Pikarti : Différence entre versions
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Version du 22 octobre 2019 à 21:08
Pikarti. Mouvement "hérétique" christien[1] en Bohème du Sud au début du XVème siècle après JCⒸ[2].
SommaireÉtymologiePikarti est un terme de la langue tchèque signifiant "picards" en français et emprunté à cette dernière. Dans cette langue, il désigne depuis le XIIIème siècle les hominines - mâles et femelles - habitant la région picarde et plus généralement qualifie ce qui se rapporte à la Picardie. Les formes les plus anciennes sont pickart, pikart, picart ou picar. Étymologiquement picard se compose de pic et -ard. Le premier étymon est présent dans de nombreuses pratiques linguistiques avec la signification de "pointu" ou "aigu" et est à la base de mots tels que pioche, piquet, picorer, piqûre, pic au sens de "sommet" ou encore picotement. Le second que l'on retrouve dans l'anglais hard ou le français hardi exprime le fait d'être dur, d'être fort. Il revêt parfois un caractère dépréciatif, tels bondieusard ou bâtard par exemple. Origines mythologiquesAu cours des premiers siècles de leur existence, les communautés christiennes du pourtour méditerranéen élaborent leurs doctrines religieuses. Si elles partagent la croyance en l'existence d'un messie nommé JésusⒸ envoyé par un dieu unique, elles divergent sur nombre de points théologiques et se constituent parfois en doctrines séparées[4]. Le livre qui sert de référence, la Bible, est constitué d'un référent moïsien appelé Ancien Testament auquel s'ajoutent des vie de JésusⒸ narrées par des personnes ne l'ayant jamais connu, des textes de propagande et des prophéties apocalyptiques. Les différentes doctrines christiennes ne retiennent pas les mêmes narrateurs et les mêmes sources pour constituer leur propre corpus biblique. Il existe donc plusieurs bibles. Les seules mentions historiques de l'existence de ce JésusⒸ sont les textes des christiens eux-mêmes. Pour l'instant, son historicité reste une croyance et non un fait. Ni les archéologues, ni les historiens n'ont mis la main sur la moindre preuve de l'existence "en chair et en os" de ce messie dont une centaine de textes christiens tissent la légende. Pas plus sur les prétendus faits "historiques" et les personnages rencontrés dans les textes moïsiens de l'Ancien Testament[5].Après des débuts difficiles, les croyances des christiens deviennent la religion officielle de l'empire romain à la fin du IVème siècle. La canonisation des écrits christiens pour former une seule et unique Bible aboutit à la naissance de différentes églises christiennes distinctes, voire opposées, et à définir le seuil d'exclusion de tels ou tels courants jugés hérétiques. L’Église catholique, l'une de ces églises christiennes, se structure en clergé et agit comme une entité para-étatique. Par les intrications entre politique et charge religieuse, elle prend part à l'exercice du pouvoir et se consolide dans les siècles qui suivent sa reconnaissance impériale. Propagandiste et pragmatique, elle tente d'étendre son pouvoir par la persuasion et la contrainte en diffusant sa morale et ses croyances parmi les populations d'hominines et en s'acoquinant avec les pouvoirs en place. Hormis quelques ordres religieux, des anachorètes ou de simples prêtres qui prônent et vivent dans la pauvreté, l’Église catholique et son haut-clergé sont assimilés aux richesses et aux dominants. Les territoires sont quadrillés par un vaste réseau de monastères et d'églises pour assener la "bonne parole du seigneur" aux populations occupées à survivre. La propagande officielle du para-État annonce que les conversions se passent en douceur et que les hominines accueillent ses croyances et ses rituels avec joie. Ainsi, les contestations sont essentiellement vues comme des formes de dérèglements ou de déviances et non comme des résistances à la christienisation à marche forcée[6] ou à la situation sociale. D'abord rienSelon les légendes des christiens - toutes églises confondues - un dieu unique créé le monde et modèle les hominines à son image en sept jours. Cette formulation creuse insinue que ce dieu est à la source de toutes choses existantes, à partir de rien, ex nihilo[9]. Pas très sensible aux questions de genre, la déité solitaire fait naître deux hominines : le mâle, Adam, est le produit d'une divine soufflette à une motte de terre et la femelle, Ève, est conçue par parthénogenèse de l'hominine mâle.[10] La créature divine est aussi à l'origine de la multitude animale non-hominine[11]. Ce petit monde vit alors dans ce que la tradition religieuse nomme le Jardin d'Eden, se contentant de se nourrir frugalement et de vivre dans une complète nudité. Nul travail, nulle obligation et les encouragements divins à se reproduire et se répandre dans le monde édénique. Tout existe à profusion dans une harmonie paradisiaque. Les hominines sont promus "chouchous" de leur créateur qui, avec un spécisme assumé, déclare que les non-hominines sont une création de seconde classe et les soumet aux deux hominines. Mais le conte christien prend une tournure dramatique lorsque, pour une obscure histoire qui divise encore les églises christiennes, le dieu de hominines les punit et les chasse de ce paradis pour les contraindre, dorénavant, à connaître la faim, le travail, la mort, la souffrance, etc. Et ainsi pour toute leur descendance. Dans des versions très diverses et contradictoires, les raisons de cette sévérité divine demeurent mystérieuses. Certaines évoquent un "pêché originel d'Adam" sans plus de précisions, d'autres inventent l'histoire de la pomme croquée par Adam. Ce mythe - rejeté par les moïsiens et les mahométiens - raconte que Ève, persuadée par un serpent, propose à Adam de croquer dans le fruit de l'arbre de la connaissance malgré l'interdiction formelle édictée par la créature divine. Et pour cela illes sont chassés. Sans pitié. Des siècles de théologie christienne n'ont pas permis un consensus dans l'écriture de la trame romanesque et les débats sont toujours houleux, pouvant même mener à des guerres sanglantes et des bûchers. Pour avoir affirmé quelques milliers d'années après les faits supposés : "Moi, Adam et Eve, j'y crois plus tu vois, parce que je suis pas un idiot : la pomme ça peut pas être mauvais, c'est plein de pectine..."[12], et bien qu'il sache se défendre, le mystique et dramaturge Jean-Claude Van Damme prend encore d'énormes risques. Ces questionnements sur les raisons de l'intransigeance de ce "dieu d'amour et de miséricorde" et de son amertume meurtrière envers les hominines sont discutés en-dehors des seuls cercles théologiques depuis des siècles et de multiples scénarios ont été écrits. Toujours très inspirés. Malgré ses invraisemblances évidentes, plus de deux millénaires après la naissance fictive de Jésus aka ChristⒸ, la théologie s'exprime toujours au travers de multiples supports, tels la peinture, le théâtre, la bande-dessinée, la musique ou le cinéma dans des approches plus actuelles pour résoudre la question du "pourquoi ?" et décrire le triste sort réservé aux deux premiers hominines et leur descendance. Mais au-delà de leurs divergences narratives, les mythes christiens partagent la croyance en une sorte d'époque paradisiaque située quelque-part entre l'existant et rien.
NaturienParmi les adeptes des mythes christiens, le Jardin d’Éden résonne comme un paradis perdu pour les hominines dont la chute est une catastrophe. La vie de paix et de concorde supposément perdue engendre des espérances terrestres et ce Jardin évo-adamite représente dès lors un âge d'or qu'il est nécessaire de retrouver ou d'imiter. Cet état évo-adamite pré-migratoire est transposé dans des attentes de lendemains meilleurs où, pour les hominines, le paradis doit pouvoir se vivre aussi dans le présent. Soit il n'y a jamais eu de pêché originel, soit il ne peut être qu'une chose pardonnable. Depuis leur apparition et au fil de leur écriture, les textes christiens évoquent des moments, annonciateurs d'une fin du monde proche, où le paradis terrestre existera pour celleux qui le méritent. Dans la myriade christienne il existe quelques courants prônant un retour à ce glorieux passé et adoptant certaines attitudes de vie jugées évo-adamites tel que le refus des vêtements, des sacrements du mariage et du baptême, du travail et du clergé, exaltant une libre sexualité, ou encore l'abandon ou la destruction des lieux de culte. Ils s'opposent de fait à la morale propagée par l'Église officielle tout autant qu'aux richesses et au pouvoir politique qu'elle représente. Les hominines christiens qui les critiquent les nomment souvent adamites en oubliant le rôle crucial de Ève dans ce roman des origines. Des premiers siècles après le messie christien jusqu'au XVIème siècle apparaissent ponctuellement des individus ou des groupes se réclamant de cet état innocence, de cet état de nature. Leurs paroles ou leurs méthodes sont diverses. Pacifiques et violentes, immédiates et indiscutables. Le rejet de certains fondements christiens estimés essentiels par d'autres engendre souvent une violence contre ces naturiens sous l'accusation d'hérésie.
Ottokarien vs TaborienLe XIVème n'est pas un siècle facile pour les autorités religieuses christiennes qui s’entre-déchirent, quatre siècles après la séparation entre les églises d'Orient et d'Occident[15]. La succession aux papes de Rome est de plus en plus contestée et mène à des scissions dans les instances dirigeantes christiennes en 1378 : un pape trône à Rome et son concurrent s'installe à Avignon[16]. En 1409, un troisième prétendant tente de s'imposer à partir de Pise. Les différents États de l'Europe occidentale se divisent sur la question et s'allient à l'un ou à l'autre. A ces crises successorales viennent s'ajouter de fortes contestations au sein même du clergé, dont une partie réclame des réformes internes, et des soulèvements populaires. Les réformateurs demandent un retour à une église moins ostensiblement riche et moins proche des pouvoirs politiques des États, et proposent une relecture moderne des écrits christiens pour se rapprocher et soutenir les hominines les plus pauvres. En cela les idées de ces réformateurs entrent en résonance avec les revendications sociales des "petites gens" mais aussi avec les aspirations d'une partie de la noblesse qui cherche plus de pouvoir et d'autonomie. Les écrits des réformateurs sont détruits et les auteurs accusés d'être contre la religion des christiens. Certains sont excommuniés, d'autres assassinés. L'anglais John Wyclif[17] et le bohémien Jan Hus[18] sont particulièrement visés par les autorités religieuses de Rome. Le Concile de Constance qui se tient entre 1414 et 1418 en vue de réconcilier les autorités pontificales prend la décision de déclarer hérétiques les textes de Wyclif, déjà mort sur le bûcher en 1384, et ceux de Jan Hus qui est, lui, envoyé au bûcher en 1415. Tous les États ouest-européens reconnaissent finalement la seule autorité de l'Église catholique romaine et de son nouveau pape Martin V. Depuis la fin du IXème siècle et son émancipation de la Grande-Moravie, le Duché de Bohème est aux mains d'une dynastie régnante, vassale du Saint-Empire Romain Germanique. En 1198 le duc Ottokar se proclame roi de Bohème et obtient en 1212 la reconnaissance par l'empereur de l'hérédité de la fonction royale. A l'image des autres régions et provinces de l'empire, qui n'est rien d'autre qu'un vaste conglomérat de vassalités et d'alliances, le royaume de Bohème demeure en son sein. Les ottokariens sont en place pendant plus d'un siècle. Par le jeu des alliances matrimoniales et des successions territoriales, les ottokariens se fondent dans la dynastie de Luxembourg-Limburg au début du XIVème siècle, et c'est à cette dernière qu'échoit le titre royal de Bohème. Puis, à partir de la moitié de ce siècle, les deux rois successifs de Bohème parviennent aussi à accéder au titre d'empereur du Saint-Empire Romain Germanique qu'ils conservent pendant plus d'un demi siècle. L'empire inclut alors l'est de la France, la Belgique, le Luxembourg, les Pays-Bas, la Suisse, l'Allemagne, l'Autriche la Tchéquie, la Slovénie et le nord de l'Italie. La frontière passe à quelques kilomètres à l'est du hameau de Rien qui reste dans le giron du royaume de France. A cette époque la Bohème et sa principale ville, Prague, rayonnent culturellement et politiquement au sein de l'empire. Alors que l'empereur a admis la légitimité des papes de Rome et de l'église catholique, et que celle-ci est confortablement installée dans les méandres du pouvoir, une partie de la noblesse et du clergé en Bohème prônent des réformes en s'appuyant sur les écrits de Jan Hus. Leurs revendications portent sur quelques détails rituels, sur une autonomie accrue vis-à-vis de Rome et des aménagements dans le fonctionnement du clergé et, plus largement, sur des réformes sociales pour améliorer la vie des hominines les plus pauvres. Dans son texte es scatologique Instant et Éternité l'historien bohémien Ladislav Klíma montre que, même s'il y a convergence entre les intérêts des noblesses de sang et d'armes et les espoirs de la masse des hominines vulgaires, les conditions ne sont pas les mêmes. Les unes luttent pour d'avantage de pouvoir, les autres recherchent un répit dans la misère. Les unes aspirent à tout, les autres partent de rien.
L'envoi au bûcher de Jan Hus est l'acte de trop pour celleux qui soutiennent ses demandes et diffusent ses écrits. Le mouvement hussite se radicalise dans les premières années qui suivent la mort du réformateur. Des soulèvements armés d'une partie de la noblesse et d'hominines de sang vulgaire secouent la Bohème. En juillet 1419, un groupe de hussites prend d'assaut l'hôtel de ville à Prague et s'empare de dignitaires christiens favorables à Rome. Dans un moment d'empalement, ils sont jetés par la fenêtre au pied de laquelle des lances sont brandies par une foule qui les achève joyeusement. Les troubles s'étendent à toute la Bohème où des églises et des monastères sont attaqués. Quelques villes sont contrôlées par les hussites qui sont divisés sur la conduite à tenir vis-à-vis de l'empire et les concessions nécessaires à une "pacification". L'expression "mouvement hussite" désigne des communautés hussites éparses, chacune sous la houlette d'un prêtre devenu guerrier ou d'un noble qui se découvre proche du petit peuple, qui ne constituent pas un ensemble hétérogène. Mené par Jan Zizka[21], un groupe se retranche près de l'actuel Tabor dans le sud bohémien. Installés dans une ancienne maison fortifiée, ils nomment le lieu tabor qui signifie "campement" en tchèque et fait référence au mont Tabor mentionné dans le roman biblique[22]. La retenue d'eau la plus proche est renommée jourdain. Les taboriens - que l'historiographie classique désigne par taborites - deviennent le centre de la contestation pour les hominines de la région qui se joignent à elleux. Les taboriens représentent la faction la moins conciliante, la plus populaire, et s'opposent aux hussites de Prague plus enclins à négocier avec l'empire et la noblesse catholique. Les premiers réclament une égalité effective des hominines et désignent l'empire, la noblesse et le clergé sources de la misère, alors que les seconds se contentent d'une égalité de principe et acceptent l'autorité impériale. Le mouvement taborien prend la forme d'un soulèvement populaire paysan s'auto-organisant militairement et prônant un mode de vie collectif en marge de l'empire. Parce qu'il soutenait les demandes des hussites, la mort subite de Venceslas, empereur alcoolique destitué et rétrogradé roi de Bohème, foudroyé par un infarctus à l'annonce des défenestrations, marque un tournant dans le conflit avec les catholiques. Son successeur s'arrange en 1420 avec les autorités papales de Rome qui soutiennent les cinq croisades contre les "hérétiques" hussites menées entre 1420 et 1433. Malgré le soutien de la noblesse et de la chevalerie favorables aux papes romains, l'empire ne parvient pas à éteindre le feu de la révolte qui s'étend toujours plus en Bohème. Les tactiques utilisées[23] par les armées de paysans taboriens repoussent tous les assauts des "Croisés" et permettent de contrôler entièrement la région jusqu'aux confins polonais et en Moravie. Les Croisés reculent. Parmi les hussites les avis divergent sur la continuation de la guerre, pour une partie d'entre elleux les taboriens et leurs alliés sont des "va-t-en guerre"[24]. Les affrontements armés entre les différentes factions hussites sont récurrents. A partir de 1431, des négociations s'enclenchent entre des hussites "modérés" - en position de force - et la papauté qui n'est pas en mesure de s'imposer. Ne parvenant pas à faire taire les taboriens, les hussites favorables aux discussions s'allient militairement à leurs anciens ennemis catholiques pour en finir militairement avec "leurs extrémistes". Plus de 13000 hominines en armes et 1200 avec des chevaux face à 10000 hominines et 700 cavaliers. En mai 1434, les taboriens sont défaits et leurs principaux leaders sont tués ou mis en fuite. Environ 700 hominines sont brûlés vifs après leur capture. Deux années plus tard, le clergé hussite obtient de la papauté romaine le droit de changer le rituel de messe et de propager les idées christiennes en langue tchèque et la noblesse de conserver les biens confisqués aux catholiques lors des dernières guerres. PikartiHomines IntelligentiaePikartiÉpilogueNotes
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