Ladislav Klíma

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Ladislav Klíma (1878 - 1928) Termes utilisés par Egosolistus Hominina lui-même pour s'auto-désigner.


Étymologie

Photo de famille. Ladislav Klíma est en haut à gauche
Né en août 1878 à Domažlice[1] (actuelle Tchéquie) dans une famille de la classe moyenne de Bohême occidentale, Ladislav Klíma se prénomme ainsi par le choix de ses parents. Les hominines de cette région utilisent ce procédé culturel afin d'individualiser leur progéniture, en l’occurrence Ladislav peut être mieux différencié de ses deux frères et deux sœurs. Le terme de Klíma correspond au nom de famille dont il hérite à sa naissance par son père selon les usages culturels et les croyances religieuses de ses deux géniteurs.

Cette commodité de langage utilisée par le grand public - au même titre qu'appeler Lucy une australopithèque célèbre - désigne l'unique représentant de la famille Egosolistus Hominina.

Egosolistus est la forme latine du néologisme égosoliste créé par Ladislav Klíma pour se définir. L'égosolisme vise ainsi à décrire l'existant selon le précepte suivant, "Le Monde Est Le Jouet Absolu De Ma Volonté Absolue", noté l.m.e.l.j.a.d.M.V.a par L. Klíma. Selon lui,

Rien absolument n’existe, n’a jamais existé, n’existera jamais en dehors de ma conscience.[2]

Pour nommer son approche philosophique, il invente le terme de ludibrionisme :

Ludibrium, mot excellent, signifie en même temps "jouet" et "bouffonnerie" : c’est pourquoi j’ai choisi ce terme pour désigner ma conception du monde. Le monde est le jouet absolu de sa (c.à d. Ma) volonté absolue.[3]

Dans La tentation nihiliste, Roland Jaccard nous résume en quelques lignes ce qui pousse Egosolistus à ce raisonnement :

Le monde ne peut donc exister en dehors de [sa] conscience. Or, qu'est-ce que le monde ? Une illusion. Qu'est-ce que la réalité ? Une supercherie. Qu'est-ce qu'aujourd'hui ? "Le rire de demain". Tout n'est qu'apparence, tromperie intentionnelle. Le monde est son propre jouet, son propre bouffon. Et cependant, c'est dans cette énorme mystification, dont il est à la fois l'auteur et la victime, que réside le mystère du monde, sa beauté et sa liberté[4]

L'appellation latine Egosolistus Hominina indique l'appartenance au genre hominina ou hominines. Les approches récentes de la paléo-anthropologie déterminent de nouveaux classement qui tendent à l'inclure dans le sous-genre homo de type sapiens, connu aussi sous le nom d'Homme moderne. De fait, en tant qu'hominine, Egosolistus se classe dans la grande famille des hominidae qui rassemble les orangs-outangs, les gorilles, les chimpanzés et les bonobos. Cette famille phylogénétique est un sous-groupe des primates dans lequel se trouve aussi les petits singes et les lémuriens[5].

Les primates sont des mammifères[6] au même titre que l'éléphant de mer, la vache ou le chat. Tous sont classés parmi les vertébrés aux côtés des oiseaux, des poissons et des reptiles pour ne citer qu'eux. Plus précisément, Ladislav Klíma appartient au règne animal, à la famille des zoobiotes bilatériens[7]. Eucaryote, il est cousin des champignons, des plantes et des algues, proche parent des archées et du monde bactérien[8].

A l'image de l'ensemble du vivant, Egosolistus est une sorte de macédoine.

Nos actuelles classifications zoologiques sont primitives, insipides, guère meilleures que celle de Linné dont tout le monde se moque : 1. Elles ne tiennent aucun compte de l'intelligence, 2. elles sont purement et superficiellement somatiques. [...] La psyché des animaux est depuis toujours le chapitre le plus négligé de la zoologie. Combien grossières sont nos appréciations de l'intelligence des "bêtes" ! ― des hommes aussi, tant qu'on y est ! [...] Seule la composition chimique du protoplasme spécifique à chaque "espèce", à chaque individu, peut fournir un critère correct de classification.[9]

Observateur de son époque et de son environnement, il tente même une hypothèse sur les chaînes qui relient les hominidae et se livre à une description anthropologique où il décrit ses premières intuitions d'égosoliste métamorphosé en auto-anthropologue en herbe. Avec un rien de cette déformation de l'anthropologue qui, en prétendant parler des autres, en dit beaucoup sur lui.

Le singe et consorts signifient la décadence la plus extrême, la plus vertigineuse, la plus effrayante qu'ait connue la nature !... ― ― ― Tel fut le praelude de l'homme... [...] De même que le singe tire son origine de prédateurs pervertis, l'homme descend de singes pourris.[9]

L'humain, [...] épigone du singe, dépouillé des guenilles sous lesquelles la honte lui fait cacher son pitoyable corps pelé, ― avec quelle sollicitude il entretient les rares vestiges de son pelage ! ― , dissymétrique, hideux, valétudinaire, infirme, infect, son corps, dis-je, aux muscles alanguis et aux ineptes mouvements de tortue ; à l'esprit paresseux, obtus, hésitant, vacillant, lâchement abject, sournoisement raisonnable, simiesquement futile, vaniteux, rampant dans une poussière plus impure que tous les reptiles, se rongeant les sangs d'ennui, c'est dire le dégoût de soi, mendiantesquement sociable, endolori : se reflétant spécifiquement dans l'hypocrisie à la fois lâche et stupide du regard ; ― le tout couronné encore de ― la morale... ― ??...[9]

Egosolistus Hominina

Origines

Le genre Homo Sapiens se différencie des marsupiaux par son mode de reproduction placentaire - commun à la plupart des mammifères. Ainsi Egosolistus serait issu d'une inter-fécondation entre un mâle et une femelle hominine avec un gestation de 9 mois dans les entrailles de cette dernière. La période de gestation est identique à celle des autres homo sapiens. Rien n'est connu sur l'aspect volontaire ou accidentel de cet engendrement.

Environnement primal

Dès sa naissance, Egosolistus se confronte d'abord aux hominines déjà présents. Hormis ses deux parents, deux frères et deux sœurs attendent l'arrivée de celui qu'ils prénommeront Ladislav.

Tous m'inspiraient une aversion frisant le dégoût - non qu'ils fussent dégoûtants - simplement parce qu'ils m'étaient trop proches. Mes parents me répugnaient, je les haïssais presque, bien que je n'eusse pas à me plaindre d'eux, parce qu'ils osaient m'être plus proches encore, - si paradoxalement, ignoblement proche.[10]

Dans les quelques années qui suivent sa naissance, il semble que Egosolistus, tout comme les petits hominines, passe par une période d'éveil, de découverte et d'apprentissage de sa nouvelle condition. Cette période pendant laquelle le nouveau venu à la vie s'émerveille de ce qui l'entoure et s'interconnecte avec les autres individus rencontrés. Ses premières sensations et son ouverture au monde.

Enfant, je haïssais tout le monde, la moindre caresse me faisait vomir, contre tous les spécimens du sexe masculin en particulier je nourrissais une idiosyncrasie très poussée. Fondée sur un mépris inné. Analysant mes souvenirs , il m'apparaît que dès les premières années de cette petite vie ma perception de moi-même et de l'humanité a été celle de deux puissances en guerre ; et dès mon plus jeune âge j'ai instinctivement sous-estimé mon adversaire - je le tenais pour rien.[10]

Poubelle dévastée par le feu de la révolte[11]
Entre 10 et 14 ans, solitaire et créatif, Egosolistus passe une grande partie de son temps à se promener dans les champs et les bois, des km de marche et d'escapades, et une autre à se livrer à des activités ludiques qui alimentent son esprit critique. Sans attendre la généralisation de l'abri-bus ou l'introduction de la poubelle de rue...

Je volais simplement pour voler, je me faisais un sport de casser les carreaux la nuit à la périphérie de Domažlice, de poser des pierres sur les voies de chemin de fer, de mettre le feu aux meules de blé.[10]

Comme les petits hominines du même âge, Egosolistus est contraint de fréquenter l'école afin de parfaire son dressage sociétal. Selon ses propres dires, et avec honte, il est bon élève, studieux et sage. D'après l'autobiographie dont nous disposons, l'année de ses 15 ans semble être un tournant dans son environnement le plus proche et dans son for intérieur. Sa mère, sa tante, sa grand-mère maternelle et sa dernière sœur meurent du typhus entre mai 1894 et février 1895. Ses deux frères étant déjà décédés, il vit dorénavant seul avec son père. Devenu réfractaire à l'enseignement scolaire, Egosolistus sèche dès que possible et son attitude lui vaut plusieurs sanctions et renvois de l'école. Selon un ancien camarade de classe au lycée :

Il a essayé très tôt de se différencier de son entourage. Il négligeait son apparence, marchait en se dandinant et faisait son possible pour vivre de la manière la plus primitive, au point de s'attirer des blâmes du proviseur, le mettant en demeure de se faire couper les cheveux et de se dégrossir en général. Il fuyait ainsi ce qu'il appelait la fausse civilisation. Il choisissait aussi pour cela des moyens qui me paraissaient étranges, restant par exemple huit jours et plus sans se laver, me faisant l'éloge des avantages qu'il y aurait à manger à la façon des chiens. Bref, il s'efforçait par tous les moyens de dépouiller l' "homme civilisé".[12]

Egosolistus lui-même insiste sur cette période entre 15 et 19 ans pendant laquelle son esprit et son corps vagabondent. L'un explore les méandres des questionnements, l'autre les chemins de traverse. Il prend violemment et doucement conscience du monde. Celui-ci prend forme et le rien se dessine. Egosolistus prend conscience de lui et de sa toute-puissance...

Je profanais systématiquement la croix aux environs de la ville, je faisais de l'esclandre à l'église, je lançais, faute de bombes, des tracts anarchistes, etc.[10][13]

Après des exclusions répétées de différents établissements, Egosolistus est définitivement exclu de la scolarité à 17 ans après avoir rédigé une dissertation dans laquelle il insultait la famille impériale. Il décide alors, résolument, de ne jamais avoir de métier. Il part vivre avec son père dans la banlieue sud de Prague où il s'inscrit en auditeur libre à la faculté de philosophie. Il quitte le domicile familial à l'âge de 21 ans avec la seconde femme de son père, âgée de 24 ans. Ce qu'il reste de l'héritage de ses défuntes mère et sœur - après ponction par le père - lui permet d'imaginer pouvoir survivre 8 ans sans avoir à travailler.

Remarques

Globalement les comportements de Egosolistus, dans une période que l'on pourrait qualifier de pré-pubère, ne se différencient que très peu de ceux des jeunes hominines et particulièrement chez Homo Sapiens. Il semble ainsi réussir à se faufiler parmi les autres hominines qui peuplent sa réalité.

Egosolistus vs Hominina ?

Il est courant parmi les personnes non-averties en protivo-paléoanthropologie de vouloir opposer Egosolistus aux autres hominines. Il n'en est rien. Son nom entier Egosolistus Hominina rappelle sa pleine appartenance à la famille des hominines dont il n'a jamais cherché à s'éloigner.

Une compassion immense et torturante pour les animaux, maîtrisée à 90% ; pour les hommes - à peu près aucune ; mais je ne suis rien moins que misanthrope, - au contraire, à ma manière particulière j'aime bien les humains - comme aussi les poux.[10]

Cet anti-spécisme affirmé[14] tend à désamorcer cette fausse opposition. Par de sur-humain nietzschéen mais une singularité. Un regard de la marge, un jet d'acide...

Durant les années où d'autres s'échinent à passer des concours et à se lancer dans une carrière, ma principale activité fut de me promener sans fin dans les futaies, de courir après les nymphes et les châteaux hallucinatoires, de me rouler tout nu sur la mousse et dans la neige [...][10]

En octobre 1904, à l'âge de 26 ans, Egosolistus publie à compte d'auteur l'état de ses réflexions et observations qu'il intitule Le monde comme conscience et comme rien. Il reprend le titre Le Monde comme volonté et comme représentation qu'Arthur Schopenhauer avait donné en 1819 à l'un de ses écrits, le déforme et répond par la même au philosophe. D'abord confidentiel, le livre reçoit quelques soutiens et critiques positives. Presque sans le sou, il décide en 1906 d'accepter la proposition de son père de venir vivre au domicile paternel. Pendant trois années, jusqu'à la mort de son père fin 1909, Egosolistus se consacre à la lecture et rédige de nombreux aphorismes.

"Me semble-t-il", restriction à appliquer à chaque mot, – ou à aucun : rien de rien n’est certain, et il est à supposer que nos lecteurs ne seront pas de ces péquenots qui prennent tout ce qu’ils voient imprimé pour paroles d’évangile.[9]

Je suis la volonté absolue de Ladislav Klíma
Libéré des obligations sociales liées à la parenté, il passe néanmoins une période difficile dans laquelle il dilapide le maigre héritage. Presque ruiné, il s'installe en 1913 avec Anna Kralikova, son ex-belle-mère, et celui qui deviendra par la suite son second mari. Après deux années passées avec les futurs mariés, Egosolistus les quitte pour s'installer dans un hôtel du quartier industriel de Prague. Il se sociabilise pour la première fois. Dans des bistrots il sympathise avec d'autres hominines, tous allemands, dans des beuveries sans fin. Il écrit un peu et se créé un petit cercle de proches. Pour survivre, il est contraint d'accepter quelques boulots. Il devient ainsi gardien d'un usine abandonnée :

Mon gardiennage consista exclusivement en des beuveries continuelles. Pendant tout le temps qu'il dura, je n'eus pas une seule fois l'idée d'aller jeter un coup d'œil à l'usine. C'était bien, j'avais le plus grand appartement de Prague, la solitude assurée, un salaire, le chauffage et l'éclairage par-dessus le marché. Le fait de ne rien surveiller ne fut pas non plus sans mérité : pouvant très facilement voler et vendre maint objet de valeur, je ne subtilisai, bourrique que j'étais, strictement rien, si ce n'est un petit flacon d'éther dont j'ingurgitai le contenu.[10]

Son mode de vie et ses proximités avec des allemands lui valent des critiques. Il dit lui-même qu'à cette époque ses amis sont quasi exclusivement des allemands, puis plus tard des juifs[15]. En parallèle, il entretient des correspondances avec plusieurs hominines avec qui il échange sur ses préoccupations égosolistes. Après la naissance de la Tchécoslovaquie à la fin de la Première guerre mondiale, il co-écrit en 1922 Mathieu Lhonnête, "une comédie populaire fantastique" qui fait scandale par ses critiques du pouvoir politique du nouvel État tchécoslovaque. La même année, grâce à un mécène désireux d'en savoir plus, Egosolistus publie Traités et Diktats et permet ainsi, au plus grand nombre, de savoir comment est vu le monde par le seul et unique Egosolistus connu. La consommation d'alcool nécessaire à la création de cet écrit pousse Egosolistus à réduire drastiquement la quantité de liquide nourricier dès la fin de 1922. Son corps semble mal réagir, tout autant à l'alcool qu'à son sevrage. Alors que depuis une dizaine d'années Egosolistus avait fait subir à son corps toute une somme de situations extrême, il était jusqu'ici en bonne forme, marchant des heures à travers bois et montagnes.

J'ai bu l'eau avec laquelle on avait lavé des vérolés, j'ai mangé des saucisses dont il ne restait quasi que les vers, j'ai avalé des eaux qui auraient fait tomber tout homme normal gravement malade - je m'en suis tiré avec deux jours de diarrhée. Les médecins crèveraient de faim si tous leurs clients me ressemblaient [...][10]

La lecture et l'écriture sont des remèdes illusoires auxquels ils s'adonnent toujours frénétiquement.

Dans un de ses agendas, le poète-philosophe tchèque Ladislav Klíma a noté entre les 26 janvier et 22 décembre 1927 non moins de 104 fois "rien" (nic) à côté du jour de la semaine. Rien de plus, rien de moins – mais il ressentait le besoin de le noter. Le 12 février, il a décidé de biffer "rien" et le remplacer par le mot "déjeuner" (oběd). Le 8 avril enfin, il a rajouté un point de suspension au mot "rien". Que signifient ces gestes ? Comment les concilier avec le journal personnel de l’écrivain ? En un mot, quel est le sens de ce "rien" : est-ce de la littérature, est-ce une pratique, est-ce "rien que ce rien qui nous délivre du tout", pour citer Paul Claudel ?[16][17]

Les relations entre Egosolistus et les autres hominines sont faîtes d'échange et de proximité, de distance et de nausée, compliquées comme devaient l'être celles entre Néandertal et ses contemporains[18]. Il communique à travers ses écrits, sous forme de roman, de poésie, de théâtre, de traité philosophique, d'aphorisme et de délire science-fictionnel.

Ma vie est la plus extrême folie, le donquichotterie la plus prodigieuse qui se puisse concevoir - parce qu'elle est en même temps éminemment rationnelle, - ce pourquoi je vis encore, habitant de la lune tombé sur la terre et qui depuis n'a cessé d'œuvrer, avec esprit de suite et à l'exclusion de toute autre activité, contre les conditions de la vie animale[10]

En 1927, il publie Instant et Éternité dont le titre peut laisser penser que Egosolistus pressentait sa fin proche...

Il ne restera, de tous les concepts humains, rien, rien et rien de rien ! Malgré toutes nos tentations, malgré la peur qui revient nous hanter, tout est à jeter – tout, sans pitié ! Que l’audace, la paradoxalité, la folie soient sans limites ! Plus on délirera, mieux ça vaudra, – plus on s’éloignera de l’horripilodégoûtation qu’a été jusque-là toute la folie, et plus – on s’approchera de Dieu ! Qu’il ne reste pas pierre sur pierre !...[19]

Habitat

Tout au long de sa vie, Egosolistus a navigué entre les forêts de Bohème et les vallées alpines des Grisons suisses, les faubourgs urbains de Prague et la ruralité de petites villes. Mêlant déambulations solitaires et enkystement social. Le climat est de type continental humide.

Alimentation

Par ses témoignages directs nous disposons de moult détails sur le régime alimentaire de Egosolistus. Et même d'une sorte de proto-recette de macédoine égosoliste.

Suggestion de présentation

Cuisiner, c'est : gaspiller du temps, dépouiller les aliments d'importantes composantes "vitamineuses", les rendre moins appétissants et les payer de deux à vingt fois plus cher. Pendant des périodes assez longues je n'ai mangé que : de la farine crue, (le cas échéant, du blé et des pois trempés), de la viande crue, des œufs crus, du lait, des citrons et des crudités : et j'ai joui ce faisant d'une santé idéale - et aucun gourmand millionnaire n'a pris autant de plaisir à dégobiller ses huîtres et autres crottes que moi à déchiqueter à belles dents mon kilo de cheval cru... Trouver quelque chose de dégoûtant - inconnu au bataillon. Une fois j'ai volé à un chat une souris à moitié croquée et je l'ai bouffée telle que, avec les poils et les os, comme un petit pain.[10]

Nous ne sommes pas en mesure d'affirmer si ce sont les débuts de l'industrialisation alimentaire qui eurent un impact néfaste sur son bien-être intestinal ou si ce sont ses choix d'ingrédients dans son alimentation crudivore, mais l'Egosolistus témoigne de sa difficulté à supporter, parfois, un tel régime :

... j'ai attrapé une diarrhée à ce point carabinée que je faisais gicler à cinquante kilomètres à la ronde une liqueur claire comme un diamant de la plus belle eau.[20]

La diarrhée dure déjà depuis un mois et cela se répercute en diable sur tout le reste.[21]

Si, dans l'actuel état d'affaiblissement de mon organisme et de diminution des résistances, je n'attrape pas carrément la dysenterie, je serai plus fier de mes intestins que de quoi que ce soit.[22]

Egosolistus semble devoir aussi ingurgiter un liquide nourricier, quotidiennement, pour survivre. Si la plupart des êtres vivants prennent dans l'eau ce qu'il leur est biologiquement nécessaire, il n'est fait nulle mention d'un acte similaire avec Egosolistus qui, lui, a un besoin impérieux d'alcool. Selon un de ses anciens amis, la consommation d'alcool commence à partir de la seconde année du lycée mais il reste muet sur ce qu'il en était avant. Egosolistus était-il auto-suffisant en liquide nourricier ou n'en avait-il pas besoin ? N'a-t-il jamais bu de l'eau ?

Adepte d'une certaine auto-médication, Egosolistus déclare :

C'est l'alcool qui me sauva, le rhum et l'alcool absolu ; jusqu'à ce jour je suis demeuré fidèle à mes sauveurs. Je ne dessoûlai pas de toute la seconde moitié de l'an 12 ni de tout l'an 13.[10]

En 1913, il pratique ce qu'il appelle une soûlographie permanente avec ses amis allemands, puis change de partenaires pour confirmer en 1922 :

Les beuveries se poursuivent [...] des mois durant quotidiennement et du soir au matin et inversement.[10]

La nécessité biologique pour Egosolistus d'ingurgiter des litres d'alcool prend différentes formes. Parfois il se sociabilise dans les espaces publics dédiés - bistrots et tavernes - mais selon ses propres dires :

C'est toujours seul que je me suis livré à l'ivrognerie et la plus intensive et la plus extensive.[10]

Hormis manger et boire, l'autre nécessité biologique dans l'alimentation de Egosolistus est la consommation, sans modération, de lectures. Philosophes de son temps ou anciens, tous passent à la moulinette égosoliste. Arthur Schopenhauer, Friedrich Nietzsche et Diogène de Sinope pour les plus illisibles de ses préférés. Les premiers pour leur style, le second pour l'absence de texte. Les premiers pour leur écrits, le second pour son "étance".

Par ailleurs, la compréhension intégrale d'idées philosophiques, telles qu'elles vivent dans la tête qui les conçoit, est tout à fait impossible, et on peut en dire presque autant de leur compréhension approximative. Qu'on se souvienne du mot de Hegel mourant, ― de Nietzsche aussi qui dit : "― ― so hat Schopenhauer sowohl Kant wie Plato völlig missverstanden" [ainsi Schopenhauer a compris aussi bien Kant que Platon complètement de travers]. Personnellement, j'ai parfois l'impression que Nietzsche avait "sowohl Kant u. Plato wie Schopenhauer völlig missverstanden" [compris complètement de travers aussi bien Kant et Platon que Schopenhauer]. Et, pour ma part, il se peut bien que je ne comprenne rien à aucun des quatre.[23]

Chaque phrase doit résonner comme un coup de marteau et rappeler que la philosophe n'est pas un métier, ni peut-être même un destin, tout juste un bluff qui confine celui qui s'y adonne dans une "solitude phénoménale", avec toutefois pour récompense une "radieuse hilarité"[4]

Régurgitations

Diogène de Sinope
Présente chez quelques mammifères ou des oiseaux, la régurgitation d'aliments permet soit de parfaire sa propre digestion, soit de nourrir quelqu'un d'autre. Les régurgitations alimentaires - parfois simplement appelées vomissements ou diarrhées - de Egosolistus ne se caractérisent pas seulement par leur haut degré d'alcool mais plutôt par leur aspects littéraires.

[...] son griffonnage [est] permanent sur tout support possible : papier à en- têtes et factures de la manufacture de l’ersatz du tabac qu’il a fondé avec son ami, Franz Böhler, en 1917 ; lettres ; enveloppes ; ou encore prescriptions médicales. N’importe donc le support : l’important, c’est le message, soumis à l’ensemble de règles rhétoriques garantissant sa cohérence avec les idéaux de l’auteur[16]

Alors qu'il voulait sortir un unique écrit vers la fin de sa vie, synthèse de ses réflexions, Egosolistus dût se résoudre, pour des raisons financières, à publier quelques livres de son vivant.

  • Le monde comme conscience et comme rien, 1904 (1995)
  • Mathieu Lhonnête, 1922
  • Traités et Diktats, 1922 (1990)
  • Instants et éternités, 1927 (1990)

La plupart de ses écrits sont retrouvés après sa mort. Progressivement publiée sa riche œuvre manuscrite se compose d'essais, d'aphorismes, de romans, de poésies et de théâtre, dans un stylé décalé propre à Egosolistus. Une partie des textes sont manquants car l'auteur en a détruit lui-même. Hormis les versions éditées de son vivant, toutes les éditions postérieures en tchèque sont censurées par le régime en place. Les versions francophones ne sont que des copies de ces textes amputés. Depuis la fin des années 1980, Erika Abrams a traduit en français et publié les textes - non censurés - de Ladislav Klíma, écrits en tchèque, allemand ou latin.

Il y a des moments maintenant où je sens une faim enragée de régurgiter toutes mes tripes à la merci de la meute des chiens et des cochons, ― encore quelques années et, sait-on jamais, "Munch bin ich geworden ganz und gar" [je ne suis plus que bouche] : Niet. ; "wahrlich, es ist schwer zu leben, weil Schweigen so schwer ist" [en vérité il est difficile de vivre, parce qu'il est difficile de se taire] : idem ; il est, ma parole, non moins difficile de clamecer pour la même raison ![24]

Quelques romans disponibles en français :

  • Les Souffrances du prince Sternenhoch (1990)
  • Némésis la glorieuse (1988)
  • La Marche du serpent aveugle vers la vérité (1990)
  • Le Grand Roman (1991)

Des écrits et des essais sont parus sous la forme de compilations :

  • Ce qu'il y aura après la mort et autres textes (1988)
  • Je suis la volonté absolue. Autobiographie(s) (2012)

Quatre tomes des Œuvres complètes sont disponibles aux feues les Éditions de la Différence. Cette disparition ne laisse rien présager de bon quant au projet de deux autres tomes, l'un sur le théâtre et l'autre sur le reste de l'œuvre romanesque.

  • Œuvres complètes I : Tout. Écrits intimes, 1909-1927
  • Œuvres complètes II : Dieu le ver, correspondance 1905-1928
  • Œuvres complètes III : Le Monde etc. Philosophica journalistica, 1904-1928
  • Œuvres complètes IV : Le Grand Roman

Difficile de résumer l'œuvre de Egosolistus tant elle est déconcertante[25]. Disons que c'est un peu comme si Diogène avait trouvé la machine à voyager dans le temps puis nous avait livré sa vision du monde par le prisme du sac à vomi. Une sorte de progéniture spirituelle et spiritueuse de Cratès et Hipparchia[26] qui découvre l'auto-anthropologie, n'en tire rien pour les autres, et nous en fait part. Nul autre que lui ne peut être - au sens strict - qualifié d'égosoliste. Ses écrits sont le seul témoignage direct de Egosolistus dont nous disposons[27].

Il la résume lui-même très bien dans un long tweet[28] trouvé sur internet :

Le plaisir éprouvé "pour rien" n’est pas rien ! Il n’y a ni plaisir ni vertu dont la sagesse n’ait pas à avoir honte. La sagesse a honte de la vie, la vie a honte de la sagesse et c’est de sa part la sagesse même, la sagesse est vie, – mais pour finir ? : le fin mot du tout, – rien !...[9][29]

Sexualité

L'apprenti sorcier publié anonymement par François Augiéras en 1964
En se basant sur les écrits de Ladislav Klíma, il est peu aisé de déterminer quelles ont été ses relations "amoureuses" et ses pratiques sexuelles.

Mes seuls compagnons, aimés d'amour, étaient des quantités de chats. Ceux des êtres visibles que j'aime le mieux, ce sont les montagnes, les nuages et les chats - et peut-être, malgré tout, les femmes aussi.[10]

Sur ces dernières, il reste discret. S'il reconnaît qu'il aime à "claquer les fesses" de femmes dans la rue, il minimise en affirmant qu'il le fait moins par plaisir que pour transgresser le savoir-vivre et la courtoisie. Dans quelques lettres transparaissent des prénoms et des allusions à des formes de relations sociales dites "amoureuses". En 1897, à l'âge de 23 ans, Anna Kralikova épouse le père de Ladislav mais le quitte l'année suivante pour partir avec Ladislav, alors âgé de 21 ans. La nature exacte de leur relation reste mystérieuse car leur correspondance a été détruite par la famille. Il mentionne une Gella rencontrée en 1902 lors d'un voyage dans l'Engadine[30] :

Que j'ai un peu aimée, comme si elle était un chat ou qu'elle eût au moins deux petits meurtres sur la conscience[31]

Pendant la Première guerre mondiale, Egosolistus rencontre l'actrice autrichienne Lia Rosen avec qui il entretient une courte relation en 1919. L'installation avec Kamila Lososova au milieu des années 20 est, selon elle, simplement motivée par un "désir d'intégration sociale".

A l'exception de quelques visites au bordel et de quelques rencontres nocturnes dans les champs, "rien de sérieux" : non que cela ne m'eût pas plu, mais je n'en ai pas eu le temps.[10]

Le peu de textes disponibles sur la sexualité de Egosolistus ne nous permettent pas d'imaginer ce qu'elle put être mais ils sont sources de travaux protivophiles à venir sur les liens possibles entre, d'une part, Ladislav Klíma, et d'autre part, Claudine de Culam et François Augiéras. La première pour ces amours bestiales, le second pour ces amours curieuses, faîtes d'espace, de recoins et de brindilles[32]. Parfois bestiales[33].

Par ailleurs, je compte encore enrichir la "pathologie" sexuelle de la découverte d'une bonne 20aine de "perversités" dont elle n'a toujours pas idée ; ce qui est dire que j'ai mené une vie érotique, - extrêmement mouvementée, - exclusivement ou presque imaginaire.[10]

Extinction

Le mode de reproduction de Egosolistus est une inconnue. L'extinction[34] de son unique représentant à la mort de Ladislav Klíma, sans progéniture, ne permet plus de déterminer le type de reproduction qui pouvait être le sien. L'impossibilité absolue de rencontrer un autre représentant Egosolistus Hominina vouait ce genre à s'éteindre définitivement. Le premier, le seul et l'unique Egosolistus meure en avril 1928 à Prague.

Moi, père de famille, je ne peux rien m'imaginer de plus monstrueux, rien de plus ridicule, mesquin, moutonnier et bourgeois, rien de plus foncièrement déshonorant ; plutôt me faire pendre.[35]

La tuberculose a eu raison de ses hésitations répétées face au suicide :

L'Homme qui se respecte quitte la vie quand il veut ; les braves gens attendent tous, comme au bistrot, qu'on les mette à la porte.[36]

Longtemps conservée par Kamila Lososová, l'urne funéraire est finalement enterrée en 1949 dans le caveau familiale de cette dernière au cimetière Malvazinky à Prague. Aucune épitaphe, juste un prénom, un nom et les dates de naissance et de mort.

L'on connaît de nombreux et célèbres “derniers mots” prononcés par de grands hommes ; plus significatives à tous égards, sont les paroles de mon frère mourant à l'âge de neuf ans : "Moi je suis content de crever, j'en ai rien à foutre de cette foutue chiasse de vie".[37]

Postérieurité

Hormis à considérer son œuvre comme tel, Egosolistus n'a pas laissé à proprement-dit de testament. Tout au plus une conclusion (provisoire ?) :

L'humanité n'est que lâcheté et bêtise, démence crétine et servilité viscérale[38]

Et une courte déclaration d'amour :

Vous dites, messieurs, que mes métaphores sont souvent pathologiquement puisées aux cabinets ? Mais le monde est une chiotte, le monde est une quantité pathologique ! Tant que vous, singes que vous êtes et qui vous parfumez le trou du cul, vous n'aurez pas avoué que votre tout se résume à une séance dans un immense lieu d'aisances, vous n'aurez aucun espoir d'en enfoncer la porte.[38]

Très peu connu par ses contemporains, Egosolistus l'est toujours aussi peu de nos jours. Même l'ex-responsable de la bibliothèque municipale de Nice ne semble pas connaître :

Klíma, klimat, climat ? Non, ça me dit rien ![39]

Malgré cela, il reste une référence pour des expressions artistiques "underground" ou alternatives. Le lien n'est pas toujours évident, et il a fallu attendre la mise en place de nouvelles approches que ses tenants ont nommé postérieurité. Ce néologisme se compose comme le terme "postérité" basé sur le latin posterior - de post "après" - qui désigne les descendants, les continuateurs et de manière générale ce qui, dans le temps ou l'espace, vient après. Ce que le français actuel qualifie de postérieur. Cette même racine latine est à l'origine du terme "postérieur" dans le sens de fesses, le derrière. Ce faisant, ils reprennent la synthèse entreprise par Egosolistus entre différentes pensées et philosophies pour crier leurs détestations du monde présent :

Le matérialisme ou le monde en tant qu'étron fumant, l'esprit en tant que fumée et vapeur.[38]

Malgré cette énonciation audacieuse, le régime communiste en place en Tchécoslovaquie ne supporte pas l'odeur qui se dégage des écrits de Egosolistus.

Pochette de la cassette de l'album Jak bude po smrti (Ce qu'il y aura après la mort) sorti en 1979
Alors que les chars soviétiques entrent en 1968 en Tchécoslovaquie pour aider le gouvernement à en finir avec les contestations politiques et sociales, un groupe de rock expérimental se créé à Prague. The Plastic People of the Universe (PPU) défraie la chronique et s'attire rapidement les foudres du pouvoir. En 1976, certains de ses membres sont arrêtés et des concerts interdits. Des intellectuels tchécoslovaques se saisissent de cette répression pour publier la Charte de 77 dans laquelle ils demandent une démocratisation du régime socialiste. L'album Jak bude po smrti (Ce qu'il y aura après la mort) sorti en cassette-audio en 1979 tient son nom d'un texte de Egosolistus. Il contient un morceau du même nom et deux autres intitulés "Slavná Nemesis" (Némésis la Glorieuse) et "Jsem absolutní vůle" (Je suis la volonté absolue) avec des extraits de ces écrits[40]. Sa réédition en 1998 sur support CD est illustrée par une photo de L. Klíma. En 2009, le groupe de rock expérimental Agon Orchestra et PPU enregistrent l'album Obešel Já Polí Pět dans lequel figure les morceaux de 1979 enregistrés en 2003 lors d'un concert "au rythme de Ladislav Klíma" pour reprendre le nom donné au concert, et aussi les versions de l'époque. Là encore, la pochette est illustrée par une photographie de Egosolistus. Dans des styles musicaux différents, quelques autres groupes tchèques se sont inspirés de Egosolistus pour des morceaux. La postérieurité est vaste et rattache ainsi Egosolistus à des auteurs aussi divers que Gorki Plubakter, Kickback ou Booba pour la zone francilienne contemporaine. Le premier, cataphile et scatophile, membre du collectif Cavage est responsable en 2003 du bel étron musical "La merde"[41] destiné à éclabousser la musique électronique. Adepte d'un "negative hardcore", les parisiens de Kickback hurlent leur joie de vivre depuis le début des années 1990 à la face de celles et ceux qui veulent bien les écouter[42]. La notice nécrologique consacrée à Kickback dans Analectes de rien de F. Merdjanov précise que le groupe est "klimatocompatible"[43]. Elle l'illustre par le choix du morceau "Nothing"[44], extrait de l'album Forever War de 1997, et précise d'ailleurs que le dernier album de Kickback, sorti en 2013, s’intitule L’utilité du rien. A travers ses albums, Kickback tente de nous livrer sa recette pour foutre le feu à la décharge publique et leurs concerts sont une tendre manière de défoncer la porte du lieu d'aisances, pour paraphraser Egosolistus. Cette macédoine de rage donne un met excellent pour les cinq sens. En avance sur son temps, Egosolistus est l'auteur d'une enthousiaste chronique musicale analysant l'œuvre de Kickback.

La "vie" : pataugeauries dans une fosse à purin pour en rapporter de la merde ; l'Homme : chien à qui le destin fait apporter un quelque chose qui flotte à la surface du fumier, chose que, lui, avec le bon sens habituel de la "raison pratique", tient pour de l'or – ne comprenant pas que, dans ce cas, cela coulerait à pic ; ce n'est qu'en le prenant dans sa gueule qu'il se rend compte qu'il ne tient qu'un étron.[45]

L'appartenance du philosophe-rappeur-entrepreneur Booba est encore discutée au sein même des tenants de la postérieurité. Son fameux aphorisme "Sur le plus haut trône du monde on est jamais assis que sur son boule" [46] ne semble pas suffisant pour l'inclure avec certitude parmi les héritiers de Egosolistus car cela reviendrait à accepter Giédré[47] et son On fais tous caca ou penser que Excision[48] de Didier Super est un poème sodomite. De manière assez convaincante, MC Circulaire plaide néanmoins - et sans le vouloir - dans Légende rurale pour le célèbre aphoriste du 9-2[49].

Mais quel exploit littéraire !
T'es le nouveau Charles Baudelaire.
Tu fais rimer me-sper
Avec la chatte à sa mère[50]

Dans sa prose briochée, MC Circulaire rend compte dans le texte Demain c'est trop tard[51] de ce qu'aurait pu être la vie de Egosolistus, s'il avait vécu de nos jours dans une petite bourgade de Vendée. Est-ce une uchronie sur sa jeunesse ou une libre adaptation d'une Journée cholupicienne au goût ligérien[52] ? Raide à chier [53] est-il alors un extrait de sa correspondance lorsque qu'il prend goût à rien ? Une de ses régurgitations analo-bucales ? Dans ce cas, cette correspondance retrouvée pourrait être datée des environs de 1920 lorsque Egosolistus commence à prendre une certaine distance avec l'éthylisme, mais seule une biographie plus complète - peut-être un jour réalisée par Erika Abrams - pourrait confirmer une telle hypothèse à priori farfelue.

La vie de qui nous ressemble est un compromis effroyable, héroïque d'ignominie, entre Dieu et le caca ; comme si on voulait montrer aux divinités, suite à un pari engagé autrefois avec elles, qu'on peut demeurer dieu sous les espèces d'une chiure ; ce pourquoi l'Hébreu décrié que chacun sait a eu à subir sa via [vie] ― plutôt faecis [cacaifié] que crucis [crucifié].[54]

De manière aussi profonde qu'elle a marqué la musique, la littérature et la philosophie, l'œuvre de Egosolistus a laissé son empreinte dans le cinéma. Un seul film - tchèque - s'est inspiré de l'un de ses écrits, V záru královské lásky[55], une adaptation moderne, en 1991, de Les Souffrances du prince Sternenhoch. La postérieurité permet néanmoins de relier Egosolistus à un film - italien celui-là - sorti en 1970. Réalisé par Elio Petri, La classe ouvrière va au paradis raconte les mésaventures de Lulu, ouvrier dans une usine, qui est chahuté entre ses désirs et la réalité, ballotté entre sa vie, sa révolte et ses envies de rien. Dure condition ouvrière !

Le cerveau c’est la direction centrale. Il décide, il fait des projets, il programme, il met en route la production. Et l’Homme, lui, il entre en piste. Il se met en mouvement. Les bras, les jambes, la bouche, les yeux, la langue… Tout ce met en mouvement. Il fonctionne. Il attrape la nourriture qui est la matière première… L’Homme travaille pour manger, la nourriture elle descend, et là il y a une machine qui concasse. Et c’est prêt à ressortir. C’est comme une usine. L’Homme est pareil à une usine… une fabrique de merde ![56]

Nous n'avons pas encore le recul nécessaire pour évaluer l'impact réel de Egosolistus sur la littérature anglaise contemporaine au sein des francophones. Ce qui est sûr, c'est que post-mortem il a contribué à la carrière de traductrice de Erika Abrams. Depuis les années 1980, elle n'a de cesse de traduire du tchèque vers le français des auteurs de poésie, de roman et de philosophie. Yvan Blatný[57] et Vladimir Holan[58] pour ne citer qu'eux, en sus des œuvres complètes de Ladislav Klíma. En France, elle reçoit en 1994 le Grand Prix national de la traduction[59] pour l'ensemble de son œuvre. Entre 2001 et 2004, elle traduit de l'anglais au français les trois premiers romans de l'écrivaine britannique Sarah Waters sortis quelques années plus tôt. Publié en 1998, Tipping the Velvet (Caresser le velours) relate à travers des destins croisés les difficultés pour des femmes de vivre leur lesbianisme à l'époque victorienne[60]. Affinity (Affinités), le second, en 1999, se déroule dans une prison de femmes, toujours à l'époque victorienne. Le troisième, Fingersmith (Du bout des doigts) paru en 2002 est une sorte de thriller historique dans lequel les classes sociales s'affrontent sur fond d'amours lesbiennes[61]. L'influence de Egosolistus s'arrête là car les romans suivants n'ont pas été traduits par Erika Abrams et il ne serait pas très protivophile de faire des liens là où il n'y a rien.

Moins que dire
et se taire à rien de rien
voilà ce qui nous attend...[62]

Klimaïen ?

Le nombre d'écrits consacrés à Egosolistus en français est-il encore plus réduit que celui de ses lecteurs ? En plus de son travail d'annotation et de commentaire, Erika Abrams a écrit une notice biographique dans le Dictionnaire des philosophes, paru en 1998 chez Encyclopaedia Universalis/Albin Michel, et traduit un court texte de 1967 du philosophe tchèque Jan Patočka dans lequel il analyse l'œuvre de Ladislav Klíma. Il est publié en 2012 dans la compilation Je suis la volonté absolue parue aux Éditions de la Différence.

A notre connaissance, le travail le plus complet réalisé à ce jour est L’égosolisme klímaïen et le matérialisme du rien de F. Merdjanov dont la seule mention connue - en macédonien - est la courte notice biographique[63] en français qui lui est consacrée dans Analectes de rien. Dans la postface intitulée "Vie et œuvre de F. Merdjanov" les éditions Gemidžii font part des difficultés rencontrées pour traduire le titre, ce qui laisse imaginer la complexité de l'ensemble du texte ainsi titré :

La première partie du titre fait clairement référence au concept forgé par Ladislav Klíma et ne comporte aucune difficulté traductionnelle. La deuxième partie, par contre, offre son lot de difficultés. Faut-il traduire par "matérialisme du rien" ou par "matérialisme de rien" ? Le passage de la langue bulgaro-macédonienne au français permet ce léger glissement, cette nuance. L’inverse n’est pas vrai. Si nous avions suivi une traduction plus littérale, dans un glissement supplémentaire, nous aurions proposé "matérialité de rien". Là encore, le glissement de sens ne nous permet pas de rendre la complexité de l’intitulé, tout en restant plus juste que la proposition radicale de traduire par "matérialité du rien". La protivophilie est ici un outil indispensable. S’il y a matérialité du rien, il devient autre que du rien. Alors il n’est plus rien, il est autre. S’il y a matérialité de rien, de vraiment rien, autant dire que rien n’existe. Pas même sa matérialité. Les nombreux travaux entrepris pour résoudre cette problématique ont porté sur l’effet du sens attendu et l’effet du sens affectif. Sans entrer dans les détails d’une approche encore balbutiante, nous pouvons constater que nous avons fait un choix. Le "matérialisme du rien" se caractérise par son effet du sens provoqué et le "matérialisme de rien" par son effet du sens affectif. Commençons par ce dernier puisque nous avons décidé de ne pas le retenir. Cette proposition de traduction affirme une absence alors que tout est concerné par rien. Elle sonne bien à l’oreille dans sa construction grammaticale, mais son esthétique sonore est un piège dans lequel la protivophilie ne saurait tomber. C’est cela l’effet du sens affectif, une belle illusion grammatico-sonore qui n’incite pas au questionnement. Nous avons donc décidé de retenir la traduction de l’intitulé original sous la forme "matérialisme du rien". Ce choix s’explique par notre volonté de privilégier le sens profond plutôt que le sens superficiel, et par là même, de toujours chercher à favoriser une meilleure compréhension de ce qu’est rien. Cette construction grammaticale ne doit pas laisser penser qu’elle matérialise le rien en l’incluant dans une mécanique. Bien au contraire, elle nous indique qu’elle pose "matérialisme" contre "rien". Pas en opposition mais en proximité. L’expression "Être tout contre" a cette même polysémie évidente qu’en terme protivophile nous pourrions traduire par "Être pour rien" dans une forme oppositionnelle et par "Être à rien" dans une forme de proximité. Au delà d’une problématique franco-macédonienne, nous touchons là aux limites même des langages parlés et écrits, inaptes bien souvent à rendre la complexité des choses. Disons sans faille que le "du" est un simple artifice visant à garder une sorte de cohérence linguistique. Peut-être eût-il fallu que nous inventions pour cette occasion un nouveau signe, mélange entre le slash (/) et les deux points (:), pour mieux rendre la subtilité conceptuelle ? Mais alors se serait posée la question de la lecture de ce signe et de sa vocalisation, ce qui est loin d’être chose simple. Par sa construction et sa sonorité, le "matérialisme du rien" est la forme optimale pour l’effet de sens provoqué, l’interrogation. Un rien provocateur. Inutile d’y voir une forme d’extrême-orientalisme confondant le néant, le vide ou la vacuité de certaines religiosités d’Asie avec rien. Le vide n’est pas rien puisqu’il est vide. Ne mélangeons pas tout.[39]

Malheureusement, ce texte est totalement inédit et il semble que parmi la communauté protivophile personne n'ait encore pu en lire la moindre ligne.

Notes

  1. Domažlice (Taus en allemand) est alors une petite bourgade 7500 habitants à la frontière actuelle entre l'Allemagne et la Tchéquie. Elle est située dans la région de Bohème, elle-même rattachée à l'empire austro-hongrois et habitée de slavophones et d'environ 30% de germanophones. Domažlice est une ville de bilinguisme. Au lendemain de la Seconde guerre mondiale, les plus de trois millions de germanophones sont spoliés de tous leurs biens puis expulsés vers l'Allemagne. Voir Hans Lemberg, "La question allemande à l'intérieur de la Tchécoslovaquie", Revue des études slaves, 1979 En ligne
  2. Définition donnée à l’Égosolisme dans Ladislav Klíma, Traités et Diktats, 1922.
  3. Extrait d'une lettre écrite d’Horousanky par Ladislav Klíma.
  4. 4,0 et 4,1 Roland Jaccard, La tentation nihiliste, PUF, 1989
  5. Le terme désigne ici l'ensemble des espèces lémuriformes de Madagascar et non les habitants du mythique continent disparu de Lemurie, les lémuriens. Cette théorie d'un continent englouti dans l'Océan indien naît au XIXème siècle comme réponse d'un zoologiste à la similarité de la faune et de la flore sur des continents actuels très éloignés. Voir F. Priem, "L'extension ancienne des terres australes et l'hypothèse de l'Antartica", Annales de Géographie, 1894 En ligne La théorie de la dérive des continents ne sera émise qu'au tout début du XXème et acceptée quelques décennies plus tard. Ce thème de la Lémurie est repris par les pensées ésotérico-religieuses alors naissantes en Europe qui en feront une Atlantide Bis, une sage et grande civilisation disparue, dans un syncrétisme "oriento-occidental". Pour l'Océan indien existe aussi le mythique continent-civilisation englouti de Kumari Kandam, dans les traditions du sud de l'Inde, dont les pointes actuellement émergées sont l'Inde, Sri Lanka, l'Australie et Madagascar. Pour la protivophilie il est nécessaire de noter ici que l'île de Tromelin est, de fait, aussi une partie émergée de Kumari Kandam ou de la Lémurie.
  6. Liste des mammifères en république tchèque
  7. Famille du règne animal qui se caractérise par une symétrie bilatérale du squelette ou des organes, et par un tube digestif avec une entrée (bouche) et une sortie (anus)
  8. Les Eucaryotes regroupent les être vivants dont les cellules sont composées d'un noyau qui pratique le partage d'ADN (reproduction sexuée). Contrairement aux archées et aux bactéries, les deux autres familles primaires du vivant.
  9. 9,0 9,1 9,2 9,3 et 9,4 Ladislav Klíma, Le monde comme conscience et comme rien, 1904
  10. 10,00 10,01 10,02 10,03 10,04 10,05 10,06 10,07 10,08 10,09 10,10 10,11 10,12 10,13 10,14 et 10,15 Ladislav Klíma, "Autobiographie", texte rédigé en février 1924. Publié dans Je suis la volonté absolue, Éditions de la Différence, 2012
  11. Cet acte n'a jamais été revendiqué.
  12. Selon Jiri Hoetzel, meilleur ami de L. Klíma, en avril 1928. Rapporté dans la note 3 de l'édition française de Je suis la volonté absolue datée de 2012.
  13. "L’Esclave est le corrélat de Dieu" dit Ladislav Klíma, Tout. Écrits intimes 1909–1927, Paris, La Différence, 2000
  14. Il ira jusqu'à admettre que son principal emploi dans la vie a été d'être portier, "esclave de mes chats".
  15. Avant la création de la Tchécoslovaquie en 1918, les régions de Bohème et de Moravie sont habitées par de nombreuses populations juives. De langue allemande ou yiddishophones, elles furent pendant plusieurs siècles contraintes par des règles visant à réduire leur population, décider de leur lieux de vie et restreindre leurs activités économiques ou sociales. Depuis le milieu du XVIIIème siècle, l'empire austro-hongrois a allégé les contraintes pour, finalement, leur reconnaître l'égalité avec les autres sujets. La naissance des nationalismes tchèques, slovaques, hongrois ou allemands furent pour ces populations une injonction permanente à "choisir un camp", à opter pour une nouvelle langue, etc. Des prétextes aux violences antisémites. A l'époque de Egosolistus, environ 100000 personnes sont considérées de nationalité juive. Après l'annexion en 1939 de la région par les armées nazies, sur les environ 120000 juifs, presque 90000 sont déportés et seuls quelques 10000 survivent à l'extermination. Une grande part de survivants se réfugient après-guerre en Palestine.
  16. 16,0 et 16,1 Mateusz Chmurski, Décomposition du sujet, émergence de l’écriture dans la modernité centre-européenne, date inconnue En ligne
  17. Cité à l'entrée "Ladislav Klima est immortel !" dans F. Merdjanov, Analectes de rien, 2017 En ligne
  18. Du point de vue protivophile, cela questionne sur les processus d'émergence d'une conscience individuelle, de la singularité, parmi les autres primates
  19. Ladislav Klíma, Instant et Éternité, 1927. Cité à l'entrée "salut à toi !" dans F. Merdjanov, Analectes de rien, 2017 En ligne
  20. Lettre de Ladislav Klíma à M. Srb, 6 août 1917
  21. Lettre de Ladislav Klíma à A. Kříž, 19 août 1917
  22. Lettre de Ladislav Klíma à E. Chalupný, 20 août 1917
  23. Lettre de Ladislav Klíma à Emmanuel Chalupny du 26 juin 1907
  24. Lettre de Ladislav Klíma à Antonin Pavel, avril 1914, dans laquelle il cite Ainsi parlait Zarathoustra de Nietzsche : "Je ne suis plus que bouche, le mugissement d'un torrent d'un haut rocher : je veux précipiter mon discours dans les vallées."
  25. Voir par exemple l'article du Matricule des Anges, une revue littéraire actuelle, consacré au Grand roman En ligne
  26. Diogène, Cratès et Hipparchia sont trois des philosophes cyniques de l'Antiquité grecque. Voir Léonce Paquet, Les cyniques grecs. Fragments et témoignages, Livre de Poche, 1992. Et Michel Onfray, Cynismes, Grasset, 1990. La source biographique principale concernant le trio sus-cité est Vie, doctrines et sentences des philosophes illustres, écrit par Diogène Laërce au IIIème siècle, dont le livre VI est consacré aux philosophes cyniques En ligne.
  27. Par cette source unique, la protivo-paléoanthropologie dispose d'outils de compréhension que n'ont pas les paléo-sciences classiques. Aucune ne détient pour l'instant le journal intime d'un jeune néandertalien, ni le moindre haïku attribué à la demie-sœur de Lucy l'australopithèque. Rien. Et il y a bien peu de chance que cela se fasse !
  28. Nous précisons ici que Egosolistus n'a pu réellement tweeter cette phrase car elle fait plus de 140 caractères, mais qu'il s'agit d'un procédé d'écriture à effet comique qui tend à susciter l'hilarité par anachronisme. Heureusement, l'œuvre de bienfaisance responsable de ce réseau social a récemment annoncé l'augmentation future du nombre de caractères pour les messages. Cette décision radicale est, selon elle, une réponse efficace dans la lutte contre la faim dans le monde, un progrès vers plus de liberté, et, par les effets de la mondialisation, aura des conséquences positives considérables sur le changement climatique. Voir ici l'article paru dans Le Monde du 27/09/2017. Des sinologues affirment que cela aura de fait un impact sur les îles Spratleys.
  29. Cité à l'entrée "fine amor" dans F. Merdjanov, Analectes de rien, 2017 En ligne
  30. Région alpine dans le canton suisse des Grisons.
  31. Lettre de Ladislav Klíma à Antonin Pavel, 25 décembre 1913
  32. "Du revers de ma lame j'écartais une feuille quand un jeune arbre aux écorces saines et luisantes m'apparut dans toute sa beauté. Il s'élevait assez haut dans le ciel et aussitôt je l'aimai. J'appuyai ma joue contre lui. Je l'aimais d'amour. Dans l'obscurité, la féminité l'emportait en moi sur la virilité, en raison de mon désir de passer du côté des sources et des charmes et de trahir ainsi les humains dans le temps de la nuit. À genoux au pied de l'arbre, mes lèvres sur ses douces écorces, je lui parlai tendrement en une sorte de murmure demi-chanté, tiré du plus profond de mon être et de ma vérité. Un chant rauque, modulé dans la gorge comme un feulement de bête. Je défis la boucle de ma ceinture, j'enlaçais l'arbre et je fis la femme avec lui, torse nu, les flancs nus, serrant le tronc entre mes cuisses. Je sombrai ainsi dans la volupté pure et simple, absolue, délicieuse." Extrait de François Augiéras, L'apprenti sorcier, 1964.
  33. Par ses difficultés de mise en œuvre pratiques les amours félines de L. Klíma ne sont sans doute pas à entendre au sens de François Augiéras : "Je suis proche des bêtes, des agneaux auxquels je suis du reste uni par des rapports sexuels." dans François Augiéras, Le Voyage des Morts, 1959. Voir plutôt "L'arbre" dans Pierre Louÿs, Les chansons de Bilitis, 1895 En ligne
  34. Depuis l'apparition des "premiers" hominines, certains se sont éteints, d'autres se sont mélangés, pour qu'au final il ne reste plus actuellement que des Homo Sapiens. Voir la liste des principales espèces d'hominines disparues. L'activité des hominines sur l'ensemble de la planète a des conséquences néfastes sur la plupart des espèces du vivant. Nombre d'entre elles sont menacées de disparition, plantes, insectes et autres animaux. Selon une liste datée de 2014, plus 90% des lémuriens de Madagascar sont en voie d'extinction. Voir par exemple la liste des 25 espèces de primates les plus menacées ou celle des 100 espèces les plus menacées qui inclut aussi les plantes et le champignons.
  35. Lettre de Ladislav Klima à Marie Kösslová, 8 mai 1919
  36. Ladislav Klima, "Aphorismes", Instant et éternité, 1927
  37. Ladislav Klíma, Instant et Éternité, 1927.
  38. 38,0 38,1 et 38,2 Ladislav Klíma, "Métaphilosophiques" dans Je suis la volonté absolue
  39. 39,0 et 39,1 "Vie et œuvre de F. Merdjanov" dans F. Merdjanov, Analectes de rien, 2017 En ligne
  40. The Plastic People of the Universe, Jak bude po smrti, 1979. Écouter ici.
  41. Gorki Plubakter, "La merde" dans Voix Souterraines - Onzième Cave, 2003, sous le label Cavage. Écouter ici.
  42. Voir Kickback. En noir et contre tout, une interview du groupe réalisée fin 2012.
  43. Voir l'entrée "Kickback" dans F. Merdjanov, Analectes de rien, 2017 En ligne
  44. Cité à l'entrée "Seul contre tous" dans F. Merdjanov, Analectes de rien, 2017 En ligne. A écouter ici.
  45. 9 janvier 1914, Journal de Ladislav Klíma
  46. Dans le morceau "Pitbull" sur l'album Ouest Side de 2006. Écouter ici
  47. Sorte de Georges Brassens avec des couettes et sachant jouer de la guitare, la misogynie en moins et l'humour en plus. Giédré, "On fais tous caca" sur l'album Mon premier album genre Panninni en 2012. Écouter ici
  48. Didier Super and the Aro String Band, "Excision", Vacances à vos frais, 2016. Écouter ici.
  49. De la même manière que Kickback lui dédicace son sticker "Que le hardcore français repose en paix" en référence au "Que le hip-hop français repose en paix" de Booba dans "Repose en paix" sur l'album Temps mort en 2005. Écouter ici
  50. MC Circulaire, "Légende rurale". Écouter ici
  51. MC Circulaire, "Demain c'est trop tard" sur l'album Ça vient de Vendée. Écouter ici
  52. Terme désignant les habitants de la région administrative française des Pays de la Loire. Basé sur liger qui désigne en latin la Loire.
  53. MC Circulaire, "Raide à chier" sur l'album MC Circulaire. Écouter ici
  54. Lettre de Ladislav Klíma à Franz Böhler du 5 juin 1926
  55. Jan Nemec, V záru královské lásky, 1991. Le titre international, en anglais, est In the Light of the King's Love.
  56. Elio Petri, La classe ouvrière va au paradis, 1970
  57. Voir la courte nécrologie dans Analectes de rien.
  58. Voir la courte nécrologie dans Analectes de rien.
  59. Parfois aussi appelé GPT
  60. Le roman est adapté en 2002 pour la télévision britannique sous forme d'une série en trois épisodes.
  61. En 2005, le roman est adapté par Aisling Walsh pour la télévision britannique sous la forme d'une série, en trois épisodes, du même nom. Le réalisateur coréen Park Chan-Wook l'adapte en 2016 pour le cinéma sous le titre de Mademoiselle. L'action ne se déroule plus en Angleterre victorienne mais lors de la colonisation japonaise de la Corée dans les années 1930.
  62. Vers de Vladimir Holan cités à l'entrée "psychose" dans F. Merdjanov, Analectes de rien, 2017 En ligne
  63. Peu de choses sont connues sur F. Merdjanov. Naissance en 1970 à Nice. Famille d’origine macédonienne dont l’histoire croise celle du nihilisme politique des années 1900. Études de philosophie et de littérature. Travaux portant sur L’égosolisme klimaïen et le matérialisme du rien. Actuellement en apiculture sur les rives de la mer Noire [...]