Apathée
Apathée (Апате en macédonien - Apatea en nissard) Qui exprime un désintérêt total pour la question de l'existence de dieu(x).
SommaireÉtymologieLe terme apathéisme est construit à partir du préfixe privatif a- qui signifie "sans" et des racines grecques pathos et theos, respectivement le "sentiment" et "dieu". Le suffixe -isme caractérise une "doctrine". Il est un mot valise qui mélange apathie et théisme, le premier étant "l'état d'une âme devenue volontairement étrangère aux affections sensibles" et le second "une doctrine qui admet l'existence d'un Dieu unique et personnel comme cause transcendante du monde" selon le Trésor de la langue française [1]. La plus ancienne occurrence connue de apathéisme date de 1972 après JCⒸ [2] sous la plume d'un sociologue anglo-canadien, Stuart Johnson. Plus récemment, il est repris et "popularisé" en 2003 par l'auteur étasunien Jonathan Rauch dans son article "Let It Be" publié dans The Atlantic Monthly [3]. Apathéisme est la traduction de l'anglais apatheism. Que ce soit en français ou en anglais, ce mot-valise joue sur l'ambiguïté de sa construction. En effet, sans que cela en change le sens, il peut être considéré comme composé de apathie et théisme tout autant que de apathie et athéisme, l'affirmation qu'il n'existe aucune divinité.
L'apathéisme ne doit pas être confondu avec les autres mots qui expriment de la défiance vis-à-vis du fait religieux que sont l'athéisme, l'antithéisme [5], l'agnosticisme ou l'irreligionisme. Le premier affirme son propre refus de la croyance en une divinité, le second s'oppose à toute croyance religieuse. La première mention d'antithésime revient à Pierre-Joseph Proudhon dans Idée générale de la Révolution en 1851 et selon l'article de l'encyclopédie Wikipedia consacré à ce mot, il peut se résumer ainsi : "Toute religion sans exception, car c'est dans la nature même de la religion, crée des lois éternelles et universelles. Toute religion est par nature en contradiction avec l'humanité. L'humanité, pour exister, doit nier l'existence de Dieu, non pas malgré l'hypothèse de son existence, mais à cause même de cette hypothèse." [6] L'antithéisme est une forme d'athéisme militant. L'agnostique [7] ne veut pas se prononcer sur l'existence ou non d'une divinité, l'absence de preuves dans un sens ou dans l'autre justifie cette position indécise, là où l'irréligion se contente d'un refus d'une quelconque religion sans pour autant rejeter cette hypothétique existence. La mise à mort de dieux n'est pas nécessaire. De ce point de vue, leur inexistence est plutôt chose pratique. Pas de temps à perdre. Le cas contraire est un sujet de science-fiction dont s'empare Isaac Asimov dans La dernière réponse :
UsagesL'emploi de mots relatifs aux mythologies religieuses inventées par les hominines n'est pas aisé. Bien souvent, ils valident, même de façon indirecte, les postulats fantasmagoriques des religions. Le blasphème est un bon exemple de cela. Pour des esprits empreints de religiosité, il est une manière de "proférer des propos injurieux contre ce qui est respectable" [9], de tenir des propos "qui outragent la Divinité, la religion" selon le Littré [10]. Encore faut-il admettre pour cela l'existence de cette divinité. Parce que sinon il n'y a personne à insulter. Dire que le Père Noël est une ordure ne le fait pas exister pour autant et il n'y a aucun acte blasphématoire à cela. Le blasphème est une histoire qui ne concernent que les hominines qui portent du crédit à leurs propres croyances. Ce sont elleux qui le prennent mal et qui se vexent, non pas leur divinité imaginaire. Ce sont elleux qui ne doivent pas blasphémer, par respect absolu envers le sujet de leur dévotion. Les autres font bien ce qu'illes veulent. Le même raisonnement peut s'appliquer au verbe profaner qui désigne l'action de "porter atteinte à une chose revêtue d'un caractère sacré, par un acte d'irrévérence ou un acte impie." [11] Ainsi, ce qui peut être "profanable" doit être avant toute chose sacralisé. Pour celleux qui ne prêtent pas la moindre importance à cet aspect religieux, une église n'est pas profanée mais simplement détériorée, détruite ou saccagée. Idem pour une tombe qui n'est pas profanée mais tout simplement pillée, vandalisée. Le même processus est en jeu dans l'emploi du verbe violer [12] qui désigne l'action de "pénétrer dans un lieu sacré ou protégé par la loi" sans avoir l'autorisation de le faire. Ainsi, violer une sépulture c'est transgresser les interdits et la morale religieuse autour des hominines sans vie. Les neuf éditions du dictionnaire de l'Académie française, entre 1694 et 1935, égrainent les exemples de ce qui se viole : les lois, les règles, sa foi, son serment, ses engagements, ses vœux, les principes, etc. Cette liste établie par les gérontes de l'Académie précise que le sens de "violer" est aussi "faire violence à une fille, à une femme, la prendre de force." La construction idéologique de cette dernière définition n'est pas un hommage aux hominines femelles qui subissent des violences sexuelles non consenties mais sous-entend une réaffirmation de la propriété masculine sur le corps féminin, ou de la misogynie ordinaire qui sacralise le sexe féminin qui se doit de demeurer "pur et vierge". Non souillé par une profanation. Dans un cas, il s'agit d'une atteinte au droit de propriété — sacrée — celle de l'hominine femelle par l'hominine mâle. Dans l'autre, le viol est réduit à une souillure d'un lieu ou d'un objet. À une simple transgression d'un interdit moral, sans considération pour les conséquences d'un tel acte. Sans attendre la prochaine version du dictionnaire, promise depuis 1935, l'autrice Virginie Despentes corrige les gérontes dans son ouvrage Baise-moi paru en 1994 et consacré à la parité entre hominines mâles et femelles :
Dans le domaine du refus total de la religiosité, les mots ont une importance certaine. Bien que considéré prophète de l'athéisme par les hominines qui l'encensent, les propos du philosophe Karl Marx peuvent prêter à confusion. Selon lui, "la misère religieuse est, d'une part, l'expression de la misère réelle, et, d'autre part, la protestation contre la misère réelle. La religion est le soupir de la créature accablée par le malheur, l'âme d'un monde sans cœur, de même qu'elle est l'esprit d'une époque sans esprit. C'est l'opium du peuple." [14] Pour cet hominine du XIXème siècle, l'opium est autant considérée comme une drogue puissante que comme un analgésique efficace. Un mal nécessaire en attendant que "la critique du ciel se transforme ainsi en critique de la terre, la critique de la religion en critique du droit, la critique de la théologie en critique de la politique" car "le véritable bonheur du peuple exige que la religion soit supprimée en tant que bonheur illusoire du peuple. Exiger qu'il soit renoncé aux illusions concernant notre propre situation, c'est exiger qu'il soit renoncé à une situation qui a besoin d'illusions. La critique de la religion est donc, en germe, la critique de cette vallée de larmes, dont la religion est l'auréole." [14] Pour éviter les contre-sens et actualiser la traduction de la célèbre pseudo-formule "La religion c'est l'opium du peuple", il est préférable d'utiliser plutôt le terme opiacé. Depuis des millénaires, les pensées religieuses sont totalitaires et contraignent les hominines à adhérer à leurs dogmes à travers, par exemple, la morale et la ritualisation du quotidien — l'habillement, la sexualité, la parole, pour n'en citer que quelques uns — sous peine de se faire exclure des sociétés d'hominines. Par l'emprisonnement, le châtiment corporel ou le bannissement. Voire la mise à mort. Les époques contemporaines sont un peu différentes. Même si la morale est toujours imprégnée de religiosité. À l'heure de #MeToo, il est dorénavant possible d'affirmer que Marie, la mère putative de Jésus, a été abusée sexuellement par la divinité ou de dire que "Dieu n'est qu'un gros fils de pute" ou un "Tas de merde", bien que ces deux dernières insultes ne soient pas très respectueuses des travailleuses du sexe ou vis-à-vis des scatophiles [15] et autres coprophages [16]. Pour celleux qui veulent prendre du plaisir à insulter dieu, et par conséquent critiquer les ouailles et leurs mythologies, il y a mille autres façons de le faire. Rien à craindre car, comme le titre Christopher Hitchens, Dieu n'est pas grand [17]. Les plus fanatiques dont il y a tout à craindre, ce sont les hominines qui y croient. Personne n'est jamais mort d'une vengeance divine directe, mais des millions le sont des mains même des hominines au nom de leur(s) divinité(s).
Entre "Rien à branler" et "Peu me chaut" [19], s'affirmer apathéiste est une manière "civilisée" et socialement acceptable de refuser de discuter avec des hominines de leurs mythologies et de la pertinence de leurs croyances en l'existence d'une divinité. Quelle soit ou non créatrice, supérieure aux hominines, bien intentionnée, etc. Peu importe. Même avec toutes les nuances qui existent entre les différentes religions et croyances, les hominines se trouvent toujours au centre de l'existant. La seule espèce digne de recevoir un message de dieu ou d'avoir son attention. Manifestement, les fourmis et les pachydermes n'en sont pas dignes. Pour ne citer que deux exemples parmi une infinité. Précisions
La protivophilie n'utilise pas les termes apathéisme et apathéiste car ces constructions en -isme et -iste supposent une théorie autour du sujet. Une théorie qui est une réponse à une autre, celle sur l'existence de dieu. Or, il n'est pas possible de qualifier ainsi les spéculations et les divagations sur la présence divine. Elles reposent sur leurs propres affirmations. Si l'on s'en tient aux critères de recevabilité d'une encyclopédie comme Wikipédia, elles ne peuvent bénéficier d'un article à part entière car aucune source extérieure à elles-mêmes n'est mentionnée. Elles sont, tout au plus, des mythologies pour adultes ou des contes enfantins. Les seules discussions possibles sont celles concernant les implications dans le réel des religions. Et pour cela il existe déjà des "sciences humaines" dédiées. La sociologie, l'histoire, l'anthropologie, l'archéologie, l'épigraphie, etc. Les religions ne sont pas une dimension spirituelle mais un phénomène social qui impacte la vie des hominines. Elles doivent être seulement appréhendées de la sorte. Par conséquent, le terme apathée est préférable à apathéisme afin de ne pas donner de l'importance à ce qui n'en a pas. Est apathée, toute personne ne s'intéressant pas aux élucubrations religieuses. Utile pour des sociétés d'hominines ségréguées, le terme est épicène. Un hominine mâle est aussi apathée que l'est son homologue femelle, transgenre ou autres. F. Merdjanov est apathée [20]. "Apathée" s'emploie en tant que nom ou adjectif. Dans la vie quotidienne "Être apathée" consiste à ne pas avoir de temps à perdre pour démonter des récits imaginaires. Être en équilibre protivophile entre l'amical "Arrête avec tes mythos !" et la formule sèche "Lorsqu'on en sait rien, le mieux c'est de rien dire. Pas la peine de s'inventer des histoires." L'apathée n'est pas une théorie. L'idée même de dieu doit s'estomper de l'esprit des hominines. L'oubli est une fin. La lutte contre dieu est sans intérêt, mais celle contre les religions est primordiale. À l'instar d'Anacharsis Cloots [21] qui se déclarait "Ennemi personnel de Jésus ChristⒸ". Selon les plus optimistes, des processus de négation des religions sont signalés à travers toute la planète. "Apathées de tous les pays, réjouissez vous !" Pour les pessimistes, le désintérêt pour la religion n'est pas un phénomène si visible. Selon l'historienne Petula Clark, l'époque contemporaine est très troublée :
Comme le dit F. Merdjanov, "à tout [cela] répond mon rire". [20] Notes
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