3282 : Différence entre versions
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<blockquote>''La merde sera toujours infiniment plus noble et plus propre que l'argent. En général d'ailleurs, la merde n'est rien de mauvais. Jamais homme au monde n'a été autant et aussi injustement calomnié, décrié, vilipendé que la merde. Sa réhabilitation éclatante n'est qu'une question de temps. Qu'est-ce que la merde ? Partie intégrante de mets que tu manges de bon appétit, joints à divers sucs corporels, c'est-à-dire une tranche de ton corps ; — lesdits sucs pénètrent ladite partie intégrante, l'élèvent dans une certaine mesure jusqu'à l'organicité, en font pour ainsi dire un constituant de l'homme — la merde, c'est à moitié nous : c'est pourquoi elle ne nous a pas empêchés de prendre place parmi les dieux. La merde remplit par ailleurs des fonctions importantes dont la science d'aujourd'hui n'a jamais rêvé ; le cas échéant, l'âme elle-même peut y élire domicile ; nous devrions traiter nos excréments avec plus d'égards, au lieu de les lâcher à travers une cuvette de chiotte, du haut d'un quatrième étage, par exemple, en nous fichant pas mal de savoir s'ils ne vont pas se casser le cou en tombant ; voyons plutôt les cérémonies pieuses avec lesquelles le chat ensevelit les siens.''<ref>Ladislav Klima, ''Le Grand Roman''</ref></blockquote> | <blockquote>''La merde sera toujours infiniment plus noble et plus propre que l'argent. En général d'ailleurs, la merde n'est rien de mauvais. Jamais homme au monde n'a été autant et aussi injustement calomnié, décrié, vilipendé que la merde. Sa réhabilitation éclatante n'est qu'une question de temps. Qu'est-ce que la merde ? Partie intégrante de mets que tu manges de bon appétit, joints à divers sucs corporels, c'est-à-dire une tranche de ton corps ; — lesdits sucs pénètrent ladite partie intégrante, l'élèvent dans une certaine mesure jusqu'à l'organicité, en font pour ainsi dire un constituant de l'homme — la merde, c'est à moitié nous : c'est pourquoi elle ne nous a pas empêchés de prendre place parmi les dieux. La merde remplit par ailleurs des fonctions importantes dont la science d'aujourd'hui n'a jamais rêvé ; le cas échéant, l'âme elle-même peut y élire domicile ; nous devrions traiter nos excréments avec plus d'égards, au lieu de les lâcher à travers une cuvette de chiotte, du haut d'un quatrième étage, par exemple, en nous fichant pas mal de savoir s'ils ne vont pas se casser le cou en tombant ; voyons plutôt les cérémonies pieuses avec lesquelles le chat ensevelit les siens.''<ref>Ladislav Klima, ''Le Grand Roman''</ref></blockquote> | ||
− | Ces deux technologies sont particulièrement écologiques. Elles se complémentent et peuvent s'utiliser conjointement. Comme n'importe quelle bouée, la ceinture-caleçon aérifère fonctionne tout aussi bien avec de l'air pollué. L'utilisation massive de ce système nautique permet ainsi d'emprisonner un peu d'air nocif. Autre tournant écologique, le véhicule terrestre du présent fonctionne sans que l'eau soit potable et recycle totalement son carburant. Zéro déchet. En un millénaire, l'ancienne technologie de la cuve et du flotteur des WC a considérablement évoluée. Dorénavant il n'y a plus de contact entre l'eau et les excréments, un phénomène chimique, amplifié par la technologie, et qui est la source de ce carburant nouveau. Depuis des siècles, les hominines savent que les excréments ne font pas bon ménage avec les eaux potables. De vieux stocks d'eau en bouteille plastique, datant du premier quart du XXI<sup><small>ème</small></sup> siècle, sont connus pour avoir un fort goût de merde les rendant imbuvables. <ref> | + | Ces deux technologies sont particulièrement écologiques. Elles se complémentent et peuvent s'utiliser conjointement. Comme n'importe quelle bouée, la ceinture-caleçon aérifère fonctionne tout aussi bien avec de l'air pollué. L'utilisation massive de ce système nautique permet ainsi d'emprisonner un peu d'air nocif. Autre tournant écologique, le véhicule terrestre du présent fonctionne sans que l'eau soit potable et recycle totalement son carburant. Zéro déchet. En un millénaire, l'ancienne technologie de la cuve et du flotteur des WC a considérablement évoluée. Dorénavant il n'y a plus de contact entre l'eau et les excréments, un phénomène chimique, amplifié par la technologie, et qui est la source de ce carburant nouveau. Depuis des siècles, les hominines savent que les excréments ne font pas bon ménage avec les eaux potables. De vieux stocks d'eau en bouteille plastique, datant du premier quart du XXI<sup><small>ème</small></sup> siècle, sont connus pour avoir un fort goût de merde les rendant imbuvables. <ref>"Nouvelles contaminations dans l’usine Perrier, les autorités sanitaires préconisent le retrait du label Eau minérale naturelle", ''France Info'', avril 2025 - [https://www.franceinfo.fr/environnement/pollution/qualite-de-l-eau/info-franceinfo-nouvelles-contaminations-dans-l-usine-perrier-les-autorites-sanitaires-preconisent-le-retrait-du-label-eau-minerale-naturelle_7195530.html En ligne]</ref> |
== Conquête spatiale == | == Conquête spatiale == | ||
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− | L'idée même d'envoyer des hominines au plus loin du sol n'est pas nouvelle. Les archives contiennent quelques mentions d'expériences et de procédés divers pour faire décoller des objets, des animaux non-hominines, tel que des vaches <ref> | + | L'idée même d'envoyer des hominines au plus loin du sol n'est pas nouvelle. Les archives contiennent quelques mentions d'expériences et de procédés divers pour faire décoller des objets, des animaux non-hominines, tel que des vaches <ref>Réalisé en 1975 par les Monty Python, le documentaire britannique ''Sacré Graal'' mentionne l'utilisation de vaches, ''cow'' in english, pour en faire des ''cow-tapult'' - [https://www.youtube.com/watch?v=JQ8jGqdE2iw En ligne]</ref>, mais aussi des hominines. Avec dans ce dernier cas, des efforts particuliers pour que les personnes survivent à ce vol. La technologie nécessaire pour projeter une masse aussi lourde dans les airs est plus complexe que le simple lance-pierre, même de grande taille. Des textes anciens utilisent le terme de ''catapulte'' ou de ''trébuchet'', l'une utilisant le principe de la corde d'arc tendu, et l'autre une technique de contre-poids et de balanciers. Deux armes utilisées pour assiéger une ville ou une forteresse lors de conflits militaires. Des objets sont envoyés pour détruire la cible ou, parfois, des cadavres porteurs d'une maladie contagieuse. Historiquement le trébuchet succède à la catapulte entre les XII<sup><small>ème</small></sup> et XV<sup><small>ème</small></sup> siècles du second millénaire. Après JC<small><sup>Ⓒ</sup></small>. Il est plus puissant et plus précis. L'utilisation certifiée d'un trébuchet pour propulser des hominines dans les airs est datée des années 1990. La machine envoie à plus de trente mètres de haut les hominines qui le veulent dans un parc d'attraction du Royaume-Uni. La mort en 2008 de l'hominine masculin — selon les classifications sociales de cette époque — qui tombe à côté du filet de sécurité est la dernière date connue d'un usage de ce procédé mécanique et archaïque d'exploration de l'espace. <ref>"Ces personnes se font catapulter dans les airs grâce à une arme du Moyen-Age", ''Gentside'', 2014 - [https://archive.wikiwix.com/cache/index2.php?url=http%3A%2F%2Fwww.gentside.com%2Fsport-extr%25EAme%2Fces-personnes-se-font-catapulter-dans-les-airs-grace-a-une-arme-du-moyen-age_art59537.html En ligne]</ref> |
− | Des textes anciens utilisent le terme de ''catapulte'' ou de ''trébuchet'', l'une utilisant le principe de la corde d'arc tendu, et l'autre une technique de contre-poids et de balanciers. Deux armes utilisées pour assiéger une ville ou une forteresse lors de conflits militaires. Des objets sont envoyés pour détruire la cible ou, parfois, des cadavres porteurs d'une maladie contagieuse. Historiquement le trébuchet succède à la catapulte entre les XII<sup><small>ème</small></sup> et XV<sup><small>ème</small></sup> siècles du second millénaire. Après JC. Il est plus puissant et plus précis. L'utilisation certifiée d'un trébuchet pour propulser des hominines dans les airs est datée des années 1990. La machine envoie à plus de trente mètres de haut les hominines qui le veulent dans un parc d'attraction du Royaume-Uni. La mort en 2008 de l'hominine masculin — selon les classifications sociales de cette époque — qui tombe à côté du filet de sécurité est la dernière date connue d'un usage de ce procédé mécanique et archaïque d'exploration de l'espace. <ref>"Ces personnes se font catapulter dans les airs grâce à une arme du Moyen-Age", ''Gentside'', 2014 - [https://archive.wikiwix.com/cache/index2.php?url=http%3A%2F%2Fwww.gentside.com%2Fsport-extr%25EAme%2Fces-personnes-se-font-catapulter-dans-les-airs-grace-a-une-arme-du-moyen-age_art59537.html En ligne]</ref> | ||
Les visées spatiales du IV<sup><small>ème</small></sup> millénaire sont de dépasser la couche polluée et de revenir en un seul morceau. Sans subir le mystérieux effet destructeur de flasques. Avec une trajectoire en cloche ou à la verticale est un débat animé dans la communauté scientifique qui fait de la recherche sur ce sujet. La question divise. L'histoire ancienne de l'exploration spatiale est une nébuleuse de personnes inconnues. Avec des approches scientifiques différentes, Robert Saint-Rose <ref name="#ros">Robert Saint-Rose</ref>, Jean Perdrizet <ref name="#per">Jean Perdrizet</ref> et Jean-Claude Ladrat <ref name="#lad">Jean-Claude Ladrat</ref>, pour ne citer que les plus célèbres, tentent d'imaginer le voyage spatial dans la seconde moitié du XX<sup><small>ème</small></sup> siècle. Les hominines sont à un tel niveau de technique et de technologie qu'il est sérieusement possible de l'envisager. Rien à voir avec l'imaginaire de ''Star Trek'' qui, vu maintenant de 3282, s'avère parodique et totalement décalé avec la réalité. <ref>Sur cette problématique, voir le documentaire ''Galaxy Quest''. Bande-annonce [en ligne]</ref> Que d'exagérations ! Que d'anti-rétro-futurisme ! Et que dire de la très drôle ''Star Wars'' ! Malgré ses aspects désuets, cette série de documentaires est encore aujourd'hui, en 3282, très connue car depuis maintenant quelques siècles, le combat avec des faux sabres laser est un sport officiel dans plusieurs régions de la planète. <ref>sport officiel</ref> Les spécialistes des premiers siècles du cinéma admettent que le scénario est peut-être l'œuvre d'une intelligence artificielle, ou au moins d'une sorte de machine basique. La platitude des dialogues plaident dans ce sens. | Les visées spatiales du IV<sup><small>ème</small></sup> millénaire sont de dépasser la couche polluée et de revenir en un seul morceau. Sans subir le mystérieux effet destructeur de flasques. Avec une trajectoire en cloche ou à la verticale est un débat animé dans la communauté scientifique qui fait de la recherche sur ce sujet. La question divise. L'histoire ancienne de l'exploration spatiale est une nébuleuse de personnes inconnues. Avec des approches scientifiques différentes, Robert Saint-Rose <ref name="#ros">Robert Saint-Rose</ref>, Jean Perdrizet <ref name="#per">Jean Perdrizet</ref> et Jean-Claude Ladrat <ref name="#lad">Jean-Claude Ladrat</ref>, pour ne citer que les plus célèbres, tentent d'imaginer le voyage spatial dans la seconde moitié du XX<sup><small>ème</small></sup> siècle. Les hominines sont à un tel niveau de technique et de technologie qu'il est sérieusement possible de l'envisager. Rien à voir avec l'imaginaire de ''Star Trek'' qui, vu maintenant de 3282, s'avère parodique et totalement décalé avec la réalité. <ref>Sur cette problématique, voir le documentaire ''Galaxy Quest''. Bande-annonce [en ligne]</ref> Que d'exagérations ! Que d'anti-rétro-futurisme ! Et que dire de la très drôle ''Star Wars'' ! Malgré ses aspects désuets, cette série de documentaires est encore aujourd'hui, en 3282, très connue car depuis maintenant quelques siècles, le combat avec des faux sabres laser est un sport officiel dans plusieurs régions de la planète. <ref>sport officiel</ref> Les spécialistes des premiers siècles du cinéma admettent que le scénario est peut-être l'œuvre d'une intelligence artificielle, ou au moins d'une sorte de machine basique. La platitude des dialogues plaident dans ce sens. |
Version du 2 juin 2025 à 16:04
3282. Année du mille-trois-cent-douzième anniversaire de la naissance de F. Merdjanov.
Environnement civilisationnelPendant des siècles, les codes moraux des hominines [1] ont été dictés par tout un ensemble de mythologies sorties tout droit de leur imaginaire. Héritage des époques les plus reculées, la morale a été progressivement déconstruite par des générations d'hominines qui devaient auparavant s'y plier. Cela ne s'est pas fait sans heurts. Combien d'hominines la morale religieuse a-t-elle condamné à la disgrâce publique, à l'exil ou à la mort ? Les dénombrer est chose impossible. Bien souvent, afin de s'opposer à toute critique de la morale, des hominines plaident qu'elle est dictée non par les hominines mais par une divinité supérieure qui est en charge d'ordonner l'existant. C'est ainsi parce que c'est ainsi ! Avec ce raisonnement tautologique, elle n'est pas une création, ni une invention, mais une règle naturelle, voire surnaturelle, un ordre des choses qui échappe de fait à toute possibilité de remise en cause. Qu'illes [2] se targuent de philosophie plutôt que de religiosité, de raison plutôt que de foi, la morale revêt toujours un caractère d'exception. Elle est soit divine, soit naturelle. Nabilla "Nabilla" Benattia de son époque, le célèbre influenceur François-Marie "Voltaire" Arouet s'explique dans une longue auto-interview : "La morale n'est point dans la superstition, elle n'est pas dans la cérémonie, elle n'a rien de commun avec les dogmes. On ne peut trop répéter que tous les dogmes sont différents, et que la morale est la même chez tous les hommes qui font usage de leur raison." [3] Hommes est à comprendre dans le sens de hominines. Pour lui, la morale détermine ce qu'est le Bien et le Mal, ce qui est licite ou non dans des sociétés d'hominines. Dans toutes. Elle est un universalisme raisonné et partagé. Parmi les nombreux domaines dans lesquels la morale exerce son diktat, la sexualité a une place particulière. Dans l'imaginaire mythologico-religieux, les trois plus célèbres des imposteurs moralisateurs sont, sans conteste, Moïse, Mahomet et Jésus aka ChristⒸ [4]. Si Moïse et Mahomet sont connus pour leurs sexualité kinky [5] — le premier pour la jeunesse de son épouse Séphora au regard de son propre âge et de l'absence de consentement marital, et le second pour son attirance sexuelle pour la petite hominine femelle de 9 ans, Aïcha [6], et pour la cougar [7] Khadija — Jésus aka ChristⒸ est resté discret sur ses mœurs. Ses amours hétérosexuelles avec la prostituée Marie-Magdeleine ou homosexuelles avec son disciple Jean n'ont pas donné lieu à une littérature érotique spécifique [8]. Généralement, ses adeptes prônent l'abstinence ou restreignent les pratiques sexuelles à la reproduction. La dimension récréative de la sexualité est très largement minimisée. Après des siècles de silence coupable, des scandales à répétition entachent les autorités religieuses christiennes entre la fin du XXème et le début du XXIème siècle : des centaines de milliers d'enfants, mâles et femelles, ont été sexuellement abusé dans plusieurs pays. Les chiffres ne cessent d'enfler et le discrédit est énorme. La sortie, quelques siècles plus tard, de La vie sexuelle du Christ des frères Pierre et Jacques Ûle fait l'effet d'une bombe dans l'univers religieux. Après les déboires de Moïse et Mahomet avec leurs propres morales, Jésus aka ChristⒸ est outé. Dans cet ouvrage, sa perversité sexuelle est à la hauteur des pratiques clandestines et enfantines de ses adeptes. Qui pouvait se douter que les ânes étaient en érection devant son berceau et que les vieux mages l'aient regardé avec envie alors qu'il n'était encore qu'un nourrisson ? Selon la fratrie Ûle, très prude et conservatrice, ce sont probablement ces traumatismes qui expliquent son attirance pour les jeux érotiques BDSM [9]. Mais, pas très au fait des anglicismes, JCⒸ ne comprend pas le principe de safe word et décède cloué sur une croix, après plusieurs jours d'agonie. Peut-être aurait-il mieux valu qu'il se contente d'un empalement symbolique avec deux doigts, s'interrogent Pierre et Jacques Ûle dans leur ouvrage. Répudié, ses adeptes se détournent de lui et de tout ce qui s'y rattache. À une date imprécise, Pierre et Jacques Ûle se défroquent et quittent les ordres. Leurs traces se perdent. Dans le premier quart du IVème millénaire, les religions moïsienne, christienne et mahométienne sont en net recul chez les hominines. La sexualité est débarrassée de la morale religieuse. La liberté totale des pratiques sexuelles dans le consentement mutuel est la nouvelle donne morale. Alors que "toutes les religions et toutes les morales ont tendu à jeter un voile sur la gesticulation fornicatoire qui est, cependant, à la base de la vie [...]" [10], dorénavant il n'y a nulle contrainte en sexualité pour paraphraser l'adage humoristique mahométien "Nulle contrainte en religion" [11]. Mais les hominines ne sont pas encore apathées : De nouvelles mythologies et religiosités émergent ou se consolident. Loin des imaginaires violents des incestes et adultères des mythologies moïsiennes, du viol d'une jeune vierge par une divinité en chaleur pour les christiennes et du harem paradisiaque de mille vierges des mahométiennes, il est maintenant possible d'avoir une sexualité avec des reptiliens, des licornes et des tamagotchis. Ou avec des êtres imaginaires. Un phénomène trop tardif, à l'échelle de l'histoire des hominines, pour enrayer l'apparition de textes polémiques tel que le traité de théologie Boum d'Olivier "Didier Super" Haudegond dans la première décennie du IIIème millénaire :
Malgré le discrédit général et l'hostilité grandissante sur la personne de JCⒸ, les chronologies historiques le prennent toujours en référence. L'année 3282 se situe donc en 3282 après JCⒸ. Sans succès, un militantisme apathée a proposé de remplacer ce JCⒸ par l'étasunien John Chaw, né en 1991 après JCⒸ, afin de démystifier encore un peu plus le fait religieux. Il est l'incarnation même de l'inexistence du dieu dont il se réclame. Repérant sur une carte l'île North Sentinel dans l'archipel des Andaman et Nicobar il décide en novembre 2018 de s'y rendre afin de convertir les hominines qui y vivent [13] à la mythologie christienne, pour leur présenter Jésus, car, selon le journal de John Chaw, cette île est "le dernier bastion de Satan". Criblé de flèches dès son arrivée sur la plage, il est ensuite enterré sur place par les hominines de l'île. Le corps n'a jamais été exhumé ni rapatrié. [14]. Sa dépouille a dû être un mets exceptionnel pour les crabes. Si John Chaw est la nouvelle référence chronologique, l'année 3282 après JCⒸ devient 1291 après JC. Ainsi, la naissance de F. Merdjanov n'est plus datée de 1970 après JCⒸ mais de 21 avant JC. Que ce soit en 3282 après l'un ou en 1291 après l'autre, l'archipel des Adaman et Nicobar est partiellement recouvert par les eaux avec l'élévation du niveau des océans. Le siècle dans lequel F. Merdjanov a vécu est celui de la critique des rôles sociaux genrés, et plus généralement de l'artificialité de la binarité de genre. La confusion entre biologie et sociologie entretenue et acceptée depuis des siècles est doucement remise en cause. Quel lien réel entre la longueur du raphé périnéal et la capacité à prendre en charge telle ou telle activité sociale plutôt qu'une autre ? Pour interroger cela, le postulat est simple : "Le genre précède le sexe" pour reprendre les mots de Christine Delphy, une sociologue du XXème siècle. Et non l'inverse. Ce qu'avait déjà bien compris sa grand-mère qui lui disait "On ne naît pas femme, on le devient". Ainsi, aussi étonnant que cela puisse paraître, la présence de menstrues régulières chez une partie des hominines, par exemple, n'est pas une prédisposition pour les tâches ménagères, pour un goût affirmé pour des couleurs plutôt que d'autres, pour des activités sociales spécifiques, etc. D'ailleurs, l'arrêt définitif de ces menstrues en vieillissant ne perturbe pas les rôles genrés. Dans le prolongement des critiques des siècles précédents, au cours du XXIème la contestation des assignations sociales genrées se fait de plus en plus forte. Pourquoi lier des différences biologiques à un ensemble de rôles sociaux, à des archétypes qui contraignent les hominines ? Ironiquement nommé ouhoqisme par les hominines qui s'y opposent, ce mouvement de critique des normes sociales est vaste et hétérogène. Les approches et les conclusions divergent parfois. Selon les prophéties anti-ouhoqs, un post-ouhoqisme mégamatérialiste préconise que la différentiation sexuée et/ou genrée des rôles sociaux soit remplacée par la binarité droite/gauche dans l'utilisation des membres supérieurs. Naître gaucher/gauchère suffit à se voir attribuer dès la naissance des espaces, des gestes, des attitudes et des tâches spécifiques. Indépendamment du sexe biologique ou du reste de l'anatomie. Bien que ne représentant qu'environ 10% de la population, cette faction des hominines est suffisante pour remplir pleinement les tâches qui lui incombent et, minoritaire, elle ne peut constituer une opposition réelle. Ce qui est profondément injuste, contrairement à la ségrégation par la longueur du raphé. Selon l'anti-ouhoqisme. Les ambidextres vont se faire pourchasser et le risque évident est de voir la roussophobie [15] se développer. Une chose inadmissible. Avoir les cheveux roux — et les garder — n'est pas un signe ostentatoire de soutien aux ambidextres. Une évidence qui n'est pas partagée par tout le monde. Un risque de dérapage signalé dès 2010 par le lanceur d'alerte Romain Gavras dans son documentaire Born Free. [16]
Dans le millénaire qui suit la mort de F. Merdjanov, les approches sociétales se modifient. Deux genres sont devenus sept. Plus précisément, le sexe biologique ne détermine plus le genre social, même s'il demeure un référent. Ainsi en plus des classiques masculin et féminin s'ajoutent les deux genres qui expriment le passage de l'un à l'autre, deux autres pour les genres non-sexués, plus un autre qui est l'indétermination entre les deux. En ce début de IVème millénaire il est normal d'être femelle par le sexe biologique et masculin pour le rôle social, ou l'inverse. L'indétermination est la possibilité de vouloir totalement disjoindre la dimension biologique de l'aspect social des individualités. Il n'y a pas de volonté de visibiliser une transition mais un état de fait. Ce qui importe est ce que l'on veut être comme personnage public. Ce que l'on veut montrer de soi. S'appuyant sur sept voyelles présentes dans la langue française, de nouveaux pronoms sont nécessaires pour nommer convenablement cette diversité. Il et el désignent respectivement le mâle masculin et la femelle féminine. Al et ol sont utilisés pour les mâles féminins et les femelles masculines. Ul et oul s'emploient pour les hominines qui font le choix de se montrer masculin ou féminin, sans ne rien dire de leur biologie. Qu'il y ait eu ou non modification chirurgicale du sexe. Yl est le pronom de l'indétermination volontaire, prononcé \i.il\ ou \ji.il\. Ni masculin, ni féminin. Ni mâle, ni femelle. Il est un peu l'équivalent de l'antique iel. Paradoxalement, la multiplication des genres, toujours en rapport avec la biologie, entraîne une forme de réaffirmation du caractère central de la biologie sexuelle dans l'organisation sociale des hominines. Cette diversité des genres n'est pas une négation du genre. La disparition complète des carcans imposés aux individualités reste encore une utopie. Et l'absence de voyelles supplémentaires empêche d'imaginer d'autres possibilités, pour l'aile conservatrice. Sans faire dans la science-fiction, il est imaginable qu'une critique radicale apparaisse en réaction à cela. Sans se contenter d'inventer et de proposer une nouvelle voyelle. Bien que les identités collectives soient des illusions, elles enferment. Sans doute le sens du graffiti mural "Le contrat précède l'hominine" signé de Quelques Égoïstes. L'un des effets indirects de ces questionnements sur le genre est une évolution du dimorphisme sexuel chez les hominines, la différence d'aspect du mâle et de la femelle d'une même espèce. Les changements de comportements genrés dans la nourriture, les activités physiques ou intellectuelles, pendant plus d'un millénaire ont atténué la pression sociale sur les lois de l'évolution. La sélection naturelle œuvre autrement. Les tailles varient, les morphologies se transforment. L'année 3282 ne permet pas d'avoir le recul nécessaire pour mesurer l'étendue des modifications au niveau de l'espèce des hominines. Les conséquences sont encore inenvisageables. L'absence de discrimination va rééquilibrer des millénaires de ségrégation binaire genrée. Impossible de dire dans quel sens. Sommes-nous dans un scénario où la femelle devient plus grande ? Le dimorphisme va-t-il augmenter ou diminuer ? Va-t-il rien se passer ? Homininité décaléeDès la préhistoire, les hominines ont bouleversé leur environnement de par leurs activités. Les premiers feux et les industries lithiques naissantes sont les plus anciennes traces de leur impact polluant. Au fil des siècles, l'industrialisation progressive de toutes les activités n'a eu de cesse de perturber les équilibres naturels fragiles. Les scénarios les plus alarmistes imaginés vers la fin du IIème millénaire sont devenus des réalités. Les dérèglements climatiques se sont traduits par un réchauffement global de la planète et une augmentation du niveau des océans. La fonte complète des glaces engendre une élévation théorique d'environ 80 mètres de ce niveau océanique [17], avec pour conséquences principales une modification importante du tracé des côtes et une infiltration des eaux salées dans les nappes phréatiques d'eau douce. De vastes zones habitées depuis des siècles deviennent inhabitables. Les îles les plus basses sont submergées et les autres s'archipélisent. Des centaines de millions d'hominines subissent cette montée des eaux et, plus généralement, les conséquences des dérèglements climatiques. Lieu de naissance de F. Merdjanov, la ville de Nice est presque entièrement noyée sous les eaux de la Méditerranée. Seules les collines de Cimiez, du Mont-Biron et du Château sont encore émergées. Pour les protivophiles du futur en goguette, le village de naissance d'Albertine Hottin n'est dorénavant plus qu'à quelques kilomètres de la première plage. Les régions de plaines côtières sont les plus impactées à travers le monde, et les deltas de grands fleuves sont envahis par les eaux marines. En Asie, les plaines du Gange sont inondées et l'océan Indien est dorénavant au pied de l'Himalaya. En Europe, le nord des Pays-Bas et de l'Allemagne disparaissent, alors que le delta du Danube devient un long bras de mer qui joint la Serbie à la mer Noire. La mer Caspienne fait plus que doubler sa superficie en grignotant sur les plaines du sud de la Russie. La mer d'Aral, asséchée au cours du XXème siècle, est de nouveau en eau. Dans le nord-est du désert saharien se forme une mer intérieure, reliée à la Méditerranée, réalisant ainsi le vieux projet colonial français d'une mer artificielle dans cette zone du Sahara [18]. Dans les régions du monde soumises aux marées, le retrait de la mer laisse apparaître de vastes espaces d'eaux saumâtres et de marécages sur des milliers de km2. L'accès à l'eau douce n'est pas simple et les zones sèches sont convoitées. La défense des zones humides est une histoire passée et le nom même de Rémi Fraisse [19] a disparu des mémoires. De très nombreuses terres sont devenues impropres à l'agriculture pour cause de trop forte salinité. Ces changements dans la géographie impliquent des adaptations dans la géographie de l'homininité. Les plus grandes concentrations d'hominines se font loin des régions maritimes et fluviales. La répartition spatiale habituelle entre les hominines des hautes sphères sociales, politiques, économiques, artistiques et intellectuelles, et d'autre part les autres, se restructure. Les premières s'accaparent les régions d'altitude et abandonnent les plus basses altitudes à ces autres hominines. La délimitation mentale est stricte. Au dessus, l'air est respirable et agréable, les sources et les rivières ne sont pas touchées par la salinité, alors qu'en dessous la respiration est plus difficile et l'accès à l'eau potable est un tracas du quotidien. La frontière entre les deux écosystèmes n'est pas une simple ligne de démarcation. Épaisse de quelques mètres, elle est composée d'un air pollué, irrespirable, héritage direct des industries responsables du réchauffement climatique. S'y exposer durablement c'est prendre le risque d'en mourir. Les questionnements sur son épaisseur exacte agitent les esprits de part et d'autre de ces frontières et alimentent des théories dites platistes. Bien que ne pouvant pas encore en déterminer l'épaisseur précise, le consensus scientifique situe le cœur de la question à environ 1312 mètres d'altitude. Comme un ciel de nuages aux formes changeantes, cette couche est visible à l'œil nu et laisse voir par intermittence un peu de ce qu'il y a de l'autre côté. La vie sous le plafond des 1312 mètres est régie par quelques impératifs. La raréfaction de l'air sain et de l'eau potable structure cette basse société, elle engendre des obligations vitales et nécessite une adaptation des hominines à cet environnement. Le moteur de cette période historique est parfois appelé "Lutte des flâques", une expression basée sur un néologisme mêlant flasque et flaque. [20] Respectivement "récipient vide" et "petite retenue". Plus on se rapproche du sol et plus l'air est respirable. Cette contrainte environnementale favorise les hominines les moins immenses et oriente les processus évolutionnistes vers une taille toujours plus petite. Plus l'éloignement des voies respiratoires par rapport au sol est grand, et plus il est nécessaire de fournir un effort supplémentaire pour y accéder. Des études récentes ont montré que la taille moyenne des hominines tend vers les 1,5 mètres. Plus la taille est faible et plus l'espérance de vie augmente. Par soucis d'économie, toutes les nouvelles constructions intègrent maintenant cette donnée, toutes les normes se sont alignées à la baisse. Pour améliorer ce rationnement de l'air, les hominines d'en-bas ont mis en place plusieurs procédés ingénieux. Le premier d'entre eux, le plus simple, consiste à débusquer tous les bocaux, bouteilles et autres récipients abandonnés, restés fermés et vidés de leur contenant, et par conséquent pleins d'air. Siphonner un seau retourné est un petit plaisir qui ne se refuse pas. Offrir une bouteille d'eau évaporée est un précieux cadeau. La raréfaction progressive de telles sources d'air entraîne son lot de contrefaçons. Le second procédé est plus compliqué à mettre en œuvre. Il nécessite un peu d'ingénierie. Il faut se doter d'un tuyau ou d'une gaine étanche d'une longueur minimale de 1312 mètres, d'un système d'aéroportation et d'une flasque. Accrocher cette flasque à une des extrémités du tuyau, puis la relier à un système aéroporteur, permet ainsi de dépasser l'altitude de 1312 mètres et d'y respirer l'air par l'autre extrémité restée au sol. Il existe de nombreux procédés pour maintenir dans les airs ce système. De la mini montgolfière au ballon à hélium, de l'engin volant télécommandé à la perche tendue. Cette dernière technique est souvent jugée impossible à mettre en œuvre et relève de l'utopie technologique, voire de la science-fiction. À longueur égale, il est préférable de s'installer le plus loin du sol — c'est-à-dire au plus proche de la zone inférieure de pollution — afin de bénéficier de l'air le plus éloigné de la zone supérieure de pollution. Il existe des méthodes individuelles, dont certaines sont collaboratives, et des méthodes collectives, basées sur l’accaparement par quelques hominines des moyens d'aéroportation. Pouvoir accrocher sa conduite d'air à des aéronefs, de type ballon dirigeable, n'est pas une option gratuite. Et les demandes de collectivisation des moyens d'aéroportation demeurent sans réponse. Les différentes tentatives de dialogue avec des animaux volants ou de création d'une espèce domestiquée adaptée ne se sont pas soldées par des avancées significatives. Les canidés s'avèrent inutiles pour cette tache manifestement trop compliquée pour elleux. L'amitié a ses limites. Des luttes menées pendant des décennies ont permis l'interdiction des injections d'hélium, jugées inefficaces et s'apparentant à de la maltraitance, et de stopper les expériences de greffe d'ailes de canard. Hormis les incertitudes liées à la conception, à la technologie complexe et à la mise en place de ce système d'aération de haute-altitude, le principal inconvénient est qu'il n'est pas validé par les hominines des hautes altitudes. Avec la même intelligence que des hominines qui mangent à leur faim et ne comprennent pas la jalousie de celleux pour qui ce n'est pas le cas, les post-1312 mètres n'admettent pas que l'air respirable soit convoitée par celleux qui en manquent. Quel manque de dignité incompréhensible. Afin de lutter contre ces abus, les homininino-mille-trois-cent-douzièmistes ont instauré une Police Aérienne des Flasques, plus connu sous l'acronyme PAF. Elle est chargée de détecter toute tentative d'intrusion de flasques volantes au dessus des 1312 mètres d'altitude autorisés. Des moyens techniques considérables sont déployés pour cette mission frontalière délicate. Sarbacanes, lance-pierres, frondes et autres propulseurs. Les techniques trop coûteuses en énergie, comme le lancé de marteau, sont très peu employées. De vastes zones sont scrutées à la jumelle pour y déceler des flasques isolées ou de petits groupes. Là encore, les canidés ne sont d'aucune aide, et, à notre connaissance, aucune espèce s'est portée volontaire pour faire ce travail ingrat. Avec acharnement, des petits ballons gonflables sont crevés, des machines volantes en tous genres sont détruites, des flasques sont brisées par les projectiles de la PAF. Sans considération pour les risques de blesser des hominines du dessous avec la chute du conduit d'air et de ce qui le porte. Cela représente pourtant la troisième cause de mortalité, après la noyade et les maladies de peau liées à l'humidité. [21] Sans compter la chute des projectiles. Encore faut-il le savoir. Généralement, sur cette question de l'existence ou non de ces flasques et des hominines d'un autre monde, une grande majorité fait tout pour ne pas y penser, le reste n'y pense tout simplement pas. Yoga pour l'oubli est une institution médico-sportive réputée. Il y en a même qui pensent que ces histoires de flasques qui apparaissent et flottent dans l'air sont fausses, qu'il s'agit plus probablement d'un phénomène naturel inexpliqué. Peut-être l'apparition d'une nouvelle espèce de plantes dont le nuage de pollution est l'humus ? Flasque est-il maintenant le nom d'une fleur ? Des hominines peuvent-il/el/al/ol/ul/oul/yl vouloir se prénommer Flasque ? Une explication botanique bien moins risible que ces théories sur des hominines vivant sous le niveau habitable, une persistance à la mode du IVème millénaire de l'antique croyance en une Terre creuse et habitée ! [22] La difficulté pour les hominines de basse altitude est de se tenir au plus loin des zones humides des plaines sans trop s'approcher des régions outre-1312 mètres. Être proche signifie prendre le risque que sa flasque soit détruite par un phénomène encore inexpliqué. Parfois, il arrive que tout retombe. Sous le nom de Phénomène Anti-Flasque, il est décrit de très nombreux cas de dispositifs respiratoires aériens qui s'effondrent, sans raisons apparentes. L'histoire des siècles passés a montré à ces hominines que plus la densité est grande et la proximité est courte, et plus le nombre de cas de chutes est grand. Une corrélation évidente entre localisation géographique et facteur de risque. Une simple constatation scientifique que ne dit rien des raisons. Quelques hypothèses existent néanmoins. Mais elles n'ont pas grand intérêt car cette activité respiratoire extra-frontalière n'est pas l'unique préoccupation des hominines. La plupart du temps, il faut faire sans. Car si la flasque est une part importante de cette lutte des flâques, les flaques sont elles-aussi incontournables. Les flaques d'eau. De manière générale, ce terme désigne maintenant l'eau potable sous toutes ses formes. Les eaux qui s'écoulent des hauteurs outre-1312 mètres sont potentiellement souillées lors de leur traversée de la couche de nuages de pollution. L'eau la plus saine est celle issue de sources et de rivières naissant sous cette altitude. Plus leurs lieux de naissance sont bas et moins elles charrient des toxiques. La flaque d'eau par résurgence est un idéal qui alimente tous les fantasmes. Un sujet récurrent de la poésie contemporaine. Au quotidien, loin du monde poétique, les hominines font au mieux, avec ce qu'il y a. Boire est une occupation vitale. Dans cette lutte des flaques, la mobilité a un rôle primordial. Bouger pour mieux chercher. Les deux moyens de transport les plus utilisés sont la ceinture-caleçon aérifère de natation à double réservoir compensateur de Jean-Pierre Brisset [23] et la motocrotte autonome à impulsion fécale. Inventée vers la fin du XIXème siècle, la ceinture-caleçon est un dispositif flottant qui permet de nager très facilement. Depuis sa redécouverte au cours du IIIème millénaire, elle est devenue un outil indispensable. Elle est adaptée à tous les milieux aquatiques, elle renoue avec le lien systémique entre batraciens et hominines. Elle est l'exosquelette dont les hominines ont un besoin essentiel. Légère, il est possible de l'avoir sur soi en permanence. Que l'on appartienne à l'un ou l'autre des sept genres. L'histoire d'un moyen de transport terrestre adapté est complexe à retracer. Les archives mentionnent l'existence d'un engin motorisé à deux roues dès la fin du XXème siècle qui recycle le caca. Officiellement, 3282 est l'année du 1300ème anniversaire de la première motocrotte. [24] Aspirateur à merde de chiens installé sur une moto et conduite par des hominines, cette antique version du véhicule actuel est lancée dans la ville de Paris en 1982 par le bourgmestre Jacques Chirac. Les hominines modernes qui voient en lui un visionnaire du transport demandent qu'il soit symboliquement le nouveau JC de référence, en remplacement de l'ancien, le temps des festivités de cet anniversaire. [25] Depuis cette époque lointaine, l'outil a été perfectionné et son usage détourné pour devenir un engin de transport à quatre roues dont le carburant est la merde des hominines qui l'utilisent. Petit et stable, il consomme très peu d'eau. Activité participative, le remplissage à ras bord de ses réservoirs permet plusieurs centaines de kilomètres d'autonomie. Avec, il est possible de se déplacer en terrain sec ou humide. Les versions les plus récentes sont confortables et faciles à utiliser. Plusieurs siècles avant qu'il ait lieu, Ladislav Klíma prophétise ce saut technologique majeur :
Ces deux technologies sont particulièrement écologiques. Elles se complémentent et peuvent s'utiliser conjointement. Comme n'importe quelle bouée, la ceinture-caleçon aérifère fonctionne tout aussi bien avec de l'air pollué. L'utilisation massive de ce système nautique permet ainsi d'emprisonner un peu d'air nocif. Autre tournant écologique, le véhicule terrestre du présent fonctionne sans que l'eau soit potable et recycle totalement son carburant. Zéro déchet. En un millénaire, l'ancienne technologie de la cuve et du flotteur des WC a considérablement évoluée. Dorénavant il n'y a plus de contact entre l'eau et les excréments, un phénomène chimique, amplifié par la technologie, et qui est la source de ce carburant nouveau. Depuis des siècles, les hominines savent que les excréments ne font pas bon ménage avec les eaux potables. De vieux stocks d'eau en bouteille plastique, datant du premier quart du XXIème siècle, sont connus pour avoir un fort goût de merde les rendant imbuvables. [27] Conquête spatialeDe mémoire d'hominines, la couche irrespirable est présente depuis toujours. Personne n'a connu un hypothétique avant, et personne ne sait ce qu'il y a de l'autre côté. La recherche de l'air frais au plus proche du sol et la quête d'eau potable dans des flaques occupe tout le temps disponible. Pourquoi s'intéresser à l'outre-1312 alors que la survie est au sol ? Hormis pour faire de la poésie, qui a du temps à perdre avec cela ?
Néanmoins, l'exploration spatiale fascine quelques hominines. Mais avant de pouvoir répondre à la question de savoir ce qu'il y a au dessus de la couche de pollution, si des hominines y vivent, il faut pouvoir s'y rendre. Des récits invérifiables parlent d'autres hominines, de plus grande taille, qui vivent d'air pur et d'eau fraîche. Des mythologies rapportent que, des siècles auparavant, la vie des hominines était tout autre et que l'homininité s'est scindée entre le dessus et le dessous. Entre cimes des privilèges et survie très terre à terre. Il paraît même qu'il n'y avait alors que deux ou trois genres ! Cela semble appartenir plutôt au domaine des récits mythologiques fondateurs de sociétés d'hominines — un procédé classique d'autolégitimation — que de l'histoire réelle de l'homininité. Ce que résume avec justesse la maxime : "L'ami Thomas n'est pas fiable." L'idée même d'envoyer des hominines au plus loin du sol n'est pas nouvelle. Les archives contiennent quelques mentions d'expériences et de procédés divers pour faire décoller des objets, des animaux non-hominines, tel que des vaches [29], mais aussi des hominines. Avec dans ce dernier cas, des efforts particuliers pour que les personnes survivent à ce vol. La technologie nécessaire pour projeter une masse aussi lourde dans les airs est plus complexe que le simple lance-pierre, même de grande taille. Des textes anciens utilisent le terme de catapulte ou de trébuchet, l'une utilisant le principe de la corde d'arc tendu, et l'autre une technique de contre-poids et de balanciers. Deux armes utilisées pour assiéger une ville ou une forteresse lors de conflits militaires. Des objets sont envoyés pour détruire la cible ou, parfois, des cadavres porteurs d'une maladie contagieuse. Historiquement le trébuchet succède à la catapulte entre les XIIème et XVème siècles du second millénaire. Après JCⒸ. Il est plus puissant et plus précis. L'utilisation certifiée d'un trébuchet pour propulser des hominines dans les airs est datée des années 1990. La machine envoie à plus de trente mètres de haut les hominines qui le veulent dans un parc d'attraction du Royaume-Uni. La mort en 2008 de l'hominine masculin — selon les classifications sociales de cette époque — qui tombe à côté du filet de sécurité est la dernière date connue d'un usage de ce procédé mécanique et archaïque d'exploration de l'espace. [30] Les visées spatiales du IVème millénaire sont de dépasser la couche polluée et de revenir en un seul morceau. Sans subir le mystérieux effet destructeur de flasques. Avec une trajectoire en cloche ou à la verticale est un débat animé dans la communauté scientifique qui fait de la recherche sur ce sujet. La question divise. L'histoire ancienne de l'exploration spatiale est une nébuleuse de personnes inconnues. Avec des approches scientifiques différentes, Robert Saint-Rose [31], Jean Perdrizet [32] et Jean-Claude Ladrat [33], pour ne citer que les plus célèbres, tentent d'imaginer le voyage spatial dans la seconde moitié du XXème siècle. Les hominines sont à un tel niveau de technique et de technologie qu'il est sérieusement possible de l'envisager. Rien à voir avec l'imaginaire de Star Trek qui, vu maintenant de 3282, s'avère parodique et totalement décalé avec la réalité. [34] Que d'exagérations ! Que d'anti-rétro-futurisme ! Et que dire de la très drôle Star Wars ! Malgré ses aspects désuets, cette série de documentaires est encore aujourd'hui, en 3282, très connue car depuis maintenant quelques siècles, le combat avec des faux sabres laser est un sport officiel dans plusieurs régions de la planète. [35] Les spécialistes des premiers siècles du cinéma admettent que le scénario est peut-être l'œuvre d'une intelligence artificielle, ou au moins d'une sorte de machine basique. La platitude des dialogues plaident dans ce sens. Robert Saint-Rose, Jean Perdrizet et Jean-Claude Ladrat n'utilisent pas le même mode de propulsion pour leurs projets volants. L'un imagine un moteur dont le carburant est poétique, l'autre se sert de la force centrifuge et le troisième invente un système électro-magnétique par imposition des mains. Ne pas avoir leurs connaissances techniques risque de mener à l'incompréhension, d'autant que seuls les plans de la "Soucoupe-volante centrifuge mieux wagon volant" de Jean Perdrizet sont accessibles [36]. En effet, Robert Saint-Rose n'a pas laissé de plans et Jean-Claude Ladrat affirme ne pas en avoir besoin : "Je n'ai pas fait de plans pour construire cet appareil. En fait, il suffisait que je me concentre le soir pour avoir mon travail du lendemain qui me venait dans la nuit, sans aucun plan." [37] Trois approches techniques pour trois expériences différentes.
Originaire de l'île de Martinique [39], dans les Caraïbes, à l'ouest de l'océan atlantique, Robert Saint-Rose [31] envisage dans le début des années 1970 d'être le premier hominine "noir" à quitter la planète Terre pour rejoindre les étoiles. [40] À une époque où l'ensemble des hominines ne sont pas encore de couleur grise, il est classé dans la couleur noire et subit donc le racisme. Pour qui ne sait plus ce qu'est le racisme, il suffit de rappeler que c'est l'équivalent du roucisme — ou roussophobie — mais basé, non pas sur la couleur des cheveux, mais sur le taux de mélanine de la peau ! Cette ségrégation épidermique induit souvent que, lorsqu'il n'y a pas exclusion totale dans un domaine, la participation d'hominines mélanodermes aux sciences, à la littérature ou à toutes autres activités savantes sont minimisées, voir invisibilisées. La primauté est généralement attribuée à des leucodermes. Mais Robert Saint-Rose ne l'entend pas ainsi. Avec du matériel de récupération, il se lance dans la construction d'un objet volant avec l'aide de son ami Ange Rémire, connu pour être un bricoleur et un bon sculpteur de bois. Sans l'aide d'ordinateur, à partir entre autre de pièces de voiture de type Peugeot 504 et de divers matériaux, il conçoit un engin à moteur poétique en forme de pyramide à quatre faces. Sur les conseils de son ancien professeur de langue française, il comprend que l'énergie la plus puissante dont il dispose est la poésie du célèbre écrivain martiniquais Aimé Césaire. Robert Saint-Rose pense que "c'est une poésie d'explosion, c'est une poésie de volcan, d'éruption." Une analyse matérialiste défendue aussi par Christian Lapoussinière, directeur dans le début des années 2000 du Centre césairien d'études et de recherches, qui rappelle que "oui, la poésie est énergie. Je ne dis pas ça pour faire beau. [...] Césaire lui-même n'a-t-il pas utilisé cette énergie, cette force, ce moyen d'action, pour infléchir dans un sens positif les conditions matérielles d'existence des Noirs" [41]. Mais, selon les calculs de Robert Saint-Rose, l'écrivain n'a pas encore produit suffisamment de matière combustible poétique pour fournir assez de carburant et assurer un aller-retour. Le voyage de Robert Saint-Rose n'est peut-être qu'un aller simple. Il sait les risques qu'il prend. En décembre 1974, Robert Saint-Rose s'installe aux commandes de son engin volant, ferme la porte, et entame la lecture à voix haute d'un texte d'Aimé Césaire. Pendant plus d'une journée. Mais rien ne se passe. Déçu et moqué par le petit public venu assister au décollage, il ne désespère pas. L'ironie de son surnom Zétwal ne l'atteint pas. Dans le plus strict anonymat, loin de tout regard, il réitère son expérience quelques temps plus tard. Depuis, il est introuvable, plus personne n'a de nouvelles de lui. Conformément à ses calculs, il semble avoir manqué de carburant pour le retour. La biographie la plus complète à ce jour est le documentaire Zétwal, réalisé en 2018 par Gilles Elie-Dit-Cosaque. [42] Ayant reçu une formation d'ingénieur en génie civil, Jean Perdrizet [32] est plus technicien que Robert Saint-Rose. Suivant les normes sociales et politiques ségrégationnistes en vigueur à leur époque, Jean Perdrizet n'est pas noir de peau car il n'est jamais précisé qu'il est blanc. Donc, il l'est. Né au début du XXème siècle et originaire de France métropolitaine, il s’intéresse à la mise en place de plusieurs systèmes de transport et de machineries complexes, comme la Machine à lire à résistance liquide ou la Machine à écrire avec l'au-delà par exemple. Selon les plans connus, la Soucoupe-volante centrifuge mieux wagon volant de 1972 fonctionne selon le principe physique et mécanique simple de "la force centrifuge des hypoténuses des chaînes" et peut en cas de nécessité être utilisée comme un "simple hélicoptère centrifuge". Cette soucoupe n'est pas sa seule expérience dans le domaine de l'aérospatiale. Son Hélicoptère à moteur humain et ses Rétrofusées rotatives sont des contributions essentielles. Malgré les plans précis réalisés par Jean Perdrizet, l'histoire n'a pas retenu si, oui ou non, l'expérience a été menée par d'autres. Conscient que les hominines ne sont pas la plus maline des espèces, il imagine un espéranto, une langue universelle qu'il dénomme langue T. Elle est définie comme une pictographie dactylographiée. Le nom même de cette langue inventée est un pictogramme signifiant Hominine, et composé de -- pour les bras, L pour son pied et ' pour la tête, le tout formant un T, simplification de ṫ. Une forme proche de l'ancien idéogramme chinois 大 qui a le même sens. La plus grosse difficulté est de retenir que parmi les hominines bipèdes il existe aussi des unijambistes. Précision faîte, cette langue a vocation à devenir la langue de communication intra-espèce. Jean Perdrizet dit la parler couramment — sans préciser avec qui. Ses interrogations linguistiques sur le fractionnement et ses conséquences rejoignent en miroir les questionnements de Jean-Pierre Brisset sur l'origine unique et batracienne du langage des hominines. La quasi-homophonie entre Jean Perdrizet et Jean-Pierre Brisset y est sans doute pour rien. Selon le musée de la ville de Digne où il habitait, où les enfants admiraient la soucoupe volante suspendue devant sa maison, "Jean Perdrizet mêle dans ses plans — seuls documents ayant été conservés — des croquis explicatifs, des formules mathématiques, des explications théoriques, linguistiques ou parfois métaphysiques. Imprimés, il les colorie, les complète avant de les envoyer à des organismes scientifiques susceptibles d'être intéressés par ses recherches, comme la NASA, le CNRS ou l'Académie suédoise dans l'espoir d'obtenir un prix Nobel." [43] Mais, rien. En 40 ans de recherches, il a envoyé presque 2 tonnes de papier de ses projets multiples, mais aucun n'a attiré l'attention de la communauté scientifique de l'aérospatiale. Jean-Claude Ladrat [33] essaye une autre méthode. Dans son petit village de Germignac en Charente-Maritime, il fabrique patiemment un futur engin volant. De forme circulaire, la base est similaire à une coque de bateau et le dessus est fait de couches de contreplaqué. De petites fenêtres laissent passer la lumière et la porte pivotante se soulève pour pouvoir entrer dans la soucoupe de Jean-Claude Ladrat. Contrairement aux deux précédents, il met en place une système hybride aquatique et spatial. Fin 1983, il fait embarquer son engin en direction du Sénégal, sur le continent africain. Ceci pour des raisons de conditions matérielles et climatiques optimales en ce lieu et à cette époque. La soucoupe flottante est mise à l'eau, direction les Caraïbes. Afin de s'envoler en direction des étoiles, Jean-Claude Ladrat doit traverser l'océan atlantique jusqu'au triangle des Bermudes où il sera projeté vers l'espace par un rayon. Il ne laisse pas de place au hasard, il a des réserves, une canne à pêche et une carabine. Quelques bacs de plantes doivent lui fournir l'oxygène nécessaire lorsqu'il sera dans l'espace. Très rapidement le mal de mer retourne son estomac comme jamais auparavant. Malgré les essais préalables en Charente, la coque fuit et il faut écoper souvent. Pendant 90 jours, Jean-Claude Ladrat dérive dans l'océan, entre la côte africaine et les îles du Cap-Vert. Alors que jusqu'ici il refuse d'être secouru, à bout de force et presque sans nourriture, il est recueilli par un bateau de pêche. N'ayant pas assez d'argent pour la rapatrier en France, la soucoupe flottante est coulée. En juillet 1984, sous le titre Don Quichotte des Bermudes, il fait paraître le récit de son expédition avortée vers les étoiles, via les Bermudes. [44] Médiatisé par la presse locale, il devient une star charentaise. Persuadé d'être en contact avec une entité extra-terrestre, Jean-Claude Ladrat se relance dans la construction d'une seconde soucoupe volante. Sa mère affirme même qu'il est le fils d'un extra-terrestre. Pour élaborer le nouvel engin, il se laisse guider par les instructions qu'il reçoit directement dans son cerveau. Le chantier se tient dans le jardin de sa maison de Germignac. Cette fois-ci, il pense rejoindre les Bermudes par les airs. Il se confie à l'émission télévisée Strip Tease [45] en 1993 lors de laquelle il explique son nouveau projet, fait visiter le chantier en cours et donne quelques indications sur la technologie employée. Il est aussi invité dans quelques émissions télévisées nationales où il est moqué et fait la une d'émissions radiophoniques qui lui sont consacrées [46]. Limité par ses maigres ressources financières, Jean-Claude Ladrat met des années à construire son vaisseau spatial en bois. La mort de sa mère en 1999 ne l'arrête pas dans sa tâche spatio-temporelle. Par contre, sa condamnation à plusieurs années de prison pour des attouchements sexuels sur ses nièces dans le début des années 2000 met définitivement fin à son projet. Vers 2010, le maire de Germignac fait détruire la soucoupe abandonnée inachevée. [47] Après sa sortie de prison, le journaliste Jean-Charles Chapuzet réalise des entretiens avec lui et publie une biographie intitulée Mauvais plan sur la comète. [48] Finalement, le voyage interstellaire n'aura pas lieu. Faute de documentation suffisante, il n'est pas possible d'affirmer avec certitude qu'il existe une filiation directe entre ses trois précurseurs de l'exploration spatiale de la fin du IIème millénaire et les tentatives de traverser la couche polluée en ce début de IVème millénaire. Néanmoins, le lien est fort entre ces expériences d'un passé lointain et les recherches dans le présent car, avec des technologies différentes, elles arrivent au même résultat: l'absence de décollage. GalerieNotes
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