Pikarti

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Pikarti. Mouvement "hérétique" christien[1] en Bohême du Sud au début du XVème siècle après JC [2].


Étymologie

Pikarti est un terme de la langue tchèque signifiant "picards" et emprunté au français. Dans cette langue, il désigne depuis le XIIIème siècle les hominines - mâles et femelles - habitant la région picarde. Plus généralement il qualifie ce qui se rapporte à la Picardie. Les formes les plus anciennes sont pickart, pikart, picart ou picar. Étymologiquement picard se compose de pic et -ard. Le premier étymon est présent dans de nombreuses pratiques linguistiques avec la signification de "pointu" ou "aigu" et est à la base de mots tels que pioche, piquet, picorer, piqûre, pieu, pic au sens de "sommet" ou encore picotement. Le second que l'on retrouve dans l'anglais hard ou le français hardi exprime le fait d'être dur, d'être fort. Il revêt parfois un caractère dépréciatif, tels bondieusard ou bâtard par exemple. Dépréciation que l'on retrouve d'ailleurs dans l'utilisation de picard au sens de "têtu", "tête de pioche".

Origines mythologiques

Pauvre homme, tu ne sauras jamais rien.
Tu n'élucideras jamais un seul des mystères qui t'entourent.
Puisque les religions te promettent le Paradis, aie soin de t'en créer un sur cette terre.
Car l'autre n'existe peut-être pas. [3]

Empalement de Jésus ? [4]
Au cours des premiers siècles de leur existence, les communautés christiennes du pourtour méditerranéen élaborent leurs doctrines religieuses. Si elles partagent la croyance en l'existence d'un messie nommé Jésus envoyé par un dieu unique, elles divergent sur nombre de points théologiques et se constituent parfois en doctrines séparées [5]. Le livre qui sert de référence, la Bible, est constitué d'un référent moïsien appelé Ancien Testament auquel s'ajoutent des vies de Jésus narrées par des personnes ne l'ayant jamais connu, des textes de propagande et des prophéties apocalyptiques [6]. Les différentes doctrines christiennes ne retiennent pas les mêmes narrateurs et les mêmes sources pour constituer leur propre corpus biblique. Il existe donc plusieurs bibles. Les seules mentions historiques de l'existence de ce Jésus sont les textes des christiens eux-mêmes. Pour l'instant, son historicité reste une croyance et non un fait. Ni les archéologues, ni les historiens n'ont mis la main sur la moindre preuve de l'existence "en chair et en os" de ce messie dont une centaine de textes christiens tissent la légende. Pas plus sur les prétendus faits "historiques" et les personnages rencontrés dans les textes moïsiens de l'Ancien Testament [7].

Après des débuts difficiles, les croyances des christiens deviennent la religion officielle de l'empire romain à la fin du IVème siècle. La canonisation des écrits christiens pour former une seule et unique Bible aboutit à la naissance de différentes églises christiennes distinctes, voire opposées, et à définir le seuil d'exclusion de tels ou tels courants jugés hérétiques. L’Église catholique, l'une de ces églises christiennes, se structure en clergé et agit comme une entité para-étatique. Par les intrications entre politique et charge religieuse, elle prend part à l'exercice du pouvoir et se consolide dans les siècles qui suivent sa reconnaissance impériale. Propagandiste et pragmatique, elle tente d'étendre son pouvoir par la persuasion et la contrainte en diffusant sa morale et ses croyances parmi les populations d'hominines et en s'acoquinant avec les pouvoirs en place. Hormis quelques ordres religieux, des anachorètes ou de simples prêtres qui prônent et vivent dans la pauvreté, l’Église catholique et son haut-clergé sont assimilés aux richesses et aux dominants. Les territoires sont quadrillés par un vaste réseau de monastères et d'églises pour assener la "bonne parole du seigneur" aux populations occupées à survivre. La propagande officielle du para-État annonce que les conversions se passent en douceur et que les hominines accueillent ses croyances et ses rituels avec joie. Ainsi, les contestations sont essentiellement vues comme des formes de dérèglements ou de déviances et non comme des résistances à la christienisation à marche forcée [8] ou à la situation sociale.

D'abord rien

Il y eut un temps où rien n’était ; ce rien n’était pas une des choses existantes, mais, pour parler nettement, sans détour, sans aucune espèce d’artifice, absolument rien n’était. Quand je dis "était", je ne veux pas affirmer que le rien "existait", mais faire comprendre ce que je veux dire, à savoir qu’absolument rien n’existait. [9]

Adam & Eve vs. The Cannibals [10]
Selon les légendes des christiens - toutes églises confondues - un dieu unique crée le monde et modèle les hominines à son image en sept jours. Cette formulation creuse insinue que ce dieu est à la source de toutes choses existantes, à partir de rien, ex nihilo [11]. Pas très sensible aux questions de genre, la déité solitaire fait naître deux hominines : le mâle, Adam, est le produit d'une divine soufflette à une motte de terre et la femelle, Ève, est conçue par parthénogenèse de l'hominine mâle [12]. La créature divine est aussi à l'origine de la multitude animale non-hominine [13]. Ce petit monde vit alors dans ce que la tradition religieuse nomme le Jardin d'Eden, se contentant de se nourrir frugalement et de vivre dans une complète nudité. Nul travail, nulle obligation et les encouragements divins à profiter de ce monde édénique. Tout existe à profusion dans une harmonie paradisiaque. Les hominines sont promus "chouchous" de leur créateur qui, avec un spécisme assumé, déclare que les non-hominines sont une création de seconde classe et les soumet aux deux hominines. Mais le conte christien prend une tournure dramatique lorsque, pour une obscure histoire qui divise encore les églises christiennes, le dieu de hominines les punit et les chasse de ce paradis pour les contraindre, dorénavant, à connaître la faim, le travail, la mort, la souffrance, etc. Et ainsi pour toute leur descendance. Dans des versions très diverses et contradictoires, les raisons de cette sévérité divine demeurent mystérieuses. Certaines évoquent un "péché originel d'Adam" sans plus de précisions, d'autres inventent l'histoire de la pomme croquée par Adam. Ce mythe - rejeté par les moïsiens et les mahométiens - raconte que Ève, persuadée par un serpent, propose à Adam de croquer dans le fruit de l'arbre de la connaissance malgré l'interdiction formelle édictée par la créature divine. Et pour cela illes sont chassés. Sans pitié. Des siècles de théologie christienne n'ont pas permis un consensus dans l'écriture de la trame romanesque et les débats sont toujours houleux, pouvant même mener à des guerres sanglantes et des bûchers. Pour avoir affirmé quelques milliers d'années après les faits supposés : "Moi, Adam et Eve, j'y crois plus tu vois, parce que je suis pas un idiot : la pomme ça peut pas être mauvais, c'est plein de pectine..." [14], et bien qu'il sache se défendre, le mystique et dramaturge Jean-Claude Van Damme prend encore d'énormes risques. Ces questionnements sur les raisons de l'intransigeance de ce "dieu d'amour et de miséricorde" et de son amertume meurtrière envers les hominines sont discutés en-dehors des seuls cercles théologiques depuis des siècles et de multiples scénarios ont été écrits. Toujours très inspirés. Malgré ses invraisemblances évidentes, plus de deux millénaires après la naissance fictive de Jésus aka Christ, la théologie s'exprime toujours au travers de multiples supports, tels la peinture, le théâtre, la bande-dessinée, la musique ou le cinéma dans des approches plus actuelles pour résoudre la question du "pourquoi ?" et décrire le triste sort réservé aux deux premiers hominines et à leur descendance. Mais au-delà de leurs divergences narratives, les mythes christiens partagent la croyance en une sorte d'époque paradisiaque située quelque-part entre l'existant et rien.

Pourquoi le fait de nous avoir créés devrait il obliger Dieu à s'intéresser à l'Homme ? L'Homme se soucierait-il de ses colombins, quand bien même il les sculpterait à son effigie ? [15]

Naturien

Parmi les adeptes des mythes christiens, le Jardin d’Éden résonne comme un paradis perdu pour les hominines dont la chute est une catastrophe. La vie de paix et de concorde supposément perdue engendre des espérances terrestres et ce Jardin évo-adamite représente dès lors un âge d'or qu'il est nécessaire de retrouver ou d'imiter. Cet état évo-adamite pré-migratoire est transposé dans des attentes de lendemains meilleurs où, pour les hominines, le paradis doit pouvoir se vivre aussi dans le présent. Soit il n'y a jamais eu de péché originel, soit il ne peut être qu'une chose pardonnable. Depuis leur apparition et au fil de leur écriture, les textes christiens évoquent des moments, annonciateurs d'une fin du monde proche, où le paradis terrestre existera pour celleux qui le méritent. Dans la myriade christienne il existe quelques courants prônant un retour à ce glorieux passé et adoptant certaines attitudes de vie jugées évo-adamites tel que le refus des vêtements, des sacrements du mariage et du baptême, du travail et du clergé, exaltant une libre sexualité, ou encore l'abandon ou la destruction des lieux de culte. Ils s'opposent de fait à la morale propagée par l'Église officielle tout autant qu'aux richesses et au pouvoir politique qu'elle représente. Les hominines christiens qui les critiquent les nomment souvent adamites en oubliant le rôle crucial de Ève dans ce roman des origines. Des premiers siècles après le messie christien jusqu'au XVIème siècle apparaissent ponctuellement des individus ou des groupes se réclamant de cet état innocence, de cet état de nature. Leurs paroles ou leurs méthodes sont diverses. Pacifiques et violentes, immédiates et indiscutables. Le rejet de certains fondements christiens estimés essentiels par d'autres engendre souvent une violence contre ces naturiens sous l'accusation d'hérésie.

Persécutions d'adamites à Amsterdam

Je chanterai ce chant nouveau : la nudité.
La pureté réelle est vide de pensée ;
La pensée, elle doit se tenir à l’écart.
C’est ainsi, moi que j’ai perdu ce qui est moi.
Je suis réduit à rien.
Qui s’est dépouillé de l’esprit ne peut plus avoir de souci.

Ce qui m’est étranger cesse de me leurrer.
Et j’aime autant être pauvre que riche.
Point d’image qui me contente :
Il m’a fallu me vider moi-même.
Je suis réduit à rien.
Qui s’est dépouillé de l’esprit ne peut plus avoir de souci. [16]

Ottokarien vs Taborien

Le XIVème n'est pas un siècle facile pour les autorités religieuses christiennes qui s’entre-déchirent, quatre siècles après la séparation entre les églises d'Orient et d'Occident [17]. La succession aux papes de Rome est de plus en plus contestée et mène à des scissions dans les instances dirigeantes christiennes en 1378 : un pape trône à Rome et son concurrent s'installe à Avignon. En 1409, un troisième prétendant tente de s'imposer à partir de Pise. Les différents États de l'Europe occidentale se divisent sur la question et s'allient à l'un ou à l'autre. A ces crises successorales viennent s'ajouter de fortes contestations au sein même du clergé, dont une partie réclame des réformes internes, et des soulèvements populaires. Les réformateurs demandent un retour à une église moins ostensiblement riche et moins proche des pouvoirs politiques des États, et proposent une relecture moderne des écrits christiens pour se rapprocher et soutenir les hominines les plus pauvres. En cela les idées de ces réformateurs entrent en résonance avec les revendications sociales des "petites gens" mais aussi avec les aspirations d'une partie de la noblesse qui cherche plus de pouvoir et d'autonomie. Les écrits des réformateurs sont détruits et les auteurs accusés d'être contre la religion des christiens. Certains sont excommuniés, d'autres assassinés. L'anglais John Wyclif [18] et le bohémien Jan Hus [19] sont particulièrement visés par les autorités religieuses de Rome. Le Concile de Constance qui se tient entre 1414 et 1418 en vue de réconcilier les autorités pontificales prend la décision de déclarer hérétiques les textes de Wyclif et ceux de Jan Hus qui est, lui, envoyé au bûcher en 1415. Tous les États ouest-européens reconnaissent finalement la seule autorité de l'Église catholique romaine et de son nouveau pape Martin V.

Depuis la fin du IXème siècle et son émancipation de la Grande-Moravie, le Duché de Bohême est aux mains d'une dynastie régnante, vassale du Saint-Empire romain germanique. En 1198 le duc Ottokar se proclame roi de Bohême et obtient en 1212 la reconnaissance par l'empereur de l'hérédité de la fonction royale. A l'image des autres régions et provinces de l'empire, qui n'est rien d'autre qu'un vaste conglomérat de vassalités et d'alliances, le royaume de Bohême demeure en son sein. Les ottokariens sont en place pendant plus d'un siècle. Par le jeu des alliances matrimoniales et des successions territoriales, les ottokariens se fondent dans la dynastie de Luxembourg-Limburg au début du XIVème siècle, et c'est à cette dernière qu'échoit le titre royal de Bohême. Puis, à partir de la moitié de ce siècle, les deux rois successifs de Bohême parviennent aussi à accéder au titre d'empereur du Saint-Empire romain germanique qu'ils conservent pendant plus d'un demi siècle. L'empire inclut alors l'est de la France, la Belgique, le Luxembourg, les Pays-Bas, la Suisse, l'Allemagne, l'Autriche la Tchéquie, la Slovénie et le nord de l'Italie. La frontière passe à quelques kilomètres à l'est du hameau de Rien qui reste dans le giron du royaume de France. A cette époque la Bohême et sa principale ville, Prague, rayonnent culturellement et politiquement au sein de l'empire. Alors que l'empereur a admis la légitimité des papes de Rome et de l'église catholique, et que celle-ci est confortablement installée dans les méandres du pouvoir, une partie de la noblesse et du clergé en Bohême prônent des réformes en s'appuyant sur les écrits de Jan Hus. Leurs revendications portent sur quelques détails rituels, sur une autonomie accrue vis-à-vis de Rome et des aménagements dans le fonctionnement du clergé et, plus largement, sur des réformes sociales pour améliorer la vie des hominines les plus pauvres. Dans son texte es scatologique Instant et Éternité l'historien bohémien Ladislav Klíma montre que, même s'il y a convergence entre les intérêts des noblesses de sang et d'armes et les espoirs de la masse des hominines vulgaires, les conditions ne sont pas les mêmes. Les unes luttent pour d'avantage de pouvoir, les autres recherchent un répit dans la misère. Les unes aspirent à tout, les autres partent de rien.

L'on connaît de nombreux et célèbres “derniers mots” prononcés par de grands hommes ; plus significatives à tous égards, sont les paroles de mon frère mourant à l'âge de neuf ans : "Moi je suis content de crever, j'en ai rien à foutre de cette foutue chiasse de vie". [20]

Prague vue par la fenêtre en 1419
L'envoi au bûcher de Jan Hus est l'acte de trop pour celleux qui soutiennent ses demandes et diffusent ses écrits. Le mouvement hussite se radicalise dans les premières années qui suivent la mort du réformateur. Des soulèvements armés d'une partie de la noblesse et d'hominines de sang vulgaire secouent la Bohême. En juillet 1419, un groupe de hussites prend d'assaut l'hôtel de ville à Prague et s'empare de dignitaires christiens favorables à Rome. Dans un moment d'empalement, ils sont jetés par la fenêtre au pied de laquelle des lances sont brandies par une foule qui les achève joyeusement. Les troubles s'étendent à toute la Bohême où des églises et des monastères sont attaqués. Quelques villes sont contrôlées par les hussites qui sont divisés sur la conduite à tenir vis-à-vis de l'empire et les concessions nécessaires à une "pacification". L'expression "mouvement hussite" désigne des communautés hussites éparses, chacune sous la houlette d'un prêtre devenu guerrier ou d'un noble qui se découvre proche du petit peuple, qui ne constituent pas un ensemble hétérogène. Mené par Jan Zizka [21], un groupe se retranche près de l'actuel Tabor dans le sud bohémien. Installés dans une ancienne maison fortifiée, ils nomment le lieu tabor qui signifie "campement" en tchèque et fait référence au mont Tabor mentionné dans le roman biblique [22]. La retenue d'eau la plus proche est renommée jourdain. Les taboriens - que l'historiographie classique désigne par taborites - deviennent le centre de la contestation pour les hominines de la région qui se joignent à elleux. Les taboriens représentent la faction la moins conciliante, la plus populaire, et s'opposent aux hussites de Prague plus enclins à négocier avec l'empire et la noblesse catholique. Les premiers réclament une égalité effective des hominines et désignent l'empire, la noblesse et le clergé sources de la misère, alors que les seconds se contentent d'une égalité de principe et acceptent l'autorité impériale. Le mouvement taborien prend la forme d'un soulèvement populaire paysan s'auto-organisant militairement et prônant parfois un mode de vie collectif en marge de l'empire. Oscillant entre des formes de communisme et d'autoritarismes, il a fait rêver plus d'un révolutionnaire, marxiste [23] ou libertaire [24].

Parce qu'il soutenait les demandes des hussites, la mort subite de Venceslas, empereur alcoolique destitué et rétrogradé roi de Bohême, foudroyé par un infarctus à l'annonce des défenestrations, marque un tournant dans le conflit avec les catholiques. Son successeur s'arrange en 1420 avec les autorités papales de Rome qui soutiennent les cinq croisades contre les "hérétiques" hussites menées entre 1420 et 1433 [25]. Ils appliquent à la lettre les paroles de leur doux messie Jésus :

Quant à ces gens qui me haïssent et n’ont pas voulu m’avoir pour roi, amenez-les ici, et égorgez-les en ma présence. [26] Ne pensez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre ; je suis venu apporter, non la paix, mais le glaive. [27]

Contrairement à ses détracteurs qui l'accusent de ne rien dire, le musicologue et théologien Élie "Booba" Yaffa publie, plus de vingt et un siècles après ces propos meurtriers mis dans la bouche de Jésus aka Christ par ses biographes, une fine analyse en rime intitulée Glaive dans laquelle il revisite l'histoire classique du mouvement taborien et en propose une synthèse originale. Il rappelle l'absence de péché originel, la croyance en une future ère de paix, l'inutilité de Jésus et ses appels aux meurtres, la volonté de vivre pleinement le présent plutôt que de le rêver, le rejet du dogmatisme biblique et la nécessité de remplacer tout par rien :

Chacun sa croix, chacun sa Elvira.
La paix s’ra toute nouvelle, peut-être qu’on l’appréciera.
Je crois en Dieu à ma manière, sûrement pas Jésus qui me guide.
Un demi-siècle qu’j’suis au pouvoir, peut-on parler de génocide ?
Tu préfères le raconter, moi, je préfère le vivre.
J’ai du réécrire tous ces livres, j’dois faire le plein pour faire le vide. [28]

Par la construction de son propos et l'analyse qu'il est possible d'en faire, Élie "Booba" Yaffa confirme la thèse avancée par Maître Eckhardt que tout se trouve en rien : Pour cela il suffit d'extrapoler et d'avoir la foi.

Puissions-nous comprendre ce Rien et y trouver l’éternelle béatitude, avec l’aide du Père, du Fils et du Saint- Esprit ! Amen. [29]

Exagérien

Noblesse porcine ou selfie clérical ?

Le soulèvement hussite attire quelques réformateurs du reste de l'Europe qui rejoignent la Bohême et les taboriens suscitent un engouement parmi de nombreux hominines en attente d'une vie meilleure. Tabor devient le lieu où se rencontrent et se mêlent des naturiens qui proclament le paradis terrestre, des millénaristes qui attendent la fin du monde [30] et des prédicateurs qui annoncent la destruction de tout pouvoir terrestre. Les discours enflammés agitent les foules d'hominines qui se retrouvent à Tabor. Pour nommer les multiples "courants extrémistes" qui existent en leur sein, les théologiens mahométiens ont créé le qualificatif de ghulât qui signifie "exagéré" [31] et désigne les interprétations trop symboliques qui réduisent finalement les restrictions religieuses à rien. Il s'applique aussi très bien à certains courants christiens. Une relecture interprétative des écrits christiens au nom de ces mêmes écrits permet à ces exagériens de justifier des critiques, des réformes, des contestations sociales, le renversement des pouvoirs politiques ou, pour d'autres, l'abolition de la religion. Face aux autorités religieuses qui se fourvoient avec les pouvoirs politiques et les accusent de se livrer à des actes contraires à la morale religieuse, les mouvements exagériens font leur cette punchline de l'hérétique exagérien séquano-dionysien [32] Farid "Sheryo" Hamadou :

La politique ? Un gang-bang dans une grande chambre.
Tellement de porcs qui couinent, impossible de s'entendre. [33]

Au XIVème et XVème siècles, à travers toute l'Europe occidentale, les exagériens christiens subissent les foudres de Rome et ses alliés qui les jugent "hérétiques". Au nom de cette inquisition, des milliers d'écrits sont détruits et plusieurs milliers d'hominines - mâles et femelles - sont emprisonnés, torturés, suppliciés ou brûlés vifs. Même si elle n'a pas eu lieu, la fin du monde annoncée pour 1260 par Joachim de Flore [34] agite les esprits, ravive les attentes et attise les critiques vis-à-vis de la papauté et du clergé catholique. Les ordres monastiques prônant la pauvreté, l'apparition de communautés "laïques", la diffusion de textes contestataires de la doctrine officielle, la naissance de mouvements organisés et la multiplication des prédicateurs sont tout autant un défi aux richesses de l’Église qu'un refus de son autorité absolue. Qu'illes soient lollards [35], bégards [36], dans un béguinage [37], du libre-esprit [38], turlupins [39] et tant d'autres[40], la répression papale est brutale. Meurtrière. Celleux qui échappent à la mort parviennent parfois à fuir dans d'autres villes ou d'autres régions. Les idées circulent.

Pikarti

Vers 1418, une quarantaine d'hominines mâles et femelles fuyant la répression à Lille et à Tournai arrivent à Prague, alors en pleine effervescence hussite, puis à Plzen, Zatec et Tabor. Elles mêlent leurs voix aux discours millénaristes qui ne cessent de se répandre en Bohême.

Proti Vsem (Contre Tout)
La raison exacte pour laquelle ce petit groupe est désigné comme "picard" n'est pas clairement établie. S'il est parfois avancé que "picard" pourrait être une déformation de "bégard", il plus largement admis qu'il renvoie directement à la Picardie. Au cours du Moyen-Âge ouest-européen, les universités qui se mettent en place dans plusieurs villes se structurent selon un découpage en "nations" de différents territoires. Ainsi, au début du XIIIème siècle, l'université de Paris reconnaît quatre "nations", la gallicane, l'anglicane, la normande et la picarde, représentant respectivement le royaume de Francie et ses vassaux méridionaux, les îles britanniques et le Saint Empire romain germanique, le duché de Normandie et les comtés du Maine et de l'Anjou, les territoires au nord du royaume francien jusqu'aux Pays-Bas actuels. Chaque "nation" est subdivisée en diocèses. Ce découpage n'est pas linguistique et certaines "nations" supplémentaires intègrent des étudiants venus de régions christiennes périphériques : scandinaves, ibériennes, lombardes ou byzantines par exemple. Généralement, ces universités enseignent le droit canonique, la théologie, la médecine et les arts libéraux, ces derniers regroupant des matières aussi diverses que la grammaire, les mathématiques, l'astronomie ou la musique. Ces universités de plusieurs centaines d'étudiants jouissent d'une autonomie vis-à-vis du pouvoir royal et de la papauté romaine qu'elles n'hésitent pas à contredire. Leurs enseignants et leurs étudiants ne sont pas soumis au droit royal mais dépendent juridiquement de tribunaux exclusivement régis par les règlements universitaires. Au sein de chacune d'elles, chaque "nation" est un collège électoral distinct en vue de la désignation du recteur de l'université. L'élection pour le siège du rectorat n'est pas chose aisée et les discordes entre les "nations" sont récurrentes et doivent parfois être tranchées par la papauté. Lors des discordes dans les successions papales au XIVème siècle, la "nation" picarde de l'université de Paris soutient un pape face aux trois autres qui lui préfèrent son concurrent. Au siècle suivant, dans le conflit qui oppose deux prétendants à la royauté francienne alors en guerre continuelle avec le royaume britannique [41], elle se range derrière celui qui fait assassiner en 1407 son cousin et prétendant rival et, malgré son propre assassinat en 1419, enclenche ainsi un conflit de trois décennies entre deux factions qui se disputent le convoité trône francien [42]. En dehors de cette catégorie estudiantine, au XIVème siècle, l'emploi de l'adjectif "picard" est attesté dans le sens "d'originaire de Picardie" ou pour désigner les pratiques linguistiques propres à ces régions [43]. Par conséquent, il est difficile d'extrapoler sur ce qualificatif de pikarti qui n'indique pas si nous sommes en présence d'un groupe de picardophones, de personnes originaires de Picardie ou d'une référence à la "nation" estudiantine picarde. S'agit-il d'hérétiques fuyant la Picardie ou d'anciens étudiants de Paris ou d'Orléans rattachés à cette "nation" ? Est-il pensable qu'illes s'auto-désignent ainsi ou est-ce le terme choisi par leurs détracteurs pour les nommer ? Est-il dépréciatif ou simplement descriptif ? Désigne-t-il une hérésie particulière née en Picardie ou est-il une référence à un prédicateur venu faire des adeptes dans cette région ?

Les révoltes de 1419 sont un terrain de prédilection pour les taboriens et tous les groupes ou prédicateurs radicaux. Les pikarti se fondent parmi les foules agitées qui attendent impatiemment la fin des temps annoncée entre le 10 et le 14 février 1420. Afin d'échapper au cataclysme qui va bientôt s'abattre sur la Bohême, et le monde entier, un appel est lancé pour que les hominines rejoignent massivement cinq collines, toutes places-fortes des taboriens, où il est possible de survivre à l'anéantissement. Le retard prit par la fin du monde ne désenchante pas les taboriens et leurs nombreux partisans qui ont abandonné, vendu ou détruit tous leurs biens. Finalement déprogrammée par la divinité, au printemps 1420, la communauté de Tabor abolie officiellement les impôts et les charges féodales et proclame un futur radieux après le retour imminent d'un Jésus aka Christ qui aime se faire désirer. Les pikarti sont très actifs à Tabor. Plusieurs centaines de personnes se regroupent autour de Peter Kanis à partir de l'hiver 1420. Elles pratiquent une vie communautaire dans laquelle elles partagent les biens, refusent le travail, vivent entièrement nues et rejettent les interdits moraux liés à la sexualité [44]. L'égalité et la liberté se doivent d'être totales. Selon leurs détracteurs, adeptes d'une propagande par le fait illes exposent librement leur doctrine aux hominines de Tabor et pratiquent publiquement une sexualité débridée. Leur nombre ne cesse de grandir et les taboriens voient d'un très mauvais œil le succès de ces naturiens.

A cause de cette hérésie, hélas, les frères vivant à Tabor se scindèrent en deux factions, l'une picarde, l'autre taborite. Le parti le plus fidèle, les taborites, expulsa plus de deux cents hommes et femmes infectés par l'hérésie picarde. [45]

Stèle aux Pikarti
L'expulsion des pikarti de Tabor se déroule en février 1421. Traqués, Kanis et une cinquantaine de pikarti sont rapidement capturés et envoyés au bûcher. Toute les hominines - mâles et femelles - encore vivant de la communauté se dirigent vers le sud de la ville et se réfugient sur une petite île de la rivière Nezarka. A sa mort, Kanis est renommé Jésus et son successeur prend le nom composé de Moïse-Adam[46]. Se considérant dans un état paradisiaque la communauté refuse de travailler et, pour survivre, se livre aux pillages des villages alentours. Les hominines qui résistent sont tués et leurs maisons détruites, les prêtres sont systématiquement égorgés. Des troupes armées de taboriens sous les ordres de Jan Zizka se lancent à l'attaque des naturiens en avril. Moïse-Adam annonce alors que les pikarti n'ont rien à craindre car la divinité est avec eux et les rend invincibles. Après de longs combats meurtriers et une résistance acharnée, les pikarti menés par Rohan le forgeron sont défaits. La plupart sont tués et plusieurs dizaines sont envoyés au bûcher. Les derniers survivants sont traqués et en octobre les combats contre les taboriens les anéantissent. Zizka demande qu'un seul soit épargné - peut-être Moïse-Adam[46] - afin qu'il témoigne de la doctrine [47] des naturiens pikarti. Le document recueilli est présenté aux hussites de Prague puis le survivant en sursis est brûlé et ses cendres jetées à l'eau. Cette répression sanglante contre les pikarti fut aussi l'occasion pour les hussites de régler leurs comptes internes en accusant tel ou telle d'être, ou d'avoir été, favorable à ces hérétiques naturiens et de l'envoyer pour cela au bûcher. Bien après l'extermination des pikarti, leur nom fut affublé régulièrement à des mouvements christiens pour les discréditer alors que ceux-ci n'avaient rien à voir avec les naturiens.

Comme très souvent dans les cas d'hérésies, les témoignages et les textes qui nous sont parvenus sur les pikarti émanent de leurs ennemis. Rien ne dit que les pikarti vivaient réellement nus - où s'illes inspiraient symboliquement à l'être en référence à Adam et Ève - dans une région où les températures automnales sont froides et oscillent autour de zéro dans les périodes hivernales. En ce qui concerne l'île refuge sur la rivière Nezarka, elle n'est aujourd'hui toujours pas identifiée car les petits îlets existants ne sont pas assez vastes pour accueillir une communauté de plusieurs dizaines de personnes. Quant aux accusations de pillages systématiques des villages et leur destruction, certains textes laissent entendre qu'il peut s'agir, non pas d'une pratique régulière, mais d'une nécessité dans un contexte où les pikarti sont traqués par les taboriens et doivent survivre.

Les pikarti disparaissent des mémoires, noyées par le prestige des hussites, taboriens ou non, désignés résistance légitime par les pouvoirs politiques qui se succéderont et la mythologie nationale tchèque qui se met progressivement en place. Les hussites sont un sujet récurrent du romantisme tchèque, décliné selon les arts concernés. Pour la littérature, Alois Jirasek, par exemple, publie plusieurs textes sur la saga hussite dont, en 1893, la nouvelle Proti Vsem (Contre Tout) qui est adaptée au cinéma en 1957. Réalisé par Ottokar Vavra, il clôt la trilogie constituée de deux autres textes de Alois Jirasek adaptés pour le cinéma, Jan Hus en 1954 et Jan Zizka en 1955. De nos jours, la ville de Tabor dédiée à la muséographie hussite et taborienne a érigé en 1996 une petite stèle dans un jardin public du quartier de Klokoty en souvenir du massacre des pikarti en 1421.

Épilogue

Malgré le soutien de la noblesse et de la chevalerie favorables aux papes romains, l'empire ne parvient pas à éteindre le feu de la révolte qui s'étend toujours plus en Bohême. Les tactiques utilisées [48] par les armées de paysans hussites, taboriens ou non, repoussent tous les assauts des "Croisés" et permettent de contrôler entièrement la région jusqu'aux confins polonais et en Moravie. Les Croisés reculent et la lettre de menace adressée le 23 mars 1430 par Jeanne d'Arc aux hussites ne change rien [49]. Parmi les hussites les avis divergent sur la continuation de la guerre, pour une partie d'entre elleux les taboriens et leurs alliés sont des "va-t-en guerre". Les affrontements armés entre les différentes factions hussites sont récurrents. A partir de 1431, des négociations s'enclenchent entre des hussites "modérés" - en position de force - et la papauté qui n'est pas en mesure de s'imposer. Ne parvenant pas à faire taire les taboriens, les hussites favorables aux discussions s'allient militairement à leurs anciens ennemis catholiques pour en finir militairement avec "leurs extrémistes". Plus de 13000 hominines en armes et 1200 avec des chevaux face à 10000 hominines et 700 cavaliers. En mai 1434, les taboriens sont défaits et leurs principaux leaders sont tués ou mis en fuite. Environ 700 hominines sont brûlés vifs après leur capture. Deux années plus tard, le clergé hussite obtient de la papauté romaine le droit de changer le rituel de messe et de propager les idées christiennes en langue tchèque et la noblesse de conserver les biens confisqués aux catholiques lors des dernières guerres. La révolte hussite annonce les soulèvements du prochain siècle qui voit l'émergence de ce qui deviendra le protestantisme [50] christien.

Épilogation

A la question des liens entre F. Merdjanov et les pikarti, la protivophilie apporte des pistes de réflexions. Mais il est nécessaire de poser dès maintenant les limites d'une telle démarche. En effet, malgré la prudence qui la caractérise, la protivophilie se base non pas sur le seul texte connu de F. Merdjanov mais sur l'un de ceux qui lui sont attribués. Dans un texte homininologique consacré à l'Egosolistus Hominina Ladislav Klíma et intitulé Deus Sum [51], il est fait mention des pikarti. Il semble qu'ils étaient connus de Klíma comme le fait remarquer la personne - F. Merdjanov ou autre - auteure de ces pages qui nous mène "à la prompte rencontre, toute personnelle et subjective, de Ladislav Klíma, philosophe égosoliste, amusant amuseur de la bien-nommée Bohême". Si nous retenons l'hypothèse que F. Merdjanov est à l'origine de l'écriture de ce Deus Sum et que la mention des pikarti est liée à Ladislav Klíma, force est d'admettre que le mouvement des pikarti est un sujet qui ne leur est pas totalement inconnu. "Qu'en reste-t-il chez lui ? Le goût du désordre ou celui du brigandage philosophique ? Une vitalité toute campagnarde et un renversement des valeurs ? Certainement un peu de tout ceci" interroge ce texte, et en reflet, qu'en est-il pour F. Merdjanov ? Est-ce Klíma qui lui fait découvrir ces naturiens ? Lui qui affirme "Je suis dieu", pensait-il à elleux lorsqu'il écrit les lignes suivantes quelques cinq siècles plus tard dans Instant et Éternité ?

Il ne restera, de tous les concepts humains, rien, rien et rien de rien ! Malgré toutes nos tentations, malgré la peur qui revient nous hanter, tout est à jeter – tout, sans pitié ! Que l’audace, la paradoxalité, la folie soient sans limites ! Plus on délirera, mieux ça vaudra, – plus on s’éloignera de l’horripilodégoûtation qu’a été jusque-là toute la folie, et plus – on s’approchera de Dieu ! Qu’il ne reste pas pierre sur pierre !... [20]

Plug christo-anal de F. Merdjanov ? [52]
Si seule une biographie réalisée par son assistante et traductrice Erika Abrams pourrait nous expliquer quelles étaient les connaissances exactes de Ladislav Klíma à propos des pikarti, dans le cas de F. Merdjanov, la protivophilie dégage toute une somme de pistes visant à expliquer les raisons de cet intérêt. Il serait trop long de toutes les énumérer et nous allons nous contenter ici d'exposer brièvement les plus accessibles pour un public peu habitué à l'œuvre de F. Merdjanov et à la protivophilie qui est dédiée à son étude. Si nous nous basons strictement sur les aspects anti-religieux ou blasphématoires du seul ouvrage certifié avoir été écrit par F. Merdjanov, Analectes de rien, l'intérêt théologique est à exclure. Penser le contraire revient à affirmer que Julien "Jul" Mari est spécialiste des naturiens et théologien du rien au prétexte que dans le recueil Rien 100 Rien [53] un texte est titré "JCVD" - en l'honneur de l'édeniste et botaniste Jean-Claude Van Damme - et parle de combats, de vie simple et d'Amsterdam. Est-ce réellement une référence à la répression contre les naturiens de cette ville ?

Loin des approches théologiques et farfelues, il semble qu'il faille se tourner plutôt vers l'ennui [54]. La protivophilie a déjà permis de mettre en avant la possible curiosité de F. Merdjanov pour des causes charitables [55]. A l'image des populations d'hominines dont les survivants réclament des dédommagements à leurs persécuteurs et leurs successeurs [56] ou des hominines amérindiens dont le nom est utilisé par les marques Creeks ou Quechua et qui luttent contre cela, des descendants de pikarti [57] demandent des comptes à la firme de surgelés Picard ou aux Serrures Picard qui utilisent leur nom pour faire des profits sans qu'illes reçoivent le moindre dédommagement. Un petit groupe d'exagériens de cette cause picarde, Les Fatals Picards, revendique depuis quelques années des attentats sonores et réclame même l'indépendance de la Picardie [58]. Tel un cri d'alarme face à leur disparition prochaine, il publie en 2019 un manifeste intitulé Espèces menacées.

Rien ne reste de rien. Et nous ne sommes rien.
Au soleil et au vent quelque peu nous nous arriérons
De l’irrespirable ténèbre qui nous grèvera
De l’humide terre imposée,
Cadavres ajournés qui procréent.

Lois promulguées, statues contemplées, odes achevées –
Tout connaît son tombeau. Si nous, amas de chairs
Qu’un intime soleil nourrit de sang, avons
Notre couchant, pourquoi pas elles ?
Nous sommes contes contant contes, rien [59]

Notes

  1. Christien désigne les adeptes de Jésus aka Christ, les chrétiens, comme le terme de mahométien désigne celles et ceux qui croient que Mahomet est un prophète - les musulmans - ou celui de moïsien pour parler des adeptes de Moïse, les juifs.
  2. Pour les mélomanes, nous précisons ici que JC fait référence à Jésus aka Christ le prophète des christiens et non à Johnny Cadillac. Ce dernier est régulièrement accusé à tort d'être l'auteur du cantique moderne Jésus-Christ interprété en 1970 alors qu'il est l'œuvre de son principal sosie, Johnny Hallyday, sur l'album Vie - En ligne. Nous rappelons au fans des deux sosies que des recherches historiques ont démontré récemment que, contrairement à ce qu'insinuent des rumeurs persistantes, ce titre tient son nom du prophète christien et non l'inverse.
  3. Omar Khayyâm, Robaiyat cité à l'entrée "Un est le premier chiffre du nombre qui n'en finit pas" dans Analectes de rien.
  4. Le crucifiement est employé par les grecs puis les romains en remplacement de l'empalement qui consiste à introduire un pieu par l'anus d'une personne puis de le planter dans le sol. Doucement, la pesanteur fait le reste jusqu'à faire ressortir le pieu par l'extrémité opposée du corps de l'hominine. La symbolique christienne sur la croix serait ainsi remplacée par celle du pieu anal avec de belles représentations réalistes dans les églises ou de charmants pendentifs.
  5. Pour une théologie positiviste qui pense l'hominine en tant qu'arme du suicide de la divinité créatrice voir la nouvelle de Isaac Asimov, "La dernière réponse" (1980) dans le recueil Au prix du papyrus - En ligne.
  6. Humeurs hérétiques. La bible pour les caves, 2016 - En ligne
  7. Israël Finkelstein et Neil Asher Silberman, La Bible dévoilée : les nouvelles révélations de l'archéologie, Bayard, 2002
  8. Raoul Vaneigem, La résistance au christianisme
  9. Basilide d’Alexandrie, Elenchos. Cité à l'entrée "grand albert" dans Analectes de rien - En ligne
  10. Adam & Eve vs. The Cannibals, traité italo-ibérien de théologie cinématographique réalisé en 1983 par Enzo Doria et Luigi Russo. Parfois aussi titré Adam & Ève. La première histoire d'amour. Voir en ligne.
  11. Pour tous les adeptes des monothéismes, ex nihilo renvoie à l'idée d'un dieu créateur de rien. Des recherches récentes - en terme de protivophilie - tendent à montrer que les copistes ont tronqué le latinisme ex nihilo nihil fit, "rien ne vient de rien", en laissant croire que cela change rien. Et insinuer ainsi que "Rien est divin" est similaire à "Rien n'est divin".
  12. De traditions christiennes non-canoniques mentionnent l'existence d'une autre hominine femelle, Lilith, avant l'apparition de Ève.
  13. La théologie christienne se questionne encore sur la présence ou non du ténia à cette époque et de son utilité dans le cadre du projet divin.
  14. Extrait de Dominique Duforest, Parlez-vous le Jean-Claude ?, 2003. Voir "Les bienfaits de la pectine" dans l'excellent journal scientifique Marie Claire - En ligne
  15. Aphorisme de Nihil Messtavic - En ligne
  16. Extrait de la Cantate de la nudité de Johannes Tauler. Cité à l'entrée "naturisme" dans Analectes de rien - En ligne
  17. Séparation entre les églises d'Orient et d'Occident
  18. John Wyclif est un théologien britannique, né aux alentours de 1330, dont les prises de position contre l'autorité du clergé catholique lui valent l'interdiction de certains de ses textes.
  19. Né en 1371 dans une famille pauvre de Bohême, Jan Hus devient un théologien très critique vis-à-vis du clergé catholique, s'inspirant de John Wyclif. Au travers de textes et de prêches il réclame des réformes. Il est excommunié en 1411.
  20. 20,0 et 20,1 Ladislav Klíma, Instant et Éternité, 1927.
  21. Né dans une famille de l'aristocratie germanique de Bohême, Jan Zizka est le principal chef militaire et tacticien des taboriens. Il meurt en 1424. L'écrivaine George Sand lui consacre le roman Jean Zizka en 1853 - En ligne. Et une nouvelle sur son successeur Procope le Grand - En ligne
  22. Le Mont Tabor, haut de 588 mètres, est situé non loin du lac de Tibériade dans l'actuelle Israël. D'après la mythologie moïsienne, il reste hors de l'eau lors du Déluge, et selon la mythologie christienne, il est le lieu où Jésus transforme son apparence corporelle pendant quelques instants pour démontrer son essence divine. Haut lieu de la consommation de psylocibes ? La petite montagne a aussi donné son nom à un récif isolé de l'océan Pacifique, entre la Nouvelle-Zélande et les îles Pitcairn, mentionné en 1843 par un navigateur mais dont les recherches récentes n'ont pas permis de confirmer l'existence. Le récif fantôme se situe dans les parages de L'île mystérieuse décrite par Jules Verne en 1874 - En ligne
  23. Karl Kautsky, "Le communisme en Europe centrale au temps de la Réforme", 1897, en anglais - En ligne
  24. Murray Bookchin, The Ecology of Freedom : The Emergence and Dissolution of Hierarchy, 1982, en anglais - En ligne
  25. Ernest Denis, Huss et la guerre des hussites, 1878 - En ligne
  26. Dans Évangile selon Luc, XIX, 27
  27. Dans Évangile selon Matthieu, X, 34
  28. Booba, "Glaive", 2019 - En ligne
  29. Maître Eckhart cité à l'entrée "et si dieu n'était pas un sujet sérieux" dans Analectes de rien - En ligne
  30. Georges Lapierre, Yves Delhoysie, L'incendie millénariste, 1987 (Réédition 2011) - En ligne
  31. Heinz Halm, Le chiisme, PUF, 1995
  32. Gentilé de Seine-Saint-Denis
  33. La protivophilie note le caractère amphibologique de "s'entendre" qui induit trois possibilités de compréhension. La première est à prendre dans le sens de l'impossibilité de s'écouter, par excès de bruit, la deuxième de l'impossibilité pour les personnes y participant de se mettre d'accord, et la troisième marque le refus de pactiser avec elles. Sheryo, "Quatre Vingt Treize" - En ligne
  34. Né vers 1130 en Calabre napolitaine, Joachim de Flore fait des études de théologie puis, vers 1160, il se rend en "Terre Sainte" pour un pèlerinage. Après une retraite sur le Mont Tabor, il commence à développer une vision mystique de l'histoire.
  35. Adeptes des théories de John Wyclif, Les lollards prêchent contre le clergé, le pouvoir politique et leurs richesses. La répression est sévère. Après avoir libérée John Ball, la révolte des paysans de 1381 du sud de l'Angleterre attaque Londres et massacre des dignitaires royaux et ecclésiastiques. "De quel droit ceux qui s'appellent seigneurs, dominent-ils sur nous ? À quel titre ont-ils mérité cette position ? Pourquoi nous traitent-ils comme des serfs ? Puisque nous descendons des mêmes parents, Adam et Ève, comment peuvent-ils prouver qu'ils valent mieux que nous, si ce n'est qu'en exploitant nos labeurs, ils peuvent satisfaire leur luxe orgueilleux ?" (John Ball)
  36. Les bégards forment des communautés religieuses de moines ayant fait le choix de la pauvreté et qui se refusent à prononcer les vœux perpétuels habituellement requis dans les monastères.
  37. A partir de la fin du XIIème siècle, les béguinages sont des communautés d'hominines femelles regroupées par leur volonté de vivre pieusement, pauvrement et d'aider les plus pauvres, tout en restant en marge des institutions religieuses officielles. Elles se développent dans le nord de la France, la Belgique, les Pays-Bas et l'Allemagne. Marguerite Porete, auteure de Le miroir des âmes simples et anéanties et qui seulement demeurent en vouloir et désir d'amour en 1295, est envoyé au bûcher en 1310, avec son livre.
  38. L'expression "Libre-Esprit" ne désigne pas une organisation spécifique mais différents hominines, textes et mouvements qui depuis le début du XIIIème siècle, par leurs critiques théologiques, suscitent contestations et désobéissances au clergé catholique et à l'autorité papale. Voir Raoul Vaneigem, Le mouvement du libre-esprit, L'Or des fous, 2005
  39. Envoyée au bûcher en 1372 à Paris, Jeanne Daubenton est accusée d'être la prédicatrice de la secte des turlupins qui prône la pauvreté, la nudité, l'égalité et le partage entre les hominines. La pratique religieuse est réduite à une activité intérieure et individuelle.
  40. Par exemple, les Ghjuannali et les Pizzoche en Corse. Voir F. Merdjanov, L'équation corse à la lumière de l'inconnue macédonienne. (Im)précis de nihilisme montagnard et de contre-imaginaire historique., - En ligne
  41. Entre 1337 et 1453 eut lieu la "Guerre de Cent Ans" qui opposent les royaumes de France et d'Angleterre dans des querelles dynastiques et territoriales. Game of thrones sans les dragons.
  42. Depuis que le roi de France Charles VI est officiellement reconnu fou par ses proches, sa succession est disputée entre les partisans de son frère, Louis d'Orléans, et ceux de son cousin, Jean Ier de Bourgogne dit "Jean sans Peur". Dans l'historiographie classique, les premiers seront surnommés "armagnacs" et les seconds "bourguignons".
  43. Au sein du continuum linguistique roman occidental, le continuum gallo-roman regroupe ce que l'on appelle généralement les "langues d'oïl" auxquelles se rattache la langue picarde. Malgré un usage littéraire attesté dès le Xème siècle, elle se diluera progressivement dans la langue d'oïl du royaume de France, le français, pour se maintenir jusqu'à nos jours sous la forme de "langue régionale de France" dans le nord de ce pays.
  44. Selon Évangile selon Matthieu, XXI, 31 : "Amen, je vous le déclare : les publicains et les prostituées vous précèdent dans le royaume de Dieu."
  45. Selon Laurent de Brczcova, cité dans Norman Cohn, Les fanatiques de l'Apocalypse
  46. 46,0 et 46,1 Norman Cohn, Les fanatiques de l'Apocalypse, 1957 - En ligne
  47. F.-M. Bartos, "Picards et Pikarti", Bulletin de la Société de l'Histoire du Protestantisme Français, Vol. 80, No. 4, octobre-décembre 1931, pp. 465-486 - [En ligne]
  48. Des chariots de ferme sont modifiés pour en faire des chariots de guerre. Des centaines de ces chariots enchaînés ensemble sont mis en cercle pour former un mur de protection pour les fantassins et les cavaliers, un wagenburg. L'espace entre les roues est protégé par une planche, celui entre les chariots est équipé d'un canon et chaque chariot renforcé abrite des hominines avec leurs armes à feu. Formant une véritable forteresse, il s'entrouvre pour laisser sortir les fantassins et cavaliers qui attaquent ainsi leurs ennemis ou s'y réfugient après des combats. En 1426, le wagenburg taborien composé de 500 chariots résiste aux 20000 soldats, dont 5000 cavaliers, et aux 180 canons de l'empire germanique. Les hussites qui connaissent très bien cette tactique pour l'avoir employé parviennent en 1431 à la retourner contre les taboriens en simulant en retraite et inciter les attaquants à sortir du wagenburg et les massacrer. Jan Biederman, "L'art militaire dans les ordonnances tchèques du XVe siècle et son évolution : la doctrine du Wagenburg comme résultat de la pratique", Médiévales, 67, automne 2014 - En ligne
  49. Lettre de Jeanne d'Arc du 23 mars 1430 en latin - En ligne
  50. Le protestantisme christien est une réforme du clergé et des rites se basant originellement sur une critique des richesses et des dogmes jugés éloignés des textes fondamentaux de l'Ancien Testament. Moralement conservateur et politiquement plutôt libéral, le protestantisme est la version austère et épurée du catholicisme. Le rapport à la divinité est une affaire personnelle.
  51. F. Merdjanov (Attribué à), Deus Sum, 2016 - En ligne
  52. Démonstration du plug christo-anal par Daizha Morgan - En ligne
  53. Jul, "JCVD", Rien 100 Rien, 2019 - En ligne
  54. L'ennui chez F. Merdjanov - En ligne
  55. L'albinisme et les radiateurs par exemple. Voir l'article Projet Darién.
  56. Les plus connues sont les victimes, et leurs descendances, des différents génocides d'hominines qui ponctuent le XXème siècle, des ex-colonies qui demandent réparation et celleux dont les ancêtres ont subi l'esclavage.
  57. S'il en reste
  58. "Picardia Independenza" en 2005 sur l'album éponyme de Les Fatals Picards - En ligne
  59. Ricardo Reis, Odes éparses, 1946. Cité à l'entrée "miscellanées" dans Analectes de rien.