Cocovores
Cocovores. Adeptes d'un mouvement historique d'hominines[1] plaçant la noix de coco au centre de l'existant. Parfois aussi cocophiles ou, plus rarement, cocovoriens.
SommaireCocotierParmi les espèces végétales, le cocotier ou cocos nucifera est une plante de type "palmier" de la même famille que l'orchidée ou le bananier. Il n'est pas un arbre même s'il en a nombre d'attributs visibles. Ce qui semble être un tronc avec un bourrelet à sa base est une longue et grosse tige rigide et ses racines sont fines et peu profondes. Toutes ses feuilles émanent d'un unique bourgeon et son fruit qui se développe en régime est communément appelé "noix de coco". Le cocos nucifera est l'unique plante à produire de tels fruits. La plante dispose d'une autonomie reproductive par la fabrication de fleurs mâles et de fleurs femelles sur des périodes qui se chevauchent. Les premiers fruits apparaissent après deux ou six ans selon que le cocotier soit de type nain ou pas. La plante peut vivre plusieurs dizaines d'années avant de dépérir pour mourir progressivement.
GéographieL'origine géographique du cocos nucifera n'est pas déterminée avec précision. La zone première semble être les vastes zones tropicales situées entre le sous-continent à l'ouest des Andaman et Nicobar, l'Inde, et le sud des îles Spratleys. Les fruits tombés au sol se déplacent en fonction de la topographie, au fil des intempéries qui les mènent parfois très loin. Leur coque contient de la chair, un liquide et un embryon reproductif qu'elle protège. Dès que le fruit s'est stabilisé à un endroit il s'implante. Les pluies, les rivières et les mers sont des vecteurs importants de l'expansion du cocotier. Sa diffusion se fait au hasard et il est probable que d'une zone première, le cocotier se soit répandu "naturellement" sur les nombreuses îles entre les océans Pacifique et Indien. Les datations des vestiges archéologiques de cocotiers laissent à penser qu'entre 2500 ans avant JCⒸ[3] et le IXème siècle, les cocotiers, s'implantant sur toutes les terres au climat tropical, ont essaimé de la côte chinoise jusqu'au Darién panaméen. Le cocotier se répand aussi vers l'ouest pour atteindre les côtes de l'Afrique orientale vers le Xème siècle. Jusqu'alors épargnées par le cocotier, les régions tropicales des côtes est de l'Amérique du sud et ouest de l'Afrique voient les premières noix de coco arriver au XVIème siècle, parmi le fatras théologique, viral et militaire qu'apportent les colonisateurs ibériens, portugais ou espagnols. DomesticationLes hominines sont aussi de bons diffuseurs de cocotiers qu'illes sèment là où les quatre éléments ne sont pas parvenus à le faire. Lors de leurs lentes migrations vers les îles de l'océan Pacifique les hominines amènent des noix de coco afin d'en implanter où illes se fixeront. La culture du cocotier par les hominines est attestée en Inde dès le VIème siècle et en Chine trois siècles plus tard. Le mélange entre les cocotiers natifs et ceux importés puis sélectionnés par les hominines est probablement à l'origine de la diversité actuelle de cocotiers de par le monde. Les cocoteraies utilisent généralement les variétés sélectionnées pour leurs fruits plus gros et une germination plus rapide. Au fil des siècles, les hominines sont parvenus à créer des variétés particulières adaptées à leur environnement (économique) et offrant le maximum de rendement. Le XXème siècle sera celui des expérimentations et des hybridations. Ces variétés modifiées à partir d'une variété naine sont plus productives mais aussi plus fragiles. Elles sont, de fait, plus exposées à leurs prédateurs qui raffolent, chacun à leur manière, s'en repaître. Du charançon du cocotier aux termites, des renards-volants aux acariens. Actuellement, le cocotier est exploité dans 95 pays dans le monde qui exportent 59 millions de tonnes de noix de coco par an[4]. Les trois principaux producteurs sont, par ordre décroissant, l'Indonésie, les Philippines et l'Inde qui représentent à elles seules plus de 75% de ce commerce. UsagesPour les hominines, le cocotier est une plante à usages multiples depuis des siècles. Son fruit comestible est prisé pour sa chair, contenue dans la coque, qui peut être consommée fraîche ou séchée et de laquelle on obtient du lait en la pressant. Avant maturité, le fruit contient un liquide comestible et sucré, l'eau de coco. Par des procédés de séchage ou de raffinage, la chair est aussi utilisée pour fabriquer des huiles comestibles pour les hominines, du carburant végétal, des produits cosmétiques (savon, pommades) ou des remèdes médicinaux. La coque permet de créer de multiples récipients pour stocker des aliments par exemple. Les fibres qui entourent la noix de coco sont résistantes et entrent dans la fabrication des plusieurs objets tels des cordages ou des brosses. Elles peuvent être tressées. La sève qui s'écoule d'une tige sur laquelle des hominines ont fait une entaille est transformée en sirop sucré pour des boissons. Agglomérée puis séchée, elle permet de faire une sorte de sucre à râper et, fermentée, elle s'alcoolise. La tige et les feuilles sont parfois utilisées par les hominines pour des ornements corporels ou cultuels ou pour des matériaux de construction de petits abris. Sans que cela ait été confirmé, l'existence d'une perle de coco est mentionnée dans des textes qui parlent d'une perle qui se constitue au sein même du fruit lors de sa croissance. Elle est si rare que nul n'en a vu autre part que sur des photographies que beaucoup considèrent fausses. Difficile de répertorier ici tous les usages du cocotier par les hominines tant ils sont nombreux et variés dans les régions où il est présent. Si la quasi totalité des aspects culinaires de la noix de coco sont partagés par l'ensemble des hominines, il n'en est pas de même pour l'utilisation de produits dérivés du reste de la plante. Là où la coque est coupée en deux pour faire un protège-sein pour les hominines femelles, on ne porte pas nécessairement les feuilles en guise de pagne, là où la tige du cocotier est utilisée pour sa solidité on ne se sert pas nécessairement des fibres, etc. Malgré ses recherches - qui continuent - la protivophilie n'a pu trouver trace pour l'instant d'une utilisation de la noix de coco, peut-être percée de trois trous pour y glisser les doigts, pour un jeu consistant à renverser des objets alignés. S'il s'avérait que cette intuition soit démontrée par la suite par l'archéologie ou l'homininologie, ceci ferait des jeux de quilles et du bowling[5] des formes de "réappropriation culturelle"[6]. CocovoriensHormis les énormes crabes des cocotiers[7] qui raffolent de la chair des noix qu'ils brisent avec leurs pinces ou les différents "ravageurs" qui se repaissent de la plante, les cocovoriens sont une forme hybride de cocotier et d'hominine. Illes sont mâles ou femelles. Pour ces hominines, la noix de coco est un élément central de leur existence. Tout comme les respiratoriens[8] et les solariens qui prônent, respectivement, la consommation d'air pour seul aliment et une alimentation basée sur les rayonnements solaires, les cocovoriens vouent un culte particulier au cocotier et à la noix de coco. Pour autant, illes ne peuvent être réduits à une sorte de macédoine de rastafariens et de naturiens. Pour elleux le cocotier est l'unique plante qui permette à des hominines de s'en contenter pour vivre et être en bonne santé. Véritables défis à la biologie des hominines, les cocovoriens répondent à leurs détracteurs par un argumentaire classique de type makairien :
Malgré leurs proximités, illes ne sont pas une communauté de pensée unique. Leur diversité est à l'image des quelques expériences de vie de cocovoriens qui nous sont connues, faites d'imprécision et d'éphémérité. Elles produisent ou se fondent sur des mythes, des histoires vécues et des attentes collectives. Même pour celles qui les refusent, elles sont traversées par les mécanismes sociaux des sociétés d'hominines. Elles n'échappent pas plus aux principaux travers qui minent les sociétés d'hominines : l'optimisme et la croyance que le futur existe.
Lister l'ensemble des communautés de cocovoriens n'est pas chose envisageable car la plupart sont inconnues. Nous ne savons rien de leur existence. Parfois, l'historiographie s'enrichit de la découverte dans la myriade d'îles entre les océans Indien et Pacifique de telle ou telle micro-communauté dont on ignorait l'existence. Souvent dans des régions propices au développement du cocotier. Les spécialistes des cocovoriens se sont donc intéressés aux très rares militaires japonais qui n'ont pas eu connaissance de la fin de la Seconde guerre mondiale et ont continué, à quelques uns ou seuls, à se maintenir dans des zones de forêts et de montagnes jusque dans les années 1970[11]. Face à la pénurie de matériel, la noix de coco est parfois évidée pour être remplie d'acide ou de grenades pour en faire des explosifs artisanaux plus puissants[12]. Mais, bien qu'ils consommèrent tous des noix de coco régulièrement, aucun n'a finalement opté pour un strict régime cocovorien pendant ces décennies de survie et de guérilla fantôme. Île(s) Coco(s)Sous les latitudes qui conviennent à sa germination, le cocotier est présent dans toutes les zones tropicales de la planète. Un sol sablonneux, un peu de salinité et suffisamment d'eau sont des conditions propices. De manière très originale, les hominines ont nommé une dizaine d'îles et îlots de l'océan Indien et du Pacifique du nom de la plante ou de son fruit au prétexte, qu'effectivement, des cocotiers y étaient présents. Les îles Coco, Cocos ou des Cocotiers se divisent en deux groupes, dans l'un celles où vivent des hominines, dans l'autre celles qui n'abritent que des cocovores non-hominines. Dans le premier, les îles Coco au Myanmar, au nord d'Andaman et Nicobar, les îles Cocos et l'île Cocotier australiennes, l'île Cocos au Costa Rica[13] et celle au Panama, ainsi que les deux îles Cocotier à Hawaï. Dans le second groupe, l'île au Cocos mauricienne, celle de Guam à l'est des Philippines, et celle au nord des Seychelles. Exemptes de toute présence permanente d'hominines, ces trois îles au Cocos sont les seules où les cocovoriens en tout genre peuvent vivre sans risquer d'être en concurrence avec elleux. Les cocotiers vivent librement. Aucun hominine pour éradiquer les acariens, les insectes, les oiseaux, les rongeurs ou les crabes qui raffolent aussi du cocotier. Toutes ces espèces qualifiées de "ravageuses" par les hominines. Pour certains, le cocotier est leur principale source alimentaire, pour d'autres il n'est qu'un complément. Pour certains il est un lieu de reproduction, pour d'autres d'habitation. Il est chose convoitée d'une manière ou d'une autre par une centaine d'espèces vivantes, dont l'hominine. Mais seul ce dernier est en mesure de venir à bout des autres. Radicalement, comme ille a déjà eu l'occasion de le démontrer avec ses semblables au cours des siècles de son histoire récente. Des travaux récents semblent indiquer que l'activité des hominines perturbe les équilibres du vivant, des lieux sont rendus invivables pour toutes les autres espèces et une partie d'entre elles s'éteignent progressivement. L'hominine est un ravageur du cocotier. Et bien plus.
KabakonDans le courant des années 1860, l'empire allemand prend pied en Océanie via des compagnies de commerce. Il se partage la grande île de Nouvelle-Guinée avec les néerlandais et les britanniques où il s'octroie la partie nord-est qu'il renomme "Terre de l'Empereur-Guillaume" et s'installe progressivement dans les nombreuses îles et archipels alentours. Par des échanges avec d'autres colonisateurs ou des achats de terres, l'empire met en place le protectorat de Nouvelle-Guinée allemande qui regroupe la "Terre de l'Empereur-Guillaume", l'archipel Bismarck au nord, les îles de Bougainville, Buka, Choiseul et Santa Isabel dans le nord des Salomon britanniques, ainsi que des multiples archipels de cette partie du Pacifique : les Carolines, les Marshall, Palaos, les Mariannes du Nord et Nauru. Le protectorat est officiellement acté en 1899. Après plusieurs tentatives infructueuses des compagnies de commerce allemandes, les autorités coloniales fixent à Herbertshöhe - actuel Kokopo - leur administration. Une centaine de personnes sont nécessaires à la bonne marche du protectorat. Les principales îles sont renommées, la Nouvelle-Bretagne et la Nouvelle-Irlande deviennent Nouvelle-Poméranie et Nouveau-Mecklembourg. Neulauenburg - actuelle îles du Duc d'York - est un petit groupe de treize îles entre le sud-ouest du Nouveau-Mecklembourg et le nord-est de la Nouvelle-Poméranie. Kabakon, au sud, est l'une d'elles, à une vingtaine de kilomètres au large de Herbertshöhe. Sa superficie est de 3,6 km2. August Engelhardt naît en 1875 à Nuremberg dans le sud de l'empire allemand. Cette époque est celle de l'apparition d'un large mouvement critique de l'industrialisation et de son mode de vie qui questionne le "retour à la nature", réfléchissant de fait sur le nudisme, le végétarisme et la sexualité. En 1898 il coécrit avec August Bethmann Eine Sorgenfreie Zukunft ("Avenir sans souci") dans lequel il décrit un projet de communauté nudiste de frugivores, à prédominance cocovores, dans le Pacifique. Le livre est réédité deux fois l'année suivante. August Engelhardt rejoint alors la "Fontaine de Jeunesse", un centre médical para-institutionnel prônant le végétarisme, la naturopathie et le nudisme où il tente de propager, sans succès, son point de vue sur la noix de coco. Il participe aussi à la mise en place de la colonie individualiste végétarienne de Monte Verita[15] dans le Tessin helvétique.
En juillet 1902, August Engelhardt embarque sur un bateau direction la Nouvelle-Guinée allemande. Après deux mois de voyage, il débarque à la mi septembre à Herbertshöhe. Avec l'argent de son héritage, il achète pour 40000 marks une concession sur la petite île de Kabakon auprès de la compagnie d'Emma Forsayth[17] et devient ainsi, en octobre, propriétaire d'une plantation de cocotiers et de bananiers de plus de 75 hectares. Une quarantaine d'hominines "locaux" vivent déjà sur Kabakon et certains fourniront la main-d'œuvre. Il construit une cabane de trois pièces, dans laquelle il range ses 1200 livres, abandonne ses habits et adopte une alimentation frugivore basée sur les fruits locaux et, évidemment, la noix de coco. Puis strictement cocovore. En 1903, il est rejoint par August Bethmann, le coauteur de Eine Sorgenfreie Zukunft. Malade, Engelhardt est convaincu par le nouvel arrivant de se rendre en 1904 à l'hôpital de Herbertshöhe où le médecin constate sa mauvaise santé et sa maigreur (39 kg pour 1,66 mètres). Un court séjour hospitalier requinque le cocovorien qui repart pour Kabakon. August Engelhardt invente une philosophie mystique basée sur le soleil et la noix de coco et qu'il nomme "Ordre du Soleil". La question de l'immortalité grâce au régime cocovorien n'est pas exclue. Avec l'aide de Bethmann il publie régulièrement des articles sur la vie et l'expérience de Kabakon dans des journaux en Europe, et recense les plantes et leurs usages médicinaux par les hominines locaux pour des revues de botanique. Les articles publiés[18] attirent quelques végétariens prétendants cocovoriens. En mars 1905 arrive Wilhelm Bradtke, en octobre Heinrich Conrad, qui ne reste que quelques mois, et en novembre Wilhelm Heine qui meurt rapidement de la malaria. Anna Schwab arrive à Herbertshöhe à la mi-1906. Elle se marie avec August Bethmann et s'installe, elle aussi, à Kabakon. Mais à la mort de son mari de la malaria en septembre et face à ses désaccords sur l'aspect strictement cocovore de la colonie, elle quitte l'île et retourne en Allemagne où elle critique publiquement la communauté de Kabakon. L'état de santé d'Engelhardt est alors décrit comme déplorable, malnutri, les jambes blessées, avec de nombreuses éruptions cutanées et des infections. En parallèle du "retour à la nature", Engelhardt tente de développer le commerce de coco râpé et d'huile de coco à destination de l'Europe. Une extension est même envisagée par l'achat de 50 hectares sur l'île voisine de Kabakon, Kerawara, mais les autorités coloniales refusent. L'exploitation de la cocoteraie est confiée à Wilhelm Bradtke, puis, après son départ, à d'autres cocovoriens nouvellement arrivés mais le commerce n'est pas florissant. Le manque d'argent ne permet plus d'accueillir et de financer l'arrivée et l'installation de nouveaux adeptes cocotiero-solariens à qui, dorénavant, est demandée une participation financière. Pour attirer de nouveaux adeptes à l'Ordre du Soleil, le bimensuel Für Sonne, Tropen u(nd) Kokosnuss ! ("Pour le soleil, les tropiques et la noix de coco") est lancé en 1909 par Engelhardt et paraît jusqu'en 1913, il y préconise la mise en place d'un vaste "empire colonial international tropical des frugivores". 1913 est aussi l'année de la publication en anglais de Eine Sorgenfreie Zukunft par le naturopathe Benedict Lust. Celui-ci prévoit même de s'installer à Kabakon mais l'éclatement de la Première guerre mondiale met un terme à son projet. Les colonies allemandes du Pacifique tombe sous le commandement des forces australo-britanniques. Engelhardt est fait prisonnier de guerre en 1915 et incarcéré à Rabaul. Considéré excentrique et non-dangereux il est libéré après trois semaines et retourne à Kabakon dont la cocoteraie est maintenant gérée par Wilhelm Mirow. La colonie fut un refuge cocovorien pour une trentaine de personnes au long de son existence, mais les maladies, la malnutrition et l'austérité quotidienne jouent contre elle[19]. August Engelhardt est retrouvé mort, sur une plage, le 6 mai 1919 et enterré au cimetière de l'île voisine de Mioko[20]. Wilhelm Bradtke, le dernier cocovorien de Kabakon, décède le 10 mai à l'hôpital de Bitalovo, près de Herbertshöhe. L'Ordre du Soleil n'a pas survécu au régime cocovorien. De son vivant, August Engelhardt, suscite la curiosité. Des voyageurs viennent se faire prendre en photo avec l'unique cocovorien et plusieurs journalistes, allemands ou étasuniens, viennent l'interviewer. En 2012, l'écrivain helvétique Christian Kracht publie le roman Imperium[21] dans lequel il suit le périple de Engelhardt et propose une fin alternative à la réalité, et en 2014, la nouvelle The Sun Is God[22] est édité par l'irlandais Adrian McKinty. Île PhoenixAu XIXème siècle, la France, un petit pays à l'extrême ouest du continent eurasiatique, se lance dans la colonisation de régions à travers le monde. L'argumentaire à cette expansion est une macédoine périmée de racisme, de pillages et de massacres qui sont masqués par des discours sur la "mission civilisatrice" de la France et sa nécessaire "grandeur". La France prend le contrôle de territoires sur tous les continents, du simple îlot à des régions bien plus grandes que la métropole. La méthode est diverse : achats de terres, conquêtes militaires ou envoi de populations françaises pour des projets de colonies de peuplement. Dans ce qu'elle nomme extrême-orient asiatique, la France s'installe progressivement sur le continent, au sud de la Chine, et sur quelques îles au large jusqu'aux îles Spratleys[23], dès la seconde moitié du siècle et en prend le contrôle militaire, administratif, politique et économique[24]. Elle forme l'Indochine française[25] administrativement divisée en cinq régions : Cochinchine, Cambodge, Amman, Tonkin et Laos. Les autorités coloniales déportent les hominines qui s'opposent à elles sur les îles de Poulo Condor, au large de la Cochinchine, où un bagne est construit en 1862[26]. Tout au long de la colonisation, l'Indochine est secouée par des mouvements de contestation[27] qui tentent d'obtenir l'indépendance. A l'issue de la sanglante guerre d'Indochine (1946 - 1954 ) qui oppose la puissance coloniale et les partisans de l'indépendance le Cambodge se proclame royaume en 1953 et le Laos en 1954. La Cochinchine, l'Amman et le Tonkin ne parviennent pas à s'unir pour former un Vietnam indépendant. La première devient en 1954 le Vietnam du Sud et les deux autres intègrent le Vietnam du Nord, l'une s'organise politiquement en république alors que la partie nord est sous la direction d'un parti communiste[28]. Le début d'une longue carrière pour un thème cher au cinéma, à la littérature, aux musiciens, aux paroliers, aux militants et autres chercheurs d'inspiration : la Guerre du Vietnam. Le début d'un long calvaire pour les populations d'hominines, mâles et femelles, qui sont impliqués volontairement ou malgré elleux dans ce violent conflit. Après des études de sciences dans une université française à la fin des années 1920, Nguyen Thanh Nam fonde en 1963 le "Royaume Noix de Coco" dans la province de Ben Tre, située dans l'ancienne Cochinchine maintenant sud-vietnamienne. Dans une macédoine des mythologies des bouddhiens et des christiens, il s'auto-proclame prêtre de sa nouvelle "Religion de la noix de coco", porte un crucifix[29] et s'habille comme un moine. Il prétend se nourrir depuis trois ans exclusivement de méditation et de ce fruit. Alors en pleine guerre du Vietnam, il s'installe sur l'île Phoenix (Con Phung en viet) sur le fleuve Mekong et y construit une pagode, un lieu de culte dédié à la noix de coco. Quarante hectares où les cocotiers vivent en liberté, un paradis de cocovoriens. Tolérée par les autorités sud-vietnamiennes qui la juge inoffensive la religion peut se développer sans soucis. Quelques milliers d'hominines, de tout genre, font leur cette nouvelle religion et reconnaissent en Nguyen Thanh Nam le "Prophète de la concorde". Surpris par son échec aux élections présidentielles de 1971, Sa majesté "Bateau de Coco" se persuade de ne plus se consacrer qu'à son culte. Il communique avec ses adeptes uniquement par écrit. Selon ses adeptes, il médite à côté d'un tas de noix de coco, en mange une fois par jour, ne boit que son lait et ne se lave qu'une fois par an pour l'anniversaire de Bouddha[30]. Rien d'autre[31]. Sa notoriété lui attire les sympathies d'autres excentriques. Par exemple le dernier en titre d'une lignée familiale qui s'acharne à nommer systématiquement leurs enfants mâles de manière identique, John Ernst Steinbeck quatrième du nom[32], fils de John Ernst Steinbeck III plus connu sous son nom de plume John Steinbeck et auteur d'un roman dont le titre est une évocation poétique évidentes des grappes du cocotier, Les Raisins de la colère. Un peu comme le choix de F. Merdjanov d'intituler "casse-noix" une entrée de son livre longuement consacré à rien.
Malgré les foudres guerrières du Vietnam du sud et de son allié étasunien, malgré les nombreux tests menés sur des hominines pour déterminer l'efficacité, ou non, du napalm pour lutter contre le communisme, les forces du nord prennent le contrôle de l'ensemble du territoire en 1975 et proclament la "République socialiste du Viêt Nam" sur le Tonkin, l'Annam et la Cochinchine. Moins sensible à l'aspect inoffensif, plus incisif contre l’excentricité, le nouveau pouvoir interdit le culte. L'inspiré de la noix de coco se fait discret. Nguyen Thanh Nam survit jusqu'en 1990 et meurt à l'âge de 81 ans. Même les gurus ont une fin. Celui que la protivophilie surnomme affectueusement "Inutilité du Coco", confirme ainsi que le régime cocovorien ne mène en rien à l'immortalité de l'hominine qui s'y adonne, contrairement à ce qu'en pensait August Engelhardt l'instant avant sa mort. Dans le cadre d'une étude biologique des hominines, une autopsie aurait sans doute été souhaitable comme cela se pratique très bien dans le cas d'arthropodes ou de bilatériens au comportements singuliers. Bougainville
L'arrivée à la fin du XIXème siècle de l'empire allemand sur l'archipel des îles Salomon vient concurrencer la présence britannique dans la région. L'archipel est finalement séparé en deux par les colonisateurs, les britanniques s'attribuant le sud et les allemands les îles Buka et Bougainville, ainsi que quelques îlots proches, au nord. En 1889, Buka et Bougainville sont incorporées à la Nouvelle-Guinée allemande. D'une superficie de 10000 km2, Bougainville est la plus grande des deux et la plus peuplée d'hominines. Ce nom exotique qui orne les plaques de rues en France en son honneur - et non en celui de l'île - est celui d'un navigateur français[35] qui longe à la fin juin 1768 l'île habitée par des hominines depuis plus de 30000 ans. Buka aussi est nommée ainsi par le choix du navigateur. Les populations d'hominines des deux îles partagent les mêmes modes de vie mais se différencient entre elles par des langues et des origines migratoires séparées[36]. La colonisation allemande s'intéresse aux cocotiers qui pullulent sur Bougainville pour fabriquer du coprah, un résidu de la chair de coco séchée au soleil utilisé dans la fabrication d'huile de coco. Des missionnaires christiens se chargent de la colonisation des esprits. Au début de la Première guerre mondiale la partie allemande de l'archipel des îles Salomon est occupée par les militaires australiens, comme le reste de la colonie de Nouvelle-Guinée, puis administrée par une autorité civile à partir de 1920. Les hominines de Buka et Bougainville sont alors estimés à environ 50000 individus - mâles et femelles. Les propriétaires allemands sont expropriés sans dédommagements et l'activité des cocoteraies est maintenue. Les exportations sont maintenant au bénéfice de l'Australie et des britanniques. Les employés dans les cocoteraies sont des "hominines locaux". Le nouveau colonisateur importe la scolarisation, la langue et ses habitudes de vie, via les administrateurs, les militaires, les ingénieurs, les ouvriers, les anthropologues[37] et les religieux. Bien malgré elleux, les hominines de Buka et Bougainville se retrouvent impliqués dans la Seconde guerre mondiale : l'occupation de tout l'archipel des îles Salomon par l'armée japonaise, les combats entre cette dernière et les australo-étasuniens, la résistance japonaise puis la "libération" par les Alliés et la mise sous tutelle internationale. Préférant se fonder sur les frontières coloniales plutôt que sur les réalités géographiques des hominines, le redécoupage administratif rattache Buka et Bougainville à la province australienne de Papouasie et Nouvelle-Guinée plutôt qu'à l'archipel des îles Salomon. Les lendemains de guerre sont une intensification de l'exploitation des richesses de Bougainville. Le cocotier n'est plus la seule source d'enrichissement depuis la découverte de gigantesques gisements de cuivre et la suspicion d'une présence d'or. Dès 1964, l'entreprise minière Bougainville Copper Limited (BCL)[38] entreprend des travaux à Panguna, dans le centre de l'île, en vue d'extraire le cuivre. Les contestations contre les projets de BCL et les expropriations de terre se doublent de protestations pour plus d'autonomie au sein de la PNG ou le rattachement aux îles Salomon[39]. L'association des Mungkas (Peaux noires)[40]est créée en 1968 dans le but de lutter contre la colonisation progressive par les travailleurs des cocoteraies, de plus en plus originaires de Papouasie-Nouvelle-Guinée, et l'obtention de meilleures conditions sociales. Napidakoe Navitu, la première organisation politique à réclamer des compensations pour les expropriations et la tenue d'un référendum d'indépendance, voit le jour en 1969 et une manifestation rassemble environ 2000 hominines en juillet[41]. Navitu signifie "unité" dans la langue nasioi et Napidakoe l'acronyme de noms de groupes sociaux et linguistiques d'hominines de l'île : Nasioi, Pirung, Damara, Koromira et Evo. Il s'implante dans le centre de l'île mais, rapidement, il entre en conflit avec des hominines du sud et du nord. Les divisions entre les différentes partie de l'île reflètent tout autant les divergences d'intérêts, les oppositions historiques que le degré d'implantation de courants christiens parmi les populations. La mine de Panguna est ouverte en 1969. Elle est la plus vaste mine de cuivre à ciel ouvert du monde. Malgré les critiques internationales[42] et les oppositions locales, l'extraction commence en 1972. Alors en pleine négociations avec l'Australie pour obtenir plus d'indépendance, la province de Papouasie et Nouvelle-Guinée tente de trouver un arrangement avec Bougainville qui réclame aussi plus d'autonomie en son sein. En 1973, la province australienne obtient un nouveau statut qui doit la mener à l'indépendance. Face à l'échec d'un compromis entre les autorités de la future Papouasie-Nouvelle-Guinée et les instances mises en place à Bougainville, ces dernières proclament l'indépendance le 1er septembre 1975 de la "République des Salomon du Nord", deux semaines avant l'accession à l'indépendance de la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Un accord est finalement trouvé, et Bougainville réintègre le 9 août 1976 la Papouasie-Nouvelle-Guinée dans un cadre plus décentralisé sous le nom de "Province des Salomon du Nord". Idem pour Buka et les îlots. La capitale provinciale est fixée à Arawa dans le sud-est de Bougainville. A la charnière des années 1970 et 1980, les tensions sont de plus en plus nombreuses entre les hominines de la région de Panguna et les autorités minières. Celles-ci refusent d'entendre la colère engendrée par les pollutions, la déforestation et les spoliations ou par le mécontentement des hominines de Bougainville employés dans les mines pour des salaires misérables et dans des conditions de travail déplorables. En 1978, l'Association des propriétaires terriens de Panguna regroupe des mécontents qui réclament des indemnisations auprès de BCL, une meilleure répartition des bénéfices tirés de l'extraction et une diminution de l'emploi d'hominines venus de Papouasie[43]. Sans succès. En moins de dix ans, l'association se radicalise et en mai 1987, les occupations de locaux et les manifestations contre BCL se multiplient. Les protestataires exigent la moitié des bénéfices réalisés depuis 1969. Blocages de routes et sit-in ne suffisent pas, et la seule réponse est policière.
En novembre 1988, un vol d'explosif sur un chantier de la mine de Panguna est l'acte fondateur de l'Armée Révolutionnaire de Bougainville, plutôt connue sous ses initiales anglaises de BRA. Ce nouveau groupe réalise une série de sabotages contre BCL, attaquant les chantiers et les locaux, détruisant pylônes et transformateurs[45]. La BRA se compose alors de quelques propriétaires spoliés et d'anciens travailleurs de la mine. Face à la multiplications des actions, la Papouasie-Nouvelle-Guinée instaure un couvre-feu dès janvier 1989. Mais la mine de Panguna est indéfendable et BCL décide de sa fermeture le 15 mai ainsi que du retour des ouvriers papouasiens. L'envoi de quelques militaires ne suffit pas à venir à bout de la BRA qui se retranche dans les forêts et les montagnes. Les accrochages sont parfois meurtriers et les représailles contre la population sont courantes. En mars 1990, devant son échec, la Papouasie-Nouvelle-Guinée décide de retirer ses troupes de Bougainville et d'instaurer un blocus total de l'île. En réaction, l'Armée révolutionnaire de Bougainville proclame l'indépendance de l'île en mai sous le nom de "République de Me'ekamui"[46]. Le blocus maritime vise à affaiblir la guérilla de la BRA et retourner les populations contre elle. L'importation de nourriture est stoppée et l'activité économique est très ralentie. Avec l'aide logistique de l'Australie, la Papouasie dépêche des militaires de sa propre armée mais tente aussi d'envoyer des groupes de mercenaires. Pour autant, malgré les escarmouches, les guérilleros de la BRA restent insaisissables. Leur armement se compose de vieilles armes abandonnées lors des combats entre japonais et australo-étasuniens quarante cinq ans plus tôt. Lorsqu'ils ne sont pas traqués par des militaires, ils installent des bases pérennes dans des zones isolées. Ils aspirent à l'autonomie maximum et, pour cela, recyclent les matériaux de chantier, fabriquent leurs propres armes, cultivent des potagers et exploitent toutes les ressources du cocotier. Que cela soit dans les cocoteraies ou en liberté, les cocotiers sont une ressource omniprésente sur l'île, la seule accessible sans effort et sans risque. Le cocotier est utilisé pour ses aspects alimentaires, cosmétiques ou médicinaux, pour son huile et son carburant, pour les produits dérivés de la coque et des fibres du fruit, etc. Consciente de la réalité biologique des hominines, la BRA ne prône pas de régime strictement cocovorien. Elle optimise et fait de la noix de coco un élément central de sa survie, la "Révolution des noix de coco"[47].
Parfois des accrochages opposent la BRA à d'autres groupes d'hominines qui refusent ses choix politiques. Le Front de Résistance de Bougainville (BRF) est favorable au maintien de l'île au sein de l'État papouasien. Plusieurs tentatives d'accords de paix restent sans lendemain. En octobre 1990, le Front de Libération de Buka accepte un accord, dépose les armes et autorise le retour des militaires. En réponse à l'aide australienne, les Salomon permettent aux guérilleros de la BRA d'établir des bases arrières sur les îles Shortland, à l'extrême nord de l'archipel des îles Salomon, au sud de Bougainville, ou à ouvrir des bureaux dans la capitale des Salomon. Les exactions des (para)militaires ne sont pas rares contre les populations locales d'hominines qui souffrent déjà du blocus[49] et qui s'appauvrissent toujours plus lorsque des villages sont pillés ou le bétail abattu[50]. Fin 1992 la BRA est contrainte de reculer face à l'offensive papouasienne et Arawa, la capitale de la "République de Me'ekamui", tombe en février 1993[51]. L'armée papouasienne n'hésite pas à utiliser des hélicoptères pour mener des attaques aériennes, tuant indistinctement des guérilleros ou des populations civiles. Le site de la mine de Panguna est repris par les militaires en août 1994. Affaiblie, la BRA accepte en septembre le cessez-le-feu proposé par le nouveau président papouasien. Des discussions sont entamées et l'idée d'une force de maintien de la paix évoquée, mais les divergences sont grandes entre les partisans d'une continuation de la guérilla et ceux qui acceptent de déposer les armes et de siéger dans un futur gouvernement provisoire. La participation en mars 1995 de certains membres de la BRA à un tel accord de paix entérine la séparation avec la branche réticente à la paix sans départ immédiat des militaires. La guerre entre la BRA et l'armée papouasienne reprend à partir de 1996. Les bases des îles Shortland, situées en territoire salomonais, sont attaquées. Des affrontements sporadiques opposent des militaires salomonais à des papouasiens. Les aspirations de Bougainville se propagent aux Shortland dont une partie de la population réclame son rattachement à Bougainville dans le cas où elle parvient à être indépendante. Début 1997 l'exaspération papouasienne est à son comble. La persistance de quelques centaines de combattants de la BRA empêche la réouverture de la mine de Panguna dont l'exploitation représentait - avant fermeture - 45% du total des exportations et plus de 17% du revenu du pays. Un contrat de plus de trente millions de dollars est signé discrètement avec une société de sécurité privée sud-africaine, Executive Outcom, pour l'envoi d'une troupe de mercenaires pour débusquer et réduire définitivement les guérilleros de l'Armée révolutionnaire de Bougainville. Mais le projet est dévoilé et finalement annulé par le gouvernement qui change alors de tactique. La levée du blocus, un appel au cessez-le-feu, la démilitarisation et la création d'une force de paix indépendante sont proposés. En premier accord est signé en janvier 1998 et entraîne un cessez-le-feu en mai. Une partie de la BRA accepte de déposer les armes à la condition que la possibilité d'une indépendance future soit inscrite dans l'accord final[52]. La situation politique est périlleuse pour la Papouasie-Nouvelle-Guinée et les Salomon car toutes deux sont confrontées à des tentatives de sécession de certaines autres de leurs régions. Dans l'une, la Nouvelle-Irlande et la Nouvelle-Bretagne réclament la création d'une "République fédérée mélanésienne autoproclamée"[53], et aux Salomon ce sont les îles Shortland qui veulent leur rattachement à Bougainville ou l'Armée Révolutionnaire de Guadalcanal qui cherche l'indépendance de cette île[54]. Après plusieurs médiations, en août 2001 à Arawa, la BRA, le BRF et le pouvoir papouasien parviennent à s'entendre. Deux ans plus tard, environ 85% des 1800 armes de la BRA sont collectées. Le conflit a causé la mort de plus de 20000 morts depuis 1989 - environ 10% de la population de l'île - et quelques milliers de déplacés, essentiellement vers les îles Salomon.L'un des leader historique de la BRA, Francis Ona, rejette les accords de paix. Il proclame en 2004 le royaume de Me'ekamui sur les territoires qu'il contrôle dans le centre de Bougainville et est intronisé sous le nom de Roi Francis Dominic Dateransy Domanaa[55]. Il meurt de la malaria en juillet 2005. Son successeur est à la tête d'une force militaire de 500 combattants, les Forces de Défense de Me'ekamu. Le refus de la paix n'étant pas du goût de ceux qui ont déposer les armes, des anciens de la BRA et du BRF forment les Combattants de la Liberté de Bougainville (Bougainville Freedom Fighters - BFF) et s'affrontent avec les récalcitrants. De nouvelles institutions sont mises en place à la suite de la signature des accords. A l'issue d'élections en 2005 remportées par Joseph Kabui, un ancien de la BRA, un gouvernement local est composé, disposant d'une autonomie renforcée, de pouvoirs de police et d'une redistribution partielle des revenus des ressources de la province de Bougainville. Le ralliement à la paix et le désarmement des cellules de la BRA encore actives est au centre de la politique du gouvernement autonome de Bougainville. Une nouvelle élection est organisée en 2008, après la mort prématuré de Joseph Kabui, et James Tanis, un ancien de la BRA, est élu. Mais il n'est pas reconduit dans son mandat lors du scrutin de 2010 qui déclare gagnant John Momis, un ancien dirigeant de l'éphémère "République des Salomon du Nord" puis ambassadeur de la Papouasie-Nouvelle-Guinée en Chine qui n'a jamais participé aux activités de la BRA. Celui-ci est réélu en 2015 pour cinq années. Maintenant que Bougainville Copper Limited (BCL)[38] a cédé 68% de ses parts au profit du gouvernement local, la réouverture de la mine de Panguna est de nouveau évoquée. Quelques soient leurs différences politiques, la majorité des organisations politique de Bougainville visent à l'indépendance à court terme de l'île. En décembre 2019, lors du référendum sur cette indépendance prévu par les accords de paix, le "oui" remporte 98% des suffrages exprimés sur les 85% des 200000 hominines inscrits[56]. Pour autant Bougainville n'est pas encore un État indépendant et ce processus politique n'est qu'une première étape. Dans les années à venir, Bougainville sera sûrement, si l'on fait abstraction de ses spécificités, une réalité au même titre que la Macédoine par exemple.
Los AngelesPour des raisons climatiques, le cocotier n'est pas parvenu seul à s'implanter dans la partie sud du continent nord-américain. Les hominines ont alors opéré une double introduction. L'une symbolique, par le bowling, l'autre par l'importation et la consommation quotidienne du fruit et ses dérivés. Nul ne peut nier l'évidente ressemblance entre le fruit décortiqué du cocotier et une boule de bowling, ni la forte implantation de ce jeu de quilles parmi la population étasunienne d'hominines - mâles et femelles. Depuis plusieurs siècles, les États-Unis œuvrent à la diffusion sur leur propre territoire de ce jeu familial et à une réglementation unifiée et codifiée. Même si le bowling s'est exporté à travers le monde, il reste une occupation phare dans son pays de naissance. Le très beau documentaire The Big Lebowski, réalisé en 1998 par Joel et Ethan Coen, retrace de manière décalée les plus émouvants moments de l'histoire du bowling dans les États-Unis contemporains. Sur fond de guerre du Vietnam, de cocos en résine, d'absence d'espoir et de marijuana (pas en résine), il suit une bande de désœuvrés à Los Angeles dont l'unique but dans l'existence est d'être proclamé "Roi des boules". L'un d'eux, Jésus, pense pouvoir les surpasser tous et ainsi incarner la réussite, le self-made-man. Pour cela il met en place de longs rituels, fait de gestes, de danses et d'incantations et arbore un costume violet de super-héros étasunien[58], mais il est éliminé en demi-finale. Ce sont les "bons à rien" qui la remporte, l'équipe de Jeff Lebowski. Par son échec, et contrairement à son illustre et fictif homonyme, Jésus ne sera pas à l'origine de farfelues croyances[59]. Jeff Lebowski aka Le Duc, oui. La magie hollywoodienne exporte ainsi un nouveau culte cocovorien. Post-moderne et en résine selon les Cocos Studies.
NiceBien que Nice ne soit pas dans une zone tropicale, nécessaire à l'implantation du cocotier, la protivophilie suppose que F. Merdjanov ait eu connaissance de son existence. Rien ne l'indique explicitement dans Analectes de rien, sa principale œuvre, mais il est possible de dater avec certitude ce fait marquant d'après 1970, son année de naissance. Ses biographes laissent penser régulièrement que des tags "Rien" ou "ACAB" qui pullulent sur les mûrs de Nice, et de France, puissent lui être attribués[61] sans jamais parvenir à s'entendre sur leurs sens exacts. Les pistes protivophiles explorées sont nombreuses et les interprétations diverses. La seule se rapportant le plus au cocotier est celle concernant les Spratleys et la lutte, à Nice, contre la présence d'hominines sur ces îlots à cocotier : All Cayes Are Beautiful[62] Néanmoins, la protivophilie reste prudente car les sens possibles à donner à ACAB sont un vaste champ de l'activité intellectuelle des hominines. Les intentions divergent et les contre-sens sont omniprésents. Dans ses études menées sur ce thème, la protivophilie s'acharne à distinguer deux catégories, celle qui regroupe les ACAB compatibles avec elle, et celle qui affirme des choses indémontrables ou fausses. Des phénomènes actuels dans le domaine de l'alimentation incitent de plus en plus d'hominines à pratiquer une cuisine différente. Les régimes alimentaires sont adaptés et varient selon les approches : végan, végétarien, végétalien, freegan, crudivore, paléo, frugivore, omnivore, etc. Mais penser que "All Cocovorians Are Beautiful" revient à insinuer que le régime strictement cocovorien est compatible avec la biologie des hominines alors qu'il n'en est rien. De plus cette acceptation d'ACAB tend à mélanger des expériences et des époques que peu de choses lient, si ce n'est le cocotier. L'utopisme de Kabakon, le mysticisme de Phoenix, la révolte de Bougainville et l'imaginaire de Los Angeles ont bien peu à voir ensemble. L'amalgame les insulte. Tout comme "All Coconuts Are Bowling" introduit une proximité entre les deux boules qui alimente une suspicion de "réappropriation culturelle"[6] et insulte de fait les hominines - mâles et femelles - pratiquant cette activité. Pour la protivophilie, hormis l'historique et intemporel "All Cops Are Bastard" qui ne s'encombre jamais de géographie, "All Cocovorians Are Bilaterians" [64] est plus satisfaisant pour le domaine des Cocos Studies et peut être aisément démontré par les sciences classiques. Pour autant cela préjuge des connaissances des hominines sur le vivant. S'il fallait faire un choix qui sert à rien, pour montrer que l'on peux avec un simple cocotier vomir sa haine de la religion et des utopies, éructer une digestion nauséabonde à la face des touristes, s'insurger contre l'omniprésence néfaste des hominines sur le moindre îlot ou ses prétentions à dominer ses semblables, la protivophilie opterait sans doute pour "All Coconuts Are Bombs".Malgré l'acharnement de la protivophilie à débusquer la moindre information sur F. Merdjanov, aucune donnée n'est pour l'instant disponible sur l'histoire de l'implantation du bowling dans la ville de Nice. Rien sur une hypothétique pratique. Galerie
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