Pain de mie : Différence entre versions
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La science du pain, la panique<ref>Du latin ''panis'', "pain". Construit sur le modèle de ''panifiable'', ''panification'', ''panifier'', ''panière'', etc. Selon le ''Trésor de la langue française'' - [https://www.cnrtl.fr/definition/pain En ligne]. D'origine grecque, le terme ''panique'' est une référence au dieu Pan qui, par les bruits qu'il produit, effraye les hominines et provoque chez elleux une peur panique - [https://www.cnrtl.fr/definition/panique En ligne]</ref>, même si elle est très diverse dans ses approches considère que la base du pain est un mélange pétri de farine et d'eau, dont la pâte obtenue est ensuite cuite. Les choix des farines utilisées divergent et les méthodes de cuisson sont multiples. Les hominines qui n'ajoutent rien d'autre comme ingrédient font ce que l'on appelle le ''pain azyme'', les autres mettent des levures ou des levains pour obtenir une fermentation maîtrisée de la pâte et la faire gonfler. Ce sont les pains à ''pâte levée''. Ces derniers nécessitent l'emploi de farines particulières issues de céréales riches en gluten<ref>Le gluten, constitué de protéines de céréales, se forme lors du mélange de la farine avec l'eau et dont le pétrissage créé une pâte collante. Ce gluten — du latin ''gluten'', "colle" — donne le moelleux de la mie après cuisson.</ref>, tel le blé, le seigle ou l'épeautre. L'utilisation de pain est une chose très répandue chez les hominines du monde entier et les plus anciennes traces archéologiques datent d'environ 12000 ans avant JC<sup>Ⓒ</sup><ref>Malgré ce que prétendent ses adeptes, JC<sup>Ⓒ</sup> n'est pas une nouvelle marque de pain distribué gratuitement, ni un apprenti-boulanger et encore moins un être vivant dont le corps est fait de pain. Il est juste un ingrédient de la panique, un liant du pouvoir.</ref>. La base de la [[Macédoine de légumes|macédoine culinaire]] — c'est à dire le mélange de plusieurs ingrédients — se retrouve dans la recette du pain mais elle s'en éloigne car elle préconise une cuisson. Le mélange entre un liquide et une céréale s'appelle une ''bouillie''. Le liquide sert alors soit à gorger la céréale, soit à la cuire, mais dans les deux cas le résultat reste sous forme liquide ou molle. Il ne s'agit pas de pain car celui-ci contient plus de farine que de liquide, et non l'inverse. | La science du pain, la panique<ref>Du latin ''panis'', "pain". Construit sur le modèle de ''panifiable'', ''panification'', ''panifier'', ''panière'', etc. Selon le ''Trésor de la langue française'' - [https://www.cnrtl.fr/definition/pain En ligne]. D'origine grecque, le terme ''panique'' est une référence au dieu Pan qui, par les bruits qu'il produit, effraye les hominines et provoque chez elleux une peur panique - [https://www.cnrtl.fr/definition/panique En ligne]</ref>, même si elle est très diverse dans ses approches considère que la base du pain est un mélange pétri de farine et d'eau, dont la pâte obtenue est ensuite cuite. Les choix des farines utilisées divergent et les méthodes de cuisson sont multiples. Les hominines qui n'ajoutent rien d'autre comme ingrédient font ce que l'on appelle le ''pain azyme'', les autres mettent des levures ou des levains pour obtenir une fermentation maîtrisée de la pâte et la faire gonfler. Ce sont les pains à ''pâte levée''. Ces derniers nécessitent l'emploi de farines particulières issues de céréales riches en gluten<ref>Le gluten, constitué de protéines de céréales, se forme lors du mélange de la farine avec l'eau et dont le pétrissage créé une pâte collante. Ce gluten — du latin ''gluten'', "colle" — donne le moelleux de la mie après cuisson.</ref>, tel le blé, le seigle ou l'épeautre. L'utilisation de pain est une chose très répandue chez les hominines du monde entier et les plus anciennes traces archéologiques datent d'environ 12000 ans avant JC<sup>Ⓒ</sup><ref>Malgré ce que prétendent ses adeptes, JC<sup>Ⓒ</sup> n'est pas une nouvelle marque de pain distribué gratuitement, ni un apprenti-boulanger et encore moins un être vivant dont le corps est fait de pain. Il est juste un ingrédient de la panique, un liant du pouvoir.</ref>. La base de la [[Macédoine de légumes|macédoine culinaire]] — c'est à dire le mélange de plusieurs ingrédients — se retrouve dans la recette du pain mais elle s'en éloigne car elle préconise une cuisson. Le mélange entre un liquide et une céréale s'appelle une ''bouillie''. Le liquide sert alors soit à gorger la céréale, soit à la cuire, mais dans les deux cas le résultat reste sous forme liquide ou molle. Il ne s'agit pas de pain car celui-ci contient plus de farine que de liquide, et non l'inverse. | ||
− | [[Fichier:Panikbase.jpg|300px|vignette|droite|Manque de pain & crise de panique]]Partout où elle s'est implantée, la culture panique a fait de cet aliment la base de l'alimentation des hominines. Soit le pain est un simple accompagnement du reste du repas, soit il en est le composant principal auquel on ajoute les autres éléments du menu. Il est omniprésent. Quelques soit la recette, la fabrication du pain est facile à mettre en œuvre. Les céréales se trouvent à l'état sauvage ou sont cultivées, et l'eau est un élément essentiel aux hominines dont illes ne peuvent se passer plus de quelques jours. Les techniques d'exploitation agricole et de préparations de farines vont se diversifier au fil des siècles de l'histoire des hominines. Certaines vont se complexifier, d'autres vont restées sommaires. Du moulin au pilon. Mais la culture panique n'est pas une entité autonome, elle se développe dans les contextes particuliers des sociétés d'hominines. Malgré leurs singularités, toutes ces sociétés peuvent être décrites comme des structures sociales qui visent à maintenir une inégalité entre les hominines qui les composent. En cela, elles se différencient peu. Les moyens et les discours pour justifier cet état de fait sont innombrables. De ce fait, la culture panique s’entremêle à ces systèmes inégalitaires et coercitifs. Si le pain devient un aliment populaire, il est aussi consommé par les notables. Ce qui fait la différence est le type de céréales employées et la qualité de leurs farines, ou bien alors les recettes choisies par les plus pauvres ajoutent d'autres farines dont on ne peut faire du pain avec. Au pire, illes leur restent les [[Analecte|miettes]]. | + | [[Fichier:Panikbase.jpg|300px|vignette|droite|Manque de pain & crise de panique]]Partout où elle s'est implantée, la culture panique a fait de cet aliment la base de l'alimentation des hominines. Soit le pain est un simple accompagnement du reste du repas, soit il en est le composant principal auquel on ajoute les autres éléments du menu. Il est omniprésent. Quelques soit la recette, la fabrication du pain est facile à mettre en œuvre. Les céréales se trouvent à l'état sauvage ou sont cultivées, et l'eau est un élément essentiel aux hominines dont illes ne peuvent se passer plus de quelques jours. Les techniques d'exploitation agricole et de préparations de farines vont se diversifier au fil des siècles de l'histoire des hominines. Certaines vont se complexifier, d'autres vont restées sommaires. Du moulin au pilon. Mais la culture panique n'est pas une entité autonome, elle se développe dans les contextes particuliers des sociétés d'hominines. Malgré leurs singularités, toutes ces sociétés peuvent être décrites comme des structures sociales qui visent à maintenir une inégalité entre les hominines qui les composent. En cela, elles se différencient peu. Les moyens et les discours pour justifier cet état de fait sont innombrables. De ce fait, la culture panique s’entremêle à ces systèmes inégalitaires et coercitifs<ref>James C. Scott, ''Homo Domesticus. Une histoire profonde des premiers États'', La Découverte, 2018</ref>. Si le pain devient un aliment populaire, il est aussi consommé par les notables. Ce qui fait la différence est le type de céréales employées et la qualité de leurs farines, ou bien alors les recettes choisies par les plus pauvres ajoutent d'autres farines dont on ne peut faire du pain avec. Au pire, illes leur restent les [[Analecte|miettes]]. |
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Version du 1 novembre 2020 à 14:30
Pain de mie. Élément culinaire populaire, héritier lointain de la macédoine.
SommairePanique de baseLa science du pain, la panique[1], même si elle est très diverse dans ses approches considère que la base du pain est un mélange pétri de farine et d'eau, dont la pâte obtenue est ensuite cuite. Les choix des farines utilisées divergent et les méthodes de cuisson sont multiples. Les hominines qui n'ajoutent rien d'autre comme ingrédient font ce que l'on appelle le pain azyme, les autres mettent des levures ou des levains pour obtenir une fermentation maîtrisée de la pâte et la faire gonfler. Ce sont les pains à pâte levée. Ces derniers nécessitent l'emploi de farines particulières issues de céréales riches en gluten[2], tel le blé, le seigle ou l'épeautre. L'utilisation de pain est une chose très répandue chez les hominines du monde entier et les plus anciennes traces archéologiques datent d'environ 12000 ans avant JCⒸ[3]. La base de la macédoine culinaire — c'est à dire le mélange de plusieurs ingrédients — se retrouve dans la recette du pain mais elle s'en éloigne car elle préconise une cuisson. Le mélange entre un liquide et une céréale s'appelle une bouillie. Le liquide sert alors soit à gorger la céréale, soit à la cuire, mais dans les deux cas le résultat reste sous forme liquide ou molle. Il ne s'agit pas de pain car celui-ci contient plus de farine que de liquide, et non l'inverse. Partout où elle s'est implantée, la culture panique a fait de cet aliment la base de l'alimentation des hominines. Soit le pain est un simple accompagnement du reste du repas, soit il en est le composant principal auquel on ajoute les autres éléments du menu. Il est omniprésent. Quelques soit la recette, la fabrication du pain est facile à mettre en œuvre. Les céréales se trouvent à l'état sauvage ou sont cultivées, et l'eau est un élément essentiel aux hominines dont illes ne peuvent se passer plus de quelques jours. Les techniques d'exploitation agricole et de préparations de farines vont se diversifier au fil des siècles de l'histoire des hominines. Certaines vont se complexifier, d'autres vont restées sommaires. Du moulin au pilon. Mais la culture panique n'est pas une entité autonome, elle se développe dans les contextes particuliers des sociétés d'hominines. Malgré leurs singularités, toutes ces sociétés peuvent être décrites comme des structures sociales qui visent à maintenir une inégalité entre les hominines qui les composent. En cela, elles se différencient peu. Les moyens et les discours pour justifier cet état de fait sont innombrables. De ce fait, la culture panique s’entremêle à ces systèmes inégalitaires et coercitifs[4]. Si le pain devient un aliment populaire, il est aussi consommé par les notables. Ce qui fait la différence est le type de céréales employées et la qualité de leurs farines, ou bien alors les recettes choisies par les plus pauvres ajoutent d'autres farines dont on ne peut faire du pain avec. Au pire, illes leur restent les miettes.
L'aspect incontournable du pain dans les régimes alimentaires d'une partie des hominines en fait un point de fixation, social, politique et religieux. Il cristallise les tensions sociales lorsqu'il manque, il est un outil de contrôle politique et un symbole détourné par les mythologies. Historiquement, l'absence de pain ou sa qualité médiocre sont des déclencheurs de nombreuses révoltes populaires, et l'organisation de sa fabrication, de sa distribution et de sa taxation sont des enjeux politiques majeurs pour les autorités politiques. Les mythologies moïsiennes et christiennes ont placé le pain azyme au centre de leurs rituels. Pour les premières, il symbolise une antique période de dèche[6], pour les secondes il représente le corps de Jésus aka ChristⒸ sublimé sous la forme d'une hostie. Pour les moïsiennes il s'agit d'une invention historique, pour les christiennes d'une arnaque[7]. Ces dernières affirment même — sans rire — que leur messie Jésus avait la faculté de multiplier les pains pour les distribuer aux nécessiteux. Pour la protivophilie aussi le pain représente un élément indispensable à ce qu'elle est. Non pas pour les impératifs alimentaires d'un quelconque bilatérien[8] mais pour sa symbolique et particulièrement lorsque celui-ci manque. En effet, les miettes sont au cœur de l'œuvre principale de F. Merdjanov, Analectes de rien[9]. Le terme analecte désigne l'action de ramasser les miettes, de collecter de petits fragments, prenant ainsi le sens de anthologie, mais il renvoie aussi à son sens ancien de esclave lorsque les analectes romains étaient les esclaves autorisés à se nourrir des restes de repas de leurs maîtres. Les émeutes du pain sont un ingrédient incontournable de la guerre sociale que se livrent celleux qui ont et celleux qui n'ont rien. Dans une bouche révolutionnaire "Qui a du fer a du pain"[10] est un vrai programme et "Pain et Liberté"[11] un cri de révolte. Pain de mieDans ce petit pays de l'extrême ouest européen — la France — qui abrite le hameau de Rien et la ville de Nice, qui a vu naître Albertine Hottin et F. Merdjanov, une mythologie gastronomique s'est mise en place au XIXème siècle autour du pain. Dans le roman national qui se construit, le pain devient un aliment essentiel de la "gastronomie française", très populaire. L'histoire de la consommation de pain en France s'inscrit dans un long processus historique au cours duquel les pouvoirs politiques successifs ont tenté d'encadrer sa fabrication et ont instauré des règles et des taxes afin de minimiser l'autonomie des hominines dans ce domaine. La production de céréales, la fabrication de farines et leur vente, ainsi que les fours sont soumis à l'impôt. Au XIème siècle l'autorité royale supprime officiellement les fours publics, mais ceux-ci perdurent dans de nombreux villages. Être boulanger[12] devient un métier autorisé par seul décret royal. La boulangerie française se structure doucement, cherchant encore un slogan accrocheur.
Les législations qui se mettent en place prévoient à partir du XIVème siècle différentes qualités de pain à des prix différents. Les moins chers et de moindre qualité pour les plus pauvres et les autres pour les plus riches. Un schéma assez classique dans l'ensemble des sociétés paniques, et plus largement dans les sociétés d'hominines. Lorsque les récoltes sont trop faibles elles sont réservées aux riches hominines et les autres se nourrissent alors de pain fait avec d'autres ingrédients que le seul blé, pauvres en apports nutritionnels. De l'écorce d'arbre à la farine de gland, de la paille à la fougère. L'utilisation de farine de seigle est aussi responsable de nombreuses morts et a provoqué plusieurs révoltes car un champignon, proche du LSD actuel, s'y développe parfois et fait perdre pied à celleux qui ne comprennent pas ce qui arrive ! Le manque de pain et sa mauvaise qualité sont au cœur des revendications sociales des hominines auprès de leurs dirigeants. Si ces derniers se repaissent de bon pain, dont illes font un mets savoureux qui accompagne leurs repas, les hominines des basses classes sociales se contentent de la croûte. Dans les pratiques linguistiques populaires, le terme de croûte[14] est d'ailleurs utilisé au sens de repas. Croûter est synonyme de manger et "gagner sa croûte" désigne le fait de travailler durement pour avoir juste de quoi se nourrir. L'expression "casser la croûte" sous-entend quand à elle que le pain n'est pas seulement fait de croûte mais aussi de sa mie intérieure, et qu'il ne s'agit donc pas d'un moment de disette. Quand au casse-croûte il conserve un aspect frugal. En parallèle de ces pains de misère, de nombreuses recettes apparaissent en France. Le pain s'enrichit de beurre ou de lait par exemple, et ce nouveau "pain de festin" ou "pain de la reine"[15] ravie la noblesse qui laisse au "bas peuple" le pain noir. La croûte, associée à la misère, est délaissée au profit de la mie qui devient de plus en plus onctueuse. Parfois légèrement sucrée. Le "pain de festin" n'a qu'une très fine croûte. Ces différences de goût et de qualité ne font pas de la noblesse et de la populace des copains[16]. Loin de là. Même s'il est impossible de retracer les circonstances exactes qui menèrent au renversement de la royauté française en 1789, le manque de pain et la médiocrité de sa qualité en sont un des moteurs. La colère est grande contre le royal boulanger. Finalement, le boulanger en chef et sa femme sont envoyés se faire trancher à la guillotine. Le jeune prince héritier meure quand à lui quelques années plus tard dans les geôles révolutionnaires, rongé par les mauvaises conditions de détention et la maladie. Dès lors, la panique française s'exporte outre-Manche au Royaume-Uni où elle se pétrie de panique britannique. Les illusions nées de la "révolution française" n'apportent pas le pain escompté, le pouvoir politique est redistribué mais pas les richesses. En 1800, un boulanger britannique a l'idée de fait cuire au four l'équivalent du "pain de la reine" dans un moule et obtient un pain à la mie moelleuse et à la croûte souple, entre pain et brioche : le pain de mie. La panique s'adapte très bien à la nouvelle donne politique, que ce soit en France républicaine ou sous la royauté britannique. Les soubresauts politiques et économiques du début du XIXème siècle ne changent rien à la situation de la plupart des hominines qui continuent à manquer de pain, à devoir gagner leur croûte. Que ce soient pour celleux qui s'en gavent ou celleux qui en manquent le constat est unanime, comme le résume très bien le quatrième volume de la Boulangerie Française, paru en 2020, à travers le titre de l'un de ses chapitres :
Panique industrielleDepuis le 92 — 1792 ? — la remise en ordre est affirmée par celleux qui se pensent maintenant aux rênes du pouvoir et la panique reste une arme de gouvernement des hominines. L'illusion d'une transformation sociale doit s'accompagner de l'illusion d'une meilleure répartition. L'invention du ramasse-miettes moderne, l'analecte du rien, selon l'archiduc Élie "Booba" Yaffa :
Les nouvelles techniques de fabrication de farine et de méthodes de cuisson au four, ainsi que la mécanisation du pétrissage, ont des implications importantes dans la panique tout au long des XIX et XXème siècles. Les farines perdent en qualité nutritive mais sont mieux adaptées à la production industrielle et les levures assurent un meilleur rendement : les hominines ont désormais accès plus facilement à du pain frais. La croûte s'assouplit et la mie s'appauvrit. Casse-croûte n'est plus simplement synonyme d'"instrument qui sert à broyer la croûte pour les vieillards qui n'ont pas de dents", selon le Littré, mais désigne dorénavant le casse-croûte dans le sens de "repas léger". Dans ce mot-valise se dissimule la frugalité d'un tel repas, essentiellement composé de ce nouveau pain légèrement agrémenté d'autres aliments. L'artisan pétrisseur Guy Debord, connu pour sa formule palindromique[20] du pétrissage "In girum imus nocte et consumimur igni" (Nous tournons en rond dans la nuit et nous sommes dévorés par le feu)[21], résume ainsi la panique industrielle :
Pain de mieⒸLe pain de mie n'échappe pas à la panique moderne et industrielle. L'invention de la trancheuse et d'ensachage mécanique de pain en 1927 aux États-Unis d'Amérique permet à l'entreprise Wonder Bread de commercialiser dès 1930 son pain de mie industriel, tranché et en sachet plastique. Ce pain de mie industriel est utilisé tel quel ou toasté pour réaliser ce que les hominines anglophones nomment des sandwichs. En France son équivalent, le casse-croûte, est plutôt fait de pain blanc ordinaire et son utilisation toastée se fait dans le croque monsieur[23]. Ce dernier se compose de deux tranches de pain de mie toastées entre lesquelles une tranche de jambon et du fromage sont glissés et chauffés, une façon chic et bourgeoise de s'offrir un casse-croûte à la terrasse d'une brasserie ou au restaurant d'un hôtel[24]. La panique populaire est source de romantisme, surtout pour celleux pour qui le casse-croûte est une friandise. Le pain de mie industriel est importé en France au cours de la "Seconde guerre mondiale", complément alimentaire indispensable à la ration des soldats étasuniens. La première usine de fabrication, selon une recette britannique, est inaugurée en 1959 dans la région parisienne par l'entreprise Jacquet[25]. Le pain de mie industriel est un succès commercial. En France, il est un concurrent sérieux au pain blanc classique de type baguette. Des additifs chimiques sont ajoutés aux recettes "traditionnelles" afin d'améliorer la conservation et la densité de la mie est retravaillée grâce à l'apport de gluten, en sus de celui naturellement contenu dans les farines utilisées, et des levures chimiques. Le produit fini est riche en sucres et en gras, et son apport nutritionnel est jugé néfaste dans le cadre d'une alimentation quotidienne[26]. Le pain de mie ne fait pas de miettes, la panique n'a pas changé de camp.
L'illusion industrielle est finalisée dans le début du XXIème siècle. Afin de faire oublier les cicatrices croûteuses qui jalonnent la douloureuse histoire de la panique, des industriels ont mis au point par des nouveaux procédés de fabrication et des additifs supplémentaires un pain de mie révolutionnaire : Que de la mie, totalement sans croûte[27]. Panique massiveL'utilisation de ce qu'il est convenu d'appeler les "réseaux sociaux" prend une part importante dans les nouvelles formes de contestations. Grâce à ces plate-formes d'échanges d'informations, il est maintenant possible de signer une pétition contre la destruction de l'habitat du Gocea Ohridana, un gastéropode endémique du lac Ohrid en Macédoine qui fait partie des 100 espèces les plus menacées, ou s'insurger en ligne contre la situation faite aux andamano-nicobariens. Il est dorénavant possible en un clic de souris de planter un arbre en Amazonie, de repérer les décharges sauvages sur Google Earth et s'indigner contre la stigmatisation du pangolin[28], tout en se régalant d'une production culturelle ou d'une pizza. Toujours des histoires de croûtes. Les adeptes du boulanger Guy Debord, pour analyser la situation actuelle de la panique paraphrasent d'ailleurs un célèbre philosophe du moment : "Je s'appelle Croûte"[29]. Les manifestations virtuelles de mécontentement touchent un très large panel de sujets et elles sont quasiment sans risque. L'alimentation est l'un de ces sujets. Que ce soit pour dénoncer les fakes de la salade niçoise ou la présence d'aliments génétiquement modifiés[30], que ce soit pour défendre les olives noires plutôt que les vertes dans les pizzas ou alerter des risques d'une alimentation industrielle, etc. La liste est longue. Des campagnes sont régulièrement menées contre tel ou tel produit de l'industrie alimentaire. Parfois avec acharnement. Souvent sans effet. Pour son passé et par son présent, la panique est elle-aussi un sujet récurrent de controverse dans cet univers virtuel. Elle s'y prend quelques pains[31]. Pain-de-mieJusqu'alors, seule une Journée internationale était consacrée au pain le 16 octobre de chaque année. Sans que personne en connaisse la raison, l'année 2019 semble être l'année mondiale du "pain de mie". La même année que celle des langues autochtones, de la modération et du tableau périodique des éléments. Juste après celle des récifs coralliens. Initialement prévue en 2020, l'année internationale de la santé des végétaux semble compromise aux vues des récents évènements. En effet, à travers presque toute la planète, une vague de contestation enfle contre le pain de mie. Est-il comestible ou faut-il s'en protéger ? N'est-il pas nocif aussi pour les animaux de compagnie et les autres enfants des hominines ? Comment se propage-t-il ? Est-il réellement compatible avec la 5G ? Les morts se comptent déjà par centaines de milliers et les malades par millions. Les mesures ne semblent pas parvenir à endiguer l'extension de ce nouveau mal qui touche les hominines. Comme le pain de mie industriel l'est de sucres et de gras, les réseaux sociaux et les sites d'informations sont saturés d'émotions et d'ultracrépidariens.
Panique protivophileLa protivophilie qui se targue d'étudier les méandres du monde de F. Merdjanov est bien en reste lorsqu'il s'agit de parler d'autre chose que rien. A-t-elle un avis sur le pain de mie ? Pourquoi, pour contrecarrer l'invisibilité faite aux femmes, ne parle-t-elle pas de La femme du boulanger[33] de Marcel Pagnol[34] ? Est-ce une croûte pour F. Merdjanov ? Analectes de rien est-elle une œuvre profondément anti-panique ? Pour ne pas alimenter cette panique par ses questionnements qui servent à rien, la protivophilie les laisse sans réponse.
Notes
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