Amphibologie

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Amphibologie. Macédoine de mots dont la saveur peut être appréciée de multiples façons.


[En cours de rédaction]


Étymologie amphibologique

Amphibologie est la contraction de amphibolologie, construit sur les racines grecques ἀμφίϐολος "ambigu" et λόγος "discours". La langue française retient aussi la forme simple amphibolie, de ἀμφὶ "des deux côtés", et βόλος "jet". D'après le Littré, "ce qui est ambigu offre plusieurs sens. Ce qui est équivoque offre deux sens. Ce qui est amphibologique offre un sens incertain".

La racine grecque amphi- se retrouve dans plusieurs mots de la langue française, ainsi que sa forme latinisée ambi. Toutes deux conservent leur sens premier "des deux côtés". Ainsi, une amphore est un vase à deux anses, un amphithéâtre est un théâtre conçu avec un espace de représentation et un pour les gradins, un amphisbène est un serpent pouvant ramper dans les deux sens, et un amphigouri est un discours "dépourvu d'ordre et de sens". Ambi- est présent, par exemple, dans ambigu "avoir plusieurs sens", ambivalent "deux choses distinctes, voir opposées", ambiant "ce qui est autour" ou dans ambition "aller autour".

Amphibiologie
Construit sur ἀμφὶ "des deux côtés" et βίος "vie", amphibie désigne le fait de vivre deux choses différentes. Adjectif ou nom, amphibie, lorsqu'il est question d'hominines, est l'état d'une personne qui défend des opinions contradictoires ou occupe des fonctions antagonistes. Lorsqu'il s'agit du reste du vivant, la qualité d'amphibie est celle des espèces dont le rythme biologique se situe entre l'eau et la terre. Que ce soit pour la reproduction, pour certains stades de leur évolution, pour leurs capacités à vivre longtemps ou régulièrement dans un environnement humide ou dans l'eau. L'hippopotame, l'éléphant de mer ou l'alligator sont des amphibies. Le qualificatif de amphibie est aussi employé pour les objets adaptés au deux éléments, tel un aéroglisseur ou la voiture de James Bond.

Parmi les amphibies, les amphibiens sont une autre classification du vivant qui inclut l'ensemble des êtres vivants terrestres nés dans environnement aquatique et dont la survie au stade adulte dépend de cet environnement. Les salamandres et les grenouilles sont des amphibiens. Toutes deux se reproduisent dans un milieu humide dans lequel elles vivent et se développent à l'état larvaire, avant de devenir des adultes terrestres, respirant de l'oxygène, dont la biologie impose une constante humidité du corps. L'ancienne appellation de batracien, du grec βατραχος "grenouille", comprenait tout aussi bien les amphibiens qui conservent leur queue au stade adulte (salamandre et triton) et les autres qui la perdent à ce stade (grenouille). Et aussi les quelques espèces d'amphibiens dépourvus de pattes, se déplaçant en rampant. Malgré la nouvelle dénomination d'amphibien, la science dédiée reste la batrachologie. Pour des raisons mystérieuses, il n'a pas été fait le choix de la renommer amphibiologie ou amphibologie.

L’homme est né dans l’eau, son ancêtre est la grenouille et l’analyse des langues humaines apporte la preuve de cette théorie.[1]

Auteur en 1871 de La Natation ou l’art de nager appris seul en moins d’une heure, puis inventeur de la "ceinture-caleçon aérifère de natation à double réservoir compensateur", Jean-Pierre Brisset[2] est sans conteste un grand spécialiste des amphibiens. Observateur dès son plus jeune âge des grenouilles, il les placent au centre de ses réflexions sur les origines des hominines et de leurs langages. Professeur de français et polyglotte, il entend dans les coassements les sons primaires constitutifs des langues, et singulièrement du français. Il a pour projet de réaliser un dictionnaire de toute les langues, basé sur ses connaissances linguistiques et sa passion pour les grenouilles. Du point de vue de la biologie évolutionniste, il place les grenouilles dans la généalogie des hominines et en fait leurs ancêtres directs, s'appuyant sur les similarités qu'il voit dans les squelettes. Jean-Pierre Brisset joue tout autant avec les mots qu'avec les formes, il réinterprète les sons et remodèle les sens. Amphibie entre deux eaux et amphibien entre deux os, il se fait chantre d'une amphibologie entre deux zoos. Cette passion croissante fait de Jean-Pierre Brisset le fondateur malgré-lui et unique représentant de l'amphibiologie.

On peut dire que la vie commença par la lettre i, comme c'est par la laiterie que l'enfant commence à vivre.[3]

Amphibologie protivophile

Le sens des mots n'est pas une science sûre. Il évolue au fil des siècles, s'éloignant parfois considérablement de son étymologie première pour des raisons qui ne sont pas en lien avec le sens mais pour des considérations historiques ou des fluctuations dans les pratiques. Les contextes politiques, sociaux ou économiques influent sur les pratiques linguistiques, tout autant que celles-ci marquent de leur empreinte leurs environnements. Pour la protivophilie les termes de analecte et rien — que l'on retrouvent dans le titre de l'ouvrage de F. Merdjanov, Analectes de rien[4] — sont deux exemples de glissements entre le sens premier, étymologique, et ceux qu'ils prendront par la suite. Analecte qui désigne dans un premier temps une collecte de petites choses éparpillées, prend ensuite le sens de "miette" puis, par extension, est utilisé pour nommer les esclaves autorisés à ce nourrir des restes des repas de leurs maîtres. La banalisation de l'esclavagisme tend alors à faire disparaître ce sens de l'usage du français pour progressivement le remplacer par celui de "anthologie", de "recueil littéraire". Le terme rien a subi lui aussi un glissement de sens entre son étymon rem qui signifie "chose" et le sens classique actuel qui en fait un synonyme de "néant". Ainsi, l'expression analectes de rien est amphibologique dans la mesure où les sens possibles sont multiples et dépendent essentiellement de l'hominine qui l'utilise et de la raison pour laquelle ille le fait.

Nos travaux les plus récents ne nous permettent pas de comprendre le sens exact que F. Merdjanov a voulu donner à ce mot. Peut-être a-t-il été choisi pour cette polysémie plaisante, pour ses glissements possibles et ses débordements de sens. [...] Écrit au pluriel, analectes renvoie de cette manière à tout cela en même temps : cueillette, choix, recueil, esclave, miette. Cinq mots qui, pêle-mêle, en disent long sur la condition humaine.[5]

Amphibibliologie
De nombreux mots et expressions de la langue française peuvent avoir un caractère amphibologique. Soit à cause de leur histoire et des nombreux sens que les pratiques linguistiques ont conservé, soit par l'utilisation délibérée de l'ambiguïté qu'ils sous-tendent, soit par une proximité d'orthographe malgré des étymologies et des sens différents. Il serait fastidieux de se lancer dans une énumération des possibilités amphibologiques. Prétentieux même, tant elles sont diverses. Il n'y a pas de mécanismes linguistiques généraux pour expliquer l'existence d'amphibologies mais une multitude de cheminements historiques pour chaque mot et expression et qui en font des singularités.

Si elles peuvent être matière à calembours, drôleries ou autres jeux de mots, les amphibologies sont aussi au cœur des discours spécialisés dans le double-sens : la politique, la religion, la philosophie et la culture. Exemples parmi d'autres. Les intentions sont alors portées par leurs idéologies sous-jacentes et les amphibologies se font armes de persuasion. Au mieux, les mots et expressions sont détournés pour prendre un nouveau sens et ainsi être conservé, au pire ils deviennent des insultes. Triste sort que celui du mot "révolution" et ses dérivés, devenu un slogan publicitaire courant ou un synonyme de son contraire, ou bien encore de celui de "écosystème" qui désigne dorénavant aussi bien le système écologique que le système économique qui le saccage. L'amphibologie est ici un procédé.

Si le terme de nihiliste est un peu désuet et peu employé dans le domaine de l'insulte, ou tout du moins du dénigrement, celui de individualisme semble faire l'unanimité dans les discours politiques, philosophiques et religieux. Dans un sens très éloigné de celui que lui donnent les hominines qui s'en réclament, l'individualisme est utilisé pour désigner des comportements jugés contraires à la bonne marche des sociétés actuelles d'hominines alors que celles-ci sont montrées comme les garantes du bien-être individuel. Par extension, tout comportement déviant devient individualisme ! En même temps, le terme d'individualisme est employé pour nommer les comportement sociaux typiques créés par ces mêmes sociétés d'hominines. Pour celleux qui se revendiquent de l'individualisme il est plutôt une approche qui met l'individu au centre de la réflexion : Rien ne justifie a-priori une acceptation de l'existant, rien ne prédispose à admettre que les regroupements sociaux d'hominines ne sont pas des formes d'enfermement. Dans des contextes et des temporalités différentes, les termes nihilisme ou anarchisme ont subi des processus similaires. Dans l'usage commun, tous trois perdent ainsi leurs dimensions politiques pour n'être plus que des qualificatifs péjoratifs pour désigner des attitudes ou des réflexions jugées néfastes.

– C’est un nihiliste.
– Comment ? lui demanda son père. Quant à Paul, il leva son couteau dont l’extrémité portait un morceau de beurre, et resta immobile.
– C’est un nihiliste, répéta Arcade.
– Un nihiliste, dit Kirsanof. Ce mot doit venir du latin nihil, rien, autant que je puis juger, et par conséquent il signifie un homme qui… qui ne veut rien reconnaître ?
– Ou plutôt qui ne respecte rien, dit Paul qui se remit à beurrer son pain.
– Un homme qui envisage toute chose à un point de vue critique, reprit Arcade.
– Cela ne revient-il pas au même ? demanda son oncle.
– Non, pas du tout ; un nihiliste est un homme qui ne s’incline devant aucune autorité, qui n’accepte aucun principe, sans examen, quel que soit le crédit dont jouisse ce principe.[6]

Cas 1

L'individualisme est ici à comprendre dans un sens péjoratif pour celleux qui l'utilisent. Il est synonyme de égocentrisme[1 1], c'est à dire que chaque hominine ne pense qu'à sa seule personne, sans considération pour les autres. Dans ce discours critique, l'individualisme est montré comme opposé au bien-être des individus, contraire à leurs intérêts, et les sociétés d'hominines comme les seuls refuges possibles et souhaitables.

Tout le monde peut entendre[1 2] que l'individualisme est la fin[1 3] de l'individu. Se croiser[1 4] sans se découvrir[1 5], rien n'a plus[1 6] de sens. Entraver[1 7] l'autre est une manière de mieux en profiter[1 8]. De mieux cerner[1 9]. Les liens[1 10] se forgent et se renforcent[1 11] doucement[1 12]. Galvanisation[1 13] illusoire de la chétivité[1 14]. L'effet est formidable[1 15] sur les individus, et entre elleux il n'y a plus rien[1 16]. L'individualisme résume cette situation par le populaire[1 17] "Baiser[1 18] et se faire baiser ![1 19]"

Notes

  1. égocentrisme
  2. Entendre, du latin classique intendere "étendre, tendre (quelque chose) vers" et par extension "tendre, diriger (regard, esprit, attention, etc.) vers", signifie "percevoir avec son ouïe".
  3. Fin, du latin finis "limite", désigne l'arrêt de quelque chose dans l'espace ou dans le temps, la "disparition" ou la "mort".
  4. Croiser signifie que deux choses ne sont reliées que par un unique point d'intersection. Par extension, "se croiser", c'est ne pas parvenir à se rencontrer durablement ou tout simplement "se rater"
  5. Découvrir, c'est être dans le processus de connaissance d'une autre personne.
  6. La non-prononciation du s final de plus lui donne une valeur négative. Comme dans "Rien ne va plus".
  7. Entraver, du latin trabs "poutre", signifie mettre entre deux travées pour empêcher ou gêner tout mouvement.
  8. Profiter signifie "tirer avantage" et par extension "abuser". "Exploiter abusivement la faiblesse, la gentillesse, la naïveté de quelqu'un".
  9. Cerner, "entourer de tous côtés de manière à ôter toute communication, tout moyen de fuite ou de secours extérieur".
  10. Du latin ligamen, "lien, cordon, bande, bandage", lien désigne ce qui attache, avec ou sans son consentement, une personne pour la contraindre. Les liens sont de l'ordre du matériel, du sociétal ou du psychologique
  11. Renforcer signifie "rendre plus contraignant, plus sévère".
  12. doucement
  13. Galvanisation
  14. chétivité
  15. formidable
  16. il n'y a rien
  17. populaire
  18. Baiser
  19. !

Cas 2

L'individualisme est ici à comprendre dans un sens favorable pour celleux qui l'utilisent. Il est synonyme de égoïsme[2 1], c'est à dire que chaque hominine pense les autres avec autant de considération que sa propre personne. Dans ce discours élogieux, l'individu est une personne et doit exacerber pour son bien ses singularités face au collectif. L'égalité entre égos est la condition fondamentale de tout groupement d'hominines : L'égauïsme est à inventer.

Tout le monde peut entendre[2 2] que l'individualisme est la fin[2 3] de l'individu. Se croiser[2 4] sans se découvrir[2 5], rien n'a plus[2 6] de sens. Entraver[2 7] l'autre est une manière de mieux en profiter[2 8]. De mieux cerner[2 9]. Les liens[2 10] se forgent et se renforcent[2 11] doucement[2 12]. Galvanisation[2 13] illusoire de la chétivité[2 14]. L'effet est formidable[2 15] sur les individus, et entre elleux il n'y a plus rien[2 16]. L'individualisme résume cette situation par le populaire[2 17] "Baiser[2 18] et se faire baiser ?[2 19]"

Notes

  1. égoïsme
  2. Entendre, du latin classique intendere "étendre, tendre (quelque chose) vers" et par extension "tendre, diriger (regard, esprit, attention, etc.) vers", signifie "comprendre".
  3. Fin, du latin finis "limite", désigne le but qui constitue le terme de quelque chose, sa "finalité", son "objectif".
  4. Croiser signifie que deux choses s’entremêlent et "se croiser" exprime une relation entre deux choses. Se croiser c'est se rencontrer.
  5. Découvrir, "exposer quelqu'un ou quelque chose à un danger en le démunissant de ce qui servait à le protéger". Se découvrir, c'est s'exposer, se rendre vulnérable
  6. La prononciation du s final de plus lui donne une valeur positive. Comme dans "Rien de plus".
  7. Entraver, du latin interrogare "questionner" et dérivé d'une ancienne forme enterver, signifie "comprendre".
  8. Profiter signifie "procurer un bénéfice, un avantage matériel ou moral"
  9. Cerner signifie comprendre en observant et en étudiant. Discerner c'est parvenir à faire la différence entre deux choses confondues.
  10. Du latin ligamen, "lien, cordon, bande, bandage", lien désigne ce qui unit des personnes entre elles, inconsciemment ou non, involontairement ou non. Les liens sont d'ordre symbolique, sentimental ou idéologique.
  11. Renforcer signifie "rendre plus intense, plus marqué". Synonyme de "fortifier"
  12. doucement
  13. Galvanisation
  14. chétivité
  15. formidable
  16. il n'y a rien
  17. populaire
  18. Baiser
  19. ?

Cas 3

L'individualisme est ici à comprendre dans un sens ludique pour celleux qui l'utilisent. Il est synonyme de égosolisme[3 1], c'est à dire que chaque hominine pense les autres avec autant d'attention que sa propre personne. Dans ce discours érotique, l'individu est face à l'autre et doit explorer les singularités pour faire collectif. La sexualité est un point de rencontre. Lorsque l'abandon est réciproque l'exploration individualiste se fait explosion.

Tout le monde peut entendre[3 2] que l'individualisme est la fin[3 3] de l'individu. Se croiser[3 4] sans se découvrir[3 5], rien n'a plus[3 6] de sens. Entraver[3 7] l'autre est une manière de mieux en profiter[3 8]. De mieux cerner[3 9]. Les liens[3 10] se forgent et se renforcent[3 11] doucement[3 12]. Galvanisation[3 13] illusoire de la chétivité[3 14]. L'effet est formidable[3 15] sur les individus, et entre elleux il n'y a plus rien[3 16]. L'individualisme résume cette situation par le populaire[3 17] "Baiser[3 18] et se faire baiser...[3 19]"

Notes

  1. égosolisme
  2. Entendre, du latin classique intendere "étendre, tendre (quelque chose) vers" et par extension "tendre, diriger (regard, esprit, attention, etc.) vers", signifie tout autant "percevoir avec son ouïe" que "comprendre".
  3. Fin, du latin finis "limite", désigne le but qui constitue le terme de quelque chose, sa "finalité", son "objectif".
  4. Croiser signifie que deux choses s’entremêlent et "se croiser" exprime une profondeur quant à la relation entre les deux choses. Se croiser c'est s’entremêler.
  5. Se découvrir est synonyme de se dévoiler, se mettre à nu. Au sens propre comme au figuré.
  6. La prononciation du s final de plus lui donne une valeur positive. Comme dans "Plus ou moins rien".
  7. Entraver est la forme verbale de entrave qui désigne les chaînes, les liens ou les cordes avec lesquelles on attache une personne.
  8. Profiter signifie "mettre à profit". Par extension, "en profiter" sous-entend les bonnes dispositions dans lesquelles sont les individus en action. "En profiter pour rien faire", par exemple.
  9. Cerner signifie accentuer des contours, souligner des formes. Par extension "faire le tour de quelqu'un"
  10. Les liens sont tous les ustensiles et procédés permettant à une personne d'en attacher une autre, ou à une personne de se faire attacher, afin de contraindre volontairement tout ou partie du corps.
  11. Renforcer signifie "rendre plus puissant, plus efficace".
  12. doucement
  13. Galvanisation
  14. chétivité
  15. formidable
  16. il n'y a rien
  17. populaire
  18. Baiser
  19. ...

Protivophilie amphibologique

Cas unique

Notes

  1. Jean-Pierre Brisset
  2. Jean-Pierre Brisset
  3. Jean-Pierre Brisset, La Grammaire logique, résolvant toutes les difficultés et faisant connaître par l'analyse de la parole la formation des langues et celle du genre humain, 1883
  4. F. Merdjanov, Analectes de rien, Gemidžii Éditions, 2017 - En ligne
  5. "Vie et œuvre de F. Merdjanov" dans F. Merdjanov, Analectes de rien, 2017
  6. Ivan Tourgueniev, Pères et fils. Cité à l'entrée "style de vie" dans F. Merdjanov, Analectes de rien