Ouhoqisme

De wikimerdja
Sauter à la navigation Sauter à la recherche
Le traducteur automatique futur/présent/passé s'enclenche dès le début de la lecture.

Ouhoqisme. Imaginaire mythologique anté-historique.


Précisions

Hominines ?

L'écart temporel entre les faits décrits dans cet article et la période présente est considérable. Ainsi il est nécessaire de garder en tête que les matériaux disponibles pour un tel travail de recherche sont très peu nombreux. Certains semblent intacts, d'autres sont détériorés et incomplets. Le risque est grand de se fourvoyer. Le manque de sources tient à plusieurs explications. La première et la plus importante est que l'époque concernée par l'ouhoqisme remonte à plusieurs millions d'années, lorsque la planète était encore fragmentée en cinq continents. L'écart temporel qui nous sépare de cette époque est à peu près celui qui sépare ce moment historique du précédent continent unique. La tectonique des plaques fait que l'ensemble des terres émergées forment un continent unique environ tous les 500 millions d'années. Comme aujourd'hui. Avant de se fragmenter à nouveau. Le mouvement est perpétuel. La rencontre de ces cinq anciens continents a changé la géographie terrestre. Des mers et des océans ont disparu, d'autres apparus, de nouvelles montagnes se sont érigées. La faune et la flore se sont adaptées. Les bouleversements géologiques et climatiques ont été tels que les vestiges des époques précédentes sont rares. La plupart ont été totalement détruits par l'érosion. De nos jours, les musées de plein air disposent de belles collections d'objets trouvés par hasard et dont l'utilité n'a pas encore été déterminée. Les spécialistes de l'histoire ancienne pensent qu'ils appartiennent à une ou plusieurs espèces aujourd'hui disparues. Quelques squelettes sont visibles. Mais il n'y a pas consensus sur quelle espèce et à qui attribuer les squelettes. Quelle était l'anatomie exacte de celle que les spécialistes nomment hominines ? Des travaux récents ont montré que la réponse est à chercher du côté des bipèdes bilatériens. Mais rien de plus pour l'instant.

Décrypter un imaginaire mythologique vieux de plus de 200 millions d'années nécessite de la prudence dans les hypothèses. Les biais sont nombreux. L'ouhoqologie est intersectionnelle. Elle croise les données archéologiques et linguistiques, elle se base sur des sources écrites sur de fines tranches d'arbre ou de la pierre, et quelques illustrations. Très peu sont encore dans leur état d'origine. Les tranches d'arbre se sont détériorées. Les écritures ne sont pas toujours très lisibles. Les linguistes défendent qu'il existait alors plusieurs dialectes langagiers chez les hominines, pas toujours intercompréhensibles entre eux et n'utilisant pas les mêmes signes pour les noter. Difficile de différencier précisément ces dialectes. Les ouhoqologues pensent que si ces langages sont oraux, il est fort probable que les hominines avaient un orifice buccal par lequel des sons modulés étaient émis. Ce qui va dans le sens de l'hypothèse de leur appartenance au règne bilatérien. Un petit fragment de texte, retrouvés il y a une centaine d'années, indique que les hominines et les reptiles sont des espèces proches, à tel point qu'il est parfois difficile des les différencier. L'une ayant la capacité de se faire passer pour l'autre, les deux ayant un cerveau reptilien. Faut-il attribuer les objets découverts à l'une ou l'autre de ces deux espèces ? Au deux ? La datation est incertaine et la marge d'erreur peut être de plusieurs millions d'années.

Préambule

À ce jour, les archives dénombrent un total de 1312 objets de toutes sortes, dont quelques-uns se rapportent directement ou non à l'ouhoqisme. Discipline de recherche récente, l'ouhoqologie est née de l'intérêt pour les périodes les plus obscures de l'histoire terrestre après plusieurs découvertes dans le nord-est du continent. Des peintures murales, des écrits et des images ont été trouvés par hasard. Elles viennent compléter la liste des objets ouhoqéens. Pour les spécialistes, ils se caractérisent par une référence récurrente à woke et wokisme, selon la notation d'origine, dans des textes et références. Pour faciliter sa prononciation, cette graphie est notée ouhoq et ouhoqisme. Le sens de ce mot n'est pas établi avec certitude et les hypothèses sont nombreuses. Certaines explorent la piste de l'onomatopée, d'autres de la reproduction d'un bruit naturel, ou bien encore, celle d'un langage articulé. Dans ce cas, l'ouverture de la bouche doit être animée par une mâchoire mobile et/ou des muscles buccaux pour moduler des sons. Des articles passionnants existent sur la problématique de l'onomatopée. L'importance que l'ouhoqisme représente dans les sources disponibles laisse à penser qu'il s'agit d'un imaginaire mythologique qui a eu son "quart d'heure de gloire" parmi les hominines. La recrudescence des découvertes archéologiques dans le domaine de l'ouhoqisme permet de poser plusieurs hypothèses. La surreprésentation s'explique par un effondrement, en quelques siècles tout au plus, des sociétés d'hominines alors que l'ouhoqisme est au maximum de son influence parmi les hominines. Les vestiges sont potentiellement plus importants. À contrario, une seconde hypothèse pose que les découvertes ont eu lieu dans d'anciennes décharges collectives pour produits devenus inutiles. Une troisième affirme que le nombre importants de mentions d'ouhoqisme n'est qu'une illusion entretenue par le hasard. Que penseraient les générations futures si de notre présent il ne restait que ce texte sur l'ouhoqisme ? Les approches se diversifient. Des recherches sont menées pour déterminer si les hominines, plus de 200 millions d'années plus tard, sont encore une espèce vivante. Peut-être une vague parenté avec quelques-uns de nos petits bipèdes bilatériens actuels qui vivent dans des régions isolées au climat tempéré. L'exploration du continent est toujours en cours pour tenter d'en localiser. Comme l'antique panda qui abandonne son régime alimentaire omnivore pour ne manger que du bambou, a-t-il fallu un changement radical d'alimentation chez les hominines pour ne pas disparaître en tant qu'espèce ? Sans que l'on sache rien de ce que cela veut dire, le terme de plastique est parfois utilisé pour désigner la nourriture la plus consommée.

Les sources écrites et les illustrations de l'ouhoqisme sont construites comme une pensée religieuse catastrophiste. Typique des espèces primitives — cela a aussi été constaté chez quelques insectes sociaux. Une telle pensée n'a pas besoin de s'expliquer, il suffit d'affirmer. La plupart des pensées religieuses situent dans le passé leur âge d'or. L'ordre des choses y a été établi et rien ne doit perturber cet équilibre fragile. Sous peine de catastrophe. Cette vision conservatrice donne l'illusion que les hominines sont une espèce à part, non soumise aux processus évolutionnistes qui touchent les autres espèces. Qu'ils soient biologiques, techniques, culturels, etc. Loin de l'apathéisme — le manque d'intérêt, indifférence envers la croyance en Dieu ou autres divinités — qui prévaut actuellement, il semble que les hominines défendent l'idée saugrenue d'une ou plusieurs divinités, inaccessibles, à l'origine de toute chose. Même lorsque les références à ces êtres fictionnels disparaissent ou s'atténuent, les hominines conservent bien souvent ce qui se rapporte à la morale, aux mœurs et aux rituels. Est-il possible ou non de manger un fromage qui s'appelle "Caprice des Dieux" lorsque l'on croit strictement à l'unicité divine ?

Aucune personne ne semble se dire ouhoqiste ou adepte de l’ouhoqisme mais certaines sont accusées de l'être ou de le promouvoir. Être ouhoqiste c'est se faire désigner ainsi et l'ouhoqisme est la volonté de mettre fin au monde. Les textes qui nous sont parvenus sont écrits par des personnes différentes, à des dates proches. Généralement, le ton est véhément. À la hauteur de la peur que cela suscite. À proprement parlé, il n'existe pas de textes rédigés par des ouhoqistes mais des écrits fait par des hominines qui veulent s'en défendre. Ou attaquer. Paradoxalement, l'opposition à l'ouhoqisme invente l'ouhoqisme. Elle en donne la définition. Celui-ci veut, au pire, abattre les fondations culturelles et morales des sociétés d'hominines. Au mieux, en améliorer les aspects les plus inégalitaires. D'après ce qu'il est possible d'en comprendre, les hominines divisent leurs sociétés en plusieurs catégories, à qui les mêmes droits ne sont pas accordés. Il est possible d'appartenir à plusieurs catégories et d'en subir les conséquences cumulées. Malgré les nuances entre les différentes sociétés d'hominines, aucune ne se fonde sur l'égalité totale entre ses membres ! Le choix d'être dans telles ou telles catégories n'existe pas. Il s'agit plutôt d'une assignation. Une réduction. Les critères sont aussi farfelus que la couleur de l'épiderme ou des cheveux, l'origine géographique, l'aspect physique, la taille, l'âge, la santé ou la longueur du raphé périnéal. Autant de choses qui ne sont pas du domaine du choix. Des différentiations naturelles sont élevées au rang d'évidences culturelles et, inversement, des constructions culturelles sont naturalisées. Un système de pensée assez rudimentaire d'auto-justification.

L'ouhoqisme veut fragiliser les structures sociales en contestant les normes alors que son opposition veut les défendre. Pour elle, les normes sont la garantie d'un ordre préservé. Ou à préserver selon les plus réactionnaires. D'après ses critiques, l'ouhoqisme agit à tous les niveaux. Il est omniprésent. Son influence se fait sentir dans les rapports inter-individuels, dans le langage, dans les hiérarchies sociales, dans les structures familiales, etc. Minorité active mais surreprésentée, l'ouhoqisme est partout. Pour les plus catastrophistes, le monde connu ne va probablement pas y survivre.

Dissection

Les découvertes les plus récentes concernant l'ouhoqisme ont été faîtes sur les rives d'une ancienne mer intérieure. Recouverte de très nombreuses couches sédimentaires, une caisse métallique a été préservée à travers les millions d'années. Elle a résisté à la longue dérive des continents et aux cataclysmes engendrés par ce phénomène tectonique. L'hypothèse la plus sérieuse est que cette caisse et son contenu soient à une seule et même personne, et non une initiative collective. Elle est dorénavant archivée sous le numéro 1312. Elle contient plusieurs objets. Certains n'ont pu être identifié. Leur utilisation est encore un sujet à débat entre ouhoqologues. Par exemple, deux petites boules en bois, reliées entre elles par une ficelle, et qui font "Tac-Tac" lorsqu'elles se heurtent. Ou encore un livre intitulé Analectes de rien, dont la traduction se fait attendre. Il est attribué à Albertine Hottin qui, selon les premiers travaux, est hominine plutôt que reptile. Cet assemblage de feuillets en pâte de bois est très détérioré et donc incomplet. Les premières estimations indiquent qu'environ 96% du contenu est définitivement perdu. Au vue des premiers essais de traduction, il n'est pas certain que ces analectes soient d'une quelconque utilité. Les plus optimistes estiment qu'il s'agit peut-être du mode d'emploi des boules qui font tac-tac. Pour hominine ou reptile ? De cette caisse métallique et son fatras, trois objets sortent du lot et offrent des indications supplémentaires pour parfaire les connaissances actuelles sur l'ouhoqisme : deux peintures rupestres et une illustration.

Étude n°1

Pmagoss.jpg

Très peu de lexiques ou de dictionnaires des dialectes hominines sont arrivés jusqu'à nous. Aucun n'est complet. Leur datation est quasi impossible. Les archives conservent un morceau de dictionnaire Robert dit de "langue française", daté de 1956, ainsi qu'une somme de dictionnaires dont les dialectes ne sont pas identifiés. Ils restent à ce jour inutilisables. Il existe aussi un exemplaire bilingue, Macédonien-Nissard. Au regard de la rigueur scientifique, l'indication de la date 1956 n'est d'aucun intérêt car les textes à traduire ne sont pas datés. Par conséquent, il ne peuvent être traduits avec certitude avec ce Robert. Un langage évolue dans le temps. La sonorité, les sens, les nuances et usages varient selon les époques. La question du mode de datation reste en suspens. S'agit-il d'une chronologie ou d'un décompte ? 1956 après quelque chose ou avant ? Les dimensions catastrophistes des textes disponibles sur l'ouhoqisme plaident plutôt pour un décompte avant une hypothétique fin du monde.

L'épigraphie ouhoqéenne n'a que peu de sources. Quelques hypothèses sur l'habitat des hominines doivent être rappelées au préalable. Après des millions d'années à décorer des grottes et des recoins dans la roche, les hominines se lancent dans la construction de leurs propres grottes et recoins pour habiter. Des fouilles anciennes ont déjà montré que les matériaux utilisés pour cela sont multiples et qu'il ne reste plus que ceux qui ne se dégradent pas dans le temps long. Des constructions en bois, par exemple, disparaissent plus rapidement que les abris fait avec des roches assemblées. Parfois, une roche artificielle est utilisée. Du point de vue de l'épigraphie, l'intérêt majeur de ces abris artificiels est qu'ils offrent des murs. La surface disponible est démultipliée. Là où les grottes ne pouvaient être que décorée de l'intérieur, ce nouveau type d'abri peut l'être aussi de l'extérieur. Une vraie révolution néolithique.

L'inscription "PMA pour toustes ou on vous vole vos gosses" a été retrouvées sur un vestige de l'un de ces murs extérieurs. Elle semble complète. Même si Robert n'est pas en mesure de fournir une définition à PMA, l'inscription est riche en informations sur l'ouhoqisme. Peu importe la signification du mot PMA, même si sa notation avec des lettres majuscules semble indiquer qu'il revêt une certaine importance pour les personnes à l'origine de l'inscription rupestre. L'utilisation de majuscules marque une volonté d'accentuer la centralité du mot. Comme, par exemple, les quelques mystérieux ACAB rupestres retrouvés à travers tout le continent. Quelle que soit le sens de PMA, il est clair que l'inscription s'adresse aux personnes en bénéficiant. Elle les menace. Le vocabulaire employé nécessite quelques éclaircissements. Le terme gosses désigne la progéniture, vole est une forme conjuguée du verbe voler qui a le sens de "dérober", "prendre", "s'accaparer". Le plus étrange est le toustes. Est-ce une faute d'orthographe involontaire ? Ou est-ce une déviance volontaire des normes orthographiques ? Il ressemble à une forme composée à partir de deux termes existants — tous et toutes — recensés dans le dictionnaire Robert. L'un est employé pour désigner l'ensemble des choses inanimées ou vivantes, l'autre pour une partie seulement. Il est plus restreint. Il est réservé à ce que Robert désigne comme féminin. Des objets ou des êtres vivants. Lorsqu'il s'applique aux hominines, il englobe les catégories non-masculines. Avec une approche très binaire, les hominines se divisent entre mâles et femelles sur des critères reproductifs. Longtemps les ouhoqologues pensaient que l'acte de reproduction des hominines devait être un long processus au regard de l'importance qu'il a dans les cultures hominines. Il n'en est rien. Des simulations ont permis d'estimer à quelques secondes seulement le temps indispensable à la mise en branle du processus reproductif. De ce point de vue, la biologie hominine est proche de celle d'autres espèces sexuées, comme les plantes. Il ne faut pas confondre sexualité et reproduction. Dans le règne bilatérien, par exemple, beaucoup d'espèces ont des pratiques sexuelles non-procréatives.

Du point de vue grammatical, il est à noter l'emploi de on, pronom de la troisième personne du singulier, qui n'utilise aucune catégorisation. Contrairement à ses équivalents il et elle qui réaffirment les différences de raphé périnéal. Il est dit "indéfini". Même s'il fait office de nous, on induit toujours une conjugaison au singulier. "On vous conchie" et non "On vous conchions". Le dictionnaire mentionne une dizaine d'autres pronoms de l'indéfini s'appliquant aux hominines. Par exemple, cela, ça, aucun, personne, autrui, rien, etc. Bien souvent, les ségrégations sociales sont présentes dans les pratiques linguistiques. La plus courante étant celle sur la longueur du raphé. Il ne semble pas exister de pronoms différenciés pour la couleur des cheveux, la taille ou la longueur des bras, qui ne sont pourtant pas identiques chez "toustes" les hominines. De manière générale, derrière cette binarité simpliste, il et elle cachent le riche nuancier qui existe entre les individus. Que ce soit dans la biologie ou l'existentiel. L'introduction d'un troisième pronom personnel, iel par exemple, permet à minima de complexifier la description de l'existant. La langage n'a pas pour fonction de créer la réalité mais de la décrire. L'idée est d'avoir autant de pronoms que de façons d'être dans l'existant. L'idéal est de les supprimer. La conjugaison peut être suffisante pour savoir qui parle, sans avoir à se catégoriser ou l'être par autrui.

Présentée comme typiquement ouhoqiste, cette inscription rupestre inquiète les hominines qui ont des "gosses". En effet, la menace de vol est explicite et, pour qui les détestent, les ouhoqistes se montrent sous leur vrai visage. Dans l'histoire des hominines, il semble que ce n'est pas la première fois que des critiques de la normalité s'en prennent à la progéniture. Réputée tendre et onctueuse, la chair enfantine est logiquement un mets consommé avec délectation par les adeptes de l'ouhoqisme. Et plus généralement par toutes les formes ennemies d'une existence normalisée. Ce type d'accusation est récurrent.

Étude n°2

3ourien.jpg

Le but de l'ouhoqisme n'est pas seulement la consommation de chair enfantine. Pour les hominines qui s'y opposent, le danger qu'il représente est multiple. Bien plus grand. Parmi les domaines de prédilection ouhoqistes, la sexualité tient une place importante. Les pratiques normalisées sont remises en cause. La sexualité est comprise comme une activité ludique et libre alors que les anti-ouhoqistes l'appréhendent comme un simple acte biologique en vue d'une reproduction. Ou tout du moins comme un entraînement à visée reproductive. Là où les "ouhoqs" vantent la multiplicité des possibles, les autres n'y voient que de la perversité. La binarité de la catégorie sexuelle engendre une ambiguïté dans le langage. L'hétérosexualité ou l'homosexualité sont ainsi les seules possibilités. Un mâle et une femelle hominines qui font du sexe ensemble sont hétéros. Lorsque cela se fait entre mâles ou entre femelles, il faut parler d'homosexualité. Pour Robert, la femme est la "compagne de l'homme". Par conséquent, si une hominine femelle sexualise avec une autre, elle ne doit pas être qualifiée "Femme". Idem pour l'hominine mâle qui n'est plus une homme véritable. Des termes décentrés existent. Ils ne disent rien sur les catégorisations des hominines qui désirent mais précisent celles des personnes désirées. Androphile, gynophile, ambiphile et skoliophile qualifient respectivement l'attirance pour les hominines mâles, femelles, les deux ou les trans et autres non-binaires. Si l'on fait abstraction de la dimension reproductive que contient le vocable "mâle" et "femelle", il est pensable d'étendre la définition de la sexualité à toutes les nuances individuelles. Vivantes ou non. Peu importe les détails de leurs anatomies. Ce qui se nomme pansexualité.

L'inquiétude principale face à l'ouhoqisme est sa mauvaise influence sur les jeunes hominines. Même les livres destinés à l'éducation de la jeunesse sont imprégnés de la pensée ouhoq. L'illustration retrouvée dans la caisse métallique est très parlante. Un imaginaire pornographique est discrètement inséré, sous couvert de rappels de base des mathématiques, à savoir que 2+1 est égal à 3 et que ce résultat n'est pas discutable : "À 3 ou rien !" Il ne nous est pas possible d'affirmer si les petits animaux représentés sont ou non des hominines. Leur aspect est bien celui de bipèdes et leur espèce semble appartenir au règne bilatérien. Une entrée — la bouche — est visible sur les trois et l'individu de gauche a possiblement une sortie — l'anus — dans la fente de la partie rebondie qui dépasse du tissu. La dimension sexuelle est explicite. L'un des personnages a les pupilles des yeux très dilatées et une expression du visage qui indique son contentement : Attitudes très caractéristiques de certains petits animaux lors de leurs activités sexuelles. Le cerveau reptilien est électrisé. Si l'on se tient à un pure raisonnement logique et mathématique, l'expression "deux filles pour un mec" indique que les "filles" ce sont les deux spécimens qui n'ont pas de dents et que le "mec" est celui qui les montre de manière outrancière. Mais difficile d'être aussi catégorique. Si ce qui fait le commun est la couleur des cheveux, il faut en déduire alors que le personnage de gauche est le mec et les deux de droite les filles. Si l'on prend en indicateur la composition des membres inférieurs, chaque personne représentée est différente. L'une en a deux, l'une seulement à sa droite et la troisième uniquement à sa gauche. Peut-on être également fille lorsque l'on a pas la jambe du même côté ? Rien à en dire de plus car les pages du Robert sont manquantes pour les mots fille et mec. Seule une découverte fortuite d'un autre dictionnaire pourrait permettre d'en savoir plus.

L'absence presque totale de connaissances sur l'anatomie des hominines est un frein à une bonne compréhension de leurs réalités. Difficile d'imaginer tant les espèces actuelles sont très différentes. Ne pas pouvoir faire la distinction entre des reptiles et des hominines limite les conclusions provisoires que l'ouhoqologie peut émettre avec sérieux. Mais pas seulement. Impossible de savoir quel animal est sur cette illustration. Les parures corporels en tissu et les fantaisies oculaires ne sont pas d'une grande aide. Nous disposons de témoignages écrits où des hominines expliquent que d'autres espèces animales sont domestiquées par des hominines qui prennent beaucoup de plaisir à en faire des animaux de compagnie et les décorent avec des tenues multicolores et des crinières stylisées. Est-ce la photo souvenir du premier coït d'un animal domestique ? La question n'est pas anodine. S'il s'agit d'hominines, l'ouhoqisme préconise de sortir de la binarité et donc d'inciter les jeunes hominines à expérimenter sexuellement ce que bon leur semble, par contre, s'il s'agit d'animaux de compagnie, cela revient à défendre des approches zoophiles de la sexualité. C'est ce qui fait le plus peur dans l'ouhoqisme. "Et pourquoi pas la nécrophilie ?" est une question existentielle qui oppose évidemment l'ouhoqisme au reste du monde.

La prégnance de la question zoophile — l'attirance sexuelle pour une autre espèce — dans l'ouhoqisme est débattu dans la petite communauté des ouhoqologues. La critique principale est le risque de biais cognitif pour cause d'éloignement historique, d'écart biologique et de différences énormes entre le présent et l'époque des hominines. Plus de 200 millions d'années nous séparent. Les progrès considérables fait autour du recueil du consentement impliquent que dorénavant les relations sexuelles inter-espèces sont une pratique banale. Plus besoin de se cacher. Il est touchant de voir dans l'émergence des pratiques zoophiles chez les hominines une préhistoire aux sexualités actuelles, mais le risque est grand de plaquer le présent sur le passé et de faire penser que la zoophile est une donnée naturelle de toujours. L'ouhoqologie ne doit pas devenir ouhoqologisme. La question reste ouverte.

Étude n°3

Cette inscription rupestre n'a pas encore livré tous ses secrets. "Go gouine or go home" n'est pas facile à traduire en langage actuel et Robert n'est pas d'une grande utilité. Selon les critiques de l'ouhoqisme, elle est l'archétype de ce dont il faut se méfier. Elle serait une véritable incitation à séparer irrémédiablement les hominines en deux catégories strictes : les gouines et les autres. Impossible de vérifier cette affirmation incroyable. Nos connaissances linguistiques ne sont pas en mesure de confirmer telle ou telle thèse.

Gogouine.jpg

Le sens du terme go n'a pu être établi et or en à plusieurs. Le plus convenable semble être dans le sens de donc, utilisé pour introduire une conclusion à un raisonnement. Les deux seuls termes compréhensibles sont gouine et home. D'après ce que l'on en sait gouine désigne les hominines femelles homosexuelles. De fait, tout comme les hominines mâles hétérosexuels, elles sont gynophiles. Gouine est la version féminisée de gouin. Ce dernier désigne la gynophilie d'une personne ayant transitionné d'un sexe à l'autre, ou glissé d'un genre à l'autre. De femelle à mâle, du féminin vers le masculin. Voire dans un entre-deux, sans volonté de s'affirmer d'un sexe ou de l'autre, d'un genre ou d'un autre. Gouine et gouin sont les deux variantes possibles de la forme épicène gouin·e. Le verbe est gouiner. À noter ses variantes gougnoter et gougnotter. L'origine de ce terme n'est pas en lien direct avec la sexualité. Les formes masculine et féminine désignent des hominines de "mauvaise vie" ou ayant des allures négligées. Peut-être à rapprocher de sagouin·e qui désigne une personne peu propre. L'étymologie de baragouin — un langage difficilement compréhensible — est aussi incertaine que baragouiner ne signifie pas "aller dans un bar à gouines". L'une des hantises des anti-ouhoqs. Le terme home est multiple. Il a le sens de domicile ou d'établissement réservé. Dans ces deux cas, cela revient à préconiser que les gouines doivent rester chez elles, pour être ce qu'elles sont, ou être regroupées entre elles dans des lieux dédiés à leurs gougnottages. L'impératif de la formule ne laisse pas penser que leur avis soit sollicité. Ces interprétations mettent en avant le caractère excluant de l'inscription. Son origine est alors plutôt à chercher du côté des anti-ouhoqs agouinophiles.

D'autres interprétations sont possibles. Elles incluent cette inscription dans la démarche ouhoqiste. Il est nécessaire pour cela d'appréhender les normes orthographiques et grammaticales autrement. L'un des enjeux de l'ouhoqisme est la mise en valeur de la multiplicité des hominines, en contrecarrant les règles linguistiques qui invisibilisent cette diversité. Pour ce faire, les ouhoqistes défendent l'écriture inclusive. Cela consiste à marquer explicitement le féminin dans des contextes linguistiques où le masculin est la norme dominante ou un marqueur grammatical du neutre. En ajoutant un e final, par exemple. Les limites d'une telle démarche sont évidentes mais elle offre une réponse à une problématique qui nécessiterait une réforme complète des usages linguistiques. Pour se faire, les langues sont à réinventer de fond en comble. Si la féminisation rend visible la catégorie "féminin", elle ne permet pas de visibiliser les autres catégories que sont les gouins, par exemple, et toutes les autres nuances d'hominines. En faisant abstraction de l'orthographe normalisé, home peut être compris de plusieurs manières. Il est homophone avec "homme", un des termes génériques pour désigner les hominines en général ou les mâles en particulier. Pour les différencier, dans un cas une majuscule au h s'impose, dans l'autre la minuscule est conservée. Dans ses pratiques pour subvertir les normes existantes, l'ouhoqisme joue avec les mots. Associer gouine à home est une façon détournée d'affirmer qu'un gouin est aussi hom. Cette dimension inclusive n'est pas forcément du goût des autres "hommes" qui, de fait, se sentent diminués. Cet attachement aux normes linguistiques genrées se fait au nom de l'unicité de l'Homme. En contradiction évidente avec l'ouhoqisme qui réclame l'égalité entre les homs. Sans exception. Pour les plus extrémistes des anti-ouhoqs, adeptes du "Choc des Espèces", cette revendication est un indice supplémentaire pour y voir les suppôts d'un hypothétique complot qui vise à prendre le contrôle des hominines. La disparition de l'ensemble des homs est à venir. Même en écartant la piste hasardeuse du complot reptilien, l'ouhoqisme fait peur.

Conclusions provisoires

En ouhoqologie, les conclusions ne peuvent être que provisoires. Les boules qui font tac-tac sont peut-être un jouet sexuel ouhoqiste. Les sources sont trop peu nombreuses et le risque de se perdre en suppositions est immense. Les critiques qui sont faîtes à l'ouhoqisme touchent de très nombreux domaines. Leurs origines sont diverses et il est préférable de les définir paradoxalement comme issues d'une littérature ouhoqiste anti-ouhoq ou anti-ouhoqiste ouhoq. Chez elle, l'ouhoqisme alimente ses propres fantasmes.

Controverses

Ouhoq.jpeg

L'éloignement temporel et les maigres données disponibles ne permettent pas de mesurer la durée pendant laquelle l'ouhoqisme s'est construit en tant que récit d'un imaginaire mythologique catastrophiste. Quel fut son impact réel sur les hominines ? Quels furent les changements visibles dans leurs sociétés ? Combien de temps se situe-t-il avant la disparition des hominines ? En est-il la cause ? Autant de questions toujours sans réponses. Les colloques à venir vont faire la synthèse des connaissances actuelles, avec une approche intersectionnelle, et tenter d'en dégager les axes essentiels.

Les débats préparatoires sont houleux. Les ouhoqologues s'agitent. L'ouhoqisme a-t-il pu vraiment être la pandémie meurtrière qu'il prophétise ? Quel fut son mode de propagation ? De tels questionnements remettent en cause les précédents travaux réalisés autour d'une représentation végétale. Jusqu'à maintenant elle était simplement classée en tant que paréidolie — un effet d'optique qui laisse croire à des formes connues et identifiables. Alors que ce sont clairement deux arbres, l'illustration en question semble représenter, vue de derrière, deux bipèdes se chevauchant. L'analyse ouhoqologue y voit deux individus bipèdes du règne bilatérien, dont l'un des spécimens semble vouloir s'introduire dans l'autre par sa sortie. Des comportements défendus par les ouhoqistes. Est-ce la représentation du premier cas de transmission de l'ouhoqisme du règne animal au règne végétal ? Le début de la fin des hominines. Le patient 0 ?

Aussi fantasque que cela puisse paraître, quelques ouhoqologues avancent que le présent est encore profondément marqué par des formes alambiquées d'ouhoqisme. Des millions d'années après. Les deux arguments avancés sont l'omniprésence de 1312 dans nos manières de calculer et d'appréhender l'existant, ainsi que le nom étrange de notre espèce : Egodule.