Bernhard, Thomas. 1931-1989. Thomas Bernhard avait décidé de ne pas se taire. Non pas que crier, hurler, accuser, haïr, dénoncer servent à quoi que se soit, ça il en avait fait son deuil du début, mais simplement pour ne pas être un pion inconscient de plus dans la grande fange humaine. La société viennoise sera sa victime expiatoire ; empêtrée dans une après-guerre pleine d’hypocrisie quant au nazisme, de conformisme bourgeois et de culture névrosée, elle devient le symbole d’un monde moderne destructeur de l’individu et de la nature. Par une disposition testamentaire, signée chez un notaire deux jours avant sa mort, il exigera que toutes les représentations, toutes les publications et toutes lectures de ses œuvres soient interdites en Autriche. Le testament précise aussi que «Bernhard ne veut rien à voir à faire avec l’État autrichien et interdit tout rapprochement de son travail ou de sa personne avec lui».