Sikkim : Différence entre versions

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<blockquote>''Il y a un proverbe chinois qui ne dit rien. Il m’arrive de le citer quand je n’ai rien à dire...'' <ref> Philippe Geluck</ref></blockquote>
 
<blockquote>''Il y a un proverbe chinois qui ne dit rien. Il m’arrive de le citer quand je n’ai rien à dire...'' <ref> Philippe Geluck</ref></blockquote>
  
En 1642, Phuntsog Namgyal se proclame premier roi du Sikkim. Il affirme être le cinquième descendant d'un prince du XIII<sup><small>ème</small></sup> siècle, originaire du Dokham <ref>Dokham</ref> (province orientale du Tibet), qui est venu dans la région après un rêve lui disant de se rendre dans le sud pour y régner. Hallucination nocturne qu'il interprète évidemment comme étant un message divin ! Selon l'histoire légendaire du Sikkim, Padmasambhava aka Guru Rinpoché, un moine bouddhien du VIII<sup><small>ème</small></sup> siècle, a annoncé l'installation d'une monarchie dans les siècles à venir. Le royaume du Sikkim est né et sa capitale est Yuksom. Non originaire du Sikkim, la nouvelle dynastie met en place un système administratif qui s'appuie sur une dizaine de familles de la même origine qu'elle, et passe des accords avec les représentants des hominines autochtones pour leur octroyer une part d'autonomie. L'aristocratie bhotia <ref>bhotia</ref> règne sur ses sujets lepchas <ref>lepchas</ref> et limbus <ref>limbus</ref>. Jusqu'à sa mort en 1670, le nouveau roi consolide les frontières du Sikkim. À l'est, il prend le contrôle de la vallée sino-tibétaine de Chumbi, qui donne accès au col de Nathua, à l'ouest de la rivière Tista il passe des alliances avec quatre royaumes limbus <ref>Limbuwan</ref> qui deviennent ses vassaux, et au sud il étend le royaume vers l'actuelle province de Darjeeling. Afin de fortifier politiquement ces positions, Tensung Namgyal, son fils et successeur, se lie par le mariage avec trois hominines femelles issues de dynasties tibétaine, bhoutanaise et limbu, Debasam-serpa, Numbe Ongmu et Thungwamukma. Il déplace la capitale sikkimaise à Rabdentse. Les querelles de pouvoir entre les lignées monastiques bouddhiennes dans les provinces tibétaines sont déterminantes pour la région. Les unes s'appuient sur le pouvoir du khanat mongol qui règne au nord alors que les autres misent sur la dynastie mandchoue des Qing, à l'est. Avec l'aide des mongols, la théocratie de l'Ü-Tsang <ref>Ü-Tsang</ref> (autour de Lhassa dans le Tibet central) s'entend à l'est sur la province du Dokham, et à l'ouest, après trois années de guerre, s'empare de portions du royaume du Ladakh <ref>Royaume de Gugé et Ngari</ref>. Au sud, elle reprend la vallée de Chumbi au Sikkim. Les attaques contre le Bhoutan restent sans lendemains. Fils du roi Tensung Namgyal et de la reine Debasam-serpa, Chakdor Namgyal succède sur le trône du Sikkim en 1700, à l'âge de 14 ans. Pende Ongmu, son aînée et demi-sœur, ne l'entend pas ainsi. Elle s'allie au Bhoutan, dont sa mère est originaire, pour renverser le jeune roi qui fuit finalement à Lhassa dans l'Ü-Tsang. La capitale Rabdentse est prise par les forces armées bhoutanaises. La reine Pende Ongmu se maintient au pouvoir jusqu'en 1707, date à laquelle Chakdor Namgyal reprend les rênes de la dynastie grâce à l'aide de ses protecteurs de l'Ü-Tsang. Les armées bhoutanaises se retirent à l'est de la rivière Tista. Assassiné à l'instigation de sa demi-sœur, Chakdor Namgyal meurt dix ans plus tard et laisse la place à son jeune fils Gyurmed Namgyal, âgé de 10 ans, dont le règne dure jusqu'en 1733. Durant cette période, le royaume Gorkha (centre du Népal) lance plusieurs attaques contre le Sikkim. Des travaux de fortification sont entrepris dans la capitale sikkimaise Rabdentse. Gyurmed Namgyal meurt sans héritier légitime et — selon les autorités monastiques bouddhiennes qui souhaitent la continuation de la dynastie — indique avant de mourir qu'une nonne d'un monastère attend un enfant de lui. Sous le nom de Phuntsog Namgyal II, cet enfant est reconnu légitime et accède au trône à sa naissance en 1733, jusqu'à sa mort en 1780. Le royaume du Sikkim est affaibli par les assauts expansionnistes des royaumes Gorkha et du Bhoutan, et le renoncement des royaumes limbus à leur alliance avec la dynastie royale. Dans le milieu du XVIII<sup><small>ème</small></sup> siècle, des révoltes internes éclatent aussi dans le royaume sikkimais <ref> Magars et Tsongas en 1752</ref>. À la fin du siècle, le royaume Gorkha prend le contrôle des anciens vassaux limbus du Sikkim et de la capitale Rabdentse, jusqu'à la rivière Tista, et le Bhoutan occupe l'est du territoire sikkimais. Le nouveau roi Tenzing Namgyal est contraint de fuir à Lhassa en 1788. La quasi totalité du Sikkim est sous le contrôle des royaumes Gorkha et du Bhoutan.
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En 1642, Phuntsog Namgyal se proclame premier roi du Sikkim. Il affirme être le cinquième descendant d'un prince du XIII<sup><small>ème</small></sup> siècle, originaire du Dokham <ref>Dokham</ref> (province orientale du Tibet), qui est venu dans la région après un rêve lui disant de se rendre dans le sud pour y régner. Hallucination nocturne qu'il interprète évidemment comme étant un message divin ! Selon l'histoire légendaire du Sikkim, Padmasambhava aka Guru Rinpoché, un moine bouddhien du VIII<sup><small>ème</small></sup> siècle, a annoncé l'installation d'une monarchie dans les siècles à venir. Le royaume du Sikkim est né et sa capitale est Yuksom. Non originaire du Sikkim, la nouvelle dynastie met en place un système administratif qui s'appuie sur une dizaine de familles de la même origine qu'elle, et passe des accords avec les représentants des hominines autochtones pour leur octroyer une part d'autonomie. L'aristocratie bhotia <ref>bhotia</ref> règne sur ses sujets lepchas <ref>lepchas</ref> et limbus <ref>limbus</ref>. Jusqu'à sa mort en 1670, le nouveau roi consolide les frontières du Sikkim. À l'est, il prend le contrôle de la vallée sino-tibétaine de Chumbi, qui donne accès au col de Nathua, à l'ouest de la rivière Tista il passe des alliances avec quatre royaumes limbus <ref>Limbuwan</ref> qui deviennent ses vassaux, et au sud il étend le royaume vers l'actuelle province de Darjeeling. Afin de fortifier politiquement ces positions, Tensung Namgyal, son fils et successeur, se lie par le mariage avec trois hominines femelles issues de dynasties tibétaine, bhoutanaise et limbu, Debasam-serpa, Numbe Ongmu et Thungwamukma. Il déplace la capitale sikkimaise à Rabdentse. Les querelles de pouvoir entre les lignées monastiques bouddhiennes dans les provinces tibétaines sont déterminantes pour la région. Les unes s'appuient sur le pouvoir du khanat mongol qui règne au nord alors que les autres misent sur la dynastie mandchoue des Qing, à l'est. Avec l'aide des mongols, la théocratie de l'Ü-Tsang <ref>Ü-Tsang</ref> (autour de Lhassa dans le Tibet central) s'entend à l'est sur la province du Dokham, et à l'ouest, après trois années de guerre, s'empare de portions du royaume du Ladakh <ref>Royaume de Gugé et Ngari</ref>. Au sud, elle reprend la vallée de Chumbi au Sikkim. Les attaques contre le Bhoutan restent sans lendemains. Fils du roi Tensung Namgyal et de la reine Debasam-serpa, Chakdor Namgyal succède sur le trône du Sikkim en 1700, à l'âge de 14 ans. Pende Ongmu, son aînée et demi-sœur, ne l'entend pas ainsi. Elle s'allie au Bhoutan, dont sa mère est originaire, pour renverser le jeune roi qui fuit finalement à Lhassa dans l'Ü-Tsang. La capitale Rabdentse est prise par les forces armées bhoutanaises. La reine Pende Ongmu se maintient au pouvoir jusqu'en 1707, date à laquelle Chakdor Namgyal reprend les rênes de la dynastie grâce à l'aide de ses protecteurs de l'Ü-Tsang. Les armées bhoutanaises se retirent à l'est de la rivière Tista. Assassiné à l'instigation de sa demi-sœur, Chakdor Namgyal meurt dix ans plus tard et laisse la place à son jeune fils Gyurmed Namgyal, âgé de 10 ans, dont le règne dure jusqu'en 1733. Durant cette période, le royaume Gorkha (centre du Népal) lance plusieurs attaques contre le Sikkim. Des travaux de fortification sont entrepris dans la capitale sikkimaise Rabdentse. Gyurmed Namgyal meurt sans héritier légitime et — selon les autorités monastiques bouddhiennes qui souhaitent la continuation de la dynastie — indique avant de mourir qu'une nonne d'un monastère attend un enfant de lui. Sous le nom de Phuntsog Namgyal II, cet enfant est reconnu légitime et accède au trône à sa naissance en 1733, jusqu'à sa mort en 1780. Le royaume du Sikkim est affaibli par les assauts expansionnistes des royaumes de Gorkha et du Bhoutan, et le renoncement des royaumes limbus à leur alliance avec la dynastie royale. Dans le milieu du XVIII<sup><small>ème</small></sup> siècle, des révoltes internes éclatent aussi dans le royaume sikkimais <ref> Magars et Tsongas en 1752</ref>. À la fin du siècle, le royaume Gorkha prend le contrôle des anciens vassaux limbus du Sikkim et de la capitale Rabdentse, jusqu'à la rivière Tista, et le Bhoutan occupe l'est du territoire sikkimais. Le nouveau roi Tenzing Namgyal est contraint de fuir à Lhassa en 1788. La quasi totalité du Sikkim est sous le contrôle des royaumes Gorkha et du Bhoutan. Tsugphud Namgyal, son fils et successeur, rentre au Sikkim en 1793. La capitale est déplacée à Tumlong dans l'est du royaume.
  
 
== Colonialisme ==
 
== Colonialisme ==
  
Tsugphud Namgyal, son fils et successeur, rentre au Sikkim en 1793. La capitale est déplacée à Tumlong dans l'est du royaume.
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L'expansionnisme du royaume de Gorkha se heurte aux intérêts économiques de la Compagnie britannique des Indes Orientales. Créée en 1600, cette compagnie commerciale vise à développer les échanges entre le royaume britannique et les "nouveaux territoires" de l'Asie du sud-est en négociant avec les royaumes et empires locaux. Elle concurrence directement les entreprises similaires des portugais, français, néerlandais et danois, et les évince doucement. Dans un premier temps, la Compagnie des Indes orientales gère des comptoirs commerciaux avant de devenir au cours des XVII<sup><small>ème</small></sup> et XVIII<sup><small>ème</small></sup> siècles une véritable entité politique, embryon du futur empire colonial britannique sur le sous-continent indien. Son expansion est autant le fait de négociations avec des autorités locales que de guerres menées contre les récalcitrants.  
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Version du 31 octobre 2023 à 12:30

Sikkim (Сиким en macédonien - Sikkim en nissard) Site de rencontre de 2,8 milliards d'hominines [1].


[En cours de rédaction]


Géolocalisation protivophile

Le Sikkim est un État régional de l'extrême nord de l'Inde, frontalier du Népal à l'ouest, du Bhoutan à l'est et de la Chine au nord. À vol d'oiseau, il est situé à environ 7300 kilomètres à l'est de la rue Catherine Ségurane de Nice, soit environ 6200 kilomètres du monument dédié aux Bateliers à Skopje en Macédoine. En partant par l'ouest de la rue Ségurane, le trajet est beaucoup plus long : environ 32700 kilomètres. Pour les êtres vivants qui ne possèdent pas d'ailes, comme les hominines ou les yacks, le chemin terrestre entre Nice et le Sikkim est plus long. Le détour par la Macédoine ne fait pas grande différence. Que ce soit en passant par la Place Garibaldi, au début de la rue Catherine Ségurane, ou par le bas de la rue qui débouche sur les quais du port de la ville. Le calculateur d'itinéraire de Google Maps propose d'ailleurs de prendre par la rue Martin Seytour, une perpendiculaire à la rue Ségurane située au milieu de celle-ci. Au bout de la rue Seytour, prendre à droite en direction de l'Inde. Le temps estimé par ce simulateur est d'un peu plus de 2000 heures de marche pour parcourir les quelques 9000 kilomètres qui séparent Nice de la frontière du Sikkim. Cela équivaut à 84 jours de marche non-stop pendant 24 heures par jour. Pour des calculs plus précis, la protivophilie postule que l'hominine fait une moyenne réelle de 32 kilomètres journaliers à une vitesse de 5 kilomètres par heures car 32 s'écrit avec un trois et un deux — comme la mesure de distance protivophile, l'acab de 1312 mètres [2] — et que 5 est d'évidence la somme d'un 3 et d'un 2. Avec ces chiffres de référence, le voyage à pied entre Nice et le Sikkim se fait en un peu plus de 280 jours. Ce que confirme les calculs de mathématiques protivophiles pour qui 28 est un multiple de 1312. Le premier est le résultat de la multiplication de 4 par 7, au même titre que 1312 est composé de 4 chiffres dont la somme est 7. Ce mode de calcul ne s'applique pas aux yacks quadrupèdes mais seulement aux hominines bipèdes.

Passer par la Macédoine permet d'éviter les Alpes et de contourner les zones de guerre entre Ukraine et Russie. Il faut alors traverser la Bulgarie jusqu'à la frontière avec la Turquie, longer les côtes de la mer Noire jusqu'aux contreforts orientaux du Caucase pour rejoindre l'Iran. Si cela est possible, le chemin le plus court est de rentrer en Afghanistan pour aller au Pakistan. Dans le cas contraire, il est nécessaire de descendre plus au sud pour entrer au Pakistan directement par sa frontière avec l'Iran. Après le passage de la frontière entre le Pakistan et l'Inde, il ne reste qu'un peu plus de 1500 kilomètres de marche. Les hominines faisant ce périple doivent continuer tout droit en conservant toujours en repère la chaîne de montagne de l'Himalaya [3] sur leur gauche. Le simulateur indique qu'il faut se rendre jusque dans la partie nord de l'Inde, là où son territoire est le plus étroit — une vingtaine de kilomètres — coincé entre le sud-est du Népal et l'extrême nord du Bangladesh. Cette zone est le district de Darjeeling, rattaché à la région indienne du Bengale-Occidental. En arrivant dans le "célèbre" village de Naxalbari, prendre légèrement à gauche après le rond-point, en direction de la ville de Darjeeling. L'un est le symbole de la rébellion d'hominines contre leur misère [4], l'autre celui de leur exploitation dans des plantations de thé. Rejoindre ensuite les rives de la rivière Tista, à quelques dix kilomètres à l'est de Darjeeling, et les remonter sur plusieurs kilomètres. La frontière du Sikkim commence au confluent de la Tista et de la Rangit.

Le bon état des routes et des chemins n'est pas garanti et, au risque de choquer les plus écologistes des hominines, les zones piétonnes aménagées ou les pistes cyclables sont rares sur l'ensemble du trajet Nice-Sikkim.

Bipédie & mathématique

Dans ses frontières actuelles la superficie du Sikkim est de 7107 km2 — soit moins du double de celle du département franco-niçois des Alpes-Maritimes — pour une population d'un peu plus de 600000 hominines, mâles et femelles. Un peu plus d'un million pour le département maralpin. Au niveau européen, le Luxembourg est trois fois plus petit que le Sikkim, avec une population légèrement supérieure. Le Sikkim est sur les versants méridionaux de la chaîne montagneuse de l'Himalaya et présente l'un des plus fort dénivelé de toute l'Inde. Les altitudes rencontrées du sud au nord du territoire varient de 280 mètres à 8598 mètres. Cette dernière correspond au Kangchenjunga, le premier sommet d'Inde, à cheval sur le Sikkim et le Népal, et le troisième plus haut du monde après l'Everest (8848) entre Népal et Chine, et le K2 (8611) entre Pakistan et Chine. Selon les mythologies locales, ces hauts sommets himalayens sont l'habitat naturel des yétis [5], et, conformément aux traditions de l'alpinisme moderne [6], les plus hautes poubelles connues. Avec tout l'amour de la nature qui les caractérise et l'insouciance joyeuse qui est la leur, les riches touristes adorent en effet y abandonner leurs détritus. La géographie sikkimaise comporte deux dizaines de sommets supérieurs à 5000 mètres — limite des neiges dites "éternelles" dans l'Himalaya — et plus de 200 lacs de montagne. Le plus haut d'entre eux, le lac Gurudongmar, est à 5430 mètres d'altitude. Ainsi que plusieurs dizaines de glaciers dont le Zemu, étendu sur plus de 25 kilomètres et fournisseur officiel de la rivière Tista. Comme le remarque Marjorie Poulet, les glaciers sont en recul avec le réchauffement climatique et cela nécessite de prendre des mesures même minimes. Sportive de haut niveau en patin à glace — championne d'Europe en milieu imposé en décembre 2006 grâce à sa figure inédite du Chicken Slide — et donc très concernée par la fonte des glaces [7], elle refuse, depuis qu'elle a appris que cela fonctionne avec de l'essence, de faire du scooter de mer et préfère maintenant le ski nautique.

Et après, je me détends. J'essaye de penser à rien... de 11 heures à midi. Mais en général j'y arrive pas trop, parce qu'à cette heure là, j'ai faim. [8]

Le gigantisme montagneux de la géographie du Sikkim modèle largement l'implantation des hominines. Personne n'habitent dans les zones les plus hautes où la neige et la glace sont permanentes. Les hominines vivent plutôt dans les zones plus tempérées du sud du territoire sikkimais. Les quatre principales villes se situent entre 800 mètres d'altitude et environ 1600 mètres. Gangtok, la capitale du Sikkim, s'étire entre 1400 et 1800 mètres. Le nord montagneux du Sikkim a un climat froid où les températures descendent régulièrement en dessous de zéro la nuit, alors que le sud est plus chaud — entre 0° et 28 selon la saison — et soumis aux pluies de mousson entre les mois de juin et septembre. Selon la Nouvelle géographie universelle de la fin du XIXème siècle après JC [9] du géopoète Élisée Reclus, "il est très rare que l'on puisse voir l'ensemble des grands sommets se profiler dans un ciel pur. Pendant la mousson d'été, les pluies sont presque incessantes, et même en hiver, lorsque les vents alizés du nord-est dominent dans l'espace et descendent le long des crêtes, un sous courant humide, venant du golfe du Bengale, reflue vers les vallées du Sikkim. Après les averses, des brouillards semblent s'élever des forêts comme une fumée et rampent sur toutes les montagnes : fréquemment, les couches de vapeur qui s'étendent en voile uniforme sur tout le ciel ont plusieurs milliers de mètres d'épaisseur, et les paysages, qui semblent éclairés par les rayons lunaires plus que par la lumière du soleil, prennent un aspect fantastique : on croirait voir, non des montagnes, mais des spectres de montagnes, d'autant plus hauts en apparence que les vapeurs de l'air semblent les éloigner." [10] Ses données démographiques donnent une population de 60000 hominines, mâles et femelles. Plus de 600000 au début du XXIème siècle. Avec seulement 86 hominines au km2, le Sikkim est l’État indien à la plus faible densité. Malgré qu'elle soit probablement la plus nombreuse, les hominines ne sont pas la seule espèce animale à vivre au Sikkim. Suivant que l'on se trouve dans des zones enneigées de montagnes, dans de vastes forêts humides ou dans les plaines, il est possible de croiser des léopards des neiges ou des chats léopards, des canidés sauvages, des marmottes himalayennes ou des pandas rouges, des ursidés et des chats-ours [11], ainsi que plusieurs espèces de bovidés. La plus connue étant le yack [12]. Largement domestiquée depuis des millénaires, cette espèce bovine à poil long est utilisée pour sa chair, son lait, sa laine et ses bouses qui servent de combustibles après séchage. Elle est aussi esclavagisée pour le transport de marchandises, le déplacement d'hominines et le labour. Les yaks sont la plus grosse espèce animale à vivre au Sikkim.

Colonisation

Depuis maintenant des milliers d'années, les hominines ont colonisé les régions nord et sud de la chaîne montagneuse de l'Himalaya. Les époques et les modalités de ces colonisations ne sont pas connues avec précision. Les données historiques s'emmêlent aux récits des traditions culturelles et aux mythologies religieuses. Deux récits majeurs dans l'histoire du sous-continent indien, le Mahabharata [13] et le Ramayana [14], écrits en sanskrit, relatent la naissance des différents dieux et royaumes qui s'affrontent pour le pouvoir. Ces épopées mythologiques sont rédigées, remaniées et compilées entre le IIIème siècle avant JC et le IVème siècle après. Elles sont les équivalentes de L'Illiade et L'Odysée [15] de l'antiquité grecque ou de l’Ancien Testament qui fonde les mythologies moïsiennes et christiennes [16]. L'Himalaya est personnalisée par le dieu Himavat, roi des montagnes et père de la déesse Ganga qui n'est autre que le fleuve Gange. La chaîne montagneuse abrite, selon ces mythologies, différents royaumes de peuples mythiques. Historiquement, la péninsule indienne est le lieu d'apparition de deux religions majeures, l'hindouisme et le bouddhisme. L'une se structure progressivement sur plusieurs siècles à partir de différents écrits dont les plus anciens remontent au premier millénaire avant JC, l'autre est héritière de ce qui se raconte autour de Siddhartha Gautama aka Bouddha, un moine errant né dans la plaine du Gange, dans le sud de l'actuel Népal. Au fil de leur invention, bien que différents, ces systèmes mythologiques se sont entremêlés : Bouddha est ainsi parfois considéré comme un avatar d'une divinité pour les adeptes de l'autre mythologie. L'historicité du contenu de ces textes et des hominines qu'ils mentionnent est évidemment loin d'être confirmée. Par exemple, Bouddha est selon les estimations né entre Xème et le Vème siècle avant JC. Les datations religieuses et leurs versions laïques ont généralement autant de valeur que celle du christien James Ussher [17] qui, au début du XVIIème siècle, calcule que le monde est créé le 23 octobre 4004 avant JC à 18 heures [18], ou du correctif des fantaisistes Terry Pratchett et Neil Gaiman qui affirment, en 1990, "il ne se trompe que d'un quart d'heure" [19].

Hominines au Sikkim

Les mythologies hindouennes et bouddhiennes fournissent la caution religieuse et spirituelle aux pouvoirs politiques qui s'installent et aux hominines qui s'appuient sur elles pour gérer le quotidien bien réel des autres hominines. Ainsi, des dynasties s'arrogent des droits sur des territoires himalayens et se déclarent souveraines sur les populations qui y habitent. Au nord du Sikkim actuel, sur les hauts plateaux tibétains de Chine, l'empire de Tabo [20] s'appuie sur les croyances en Bouddha pour se maintenir et s'étendre entre le VIIème et la fin du IXème siècle. Avant de se fragmenter. À l'image du sous-continent européen où des familles s'inventent un passé et une légitimité mythiques, où pendant des siècles elles s'unissent entre elles par le jeu des alliances et des mariages jusqu'à la consanguinité, l'Himalaya est parcouru d'une multitude de royaumes concurrents mais interconnectés. Difficile de dissocier les histoires des actuels Népal, Bhoutan, Sikkim, Tibet, Ladakh [21] et autres Mustang [22]. Difficile de dissocier l'histoire des pouvoirs politiques et religieux. Les mythologies bouddhiennes bénéficient des échanges commerciaux pour se répandre dans le nord du sous-continent indien et en Asie du nord et du sud-est. Les grandes routes commerciales régionales sont la "route de la soie" entre l'est et l'ouest, au nord de la chaîne himalayenne, et la "route du thé et des chevaux" entre nord et sud de l'Himalaya — appelée aussi "route de la soie du sud-ouest". Produit à l'est de l'actuelle Chine dans les provinces du Sichuan et, plus tardivement, du Yunnan, le thé est largement exporté afin d'être vendu contre des chevaux et divers produits. Les chemins qui partent des régions productrices, se rejoignent à Chamdo pour n'en former plus qu'un. Direction Lhassa, vers l'ouest. Entre le Sichuan et Lhassa, "le sentier s'étend sur environ 2350 kilomètres, passant par 56 relais... Le sentier franchit 15 ponts de cordes et 10 ponts de câble métallique, gravit 78 montagnes dont 11 ayant plus de 2700 mètres de haut et 27 de plus de 1650 mètres. Le voyage d'un bout à l'autre prend au moins trois mois."[23]. En échange de chevaux nécessaires aux royaumes de l'est, les cargaisons de thé sont transportées à pied sur le dos d'hominines ou grâce à des convois de yaks porteurs, plus adaptés aux zones froides d'altitude. Cette voie commerciale est exploitée par les empires et royaumes qui règnent sur le Sichuan et le Yunnan entre les IXème et XVIIème siècles [24]. Puis, en allant vers le sud, l'Himalaya est franchie à 400 kilomètres de Lhassa au niveau du col Nathu à 4310 mètres d'altitude — un peu plus de 3 acab — sur la frontière présente entre le sud-est du Sikkim indien et le Tibet chinois. La roue commerciale du thé se dirige alors vers le golfe du Bengale. Le commerce chevalin décline à partir du XVème siècle et la "route du thé et des chevaux" devient celle du thé et du sel. Le volume de chevaux vendus passe de 15000 par an à la fin du XIVème à environ 5000 un siècle plus tard [25]. Le recul du strict monopole impérial sur le thé profite aux réseaux de commerce privés dans les villes et royaumes qui se trouvent sur la route entre les régions du Sichuan et du Yunnan et le golfe du Bengale.

Les versants sud de la chaîne de l'Himalaya sont les territoires de plusieurs petits royaumes. Depuis le début du XIIIème siècle, la dynastie Malla règne sur des vallées de l'actuel Népal et se divise entre les royaumes de Kantipur, Lalitpur et Bhaktapur, jusqu'à son renversement dans la seconde moitié XVIIIème siècle. Depuis le VIIIème siècle, le royaume de Bumthang parvient à conserver une relative indépendance des empires et royaumes du nord et du sud de l'Himalaya, jusqu'à sa transformation en royaume du Bhoutan dans le courant du XVIIème siècle et son expansion au détriment d'autres petits royaumes locaux. Les dynasties qui s'octroient le pouvoir politique sont intrinsèquement liées aux monastères bouddhiens et à leurs mythologies.

Il y a un proverbe chinois qui ne dit rien. Il m’arrive de le citer quand je n’ai rien à dire... [26]

En 1642, Phuntsog Namgyal se proclame premier roi du Sikkim. Il affirme être le cinquième descendant d'un prince du XIIIème siècle, originaire du Dokham [27] (province orientale du Tibet), qui est venu dans la région après un rêve lui disant de se rendre dans le sud pour y régner. Hallucination nocturne qu'il interprète évidemment comme étant un message divin ! Selon l'histoire légendaire du Sikkim, Padmasambhava aka Guru Rinpoché, un moine bouddhien du VIIIème siècle, a annoncé l'installation d'une monarchie dans les siècles à venir. Le royaume du Sikkim est né et sa capitale est Yuksom. Non originaire du Sikkim, la nouvelle dynastie met en place un système administratif qui s'appuie sur une dizaine de familles de la même origine qu'elle, et passe des accords avec les représentants des hominines autochtones pour leur octroyer une part d'autonomie. L'aristocratie bhotia [28] règne sur ses sujets lepchas [29] et limbus [30]. Jusqu'à sa mort en 1670, le nouveau roi consolide les frontières du Sikkim. À l'est, il prend le contrôle de la vallée sino-tibétaine de Chumbi, qui donne accès au col de Nathua, à l'ouest de la rivière Tista il passe des alliances avec quatre royaumes limbus [31] qui deviennent ses vassaux, et au sud il étend le royaume vers l'actuelle province de Darjeeling. Afin de fortifier politiquement ces positions, Tensung Namgyal, son fils et successeur, se lie par le mariage avec trois hominines femelles issues de dynasties tibétaine, bhoutanaise et limbu, Debasam-serpa, Numbe Ongmu et Thungwamukma. Il déplace la capitale sikkimaise à Rabdentse. Les querelles de pouvoir entre les lignées monastiques bouddhiennes dans les provinces tibétaines sont déterminantes pour la région. Les unes s'appuient sur le pouvoir du khanat mongol qui règne au nord alors que les autres misent sur la dynastie mandchoue des Qing, à l'est. Avec l'aide des mongols, la théocratie de l'Ü-Tsang [32] (autour de Lhassa dans le Tibet central) s'entend à l'est sur la province du Dokham, et à l'ouest, après trois années de guerre, s'empare de portions du royaume du Ladakh [33]. Au sud, elle reprend la vallée de Chumbi au Sikkim. Les attaques contre le Bhoutan restent sans lendemains. Fils du roi Tensung Namgyal et de la reine Debasam-serpa, Chakdor Namgyal succède sur le trône du Sikkim en 1700, à l'âge de 14 ans. Pende Ongmu, son aînée et demi-sœur, ne l'entend pas ainsi. Elle s'allie au Bhoutan, dont sa mère est originaire, pour renverser le jeune roi qui fuit finalement à Lhassa dans l'Ü-Tsang. La capitale Rabdentse est prise par les forces armées bhoutanaises. La reine Pende Ongmu se maintient au pouvoir jusqu'en 1707, date à laquelle Chakdor Namgyal reprend les rênes de la dynastie grâce à l'aide de ses protecteurs de l'Ü-Tsang. Les armées bhoutanaises se retirent à l'est de la rivière Tista. Assassiné à l'instigation de sa demi-sœur, Chakdor Namgyal meurt dix ans plus tard et laisse la place à son jeune fils Gyurmed Namgyal, âgé de 10 ans, dont le règne dure jusqu'en 1733. Durant cette période, le royaume Gorkha (centre du Népal) lance plusieurs attaques contre le Sikkim. Des travaux de fortification sont entrepris dans la capitale sikkimaise Rabdentse. Gyurmed Namgyal meurt sans héritier légitime et — selon les autorités monastiques bouddhiennes qui souhaitent la continuation de la dynastie — indique avant de mourir qu'une nonne d'un monastère attend un enfant de lui. Sous le nom de Phuntsog Namgyal II, cet enfant est reconnu légitime et accède au trône à sa naissance en 1733, jusqu'à sa mort en 1780. Le royaume du Sikkim est affaibli par les assauts expansionnistes des royaumes de Gorkha et du Bhoutan, et le renoncement des royaumes limbus à leur alliance avec la dynastie royale. Dans le milieu du XVIIIème siècle, des révoltes internes éclatent aussi dans le royaume sikkimais [34]. À la fin du siècle, le royaume Gorkha prend le contrôle des anciens vassaux limbus du Sikkim et de la capitale Rabdentse, jusqu'à la rivière Tista, et le Bhoutan occupe l'est du territoire sikkimais. Le nouveau roi Tenzing Namgyal est contraint de fuir à Lhassa en 1788. La quasi totalité du Sikkim est sous le contrôle des royaumes Gorkha et du Bhoutan. Tsugphud Namgyal, son fils et successeur, rentre au Sikkim en 1793. La capitale est déplacée à Tumlong dans l'est du royaume.

Colonialisme

L'expansionnisme du royaume de Gorkha se heurte aux intérêts économiques de la Compagnie britannique des Indes Orientales. Créée en 1600, cette compagnie commerciale vise à développer les échanges entre le royaume britannique et les "nouveaux territoires" de l'Asie du sud-est en négociant avec les royaumes et empires locaux. Elle concurrence directement les entreprises similaires des portugais, français, néerlandais et danois, et les évince doucement. Dans un premier temps, la Compagnie des Indes orientales gère des comptoirs commerciaux avant de devenir au cours des XVIIème et XVIIIème siècles une véritable entité politique, embryon du futur empire colonial britannique sur le sous-continent indien. Son expansion est autant le fait de négociations avec des autorités locales que de guerres menées contre les récalcitrants.


Notes

  1. hominines
  2. l'acab
  3. Himalaya
  4. Naxalites
  5. yétis
  6. Nunatak
  7. La vraie vie de Marjorie Poulet, "Spéciale écologie" - En ligne
  8. La vraie vie de Marjorie Poulet, "À la plage" - En ligne
  9. JC
  10. Élisée Reclus, Nouvelle géographie universelle, vol. 8, - En ligne
  11. binturong
  12. yack
  13. Mahabharata
  14. Ramayana
  15. L'Illiade et L'Odysée
  16. moïsiens et christiens
  17. James Ussher. Créationnistes
  18. "J'en déduis que le temps écoulé entre la création et minuit, le 1er janvier de l'an 1 de l'ère chrétienne, est de 4003 ans, soixante-dix jours et six heures."
  19. Terry Pratchett, Neil Gaiman, De bons présages, 1990. Adapté en série cinématographique sous le titre Good Omens en 2019
  20. empire de Tabo
  21. Ladakh
  22. Mustang
  23. Lainchung Nangsa, Ancient Sichuan-Tibet Tea-Horse Road, Foreign Language Teaching & Research Press, 2007
  24. Pour le Sichuan : Dynastie Song, IXème - XIIIème. Dynastie Yuan, XIIIème - XIVème. Dynastie Ming, XIVème - XVIIème. Pour le Yunnan : Royaume de Nanzhao, VIIIème - Xème. Royaume de Dali, Xème - XIIIème
  25. Morris Rossabi, "The tea and horse trade with inner Asia during the Ming", Journal of Asian History, vol. 4, n°2, 1970 - [En ligne]
  26. Philippe Geluck
  27. Dokham
  28. bhotia
  29. lepchas
  30. limbus
  31. Limbuwan
  32. Ü-Tsang
  33. Royaume de Gugé et Ngari
  34. Magars et Tsongas en 1752