Amour

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Amour (убов en macédonien - amor en nissard). Principale invention des hominines[1] pour asservir l'autre et/ou soi-même.


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Attention, cet article comporte des scènes de violence et des illustrations pornographiques.


Étymologie

Dans la langue française moderne et standardisée, le terme amour dérive de la forme latine amor avec le sens de "sentiment d'affection profonde" pour une personne ou une chose. Il est attesté dès le IXème siècle après JC[2] dans les pratiques linguistiques du continuum gallo-roman sous la forme amur. Les chemins de l'évolution de son orthographe et de sa prononciation divisent encore les linguistes qui y voient une influence des pratiques linguistiques du continuum occitano-roman ou celles du gallo-roman de Champagne qui, chacune, sont des vecteurs importants du thème de l'amour dans les expressions artistiques des troubadours et des trouvères[3]. L'analyse des différentes sources écrites permettent d'établir que les formes amor, ameur et amur sont employées dans l'aire linguistique gallo-romane jusque dans le courant du XIVème siècle. Malgré la constitution progressive d'un français standardisé, ces formes orthographiques persistent dans les pratiques régionales orales et écrites. Comme pour rien, le genre grammatical de amour s'est modifié au fil des siècles. Les usages actuels sont d'employer le masculin pour le singulier et le féminin pour le pluriel. Par exemple, un amour envahissant, des amours meurtrières. Même si le terme amour s'est imposé face aux autres, tous ont donné lieu à des formes verbales, adjectivales ou adverbiales. Ainsi, s'amouracher, s'enamourer et amourer signifient "éprouver de l'amour", c'est-à-dire être dans un état d’amourachement ou d’enamourement. Être amourable permet ainsi de construire amourablement des amouracheries, des amourettes ou des amouries[4].

Univers amourien

Désire peu : tu auras tout.
Ne désire rien : tu es libre.
L’amour même que l’on pourrait
Nous porter, nous réclame, nous opprime[5]

Optimisme mural

L'histoire de l'amour est celle d'un asservissement. Par un jeu de miroir à facettes, les processus sont très proches de ceux de la haine. Autant dans leurs dimensions dévastatrices que dans leurs motivations ou leurs ressorts. La définition communément admise de amour est qu'il s'agit d'un sentiment profond d'attachement d'une personne à autre chose qu'elle. L'intensité de l'amour — et de la haine[6] — est telle qu'elle justifie la démesure qu'il peut engendrer chez les hominines. Il est mis sur un piédestal et tous les autres sentiments sont de fait relativisés. Chaque hominine éprouve cette attirance, se laissant porter vers l'autre. Selon cette définition, l'amour est un acte individuel qui ne nécessite pas obligatoirement une réciproque. L'amour absolu ne réclame rien. Cette définition de l'amour entretient l'illusion que le sentiment d'amour est immanent aux hominines et qu'il émane de soi vers l'autre, une vision biologico-essentialiste de l'amour qui en fait un sentiment naturel. Pour la protivophilie, il n'en est rien. Dans la plupart des sociétés d'hominines, passées et présentes, l'amour est un comportement social. Il est une construction complexe qui incite chaque hominine à penser que l'auto-réalisation passe par l'amour d'autre chose que soi-même. Pour se faire, le procédé principal consiste, d'une part, à utiliser les données biologiques qui permettent d'expliquer les "attirances physiques" et les "complicités corporelles" pour les culturaliser et, d'autre part, des faits culturels ou des complicités intellectuelles qui sont naturalisés. L'argumentaire est quelque peu tautologique : Un peu comme répondre "Aimer" à la question de savoir ce qu'est l'amour, et ne pas avoir d'autre réponse à donner que "Amour" à celle de savoir ce qu'est aimer !

Les plus optimistes des hominines prétendent que l'amour n'existe pas. Agréable illusion qui ne survit pas à la réalité des choses car ses méfaits sont bien réels et touchent la grande majorité des hominines. De la même manière que l’inexistence des races n'est pas synonyme de disparition automatique du racisme. L'univers amourien est fait de récits tragiques et peuplé de personnages fantasmés. Au cours de leur histoire, les hominines ont patiemment construit un imaginaire de l'amour qui englobe l'ensemble de l'existant. Celui que l'on porte ou que nous porte une divinité supérieure (!), celui que l'on voue à un collectif, à un "nous" auquel on pense appartenir, celui que l'on consacre à une structure familiale et celui tourné entièrement vers une personne en particulier. Le discours sur l'amour est diffusé, depuis maintenant quelques millénaires, à travers une multitude de formes artistiques. La littérature, la poésie, le dessin, la chanson, la sculpture, le cinéma, et tant d'autres, sont gorgés du thème de l'amour. Impossible d'y échapper. Les formes littéraires que sont la politique, la philosophie et la religion[7] sont elles aussi imprégnées d'exaltation du sentiment amoureux. Bien évidemment, l'amour y est abordé sous un angle favorable. Il est présenté comme le sentiment suprême. Quasi rien sur ses dimensions asservissantes. Pourtant, derrière cette approche déformante se cache un monceau d'ordures. Au nom de l'amour, les hominines n'ont de cesse de contrôler, de violenter ou de tuer l'objet de ce même amour. Avec la haine, l'amour est l'autre grande cause de mortalité sentimentale prématurée chez les hominines.

Les adeptes de l'amour le pensent comme étant l'opposé absolu de la haine. Rien n'est plus faux. Ces deux sentiments sont intimement liés, l'un procédant de l'autre : il est possible d'être haineux par amour alors qu'être amoureux par haine semble plus alambiqué. Tous deux relèvent de processus similaires dans leurs fonctionnements et leurs conséquences. Penser que seule la haine produit des larmes et de la tristesse, des morts et des guerres, des destructions et des mensonges, c'est se tromper sur ce qu'elle est. Et surtout sur ce qu'est l'amour.

Réalicides

Les écrits des mythologies des moïsiens[8] relatent des histoires d'une divinité qui réclame à l'un des hominines de sacrifier son enfant pour démontrer l'étendue de son amour, elle déclenche des cataclysmes ou génocide des populations entières pour prouver aux autres hominines qu'illes sont l'objet de son amour. Les christiens[8] puis les mahométiens[8] réécrivent ces fables et font de la divinité une entité plus attentionnée. "Dieu est amour" proclament les nouvelles mythologies. Ainsi, la divinité est exonérée de toute mauvaise intention et agit par amour désintéressé. Dans un rapport aussi décalé que celui de l'amour d'un éleveur vis à vis du bétail qu'il destine à l'abattage. La relation entre les hominines et leur divinité unique est platonique. Chacun reste à sa place, à bonne distance. L'Un regarde sans intervenir, les autres font ce qu'illes peuvent pour répondre à son amour. Selon la protivophilie, il n'y a pas à s'inquiéter de cet amour divin étant donné que dieu n'existe pas, mais tout est à craindre de celui que les hominines portent au divin.

Les adeptes de ces mythologies veulent répandre leurs croyances et annoncer à l'ensemble des hominines la bonne nouvelle : l'amour divin. Pour se faire, et face à l'importance de leur mission, illes utilisent tous les moyens de persuasion. Illes aident les hominines hésitants à choisir en brûlant et détruisant les reliques de leurs religions, illes libèrent les hominines de leurs anciennes croyances en les tuant, illes tranchent dans les débats théologiques sur l'amour divin en massacrant celleux qui divergent, illes remettent sur la bonne route les personnes récalcitrantes et les protègent de ce qui pourrait les détourner de l'amour divin. Les cas les plus difficiles bénéficient d'une purification par le feu. Il ne s'agit pas de l'amour que dieu porte aux hominines mais de celui que celleux-ci lui portent. Il faut répondre à cet amour divin par un amour du divin. Il faut apprendre qu'il n'est pas facile d'être aimé. L'amour vis à vis du divin est le seul autorisé. Le reste n'est rien. L'attirance entre deux hominines n'est pas considérée comme un sentiment suffisamment pur, parfois dégradé un peu plus par le sexe, et n'est pas digne d'être qualifié d'amourien. Dans le domaine profane, le terme amour désigne le "rut animal". Dans ce sens il s'emploie au masculin, que ce soit au singulier ou au pluriel.

Dieu nie le monde, et moi je nie Dieu ! Vive rien puisque c’est la seule chose qui existe ![9]

Argumentaire amourien

Les hominines ne se laissent pas toujours convaincre de l'intérêt de l'amour divin. Derrière son prétendu désintéressement, illes voient ce qu'illes doivent être contraints d'admettre pour être dignes de cet amour, ce à quoi illes doivent renoncer. Face à un certain entêtement, les adeptes des mythologies christiennes et mahométiennes en font parfois tomber quelques unes. La méthode la plus simple pour mettre fin aux hésitations restant de pourchasser ou de tuer celleux qui refusent cette relation. L'amour demande des sacrifices. Quoi de mieux pour déclarer sa flamme divine qu'un bûcher d'hominines ? Mais rien de mal à cela étant donné que la vie éternelle est promise après la mort par la littérature religieuse. Un retour à la "case Départ" sans passer par la "case Prison" en termes théologiques. Malgré sa forte incidence sur la mortalité prématurée chez les hominines, la promesse d'une vie après la mort a néanmoins fait reculer le nombre de tentatives de suicide de celleux qui, bien décidés à mettre fin à leur vie, hésitent à deux fois avant de passer à l'acte[10].

L'amour du divin s'est propagé, telle une IST[11], sur tous les continents. Au fil des siècles et de l'épée, les adeptes des mythologies christiennes et mahométiennes clament leur amour et privilégient cette relation sur tout le reste. Dans la joie, illes se joignent aux conquêtes et aux massacres des hominines qu'illes tentent d'instruire au plaisir de mourir par amour, illes pourchassent sans relâche celleux qui doutent de cet amour et de la nécessité de s'oublier dans une telle relation, et s'acharnent à débusquer les amours consacrées à d'autres. Mais l'amour du divin ne laisse pas seulement des cicatrices et des cendres sur les corps convertis, quelques adeptes pratiquent sur elleux-même des formes d'automutilation ou d'érotisme masochiste : Scoptes russes qui se coupent les organes génitaux et s'amputent des seins[12], flagellants qui obtiennent l'extase en se fouettant le corps[13], mahométiens qui se mettent en sang collectivement[14], etc. Si "les voies du seigneur sont impénétrables", sa voix non plus n'est pas très claire sur les meilleures méthodes à utiliser pour se conformer à son amour. Les quelques recommandations émises par trois fois en quelques milliers d'années ne sont pas suffisantes et, de plus, contradictoires[15]. Pas facile d'entretenir une relation lorsque l'une des deux parties opte pour le mutisme. Les hominines cherchent en permanence à se rassurer sur un sujet : Sont-illes toujours l'objet de l'amour divin ?

Les mythologies moïso-christo-mahométiennes façonnent l'amour, elles forgent les principales caractéristiques de ce sentiment qualifié de suprême. Selon elles, l'amour proposé est au-dessus de tout et place l'être qui s'en réclame au centre de tout. Son amour est, par essence, irrépressible et non négociable. Il n'est jamais sans conditions mais doit être accepté de manière inconditionnelle. La perte de discernement est indispensable car porter un avis sur un amour revient, du point de vue de cellui dont émane ce sentiment, à en nier la profondeur. Rien de plus vexant. La moindre critique est une remise en cause. Rien de plus blessant. Il est inacceptable de froisser l'amour. Impossible d'imaginer qu'il soit aussi porté pour des raisons moins louables. Cette suspicion entraîne systématiquement la colère et justifie la démesure des réactions face à un rejet de l'amour proposé. Le qualificatif d'infidèle n'est-il pas la pire des choses ? Violence des sentiments et violences sentimentales sont inséparables. En ce qui concerne cellui qui reçoit l'amour, ille se doit d'être attentif à ses choix lorsque ceux-ci peuvent ébranler le sentiment amourien. Ille se doit d'être à l'écoute permanente afin d'être au plus près des conditions optimales de l'amourie. Même s'ille ne l'a pas choisi, ille ne peut que recevoir ce sentiment comme une marque profonde de respect et d'attention, un véritable honneur. L'amour se mérite et pour cela il faut être prêt à se plier en quatre. Quitte à en mourir. La promesse d'un amour éternel ne peut être rompue si l'objet de l'amour reste dans les marges de ce qu'il est attendu de ellui. Éternité est l'anagramme de Étreinte, et ce dernier peut s'entendre dans le sens d'enlacer fortement une personne ou d'une contrainte extérieure. La menace est à peine déguisée, mais dans l'univers amourien elle prend le sens de promesse. Dieu propose la vie et l'amour éternels à celleux qui acceptent son amour, que les autres aillent brûler en enfer. Une promesse digne d'un dialogue de film où, alors que les personnages sont à deux doigts d'une mort certaine, l'un d'elleux dit à l'autre : "Je te promets, il ne va rien t'arriver. Je t'aime !"[16]. Le mensonge est évident et la menace indirecte est que s'il n'y avait pas cet amour, l'autre était voué à un avenir terrible. Peut-être tout simplement abandonné ? Même si elle n'engage que celleux qui la reçoivent, la promesse est une part importante du pacte amourien. Celle-ci est le principal prétexte de l'être aimant et le principal moteur de l'être aimé dans une relation déséquilibrée. L'amour implique une subordination. Évidemment, l'être aimé n'est pas en état de passivité. Ille diffuse son amour, avec ses maigres moyens, et fait savoir à qui veux l'entendre, toujours un peu maladroitement, à quel point cet amour est immense et réciproque. Après avoir inventer un créateur à la réalité, avec l'amour, les hominines optent pour le déni de réalité et œuvrent à l'amour de ce créateur fictif. L'amour divin est un vrai réalicide.

Tu dois admettre que Dieu ne t’aime pas du tout. [...] En toute probabilité, il te déteste, et ce n’est pas ce qu’il peut t’arriver de pire. On a pas besoin de lui ! On n’en a rien à foutre de la damnation ni de sa foutue rédemption ![17]

Génocides

La vision de l'amour divin s'est transférée dans les relations entre hominines, plus précisément entre les groupes d'hominines. Après la figure lointaine et évanescente de la divinité, l'amour est dorénavant dévolu aussi à un "Nous" terrestre et illusoire. Historiquement, les hominines s'agglomèrent en sociétés stables qui se différencient les unes des autres par des critères très relatifs que sont la géographie, les pratiques linguistiques, les rites culturels ou religieux, l'organisation sociale, etc. Aucun de ces critères n'est réellement pertinent en soi car, les formes d'organisation des hominines étant d'une telle diversité, ils ne sont pas opérants de la même manière selon les endroits et les époques. Les modalités sont multiples : la proximité géographique est parfois un motif entre deux groupes d'hominines pour se différencier, bien plus que l'éloignement ; une langue commune n'est pas une nécessité absolue et des sociétés multilingues existent, comme d'autres ne se fondent pas sur une unique mythologie religieuse, etc. L'anthropologie retrace cette multiplicité de façons de définir un "Nous" collectif. Basiquement, une société se définie elle-même en tant qu'hominines et dénie cela aux hominines des autres sociétés. Dans des sociétés complexes, l'auto-définition ne se résume pas au fait d'être ou pas des hominines mais s'exprime dans de "savantes" subdivisions internes. Être hominine ne suffit pas pour faire partie du "Nous".

Débordement amourien[18]

Dans une approche protivophile, il n'est pas exact de réduire les massacres de masse contre les moïsiens d'Europe et, plus récemment, contre les tutsis du Rwanda à l'expression d'une haine à leur encontre. Illes sont les victimes collatérales de l'amour, celui porté à une prétendue "race germanique" et à un fantasmé "Hutu Power". Les victimes directes de ces amours sont celleux qui sont reconnus authentiquement germanique ou hutu, et donc intégrés dans le "Nous". De fait, illes sont les victimes collatérales de la haine contre les moïsiens et les tutsis. Dans l'univers amourien, le "Point Godwin" se fait "Point G"[19], comme "Génocide". Mais il ne sert à rien de réduire le sentiment amourien des hominines à ces situations extrêmes. Ses méfaits sont tels que l'histoire des hominines regorge d'histoires d'amour qui, comme le rappellent des troubadours contemporains, "finissent mal en général"[20]. Piocher au hasard dans le grand sac à vomi collectif qu'est l'histoire des sociétés d'hominines, c'est l'assurance d'en ressortir des morceaux de choix. Les frontières sont des alignements de cadavres encore tièdes et les territoires des hominines de grands cimetières aux tombes béantes.

Qu'elles soient stratifiées en tribus, en clans ou en classes, les sociétés d'hominines inventent des abstractions collectives. Les plus contemporaines s'appellent pays, États, empires, peuples ou nations. Par amour pour elles, des millions d'hominines ont accepté d'y laisser la vie. Et d'en prendre tout autant. Ces "Nous" offrent l'illusion d'un amour collectif envers chaque hominine les composant. Cet amour doit être honoré et l'infidélité est gravement punie. Se faire tuer par amour n'est pas la seule option, il est aussi possible de se faire blesser ou mutiler. Pour chaque hominine, sa propre vie importe moins que l'amour du collectif qui apporte un sens à sa vie. Un tel abandon amourien est tragique mais, d'évidence, "l'amour rend aveugle"[21].

Tout aveuglement, toute cécité est un s’aveugler-soi-même, quiconque s’aveugle est esclave et, comme tout esclave, ne peut s’en prendre qu’à soi. L’univers a voulu être – par éparpillement – Esclave ; à cette fin, il lui a fallu totalement s’aveugler. Toute "connaissance" humaine n’est qu’une hallucination d’aveugle ; il n’y a là rien qui soit de l’ordre d’un voir, d’un savoir, autant dire rien de Sublime, rien de Divin. [...] Tout, sans exception, on le voit mal, c’est-à-dire : en hallucinant, c’est-à-dire : on ne voit rien, on ne sait rien. [22]

L'idée de l'amour du collectif singe celle de l'amour du divin. Là encore, les hominines inventent une abstraction supérieure à qui illes prêtent vie et à laquelle illes se subordonnent. Cet amour collectif est une construction intellectuelle qui permet, en retour, de justifier l'amour porté au collectif. Même si cela peut prêter à sourire, l'intensité de ce sentiment n'est pas à négliger. L'exaltation du "Nous" se fait à travers des proverbes et sentences, des productions artistiques et intellectuelles qui regorgent d'invitation à se plier car "le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point"[21]. Cet amour atteint des sommets lorsque les hominines qui s'en réclament se sentent en danger dans leur fantasme amourien. À la grande différence de l'amour du divin qui n'a pas pour conséquence la mort de ce dernier, l'amour du collectif engendre parfois l'affaiblissement ou la disparition de ce même collectif tant aimé. Pour titiller le "Point G" de cet article, rappelons que, par amour, les bouffées de chaleur hitléristes ont causé la mort et la misère de plusieurs millions d'hominines de la soit-disant "race germanique" et que le "Hutu Power" s'est soldé par l'effondrement de ce pouvoir, le massacre et la fuite de centaines de milliers d'hominines hutus hors du Rwanda. À son paroxysme l'amour est auto-destructeur[23]. L'épectase n'est plus un rapprochement vers la divinité mais une mort subite collective au moment de l'orgasme[24]. Est-ce cela les "miracles de l'amour" ? "Le plus grand miracle de l'amour est de rendre l'impossible possible"[21] affirment avec force les adeptes de l'amour, sans voir que c'est bien là le drame. Dans Killer, l'un de ses rares ouvrages consacré à l'univers amourien, le polémologiste Élie "Booba" Yaffa rappelle les mécanismes basiques qui amènent à ces amours génocidaires.

Go, j'aime le challenge, rarement je me mélange.
Esquive, je me déhanche, cent ennemis sur les phalanges.
Je fais tout ça pour nous, pour payer la nounou.
En joue, Glock dans la bouche, ils savent que je ne fais pas joujou.[25]

Que des hominines choisissent de perdre la vie ou de se suicider par amour de leur région, de leur pays ou de toute autre chimère collective, est une chose, mais qu'illes décident de faire sombrer les autres est une chose discutable[26]. D'autant plus que des recherches ont permis de mettre en évidence que le suicide individuel n'est pas mécaniquement létal pour l'entourage. Mais le "crime passionnel" bénéficie souvent de "circonstances atténuantes". Refuser cet amour n'est pas sans risque. Malgré l'accusation de trahison qui plane sur elleux, de nombreux hominines tentent d'échapper à ce qui est attendu d'elleux. Fuir l'amour pour ne pas y prendre part. Et surtout ne pas se faire prendre[27].

Il existe quelque chose, une menace qui est là et dont nous ne parlons pas, parce que les mots nous manquent. Quelle est donc cette image idyllique que nous voulons à tout prix conserver, bien qu’elle soit parfaitement creuse et qu’elle laisse filtrer la pourriture par tous les côtés ? [...] Pourquoi continuons-nous à croire à toutes sortes de miracles [...], bien qu’on entende monter le grondement et qu’on sache que la catastrophe approche ? Pourquoi ne détruisons-nous pas une société qui est morte, inhumaine, folle, humiliante, empoisonnée ?[28]

L'amour du "Nous" consacre dans le domaine profane ce que l'amour divin avait prédéfini comme étant le sentiment absolu : Le sacrifice de soi ou d'autrui, la perte de discernement ou de contrôle, la subordination ou l'asservissement, l'aspect monomaniaque, la jalousie et l'exclusivisme, l'obsession de la perte et l'oubli de soi. Tous syndromes de cette pandémie, ils touchent chaque hominine avec des intensités et des modalités différentes. Pour les adeptes de ces amours, profanes ou sacrées, ces états ne sont pas problématiques et sont même valorisés par une inversion rhétorique : les protestations contre ces viols d'amour sont masquées par la viole d'amour[29] qui accompagne mielleusement le sentiment suprême. L'exaltation de l'amour parle plutôt de sensation de bien-être, de plénitude, d'abandon libérateur, de sens de la vie et de partage ! "Amour et mort rien n’est plus fort. Rien ne résiste à l’amour ni à la mort."[21] est un véritable leitmotiv. Ce qui enchante les adeptes de l'amour du "Nous" a de quoi sérieusement inquiéter celleux qui n'y entendent rien.

Homininicides

Contrairement aux amours divin et collectif qui unissent les hominines à une abstraction ou à un imaginaire, la troisième catégorie de l'univers amourien est une affaire entre hominines. Le résultat n'en est pas moins tragique. Cette conception de l'amour se calque sur les deux autres et vise plus particulièrement l'entourage social immédiat de chaque hominine. Dans la plupart des sociétés actuelles, les espaces sociaux de proximité sont la parentalité et l'adelphité[30], espaces dans lesquels les amours homininicides se déroulent. Les normes sociales différencient la parentalité des hominines mâles de celle des femelles, et l'adelphité se subdivise en fraternité et sororité. La différentiation binaire des hominines entre mâles et femelles engendre des situations, des comportements et des attentes différents.

Pré-maché amourien

Chez les hominines, la gestation est d'environ 9 mois. Contrairement à d'autres bilatériens[31], tel le crapaud accoucheur, la femelle hominine porte en elle la progéniture à venir. S'illes n'ont pas interrompu le processus, les personnes génitrices voient la naissance d'un petit animal incapable de la moindre autonomie pendant encore quelques années. Lors de cette période, il est nécessaire de pallier à ce que l'hominine en devenir ne peut faire sans aide. Il faut le nourrir et l'hydrater, lui apprendre à se déplacer en bipède et établir des moyens de communication communs. En tant que processus biologique de cette espèce, le but est de parvenir ainsi à faire concorder acquisition de l'autonomie et maturité reproductive. Pour se faire les sociétés d'hominines ont mis au point des méthodes d'apprentissage reposant sur l'imitation et l'initiative, toutes deux présentes aussi chez de nombreuses autres espèces animales. L'une des particularités des hominines — et quelques autres primates — est de ritualiser des faits biologiques en leur donnant un aspect culturel, passant de la nourriture à la gastronomie, de la reproduction à la sexualité, de la parentalité à l'amour parental ou adelphique, etc. Et inversement, les dimensions culturelles chez les hominines sont si présentes qu'elles parviennent à modifier partiellement l'aspect biologique. Si un infanticide n'est pas pratiqué, les dix premières années de leur immersion dans l'existant sont déterminantes pour les nouvels hominines[32]. En échange de nourriture et de conditions générales de vie qui tentent de les maintenir en vie, les jeunes hominines apprennent les codes sociaux de leurs parentèles. Avec plus ou moins de douceur, selon les personnes, les méthodes ou les époques, avec plus ou moins de violence pour les jeunes, selon leurs facilités ou leurs volontés à acquérir ces cadres sociétaux. Il y a parfois des morts. Le dressage, ce n'est pas rien.

L’été que j’avais tant attendu est arrivé. Maintenant il est presque fini. En septembre, je retourne à l’école. Grand-père m’a dit que si je veux, je peux arrêter la comptabilité. Il me paiera le conservatoire avec sa retraite. Mais j’en ai plus rien à foutre de rien.
J’en ai plus rien à foutre de rien.
J’en ai plus rien à foutre de rien.
J’en ai plus rien à foutre de rien.
De rien.
De rien.
De rien.
J’ai demandé à Franz un de ses T-shirts comme souvenir. Celui avec gribouillé au stylo-bille JE VOUS HAIS TOUS. Je le porte tout le temps. Le rendez-vous avec Margherita, j’y suis pas allé.
J’écoute de la musique.
Le jour.
La nuit.
Tous les jours.
Toutes les nuits.
Ils ont aussi abattu mon chêne. Il était sur le chemin de la nationale. Je regarde le T-shirt que je porte.
JE VOUS HAIS TOUS, c’est écrit.
JE VOUS HAIS TOUS.
JE VOUS HAIS TOUS.
JE VOUS HAIS TOUS.[33]

Pendant ces années d'enfance, les jeunes hominines sont en situation de dépendance presque totale[34]. Comme cela fonctionne très bien avec quelques graines pour des volatiles ou des friandises pour des souris de laboratoire, ce que les biologistes appellent le "circuit de récompense"[35] est sollicité en permanence pour ce dressage d'hominines. Ce même circuit qui entre en jeu dans les amours divin et collectif mais, dans le cas des amours homininicides il concerne non plus des satisfactions secondaires mais des besoins vitaux tels que le soin, la nourriture et l'eau. Même s'illes n'ont rien demandé, cette relation crée un sentiment d'attachement entre les personnes enfantées et les génitrices. À ces données biologiques viennent se mêler les liens intellectuels et intimes qui se tissent entre elleux au cours de toute cette période de dressage. La relation qui naît de cette situation est complexe et déséquilibrée. Ces amours homininicides se composent, d'une part, de l'amour parental à destination des enfants, et de l'autre, de l'amour infantile porté aux parents. Quand à l'adelphité elle est construite comme étant un sentiment entre chaque hominine la composant et dans un rapport individuel à chaque membre de la parentèle à laquelle illes sont liés.

Du point de vue de l'espèce, cette configuration sociale fournit un supplément indispensable à la survie de chaque individualité. Animaux sociaux, les hominines sont astreints à vivre collectivement pour survivre et se reproduire. En effet, prédateur de petite envergure, l'hominine solitaire s'expose à bien plus féroces ou organisés qu'ellui parmi les animaux et, biologiquement différent du puceron ou du dragon de Komodo qui se reproduisent par parthénogenèse[36], ille a nécessité de trouver partenaire. Tâche d'autant plus difficile que, contrairement aux escargots hermaphrodites[37], il doit y avoir complémentarité sexuelle. La parentèle est la plus petite forme d'organisation sociale dans la plupart des sociétés d'hominines. Cet article se situe dans un contexte où les mythologies moïso-christo-mahométiennes sont la norme et, afin d'éviter les généralisations excessives, la protivophilie se penche sur l'exemple d'une région particulièrement intéressante pour elle, la ville de Nice et ses alentours. Et plus largement le pays auquel elle est rattachée depuis 1860, la France. Dans ces parties du monde, même si cela change de plus en plus, la structure familiale basique se compose le plus souvent d'un foyer de deux hominines, un mâle et une femelle, et de leur progéniture. Il arrive que le domicile familiale abrite aussi des membres encore en vie de la génération plus ancienne. Même si elle se voit comme une entité à part entière, cette formation de base s’entrecroise avec d'autres dans une structure plus large, la parentèle, qui assemble entre eux les cousinages. C'est dans cet environnement familial que se diffusent les discours amouriens. "Sans pain, sans vin, l'amour n'est rien"[21].

Salissures

Plutôt que d'assumer pleinement l'acte égocentré qu'est le fait de mettre au monde volontairement, les amours des personnes génitrices construisent un imaginaire dans lequel elles disent éprouver un sentiment d'attachement démesuré à leur progéniture. Pour elle, elles sont prêtes à se sacrifier et ces amours se veulent inconditionnelles. Mais, en retour, elles appellent à une réciprocité. Si l'amour des parents est présentée comme une évidence, voire biologique, celui des enfants se doit d'être à la hauteur. Ces amours ne se questionnent pas, il ne s'agit pas ici de "tomber amoureux" mais d'"être en amour". Le mélange entre processus biologiques et constructions culturelles est évident. Même si parfois des incartades et des impairs sont commis par les hominines dans de telles relations, il n'en reste pas moins que tout est néanmoins fait "par amour".

Dans les alentours de Nice, les enfants d'hominines apprennent très tôt ce que l'on attend d'elleux dans cet univers amourien. L'amour parental se calque sur celui "existant" entre la divinité et ses créatures et celui des enfants sur l'amour des hominines vis-à-vis de cette illusion créatrice. Dans un sens, l'amour est sans limite, attentif mais pouvant être exprimé durement, avec une condescendance amicale et des attentes indiscutables, dans l'autre il est fait de déférence prudente, de désirs orientés par peur de la perte et d'attentes indiscutées. Pour leur apprentissage amourien, les jeunes hominines disposent d'une somme considérable de contes, chansons, fables et autres histoires qui en parlent. Sortis tout droit de l'imagination d'hominines adultes. Le sujet est décliné jusqu'à la nausée. "Mange ta soupe !" Simplifié afin d'être accessible aux plus jeunes, l'argumentaire se réduit souvent à : "L'amour c'est gros... heu... comme une montagne". L'absurdité de cette affirmation certifie la dimension irrationnelle du sentiment amourien. Si l'enfant répond une autre absurdité comme "Moi je t'aime comme... heu... des champs de montagnes", il est admis qu'ille a réussi son apprentissage. Difficile à croire sans en rire pour qui ne l'a jamais vécu, mais de tels échanges insensés entre parents et enfants sont pour elleux des moments intenses de leurs relations. L'émotion est à son comble. Edgar Allan P. — un auteur étasunien du XIXème siècle dont nous tairons le nom complet pour lui éviter le ridicule et le lynchage sur les réseaux sociaux — affirme même que l'on ne peut "trouver de mot d'amour plus grand que celui-ci : Maman"[21] ! La poésie est toujours d'un grand renfort pour l'argumentaire amourien.

L'amour laisse comme une traînée de souffre derrière lui, comme une odeur qui traîne. Et que, malgré tout, dès que tu rencontres quelqu'un tu sens... Un peu comme quand tu vas pisser et que tu sens tes doigts. Tu vois ? Ça sent toujours ! Faut te laver les mains deux trois fois avant que tu oublies d'avoir fait pipi...[38]

Comme le montrent très bien les études sur l'esclavage dans les sociétés d'hominines, l'acceptation de sa condition, avec tout ce que cela implique d'inconfort et de violence, est la plus courante des façons de se maintenir en vie, voire d'arriver à l'émancipation. S'échapper de l'enfance est quasi impossible. Sauf à mourir. Lorsque les conditions matérielles sont satisfaisantes et que les hominines en charge des enfants ne se laissent pas emporter par l'intensité des sentiments, l'apprentissage peut être fait sans trop de contraintes ou de violences. Le dicton "Tout par amour, rien par force"[21] résume très bien ce qu'est la méthode douce : Un mélange de "circuit de récompense" et de subterfuges pour faire accepter. Les méthodes plus coercitives, même si elles sont contestées, sont les plus répandues. Elles sont très violentes pour des parents qui, par amour de leur progéniture, sont contraints d'user de cris et de coups pour aider les jeunes hominines à mieux se sentir dans leurs amours. Combien de gifles, de coups de ceinture, de baguette ou de nerf de bœuf pour apprendre ce qu'est l'amour ? Combien de punitions, de réclusions ou d'humiliations pour mesurer l'intensité du sentiment amourien ?[39] Aucune haine dans cela, bien évidemment, mais un acharnement à sauver l'enfant de ellui-même. Tout au plus, selon les plus traditionalistes, des formes de bizutage pour l'entrée dans l'univers amourien. L'amour est une attention permanente. La tautologie est facile : Lorsque l'on aime une personne, on sait ce qui est bien pour elle, et c'est pour cela qu'on l'aime.

Que ce soit à Nice, en Macédoine ou dans le reste du monde, les relations sexuelles sont réglementées au sein des parentèles. Les codes diffèrent un peu d'un endroit à l'autre, mais généralement cela n'est pas encouragé entre des personnes ayant des liens de parenté directs[40]. Il est irrecevable socialement qu'une personne puissent entretenir de telles relations avec ses enfants ou ses petit-enfants. L'amour d'un père ou d'une mère ne peut se satisfaire par des complicités charnelles et érotiques. En France, par exemple, les autorités accordent quelques dérogations pour des mariages entre des cousinages proches mais refusent d'accepter les unions entre des personnes d'ascendance directe. Selon les textes, il s'agit de rapports incestueux. Jusque dans les années 1970, gendre, bru, belle-mère et beau-père ne sont même pas autorisés à se marier entre elleux, ni entre elles ou entre eux, alors qu'illes n'ont pas de liens biologiques mais seulement sociaux[41]. Malgré le cadre législatif, il n'est pas formellement interdit d'entretenir des relations sexuelles incestueuses entre adultes mais la discrétion reste la garantie d'une vie sociale apaisée. Les complications administratives arrivent si il y a une naissance de ces amours. Mais de telles situations amouriennes sont beaucoup plus rares que celles qui impliquent des hominines adultes et leurs progénitures lors de l'enfance. Il ne s'agit pas à proprement dit de pédophilie[42], dans le sens d'attirance sexuelle pour les enfants en particulier, mais d'amour pour tel ou telle de ses enfants. Il serait insultant de considérer cela comme un acte de haine[43], au même titre qu'une maltraitance qui vise volontairement à faire mal ou de la torture, alors que c'est l'amour absolu et inconditionnel qui motive ces gestes incestueux. En effet, l'hominine en amour charnel pour sa descendance reprend le schéma classique qui pose le sentiment amourien au dessus de tout autre chose. L'être aimé est réceptacle d'un débordement qu'ille ne peut refuser, ille est dans la situation de l'hominine vis-à-vis de l'amour divin, alors que cellui qui proclame son amour se trouve en position de force, celle de la divinité qui impose son amour. La relation est déséquilibrée surtout lorsqu'elle implique des hominines enfants qui ne sont pas encore en capacité d'en mesurer les termes exacts. Si l'enfant a moins de trois ans, il paraît évident que les risques d'incompréhension sur le sens réel des mots sont incontournables. S'ille est plus âgé, ce risque reste tout aussi important même si l'acquisition d'un langage commun donne l'illusion du contraire. L'adulte déclame que "L'amour se passe de mots"[21] pour justifier l'absence de consentement clair. Mais dans l'univers amourien, le consentement de la personne aimée n'est pas une condition explicite. Pour cela, il n'est pas exclu de devoir la contraindre par la force de la "Méthode Coué" du bienfait de ces relations sexuelles, jusqu'au viol, ou alors de la subjuguer avec douceur par des mots, des attentions et des contacts sensuels pour obtenir des retours érotiques à cet amour.

En amour, la vérité n'est pas une raison. Rien, en matière d'amour, ne ressemble plus à la vérité que le mensonge.[44]

Soit la sexualité recherchée par l'adulte se fait à hauteur d'enfant, c'est-à-dire que le corps de cellui-ci est érotisé en fonction de son âge, soit elle ramène cela à une sexualité d'adulte avec les pratiques qui sont les siennes. Avec, dans les deux cas, les conséquences psychologiques et les séquelles physiques qu'elles peuvent engendrer, mais, la sagesse populaire rappelle qu'à son paroxysme, l'amour peut induire la destruction de l'être aimé. Presque une figure de style de la tragédie et du romantisme. Pour préserver cet amour de la jalousie et de la méchanceté des autres, l'hominine adulte, avec plus d'expérience, préconise la plupart du temps que la relation demeure secrète. Les quelques enquêtes et témoignages sur ce sujet montrent que cette option est très largement choisie par les grand-parents et les parents entretenant ce type de relation, et plus largement par les membres de la parentèle. Selon ces mêmes sources, les hominines mâles — grand-pères[45], oncles, cousins et pères[46] — semblent plus disposés à faire l'amour à des enfants de leurs parentèles, principalement les petites femelles[47]. Les adultes femelles sont plus distantes[48]. N'en déplaise aux adeptes du slogan "Un papa. Une maman", être en famille est un risque supplémentaire de sexualités contraintes et, statistiquement, mieux vaut donc une famille monoparentale.

Usine de sex-toys[49]

Du point de vue de l'hominine adulte, sa sincérité amoureuse n'est pas à mettre en doute dans sa relation incestueuse adulte/enfant. La perte de discernement, inhérente aux définitions de l'amour, est à l'œuvre lorsque l'adulte mélange ce qu'ille croit comprendre des ressentis et des attentes de l'enfant avec ses propres désirs et projections. La problématique du consentement est balayée au motif que tout pouvait laisser croire à de la réciprocité. Les différences entre adultes et enfants ne permettent pas une égalité dans les capacités à appréhender les choses et leurs conséquences. L'ascendance psychologique des adultes sur les enfants est une forme de contrôle. "Rien n'arrête l'amour"[21] mais refuser l'idée même d'un "amour impossible" c'est risquer d'être dans le déni d'amours imposées. Rien n'empêche d'attendre alors que l'enfant soit adulte pour établir une relation sexuelle si les deux le désirent vraiment[50]. "On ne m'avais plus baisé comme ça depuis l'école primaire" témoigne Marla Singer dans le poignant Fight Club[17]. La protivophilie préconise, avec un peu d'imagination, l'utilisation de sex-toys appropriés pour se substituer à l'être aimé et entretenir en solitaire les "feux de l'amour".

Dans un contexte adelphique, les amours se vivent différemment et une hiérarchie s'impose entre eux. La valorisation des liens entre les enfants n'est pas à la hauteur de celle réservée aux amours parentaux. En effet, si la biologie des hominines permet d'avoir plusieurs frères et sœurs, elle ne peut en revanche offrir plus de deux géniteurs à chaque individualité. Pour la sociologie la perte d'un frère ou d'une sœur se compense, peut-être, par une nouvelle naissance mais cela n'est pas possible pour les personnes génitrices qui ne sont pas biologiquement interchangeables. La situation d'adelphité vient néanmoins bousculer la définition "classique" de l'exclusivité en amour car, si dans un sens celui-ci est destiné aux deux personnes génitrices, dans l'autre il se divise en autant d'enfants. Les équilibres sont fragiles. Comment chaque enfant doit-ille alors se comporter avec les autres membres de l'adelphie ? Concurrence, solidarité ou complémentarité ? L'imaginaire des mythologies moïso-christiennes relate l'histoire de la première fratrie, Abel et Caïn, issue des relations sexuelles entre Adam et Ève[51]. L'aîné, Caïn, tue son jeune frère parce que celui-ci semble être le préféré de leur génitrice et de la divinité. L'amour n'est pas une affaire de partage. Certaines mythologies précisent que c'est par amour pour Lilith, la première compagne de leur père Adam, que les deux frères se disputent à mort. Pour son acte, Caïn est condamné par la divinité à l'exil et à des conditions matérielles de vie difficiles. Il quitte sa parentèle, accompagné d'Awan, une de ses sœurs. De leur relation sexuelle incestueuse adelphique, illes ont une descendance qui est fondatrice des premières cités d'hominines. Tout ce beau monde est finalement anéanti totalement par la divinité qui ne fait survivre que la seule descendance de Seth, le troisième enfant mâle d'Adam et Ève, et de sa sœur Azura. Malgré toutes les incohérences de ces récits mythologiques, la première parentèle semble prise dans les méandres de l'amour. Une adelphie où la fratrie se déchire pour l'amour parental et divin, et où la sororie est divisée entre chaque frère pour satisfaire la reproduction à une époque "paradisiaque" où illes sont encore les seuls hominines.

La région de Nice — et plus généralement le reste du monde habité — est touchée depuis maintenant des siècles par la propagation de ces mythologies incestueuses. Pour autant, l'inceste adelphique n'a pas été institué comme règle de société et les textes sont restés des imaginaires. Les relations sexuelles — tout comme le meurtre — au sein d'une adelphie ne sont pas encouragées, voire blâmées. Lorsque celles-ci se font sous la contrainte, il est facile pour les familles de se voiler la face ou de ne rien faire réellement pour les empêcher, alors que si elles sont choisies elles sont fermement dénoncées. Conformément aux récits mythologiques qui ne sont pas très explicites sur le consentement d'Awan et d'Azura, les amours charnelles pratiquées au sein de l'adelphie se résument le plus souvent aux abus sexuels d'un frère sur une de ses sœurs[52]. L'hypothèse d'un consentement réciproque est rejetée avec horreur par les adeptes des mythologies moïso-christo-mahométiennes pour qui l'amour doit demeurer un acte de soumission de l'une des deux parties concernées. Dans l'univers amourien, il n'est pas concevable de parler d'amour si deux membres de la même adelphie décident de se relationner volontairement ainsi, mais il est admis que, par amour, cet espace puisse être un lieu d'apprentissage de l'asservissement et de la soumission. Si la relation est consentie par les deux personnes, à leur sortie de l'enfance illes devront sans doute continuer à vivre cette relation dans le secret[53]. Ou en entamer une[54].

Singularicides

Les amours singularicides sont un concentré des trois précédents et en sont une caricature. Les abstractions lointaines, divines ou collectives, et les regroupements familiaux et consanguins se font plus discrets dans cet univers amourien. Voire même disparaissent parfois. Ce qui perdure, ce sont les schémas qui construisent l'idéal de cet amour. Cette forme d'amour, que la protivophilie qualifie de singularicide, est souvent notée avec une majuscule afin de la différencier clairement : "C'est l'Amour !"[21]. Il met face à face deux hominines. Si dans l'histoire des hominines les amours réalicide et génocide ont des intensités diverses et des conséquences variables, selon les époques et les lieux, si l'amour homininicide se fissure et s'étiole peu à peu, ou tout du moins se relativise, l'amour singularicide ne cesse de prendre le pas sur tous les autres. Il est sans doute le plus répandu et fait bien plus l'unanimité que les trois autres. Il ne doit pas être confondu avec l'institution sociale qu'est le mariage. En effet celui-ci n'a aucun lien avec l'amour en majuscule. Socialement il est une simple union d'intérêts et l'Amour peut tout aussi bien exister dans son cadre — le hasard ! — qu'en dehors. L'idée que le mariage soit indissociable de l'amour est une chose contemporaine dans les sociétés d'hominines.

Cet amour fait de l'ombre aux trois autres qui l'ont toujours regardé avec beaucoup de méfiance. La divinité imaginaire veut bien admettre, voir encourager, que ses créatures s'aiment les unes les autres mais ne peut supporter que deux hominines se vouent un amour qui les détournent d'elle. L'amour génocide ne tolère pas que deux hominines puissent ne pas respecter ou s'opposer à ses illusions collectives[55], et l'amour homininicide se sent amoindri par cette concurrence. L'amour singularicide — ou simplement Singularicide, avec majuscule — est en compétition avec les autres qui n'hésitent pas à s'y opposer, parfois très brutalement. L'histoire des hominines regorge de contes et d'anecdotes qui parlent de cette confrontation[56]. Pour autant, aucun n'ose critiquer frontalement le Singularicide dans ce qui le constitue. L'attaquer ainsi serait prendre le risque d'ébranler leurs propres discours sur l'amour.

Le Singularicide met en relation deux hominines dans ce qui s'apparente à un sentiment individuel vécu ensemble. Éprouver de l'amour n'est pas identique à recevoir de l'amour. Dans un cas il s'agit d'emplir l'être aimé de son amour, dans l'autre d'en être le réceptacle. Dans son sens classique, une relation amourienne implique que chaque hominine soit les deux à la fois. L'illusion de l'équilibre et de la réciprocité est fondamentale. Les distances qui se dessinent entre le reste du monde et le duo d'hominines sont arborées fièrement, elles sont la bannière de leur nouveau territoire, l'Amourie.

[L'Amourie] est un pays comme les autres : ses frontières sont une chimère, son histoire nationale une mythologie, son pouvoir politique un rapport de domination et son organisation sociale une contrainte. Comme toute identité collective, [l'Amourie] est une illusion.[57]

Et comme toute illusion, même si elle s'enracine dans l'imaginaire des hominines, elle se matérialise par les conséquences bien réelles qu'elle induit sur l'existant. Si les amours réalicide, génocide et homininicide suintent l'odeur de cadavres et de sueurs paniques, dans le cas des amours singularicides il est question de la mort progressive des singularités, des individualités qui s'estompent et se dissolvent dans la relation amourienne. Parfois jusqu'à la mort. Mais peu importe, car pour elleux, "mourir d'amour est tellement autre chose que mourir"[21] !

L'autre soi

Éprouver de l'amour est une chose irrépressible pour celleux qui s'en réclament. Cela semble au-dessus de leur volonté et il n'est pas prévu de le questionner car ce serait faire offense à la "pureté" du sentiment. Une insulte violente à l'encontre de la personne aimante. Comme avec la divinité, l'amour singularicide se porte sur l'hominine sans possibilité pour ellui de choisir d'en être ou non le réceptacle. Le consentement n'est pas indispensable.

Dialogue amourien

"Follement amoureux"[21], l'hominine-source ne tolère pas d'avoir à partager. Il n'est pas admissible que l'objet de son amour soit convoité par d'autres. Son propre amour prime toujours sur celui des autres hominines. La priorité se fait propriété. Le caractère unilatéral de l'acte d'aimer laisse peu de place aux avis et ressentis de l'hominine-réceptacle. Cellui-ci, selon la pratique courante du Singularicide, est aimé pour ce qu'ille semble être, sans considération pour ce qu'ille est. En effet, ne pouvant être réellement "à la place de", l'être amoureux se fonde sur l'illusion de connaître, parfois mieux qu'elle, la personne aimée. Quitte à devoir lui rappeler régulièrement. Peut-être un peu sèchement si nécessaire, mais "Qui aime bien, châtie bien"[21] proclame le dicton.

L'hominine qui s'amourache est dans le doute permanent et tout est mis en œuvre pour se rassurer : l'être aimé est-ille toujours sensible à cet amour ? Les méthodes employées sont très diverses, des arts classiques aux arts martiaux. Sans qu'il soit bien clair s'il s'agit de prendre l'autre pour l'incarnation de la naïveté ou si nous sommes en présence de discours délirants, l'un des argumentaires souvent employé est une poésie absurde et un imaginaire de promesses intenables. De L'hymne à l'amour d'Édith Piaf à Ne me quitte pas[58] de Jacques Brel, en passant par Ma jolie de Jul[59] et Adolf mon amour[60] de Gogol Ier, les plus belles chansons d'amour sont un agglomérat de non-sens et d'exagérations. Entre les projets de décrocher la lune et les espérances d'amour qui survit à la mort, toutes se fondent sur des affirmations mensongères et des prétentions démesurées. Paradoxalement, pour sembler crédible, l'amour se doit de promettre des foutaises. "Je t'aimerais toujours"[21] est le b.a.-ba amourien. L'hominine qui proclame cela est au comble du bonheur. Cet amour est tout ce qui importe car les sensations qu'il procure sont plaisantes et flattent son égo. Pour l'être aimé, il est question de correspondre à l'image attendue et fantasmée. Ne pas le faire, c'est prendre le risque de mettre en péril les douces sensations que cela apporte à l'autre et de passer à côté de tous les bénéfices, pour soi, de cet amour. Si être aimé c'est plaire à l'autre, aimer c'est mettre en état de subordination. Telle est la dialectique de l'amour.

Même si les amours impossibles sont un thème récurrent[61], il y a nécessité absolue pour l'hominine enamouré d'être entendu. Son bien-être dépend totalement de quelque chose qui lui est extérieur. Ille se construit ainsi. La charge émotionnelle et la responsabilité est énorme pour la personne aimantée. L'enjeu est crucial pour l'aimante. L'aimantation est telle que l'une se pense être l'autre, qui devient son autre soi. Ce processus d'appropriation qui se fait au niveau intellectuel et physique engendre des phénomènes tels que la volonté de contrôle ou la jalousie, par exemple. Comment peut-il être admissible qu'un bout de soi puisse s'éloigner ou diverger ? La personne qui donne son amour est la seule à savoir réellement ce qu'est véritablement cet amour et, par conséquent, elle seule est en mesure de dicter ce qui est bien ou ce qui ne l'est pas. La contrainte des corps utilise moult procédés, de la corde à la poésie, de l'humiliation à la sublimation. Un dictionnaire amourien des maux d'amours note que "clou de satin" est l’anagramme de "la séduction"[62]. Subtile nuance de langage entre "Ferme ta gueule" et "Écoute moi". Que ce soit avec fureur ou avec douceur, recevoir de l'amour est toujours une injonction à s'y conformer.

Les productions culturelles des hominines de Nice et du monde habité déploient une énergie considérable pour inculquer ce que doit être l'amour. Jusqu'à la nausée. Que ce soit pour exprimer sa présence ou son absence, ce thème est majeur dans la plupart des répertoires de la chanson ancienne et actuelle, des pans entiers de la poésie lui sont consacrés, des pages et des pages d'écrits, de romans, de biographies dédiés aux péripéties amoureuses. Quasi impossible d'y échapper. Tristan et Iseult et les collections de L'Arlequin se vendent bien. Sans être inculpés de "Crime contre l'Humanité" et "Apologie de Singularicide", Céline Dion et consorts déversent leurs insanités depuis des années et, même mort, Johnny Hallyday vend à presque 1,5 millions d'exemplaires son album Mon pays c'est l'amour. Jusqu'à l'absurde, l'amour est un sujet accrocheur pour des scénarios de film hollywoodien où l'intrigue est basée sur des personnages qui, par amour, parviennent à sauver le monde, leurs proches, des inconnus ou la galaxie. Parfois au contraire c'est par manque d'amour. Parfois cela mène à la destruction totale des hominines, à des catastrophes ou à des massacres. Sans un quelconque avertissement pour les plus sensibles, les comportements démentiels sont valorisés[63]. L'important est que l'Amour soit sauf. En Amourie, le génocide n'est rien face au Singularicide qui fait monter les larmes aux yeux. Le meurtre est un acte d'amour et le suicide amourien est si beau. "Si tu me quittes je te tue"[21] ou "Je me suicide car tu es l'amour de ma vie"[64][21] sont des tirades populaires. Tuer et mourir sont des preuves d'amour ! Les plus belles dit le poète ! L'apothéose est le suicide simultané des deux hominines en amour. L'effet tragi-comique recherché par les scénaristes est la confusion entre l'amour et la mort. Encore une de ces subtilités du langage amourien.

Dans la vie, rien n'est plus sûr que la mort

L'entre-soi

Dans les mythologies moïso-christo-mahométiennes, l'Amourie est un pays presque inexploré et peuplé de monstres. Quelle doit-être la nature du rapport amourien entre deux hominines ? Comment se relationner ? Quelle place la sexualité doit-elle prendre ? Faut-il prendre exemple sur le vieux Moïse qui s'amourache de Sephora la jeune bergère, sur Jésus aka Christ qui, malgré ses attirances pour la prostituée Marie-Madeleine, refuse l'amour "de la chair", ou plutôt sur l'inspiré Mahomet qui préfère attendre trois années de mariage avant de se délecter de celle d'Aïcha, sa femme préférée, alors âgée de 9 ans ?[65]

La relation amoureuse ne peut être réduit à la sexualité qui n'est que l'une des composantes du Singularicide. Elle n'est pas essentielle à une telle relation. Par définition l'entre-soi met en présence deux hominines qui se portent un amour mutuel. Dans cette configuration, chaque hominine voit en l'autre une prolongation d'ellui-même par le prisme déformant de sa propre singularité. La projection est inévitable et l'illusion complète. L'autre et soi sont un peu la même personne. Où se situe la frontière exacte ? Le mimétisme et l'adaptation sont les principaux mécanismes qui dessinent les contours en pointillé qui séparent et unissent les deux êtres en amour. La sempiternelle question "Est-ce que tu m'aimes, mon amour ?"[21] est l'injonction principale à confirmer l'entre-soi. Le langage, les comportements, les envies, les gestes, les réflexions et les amitiés — pour n'en citer que quelques uns — se calquent. Mais aussi les peurs, les déceptions ou les haines. Aucun n'est essentiel, tous peuvent prêter à sourire. Une complicité de singularicide en terme protivophile. Tout ceci se fait à des degrés et des intensités divers selon les hominines. Illes se complaisent dans l'illusion d'aimer une personne pour ce qu'elle est alors que chaque hominine sait, en son for intérieur, qu'il existe toujours un hiatus, un petit décalage intérieur entre ce qu'ille est et ce qu'ille montre. Le nier est un mensonge. La relation amoureuse se base sur l'acceptation tacite de ce mensonge réciproque. Cela a peu d'importance lorsque ces décalages sont légers. Mais lorsque les divergences sont présentes, lorsque les différences entre la réalité et l'illusion sont trop grandes, le rapport amoureux se fait rapport de force. Ce que cherche l'autre dans cette relation, au plus profond de d'ellui, reste un mystère impénétrable. Intraduisible même avec la meilleure volonté. Dans le Singularicide, cet état de fait est la faille de l'illusion partagée. Le risque de perdre l'amour est là.

Même pas mal ?

Les constructions sociales qui se fondent sur une division genrée des hominines entre mâles et femelles, très présentes dans leurs sociétés, à Nice par exemple, sont incontournables en Amourie. Les attentes sociales et les singularités des hominines femelles ne sont pas identiques à celles des mâles. Même lorsque l'égalité est décrétée, l'équilibre est fragile tant la propagande singularicide est répandue et intégrée par les hominines devenus genres. En Amourie, la femelle hominine est souvent destinée à être réceptacle de l'amour mâle. Elle prend plaisir à cet honneur qui lui est fait et aime en retour. Son épanouissement personnel passe par celui de l'être aimé et sa valorisation par ses yeux. Le mâle doit éprouver de l'amour pour se sentir entier. Le langage amourien s'enrichit du mot féminicide après des millénaires à être pratiqué sans être nommé. Ces phénomènes sont des schémas généraux et ne sont pas liés à une sexualité particulière et touchent l'ensemble des lettres de l'alphabet, LGBTQI compris. Par définition, le Singularicide violent se solde par la mort de l'une des deux personnes engagées dans ce type de relation. L'abandon est magnifié au féminin et la fougue est encensée au masculin. Le témoignage de Pauline Réage dans Histoire d'O — la 15ème lettre de l'alphabet[66] — est une longue lettre d'amour dans laquelle O se livre à toutes les volontés sexuelles de son amant. Elle s'abandonne jusqu'à être abandonnée. Un récit triste et érotique qui se termine comme les histoires d'A[67].

La persistance d'une catégorie femelle dans l'espèce des hominines laisse à penser que le féminicide n'est pas systématique, même s'il est bien présent. Les causes sont multiples. En Amourie, les jeux de langue amouriens tournent parfois à l'incompréhension[68]. Le "Ni oui. Ni non." dérive vers le "P'tet bien que oui ! P'tet bien que non !". Le mauvais joueur défend que "non" est le synonyme de "oui" alors que "non c'est non". De même que prétexter que "une érection" est l'anagramme de "ne coûte rien" ne suffit pas pour nier qu'il en est de même de "devoir conjugal" et de "ce jargon du viol"[62]. Après la période de l'enfance où ils sont le plus exposés, les hominines mâles sont très peu touchés par la violence à leur encontre mais très largement impliqués dans celle exercée. La difficulté principale pour la personne qui use de contrainte et de violence dans une amourette est de faire admettre qu'elle le fait par amour, pour l'Amour et avec amour. La mort clos généralement la discussion et la victime s'enferme dans son silence[69].

Je ne dis rien
j’aspire
cette saveur
insaisissable saisissante
cette clameur sans voix
dans le bonheur de ce silence
en sachant tout
ne sachant rien
ni le comment
ni le pourquoi[70]

Évidemment, tous les singularicides ne mènent pas à une mort prématurée[71]. La souffrance peut être plus longue et plus raffinée. Au cours des derniers siècles, à des rythmes différents, les hominines ont rendu poreuses les frontières entre les obligations amouriennes des mâles et des femelles. Si certaines d'entre elles demeurent genrées, d'autres sont partagées. L'utilisation de la persuasion, de la dissimulation et de la contrainte sont des argumentaires transgenres. Les hominines femelles sont désavantagées par la vaisselle qui ne se fait pas toute seule et les enfants qui s'obstinent à réclamer de l'attention pour survivre, des activités chronophages qui les détournent un peu de l'amour. Néanmoins, elles y mettent toute leur énergie. Il en est de même dans les relations exclusivement entre mâles ou entre femelles car, que ce soit pour le mâle ou la femelle hominine, l'Amour est fondamental. En amourien, "Je ne peux vivre sans amour"[21] est dégenré.

L'hominine qui propose son amour se voit fait de déficiences et de manques qu'ille pense combler grâce à l'être aimé. Aimer c'est se dénigrer. Une forme de dévalorisation de soi. Incapable d'assumer que ce qui plaît en l'autre ce n'est pas ce qu'ille est mais ce qu'ille procure, l'effusion amoureuse se veut un acte désintéressé. L'autre est chose plaisante. Même malgré elle. La question de savoir ce qu'il est acceptable de mettre en œuvre pour conserver cet état planant est un tracas du quotidien en Amourie. Le "circuit de récompense" et les drogues produites par la biologie des hominines troublent leurs appréciations et les essoufflent à lutter contre l’accoutumance à ces dopants naturels. Pour la source de l'amour il est indispensable que le réceptacle soit à la bonne dimension. L'être aimé est promu fournisseur officiel de produits dopants et de drogues dures. L'état de manque peut être à l'origine de comportements jugés irrationnels, alors qu'ils sont basés sur la rationalité de la dépendance. Pour maintenir un effet optimal, il est nécessaire d'augmenter la régularité et le dosage. À la personne aimée de s'assurer de l'approvisionnement adéquat, telle est sa responsabilité. La fatigue, les soucis, les loisirs, l'oubli, voire pire, l'inattention ou la météo, peuvent la distraire de cette charge vitale et nécessiter pour l'aimante de prendre des mesures de redynamisation. La méthode la plus douce et la plus répandue est l'utilisation de l'injonction paradoxale dans l'argumentaire. La plus classique étant "Fais ce que tu veux, car je t'aime. Mais si tu le fais j'en souffre."[21] dans laquelle l'être aimé est sommé de répondre à une double contrainte culpabilisante. Le chantage au suicide en est la forme la plus aboutie. Dans cette injonction, le verbe faire peut aisément être remplacé par dire, regarder, refuser, vouloir ou penser. Le langage amourien est d'une grande subtilité et les nuances sont à la discrétion de chaque hominine.

La "relation amoureuse", en tant que telle, est une injonction paradoxale. Impliquant deux hominines, il faut être à la fois source et réceptacle de l'amour. Domination et soumission font vie commune. Être aimé signifie qu'il faille être à la hauteur de l'intensité amoureuse. Correspondre au mieux à ce que l'autre attend est la position la moins périlleuse. Tout écart est susceptible d'ébranler l'équilibre fragile qui se fait entre une domination volontaire et une soumission consentie. À défaut d'obtenir réellement la Lune, la position de l'être aimé est celle de l'hominine en attente d'une récompense pour ses comportements en faveur de l'amour. Le dressage de l'objet amourien se fait avec plus ou moins de douceur. Recevoir de l'amour expose l'hominine à se placer en état de subordination à la sublimation qui est faite de ellui. Exister à travers les yeux d'autrui est un esclavage de chaque instant. S'astreindre à devenir ce que l'autre désire est une spirale destructrice et se restreindre à avoir pour désirs ceux des autres est une prison à ciel ouvert. Le flot d'amour n'est pas maîtrisable par l'esclave. Il est imprévisible. L'acceptation de recevoir de l'amour équivaut à se nier soi-même, à abandonner tout ou partie de sa singularité. La conjugaison des verbes, en amourien, n'existe qu'à la première personne du pluriel. "Notre amour est plus fort que tout"[21], que la grammaire. "Nous" est une nouvelle façon de dire "Je". Entendre une personne aimée parler de ses envies laisse entrevoir celles de la dominante. Ce rôle sacrificiel est très valorisé par les conceptions classiques du Singularicide qui y voient un bel acte, un héroïsme existentiel. Soumission et domination sont consubstantielles et se nourrissent d'argumentaires en miroir.

Consentement réalisé sans trucage

Même si elle ne revêt pas un aspect indispensable, la sexualité tient un rôle important dans l'amour entre deux hominines. Par sexualité, il faut comprendre l'ensemble des actes érotiques, de la simple imitation d'un coït reproductif à une élaboration complexe du plaisir. La reproduction est une autre question, un danger collatéral[72]. L'intimité entre deux hominines renforce l'illusion d'un singulier pluriel. Elle ferme les frontières de l'Amourie. Dans cet espace clos, les rôles de soumission et de domination peuvent glisser. Parfois l'ordre des choses être perverti. Le plaisir apporté par l'autre se doit de ne pas être moindre que celui apporté par une autre personne. Le maintien de l'intensité ou de l'intérêt érotique sont les enjeux principaux dans le cadre d'une relation sexuelle amourienne. Ils sont le baromètre des changements éroticlimatiques. Ne pas y répondre est considéré comme "une offense à notre amour"[21]. Ne pas en donner est un signe de désintérêt. Les moyens pour remédier à cette situation gênante se résument à la discussion, la persuasion et la contrainte. L'équilibre entre domination et soumission est instable. C'est dans cette zone grise que s'engouffrent les prétextes. Les règles du Je s'éloignent de celle du jeu et la violence non-consentie devient pensable. Pour régler ce différend, un détour est toujours nécessaire par la lettre J du dictionnaire amourien qui, outre Jeu et Jouir, propose, entre Jambon et Jarretelle, une définition d'une autre activité collective, le Jardinage :

Le viol concerne la violence pas le sexe. Si tu te prends un coup de pelle, t’appelles pas ça du jardinage[73]

Admettre que l'objet de son amour puisse prendre du plaisir sexuel avec d'autres personnes n'est pas chose facile pour les hominines en Amourie. L'exclusivité est souvent préconisée par les partenaires. Après des siècles de pratique clandestine, des approches actuelles de la problématique amoureuse expérimentent publiquement d'autres formes d'articulation entre amour et sexualité[74], tel que l'échangisme, le polyamour, le libertinage, la prostitution, l'amour libre, etc. Même orné d'un A cerclé l'amour reste central, mais un contrat plus libéral est conclu entre les deux hominines dans le domaine de la sexualité. Les possibilités sont multiples. Pour celleux qui persistent dans des rapports classiques, l'amenuisement ou la disparition de la sexualité est un sujet qui fâche. Une vraie déchirure. L'incompréhension est à son comble et le vocabulaire pauvre : "Mais je t'aime !"[21]. Même si cela est risible, l'idée de ne plus être désiré est une vague d'étonnement, et de ne pas l'être pendant un moment taraude de questions. Le grand vide. "Qu'ai-je fais pour cela ?" Pour cellui qui ne désire plus, la question est plutôt "Que n'ai-je pas fais contre cela ?" La culpabilité, encore et encore. Si l'amour existe sans sexualité, il est néanmoins difficile pour les hominines d'en imaginer un après une sexualité. Penser que la biologie et la lassitude[75] puissent être des raisons de la disparition de l'érotisme en partage, est une porte ouverte à douter du reste de la relation.

Quand rien n'est certain, tout est possible[76]

Le Singularicide est une mort lente. Les hominines qui sont en Amourie s'asphyxient mutuellement de leurs attentes, de leurs projections et de leurs manques. À vouloir être l'autre, la singularité se dilue doucement. Le chagrin d'amour est assez emblématique des effets secondaires amouriens et de la puissance de la projection. Pire que s'illes s'amputaient d'une main[77] ou apprenaient la mort de F. Merdjanov, les hominines en rupture amoureuse se déchirent dans la douleur et la tristesse, tiennent des discours délirants et sont capables d'actes totalement insensés. Dans un rapport amourien, chaque hominine se dissout un peu. Plus ou moins selon les personnes. Vivre en Amourie est un appauvrissement considérable pour les hominines qui y perdent ce qui fait leur originalité et les ferment à des possibles.

L'antre-soi

Ce type de singularicide est particulier en cela qu'il se concentre sur une unique personne, soi. Généralement il est indolore pour l'autre. Deux hypothèses permettent d'expliquer ce phénomène. L'une pose qu'un individu peut avoir tellement d'amour-propre qu'ille s'imagine en auto-suffisance affective dans la solitude totale, la seconde qu'ille peut en avoir suffisamment pour penser que personne d'autre n'est à la hauteur de son amour. Dans les deux cas le Singularicide est assuré, le temps s'en charge. Dans l'antre-soi on meurt à petit feu. Par manque de témoignages directs, et du fait de leur isolement social, peu d'informations sont disponibles sur les quelques cas répertoriés sur Nice et ses alentours.

Amouricide

La protivophilie ne sait rien du type de relation que F. Merdjanov entretient avec d'autres hominines. Ses biographes avancent qu'il n'est pas exclu d'imaginer des liens sociaux[78] sans parvenir à en préciser la nature. Son œuvre est sans concession envers les amours réalicide, génocide et homininicide qu'elle malmène. Elle marque que son désintérêt profond pour la "question de dieu" — aussi appelé apathéisme — n'a d'égal que son mépris porté aux limites et aux enfermements ou sa grande défiance vis-à-vis des relations entre hominines. En ce qui concerne le Singularicide, les textes de F. Merdjanov abordent très peu cette thématique. Les mots amour et aimer apparaissent une dizaine de fois dans Analectes de rien et sont une partie intégrante de citations. Aucune glorification, ni réel dénigrement. Une manière de faire glisser l'apathéisme dans le domaine de l'Amour pour que, comme dieu, il soit vu pour ce qu'il est, une illusion, et analysé pour ce qu'il engendre dans la réalité. Rien de plus.

Sucette à rien

La question principale soulevée par cet article est de savoir qu'elle fut le niveau de souffrance de F. Merdjanov dans l'univers amourien. Y a-t-il eu des persécutions religieuses à son encontre, des encasernements collectifs dont il a fallu fuir, des abus et des gestes déplacés dans sa jeunesse ? Aux deux premières questions, il n'est pas possible d'y apporter de quelconques réponses tant les éléments biographiques dont nous disposons sont maigres. Les chiffres disponibles ne permettent pas une extrapolation fiable. Pour la troisième, il en est autrement. La biographie de F. Merdjanov précise que son milieu familial se situe à Nice, dans l'hypothétique communauté macédonienne de la ville. Dans le cas où F. Merdjanov est une femelle, son enfance niçoise se passe avec le risque permanent de subir des jeux de mains avec des "trop" proches, des sous-entendus malsains et des situations équivoques lors de réunions familiales, des attouchements ou des violences sexuelles dans le secret, des violences physiques et des brimades, etc. Les ambiances paillardes ou érotiques structurent parfois un univers enfantin féminin. S'il est un mâle, la situation est différente car il a beaucoup moins de chance de vivre l'inceste. En effet, ce comportement amourien s'exerce principalement sur les jeunes femelles qui représentent plus des trois quarts des victimes. Hormis ces quelques millions d'enfants, la plupart des autres se contentent d'un amour homininicide plus classique, fait de remontrances, de gifles, de punitions ou de privations dans le cadre de leur élevage. Uniquement lorsque c'est nécessaire, bien évidemment. Au cours de la première décennie de sa vie, le dressage de l'hominine-enfant impose des sociabilités différenciées selon le genre qui lui est attribué. Mais nul ne sait ce qu'il en est pour F. Merdjanov, même si l'hypothèse de la pan-sexualité de sa mère[78] laisse entrevoir des possibilités de choix moins binaires. Aucune information non plus concernant une éventuelle adelphité. La problématique de savoir quels furent les processus et les conditions de la construction de sa singularité reste entière.

Selon la biologie propre à l'espèce hominine, l'arrivée à l'âge adulte se situe à la charnière de la puberté et des premiers émois érotiques. L'amour n'a rien à voir avec cela, mais l'éducation reçue colonise grandement les imaginaires et il est temps pour les jeunes hominines de partir à la conquête de l'Amourie. Être élevée au féminin n'induit pas les mêmes comportements et n'implique pas les mêmes obligations que lorsque cela est au masculin. La valorisation de soi ne se joue pas aux mêmes endroits. Que sa socialisation se fasse au masculin ou au féminin, F. Merdjanov se retrouve en contact avec le singularicide dès son adolescence. La concurrence entre hominines dans le domaine de l'amour est très importante. Constante. Qui va accepter de recevoir de l'amour et d'en donner en retour ? Comment rencontrer une telle personne ? Comment l'appâter ? Et si il ne se passe rien ? Le leitmotiv inculqué depuis le plus jeune âge est qu'il est indispensable de le trouver car, pour être entier, il faut être deux ! Cette quête est périlleuse. Parfois mortelle. Et les blessures sont nombreuses. Être soi sans l'autre est un déchirement du quotidien pour les hominines explorant le continent amourien. La fameuse théorie dite de "Ma moitié" qui affirme que 1+1 n'est pas égal à 2 mais à 1 !

Il faut que je m’oblige à regarder en face cette vérité tangible qu’il n’y a rien... rien pour personne. Travailler, lire, écrire ne sont que des faux-semblants, ainsi que les relations avec les gens. Oui, même avoir des enfants n’arrangerait rien.[79]

Rien dans les textes et la biographie de F. Merdjanov n'indique une telle déception. Il faut sans doute avoir mis beaucoup d'espoir en l'amour pour en être autant désespéré. Ou beaucoup souffert. La protivophilie n'a pu mettre en évidence une quelconque contamination par l'amour dans toute son œuvre. Le Singularicide n'est pas sa tasse de thé[68]. Pour la protivophilie, même s'il est capillotracté, l'unique lien entre l'amour singularicide et F. Merdjanov est osé par Fabcaro dans son ouvrage documentaire Et si l'amour c'était aimer ?[80]. Il met en scène Sandrine et Henri qui vivent un amour idéal en couple jusqu'à la rencontre de Sandrine avec le vendeur à domicile de macédoine de légumes...

Être amoureux c'est donc comme être complètement impuissant, sans bras ni jambes, une sorte de viande à kebab qui tourne sur elle-même dans un snack-bar graisseux, capable de rien, sauf de cramer, désemparée de ne pouvoir rien faire sauf être une sorte d'espace d'accueil d'un désir, un unique désir, celui d'être près d'un abruti qui s'appelle Kevin (ou comme vous voulez).[81]

Roman-photo

Notes

  1. Dans la classification du vivant, les hominines regroupent toutes les formes d'australopithèques et les différents types d'homo (floresiensis, denisovensis, neanderthalensis, egosolistus, etc.) dont il ne reste que les sapiens (humains actuels), sorte de macédoine d'homo.
  2. Derrière les initiales JC, utilisées pour préserver son anonymat, se cache un jeune hominine aux amours difficiles. Issu de père inconnu, il s'invente dès sa jeunesse une histoire abracadabrantesque de viol de sa mère par une divinité. Des réminiscences d'images d'animaux et d'adultes se penchant avec beaucoup d'attention au dessus de son berceau le perturbent très tôt. Que s'est-il passé exactement ? Après trois décennies à tenter de convaincre les hominines que le violeur de sa mère est finalement quelqu'un de bien, il parvient à s'attirer quelques sympathies. Ses troubles psychologiques n'ont de cesse de s'aggraver. Il multiplie les performances artistiques, les happening contestataires, pour se faire reconnaître de mère hominine et de père divin par l'état civil romain. JC meurt accidentellement lors d'une performance de suspension sur une grande croix en bois après plusieurs jours d'agonie. Le souvenir de son calvaire perdure encore de nos jours à travers le port d'une croix en pendentif, et ses réminiscences de pédophilie et de zoophilie précoces sont symbolisées par des crèches lors de son anniversaire. Ce roman biographique s'est vendu à plusieurs millions d'exemplaires.
  3. Les troubadours et trouvères sont un mélange de Michel Sardou, pour son féminisme réactionnaire, de Georges Brassens pour le vernis contestataire, et de Francis Lalanne pour l'aspect vestimentaire.
  4. Voir "amour" dans Le Dictionnaire du Moyen Français - En ligne
  5. Ricardo Reis, Odes éparses. Cité à l'entrée "miscellanées" dans F. Merdjanov, Analectes de rien, 2017
  6. Les frontières entre les deux sont poreuses comme le remarque l'anthropologue extra-terrestre Ursula K. Le Guin, dans Les dépossédés : "L’amour n'obéit pas à l'esprit, et se transforme en haine quand on le force". Cité à l'entrée "nulle part" dans F. Merdjanov, Analectes de rien, 2017
  7. Voir l'avant-lire à Poésie par le fait/faire, Z-ditions de l'Amphigouri, 2021 - En ligne
  8. 8,0 8,1 et 8,2 Moïsien désigne celleux qui suivent les lois de Moïse — les juifs —, mahométien désigne celleux qui croient que Mahomet est un prophète — les musulmans — comme le terme de christien désigne les chrétiens adeptes de Jésus aka Christ
  9. Albert Camus, L’État de siège. Cité à l'entrée "cosmovision" dans F. Merdjanov, Analectes de rien, 2017
  10. Voir les travaux de la sociologue Blanche Gardin sur les conséquences pré-traumatiques du concept d'éternité chez les personnes suicidaires - En ligne
  11. Par le nombre de morts qu'elles font chaque année, depuis des siècles, les Infections Spirituellement Transmissibles sont plus létales que les Infections Sexuellement Transmissibles (IST).
  12. Les scoptes (skoptzy, castrés) sont un petit mouvement christien actif en Russie entre la fin du XVIIIème et le début du XXème siècle. Pensant que les testicules des hominines mâles et les seins des femelles sont les vestiges des deux moitiés de la pomme que Adam et Ève se sont mis sur le corps après avoir été chassé du paradis pour avoir croquer dans ce fruit, les mâles se castrent totalement ou partiellement et les femelles s'amputent de leur poitrine ! Selon des paroles prêtées à Jésus aka Christ, les eunuques ont un accès privilégié au "royaume de Dieu" (Matthieu, 19,12) et il les encourage : "Si votre main ou votre pied vous est un sujet de scandale, coupez-les, et les jetez loin de vous" (Matthieu, 18,8). Voir Gustave Welter, Histoire des sectes chrétiennes, Payot, 1950
  13. Les Flagellants — un mouvement religieux populaire au XIIIème et XIVème siècles en Europe de l'ouest — préconisent de s'auto-flageller publiquement lors de processions torse nu afin d'expier leurs pêchés. La flagellation est aussi pratiquée par des moines solitaires, adeptes des privations, qui cherchent l'illumination dans la répétition et la douleur. Ils découvrent l'orgasme et les balbutiements du BDSM. Catherine Vincent, "Discipline du corps et de l'esprit chez les Flagellants au Moyen Âge", Revue Historique, vol. 302, n°3, 2000 - En ligne
  14. L'achoura est une fête religieuse qui commémore l'aide divine à Moïse contre le Pharaon égyptien, commune aux moïsiens et aux mahométiens. Pour ces derniers, elle correspond au dixième jour du premier mois de leur calendrier. Alors que la plupart se contentent de jeûner, certains courants mahométiens (chiisme duodécimain) voient aussi dans cette date la commémoration de la mort tragique en 680 d'un petit-fils de Mahomet et de ses compagnons d'armes. Pour cela ils se frappent longuement la poitrine lors de processions, parfois jusqu'au sang avec des objets tranchants ou des chaînes.
  15. Pour celleux qui n'ont rien de mieux à faire, voir la Torah, la Bible et le Coran
  16. Impossible d'établir une liste de films avec de telles répliques tant cela serait fastidieux. La plupart des films dans lesquels s'entrecroisent une histoire d'amour et des situations périlleuses entrent sur cette liste.
  17. 17,0 et 17,1 Extrait du documentaire Fight Club, réalisé en 1999. Adapté du livre de Chuck Palahniuk - En ligne
  18. Miliciens hutus rwandais. Kickback, No Surrender, 2009.
  19. Le "Point G" est l'expression pour désigner les zones érogènes de la paroi antérieure du vagin. Il tient son nom du gynécologue allemand Ernst Gräfenberg. Par analogie, le "Point P", pour "Prostate", est son équivalent chez les hominines mâles.
  20. Les Rita Mitsouko, "Les histoires d'A" sur l'album The no comprendo, 1986
  21. 21,00 21,01 21,02 21,03 21,04 21,05 21,06 21,07 21,08 21,09 21,10 21,11 21,12 21,13 21,14 21,15 21,16 21,17 21,18 21,19 21,20 et 21,21 Aphorisme amourien qui justifie les méfaits de l'amour.
  22. Ladislav Klíma, "Métaphilosophiques", Instant et Éternité. Cité à l'entrée "salut à toi !" dans F. Merdjanov, Analectes de rien, 2017.
  23. Voir par exemple L'incinérateur de cadavres, réalisé en 1968 par le tchécoslovaque Juraj Herz, qui relate l'histoire de monsieur Kopfrkingl qui exerce avec amour son métier d'incinérateur dans l'Allemagne des années 1930, en pleine montée de l'hitlérisme, et se questionne sur les bienfaits d'en faire bénéficier les autres amours de sa vie, son épouse moïsienne et leurs enfants. Le dilemme est immense.
  24. Du grec ἐπέκτασις "extension", l'épectase est dans la théologie un rapprochement de l'hominine vers sa divinité chérie. Ce terme a pris le sens de "mourir pendant l'orgasme" dans les années 1970 lorsqu'un cardinal français est retrouvé mort chez une jeune prostituée.
  25. Booba, "Killer" sur l'album Lunatic, 2010 - En ligne
  26. Voir le chapitre "Frontière(s) mentale(s) : de la schizophrénie d'appartenance" dans F. Merdjanov (Attribué à), L'équation corse à la lumière de l'inconnue macédonienne. (Im)précis de nihilisme montagnard et de contre-imaginaire historique. - En ligne
  27. Pour ne citer que quelques exemples. Voir les chapitres consacrés aux résistances de jeunes hominines d'Allemagne contre les hitléristes dans Roger Faligot, La rose et l'edelweiss. Ces ados qui combattaient le nazisme, La Découverte, 2009. Sur les résistances de hutus contre le génocide des tutsis au Rwanda, voir Jean Hatzfeld, Là où tout se tait, Gallimard, 2021
  28. Extrait du film De la vie des marionnettes, réalisé en 1980 par Ingmar Bergman. Cité à l'entrée "Ingmar Bergman" dans F. Merdjanov, Analectes de rien, 2017
  29. La viole d'amour est un instrument de musique à cordes frottées. En forme de violon, elle possède cinq cordes mélodiques actionnées par un archer et sept autres qui vibrent sans contact direct.
  30. Du grec ἀδελφός "utérin", l'adelphité désigne les relations entre les enfants mâles et femelles, issus des mêmes parents, contrairement à la fraternité qui se réduit à celles entre frères et à la sororité entre sœurs.
  31. Les bilatériens se caractérisent dans le règne animal par une symétrie bilatérale du squelette ou des organes, et par un tube digestif avec une entrée (bouche) et une sortie (anus).
  32. Voir les méthodes infanticides de la docteur Giedrė Barauskaitė dans son ouvrage Ode à la contraception, 2014 - En ligne
  33. Giuseppe Culicchia, Le pays des merveilles. Cité à l'entrée "âge ingrat" dans F. Merdjanov, Analectes de rien, 2017
  34. Colin Turnbull, Les Iks. Survivre par la cruauté. Nord-Ouganda, Plon, 1987. Des passages de ce livre racontent la situation de groupes d'enfants contraints de survivre par leurs propres moyens, délaissés par leurs parents en situation de grande famine
  35. Le "circuit de récompense" est un dispositif cérébral et neurologique, présent chez le poisson rouge ou l'hominine par exemple, actif dans les processus d'apprentissage. Il fonctionne afin de permettre la survie d'une espèce en suscitant motivation et désir pour des comportements indispensables à la survie de chaque individualité.
  36. Présent chez plusieurs espèces animales, la parthénogenèse est un mode de reproduction mono-parental basé sur la division d'une cellule femelle, sans fécondation d'une mâle.
  37. Présent chez plusieurs espèces animales, l'hermaphrodisme est un mode de reproduction mono-parental basé sur la production par un individu de cellules femelles et mâles qui se fécondent.
  38. Extrait du documentaire C'est arrivé près de chez vous, réalisé en 1992
  39. "Qui ménage le bâton déteste son fils, mais celui qui l'aime lui prodigue la correction". Conseil éducatif promu par La Bible au chapitre "Proverbes. 13,24"
  40. Dorothée Dussy, "Une première approche de l'inceste d'un point de vue anthropologique", L'Homme, 2005 - En ligne. Dorothée Dussy, "L'inceste versus l'interdit de l'inceste, lectures croisées", Journal International de Victimologie, 2005 - En ligne
  41. Si de nos jours les animaux de compagnie sont partie intégrante d'une famille et qu'il est courant d'entendre parler de "leur papa" ou de "leur maman", il n'en reste pas moins que de telles relations charnelles demeurent interdites légalement et moralement condamnées alors qu'aucun lien biologique les unit.
  42. La pédophilie est l'attirance physique et sexuelle de l'hominine adulte pour des enfants. Jusque dans les années 1970, elle est considérée comme une pratique sexuelle marginale et un certain militantisme œuvre à sa reconnaissance aux côtés des associations de lesbiennes et de gays. Depuis elle est assimilée à une "perversion sexuelle" et est punie par la loi dans de nombreux pays. Ce terme est utilisé pour désigner exclusivement les formes de violences sexuelles à l'encontre des enfants et la pédopornographie alors qu'il recouvre aussi plus largement toutes les personnes non-pratiquantes de ces désirs qu'illes préfèrent restreindre.
  43. Sur des témoignages de personnes accusées d'inceste, voir Dorothée Dussy, Le berceau des dominations. Anthropologie de l'inceste. Livre 1, Éditions la Discussion, 2013 - En ligne. Voir aussi le documentaire Carne réalisé en 1991 par Gaspar Noé.
  44. Romain de Bierzynski, Somatologie de la femme, 1869
  45. En France, la fête des grand-pères est fixée depuis 2008 au premier dimanche du mois d'octobre.
  46. En France, la fête des pères est fixée depuis 1952 au troisième dimanche du mois de juin.
  47. Les études et les sondages réalisés en France estiment à plusieurs millions le nombre d'enfants ayant subi des rapports incestueux, soit une chance sur dix pour F. Merdjanov d'avoir eu à le subir. Environ 80% sont des petites femelles.
  48. En 2008, le film Savage Grace retrace la vie de la richissime étasunienne Barbara Daly Baekeland qui, décidée à "soigner" son fils de son homosexualité, le contraint à avoir des relations avec des prostituées. Puis, pendant quatre années, elle le force à avoir des relations sexuelles incestueuses. Antony tue sa mère en 1972.
  49. Une excellente idée cadeau pour la prochaine fête des pères
  50. "USA: Lourde peine pour une mère et son fils qui ont couché ensemble", août 2020 - en ligne. "La passion entre un père et sa fille finit en massacre", avril 2018 - En ligne
  51. Dans ces mythologies, Adam est le premier hominine mâle créé par la divinité à partir de terre. Après qu'il ait essayé de se rapprocher des autres animaux, sans succès, la femelle Ève est créée à partir du corps d'Adam.
  52. "Spiel Mit Mir" sur l'album Sehnsucht de Rammstein, sorti en 1997, rappelle qu'il s'agit parfois de jeunes mâles sur d'autres - En ligne
  53. L'histoire tragique de Julien et Marguerite de Ravalet, frère et sœur, condamnés en 1603 en France à la décapitation pour inceste est adaptée au cinéma en 2015 par Valérie Donzelli sous le titre Julien et Marguerite. Alors que Marguerite a 9 ans et Julien 13 ans, ce dernier est éloigné pendant trois années de sa sœur qui, elle, est mariée de force à l'âge de 14 ans. Illes fuient tous les deux pendant trois ans avant d'être arrêtés et condamnés à mort. Elle a 17 ans et lui 21. Leur enfant, Julien, est né quelques mois avant l'exécution de ses parents.
  54. Comme le poète britannique Lord Byron avec sa demi-sœur Augusta Leigh. De cette relation très discrète est née une enfant, Medora. Voir Roger de Vivie de Régie, "Le secret du poète", Revue des Deux Mondes, décembre 1926 - En ligne
  55. Édith Piaf, ex-boxeuse et grande spécialiste de l'amour, écrit L'hymne à l'amour en 1950. "J'irais jusqu'au bout du monde / Je me ferais teindre en blonde / Si tu me le demandais / J'irais décrocher la Lune / J'irais voler la fortune / Si tu me le demandais / Je renierais ma patrie / Je renierais mes amis / Si tu me le demandais".
  56. Roméo et Juliette, Blanche-Neige et son prince ou Cendrillon
  57. Extrait adapté de "Vie et œuvre de F. Merdjanov" dans F. Merdjanov, Analectes de rien", 2017
  58. Muriel Robin, La lettre, 1980 - En ligne
  59. Jul, "Ma jolie", Je ne me vois pas briller, 2017 - En ligne
  60. Gogol Ier et la Horde, "Adolf mon amour", Vite avant la saisie, 1982 - En ligne
  61. Pour une tragique histoire d'amour impossible, voir "Le chat d'la grand-mère d'Abdelkrim", Kourtrajmé, 2002 - En ligne
  62. 62,0 et 62,1 Jacques Perry-Salkow, Laurence Castelain, Anagrammes dans le boudoir, Actes Sud, 2021
  63. La protivophilie s'interroge sur les conséquences pour des centaines de milliers de petit Valentin qui portent un tel prénom chargé de sens. Quelle pression sociale particulière s'exerce sur eux ? Sont-ils stigmatisés ou sujet à des troubles psychologiques ? Ces problématiques sont déjà existantes pour les prénoms Oussama et Adolf. Voir le documentaire Le prénom réalisé en 2012 par Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte.
  64. Voir l'excellent documentaire consacré à ce type de suicide réalisé en décembre 2006 - En ligne
  65. Les versets 65.4 et 33.49 du Coran permettent le mariage et les relations sexuelles avec des jeunes hominines femelles pré-pubères. Cela est confirmé par la tradition dite "authentique" d'al-Boukhari, la référence pour tous les adeptes de Mahomet. Un faux recueil de "paroles du prophète" est réalisé au IXème siècle. Le pseudo-auteur al-Boukhari raconte que pendant un voyage imaginaire de 16 années il en recueille 600000 — soit un rythme de 4 par heure ! — dont seules 7000 sont authentiques. Selon lui, Mahomet prend Aïcha pour épouse alors qu'elle a 6 ans et "consomme" trois ans plus tard. Les lectures modernes de cette tradition coranique tentent de s'en démarquer pour la réinterpréter dans un sens plus moralement acceptable.
  66. Vélimir Khlebnikov s'amuse avec le "L", la douzième lettre. "Dans La lune crevée, un texte de quatre pages parut en 1913, Khlebnikov explore toutes les possibilités déclinatoires du radical "aimer", mot commençant par un L en russe. Ce n’est pas une simple liste de mots mais un texte classiquement constitué incorporant plus de 500 déclinaisons : "M’enmourant je m’amourache aimée aimière dans les aimeries, de l’amour des ameureillants, de l’aimette, des aimones, par aimors m’enaimant par inaimoirs d’enamourer, aimer suraimer dans les amourements l’aimage... etc.". Lors de l’impression du livret, les typographes se trouvèrent à court de L !" D'après Poésie par le fait/faire, Z-ditions de l'Amphigouri, 2021 - En ligne
  67. Pour aller plus loin, voir une histoire de la 9ème lettre, Pierre-Michel Bertrand, Le point du i: Précis d'érudition pointilleuse, 2013
  68. 68,0 et 68,1 Voir la problématique de la Tasse de thé - En ligne
  69. En 2019, en France, 146 femelles sont tuées par leur partenaire ou ex-partenaire, 27 mâles, et 25 enfants par l'un des deux parents. Plus de la moitié des mâles le sont en réponse à leur propre violence. Si F. Merdjanov est une femelle, elle est peut-être une des 220000 par an à subir des violences sexuelles, ou à les exercer s'il est mâle.
  70. Mário Dionísio, "Une lueur", Le feu qui dort. Cité à l'entrée "chut..." dans F. Merdjanov, Analectes de rien, 2017
  71. En France, entre 2011 et 2018, plus de 400000 personnes par an sont victimes de violences conjugales (harcèlements, brimades, coups, insultes, etc.) Près de 70% d'entre elles sont des femelles.
  72. Pour une réflexion musicale, voir la compilation Le danger d'engendrer, Cioran Records, 2019 - En ligne
  73. Si F. Merdjanov est une femelle, en 2016, elle fait peut-être partie des 62000 (0,31%) à être violées ou des 553000 (2,76%) à subir une agression sexuelle en France. Au cours de leur vie, presque 4% d'entre elles sont violées et plus de 14% subissent des agressions sexuelles. S'il est un mâle, les chiffres de 2016 sont de 2700 (0,01%) viols et 185000 (0,97%) à subir des agressions. Au cours de leur vie, 0,6% et 3,9% les subiront.
  74. Voir par exemple, Je t’aime... oui mais non, l’amour c’est mal., 2007 - En ligne. Contre l'Amour, 2003 - En ligne. Andrea Zanin, " Le problème avec la polynormativité", 2013 - En ligne. La fabrication artisanale des conforts affectifs, 2012 - En ligne
  75. "Que se passe-t-il dans le cerveau quand on est amoureux ?" dans Brut sur France Info TV, 2020 - En ligne
  76. D'après Margaret Draddle. Une amphibologie du langage amourien : un sens optimiste et un pessimiste. C'est selon la lecture que l'on en fait.
  77. Techniquement, s'amputer soi-même des deux mains est compliqué à réaliser — hormis si l'on travaille dans une imprimerie ou que l'on pose des bombes.
  78. 78,0 et 78,1 "Vie et œuvre de F. Merdjanov" dans F. Merdjanov, Analectes de rien, 2017
  79. Virginia Woolf. Cité à l'entrée "reproduction" dans F. Merdjanov, Analectes de rien, 2017
  80. Fabcaro, Et si l'amour c'était aimer ?, 6 Pieds sous terre, 2017.
  81. Liv Strömquist, La rose la plus rouge s'épanouit, Éditions Rackham, 2019. Voir aussi Liv Strömquist, Les sentiments du prince Charles, Éditions Rackham, 2016