al-Ma’arrî, Abû l’-Alâ’ Ahmad bin ‘Abdallâh bin Sulaymân dans sa version intégrale. 973-1057 dans l’actuelle Syrie. Frappé dès l’enfance de cécité, al-Ma’arrî n’en étudie pas moins la plupart des pensées de son temps. A trente-huit ans, il décide de se retirer du monde et mène une vie ascétique jusqu’à sa mort. Inclassable, al-Ma’arrî reste inclassé. Poète, philosophe ou théologien, c’est avant tout un libre penseur qui fait le pari de la foi contre la religion, de l’homme contre les religieux et de l’existence contre la mort. Doute-t-il ? On ne sait. Croit-il ? On le devine. Mais ce n’est ni un mystique, ni un gnostique ; pas de sens caché dans ses vers, juste la volonté d’exprimer ses recherches sur le sens de l’existence et sa critique de tout intermédiaire (et donc interférence) entre lui-même et la potentialité de Dieu. Dieu qu’il interpelle et dont il attend, en vain semble-t-il, un signe. Alors il ne reste que le sentiment universel, basique et peut être suffisant (osons essentiel) de n’être rien, rien qu’un homme face à lui-même.