Amour
Amour (убов en macédonien - amor en nissard). Principale invention des hominines[1] pour justifier d'en asservir d'autres.
[En cours de rédaction]
SommaireÉtymologieDans la langue française moderne et standardisée, le terme amour dérive de la forme latine amor avec le sens de "sentiment d'affection profonde" pour une personne ou une chose[2]. Il est attesté dès le IXème siècle après JCⒸ[3] dans les pratiques linguistiques du continuum gallo-roman sous la forme amur. Les chemins de l'évolution de son orthographe et de sa prononciation divisent encore les linguistes qui y voient une influence des pratiques linguistiques du continuum occitano-roman ou celles du gallo-roman de Champagne qui, chacune, sont des vecteurs importants du thème de l'amour dans les expressions artistiques des troubadours et des trouvères[4]. L'analyse des différentes sources écrites permettent d'établir que les formes amor, ameur et amur sont employées dans l'aire linguistique gallo-romane jusque dans le courant du XIVème siècle. Malgré la constitution progressive d'un français standardisé, ces formes orthographiques persistent dans les pratiques régionales orales et écrites. Comme pour rien, le genre grammatical de amour s'est modifié au fil des siècles. Les usages actuels sont d'employer le masculin pour le singulier et le féminin pour le pluriel. Par exemple, un amour envahissant, des amours meurtrières. Même si le terme amour s'est imposé face aux autres, tous ont donné lieu à des formes verbales, adjectivales ou adverbiales. Ainsi, s'amouracher, s'enamourer et amourer signifient "éprouver de l'amour", c'est-à-dire être dans un état d’amourachement ou d’enamourement. Être amourable permet ainsi de construire amourablement des amouracheries, des amourettes ou des amouries[5]. Univers amourien
L'histoire de l'amour est celle d'un asservissement. Par un jeu de miroir à facettes, les processus sont très proches de ceux de la haine. Autant dans leurs dimensions dévastatrices que dans leurs motivations ou leurs ressorts. La définition communément admise de amour est qu'il s'agit d'un sentiment profond d'attachement d'une personne à autre chose qu'elle. L'intensité de l'amour — et de la haine[7] — est telle qu'elle justifie la démesure qu'il peut engendrer chez les hominines. Il est mis sur un piédestal et tous les autres sentiments sont de fait relativisés. Chaque hominine éprouve cette attirance, se laissant porter vers l'autre. Selon cette définition, l'amour est un acte individuel qui ne nécessite pas obligatoirement une réciproque. L'amour absolu ne réclame rien. Cette définition de l'amour entretient l'illusion que le sentiment d'amour est immanent aux hominines et qu'il émane de soi vers l'autre, une vision biologico-essentialiste de l'amour qui en fait un sentiment naturel. Pour la protivophilie, il n'en est rien. Dans la plupart des sociétés d'hominines, passées et présentes, l'amour est un comportement social. Il est une construction complexe qui incite chaque hominine à penser que l'auto-réalisation passe par l'amour d'autre chose que soi-même. Pour se faire, le procédé principal consiste, d'une part, à utiliser les données biologiques qui permettent d'expliquer les "attirances physiques" et les "complicités corporelles" pour les culturaliser et, d'autre part, des faits culturels ou des complicités intellectuelles qui sont naturalisés. L'argumentaire est quelque peu tautologique : Un peu comme répondre "Aimer" à la question de savoir ce qu'est l'amour, et ne pas avoir d'autre réponse à donner que "Amour" à celle de savoir ce qu'est aimer ! Les plus optimistes des hominines prétendent que l'amour n'existe pas. Agréable illusion qui ne survit pas à la réalité des choses car ses méfaits sont bien réels et touchent la grande majorité des hominines. De la même manière que l’inexistence des races n'est pas synonyme de disparition automatique du racisme. L'univers amourien est fait de récits tragiques et peuplé de personnages fantasmés. Au cours de leur histoire, les hominines ont patiemment construit un imaginaire de l'amour qui englobe l'ensemble de l'existant. Celui qui l'on porte ou que nous porte une divinité supérieure (!), celui que l'on voue à un collectif, à un "nous" auquel on pense appartenir, celui que l'on consacre à une structure familiale et celui tourné entièrement vers une personne en particulier. Le discours sur l'amour est diffusé, depuis maintenant quelques millénaires, à travers une multitude de formes artistiques. La littérature, la poésie, le dessin, la chanson, la sculpture, le cinéma, et tant d'autres, sont gorgés du thème de l'amour. Impossible d'y échapper. Les formes littéraires que sont la politique, la philosophie et la religion[8] sont elles aussi imprégnées d'exaltation du sentiment amoureux. Bien évidemment, l'amour y est abordé sous un angle favorable. Il est présenté comme le sentiment suprême. Quasi rien sur ses dimensions asservissantes. Pourtant, derrière cette approche déformante se cache un monceau d'ordures. Au nom de l'amour, les hominines n'ont de cesse de contrôler, de violenter ou de tuer l'objet de ce même amour. Avec la haine, l'amour est l'autre grande cause de mortalité sentimentale prématurée chez les hominines. RéalicidesLes écrits des mythologies des moïsiens[9] relatent des histoires d'une divinité qui réclame à l'un des hominines de sacrifier son enfant pour démontrer l'étendue de son amour, elle déclenche des cataclysmes ou génocide des populations entières pour prouver aux autres hominines qu'illes sont l'objet de son amour. Les christiens[9] puis les mahométiens[9] réécrivent ces fables et font de la divinité une entité plus attentionnée. "Dieu est amour" proclament les nouvelles mythologies. Ainsi, la divinité est exonérée de toute mauvaise intention et agit par amour désintéressé. Dans un rapport aussi décalé que celui de l'amour d'un éleveur vis à vis du bétail qu'il destine à l'abattage. La relation entre les hominines et leur divinité unique est platonique. Chacun reste à sa place, à bonne distance. L'Un regarde sans intervenir, les autres font ce qu'illes peuvent pour répondre à son amour. Selon la protivophilie, il n'y a pas à s'inquiéter de cet amour divin étant donné que dieu n'existe pas, mais tout est à craindre de celui que les hominines portent au divin. Les adeptes de ces mythologies veulent répandre leurs croyances et annoncer à l'ensemble des hominines la bonne nouvelle : l'amour divin. Pour se faire, et face à l'importance de leur mission, illes utilisent tous les moyens de persuasion. Illes aident les hominines hésitant à choisir en brûlant et détruisant les reliques de leurs religions, illes libèrent les hominines de leurs anciennes croyances en les tuant, illes tranchent dans les débats théologiques sur l'amour divin en massacrant celleux qui divergent, illes remettent sur la bonne route les personnes récalcitrantes et les protègent de ce qui pourrait les détourner de l'amour divin. Les cas les plus difficiles bénéficient d'une purification par le feu. Il ne s'agit pas de l'amour que dieu porte aux hominines mais de celui que celleux-ci lui portent. Il faut répondre à cet amour divin par un amour du divin. Il faut apprendre qu'il n'est pas facile d'être aimé. L'amour vis à vis du divin est le seul autorisé. Le reste n'est rien. L'attirance entre deux hominines n'est pas considérée comme un sentiment suffisamment pur, parfois dégradé un peu plus par le sexe, et n'est pas digne d'être qualifié d'amourien. Dans le domaine profane, le terme amour désigne le "rut animal". Dans ce sens il s'emploie au masculin, que ce soit au singulier ou au pluriel.
Les hominines ne se laissent pas toujours convaincre de l'intérêt de l'amour divin. Derrière son prétendu désintéressement, illes voient ce qu'illes doivent être contraints d'admettre pour être dignes de cet amour, ce à quoi illes doivent renoncer. Face à un certain entêtement, les adeptes des mythologies christiennes et mahométiennes en font parfois tomber quelques unes. La méthode la plus simple pour mettre fin aux hésitations restant de pourchasser ou de tuer celleux qui refusent cette relation. L'amour demande des sacrifices. Quoi de mieux pour déclarer sa flamme divine qu'un bûcher d'hominines ? Mais rien de mal à cela étant donné que la vie éternelle est promise après la mort par la littérature religieuse. Un retour à la "case Départ" sans passer par la "case Prison" en termes théologiques. Malgré sa forte incidence sur la mortalité prématurée chez les hominines, la promesse d'une vie après la mort a néanmoins fait reculer le nombre de tentatives de suicide de celleux qui, bien décidés à mettre fin à leur vie, hésitent à deux fois avant de passer à l'acte[11]. L'amour du divin s'est propagé, telle une IST[12], sur tous les continents. Au fil des siècles et de l'épée les adeptes des mythologies christiennes et mahométiennes clament leur amour et privilégient cette relation sur tout le reste. Dans la joie, illes se joignent aux conquêtes et aux massacres des hominines qu'illes tentent d'instruire au plaisir de mourir par amour, illes pourchassent sans relâche celleux qui doutent de cet amour et de la nécessité de s'oublier dans une telle relation, et s'acharnent à débusquer les amours consacrées à d'autres. Mais l'amour du divin ne laissent pas seulement des cicatrices et des cendres sur les corps convertis, quelques adeptes pratiquent sur elleux-même des formes d'automutilation ou d'érotisme masochiste : Scoptes russes qui se coupent les organes génitaux et s'amputent des seins[13], flagellants qui obtiennent l'extase en se fouettant le corps[14], mahométiens qui se mettent en sang collectivement[15], etc. Si "les voies du seigneur sont impénétrables", sa voix non plus n'est pas très claire sur les meilleures méthodes à utiliser pour ce conformer à son amour. Les quelques recommandations émises par trois fois en quelques milliers d'années ne sont pas suffisantes et, de plus, contradictoires[16]. Pas facile d'entretenir une relation lorsque l'une des deux parties opte pour le mutisme. Les hominines cherchent en permanence à se rassurer sur un sujet : Sont-illes toujours l'objet de l'amour divin ? Les mythologies moïso-christo-mahométiennes façonnent l'amour, elles forgent les principales caractéristiques de ce sentiment qualifié de suprême. Selon elles, l'amour proposé est au-dessus de tout et place l'être qui s'en réclame au centre de tout. Son amour est, par essence, irrépressible et non négociable. Il n'est jamais sans conditions mais doit être accepter de manière inconditionnelle. La perte de discernement est indispensable car porter un avis sur un amour revient, du point de vue de cellui dont émane ce sentiment, à en nier la profondeur. Rien de plus vexant. La moindre critique est une remise en cause. Rien de plus blessant. Il est inacceptable de froisser l'amour. Impossible d'imaginer qu'il soit aussi porté pour des raisons moins louables. Cette suspicion entraîne systématiquement la colère et justifie la démesure des réactions face à un rejet de l'amour proposé. Le qualificatif d'infidèle n'est-il pas la pire des choses ? Violence des sentiments et violences sentimentales sont inséparables. En ce qui concerne cellui qui reçoit l'amour, ille se doit d'être attentif à ses choix lorsque ceux-ci peuvent ébranler le sentiment amourien. Ille se doit d'être à l'écoute permanente afin d'être au plus près des conditions optimales de l'amourie. Même s'ille ne l'a pas choisi, ille ne peut que recevoir ce sentiment comme une marque profonde de respect et d'attention, un véritable honneur. L'amour se mérite et pour cela il faut être prêt à se plier en quatre. Quitte à en mourir. La promesse d'un amour éternel ne peut être rompue si l'objet de l'amour reste dans les marges de ce qu'il est attendu de ellui. Éternité est l'anagramme de Étreinte, et ce dernier peut s'entendre dans le sens d'enlacer fortement une personne ou de contrainte extérieure. La menace est à peine déguisée, mais dans l'univers amourien elle prend le sens de promesse. Dieu propose la vie et l'amour éternels à celleux qui acceptent son amour, que les autres aillent brûler en enfer. Une promesse digne d'un dialogue de film où, alors que les personnages sont à deux doigts d'une mort certaine, l'un d'elleux dit à l'autre : "Je te promets, il ne va rien t'arriver. Je t'aime !"[17]. Le mensonge est évident et la menace indirecte est que s'il n'y avait pas cet amour, l'autre était voué à un avenir terrible. Peut-être tout simplement abandonné ? Même si elle n'engage que celleux qui la reçoivent, la promesse est une part importante du pacte amourien. Celle-ci est le principal prétexte de l'être aimant et le principal moteur de l'être aimé dans une relation déséquilibrée. L'amour implique une subordination. Évidemment, l'être aimé n'est pas en état de passivité. Ille diffuse son amour, avec ses maigres moyens, et fait savoir à qui veux l'entendre, toujours un peu maladroitement, à quel point cet amour est immense et réciproque. Après avoir inventer un créateur à la réalité, avec l'amour les hominines optent pour le déni de réalité et œuvrent à l'amour de ce créateur fictif. L'amour divin est un vrai réalicide.
GénocidesLa vision de l'amour divin s'est transférée dans les relations entre hominines, plus précisément entre les groupes d'hominines. Après la figure lointaine et évanescente de la divinité, l'amour est dorénavant dévolu aussi à un "Nous" terrestre et illusoire. Historiquement, les hominines s'agglomèrent en sociétés stables qui se différencient les unes des autres par des critères très relatifs que sont la géographie, les pratiques linguistiques, les rites culturels ou religieux, l'organisation sociale, etc. Aucun de ces critères n'est réellement pertinent en soi car, les formes d'organisation des hominines étant d'une telle diversité, ils ne sont pas opérant de la même manière selon les endroits et les époques. Les modalités sont multiples : la proximité géographique est parfois un motif entre deux groupes d'hominines pour se différencier, bien plus que l'éloignement, une langue commune n'est pas une nécessité absolue et des sociétés multilingues existent, comme d'autres ne se fondent pas sur une unique mythologie religieuse, etc. L'anthropologie retrace cette multiplicité de façons de définir un "Nous" collectif. Basiquement, une société se définie elle-même en tant qu'hominines et dénie cela aux hominines des autres sociétés et, dans des sociétés complexes, l'auto-définition ne se résume pas au fait d'être ou pas des hominines mais s'exprime dans de "savantes" subdivisions internes. Être hominine ne suffit pas pour faire partie du "Nous". Dans une approche protivophile, il n'est pas exact de réduire les massacres de masse contre les moïsiens d'Europe et, plus récemment, contre les tutsis du Rwanda à l'expression d'une haine à leur encontre. Illes sont les victimes collatérales de l'amour, celui porté à une prétendue "race germanique" et à un fantasmé "Hutu Power". Les victimes directes de ces amours sont celleux qui sont reconnus authentiquement germanique ou hutu, et donc intégrés dans le "Nous". De fait, illes sont les victimes collatérales de la haine contre les moïsiens et les tutsis. Dans l'univers amourien, le "Point Godwin" se fait "Point G", comme "Génocide". Mais il ne sert à rien de réduire le sentiment amourien des hominines à ces situations extrêmes. Ses méfaits sont tels que l'histoire des hominines regorge d'histoires d'amour qui, comme le rappellent des troubadours contemporains, "finissent mal en général"[20]. Piocher au hasard dans le grand sac à vomi collectif qu'est l'histoire des sociétés d'hominines, c'est l'assurance d'en ressortir des morceaux de choix. Les frontières sont des alignements de cadavres encore tièdes et les territoires des hominines de grands cimetières aux tombes béantes. Qu'elles soient stratifiées en tribus, en clans ou en classes, les sociétés d'hominines inventent des abstractions collectives. Les plus contemporaines s'appellent pays, États, empires, peuples ou nations. Par amour pour elles, des millions d'hominines ont accepté d'y laisser la vie. Et d'en prendre tout autant. Ces "Nous" offrent l'illusion d'un amour collectif envers chaque hominine les composant. Cet amour doit être honoré et l'infidélité est gravement punie. Se faire tuer par amour n'est pas la seule option, il est aussi possible de se faire blesser ou mutiler. Pour chaque hominine, sa propre vie importe moins que l'amour du collectif qui lui apporte un sens à sa vie. Un tel abandon amourien est tragique mais, d'évidence, "l'amour rend aveugle".
L'idée de l'amour du collectif singe celle de l'amour du divin. Là encore, les hominines inventent une abstraction supérieure à qui illes prêtent vie et à laquelle illes se subordonnent. Cet amour collectif est une construction intellectuelle qui permet, en retour, de justifier l'amour porté au collectif. Même si cela peut prêter à sourire, l'intensité de ce sentiment n'est pas à négliger. L'exaltation du "Nous" se fait à travers des proverbes et sentences, des productions artistiques et intellectuelles qui regorgent d'invitation à se plier car "le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point". Cet amour atteint des sommets lorsque les hominines qui s'en réclament se sentent en danger dans leur fantasme amourien. À la grande différence de l'amour du divin qui n'a pas pour conséquence la mort de ce dernier, l'amour du collectif engendre parfois l'affaiblissement ou la disparition de ce même collectif tant aimé. Pour titiller le "Point G" de cet article, rappelons que, par amour, les bouffées de chaleur hitléristes ont causé la mort et la misère de plusieurs millions d'hominines de la soit-disant "race germanique" et que le "Hutu Power" s'est soldé par l'effondrement de ce pouvoir, le massacre et la fuite de centaines de milliers d'hominines hutus hors du Rwanda. À son paroxysme l'amour est auto-destructeur. L'épectase n'est plus un rapprochement vers la divinité mais une mort subite collective au moment de l'orgasme[22]. Est-ce cela les "miracles de l'amour" ? "Le plus grand miracle de l'amour est de rendre l'impossible possible" affirment avec force les adeptes de l'amour, sans voir que c'est bien là le drame. Dans Killer, l'un de ses rares ouvrages consacré à l'univers amourien, le polémologiste Élie "Booba" Yaffa rappelle les mécanismes basiques qui amènent à ces amours génocidaires.
Que des hominines choisissent de perdre la vie ou de se suicider par amour de leur région, de leur pays ou de toute autre chimère collective, est une chose, mais qu'illes décident de faire sombrer les autres est une chose discutable. D'autant plus que des recherches ont permis de mettre en évidence que le suicide individuel n'est pas mécaniquement létal pour l'entourage. Mais le "crime passionnel" bénéficie souvent de "circonstances atténuantes". Refuser cet amour n'est pas sans risque. Malgré l'accusation de trahison qui plane sur elleux, de nombreux hominines tentent d'échapper à ce qui est attendu d'elleux. Fuir l'amour pour ne pas y prendre part. Et surtout ne pas se faire prendre.
L'amour du "Nous" consacre dans le domaine profane ce que l'amour divin avait prédéfini comme étant le sentiment absolu : Le sacrifice de soi ou d'autrui, la perte de discernement ou de contrôle, la subordination ou l'asservissement, l'aspect monomaniaque, la jalousie et l'exclusivisme, l'obsession de la perte et l'oubli de soi. Tous syndromes de cette pandémie, ils touchent chaque hominine avec des intensités et des modalités différentes. Pour les adeptes de ces amours, profanes ou sacrées, ces états ne sont pas problématiques et sont même valorisés par une inversion rhétorique : les protestations contre ces viols d'amour sont masquées par la viole d'amour[25] qui accompagne mielleusement le sentiment suprême. L'exaltation de l'amour parle plutôt de sensation de bien-être, de plénitude, d'abandon libérateur, de sens de la vie et de partage ! "Amour et mort rien n’est plus fort. Rien ne résiste à l’amour ni à la mort." est un véritable leitmotiv. Ce qui enchante les adeptes de l'amour du "Nous" a de quoi sérieusement inquiéter celleux qui n'y entendent rien. HomininicidesContrairement aux amours divin et collectif, la troisième catégorie de l'univers amourien est une affaire entre hominines et non plus avec une abstraction ou un imaginaire. Le résultat n'en est pas moins tragique. Cette conception de l'amour se calque sur les deux autres et vise plus particulièrement l'entourage social immédiat de chaque hominine. Dans la plupart des sociétés actuelles, les espaces sociaux de proximité sont la parentalité et l'adelphité[26], espaces dans lesquels les amours homininicides se déroulent. Les normes sociales différencient la parentalité des hominines mâles de celle des femelles, et l'adelphité se subdivise en fraternité et sororité. La différentiation binaire des hominines entre mâles et femelles engendre des situations, des comportements et des attentes différents. Chez les hominines, la gestation est d'environ 9 mois. Contrairement à d'autres bilatériens[27], tel le crapaud accoucheur, la femelle hominine porte en elle la progéniture à venir. S'illes n'ont pas interrompu le processus, les personnes génitrices voient la naissance d'un petit animal incapable de la moindre autonomie pendant encore quelques années. Lors de cette période, il est nécessaire de pallier à ce que l'hominine en devenir ne peut faire sans aide. Il faut le nourrir et l'hydrater, lui apprendre à se déplacer en bipède et établir des moyens de communication communs. En tant que processus biologique de cette espèce, le but est de parvenir ainsi à faire concorder acquisition de l'autonomie et maturité reproductive. Pour se faire les sociétés d'hominines ont mis au point des méthodes d'apprentissage reposant sur l'imitation et l'initiative, toutes deux présentes aussi chez de nombreuses autres espèces animales. L'une des particularités des hominines — et quelques autres primates — est de ritualiser des faits biologiques en leur donnant un aspect culturel, passant de la nourriture à la gastronomie, de la reproduction à la sexualité, de la parentalité à l'amour parental ou adelphique, etc. Et inversement, les dimensions culturelles chez les hominines sont si présentes qu'elles parviennent à modifier partiellement l'aspect biologique. Si un infanticide n'est pas pratiqué, les dix premières années de leur immersion dans l'existant sont déterminantes pour les nouvels hominines[28]. En échange de nourriture et de conditions générales de vie qui tentent de les maintenir en vie, les jeunes hominines apprennent les codes sociaux de leurs parentelles. Avec plus ou moins de douceur, selon les personnes, les méthodes ou les époques, avec plus ou moins de violence pour les jeunes, selon leurs facilités ou leurs volontés à acquérir ces cadres sociétaux. Il y a parfois des morts. Le dressage, ce n'est pas rien. Pendant ces années d'enfance, les jeunes hominines sont en situation de dépendance presque totale[29]. Comme cela fonctionne très bien avec quelques graines pour des volatiles ou des friandises pour des souris de laboratoire, ce que les biologistes appellent le "circuit de récompense"[30] est sollicité en permanence pour ce dressage d'hominines. Ce même circuit qui entre en jeu dans les amours divin et collectif mais, dans le cas des amours homininicides il concerne non plus des satisfactions secondaires mais des besoins vitaux tels que les soins, la nourriture et l'eau. Même s'illes n'ont pas demandé à être là, cette relation crée un sentiment d'attachement entre les personnes enfantées et les génitrices.
SingularicidesAmouricide univérienNotes
|