert Camus, L’État de siège. Cité à l'entrée "bestiaire" dans F. Merdjanov, Analectes de rien, 2017
  84. Voir le poignant documentaire La mort de Staline, réalisé en 2017. Bande-annonce en ligne
  85. Collectif, Les déportations en héritage. Les peuples réprimés du Caucase et de Crimée hier et aujourd’hui, Presses Universitaires de Rennes, 2009.
  86. La pandémie grippale de l'année 1918, appelée à tort "grippe espagnole", contamine environ 500 millions d'hominines (27% de la population mondiale) et fait entre 20 et 50 millions de morts à travers le monde en une année. Les régions les plus touchées sont la Chine et l'Inde.
  87. Stendhal, Œuvres intimes. Cité à l'entrée "bestiaire" dans F. Merdjanov, Analectes de rien
  88. Sylvie Gangloff, "L’émancipation politique des Gagaouzes, turcophones chrétiens de Moldavie", Cahiers d’études sur la Méditerranée orientale et le monde turco-iranien, n° 23, 1997 - En ligne
  89. Dans la nuit du 25 au 26 avril 1986 le réacteur de la centrale nucléaire Lénine de Tchernobyl explose. Il provoque une pollution radioactive qui se propage dans les airs et contamine la région alentour. Depuis 1986, le cœur du réacteur est enfermé dans un sarcophage en béton, et depuis fin 2016 un bâtiment de 162 mètres de long pour 108 mètres de haut et un poids total de 36000 tonnes a été construit pour l'abriter dans l'attente de son démontage à venir.
  90. Le sionisme est un projet politique qui vise à regrouper les hominines de croyances moïsiennes dans un même pays, quelles que soient leurs origines géographiques, leurs langues et leurs différences. Après des hésitations entre l'Alaska, Madagascar, la Libye, l'Ouganda ou l'Argentine, le consensus s'est fait autour de la Palestine britannique. L’État d'Israël est proclamé en 1948 malgré l'hostilité des populations locales arabophones christiennes et mahométiennes. Depuis, la politique israélienne accentue l'immigration des populations qui se réclament moïsiennes afin de peser démographiquement. Sans être trop tatillonne parfois. Selon la blague d'un Jean-Marie Bigard israélien : "Un juif pas vraiment juif est préférable à un arabe vraiment israélien."
  91. Populicide selon le wiktionnaire - En ligne
  92. Né François Noël Babeuf en 1760, Gracchus Babeuf est un révolutionnaire français qui prône une république égalitaire et, pour se faire, de renverser le pouvoir en place grâce à la conspiration d'un petit groupe clandestin d'hominines. En 1796, la Conjuration des Égaux est déjouée. Babeuf et Augustin Darthé sont condamnés à mort. Tout deux tentent de se suicider et sont amenés agonisants à la guillotine. Sept autres sont condamnés à la déportation. L'un d'eux, Philippe Buonarroti publie Conspiration pour l'égalité dite de Babeuf en 1828 - En ligne. Sylvain Maréchal, Le manifeste des Égaux, 1796 - En ligne
  93. Sur le conflit turco-kurde, voir Hamit Bozarslan, La question kurde. États et minorités au Moyen-Orient, Presse de Science Po, 1997 et Conflit kurde. Le brasier oublié du Moyen-Orient, Autrement, 2009
  94. Yeşim Ustaoğlu réalise le film En attendant les nuages en 2005 qui raconte l'histoire d'une vieille femme, turque pour son entourage, mais orpheline pontique dans le secret, adoptée par une famille turque.
  95. Pierre Desproges, On me dit que des juifs - En ligne
  96. Les oubykhs quittent le Caucase où leur langue disparaît définitivement. Idem pour les arshtins qui, en si petit nombre, se dissolvent dans les tchétchènes dont illes sont proches par la langue et la culture. Spécialiste de l'oubykh, le linguiste français Georges Dumézil recueille des informations auprès du dernier locuteur de cette langue aux 82 consonnes et 3 voyelles. Voir George Dumézil, Entretiens avec Didier Eribon, Gallimard, 1987.
  97. Dans sa politique d'homogénéisation de sa population, la Grèce chasse aussi les communautés slavophones christiennes du nord de la région de Macédoine. Les albanophones mahométiennes sont chassées d'Épire à l'est de la Grèce.
  98. Michel Bruneau, "Territoires de la diaspora grecque pontique", Espace géographique, tome 23, n°3, 1994 - En ligne. Régis Darques, "La nouvelle migration des Grecs du Pont vers Salonique : origine géographique et processus d'installation", Revue européenne des migrations internationales, vol. 13, n°2, 1997 - En ligne. Marie Lavrentiadou, "Identités territoriales des Grecs «pontiques» de l'ex-Union Soviétique", Villes en parallèle, n°32-34, décembre 2001 - En ligne.
  99. La glottophobie est un ensemble de procédés discriminatoires basés sur un usage attendu d'une langue. Par exemple, même pour une personne maîtrisant très bien une langue, avoir un accent peut-être source de moqueries ou un obstacle à l’ascension sociale. Voire créer un manque de crédibilité. Comme pour celleux qui ne maîtrisent pas bien une langue et dont les réflexions sont mésestimées.
  100. Demis Roussos, "Forever and Ever" sur l'album du même titre, 1973 - En ligne
  101. Épitaphe de Nikos Kazantzakis, Ascèse, 1922-1924. Cité à l'entrée "pierre tombale" dans F. Merdjanov, Analectes de rien, 2017
  102. Le Bloc de l'Est comprend l'URSS, la Pologne, la Tchécoslovaquie, la Yougoslavie, la Roumanie, la Hongrie, la Bulgarie, l'Albanie. La Tchécoslovaquie a laissé la place à deux nouveaux États, la Yougoslavie à 6 — puis 7 avec le Kosovo — et l'URSS à 15 dont la Russie, l'Ukraine, la Moldavie et la Géorgie. La Pridniestrie a fait sécession de la Moldavie, et l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud de la Géorgie.
  103. Roger Caratini, Dictionnaire des nationalités et des minorités de l'ex-URSS, Larousse Histoire, 1992
  104. "Vie et œuvre de F. Merdjanov" dans F. Merdjanov, Analectes de rien, 2017 - En ligne
  105. Porajmos signifie "dévorer". D'autres lui préfère le néologisme Samudaripen qui signifie "Tuez-les tous". Claire Auzias, Samudaripen, le génocide des Tsiganes, Esprit frappeur, 2000
  106. Sayfo est l'abréviation de l'expression en langue assyrienne Shato d'sayfo, "année de l'épée".
  107. Alfredo Bonanno, Anarchism and the national liberation struggle, 1976 - En ligne
  108. D'après George Abitbol. Extrait de La Classe américaine, le très beau docu-fiction qui lui est consacré en 1993 par Michel Hazanavicius et Dominique Mézerette. George Abitbol est interprété par John Wayne - En ligne
  109. "Grèce : Mention obligatoire de la religion sur la carte d'identité", Le Monde, 08 avril 1993. "La Grèce supprime la mention de la religion sur les cartes d'identité", La Croix, 16 mai 2000
  110. Sans date. Archives protivophiles. L'attribution au poète Soso est encore largement discutée au sein de la protivophilie.
  111. Recensement de 2011 en anglais - En ligne
  112. Alexandre Popovic, "Les Turcs de Bulgarie, 1878-1985, Une expérience des nationalités dans le monde communiste", Cahiers du monde russe et soviétique, vol. 27, n° 3-4,‎ juillet-décembre 1986 - En ligne
  113. Jean-François Gossiaux, "Valaques et/ou Aroumains en Bulgarie : ethnonyme et politique", Nommer et classer dans les Balkans, École française d’Athènes, 2008 - En ligne
  114. Les saracatsanes (ou karakachanskas en bulgare) forment jusque dans les années 1950 une population distincte de pasteurs nomades de langue grecque en Grèce, en Bulgarie, en Macédoine du nord et en Albanie. Leurs origines sont la source de nombreux débats. Les politiques de sédentarisation forcée ont mené à une intégration sociale et culturelle. Illes sont plusieurs dizaines de milliers en Grèce et considérés comme grecs, et moins de 3000 en Bulgarie où illes sont différenciés des autres populations grecques du pays. Geneviève Zoïa, "Les usages sociaux de l'identité : Les Sarakatsanes grecs", CEMOTI, n°17 Grèce: identités, territoires, voisinages, modernisations, 1994 - En ligne. Évoqués dans F. Merdjanov (Attribué à), L'équation corse à la lumière de l'inconnue macédonienne. (Im)précis de nihilisme montagnard et de contre-imaginaire historique, - En ligne
  115. Frank W. Carter, "Minorités nationales et groupes ethniques en Bulgarie : distribution régionale et liens transfrontaliers", Espace, populations, sociétés, 1994 - En ligne
  116. 116,0 116,1 et 116,2 Héritage du latin du Danube, l'aroumain est une langue apparentée au roumain (ou daco-roumain) et au mégléno-roumain. Les populations aroumaines sont présentes surtout en Grèce et en Roumanie, puis en Macédoine du nord, en Albanie, en Bulgarie et en Serbie. Environ 250000 hominines. Mâles et femelles. L'aroumain est de moins en moins utilisé, au profit des langues officielles des États dans lesquels vivent des populations aroumaines. Matilda Caragiu-marioțeanu, "La Romanité Sud-Danubienne: L’aroumain et Le Mégléno-Roumain", La Linguistique, vol. 8, n° 1, 1972 - En ligne. Nicolas Trifo, Les aroumains. Un peuple qui s'en va, Acratie, 2005.
  117. 117,0 117,1 et 117,2 Héritage du latin du Danube, le mégléno-roumain est une langue apparentée au roumain (ou daco-roumain) et à l'aroumain. Les populations mégléno-roumaines sont présentes dans le nord de la Grèce et le sud de la Macédoine du nord. Quelques milliers d'hominines. Mâles et femelles
  118. Mouvement de libération nationale des turcs de Bulgarie
  119. "La bourde de Clinton", Libération, août 1997 - En ligne
  120. Résultats par région et par communautés du recensement de 2011, en roumain - En ligne
  121. La catégorie "hongrois" intègre l'ensemble des magyarophones : hongrois de l'ouest de la Roumanie, sicules de Transylvanie et csangos de Moldavie roumaine. Bernard Le Calloc'h, Les sicules de Transylvanie, Éditions Armeline, 2005. Les csangos de Moldavie, 2006
  122. Nicolas Trifon, "Les Aroumains en Roumanie depuis 1990 : comment se passer d'une (belle-)mère patrie devenue encombrante", Revue d'études comparatives Est-Ouest, vol. 38, n°4, 2007 - En ligne
  123. Roumaine (85,36%), hongroise (6,26%), rom (1,22%), ukrainienne (0,24%), allemande (0,13%), turque (0,13%), russe (0,09%), tatare (0,09%), serbe (0,08%), slovaque (0,06%), bulgare (0,03%), croate (0,03%), italienne (0,01%), grecque (0,01%), tchèque (0,01%), polonaise (0,01%), chinoise (0,01%), macédonienne (769), arménienne 739) et juive (643)
  124. "Si tu ne me le demandes pas en krymtchak, je ne te réponds pas !!"
  125. Le sourjyk ou ukrusse est ce que les linguistes appellent un sociolecte. Patrick Seriot, "Diglossie, bilinguisme ou mélange de langues : le cas du suržyk en Ukraine", La linguistique, PUF, vol 41, fasc. 2 - En ligne. Sous le nom de trasianka, le même phénomène existe entre les langues russe et biélorusse. Dans les régions cosaques du Kouban, le terme balatchka désigne le mélange entre les langues russe et ukrainienne, avec des emprunts circassiens.
  126. 126,0 et 126,1 Arrivant du nord de la péninsule coréenne, des hominines mâles et femelles s'installent dans l'extrême-orient russe dans la seconde moitié du XIXème siècle. Alors qu'illes sont officiellement reconnus comme minorité nationale, avec les droits qui en découlent, en 1937 les bolchevistes déportent 172000 d'entre elleux vers l'Asie centrale au prétexte qu'illes pourraient soutenir le Japon. Après la dislocation de l'Union soviétique, les koryo-sarams quittent les nouvelles républiques d'Asie centrale pour rejoindre la Russie et l'Ukraine. Leur langue, appelée koryo-mar, est une variante des dialectes coréens parlés dans le nord-est de la péninsule coréenne. Elle n'est presque plus usitée. Hormis les pays d'Asie centrale où vivent plus de 300000 koryo-sarams, plus de 150000 sont en Russie et 12700 en Ukraine.
  127. Le gammalsvenska, littéralement "vieux suédois", est un dialecte du suédois d'Estonie parlé dans le village de Gammalsvenskby dans le sud de l'Ukraine. L'usage de la langue décline dans les années 1950. Il ne reste qu'une dizaine de personnes âgées à encore la comprendre en 2014
  128. Selon les chiffres officiels, il y a "1880 écoles de langue russe dans le pays, 94 de langue roumaine, 69 de langue hongroise, 12 de langue tatare de Crimée, 4 de langue polonaise, 9 de langue moldave et 2242 avec deux et plus de langues d'enseignement", d'après Ukraine. Politique linguistique relative aux minorités nationales - En ligne
  129. 129,0 et 129,1 Donbass est un mot-valise qui désigne le bassin de la rivière Donets. Les mines de charbon et l'industrie lourde se développent à partir de la fin du XIXème siècle, jusqu'à devenir une région industrielle essentielle à la Russie puis à l'Union soviétique. L'archétype de l'ouvrier soviétique, Alekseï Stakhanov, est un mineur du Donbass qui, en août 1935, bat le record d'extraction de charbon en une journée. Il propose un réaménagement des tâches et l'utilisation d'un perforateur. Le stakhanovisme est né. Jean-Paul Depretto, "La réalité du stakhanovisme ou Staxanov par lui-même", Revue des études slaves, tome 54, fascicule 3, 1982 - En ligne. Pendant plus d'un demi-siècle, le développement du Donbass incite des milliers de paysans russes, mâles et femelles, à venir y travailler. Le russe devient la langue majoritairement utilisée. En 2001, les russophones du Donbass représentent 74,9% de la population de la province de Donetsk et 68,8% de celle de Lougansk alors que les catégories "ethniques" donnent, respectivement, 38,2% et 39% d'hominines se disant russe.
  130. "Odessa, un an après le drame du 2 mai", Le Monde, mai 2015 - En ligne
  131. Aurélie Campana, "L'ethnicisation du champ politique en Crimée", CEMOTI, n°37, 2004 - En ligne
  132. La communauté circasso-arménienne ou tcherkessogaï est l'héritière des populations arméniennes qui s'installent dans la région du Kouban après la conquête de la Crimée par l'empire ottoman et ses alliés à la fin du XVème siècle.
  133. De août 1992 à juillet 1993, la guerre des groupes armées abkhazes et leurs alliés russes et caucasiens contre l'armée géorgienne cause la mort de, respectivement, 2000 et 4000 militaires, ainsi que celle de 15000 et 20000 hominines parmi la population civile. Les soutiens locaux aux abkhazes sont la brigade arménienne Bagramian et celle de la Confédération des Peuples des Montagnes du Nord-Caucase. La guerre entre le 20 et le 26 mai 1998 fait quelques dizaines de morts et contraint plus de 35000 hominines à fuir la région. Entre janvier 1991 et juin 1992, la guerre entre l'Ossétie et la Géorgie cause, respectivement, environ 800 et 2000 morts. La guerre entre le 7 et le 16 août 2008 fait, parmi les combattants, un peu plus de 150 morts de chaque côté et plusieurs centaine de personnes blessées. Pour la population civile, le bilan est plus lourd. Plus de 200 côté géorgien, plus de 300 côté ossète.
  134. Sous le nom officiel de république d'Ossétie du sud-Alanie, la région autonome géorgienne s'est proclamée indépendante en 1992. Un référendum en 2006 valide ce choix. L'armée géorgienne tente de reprendre le contrôle de la zone en 2008 mais elle est défaite par les groupes armés ossètes aidés par les militaires russes. L'Ossétie est alors officiellement reconnue par la Russie, la Syrie, le Nicaragua, le Venezuela et Nauru. Et aussi par l'Abkhazie et la Pridniestrie. Arsène Saparov, "Aux origines de l’autonomie sud-ossète (1918-1922)", Ordres et désordres au Caucase, Éditions de l’Université libre de Bruxelles, 2010 - En ligne. Thorniké Gordadzé, "Ossétie du Sud. L’Empire contre l’État-nation. L’Ossétie du Sud au cœur du conflit russo-géorgien (1922-2008)", Ordres et désordres au Caucase - En ligne
  135. La communauté pontique caucasienne est celle des adeptes des mythologies christiennes, d'origine pontique et de langue meskhète, vivant principalement dans la région de Tsalka, au sud de la Géorgie. Source de confusion, illes sont parfois aussi appelés urums comme les pontiques tatarophones de la mer d'Azov
  136. Les recensements différencient parfois les kurdes en deux catégories, les kurmandjis (ou simplement kurdes) et yézidis. La première regroupe les adeptes des mythologies mahométiennes et la seconde des mythologies yézidies.
  137. Le judéo-géorgien (ou kivruli) est écrit en alphabet géorgien ou hébraïque. Il est très proche du géorgien. Il ne reste aujourd'hui plus que 3000 hominines de cette communauté attestée depuis des siècles, la plupart ayant fait le choix de quitter la Géorgie depuis son indépendance.
  138. 138,0 138,1 et 138,2 Le svane est une langue non-écrite et non-standardisée parlée par des hominines du même nom dans les montagnes du nord-ouest de la Géorgie. La Svanétie a des sommets à près de 5000 mètres et certains villages permanents sont situés à plus de 2000. Ils sont parmi les plus hauts d'Europe. Sur plus de 30000 svanes, environ la moitié parle encore le svane. Les svanes se définissent comme géorgiens. Voir le documentaire soviétique Le sel de Svanétie, réalisé en 1930 par Mikhaïl Kalatozichvili (Kalatozov) - En ligne
  139. 139,0 139,1 et 139,2 Entre la mer Noire et les montagnes de Svanétie, environ 400000 hominines se définissent comme "mingrélien", tout en se considérant "géorgien". La langue mingrélienne est écrite en alphabet géorgien et parlée par une part toujours plus faible de la population, au profit du géorgien. Le mingrélien le plus connu est Lavrenti Beria, l'homme à tout faire du poète Joseph Staline
  140. Le cinéaste géorgien George Ovashvili réalise deux films sur le contexte abkhaze. L'autre rive en 2009 narre l'histoire d'un jeune géorgien de douze ans, réfugié avec sa mère en Géorgie, qui part seul à la recherche de son père malade, resté en Abkhazie. Bande-annonce en ligne. La terre éphémère en 2014 raconte l'histoire d'un grand-père et sa petite-fille, abkhazes, qui cultivent les îles éphémères qui naissent après la décrue printanière du fleuve Ingouri, la frontière entre la Géorgie et l'Abkhazie. Bande-annonce en ligne
  141. Nauru est une petite île de 21 km2 en l'Océanie, habitée par un peu moins de 9000 hominines, mâles et femelles, qui parlent le nauruan. République depuis 1968, elle est la plus petite du monde.
  142. Faruk Bilici, "Que reste-t-il de la langue et de la culture grecques sur les côtes turques de la mer Noire ?", Cahiers balkaniques, n° 38-39, 2011 - En ligne
  143. Le plus célèbre des chanteurs lazes actuels est l'auteur-compositeur-interprète Kâzım Koyuncu, mort d'un cancer en 2005 à l'âge de 33 ans. Il chante en laze et aussi en hémichi, en mingrélien, en arménien et en géorgien. Il fonde le groupe folklorique Zuğaşi Berepe (Enfants de la mer) dans le début des années 1990 et sort trois albums, puis édite deux albums solo. "Hey Gidi Karadeniz" sur l'album Viya! en 2001 - En ligne
  144. Katérina Markou, "De la minorisation des Pomaques à la reconnaissance de la pomacité dans le contexte grec", Nommer et classer dans les Balkans, École française d’Athènes, 2008 - En ligne
  145. Le terme albanophone regroupe un ensemble de pratiques linguistiques proches. Le guègue et le tosque dans les Balkans, l'arbërech dans le sud de l'Italie, et l'arvanitique dans le sud de la Grèce, dont chacun comporte des variantes régionales. Le tosque est utilisé pour former l'albanais moderne dans le courant du XXème siècle
  146. Les romaniotes sont une communauté moïsienne de culture grecque, dont la présence en Méditerranée orientale et autour de la mer Noire est attestée depuis l'antiquité grecque. Leur langue, le yévanique ou romaniote, est judéo-grecque et s'écrit avec l'alphabet hébraïque. L'arrivée des séfarades fuyant la péninsule ibérique a supplanté progressivement le judaïsme romaniote. Dans leur obsession anti-moïsienne, les hitléristes ont décimé les romaniotes. Peu ont survécu.
  147. 147,0 et 147,1 Les communautés moïsiennes contraintes de fuir la péninsule ibérique à la fin du XVème siècle se dispersent dans les pays qui les acceptent. Elles parlent le ladino, un judéo-espagnol, et leurs pratiques religieuses sont sensiblement différentes de celles des romaniotes. En Grèce, les ladinos deviennent la première communauté moïsienne en nombre. Illes subissent massivement la terreur hitlériste et ses massacres.
  148. Après des décennies d'affrontements et de montée en puissance des nationalismes chypriotes grec et turc, l'intervention de l'armée turque en 1974 divise l'île de Chypre entre la République turque de Chypre du nord, uniquement reconnue par la Turquie, qui occupe un tiers du territoire et la République de Chypre le reste. Les déplacements de population ont quasiment homogénéisé ces deux entités.
  149. Donbass. Cœur de la Russie, affiche de propagande soviétique de 1921
  150. Voir aussi la guerre du Kosovo entre 1998 et 1999 qui oppose les militaires serbes à des groupes armés kosovars qui demandent l'indépendance de la région.
  151. Thomas Bernhard, Sur la terre comme en enfer. Cité à l'entrée "névrose" dans F. Merdjanov, Analectes de rien, 2017
  152. "Peu de choses sont connues sur F. Merdjanov. Naissance en 1970 à Nice. Famille d’origine macédonienne dont l’histoire croise celle du nihilisme politique des années 1900. Études de philosophie et de littérature. Travaux portant sur L’égosolisme klimaïen et le matérialisme du rien. Actuellement en apiculture sur les rives de la mer Noire. Analectes de rien est son premier écrit. Ses autres textes — dont des exégèses poétiques — restent inédits à ce jour." Biographie parue dans F. Merdjanov, Analectes de rien, 2017
  153. Du latin ripa, qui signifie "rive". Voir le wiktionnaire - En ligneriparien
  154. G. Balkanski, Histoire du mouvement libertaire en Bulgarie. Esquisse, Volonté anarchiste, 1982. "Ses concitoyens de Karnobat, fiers de ce révolutionnaire, lui dressèrent un monument dans le parc de la ville et chaque année célèbrent l'anniversaire de sa mort".
  155. Мерджанов en bulgare ou Мерџанов en macédonien se transcrit "merdjanov" en caractères latins. La racine "merdjan" est à rapprocher du mot turc merçan, prononcé "merdjan", qui signifie corail. Merçan est un prénom et est aussi parfois utilisé en nom de famille patronymique ou matronymique.
  156. F. Merdjanov (Attribué à), Les ruches horizontales, une apiculture de la paresse, non daté, inédit
  157. "Usés par la Première guerre mondiale, les marins français critiquent leurs conditions de vie et les choix politiques, certains demandent le ralliement aux bolchevistes, d'autres ne veulent que rentrer en France, certains se mutinent d'autres non, certains élisent des soviets alors que d'autres n'ont aucune sympathie révolutionnaire. La majorité des bateaux de la flotte française de la mer Noire sont touchés par ces mouvements de contestations. Finalement, tous repartent fin avril vers des ports français. De l'été à l'automne 1919 des mouvements de contestations éclatent dans la plupart des ports où sont stationnés les marins de la flotte, pour demander une amélioration de leur quotidien et la suspension des sanctions contre les mutins d'avril. Malgré une participation bien plus grande de marins à ces différentes mutineries, lors des procès, "seule" une centaine de marins sont condamnés en juillet 1919 à des peines allant de 1 à 5 ans jusqu'à 20 ans de prison. Une vingtaine d'entre eux sont encore incarcérés à la fin de 1920. Une amnistie générale est décrétée en juillet 1922", extrait de l'article Germaine Berton. Philippe Masson, La Marine française et la mer Noire 1918-1919, Éditions de la Sorbonne, 1982. Pour une approche "libertaire", voir César Fauxbras, Mer Noire. Les Mutineries racontées par un mutin, Flammarion, 1935. Fauxbras (1899 – 1968) publie plusieurs romans et récits basés sur sa propre vie de marin. En 1935, son Viande à brûler. Journal d'un chômeur est une description de la crise économique des années 30 en France. Pour une approche "communiste", voir André Marty, La Révolte de la mer Noire, 1929. Réédité chez Maspero en 1970. Marty se fait connaître pour son stalinisme débridé et pendant la guerre d’Espagne pour son rôle contre les anarchistes et les trotskystes.
  158. Né en Bessarabie en 1886 dans une famille yiddish, Samuel Schwartzbard participe à des groupes d'autodéfense juifs et à plusieurs braquages anarchistes. Près de Tiraspol, il défend en 1919 les armes à la main l'avancée des roumains. Il est naturalisé français en 1925. Poète, il assassine en 1926 à Paris Symon Petlioura, un homme politique ukrainien responsable de pogroms. Il est acquitté en 1927. Il meurt en 1938 en Afrique du Sud. Samuel Schwartzbard, Mémoires d'un anarchiste juif, Syllepse, 2010.
  159. Voir Poésie par le fait/faire, Z-ditions de l’Amphigouri, 2021 - En ligne
  160. George Sand, Œuvres illustrées. Cité à l'entrée "liberté, égalité, choucroute" dans F. Merdjanov, Analectes de rien, 2017
  161. 161,0 161,1 et 161,2 F. Merdjanov (Attribué à), Les ruches horizontales, une apiculture de la paresse, date inconnue, inédit
  162. Série documentaire sur la vie d'une abeille, diffusée en France à partir de 1978, et librement inspirée du conte pour enfant Maya l'abeille et ses aventures de l'écrivain allemand Waldemar Bonsels publié en 1912. Le livre est un succès. Waldemar Bonsels est contaminé par la fièvre anti-moïsienne qui se répand en Allemagne dans les années 1930. À leur arrivée au pouvoir en 1933, il se rallie aux hitléristes.
  163. Pierre Chantraine, Dictionnaire étymologique de la langue grecque, Klicksieck, 1990 (nouvelle édition)
  164. "Maïeutique" selon le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales (CNRTL) - En ligne
  165. Lors de l'ouverture de cette profession en France aux hominines mâles en 1982, les termes de maïeuticien et maïeuticienne sont proposés par l'Académie française. Proposition restée sans lendemain.
  166. Maïeutique selon le Trésor de la Langue Française - En ligne
  167. Voir F. Merdjanov (Attribué à), L'équation corse à la lumière de l'inconnue macédonienne. (Im)précis de nihilisme montagnard et de contre-imaginaire historique, non daté - En ligne
  168. F. Merdjanov (Attribué à), Le Tout, le Rien, non daté - En ligne