Tac-Tac

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Tac-tac. (tac-tac en nissard. так-так en macédonien) Jeu qui sert à rien à la mode dans les années 1970.


Origines

Jeune hominine et son tac-tac vers 1970

Le "tac-tac" est commercialisé en France dès 1971 et dans plusieurs pays d'Europe occidentale et en Amérique du Nord où il est aussi appelé "tiki-taka", "clackers" ou "klik klak". Dans tous les cas, il est nommé ainsi en référence à l'onomatopée correspondante à un bruit sec. En français, le terme de tac est attesté dès le XVIème siècle après JC[1] dans ce sens[2]. Associé à tic, l'expression onomatopéique "tic-tac" exprime un bruit répétitif et régulier, comme une horloge, et, accolé à un autre tac dans "tac tac" (ou "tac-tac") un bruit sec se répétant brièvement. Trois tac évoquent une rafale. Nombreuses sont les constructions linguistiques à partir de tic, tac et toc pour désigner différents sons produits par l'activité des hominines.

La puissance évocatrice sonore de l'onomatopée tac est si forte qu'elle influence des expressions de la langue française au point d'en faire disparaître l'étymologie première. Par exemple, le terme tact à l'étymologie latine signifiant "sens du toucher" à partir duquel le français a forgé entre autres le mot "tactile". S'il s'emploie encore pour nommer la sensibilité à la complexité relationnelle - "avoir du tact" - il fut utilisé dans une expression liée à la pratique de l'escrime pour désigner une contre-attaque immédiate lors d'un contact entre les deux épées - "riposter du tact au tact". En sortant du strict milieu sportif, le "tac" sonore a progressivement remplacé le "tact" et donné l'expression "répondre du tac au tac". Les études étymologiques sont encore plus difficiles lorsqu'il s'agit de ce que les linguistes, les dictionnaires, les lettrés et autres pédants regroupent dans l'obscure catégorie fourre-tout de "populaire". Il en est ainsi de l'expression "faire tac tac" qui est généralement utilisée pour nommer un acte sexuel réalisé par deux - au moins - hominines. Mais il n'est pas possible de déterminer si son origine est à chercher du côté de "tact" ou de "tac". S'agit-il dans le premier cas d'un corps-à-corps fait de curiosité et de volupté ou d'un entrechoquement corporel brutal et sonore dans le second ? Selon les hérauts de l'élitisme, pratique populaire n'est pas synonyme de raffinement des mœurs et, par conséquent, les usages linguistiques en sont les reflets. Avec un tel raisonnement, "faire tac tac" est à l'image d'une sexualité primaire dont le redoublement du tac mime au mieux la sonorité bestiale. Alors même qu'historiquement les classes dominantes se maintiennent parce que dénuées du moindre tact, elles refusent par principe que la "populace" puisse en être pourvu. Énoncé paradoxal qui nie la profondeur du tact populaire alors qu'il est tout autant la source d'une survie quotidienne que de la tragédie qui perpétue ces mêmes classes dominantes. Et tac ! Pour la protivophilie, "faire tac tac" désigne aussi l'activité populaire qui consiste à jouer au tac-tac.

Entre 25 et 30 tonnes de tac-tac sont fabriquées en France pour l'année 1971[3]. Le jeu déclenche une vraie frénésie populaire et devient le nouveau passe-temps qui, selon le sociologue Valentin "Vald" Le Du, sert à rien :

C'est tout le temps la même chose
Tu fais rien mais tu te reposes
T'abandonnes chacun de tes jets-pro
T'attends patiemment la nécrose[4]

Principes

Un tac-tac est constitué de deux petites boules accrochées à chaque extrémité d'une ficelle. Au milieu de cette ficelle est fixée une petite poignée pour être saisie avec deux doigts et faire pendre les deux boules. Les versions commercialisées dans les années 1970 sont le produit de l'industrie du jouet[5]. Les deux boules sont en plastique de couleurs vives (rouge, jaune, rose). Elles mesurent environ quatre centimètres de diamètre et pendent au bout d'une ficelle d'une quarantaine de centimètres. La poignée est faite d'un anneau en plastique où la ficelle est tenue par un simple nœud en tête d'alouette. Des versions postérieures seront dotées de boules de différentes couleurs ou faîtes d'autres matières, tel le bois ou l'acier, ou de poignées plus design.

Tac-tac en bois

Le jeu consiste à se saisir de la poignée entre le pouce et le plat de l'index. Ainsi les deux boules pendent, l'une contre l'autre, au bout de la ficelle. Avec de petits gestes de la main, de haut en bas, il faut faire s'entrechoquer doucement les deux boules en maintenant la ficelle tendue. Lorsque le mouvement de la main parvient à entretenir celui des deux boules qui se heurtent et se repoussent, accélérer le geste permet aux deux boules de s'éloigner toujours plus l'une de l'autre et de s'entrechoquer de plus en plus fort, dans une succession de tac. Le but est alors d'augmenter encore la vitesse du mouvement de la main afin que les deux boules parviennent à se heurter à l'extrême opposé de leur position de repos, se repousser, pour ensuite se heurter de nouveau à leur point de repos. Et ainsi de suite. Il est alors nécessaire en permanence d'accélérer ou de ralentir légèrement pour maintenir cet équilibre des trajectoires. Le choc rapide entre les deux boules produit un enchaînement très bruyant de tac. Ce bruit dérange seulement les personnes qui ne jouent pas. Lorsque l'une des boules se détourne et ne heurte plus l'autre, après des mouvements désordonnés, elles reviennent à leur état de repos, pendantes, immobiles et en contact. Le jeu se termine. Il suffit de reprendre le petit geste de la main pour remettre en mouvement les boules et réitérer le jeu. Et ainsi de suite.

N’avoir rien accompli et mourir en surmené.[6]

Le jeu n'est pas conçu pour être compétitif même si cela reste possible. Généralement, il se pratique en solitaire ou de préférence en présence de quelqu'un qui ne joue pas nécessairemeent. L'habilité de l'hominine qui joue au tac-tac est déterminante quand aux positions anatomiques diverses dans lesquelles il lui est possible de faire claquer les boules. Debout, en position assise ou sur les genoux, sous la jambe, dans le dos, les yeux fermés, un tac-tac dans chaque main, les bras tendus ou sur un pied sont autant de figures libres. Des hominines jouent aussi en se déplaçant. Plus le mouvement du corps est souple et lent, plus il est facile de réussir sa partie de tac-tac. Plus les gestes sont saccadés et rapides, plus cela est perturbant pour la trajectoire des boules. Trop de mouvements du corps de l'hominine rendent le jeu impossible.

Le tac-tac se base sur le principe physique du choc des pendules. Lorsque deux sphères d'égales dimension et poids se heurtent à la même vitesse, elles se renvoient à une vitesse identique. L'augmentation progressive de la vitesse fait se rencontrer les deux sphères au point d'équilibre, au plus bas et au plus haut. Mais une partie de l'énergie produite lors de chaque choc est dissipée en chaleur ce qui diminue l'amplitude du mouvement[7]. Appliqué au tac-tac, cela signifie qui faut constamment agiter la poignée pour entretenir le mouvement et compenser la déperdition d'énergie. Mais il est difficile pour l'hominine de s'activer de la sorte tout en conservant une maîtrise précise de ses gestes et donc des équilibres à maintenir dans les forces physiques en action. Si un équilibre est trouvé ce sera la fatigue musculaire qui viendra à bout de l'hominine[8].


  • Extrait de la scène du tac-tac dans le film de Jean Yanne réalisé en 1972, Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil :

Dangerosité

Dès sa sortie le tac-tac est à l'origine d'accidents mineurs et quelques interdictions provisoires furent même édictées. Toutes les personnes ayant pratiqué, ou tenté de le faire, savent que le risque majeur se situe au moment où l'une des deux boules qui se heurtaient violemment sort de sa trajectoire. A cet instant leurs mouvements deviennent désordonnés et non contrôlables. Débuter dans le tac-tac c'est s'exposer à prendre des chocs sur les doigts. Ne pas tenir sa tête à distance suffisante entraîne des risques lors de ces moments de trajectoires chaotiques. Des défauts de fabrication peuvent aussi être à l'origine de quelques accidents. Jusqu'en 2017 seuls des cas de "dangerosité physique" ont été répertoriés par les spécialistes du tac-tac, mais cette année là les autorités égyptiennes arrêtent 43 vendeurs et saisissent plus de 1400 exemplaires du jeu au motif que de jeunes hominines le renomment "couilles de Sisi"[9] - référence au président de ce pays - en les secouant dans tous les sens[5]. Le tac-tac est alors objet subversif.

Thérapeutique

Dans le cadre de la politique "Zéro blessure au tac-tac" des études d'ingénierie ont permis de mettre au point une nouvelle génération de tac-tac. Plus gros, il se compose d'une poignée à pleine main et de deux grosses boules légères et molles en plastique montées chacune au bout d'un câble souple. Cette nouvelle technique évite les blessures dues aux trajectoires chaotiques et permet de nouvelles figures.

Cette nouvelle conception technique du tac-tac est une avancée indéniable dans le domaine médical. En effet, sa légèreté et sa maniabilité sont des instruments indispensables aux hominines pour une redécouverte de leur anatomie et sont, pour les spécialistes, un outil de rééducation douce pour des personnes polytraumatisées ou de réapprentissage de la synchronisation des mouvements[10]. Son usage est préconisé dès l'âge de 5 ans et il n'y a pas de limite d'âge supérieure.

Tac-tac thérapeutique
Le domaine médical consacré aux hominines moribonds, la gérontophilie, s'intéresse de prêt aux avancées technologiques du tac-tac et ses implications dans le traitement des symptômes liés à la vieillesse. Les progrès constatés auprès de cobayes volontaires après un usage répété du tac-tac "moderne" ne concernent que la souplesse musculaire et l'attention mentale. Ainsi, dans les lieux de parcage des hominines en voie de déliquescence il s'avère être un bon remplaçant de la gym douce et de la salle télé. Mais c'est surtout dans le domaine des maladies dégénératives que l'impact du tac-tac est le plus flagrant. Les premiers essais avec la version moderne ne furent pas concluant mais ceux de la deuxième série, avec le tac-tac classique, furent sans conteste une grande avancée dans le traitement de la maladie d’Alzheimer. Symptôme alzheimerien, le tremblement régulier et incontrôlé des mains facilite une compréhension et une prise en main rapides du jeu. La difficulté consiste essentiellement à bouger volontairement les bonnes parties du corps pour corriger les gestes incontrôlés et ainsi parvenir à utiliser le tac-tac de manière optimale. Cet exercice est très utile pour le maintien de la synchronisation des mouvements, de la concentration et de la préservation d'une activité quotidienne solitaire. Dès 1977, alors que la mode du tac-tac ne s'est pas encore estompée, la gérontophone Anne Sylvestre décrit dans son rapport "Clémence"[11] le résultat de ses premières remarques sur les bienfaits de rien, même chez les vieilles personnes.

Ça sembla d’abord étrange
On s’interrogea un peu
Sur ce qui parfois dérange
La raison de certains vieux
Si quelque mauvaise chute
Avait pu l’handicaper
Ou encore une dispute
Avec ce brave Honoré[12]

Clémence, Clémence[12]
A pris des vacances
Clémence ne fait plus rien
Clémence, Clémence
Est comme en enfance
Clémence va bien

Grâce à l'étude des cas précoces de la maladie d'Alzheimer, il a été montré que les résultats sont plus probants lorsque les hominines ont pratiqué le tac-tac dans leur jeunesse. En effet, l'un des symptômes de la dégénérescence est l'effacement progressif de la mémoire du passé proche et une réminiscence des époques plus lointaines. L'utilisation de ce jeu qui sert à rien fait que les véritables bénéficiaires de cette nouvelle thérapie, encore balbutiante, seront sans doute la génération des années 1970, celle de F. Merdjanov.

Pour la protivophilie, il ne fait pas de doute que le tac-tac et les bénéfices qu'il apporte soient connus de F. Merdjanov comme le montre très bien l'entrée "beaucoup de bruit pour rien" dans Analectes de rien - à ce jour son unique publication certifiée - qui relate les derniers instants de lucidité avant l'oubli alzheimerien :

La vie n’est qu’une ombre errante ; un pauvre acteur
Qui se pavane et s’agite une heure sur la scène
Et qu’ensuite on n’entend plus ; c’est une histoire
Racontée par un idiot, pleine de bruit et de fureur,
Et qui ne signifie rien.[13]

Notes

  1. Pour celleux qui aiment les jeux de main solitaires Julia Channel est sans conteste une pratiquante assidue et respectée du tac-tac, récompensée du Hot D'or d'honneur en 1998, contrairement à Jésus aka Christ qui, quelques années plus tôt, s'est publiquement réjoui de la destruction par son père putatif des villes de Sodome et Gomorrhe au prétexte que les hominines y faisaient tac tac.
  2. "tac" sur le Trésor de la langue française - En ligne
  3. D'après "Une fabrique de gadget : les tac-tac", 16 novembre 1971, ORTF - En ligne
  4. Vald, "Branleur", NQNTMQMQMB, 2011 - En ligne
  5. 5,0 et 5,1 Conseils pour faire son propre tac-tac - En ligne
  6. Emil Cioran, Aveux et anathèmes, 1987.
  7. "Choc des pendules" - En ligne
  8. Démonstration par un jeune hominine en 2015 - en ligne
  9. The New Arab du 8 novembre 2017 - En ligne
  10. Tests cliniques réalisés en 2017 - En ligne
  11. Anne Sylvestre, "Clémence", Comment je m'appelle, 1977. Cité à l'entrée "amazone" dans Analectes de rien
  12. 12,0 et 12,1 Pour des raisons de confidentialité des données médicales, les prénoms sont des pseudonymes.
  13. Shakespeare, Macbeth (Acte V, scène 5). Cité à l'entrée "beaucoup de bruit pour rien" dans Analectes de rien