F. Merdjanov
F. Merdjanov (F. Мерџанов en macédonien) Naissance en 1970 à Nice. Auteur/rice des Analectes de rien. SommaireBiographieLa courte notice biographique présente en ouverture des Analectes de rien est l'unique source :
NaissanceNaissance en 1970 à Nice [ou Niš en Serbie ou Iznik (ex Nicée) en Turquie ?] dans une famille originaire de Macédoine[1]. Nice a "hébergé la plus petite communauté d’exilés macédoniens de l’ancien territoire du comté. Dans des temporalités historiques assez semblables à la communauté russe, les exilés de Macédoine s’installent dans la ville, fuyant des situations politiques féroces. À l’instar de la Genève de la fin du XIXème siècle où les plus radicaux de toutes les tendances révolutionnaires de Russie s’installent pour ourdir faits et gestes, Nice devient le centre politico-illusioniste des exilés macédoniens."[2] Des hypothèses postulent de l’influence de cette communauté macédonienne "[...] par l’empreinte laissée dans l’émergence d’une gastronomie locale et plus précisément sur la salade niçoise qui est une sorte de macédoine de légumes", comme la salade chopska[3]. La signification exacte du F. précédant Merdjanov est jusqu'à maintenant inconnue. Il est, par conséquent, actuellement impossible de déterminer le genre de F. Merdjanov. Certains ont "cru déceler dans ce F mystérieux une référence aux dires d’un centenaire bulgare[4] qui désigne sous le pseudonyme de Floresco l’un des auteurs du Catéchisme du Révolutionnaire[5] lors de son passage en Macédoine, ce Serge Netchaïev[6] dont ses détracteurs littéraires[7][8] ou politiques ont fait une pauvre caricature, mélange de père-fouettard et de froideur militante"[2]. Origines familialesLa notice biographique mentionne que l'histoire de la famille de F. Merdjanov "croise celle du nihilisme politique des années 1900". Si à cette période, aucun groupe politique en Macédoine ottomane ne se revendique "nihiliste"[9], cela fait sans doute référence aux Bateliers de Salonique (en macédonien : Гемиџии, transcrit Gemidžii ou Guémidjii) . Issu en grande partie du Comité des Révolutionnaires-Terroristes Macédoniens dont l'un des fondateurs est Svetoslav Merdjanov (Светослав Мерџанов en macédonien / 1876-1901), ce groupe de jeunes anarchistes a perpétré des attaques à la bombe entre le 28 avril et le 1er mai 1903 dans la ville de Salonique pour protester contre la répression ottomane en Macédoine et en Thrace. Ceux qui ne furent pas tués pendant la série d'attaques, furent arrêtés et déportés en Libye. Peu réussirent à s'échapper. Selon Balkanski, "ils s'obstinaient à ne laisser ni trace personnelle, ni souvenirs, ni attaches sentimentales, ni portraits..."[10] Ces actions précèdent de quelques mois le début de l'insurrection d'Ilinden qui débute le 2 août 1903 contre l'occupation ottomane et débouche sur la création de la République de Krouchevo ou de la très éphémère Commune de Strandja. L'insurrection est écrasée par les formes militaires ottomanes en novembre et se solde par une dizaine de milliers de morts, des centaines de villages détruits et le départ vers l'étranger de plus de 30000 personnes. Deux évènements récupérés depuis dans la construction moderne du nationalisme macédonien, en contradiction avec les options politiques anarchistes des Bateliers ou les revendications des insurgés de 1903 proches de l'Organisation révolutionnaire intérieure macédonienne (ORIM - en macédonien Внатрешна Македонска Револуционерна Организација, ВМРО). Les Bateliers inspirèrent la littérature[11] et le cinéma[12] macédonien[13]. Une partie de membres de l'ex-Comité des Révolutionnaires-Terroristes Macédoniens réfugiés à Genève échappent à la vague de répression contre le mouvement anarchiste en Macédoine. C'est dans cette ville que ces jeunes révolutionnaires bulgaro-macédoniens rencontrent des réfugiés russes et s'imprègnent des idées et du vocabulaire politique anarchistes.[14] De ces rencontres naîtront différentes organisations anarchistes : le Comité Révolutionnaire Secret Macédonien (Македонскиот таен револуционерен комитет - МТРК), le "Groupe de Genève", le Comité des Révolutionnaires Terroristes Macédoniens, les Fauteurs de Trouble (Gürültücü en turc) ou les Bateliers. Toutes sont dans la même optique politique que des groupes anarchistes-communistes en Russie[15][16]. Selon G. Balkanski "il y a aussi une erreur, largement répandue et obstinément maintenue qui concerne l'appartenance idéologiques des Bateliers : ils sont qualifiés d' "individualistes". Cette erreur est du probablement au fait qu'ils n'adhéraient pas à l'Organisation révolutionnaire intérieure, qu'ils considéraient autoritaire et centraliste ; peut-être aussi au fait que le groupe avait un caractère fermé, strictement conspiratif"[10] Ils pratiquent la propagande par le fait et s'inspirent des écrits de Piotr Kropotkine. G. Balkanski ajoute d'ailleurs leurs maîtres directs - Svetoslav Merdjanov, Petar Mandjoukov, Mikhaïl Guerdjikov - furent anarchistes-communistes nettement déterminés, et nullement individualistes."[10] L'exemple de la Russie montre que la frontière n'est pas si tranchée entre une tendance individualiste et une autre anarchiste-communiste.[17] En Macédoine, comme en Russie, il y a parfois une certaine perméabilité entre des groupes politiquement distincts, entre des anarchistes et l'Organisation révolutionnaire intérieure macédonienne dans l'une[18] et entre des anarchistes et des socialistes-révolutionnaires dans l'autre. Il est actuellement impossible de déterminer la date exacte de l'arrivée en France des ancêtres ou des géniteurs de F. Merdjanov, ni même de savoir s'ils sont arrivés ensemble. Techniquement parlant, il suffit - à minima - que sa mère enceinte soit à Nice en 1970 pour sa naissance. S'il n'a pas été établi de liens de filiation avec Svetoslav Merdjanov, il n'est pas improbable que F. Merdjanov puisse aussi tenir son nom de la sœur ou de la mère de l'anarchiste macédonien. L'invisibilité sociale faite aux femmes dans l'écriture de l'Histoire occulte souvent leur présence, schéma auquel n'échappent pas les mouvements révolutionnaires. Tout comme Albertine Hottin a disparu derrière la figure de Serge Netchaïev malgré son rôle dans la vie amoureuse[19] et intellectuelle de ce dernier[20]. La persistance de l'anarchisme bulgaro-macédonien après la chute l'empire ottoman se heurte de front avec la montée des nationalismes et des totalitarismes du XXème siècle. Des nombreux anarchistes participent à des maquis pendant la Seconde guerre mondiale. Avec la Bulgarie et la Macédoine (devenue yougoslave) sous des régimes communistes, quelques anarchistes basés en France tentent entre septembre 1953 et mars 1954 de lancer un petit groupe de guérilla en Bulgarie, décidés à lutter contre le pouvoir en place. Ils sont parachutés avec des armes et du matériel radio dans une région montagneuse avec l'aide la CIA à qui ils font miroiter de monter une radio anti-communiste. Pourchassés ils doivent fuir après plusieurs mois sur place.[21] Sans doute un peu dans la même optique que la lutte contre le régime franquiste en Espagne par des petits groupes d'anarchistes entre la fin de la Seconde guerre mondiale et le début des années 60. Francesc Sabaté Llopart n'est pas un cas isolé[22]. Difficile d'affirmer que la mère de F. Merdjanov fut proche politiquement, ou personnellement, de cet anarchisme intransigeant, où même qu'elle se soit directement impliqué dans de tels actions. Une étude approfondie d'un texte attribué à F. Merdjanov montre néanmoins une grande proximité dans une vison du monde qui pose qu'il n'y a jamais aucune raison de ne pas s'opposer. Commentant la difficulté d'échapper à la trahison de la traduction du texte attribué à F. Merdjanov, le rédacteur de la postface des Analectes de rien s'interroge : "Peut-être eût-il mieux valu pointer ses accents destructifs et joyeux ? Ses penchants déicides et vengeurs ? Ses névroses bienfaitrices et ses envies d’être contre ? Ou tout simplement ses envies violentes et apaisées de rien". Aucun travaux sérieux ne permettent de dire avec plus de précision si la famille de F. Merdjanov est issu de l'une des communautés formant la mosaïque macédonienne[23] : Roms musulmans ou guègues ? Aroumains ou slavo-macédoniens ? Juifs romaniotes ou Turcs de Macédoine ? Seule une étude linguistique approfondie du fragment manuscrit attribué à F. Merdjanov permettrait de définir exactement le type de parler bulgaro-macédonien et de, peut-être, dans cette myriade, dans cette macédoine, y voir une origine précise. Mais cette démarche semble sans importance au risque de tomber dans un travers qui consiste à trouver un sens à définir quelqu'un par une "origine", ou de fantasmer une diversité des langues et des cultures pour oublier qu'elles sont toutes, macédoniennes compris évidemment, des représentations de formes d'organisations sociales qui, par essence, sont une contrainte pour les individualistes et leurs contemporains. Au XIXème siècle, la cartographie "ethnographique" fixe des imaginaires, objectivés sur des critères linguistiques, religieux, coutumiers, culturels ou sociaux, censés être le liant d'une identité collective.[3] Elle participe à l'émergence des nationalismes en Europe. La complexité des cartes pour la Macédoine a inspiré l'expression "macédoine" pour désigner un mélange disparate et coloré dans le domaine culinaire.Le bilinguisme de l'emblème du Comité des Révolutionnaires-Terroristes Macédoniens incite à penser que l'un des grand-parents de F. Merdjanov ont pu transmettre à leur fille ce bilinguisme que F. Merdjanov semble aussi posséder comme le montre le texte en macédonien qui lui est attribué et le manuscrit en français des Analectes de rien. F. Merdjanov est donc sans doute polyglotte, suivant son niveau dans les langues étrangères obligatoires au cours de la scolarité. ÉtudesIl n'est pour l'instant pas possible de savoir si F. Merdjanov a fait ses études en Macédoine ou en France. La notice biographique des Analectes de rien indique des "études de philosophie et de littérature". Ses travaux intitulés L’égosolisme klimaïen et le matérialisme du rien laissent à penser que F. Merdjanov est lecteur/rice attentif du philosophe tchèque Ladislav Klima dont l'égosolisme est l'un des concepts favoris. Des recherches récentes dans les archives de la bibliothèque municipale de Nice ont d'ailleurs mis en évidence l'emprunt d'un livre de Ladislav Klima par un certain Merdjanof dans les années 1990.[2] ŒuvresAnalectes de rienAnalectes de rien est le premier écrit de F. Merdjanov. Cette anthologie autour de la problématique du "rien" regroupe plus de 180 auteurs répartis selon des entrées thématiques. Le manuscrit original est entièrement rédigé en français, hormis la mention en macédonien de L’égosolisme klimaïen et le matérialisme du rien dans la notice biographique. Précédée d'un commentaire indiquant que "les personnes les plus intéressantes sont celles dont nous ne connaissons rien"[24], la seconde partie de l'ouvrage est composée de courtes biographies/nécrologies des auteurs cités, en mentionnant pour chacun d'eux celles et ceux qui se sont suicidés. Selon Ladislav Klima, "l'Homme qui se respecte quitte la vie quand il veut ; les braves gens attendent tous, comme au bistrot, qu'on les mette à la porte."[25] Le terme analecte présente une polysémie : il désigne tout à la fois une anthologie, des miettes et un esclave. Définition de rien
Extrait de Éloge de rien[26]. Légèrement modifié pour cet article. L'égosolisme klimaïen et le matérialisme du rienCe texte est inédit. Des copies partielles circulent via le réseau internet sans que leur authenticité ne soit encore confirmée. L'une d'elles s'intitule Deus Sum (Je suis dieu) - en référence à une expression souvent utilisée par Ladislav Klima - et sous-titrée "A la prompt rencontre, toute personnelle et subjective, de Ladislav Klima, philosophe égosoliste, amusant amuseur de la bien-nommée Bohême". Signé F. Merdjanov ce texte précise qu'il est "une troncature dilatatrice de L’égosolisme klimaïen et le matérialisme du rien ; tractatus détruit par l'auteur lui-même lors d'une crise d'êtr'xitantisme aiguë en automne 2005, repris, revu et augmenté ex-nihilo en hiver 2016"[27] Le Tout, le RienSous-titré "Re-craché suprême et pratique, au minimum", ce texte est écrit en macédonien. Retrouvé sur une feuille distincte dans le manuscrit original des Analectes de rien et traduit par les Éditions Gemidži, ce texte n'est pas signé. Une mention manuscrite, en français, est apposée au verso : "Feuille individualiste. Tirage unique. Numéro unique (Jamais diffusé)". Les études graphologiques ont permis d'émettre l'hypothèse d'une rédaction par F. Merdjanov en personne. Extrait :Dans ce texte, la notion d'êtr'xistant est développée pour la première fois. Êtr'xistantBasé sur la construction grammaticale postojati-postojanje, composé de deux racines slaves exprimant l'existant, le néologisme êtr'xistant restitue le rapport protivophile entre l’être, au sens d’individu singulier, et le fait d’exister. Les traducteurs précisent : "Peut-être eût-il fallu que nous inventions pour cette occasion un nouveau signe, mélange entre le slash (/) et les deux points (:), pour mieux rendre la subtilité conceptuelle ? [...] Un peu comme l'esperluette" [2] Développée pour la première fois dans "Le Tout, le Rien", cette notion "philosophique" rappelle tout autant l' Être-étant de Ladislav Klima que les écrits de Martin Heidegger qui développent la notion de Dasein[30] (Être-Là) dans Être et Temps. Elle tente de décrire le rapport de lêtre à lexistant :
ProtivophilieLibrement inspiré de Los Siete Locos (Les Sept Fous - 1929) de Roberto Arlt et de Guignol's Band de Louis-Ferdinand Céline, le film Los Porfiados (Les Acharnés - 2002) de l'argentin Mariano Torres Manzur s'ouvre sur cette devise : "Se faire des illusions est un problème dans la mesure où, justement, il est question d’une illusion". Selon les rédacteurs de la postface des Analectes de rien, cette devise illustre parfaitement ce qu'est la protivophilie. Basée sur la racine slave protiv, au sens de contre, "opposé à", et la racine grecque phili, au sens de "attiré par", la protivophilie est une discipline née de la nécessité de présenter et d'analyser les travaux et la démarche "intellectuelle" de F. Merdjanov.Sans qu'ils soient explicitement cités, cette "affirmation protivophile" renvoie aux écrits de Max Stirner et particulièrement au texte L'Unique et sa propriété (1844) dans lequel l'auteur affirme "Je n'ai basé ma cause sur rien"[31]. Malgré cela, il serait réducteur de classer la protivophilie parmi les seuls courants de pensée individualistes tant les sources de F. Merdjanov sont diverses. Tout au plus peut-elle être qualifiée de "sensibilité individualiste"[32], pour reprendre le titre d'un texte de 1909 de Georges Palante. Amphigouri que rend très bien cet extrait de Éloge de rien[26] : La protivophilie pourrait être qualifiée outrageusement de nihilisme alors que cette construction en -isme laisse transparaître ici une simple illusion rhétorique : le nihilisme n'est pas contre, il est pour. Or, la protivophilie, elle, est contre. Depuis son apparition dans le contexte de la Russie du XIXème siècle, l'emploi du qualificatif de "nihilisme" est généralement utilisé pour dénigrer, ou du moins caricaturer, ceux et celles qu'il désigne[33]. Ce terme désigne aussi un courant littéraire russe[34] et suscitera plus tard un engouement chez certains auteurs tels Albert Camus[35] , Hans Magnus Enzensberger[36] ou Oscar Wilde[37]. Une sorte de fascination pour les tenants du Catéchisme du révolutionnaire[5] et son auteur.
Situation actuelleActuellement en apiculture sur les rives de la mer Noire. Pour l'instant inédit, le texte Les ruches horizontales, une apiculture de la paresse pourrait nous renseigner sur cette pratique particulière de l'apiculture qui, si l'on se fie à son intitulé, est un mélange du Droit à la paresse de Paul Lafargue et d'un certain dandysme - ici naturaliste - qu'Albert Camus n'hésite pas à classer parmi les "nihilistes"[35]. Selon son éditeur, F. Merdjanov désire rester anonyme comme le sont par exemple Réjean Ducharme ou Thomas Pynchon mais plus encore comme le sont toutes celles et ceux qui se refusent à signer ce qu'ils écrivent. En paraphrasant Fernando Pessoa, F. Merdjanov "n'est rien et souhaite le rester"[2] :La postface des Analectes de rien réfute les multiples hypothèses de celles et ceux qui doutent de la localisation exacte de F. Merdjanov. Plusieurs terra nullius sont mentionnées (Bir Tawil à la frontière égypto-soudanaise ou des îles du Danube devenues le Liberland) sans qu'aucune de soit retenues. Les auteurs se permettent de gloser sur ce sujet[2] et d'évoquer entre autres un mythique nihilistan ou le désert du Taklamakan, terme qui signifie «lieu des ruines» en langue ouïghoure et qui était le territoire des antiques Tokhariens ! PolémiqueGemidži Éditions qui publient les Analectes de rien précisent dans la postface qu'ils tiennent le manuscrit original des mains de B. Smotivny, personne rencontrée lors d'un voyage en Macédoine. Lors d'un second voyage, B. Smotivny resta introuvable et il s'avéra même qu'il pouvait s'agir d'un pseudonyme usant d'un jeu de mot avec le terme russe "besmotivny" qui signifie "sans motif" et par lequel se désignaient certains anarchistes russes du début du XXème siècle adeptes de la propagande par le fait et la violence révolutionnaire. Œuvres incomplètes
Citations
Sources
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