Clémentine Delait : Différence entre versions

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'''Clémentine Delait''' (''Клементина Делаит'' en [[macédonien]] - en [[nissard]]). Tenancière de bar et hominine non-binaire<ref>''genderfluid''</ref>.  
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'''Clémentine Delait''' (''Клементина Делаит'' en [[macédonien]] - ''Clementina Delait'' en [[nissard]]). Tenancière de bar et hominine non-binaire<ref>L'hominine non-binaire ou ''genderfluid'' est une personne qui refusent de se définir strictement comme "homme" ou "femme", soit parce qu'elle possède des attributs physiques particuliers ou qu'elle n'accepte pas, par choix, de se conformer à un genre social au prétexte de tel ou tel sexe biologique. Voire jouer ou être fluide avec ce qui est caractéristique des constructions genrées.</ref>.  
 
 
 
 
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== Généalogie pileuse ==
 
== Généalogie pileuse ==
  
Dans la classification du vivant, parmi les bilatériens<ref>bilatériens</ref> vertébrés, hormis de rares araignées ou papillons, seul les mammifères<ref>mammifères</ref> sont dotés d'un système pileux. Sa densité et sa répartition sur le corps sont différentes selon les espèces. Lorsque l'ensemble du corps est couvert de poils, il sont généralement désignés par le terme de ''pelage''. Si les couleurs, les motifs ou le volume de celui-ci peuvent être parfois différenciées selon le sexe de l'animal, dans la plupart des cas les éléments mâles et femelles sont également pourvus en pilosité. Chez les primates — les singes et les hominines<ref>hominines</ref> — la pilosité n'est que très peu présente sur certaines partie du corps. Selon les cas, des espèces n'en ont pas du tout sur le front ou les fesses mais sur le restant du corps, d'autres en ont sur les zones autour de la bouche et des yeux mais pas sur le reste du visage, d'autres encore n'ont des poils que de manière irrégulière sur l'ensemble du pelage ou restreints à des régions précises. L'hominine, mâle et femelle<ref>Priscille Touraille, "Mâle/Femelle", ''Encyclopédie critique du genre'', 2021 - [https://analectes2rien.legtux.org/images/PDF/malfem.pdf En ligne]</ref>, est un des mammifères ayant le système pileux le moins présent. Il se concentre au niveau de la tête, des aisselles et du pubis, où la densité pileuse est la plus importante contrairement au reste du corps qui est généralement imberbe ou recouvert d'un fin duvet. Dans la plupart des populations d'hominines du globe terrestre il n'existe pas de dimorphisme pileux entre mâles et femelles, et les zones pileuses sont uniquement celles des cheveux, des sourcils et du pubis alors que le restant de la peau est glabre<ref>Priscille Touraille, "Des poils et des hommes. Entre réalités biologiques et imaginaires de genre eurocentrés", ''Cahiers d'anthropologie sociale'', 2010/1, n°6 - [https://analectes2rien.legtux.org/images/PDF/touraille.pdf En ligne]</ref>.
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Dans la classification du vivant, parmi les bilatériens<ref>Les bilatériens sont un ordre taxonomique du vivant qui regroupe les animaux ayant une symétrie du squelette et pourvus d'une entrée et d'une sortie, c'est-à-dire d'une bouche et d'un anus.</ref> vertébrés, hormis de rares araignées ou papillons, seul les mammifères sont dotés d'un système pileux. Sa densité et sa répartition sur le corps sont différentes selon les espèces. Lorsque l'ensemble du corps est couvert de poils, ils sont généralement désignés par le terme de ''pelage''. Si les couleurs, les motifs ou le volume de celui-ci peuvent être parfois différenciées selon le sexe de l'animal, dans la plupart des cas les éléments mâles et femelles sont également pourvus en pilosité. Chez les primates — les singes et les hominines<ref>Les hominines sont une [[macédoine]] d'espèces proches et métissées dont les derniers rejetons, belle bande de bâtards, sont les humains actuels. Même Michel Onfray et Catherine Deneuve.</ref> — la pilosité n'est que très peu présente sur certaines partie du corps. Selon les cas, des espèces n'en ont pas du tout sur le front ou les fesses mais sur le restant du corps, d'autres en ont sur les zones autour de la bouche et des yeux mais pas sur le reste du visage, d'autres encore n'ont des poils que de manière irrégulière sur l'ensemble du pelage ou restreints à des régions précises. L'hominine, mâle et femelle<ref>Priscille Touraille, "Mâle/Femelle", ''Encyclopédie critique du genre'', 2021 - [https://analectes2rien.legtux.org/images/PDF/malfem.pdf En ligne]</ref>, est un des mammifères ayant le système pileux le moins présent. Il se concentre au niveau de la tête, des aisselles et du pubis, où la densité pileuse est la plus importante contrairement au reste du corps qui est généralement imberbe ou recouvert d'un fin duvet. Dans la plupart des populations d'hominines du globe terrestre il n'existe pas de dimorphisme pileux entre mâles et femelles, et les zones pileuses sont uniquement celles des cheveux, des sourcils et du pubis alors que le restant de la peau est glabre<ref>Priscille Touraille, "Des poils et des hommes. Entre réalités biologiques et imaginaires de genre eurocentrés", ''Cahiers d'anthropologie sociale'', 2010/1, n°6 - [https://analectes2rien.legtux.org/images/PDF/touraille.pdf En ligne]</ref>.
  
Chez certaines populations d'hominines mâtinées de néandertaliens<ref>néandertaliens</ref> — à [[Nice]] ou en [[Macédoine républicaine|Macédoine]] par exemple — le dimorphisme pileux existe, ce qui fait que, si les zones pileuses sont identiques, les mâles présentent plus souvent que les femelles des densités plus fortes sur les mollets, les cuisses, le pubis, le torse, les épaules et le dos. Idem pour les pourtours du visage. Les différences sont parfois importantes selon les individus, des mâles sont dépourvus de pilosité — à l'exception des cheveux, des cils et des sourcils — alors que d'autres sont plus ou moins poilus sur des parties de leurs anatomies. Les avant-bras, les tibias, le bas du dos et les fesses sont des régions corporelles pouvant présenter de plus grosses densités de poils selon les hominines. Pour les femelles, la situation est la même, mais dans une moindre mesure. Les nuances entre mâles et femelles sont telles que l'estampillage mâle pour un hominine n'empêche pas pour autant qu'une femelle puisse être plus poilue que lui. Pour les hominines femelles, vieillir s'apparente souvent au développement de la moustache et de quelques poils au menton. Presque aucune partie du corps n'échappe à la présence d'une petite touffe de poils isolée, mais malgré ce qu'en dit l'expression "''Avoir un poil dans la main''"<ref>"''Avoir un poil dans la main''"</ref>, comme les autres primates, les hominines mâles et femelles n'ont pas de système pileux sur la plante des pieds, ni dans la paume des mains<ref>L'occasion de placer ici "''Poil aux mains''" comme le font par jeu les enfants, "''Poil aux dents''". </ref>.
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[[Fichier:Moumout.jpg|300px|vignette|droite|Chenille déguisée en perruque blonde]]
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Chez certaines populations d'hominines mâtinées de néandertaliens<ref>Présents en Europe, au Moyen-Orient et en Asie centrale, jusqu'à environ 30000 ans avant le présent, les néandertaliens sont une espèce éteinte d'hominines. Pendant plus de 10000 ans, elle a cohabité, et s'est partiellement mélangée avec la branche des hominines dont sont issus les "humains modernes", mâles et femelles.</ref> — à [[Nice]] ou en [[Macédoine républicaine|Macédoine]] par exemple — le dimorphisme pileux existe, ce qui fait que, si les zones pileuses sont identiques, les mâles présentent plus souvent que les femelles des densités plus fortes sur les mollets, les cuisses, le pubis, le torse, les épaules et le dos. Idem pour les pourtours du visage. Les différences sont parfois importantes selon les individus, des mâles sont dépourvus de pilosité — à l'exception des cheveux, des cils et des sourcils — alors que d'autres sont plus ou moins poilus sur des parties de leurs anatomies. Les avant-bras, les tibias, le bas du dos et les fesses sont des régions corporelles pouvant présenter de plus grosses densités de poils selon les hominines. Pour les femelles, la situation est la même, mais dans une moindre mesure. Les nuances entre mâles et femelles sont telles que l'estampillage mâle pour un hominine n'empêche pas pour autant qu'une femelle puisse être plus poilue que lui. Pour les hominines femelles, vieillir s'apparente souvent au développement de la moustache et de quelques poils au menton. Presque aucune partie du corps n'échappe à la présence d'une petite touffe de poils isolée, mais malgré ce qu'en dit l'expression "''Avoir un poil dans la main''"<ref>L'expression "''Avoir un poil dans la main''" signifie "être porté à la fainéantise".</ref>, comme les autres primates, les hominines mâles et femelles n'ont pas de système pileux sur la plante des pieds, ni dans la paume des mains<ref>L'occasion de placer ici "''Poil aux mains''" comme le font par jeu les enfants, "''Poil aux dents''". </ref>.
  
[[Fichier:Moumout.jpg|300px|vignette|droite|Chenille déguisée en perruque blonde]]
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En [[français]], il existe un vocabulaire dédié pour désigner les régions pileuses du visage des hominines. Sur le dessus du crâne, les poils sont ainsi dénommés ''cheveux'', sur les arcades ''sourcils'', sur les paupières ''cils'' et ''barbe'' sur le pourtour de la mâchoire. Pour ceux au-dessus de la lèvre supérieure, il est employé le terme de ''moustache'' lorsque le système pileux n'est pas très dense sur le menton ou les joues. Ceux qui dépassent du nez et des oreilles n'ont pas de nom particulier et, comme ceux des aisselles et du pubis, ne sont désignés que par leur localisation. Tout au long de son cycle de vie, chaque hominine perd et produit des poils en permanence. Inlassablement, ils tombent et repoussent aux mêmes endroits. La vieillesse est la cause principale de la diminution des zones pileuses et de leurs densités. Jusqu'à parfois s'arrêter complètement. La ''calvitie'' — la perte des cheveux — partielle ou totale est un phénomène biologique du vieillissement plus marqué chez les mâles<ref>''Le futur sera chauve'', 2019 - [https://www.youtube.com/watch?v=Mm_pkbYQIXs En ligne]</ref> mais l'éclaircissement général des régions pileuses du corps touche l'ensemble des hominines. Il est possible d'utiliser les mots de ''barbiche'' pour les vestiges d'une ancienne pilosité sur la mâchoire et ''couronne'' pour les cheveux qui perdurent au-dessus des oreilles et à l'arrière du crâne. Si la pratique de faux cheveux pour remplacer ceux disparus, appelée ''perruque'', est attestée elle ne l'est pas pour les autres parties du corps hominine. À l'exception de la ''fausse barbe'' destinée au déguisement, pas de touffes de poils autocollantes pour les cuisses ou le dos par exemple.
En [[français]], il existe un vocabulaire dédié pour désigner les régions pileuses du visage des hominines. Sur le dessus du crâne, les poils sont ainsi dénommés ''cheveux'', sur les arcades ''sourcils'', sur les paupières ''cils'' et ''barbe'' sur le pourtour de la mâchoire. Pour ceux au-dessus de la lèvre supérieure, il est employé le terme de ''moustache'' lorsque le système pileux n'est pas très dense sur le menton ou les joues. Ceux qui dépassent du nez et des oreilles n'ont pas de nom particulier et, comme ceux des aisselles et du pubis, ne sont désignés que par leur localisation. Tout au long de son cycle de vie, chaque hominines perd et produit des poils en permanence. Inlassablement, ils tombent et repoussent aux mêmes endroits. La vieillesse est la cause principale de la diminution des zones pileuses et de leurs densités. Jusqu'à parfois s'arrêter complètement. La ''calvitie'' — la perte des cheveux — partielle ou totale est un phénomène biologique du vieillissement plus marqué chez les mâles<ref>''Le futur sera chauve'', 2019 - [https://www.youtube.com/watch?v=Mm_pkbYQIXs En ligne]</ref> mais l'éclaircissement général des régions pileuses du corps touche l'ensemble des hominines. Il est possible d'utiliser les mots de ''barbiche'' pour les vestiges d'une ancienne pilosité sur la mâchoire et ''couronne'' pour les cheveux qui perdurent au-dessus des oreilles et à l'arrière du crâne. Si la pratique de faux cheveux pour remplacer ceux disparus, appelée ''perruque'', est attestée elle ne l'est pas pour les autres parties du corps hominine. À l'exception de la ''fausse barbe'' destinée au déguisement, pas de touffes de poils autocollantes pour les cuisses ou le dos par exemple.
 
  
Face à cette pousse permanente et aux impondérables biologiques, les hominines, selon les époques et les lieux, ont encadré socialement tout ce qui concerne les poils<ref>Thématique "Poils et sang" dans les ''Cahiers d'anthropologie sociale'', 2010/1, n°6</ref>. Des rituels, des imaginaires et des pratiques se forment pour encadrer ce qu'il doit en être fait, dit ou pensé. Il n'y a pas d'universalisme du poil. En avoir peut être valorisé alors qu'ailleurs ils sont pourchassés, des hominines en prennent soin alors que d'autres les cachent. Toutes les zones pileuses ne sont pas traitées à la même enseigne. Le plus courant pour les zones de pousse rapide que sont les cheveux et la barbe est la coupe régulière ou occasionnelle, soit en partielle, soit totale. Les cheveux et la barbe sont mis en forme selon des critères individuels ou culturels, sculptés, parfois parfumés ou décorés. L'épilation du crâne<ref>Voir une tentative d'épilation crânienne - [https://www.facebook.com/demotivateur/videos/409123363800523/ En ligne]</ref>, de la mâchoire et du cou sont peu utilisées car douloureuses. Pour les autres zones pileuses, ou les hominines les laissent aller à leurs rythmes ou bien elles sont épilées ou rasées pour ne plus être visibles. Le pubis et les aisselles jouissent parfois d'un traitement particulier, leurs poils pouvant être raccourcis ou taillés dans des formes spéciales.
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Face à cette pousse permanente et aux impondérables biologiques, les hominines, selon les époques et les lieux, ont encadré socialement tout ce qui concerne les poils<ref>Thématique "Poils et sang" dans les ''Cahiers d'anthropologie sociale'', 2010/1, n°6</ref>. Des rituels, des imaginaires et des pratiques se forment pour encadrer ce qu'il doit en être fait, dit ou pensé<ref>Jean Da Silva, "Hair Studies : une bibliographie", ''Apparence(s)'', n°5, 2014 - [https://doi.org/10.4000/apparences.1248 En ligne]</ref>. Il n'y a pas d'universalisme du poil. En avoir peut être valorisé alors qu'ailleurs ils sont pourchassés, des hominines en prennent soin alors que d'autres les cachent. Toutes les zones pileuses ne sont pas traitées à la même enseigne. Le plus courant pour les zones de pousse rapide que sont les cheveux et la barbe est la coupe régulière ou occasionnelle, soit partielle, soit totale. Les cheveux et la barbe sont mis en forme selon des critères individuels ou culturels, sculptés, parfois parfumés ou décorés. Même si elle est attestée depuis l'antiquité, l'épilation du crâne<ref>Voir une tentative d'épilation crânienne - [https://www.facebook.com/demotivateur/videos/409123363800523/ En ligne]</ref>, de la mâchoire et du cou est peu utilisée car douloureuse. Pour les autres zones pileuses, ou les hominines les laissent aller à leurs rythmes ou bien elles sont épilées ou rasées pour ne plus être visibles<ref>"Le poil, le vilain petit canard de l’histoire", ''Raconte-moi l'Histoire...'' - [http://www.racontemoilhistoire.com/2015/09/poil-histoire-epilation/ En ligne]</ref>. Le pubis et les aisselles jouissent parfois d'un traitement particulier, leurs poils pouvant être raccourcis ou taillés dans des formes spéciales.
  
 
Contrairement à la plupart des bilatériens mammifères pour qui le pelage est encore une nécessité biologique, pour les hominines il est tellement réduit que son utilité est presque égale à rien. Si les cheveux sont des dissipateurs de chaleur pour le crâne, les cils et les sourcils une protection pour les yeux, si les poils pubiens et axillaires — des aisselles — sont des atténuateurs de frottements et des zones riches en délicieux phéromones, la pilosité du reste de l'anatomie des hominines est un reliquat génétique propre à chaque individu.
 
Contrairement à la plupart des bilatériens mammifères pour qui le pelage est encore une nécessité biologique, pour les hominines il est tellement réduit que son utilité est presque égale à rien. Si les cheveux sont des dissipateurs de chaleur pour le crâne, les cils et les sourcils une protection pour les yeux, si les poils pubiens et axillaires — des aisselles — sont des atténuateurs de frottements et des zones riches en délicieux phéromones, la pilosité du reste de l'anatomie des hominines est un reliquat génétique propre à chaque individu.
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== Généalogie hominine ==
 
== Généalogie hominine ==
  
Clémentine Clattaux naît le 5 mars 1865 à Chaumousey<ref>Chaumousey</ref>, un petit village vosgien peuplé d'environ 500 hominines, à moins de 10 kilomètres à l'est d’Épinal. Elle est la troisième et dernière née du couple d'agriculteurs Joseph Clattaux et Marie Gehin.
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Clémentine Clattaux naît le 5 mars 1865 après JC<sup>&#9400;</sup><ref>Jésus aka Christ<sup>&#9400;</sup> est souvent représenté sous les traits d'un jeune éphèbe à la barbe et ses adeptes ont longtemps préconisé de chasser et de tuer les hominines qu'illes considèrent comme des "monstres". De manière plus respectueuse pour elleux, rappelons que JC sont aussi les initiales de Joséphine Clofullia (1831 - 1870), une célèbre femme à barbe suisse qui est employée à partir de 1853 par le cirque Barnum. Voir "GeneFreaks, épisode 1 : Clofullia" - [https://vimeo.com/401017911 En ligne]</ref> au lieu-dit "L’Abbaye" à Chaumousey<ref>Le lieu-dit "L’Abbaye" se situe au sud de Chaumousey. Depuis la construction de la retenue d'eau de Bouzey vers 1880, il se retrouve sur la rive de l'étang. La digue cède en 1895 et fait 85 morts dans des villages proches. Il est depuis reconstruit.</ref>, un petit village vosgien peuplé d'environ 500 hominines, à moins de 10 kilomètres à l'est d’Épinal<ref>Depuis l'annexion de l'Alsace et de la Lorraine par l'Allemagne après la guerre de 1870, Épinal est distant de 50 kilomètres de la frontière franco-allemande. </ref>. Elle est la troisième et dernière née du couple d'agriculteurs Joseph Clattaux et Marie Gehin.
  
 
<blockquote>''Ma jeunesse fut celle de toutes les filles de la campagne, obscure et laborieuse. J'avais une belle santé et le travail ne me fait pas peur. [...] Je peux vous assurer qu'à dix-huit ans, ma lèvre supérieure s'agrémentait déjà d'un duvet prometteur qui soulignait agréablement mon teint de brune. [...] À vingt ans, j'étais aussi belle que robuste.''<ref name="#mem">Madame Delait, ''Les mémoires de la femme à barbe'', 1934 - [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k8501475 En ligne]</ref></blockquote>
 
<blockquote>''Ma jeunesse fut celle de toutes les filles de la campagne, obscure et laborieuse. J'avais une belle santé et le travail ne me fait pas peur. [...] Je peux vous assurer qu'à dix-huit ans, ma lèvre supérieure s'agrémentait déjà d'un duvet prometteur qui soulignait agréablement mon teint de brune. [...] À vingt ans, j'étais aussi belle que robuste.''<ref name="#mem">Madame Delait, ''Les mémoires de la femme à barbe'', 1934 - [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k8501475 En ligne]</ref></blockquote>
  
[[Fichier:Poiloreil.jpg|300px|vignette|droite|Dimorphisme pileux auriculo-crânien]]
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[[Fichier:Poiloreil.jpg|300px|vignette|droite|Dimorphisme pileux auriculo-crânien ou hypertrichose auriculaire ?<ref>Refusant le diktat de l'épilation électrique ou de la tondeuse à oreilles, Radhakant Bajpai a décidé d'arrêter de se couper les poils des oreilles. Il détient le record mondial enregistré de longueur de poils d'oreilles avec 13,2 cm en 2003. 25 cm en 2009. En 2019, il est toujours détenteur du record.</ref>]]
Elle se fait raser par le barbier trois fois par mois. En 1885, elle épouse Paul Delait, de dix ans son aîné, boulanger dans le village de Thaon-les-Vosges<ref>Thaon-les-Vosges</ref> où le couple s'installe. Clémentine Clattaux, désormais Delait, est vendeuse dans la boulangerie. Sept ans plus tard, elle ouvre un café mitoyen de leur boulangerie. "''J'étais une femme de poids. À 30 ans, je pesais 80 kilos. À 40, j'approchais les 100''"<ref name="#mem" />. La pilosité sur son visage est telle qu'elle nécessite maintenant d'être rasée quotidiennement. De constitution physique solide, Clémentine Delait épaule son mari qui, perclus de rhumatismes, doit arrêter la boulangerie. Elle se consacre dorénavant seule à gérer le bar.
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Elle se fait raser par le barbier trois fois par mois. Manifestement androphile<ref>L'androphilie est l'attirance sexuelle pour des hominines mâles ou les signes de la masculinité, quel que soit son propre sexe ou genre. La gynophilie est son équivalent pour les femelles et la féminité. L'ambiphilie est le mélange des deux. Ces termes sont des alternatives à ''hétérosexualité'', ''homosexualité'' et ''bisexualité'' qui définissent les personnes selon leur sexe et leur genre et non simplement le type d'attraction sexuelle qui est le leur.</ref>, en 1885, elle épouse Paul Delait, de dix ans son aîné, boulanger dans la petite ville de Thaon-les-Vosges<ref>Avant 1870, Thaon est un village de quelques 500 hominines. L'implantation d'une industrie textile par Armand Lederlin provoque l'arrivée massive de main-d'œuvre et, en 1876, le village est habité par presque 2000 hominines et plus de 4000 vingt ans plus tard. Thaon devient Thaon-les-Vosges en 1890. Ce phénomène démographique se poursuit jusque dans les années 1960 et la crise dans le secteur du textile. En 2015, Thaon-les-Vosges, Girmont et Oncourt sont réunis sous le nom futuriste de Capavenir Vosges ! La zone industrielle la plus importante des Vosges.</ref> où le couple s'installe. Clémentine Clattaux, désormais Delait, est vendeuse dans la boulangerie. Sept ans plus tard, elle ouvre un café mitoyen de leur boulangerie. "''J'étais une femme de poids. À 30 ans, je pesais 80 kilos. À 40, j'approchais les 100''"<ref name="#mem" />. La pilosité sur son visage est telle qu'elle nécessite maintenant d'être rasée quotidiennement. De constitution physique solide, Clémentine Delait épaule son mari qui, perclus de rhumatismes, doit arrêter la boulangerie. Elle se consacre dorénavant seule à gérer le bar.
  
 
<blockquote>''Dans mon café, je n'avais besoin de personne pour faire la police. Quand un individu essayait de me manquer de respect et qu'un premier avertissement ne lui suffisait pas, je l'empoignais, d'une main par la nuque, de l'autre par le fond de son pantalon et, en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, il était dehors.''<ref name="#mem" /></blockquote>
 
<blockquote>''Dans mon café, je n'avais besoin de personne pour faire la police. Quand un individu essayait de me manquer de respect et qu'un premier avertissement ne lui suffisait pas, je l'empoignais, d'une main par la nuque, de l'autre par le fond de son pantalon et, en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, il était dehors.''<ref name="#mem" /></blockquote>
  
Bonne vivante, elle se passionne aussi pour la pêche à la ligne, le vélo et la petite ménagerie qui vit avec elle. Une volière d'une centaine d'oiseaux, deux perroquets et une demie douzaine de chiens. Lors d'une balade à la foire de Nancy avec quelques-unes de ses amies, Clémentine Delait découvre le stand où est exhibée la "Femme à barbe". Elle décrit "''un visage aux traits masculins, grossiers, des poils en bataille clairsemés, qui ont mis trop longtemps à pousser''"<ref name="#mem" />. La pseudo-phénomène de foire lui fait remarquer, à juste titre, qu'elle est bien plus dotée en poil qu'elle, et lui conseille une méthode "''infaillible''" pour se débarrasser définitivement de sa barbe. Clémentine Delait prend note de cette recette qui lui épargnerait "''l'ennuyeux secours du rasoir...''". De retour de la foire, et en réponse à ses commentaires désabusés sur la "Femme à barbe", un de ses clients du bar lui propose un pari. Cinq cent francs si elle arrête de se raser et se laisse pousser la barbe. Clémentine Delait se prend au jeu et accepte.
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Dans ses ''Mémoires de la femme à barbe''<ref name="#mem" />, elle relate plusieurs anecdotes où elle doit sortir un client un peu trop agité, de l'ivrogne violent au jeune apache et sa lame de couteau, en passant par le gendarme trop insistant. Bonne vivante, elle se passionne aussi pour la pêche à la ligne, le vélo et la petite ménagerie qui vit avec elle. Une volière d'une centaine d'oiseaux, deux perroquets et une demie douzaine de chiens. Lors d'une balade en 1901 à la foire de Nancy avec quelques-unes de ses amies, Clémentine Delait découvre le stand où est exhibée la "Femme à barbe"<ref>Stéphane Pajot, ''De la femme à barbe à l'homme-canon. Phénomènes de cirque et de baraque foraine'', Éditions d'Orbestier, 2003</ref>. Elle décrit "''un visage aux traits masculins, grossiers, des poils en bataille clairsemés, qui ont mis trop longtemps à pousser''"<ref name="#mem" />. La pseudo-phénomène de foire lui fait remarquer, à juste titre, qu'elle est bien plus dotée en poil qu'elle, et lui conseille une méthode "''infaillible''" pour se débarrasser définitivement de sa barbe. Clémentine Delait prend note de cette recette qui lui épargnerait "''l'ennuyeux secours du rasoir...''". De retour de la foire, et en réponse à ses commentaires désabusés sur la "Femme à barbe", un de ses clients du bar lui propose un pari. Cinq cent francs si elle arrête de se raser et se laisse pousser la barbe. Clémentine Delait se prend au jeu et accepte.
  
 
== Le café de la Femme à Barbe ==
 
== Le café de la Femme à Barbe ==
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Malgré les réticences de ses parents et de son mari, Clémentine Delait ne se laisse pas dissuader. Elle se cache pendant les quinze premiers jours de la pousse de sa barbe et hésite à se monter dans son bar, de crainte des moqueries.
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<blockquote>''Une barbe de quinze jours n'est pas belle à voir. Mais, à mesure qu'elle grandissait, je la voyais prendre tournure. Le poil, d'un impeccable châtain, comme mes cheveux, s'ondulait mollement. Mon mari prenait plaisir à me le caresser, et moi-même je ne voyais pas ce nouvel ornement de mon visage sans une coquetterie amusée et satisfaite''<ref name="#mem" /></blockquote>
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[[Fichier:Cafbarb.jpg|300px|vignette|droite|Café de la Femme à barbe]]
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L'accueil enthousiaste qu'elle reçoit d'un de ses amis de Nancy, de passage à Thaon, et sa proposition de faire imprimer des cartes postales encouragent Clémentine Delait à assumer pleinement sa nouvelle barbe. Les clients se pressent dans le bar pour venir s'émerveiller de cette véritable "Femme à barbe". Aux hominines du village se succèdent celleux venus de Nancy ou d’Épinal. Les militaires en garnison dans les villes alentour se pressent d'y venir boire un coup d'absinthe<ref>L'absinthe est un alcool obtenu à partir de la plante du même nom. Spiritueux bourgeois et cher jusqu'à la fin de la première moitié du XIX<sup><small>ème</small></sup> siècle, l'absinthe se popularise largement au cours des décennies suivantes. Pour cause de dangerosité, il est interdit de 1910 à 2005 en Suisse et de 1914 à 2015 en France.  </ref> lors de leurs permissions. Même le roi de Perse, en passage à Contrexéville en 1902 et 1905 pour des cures<ref>Pour l'occasion, le shah d'Iran se déplace avec une suite de 150 personnes, familles, fonctionnaires et garde rapprochée.</ref>, demande à recevoir Madame Delait, la célèbre femme à barbe. Elle est invitée à dîner au restaurant du casino de la ville, où le shah lui offre une broche en or et une photo de lui dédicacée. Lui a-t-elle en retour donné une de ses cartes postales ? Laquelle ? Seules des recherches dans les archives de cette ancienne famille royale d'Iran permettraient de lever ce mystère, en espérant qu'elles n'ont pas été confisquées après son renversement en 1979 par la "révolution des barbus".
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<blockquote>''Mon café de désemplit plus. Tous les thaonnais voulurent le voir. Le lendemain, de nombreux curieux vinrent des environs, et la nouvelle se répandit, comme une traînée de poudre, qu'il y avait, à Thaon, une femme à barbe telle que jamais on n'en avait vue. [...] Ce que j'avais craint, surtout, en me montrant, c'était les moqueries de mes compatriotes. Ceux-ci, au contraire, semblaient plutôt fiers de moi''<ref name="#mem" /></blockquote>
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En quelques mois, la vente des cartes postales est un vrai succès. Sur les photos, Clémentine Delait pose dans différentes robes élégantes, en intérieur ou dans un jardin, avec une "''barbe magnifique, frisée, fournie, qui s'épanouissait en un double panache sur [sa] poitrine''"<ref name="#mem" />. La notoriété amène des clients dans son bar et les cartes postales sont un complément économique.  Elle refuse en 1902 la proposition alléchante financièrement qui lui est faîte d'une tournée d'exhibition aux États-Unis d'Amérique<ref>Le célèbre cirque Barnum lui propose une tournée de plusieurs mois aux États-Unis pour l'énorme somme de 2000 francs par semaine.</ref>, préférant rester à Thaon pour prendre soin de son mari souffrant. Grâce à l'argent des cartes postales, elle lui offre un petit poney avec un attelage pour qu'il puisse se déplacer, puis un jardinet pour se reposer. "''Il pleura de joie''"<ref name="#mem" />. La devanture du bar est repeinte et il est renommé ''Café de la Femme à Barbe''. Star locale, elle est contactée pour participer à une soirée au profit des œuvres de bienfaisance lors de la foire d’Épinal de 1903. "''Entrée sensationnelle de la Femme à barbe de Thaon dans la cage aux lions''" annonce l'affiche. Un train spécial est affrété pour amener les hominines de Thaon à Épinal où plus de deux mille hominines attendent l'arrivée de la célèbre Madame Delait.
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<blockquote>''Gloire ? Vanité ? Suggestion ? Je ne saurais vous dire, mais je n'étais plus la même. Il ne me vint pas même à l'idée qu'à ce moment je ne pouvais être qu'une femme curieuse, exhibée par un barnum. J'étais beaucoup plus et beaucoup mieux. Beaucoup mieux, certes, qu'un ministre. Beaucoup mieux qu'un roi. Je ne perdais pas un pouce de ma taille. J'étais coiffée d'un petit canotier perché au-dessus du bourrelet de mes cheveux, comme c'était la mode, en ce temps là. J'avais une longue jupe cloche, garnie de volants, froufroutante. J'étais belle et j'entendais les murmures d'admiration des hommes.''<ref name="#mem" /></blockquote>
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Enhardie après cette première prestation qui se termine bien, Clémentine Delait réitère quelques semaines plus tard à Saint-Dié et à Charmes où elle boit du champagne en cage avec le dompteur et les lions se couchent à ses pieds. Enfermée ainsi dans la cage, elle vend de nombreuses cartes postales d'elle.
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<blockquote>''Avec ma jolie barbe en éventail, de trente-cinq centimètres de longueur — elle aurait pu en avoir le double, mais je la taillais, en coquette que j'étais — avec ma stature puissante — je pesais presque cent kilos — vigoureuse et forte comme pas une, un désir me hantait : m'habiller en homme.''<ref name="#mem" /></blockquote>
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Pour cela il faut faire une demande officielle auprès du ministère de l'Intérieur. En effet, depuis une loi de novembre 1800, dite de "permission de travestissement"<ref>Christine Bard, "Le «DB58» aux Archives de la Préfecture de Police", ''Clio. Histoire‚ femmes et sociétés'', n°10, 1999 - [https://journals.openedition.org/clio/258 En ligne]. Christine Bard, "Le droit au pantalon. Du pittoresque au symbolique", ''La Vie des Idées'',‎ 1<sup><small>er</small></sup> mars 2013 - [https://laviedesidees.fr/Le-droit-au-pantalon.html En ligne]</ref>, le port du pantalon pour les hominines femelles est soumis à interdiction et une autorisation dérogatoire peut être décrétée au cas par cas. Confiante en sa popularité, Clémentine Delait fait des démarches en 1904 auprès de divers fonctionnaires pour qu'ils interviennent en sa faveur, mais aucun ne daigne donner suite à une demande qu'ils jugent incongrue. Elle s'adresse alors à Armand Lederlin, maire de Thaon et industriel paternaliste spécialisé dans le textile, qui appuie l'obtention d'une autorisation de travestissement en écrivant à Émile Combes, le ministre de l'Intérieur. Quelques jours plus tard, début mars 1904, l'autorisation arrive à Épinal par télégramme. Dans son nouvel accoutrement, elle part direction Paris où elle découvre avec amusement les joies de l’ambiguïté ou les avantages d'être considérée comme un hominine mâle. De nouvelles photographies sont réalisées pour des cartes postales la montrant habillée "comme un homme", lisant le journal, fumant le cigare ou buvant une bière. Ou faisant du vélo. Pour autant, Clémentine Delait ne se considère pas comme un phénomène mais simplement comme une femme avec une barbe...
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[[Fichier:Cyclist.jpg|200px|vignette|droite|Membre du Cycle thaonnais]]
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<blockquote>''La nature, qui m'a donné une barbe vigoureuse, du plus beau châtain, d'une pousse rapide et ondulante, ne m'a marchandé aucun des avantages de la femme. [...]  Vous le voyez, je ne suis pas un phénomène si, par ce mot, vous entendez un être hermaphrodite relevant du domaine de la pathologie. Ma photographie vous prouvera, de plus, qu'à une excellente santé, je joins un physique qui n'a rien de désagréable ; qu'il me suffirait de raser ma barbe ou d'employer quelque pâte épilatoire pour n'être plus qu'une femme saine, robuste, d'une anatomie irréprochable et qui, toujours, fut coquette, sensible aux multiples attentions du sexe fort. [...] La barbe n'est pas, chez moi, le tribut d'une imperfection de la nature. Elle est un agrément qui s'ajoute au sexe, et c'est ce qui fait la rareté de mon cas.''<ref name="#mem" /></blockquote>
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Alternant comme bon lui semble les tenues masculines et féminines, et vivant d'éphémères moments de gloire, Clémentine Delait mène néanmoins une vie humble et travaille dur dans son bar. "''Je n'étais pas ambitieuse. Je me contentais du produit de la vente de mes cartes postales, sans rien changer à mon existence.''"<ref name="#mem" /> Alors que la guerre de 1914 vient d'éclater, elle se rend à Biarritz avec son mari afin qu'il profite du climat propice à ses rhumatismes. Arrêté par un gendarme qui trouve suspect de voir une hominine femelle avec une barbe, le couple se prend quelques coups et des insultes fusent, les accusant d'être des espions. Reconnue par un militaire ayant été en garnison à Épinal, Clémentine Delait est relâchée ainsi que son mari malade que lui "''est rendu plus mort que vif''"<ref name="#mem" />. De retour à Thaon, le café fonctionne pendant toute la période la guerre et Clémentine Delait donne la main à la Croix-Rouge en accueillant des blessés chez elle. Le village héberge un régiment d'artillerie à l'hiver 1916/1917. Ne supportant plus de voir les simples soldats subir le froid de l'hiver et les officiers être au chaud dans son café, Clémentine menace de les mettre à la porte s'ils n'obtiennent pas que cela change, "''aussi vrai que je suis la femme à barbe''"<ref name="#mem" />. L'interdiction faîte aux soldats d'entrer de jour dans les cafés de Thaon est levée. Quelques jours plus tard, un ordre supérieur vient rétablir l'interdiction. Une courte pause pour les Poilus.
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Au sortir de la Première guerre mondiale, le couple Delait adopte Fernande Petit, alors âgée de 4 ans. Née en novembre 1914 à Igney, une commune voisine de Thaon, elle est la plus jeune fille de Charles Petit et Albertine Gaudon. Le décès de ses parents en 1918 de la grippe espagnole fait d'elle, ses frères et sa sœur, des orphelins. Elle est alors accueillie et officiellement adoptée en 1919 sous le nom de Fernande Delait. L'état de santé de Paul Delait ne cesse de se dégrader et ses rhumatismes l'empêchent d'avoir la moindre activité. Expropriés pour des raisons de réaménagements urbains en 1922, la décision est prise de quitter Thaon pour s'installer à Plombières-les-Bains, une petite ville thermale au sud d’Épinal réputée pour les bienfaits de ses eaux sur les rhumatismes. Le ''Café de la Femme à Barbe'' est fermé, et Clémentine Delait ouvre une boutique de lingerie à Plombières.
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Connue dans l'univers [[Protivophilie|protivophile]] pour être la ville de l'accord secret de 1858 qui donne le [[Nice|Comté de Nice]] à la France, Plombières-les-Bains l'est surtout pour ses thermes dès l'antiquité romaine. Le magasin des Delait est ouvert près de l'église. En plus des soieries et des dentelles, Clémentine Delait continue à vendre ses cartes postales. Sa notoriété lui attire une clientèle régulière autant pour le magasin que pour les cartes. Les séjours de Paul Delait dans plusieurs villes thermales ne viennent pas à bout de son mal qui provoque d'intenses douleurs. Paul Delait, le discret mari de Clémentine<ref>Voir aussi ''Le Mari de la femme à barbe'', une fiction réalisée en 1964 par Marco Ferreri autour de Julia Pastrana, une célèbre femme à barbe mexicaine de la première moitié du XIX<sup><small>ème</small></sup> siècle.</ref>, dont on ne sait presque rien et dont on ne dispose que de quelques rares photos, meurt en 1928. Âgée de 63 ans, Clémentine Delait est très affectée par cette mort.
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<blockquote>''Si robuste que soit ma santé, mon deuil m'avait trop affecté et je tombais malade. Qu'était devenue la Clémentine de jadis ? Au pays, on me croyait perdue. Mais ma robuste constitution a repris le dessus et, aujourd'hui, ma barbe est plus belle que jamais.''<ref name="#mem" /></blockquote>
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Reprenant du "''poil de la bête''", Clémentine Delait et Fernande, maintenant adolescente, retournent à Thaon. La Femme à barbe et son café sont de retour. Situé au 19 de l'actuelle rue des Fusillés, le ''Palace Bar'' organise à partir de 1929 des concerts tous les dimanches. L'absinthe et les cartes postales se vendent très bien. Depuis le début plusieurs milliers cartes postales ont été imprimées, avec plus de 80 photos différentes. La notoriété et la personnalité de Clémentine Delait attirent toujours autant. Son veuvage est propice à la laisser s'imaginer voyager un peu. Après avoir refusée pendant des années car Fernande était encore trop jeune, celle-ci devenue jeune adulte, Clémentine Delait accepte la proposition de l'Olympia de Londres en 1932.
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<blockquote>''Des exhibitions à mon âge ? Pourquoi pas ? Une femme qui a de la barbe au menton ­— et quelle barbe ! 33 centimètres ! — ­n'a que l'âge qu'elle veut bien paraître.''<ref name="#mem" /></blockquote>
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== La balade de la Femme à barbe ==
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''J'ai bien tenter d'parler avec eux''<br />
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''Ça m'rappelle l'anglais, quand j'dis "oreille", on comprend "cheveu"''<ref>Jeu de mot entre "ear" et "hair". Asocial Club, "Ce soir, je brûlerai..." sur l'album ''Toute entrée est définitive'', 2014 - [https://www.youtube.com/watch?v=BABVK1dpEpI En ligne]</ref><br />
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Malgré une méconnaissance totale de la langue anglais, Clémentine Delait et sa fille partent pour la Grande-Bretagne avec en poche un contrat de six semaines à L'Olympia. N'ayant pas fait faire de passeport, elles sont provisoirement inquiétées à la frontière, mais l'intervention d'un douanier français qui se porte garant de leur identité débloque cette situation. Arrivée sur place, elle entend garder son autonomie et loue une pension pour la durée du voyage londonien. Toutes deux se réjouissent de cette balade et les exhibitions sont un succès. De midi à onze heures du soir, Clémentine Delait travaille dans "''un salon où était réunis quelques phénomènes''"<ref name="#mem" />. Déclinant une proposition pour l'Irlande, elle repartent en France. Direction Paris. Un contrat de trois mois, à partir du 15 avril 1932, est signé avec le grand parc d'attraction parisien ''Luna Park''. Elle se montre dans ses tenues coquettes ordinaires, discute avec les hominines de passage et vend ses célèbres cartes postales. Clémentine Delait y fait la rencontre de Violetta, la célèbre "femme-tronc"<ref>De son vrai nom Aloisia Wagner, Violetta est une hominine née en 1906 sans bras ni jambes. Originaire d'Allemagne elle participe à des tournées mondiales dans des cirques d'exhibition. La date de sa mort est inconnue.</ref>.
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<blockquote>''J'avais pour compagne une femme-tronc, fort agréable, mais qui parlait allemand. Son visage était joli et elle m'était très sympathique. Je dus la défendre, un jour, contre les impertinences d'un visiteur. Cette femme sans bras ni jambes, écrivait et cousait admirablement avec sa bouche. Son buste était de formes parfaites, et, sur son haut tabouret, on eut dit un mannequin animé, comme en ont les couturières chez nous.''<ref name="#mem" /></blockquote>
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[[Fichier:Freaks.jpg|300px|vignette|droite|Protagonistes de ''Freaks'' (1932)<ref>''La Monstrueuse Parade'' (Freaks) réalisé par Tod Browning en 1932 retrace un drame amoureux dans le contexte d'un cirque d'exhibition. Le personnage de la femme à barbe est interprété par Jane Barnell (1871 - 1945), créditée au générique en tant que Olga Roderick. Elle est une femme à barbe étasunienne connue sous les pseudonymes de Princess Olga ou Madame Olga. Le film est aussi sorti en France sous le titre ''Barnum''. Bande-annonce [https://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19424384&cfilm=340.html en ligne]. Le film est inspiré de la nouvelle ''Spurs'' de Tod Robbins qui se déroule en France. Traduite en français sous le titre ''Les Éperons'', Les Éditions du Sonneur, 2011. Texte disponible en anglais - [http://www.olgabaclanova.com/spurs.htm En ligne]. </ref>]]
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Elle enchaîne avec un contrat au théâtre Marigny à Paris jusqu'en septembre. L'année suivante, elle fait une saison à Vichy avec le soutien de ''Luna Park''. Là encore, sa venue déclenche l'enthousiasme et sa personnalité la sympathie pour les hominines qui la découvrent. À l'occasion de son passage dans la ville, l'hippodrome instaure même un éphémère "''Prix de la Femme à barbe''". Ville thermale où se pressent les hominines de pouvoir et d'argent, elle y croise le roi d'Espagne et celui d’Égypte qui veulent la rencontrer. En décembre 1933, départ pour l'Irlande pour un court contrat à Belfast. Clémentine et Fernande Delait sont ravies de ce voyage où la femme à barbe fut chaleureusement accueillie.
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<blockquote>''Si [...] j'ai accepté quelques engagements de courte durée, c'est que j'ai, à mes côtés, une enfant chérie : ma petite Fernande, qui égaye ma solitude et me comble d'affection prévenante, toute filiale. Aujourd'hui qu'elle est pour moi une compagne et un mentor, je prend plaisir à sortir avec elle. Elle peut m'accompagner dans mes exhibitions, et les voyages que nous faisons, toutes deux, lui apportent une saine et intéressante distraction. C'est surtout pour elle que je me suis décidée à aller à Londres, à Paris, à Belfast, à Vichy, que je me sens capable d'aller, encore, jusqu'au bout du monde.''<ref name="#mem" /></blockquote>
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Entre le 11 et le 23 mars 1934, avec Pol Ramber, écrivain public et journaliste à ''L'Express de l'Est'', elle rédige les ''Mémoires de la femme à barbe. Par Madame Delait de Thaon-les-Vosges''<ref name="#mem" />. Elles sont sorties la même année à l'imprimerie Fricotel à Épinal<ref>L'original est retrouvé en 2005 par Roland Marchal dans une brocante. Un cahier d'écolier manuscrit d'une quarantaine de pages écrites à l'encre bleue. ''Le Républicain lorrain'' du 10 juin 2005</ref>. Lors de cette année 1934, Clémentine Delait part, toujours avec sa fille, aux Pays-Bas pour de très courtes exhibitions. Les dernières. Presque âgée de 70 ans et diminuée par les rhumatismes, elle ne peut plus voyager à sa guise. La mère et la fille s'installent alors dans un appartement à Thaon et vivent modestement des leçons de violon que donne Fernande<ref>M.-A. Maffeis, ''La Femme à barbe, une femme de chez nous ou histoire de Clémentine Clattaux épouse Delait 1865-1939'', Thaon-les-Vosges, 1986</ref>. Est-ce en son honneur que la chanteuse Marcelle Bordas reprend en 1935 la chanson ''La femme à barbe''<ref>Marcelle Bordas, ''La femme à barbe'', mai 1935 - [https://www.youtube.com/watch?v=GugFA4slKjY En ligne]. Voir aussi Brigitte Fontaine, "La femme à barbe" sur l'album ''Genre humain'', 1995 - [https://www.youtube.com/watch?v=Tetxj8hT_84 En ligne]</ref>, écrite par Élie Frébault<ref>Parolier, Élie Frébault est aussi l'auteur d'une courte pièce en un acte intitulée ''La femme à barbe'', 1866 - [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9803864c/f5.item En ligne]</ref> et interprétée en 1865 par Thérésa, la "Diva du Ruisseau" ? À la suite du mariage de Fernande Delait avec André Leclerc en 1938, Clémentine Delait déménage à Épinal, rue Saint-Goery près de la place des Vosges, où elle vit avec le couple. Elle y meurt d'une crise cardiaque le 19 avril 1939 à l'âge de 74 ans. La presse locale et nationale relaie cette triste nouvelle pour les hominines de tous poils<ref>Voir par exemple ''Le Télégramme des Vosges'' du 20 avril 1939 - [https://kiosque.limedia.fr/ark:/18128/dt20qb5jjbxchtw4/p2 En ligne]. ''L'Humanité'' du 21 avril 1939 - [https://www.retronews.fr/journal/l-humanite/21-avril-1939/40/343271/1 En ligne]. ''Le Journal'' du 21 avril 1939 - [https://www.retronews.fr/journal/le-journal/21-avril-1939/129/577653/2 En ligne]. ''Le Petit Journal'' du 21 avril 1939 - [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k636853x/f2.item En ligne]</ref>. Cinq ans plus tôt, dans ses ''Mémoires de la femme à barbe''<ref name="#mem" />, elle s'amusait à écrire un court testament :
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<blockquote>''Et, peut-être, songeant à ma dernière demeure, je me réjouirai du bon tour que je jouerai à Saint Pierre, quand, me présentant à lui je lui dirai : Mon vieux Saint-Pierre, je parie cinq cents francs qu'il n'y a pas une barbe aussi belle que la mienne dans ton paradis. Pour cet ultime voyage, m'habillerai-je en homme ou en femme ? On dit que les femmes n'entrent pas facilement dans ce bienheureux séjour... En tout cas, sur ma tombe, je veux qu'on inscrive : "Ci-gît : Mme Delait. La femme à barbe de Thaon."''<ref name="#mem" /></blockquote>
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Fort heureusement, Clémentine Delait n'a pas tout misé sur ce non-évènement qu'est la mort pour cellui qui y succombe et sur l'illusion d'un paradis qui lui succède alors qu'il n'y a rien. Dans ses mémoires, écrites quelques années avant sa mort, elle donne des bribes de sa vie et rappelle sa plus profonde certitude.
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<blockquote>''Ai-je eu tort ou raison ? Si j'avais à recommencer ma vie, je n'y modifierais rien''<ref name="#mem" /></blockquote>
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== Un poil de plus ==
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Ses funérailles sont un évènement régional et ses dernières volontés concernant l'inscription de sa plaque tombale sont partiellement respectées, mais précise bien qu'elle est la femme à barbe. Le souvenir de Clémentine Delait se dilue progressivement au fil de décennies. Depuis les années 1970, quelques rares livres<ref>Jean Nohain, François Caradec, ''La Vie exemplaire de la femme à barbe : Clémentine Delait 1865-1939'', La Jeune Parque, 1969 (Réed. Éditions L'Echappée, 2017). Patrick Pasky, ''Clémentine, un femme au poil. Biographie romancée de la Femme à barbe'', Le Village du Jouet, 2008. Patrick Pasky, ''Clémentine. Le roman de la femme barbe'', Publibook, 2013. Patrick Pasky, ''Madame Delait, la femme à barbe'', Ex Aequo Éditions, 2015. Pénélope Bagieu, "Clémentine Delait, femme à barbe", ''Culottées 1 - Des femmes qui ne font que ce qu'elles veulent'', Gallimard, 2016. </ref> lui ont été consacrés ainsi que quelques documentaires<ref>''Dans les Vosges, une femme loin d’être rasoir'', Arte TV, mars 2021, 7 min - [https://www.arte.tv/fr/videos/102762-005-A/dans-les-vosges-une-femme-loin-d-etre-rasoir/ En ligne]. D'après Pénélope Bagieu, "Clémentine Delait, femme à barbe", ''Culottées #2'', 3min30 - [https://www.youtube.com/watch?v=OL3Q-XNtWBY En ligne]. Hélène Michel-Béchetn, ''Un poil différent.e'', Sancho&co et France Télévisions, 52 min. "Clémentine Delait : la femme à barbe de Thaon-les-Vosges", ''France Culture'', 2018 - [https://www.franceculture.fr/emissions/une-histoire-particuliere-un-recit-documentaire-en-deux-parties/phenomenes-12-clementine-delait-la-femme-a-barbe-de-thaon-les-vosges En ligne]</ref>. À l'occasion de la journée annuelle des droits des femmes, la mairie de Capavenir-Vosges (anciennement Thaon-les-Vosges) a décidé en mars 2021 de baptisé l'auditorium de la ville du nom de Clémentine Delait<ref>''Vosges Matin'' du 10 mars 2021</ref>.
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Pour la [[protivophilie]] qui œuvre aux recherches sur [[F. Merdjanov]], et singulièrement pour le projet d'encyclopédie pour rien qu'est [[wikimerdja]], le poil est primordial lorsque l'on sait le prendre dans le bon sens. Dans certaines expressions le terme ''poil'' est utilisé de manière similaire à ''rien'', il désigne soit l'absence, soit la présence, même infime. "''Être à poil''" a le sens de "N'avoir rien" et "''Être à un poil''" celui d'être très proche, d'être à [[rien]]. Une sorte de jumelage protivophile entre le [[hameau de Rien]] et celui du Poil<ref>Le Poil, dans les Alpes-de-Haute-Provence, est un hameau aujourd'hui quasi abandonné. Le Poil est le décor du roman historique ''L'homme semence''. Vincent Quivy, "''L'Homme semence'' est-il une nouvelle imposture littéraire ?", ''Slate'', 3 décembre 2017 - [http://www.slate.fr/story/154622/semeur-histoire-mystere-litteraire En ligne]</ref>.
  
 
== Notes ==
 
== Notes ==
 
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Version actuelle datée du 26 mai 2021 à 11:41

Clémentine Delait (Клементина Делаит en macédonien - Clementina Delait en nissard). Tenancière de bar et hominine non-binaire[1].


Généalogie pileuse

Dans la classification du vivant, parmi les bilatériens[2] vertébrés, hormis de rares araignées ou papillons, seul les mammifères sont dotés d'un système pileux. Sa densité et sa répartition sur le corps sont différentes selon les espèces. Lorsque l'ensemble du corps est couvert de poils, ils sont généralement désignés par le terme de pelage. Si les couleurs, les motifs ou le volume de celui-ci peuvent être parfois différenciées selon le sexe de l'animal, dans la plupart des cas les éléments mâles et femelles sont également pourvus en pilosité. Chez les primates — les singes et les hominines[3] — la pilosité n'est que très peu présente sur certaines partie du corps. Selon les cas, des espèces n'en ont pas du tout sur le front ou les fesses mais sur le restant du corps, d'autres en ont sur les zones autour de la bouche et des yeux mais pas sur le reste du visage, d'autres encore n'ont des poils que de manière irrégulière sur l'ensemble du pelage ou restreints à des régions précises. L'hominine, mâle et femelle[4], est un des mammifères ayant le système pileux le moins présent. Il se concentre au niveau de la tête, des aisselles et du pubis, où la densité pileuse est la plus importante contrairement au reste du corps qui est généralement imberbe ou recouvert d'un fin duvet. Dans la plupart des populations d'hominines du globe terrestre il n'existe pas de dimorphisme pileux entre mâles et femelles, et les zones pileuses sont uniquement celles des cheveux, des sourcils et du pubis alors que le restant de la peau est glabre[5].

Chenille déguisée en perruque blonde

Chez certaines populations d'hominines mâtinées de néandertaliens[6] — à Nice ou en Macédoine par exemple — le dimorphisme pileux existe, ce qui fait que, si les zones pileuses sont identiques, les mâles présentent plus souvent que les femelles des densités plus fortes sur les mollets, les cuisses, le pubis, le torse, les épaules et le dos. Idem pour les pourtours du visage. Les différences sont parfois importantes selon les individus, des mâles sont dépourvus de pilosité — à l'exception des cheveux, des cils et des sourcils — alors que d'autres sont plus ou moins poilus sur des parties de leurs anatomies. Les avant-bras, les tibias, le bas du dos et les fesses sont des régions corporelles pouvant présenter de plus grosses densités de poils selon les hominines. Pour les femelles, la situation est la même, mais dans une moindre mesure. Les nuances entre mâles et femelles sont telles que l'estampillage mâle pour un hominine n'empêche pas pour autant qu'une femelle puisse être plus poilue que lui. Pour les hominines femelles, vieillir s'apparente souvent au développement de la moustache et de quelques poils au menton. Presque aucune partie du corps n'échappe à la présence d'une petite touffe de poils isolée, mais malgré ce qu'en dit l'expression "Avoir un poil dans la main"[7], comme les autres primates, les hominines mâles et femelles n'ont pas de système pileux sur la plante des pieds, ni dans la paume des mains[8].

En français, il existe un vocabulaire dédié pour désigner les régions pileuses du visage des hominines. Sur le dessus du crâne, les poils sont ainsi dénommés cheveux, sur les arcades sourcils, sur les paupières cils et barbe sur le pourtour de la mâchoire. Pour ceux au-dessus de la lèvre supérieure, il est employé le terme de moustache lorsque le système pileux n'est pas très dense sur le menton ou les joues. Ceux qui dépassent du nez et des oreilles n'ont pas de nom particulier et, comme ceux des aisselles et du pubis, ne sont désignés que par leur localisation. Tout au long de son cycle de vie, chaque hominine perd et produit des poils en permanence. Inlassablement, ils tombent et repoussent aux mêmes endroits. La vieillesse est la cause principale de la diminution des zones pileuses et de leurs densités. Jusqu'à parfois s'arrêter complètement. La calvitie — la perte des cheveux — partielle ou totale est un phénomène biologique du vieillissement plus marqué chez les mâles[9] mais l'éclaircissement général des régions pileuses du corps touche l'ensemble des hominines. Il est possible d'utiliser les mots de barbiche pour les vestiges d'une ancienne pilosité sur la mâchoire et couronne pour les cheveux qui perdurent au-dessus des oreilles et à l'arrière du crâne. Si la pratique de faux cheveux pour remplacer ceux disparus, appelée perruque, est attestée elle ne l'est pas pour les autres parties du corps hominine. À l'exception de la fausse barbe destinée au déguisement, pas de touffes de poils autocollantes pour les cuisses ou le dos par exemple.

Face à cette pousse permanente et aux impondérables biologiques, les hominines, selon les époques et les lieux, ont encadré socialement tout ce qui concerne les poils[10]. Des rituels, des imaginaires et des pratiques se forment pour encadrer ce qu'il doit en être fait, dit ou pensé[11]. Il n'y a pas d'universalisme du poil. En avoir peut être valorisé alors qu'ailleurs ils sont pourchassés, des hominines en prennent soin alors que d'autres les cachent. Toutes les zones pileuses ne sont pas traitées à la même enseigne. Le plus courant pour les zones de pousse rapide que sont les cheveux et la barbe est la coupe régulière ou occasionnelle, soit partielle, soit totale. Les cheveux et la barbe sont mis en forme selon des critères individuels ou culturels, sculptés, parfois parfumés ou décorés. Même si elle est attestée depuis l'antiquité, l'épilation du crâne[12], de la mâchoire et du cou est peu utilisée car douloureuse. Pour les autres zones pileuses, ou les hominines les laissent aller à leurs rythmes ou bien elles sont épilées ou rasées pour ne plus être visibles[13]. Le pubis et les aisselles jouissent parfois d'un traitement particulier, leurs poils pouvant être raccourcis ou taillés dans des formes spéciales.

Contrairement à la plupart des bilatériens mammifères pour qui le pelage est encore une nécessité biologique, pour les hominines il est tellement réduit que son utilité est presque égale à rien. Si les cheveux sont des dissipateurs de chaleur pour le crâne, les cils et les sourcils une protection pour les yeux, si les poils pubiens et axillaires — des aisselles — sont des atténuateurs de frottements et des zones riches en délicieux phéromones, la pilosité du reste de l'anatomie des hominines est un reliquat génétique propre à chaque individu.

[L'hominine], épigone du singe, dépouillé des guenilles sous lesquelles la honte lui fait cacher son pitoyable corps pelé, ― avec quelle sollicitude il entretient les rares vestiges de son pelage ![14]

Généalogie hominine

Clémentine Clattaux naît le 5 mars 1865 après JC[15] au lieu-dit "L’Abbaye" à Chaumousey[16], un petit village vosgien peuplé d'environ 500 hominines, à moins de 10 kilomètres à l'est d’Épinal[17]. Elle est la troisième et dernière née du couple d'agriculteurs Joseph Clattaux et Marie Gehin.

Ma jeunesse fut celle de toutes les filles de la campagne, obscure et laborieuse. J'avais une belle santé et le travail ne me fait pas peur. [...] Je peux vous assurer qu'à dix-huit ans, ma lèvre supérieure s'agrémentait déjà d'un duvet prometteur qui soulignait agréablement mon teint de brune. [...] À vingt ans, j'étais aussi belle que robuste.[18]

Dimorphisme pileux auriculo-crânien ou hypertrichose auriculaire ?[19]

Elle se fait raser par le barbier trois fois par mois. Manifestement androphile[20], en 1885, elle épouse Paul Delait, de dix ans son aîné, boulanger dans la petite ville de Thaon-les-Vosges[21] où le couple s'installe. Clémentine Clattaux, désormais Delait, est vendeuse dans la boulangerie. Sept ans plus tard, elle ouvre un café mitoyen de leur boulangerie. "J'étais une femme de poids. À 30 ans, je pesais 80 kilos. À 40, j'approchais les 100"[18]. La pilosité sur son visage est telle qu'elle nécessite maintenant d'être rasée quotidiennement. De constitution physique solide, Clémentine Delait épaule son mari qui, perclus de rhumatismes, doit arrêter la boulangerie. Elle se consacre dorénavant seule à gérer le bar.

Dans mon café, je n'avais besoin de personne pour faire la police. Quand un individu essayait de me manquer de respect et qu'un premier avertissement ne lui suffisait pas, je l'empoignais, d'une main par la nuque, de l'autre par le fond de son pantalon et, en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, il était dehors.[18]

Dans ses Mémoires de la femme à barbe[18], elle relate plusieurs anecdotes où elle doit sortir un client un peu trop agité, de l'ivrogne violent au jeune apache et sa lame de couteau, en passant par le gendarme trop insistant. Bonne vivante, elle se passionne aussi pour la pêche à la ligne, le vélo et la petite ménagerie qui vit avec elle. Une volière d'une centaine d'oiseaux, deux perroquets et une demie douzaine de chiens. Lors d'une balade en 1901 à la foire de Nancy avec quelques-unes de ses amies, Clémentine Delait découvre le stand où est exhibée la "Femme à barbe"[22]. Elle décrit "un visage aux traits masculins, grossiers, des poils en bataille clairsemés, qui ont mis trop longtemps à pousser"[18]. La pseudo-phénomène de foire lui fait remarquer, à juste titre, qu'elle est bien plus dotée en poil qu'elle, et lui conseille une méthode "infaillible" pour se débarrasser définitivement de sa barbe. Clémentine Delait prend note de cette recette qui lui épargnerait "l'ennuyeux secours du rasoir...". De retour de la foire, et en réponse à ses commentaires désabusés sur la "Femme à barbe", un de ses clients du bar lui propose un pari. Cinq cent francs si elle arrête de se raser et se laisse pousser la barbe. Clémentine Delait se prend au jeu et accepte.

Le café de la Femme à Barbe

Malgré les réticences de ses parents et de son mari, Clémentine Delait ne se laisse pas dissuader. Elle se cache pendant les quinze premiers jours de la pousse de sa barbe et hésite à se monter dans son bar, de crainte des moqueries.

Une barbe de quinze jours n'est pas belle à voir. Mais, à mesure qu'elle grandissait, je la voyais prendre tournure. Le poil, d'un impeccable châtain, comme mes cheveux, s'ondulait mollement. Mon mari prenait plaisir à me le caresser, et moi-même je ne voyais pas ce nouvel ornement de mon visage sans une coquetterie amusée et satisfaite[18]

Café de la Femme à barbe

L'accueil enthousiaste qu'elle reçoit d'un de ses amis de Nancy, de passage à Thaon, et sa proposition de faire imprimer des cartes postales encouragent Clémentine Delait à assumer pleinement sa nouvelle barbe. Les clients se pressent dans le bar pour venir s'émerveiller de cette véritable "Femme à barbe". Aux hominines du village se succèdent celleux venus de Nancy ou d’Épinal. Les militaires en garnison dans les villes alentour se pressent d'y venir boire un coup d'absinthe[23] lors de leurs permissions. Même le roi de Perse, en passage à Contrexéville en 1902 et 1905 pour des cures[24], demande à recevoir Madame Delait, la célèbre femme à barbe. Elle est invitée à dîner au restaurant du casino de la ville, où le shah lui offre une broche en or et une photo de lui dédicacée. Lui a-t-elle en retour donné une de ses cartes postales ? Laquelle ? Seules des recherches dans les archives de cette ancienne famille royale d'Iran permettraient de lever ce mystère, en espérant qu'elles n'ont pas été confisquées après son renversement en 1979 par la "révolution des barbus".

Mon café de désemplit plus. Tous les thaonnais voulurent le voir. Le lendemain, de nombreux curieux vinrent des environs, et la nouvelle se répandit, comme une traînée de poudre, qu'il y avait, à Thaon, une femme à barbe telle que jamais on n'en avait vue. [...] Ce que j'avais craint, surtout, en me montrant, c'était les moqueries de mes compatriotes. Ceux-ci, au contraire, semblaient plutôt fiers de moi[18]

En quelques mois, la vente des cartes postales est un vrai succès. Sur les photos, Clémentine Delait pose dans différentes robes élégantes, en intérieur ou dans un jardin, avec une "barbe magnifique, frisée, fournie, qui s'épanouissait en un double panache sur [sa] poitrine"[18]. La notoriété amène des clients dans son bar et les cartes postales sont un complément économique. Elle refuse en 1902 la proposition alléchante financièrement qui lui est faîte d'une tournée d'exhibition aux États-Unis d'Amérique[25], préférant rester à Thaon pour prendre soin de son mari souffrant. Grâce à l'argent des cartes postales, elle lui offre un petit poney avec un attelage pour qu'il puisse se déplacer, puis un jardinet pour se reposer. "Il pleura de joie"[18]. La devanture du bar est repeinte et il est renommé Café de la Femme à Barbe. Star locale, elle est contactée pour participer à une soirée au profit des œuvres de bienfaisance lors de la foire d’Épinal de 1903. "Entrée sensationnelle de la Femme à barbe de Thaon dans la cage aux lions" annonce l'affiche. Un train spécial est affrété pour amener les hominines de Thaon à Épinal où plus de deux mille hominines attendent l'arrivée de la célèbre Madame Delait.

Gloire ? Vanité ? Suggestion ? Je ne saurais vous dire, mais je n'étais plus la même. Il ne me vint pas même à l'idée qu'à ce moment je ne pouvais être qu'une femme curieuse, exhibée par un barnum. J'étais beaucoup plus et beaucoup mieux. Beaucoup mieux, certes, qu'un ministre. Beaucoup mieux qu'un roi. Je ne perdais pas un pouce de ma taille. J'étais coiffée d'un petit canotier perché au-dessus du bourrelet de mes cheveux, comme c'était la mode, en ce temps là. J'avais une longue jupe cloche, garnie de volants, froufroutante. J'étais belle et j'entendais les murmures d'admiration des hommes.[18]

Enhardie après cette première prestation qui se termine bien, Clémentine Delait réitère quelques semaines plus tard à Saint-Dié et à Charmes où elle boit du champagne en cage avec le dompteur et les lions se couchent à ses pieds. Enfermée ainsi dans la cage, elle vend de nombreuses cartes postales d'elle.

Avec ma jolie barbe en éventail, de trente-cinq centimètres de longueur — elle aurait pu en avoir le double, mais je la taillais, en coquette que j'étais — avec ma stature puissante — je pesais presque cent kilos — vigoureuse et forte comme pas une, un désir me hantait : m'habiller en homme.[18]

Pour cela il faut faire une demande officielle auprès du ministère de l'Intérieur. En effet, depuis une loi de novembre 1800, dite de "permission de travestissement"[26], le port du pantalon pour les hominines femelles est soumis à interdiction et une autorisation dérogatoire peut être décrétée au cas par cas. Confiante en sa popularité, Clémentine Delait fait des démarches en 1904 auprès de divers fonctionnaires pour qu'ils interviennent en sa faveur, mais aucun ne daigne donner suite à une demande qu'ils jugent incongrue. Elle s'adresse alors à Armand Lederlin, maire de Thaon et industriel paternaliste spécialisé dans le textile, qui appuie l'obtention d'une autorisation de travestissement en écrivant à Émile Combes, le ministre de l'Intérieur. Quelques jours plus tard, début mars 1904, l'autorisation arrive à Épinal par télégramme. Dans son nouvel accoutrement, elle part direction Paris où elle découvre avec amusement les joies de l’ambiguïté ou les avantages d'être considérée comme un hominine mâle. De nouvelles photographies sont réalisées pour des cartes postales la montrant habillée "comme un homme", lisant le journal, fumant le cigare ou buvant une bière. Ou faisant du vélo. Pour autant, Clémentine Delait ne se considère pas comme un phénomène mais simplement comme une femme avec une barbe...

Membre du Cycle thaonnais

La nature, qui m'a donné une barbe vigoureuse, du plus beau châtain, d'une pousse rapide et ondulante, ne m'a marchandé aucun des avantages de la femme. [...] Vous le voyez, je ne suis pas un phénomène si, par ce mot, vous entendez un être hermaphrodite relevant du domaine de la pathologie. Ma photographie vous prouvera, de plus, qu'à une excellente santé, je joins un physique qui n'a rien de désagréable ; qu'il me suffirait de raser ma barbe ou d'employer quelque pâte épilatoire pour n'être plus qu'une femme saine, robuste, d'une anatomie irréprochable et qui, toujours, fut coquette, sensible aux multiples attentions du sexe fort. [...] La barbe n'est pas, chez moi, le tribut d'une imperfection de la nature. Elle est un agrément qui s'ajoute au sexe, et c'est ce qui fait la rareté de mon cas.[18]

Alternant comme bon lui semble les tenues masculines et féminines, et vivant d'éphémères moments de gloire, Clémentine Delait mène néanmoins une vie humble et travaille dur dans son bar. "Je n'étais pas ambitieuse. Je me contentais du produit de la vente de mes cartes postales, sans rien changer à mon existence."[18] Alors que la guerre de 1914 vient d'éclater, elle se rend à Biarritz avec son mari afin qu'il profite du climat propice à ses rhumatismes. Arrêté par un gendarme qui trouve suspect de voir une hominine femelle avec une barbe, le couple se prend quelques coups et des insultes fusent, les accusant d'être des espions. Reconnue par un militaire ayant été en garnison à Épinal, Clémentine Delait est relâchée ainsi que son mari malade que lui "est rendu plus mort que vif"[18]. De retour à Thaon, le café fonctionne pendant toute la période la guerre et Clémentine Delait donne la main à la Croix-Rouge en accueillant des blessés chez elle. Le village héberge un régiment d'artillerie à l'hiver 1916/1917. Ne supportant plus de voir les simples soldats subir le froid de l'hiver et les officiers être au chaud dans son café, Clémentine menace de les mettre à la porte s'ils n'obtiennent pas que cela change, "aussi vrai que je suis la femme à barbe"[18]. L'interdiction faîte aux soldats d'entrer de jour dans les cafés de Thaon est levée. Quelques jours plus tard, un ordre supérieur vient rétablir l'interdiction. Une courte pause pour les Poilus.

Au sortir de la Première guerre mondiale, le couple Delait adopte Fernande Petit, alors âgée de 4 ans. Née en novembre 1914 à Igney, une commune voisine de Thaon, elle est la plus jeune fille de Charles Petit et Albertine Gaudon. Le décès de ses parents en 1918 de la grippe espagnole fait d'elle, ses frères et sa sœur, des orphelins. Elle est alors accueillie et officiellement adoptée en 1919 sous le nom de Fernande Delait. L'état de santé de Paul Delait ne cesse de se dégrader et ses rhumatismes l'empêchent d'avoir la moindre activité. Expropriés pour des raisons de réaménagements urbains en 1922, la décision est prise de quitter Thaon pour s'installer à Plombières-les-Bains, une petite ville thermale au sud d’Épinal réputée pour les bienfaits de ses eaux sur les rhumatismes. Le Café de la Femme à Barbe est fermé, et Clémentine Delait ouvre une boutique de lingerie à Plombières.

Connue dans l'univers protivophile pour être la ville de l'accord secret de 1858 qui donne le Comté de Nice à la France, Plombières-les-Bains l'est surtout pour ses thermes dès l'antiquité romaine. Le magasin des Delait est ouvert près de l'église. En plus des soieries et des dentelles, Clémentine Delait continue à vendre ses cartes postales. Sa notoriété lui attire une clientèle régulière autant pour le magasin que pour les cartes. Les séjours de Paul Delait dans plusieurs villes thermales ne viennent pas à bout de son mal qui provoque d'intenses douleurs. Paul Delait, le discret mari de Clémentine[27], dont on ne sait presque rien et dont on ne dispose que de quelques rares photos, meurt en 1928. Âgée de 63 ans, Clémentine Delait est très affectée par cette mort.

Si robuste que soit ma santé, mon deuil m'avait trop affecté et je tombais malade. Qu'était devenue la Clémentine de jadis ? Au pays, on me croyait perdue. Mais ma robuste constitution a repris le dessus et, aujourd'hui, ma barbe est plus belle que jamais.[18]

Reprenant du "poil de la bête", Clémentine Delait et Fernande, maintenant adolescente, retournent à Thaon. La Femme à barbe et son café sont de retour. Situé au 19 de l'actuelle rue des Fusillés, le Palace Bar organise à partir de 1929 des concerts tous les dimanches. L'absinthe et les cartes postales se vendent très bien. Depuis le début plusieurs milliers cartes postales ont été imprimées, avec plus de 80 photos différentes. La notoriété et la personnalité de Clémentine Delait attirent toujours autant. Son veuvage est propice à la laisser s'imaginer voyager un peu. Après avoir refusée pendant des années car Fernande était encore trop jeune, celle-ci devenue jeune adulte, Clémentine Delait accepte la proposition de l'Olympia de Londres en 1932.

Des exhibitions à mon âge ? Pourquoi pas ? Une femme qui a de la barbe au menton ­— et quelle barbe ! 33 centimètres ! — ­n'a que l'âge qu'elle veut bien paraître.[18]

La balade de la Femme à barbe

J'ai bien tenter d'parler avec eux
Ça m'rappelle l'anglais, quand j'dis "oreille", on comprend "cheveu"[28]

Malgré une méconnaissance totale de la langue anglais, Clémentine Delait et sa fille partent pour la Grande-Bretagne avec en poche un contrat de six semaines à L'Olympia. N'ayant pas fait faire de passeport, elles sont provisoirement inquiétées à la frontière, mais l'intervention d'un douanier français qui se porte garant de leur identité débloque cette situation. Arrivée sur place, elle entend garder son autonomie et loue une pension pour la durée du voyage londonien. Toutes deux se réjouissent de cette balade et les exhibitions sont un succès. De midi à onze heures du soir, Clémentine Delait travaille dans "un salon où était réunis quelques phénomènes"[18]. Déclinant une proposition pour l'Irlande, elle repartent en France. Direction Paris. Un contrat de trois mois, à partir du 15 avril 1932, est signé avec le grand parc d'attraction parisien Luna Park. Elle se montre dans ses tenues coquettes ordinaires, discute avec les hominines de passage et vend ses célèbres cartes postales. Clémentine Delait y fait la rencontre de Violetta, la célèbre "femme-tronc"[29].

J'avais pour compagne une femme-tronc, fort agréable, mais qui parlait allemand. Son visage était joli et elle m'était très sympathique. Je dus la défendre, un jour, contre les impertinences d'un visiteur. Cette femme sans bras ni jambes, écrivait et cousait admirablement avec sa bouche. Son buste était de formes parfaites, et, sur son haut tabouret, on eut dit un mannequin animé, comme en ont les couturières chez nous.[18]

Protagonistes de Freaks (1932)[30]

Elle enchaîne avec un contrat au théâtre Marigny à Paris jusqu'en septembre. L'année suivante, elle fait une saison à Vichy avec le soutien de Luna Park. Là encore, sa venue déclenche l'enthousiasme et sa personnalité la sympathie pour les hominines qui la découvrent. À l'occasion de son passage dans la ville, l'hippodrome instaure même un éphémère "Prix de la Femme à barbe". Ville thermale où se pressent les hominines de pouvoir et d'argent, elle y croise le roi d'Espagne et celui d’Égypte qui veulent la rencontrer. En décembre 1933, départ pour l'Irlande pour un court contrat à Belfast. Clémentine et Fernande Delait sont ravies de ce voyage où la femme à barbe fut chaleureusement accueillie.

Si [...] j'ai accepté quelques engagements de courte durée, c'est que j'ai, à mes côtés, une enfant chérie : ma petite Fernande, qui égaye ma solitude et me comble d'affection prévenante, toute filiale. Aujourd'hui qu'elle est pour moi une compagne et un mentor, je prend plaisir à sortir avec elle. Elle peut m'accompagner dans mes exhibitions, et les voyages que nous faisons, toutes deux, lui apportent une saine et intéressante distraction. C'est surtout pour elle que je me suis décidée à aller à Londres, à Paris, à Belfast, à Vichy, que je me sens capable d'aller, encore, jusqu'au bout du monde.[18]

Entre le 11 et le 23 mars 1934, avec Pol Ramber, écrivain public et journaliste à L'Express de l'Est, elle rédige les Mémoires de la femme à barbe. Par Madame Delait de Thaon-les-Vosges[18]. Elles sont sorties la même année à l'imprimerie Fricotel à Épinal[31]. Lors de cette année 1934, Clémentine Delait part, toujours avec sa fille, aux Pays-Bas pour de très courtes exhibitions. Les dernières. Presque âgée de 70 ans et diminuée par les rhumatismes, elle ne peut plus voyager à sa guise. La mère et la fille s'installent alors dans un appartement à Thaon et vivent modestement des leçons de violon que donne Fernande[32]. Est-ce en son honneur que la chanteuse Marcelle Bordas reprend en 1935 la chanson La femme à barbe[33], écrite par Élie Frébault[34] et interprétée en 1865 par Thérésa, la "Diva du Ruisseau" ? À la suite du mariage de Fernande Delait avec André Leclerc en 1938, Clémentine Delait déménage à Épinal, rue Saint-Goery près de la place des Vosges, où elle vit avec le couple. Elle y meurt d'une crise cardiaque le 19 avril 1939 à l'âge de 74 ans. La presse locale et nationale relaie cette triste nouvelle pour les hominines de tous poils[35]. Cinq ans plus tôt, dans ses Mémoires de la femme à barbe[18], elle s'amusait à écrire un court testament :

Et, peut-être, songeant à ma dernière demeure, je me réjouirai du bon tour que je jouerai à Saint Pierre, quand, me présentant à lui je lui dirai : Mon vieux Saint-Pierre, je parie cinq cents francs qu'il n'y a pas une barbe aussi belle que la mienne dans ton paradis. Pour cet ultime voyage, m'habillerai-je en homme ou en femme ? On dit que les femmes n'entrent pas facilement dans ce bienheureux séjour... En tout cas, sur ma tombe, je veux qu'on inscrive : "Ci-gît : Mme Delait. La femme à barbe de Thaon."[18]

Fort heureusement, Clémentine Delait n'a pas tout misé sur ce non-évènement qu'est la mort pour cellui qui y succombe et sur l'illusion d'un paradis qui lui succède alors qu'il n'y a rien. Dans ses mémoires, écrites quelques années avant sa mort, elle donne des bribes de sa vie et rappelle sa plus profonde certitude.

Ai-je eu tort ou raison ? Si j'avais à recommencer ma vie, je n'y modifierais rien[18]

Un poil de plus

Ses funérailles sont un évènement régional et ses dernières volontés concernant l'inscription de sa plaque tombale sont partiellement respectées, mais précise bien qu'elle est la femme à barbe. Le souvenir de Clémentine Delait se dilue progressivement au fil de décennies. Depuis les années 1970, quelques rares livres[36] lui ont été consacrés ainsi que quelques documentaires[37]. À l'occasion de la journée annuelle des droits des femmes, la mairie de Capavenir-Vosges (anciennement Thaon-les-Vosges) a décidé en mars 2021 de baptisé l'auditorium de la ville du nom de Clémentine Delait[38].

Pour la protivophilie qui œuvre aux recherches sur F. Merdjanov, et singulièrement pour le projet d'encyclopédie pour rien qu'est wikimerdja, le poil est primordial lorsque l'on sait le prendre dans le bon sens. Dans certaines expressions le terme poil est utilisé de manière similaire à rien, il désigne soit l'absence, soit la présence, même infime. "Être à poil" a le sens de "N'avoir rien" et "Être à un poil" celui d'être très proche, d'être à rien. Une sorte de jumelage protivophile entre le hameau de Rien et celui du Poil[39].

Notes

  1. L'hominine non-binaire ou genderfluid est une personne qui refusent de se définir strictement comme "homme" ou "femme", soit parce qu'elle possède des attributs physiques particuliers ou qu'elle n'accepte pas, par choix, de se conformer à un genre social au prétexte de tel ou tel sexe biologique. Voire jouer ou être fluide avec ce qui est caractéristique des constructions genrées.
  2. Les bilatériens sont un ordre taxonomique du vivant qui regroupe les animaux ayant une symétrie du squelette et pourvus d'une entrée et d'une sortie, c'est-à-dire d'une bouche et d'un anus.
  3. Les hominines sont une macédoine d'espèces proches et métissées dont les derniers rejetons, belle bande de bâtards, sont les humains actuels. Même Michel Onfray et Catherine Deneuve.
  4. Priscille Touraille, "Mâle/Femelle", Encyclopédie critique du genre, 2021 - En ligne
  5. Priscille Touraille, "Des poils et des hommes. Entre réalités biologiques et imaginaires de genre eurocentrés", Cahiers d'anthropologie sociale, 2010/1, n°6 - En ligne
  6. Présents en Europe, au Moyen-Orient et en Asie centrale, jusqu'à environ 30000 ans avant le présent, les néandertaliens sont une espèce éteinte d'hominines. Pendant plus de 10000 ans, elle a cohabité, et s'est partiellement mélangée avec la branche des hominines dont sont issus les "humains modernes", mâles et femelles.
  7. L'expression "Avoir un poil dans la main" signifie "être porté à la fainéantise".
  8. L'occasion de placer ici "Poil aux mains" comme le font par jeu les enfants, "Poil aux dents".
  9. Le futur sera chauve, 2019 - En ligne
  10. Thématique "Poils et sang" dans les Cahiers d'anthropologie sociale, 2010/1, n°6
  11. Jean Da Silva, "Hair Studies : une bibliographie", Apparence(s), n°5, 2014 - En ligne
  12. Voir une tentative d'épilation crânienne - En ligne
  13. "Le poil, le vilain petit canard de l’histoire", Raconte-moi l'Histoire... - En ligne
  14. Ladislav Klíma, Le monde comme conscience et comme rien, 1904
  15. Jésus aka Christ est souvent représenté sous les traits d'un jeune éphèbe à la barbe et ses adeptes ont longtemps préconisé de chasser et de tuer les hominines qu'illes considèrent comme des "monstres". De manière plus respectueuse pour elleux, rappelons que JC sont aussi les initiales de Joséphine Clofullia (1831 - 1870), une célèbre femme à barbe suisse qui est employée à partir de 1853 par le cirque Barnum. Voir "GeneFreaks, épisode 1 : Clofullia" - En ligne
  16. Le lieu-dit "L’Abbaye" se situe au sud de Chaumousey. Depuis la construction de la retenue d'eau de Bouzey vers 1880, il se retrouve sur la rive de l'étang. La digue cède en 1895 et fait 85 morts dans des villages proches. Il est depuis reconstruit.
  17. Depuis l'annexion de l'Alsace et de la Lorraine par l'Allemagne après la guerre de 1870, Épinal est distant de 50 kilomètres de la frontière franco-allemande.
  18. 18,00 18,01 18,02 18,03 18,04 18,05 18,06 18,07 18,08 18,09 18,10 18,11 18,12 18,13 18,14 18,15 18,16 18,17 18,18 18,19 18,20 18,21 18,22 et 18,23 Madame Delait, Les mémoires de la femme à barbe, 1934 - En ligne
  19. Refusant le diktat de l'épilation électrique ou de la tondeuse à oreilles, Radhakant Bajpai a décidé d'arrêter de se couper les poils des oreilles. Il détient le record mondial enregistré de longueur de poils d'oreilles avec 13,2 cm en 2003. 25 cm en 2009. En 2019, il est toujours détenteur du record.
  20. L'androphilie est l'attirance sexuelle pour des hominines mâles ou les signes de la masculinité, quel que soit son propre sexe ou genre. La gynophilie est son équivalent pour les femelles et la féminité. L'ambiphilie est le mélange des deux. Ces termes sont des alternatives à hétérosexualité, homosexualité et bisexualité qui définissent les personnes selon leur sexe et leur genre et non simplement le type d'attraction sexuelle qui est le leur.
  21. Avant 1870, Thaon est un village de quelques 500 hominines. L'implantation d'une industrie textile par Armand Lederlin provoque l'arrivée massive de main-d'œuvre et, en 1876, le village est habité par presque 2000 hominines et plus de 4000 vingt ans plus tard. Thaon devient Thaon-les-Vosges en 1890. Ce phénomène démographique se poursuit jusque dans les années 1960 et la crise dans le secteur du textile. En 2015, Thaon-les-Vosges, Girmont et Oncourt sont réunis sous le nom futuriste de Capavenir Vosges ! La zone industrielle la plus importante des Vosges.
  22. Stéphane Pajot, De la femme à barbe à l'homme-canon. Phénomènes de cirque et de baraque foraine, Éditions d'Orbestier, 2003
  23. L'absinthe est un alcool obtenu à partir de la plante du même nom. Spiritueux bourgeois et cher jusqu'à la fin de la première moitié du XIXème siècle, l'absinthe se popularise largement au cours des décennies suivantes. Pour cause de dangerosité, il est interdit de 1910 à 2005 en Suisse et de 1914 à 2015 en France.
  24. Pour l'occasion, le shah d'Iran se déplace avec une suite de 150 personnes, familles, fonctionnaires et garde rapprochée.
  25. Le célèbre cirque Barnum lui propose une tournée de plusieurs mois aux États-Unis pour l'énorme somme de 2000 francs par semaine.
  26. Christine Bard, "Le «DB58» aux Archives de la Préfecture de Police", Clio. Histoire‚ femmes et sociétés, n°10, 1999 - En ligne. Christine Bard, "Le droit au pantalon. Du pittoresque au symbolique", La Vie des Idées,‎ 1er mars 2013 - En ligne
  27. Voir aussi Le Mari de la femme à barbe, une fiction réalisée en 1964 par Marco Ferreri autour de Julia Pastrana, une célèbre femme à barbe mexicaine de la première moitié du XIXème siècle.
  28. Jeu de mot entre "ear" et "hair". Asocial Club, "Ce soir, je brûlerai..." sur l'album Toute entrée est définitive, 2014 - En ligne
  29. De son vrai nom Aloisia Wagner, Violetta est une hominine née en 1906 sans bras ni jambes. Originaire d'Allemagne elle participe à des tournées mondiales dans des cirques d'exhibition. La date de sa mort est inconnue.
  30. La Monstrueuse Parade (Freaks) réalisé par Tod Browning en 1932 retrace un drame amoureux dans le contexte d'un cirque d'exhibition. Le personnage de la femme à barbe est interprété par Jane Barnell (1871 - 1945), créditée au générique en tant que Olga Roderick. Elle est une femme à barbe étasunienne connue sous les pseudonymes de Princess Olga ou Madame Olga. Le film est aussi sorti en France sous le titre Barnum. Bande-annonce en ligne. Le film est inspiré de la nouvelle Spurs de Tod Robbins qui se déroule en France. Traduite en français sous le titre Les Éperons, Les Éditions du Sonneur, 2011. Texte disponible en anglais - En ligne.
  31. L'original est retrouvé en 2005 par Roland Marchal dans une brocante. Un cahier d'écolier manuscrit d'une quarantaine de pages écrites à l'encre bleue. Le Républicain lorrain du 10 juin 2005
  32. M.-A. Maffeis, La Femme à barbe, une femme de chez nous ou histoire de Clémentine Clattaux épouse Delait 1865-1939, Thaon-les-Vosges, 1986
  33. Marcelle Bordas, La femme à barbe, mai 1935 - En ligne. Voir aussi Brigitte Fontaine, "La femme à barbe" sur l'album Genre humain, 1995 - En ligne
  34. Parolier, Élie Frébault est aussi l'auteur d'une courte pièce en un acte intitulée La femme à barbe, 1866 - En ligne
  35. Voir par exemple Le Télégramme des Vosges du 20 avril 1939 - En ligne. L'Humanité du 21 avril 1939 - En ligne. Le Journal du 21 avril 1939 - En ligne. Le Petit Journal du 21 avril 1939 - En ligne
  36. Jean Nohain, François Caradec, La Vie exemplaire de la femme à barbe : Clémentine Delait 1865-1939, La Jeune Parque, 1969 (Réed. Éditions L'Echappée, 2017). Patrick Pasky, Clémentine, un femme au poil. Biographie romancée de la Femme à barbe, Le Village du Jouet, 2008. Patrick Pasky, Clémentine. Le roman de la femme barbe, Publibook, 2013. Patrick Pasky, Madame Delait, la femme à barbe, Ex Aequo Éditions, 2015. Pénélope Bagieu, "Clémentine Delait, femme à barbe", Culottées 1 - Des femmes qui ne font que ce qu'elles veulent, Gallimard, 2016.
  37. Dans les Vosges, une femme loin d’être rasoir, Arte TV, mars 2021, 7 min - En ligne. D'après Pénélope Bagieu, "Clémentine Delait, femme à barbe", Culottées #2, 3min30 - En ligne. Hélène Michel-Béchetn, Un poil différent.e, Sancho&co et France Télévisions, 52 min. "Clémentine Delait : la femme à barbe de Thaon-les-Vosges", France Culture, 2018 - En ligne
  38. Vosges Matin du 10 mars 2021
  39. Le Poil, dans les Alpes-de-Haute-Provence, est un hameau aujourd'hui quasi abandonné. Le Poil est le décor du roman historique L'homme semence. Vincent Quivy, "L'Homme semence est-il une nouvelle imposture littéraire ?", Slate, 3 décembre 2017 - En ligne