Côte de Malaguette
Côte de Malaguette. Scène de tragédies racistes anti-racistes et d'utopies anti-racistes racistes.
SommaireTriangulationLa côte de Malaguette est à environ 4500 km au sud-ouest de Nice et plus de 5000 de la Macédoine, soit des distances protivophiles de 3430 et 3810 acab[1] GéographiqueDu XVème au XVIIIème siècle après JCⒸ[2], l'appellation "côte de Malaguette" est utilisée par les explorateurs et commerçants européens pour désigner la région de l'ouest africain située au nord-ouest du golfe de Guinée. Elle correspond plus ou moins à la zone côtière atlantique qui s'étend du cap des Palmes, à l'extrême sud de l'actuel Liberia, jusqu'à la péninsule de Freetown, au nord de l'actuel Sierra Léone. Proche de l'équateur, entre le 4ème et 10ème degré de latitude nord. Dans la géographie approximative de l'époque, elle est cartographiée au sud de la Nigritie, "pais des negres"[3], à l'ouest de la Guinée et bordée par la mer d'Éthiopie. Parfois aussi appelée côte des graines ou du poivre, elle est voisine, d'ouest en est, de la côte de l'ivoire, de la côte de l'or et de la côte des esclaves. Les frontières de la côte de Malaguette ne sont pas véritablement fixées et dépendent du bon-vouloir des cartographies commerçantes. Comme ils le font pour d'autres denrées, les commerçants ne s'installent pas définitivement sur la côte mais viennent s'y ravitailler. Que ce soit par les géographes et commerçants arabes, ou ceux venus d'Europe, les zones continentales sont peu connues et restent quasiment inexplorées. L'arrière-pays de la côte est couvert de montagnes et de forêts denses peu accessibles. Le climat de la côte de Malaguette est de type tropical, c'est-à-dire qu'à une saison sèche autour de l'équinoxe d'hiver qui se caractérise par des températures moyennes et une faible pluviosité succède une saison humide et chaude. La zone maritime est soumise à de fortes précipitations. BotaniqueLa malaguette, de son nom savant "Aframomum melegueta", est aussi appelée maniguette, graine du paradis ou poivre de Guinée. Elle appartient à la famille des zingibéracées dans laquelle est regroupée plus d'un millier de plante dont certaines sont elles aussi utilisées comme épice, tel le gingembre, le curcuma ou la cardamone. Comme les botanistes et frères siamois du non-sens[4], Gilles Deleuze et Félix Guattari, le rappellent dans leur ouvrage bicéphale Mille plateaux la malaguette est une plante rhizomateuse dont la structure est basée sur une racine nourricière rampante (le rhizome) à partir de laquelle se développent plusieurs tiges. Mentionnée par Pline l'Ancien dans son Histoire naturelle[6], la graine de la malaguette est connue en Europe depuis l'Antiquité où elle est introduite dans l'empire romain par les commerçants arabes sous le nom de "poivre africain". Elle est partie intégrante de la gastronomie de l'Afrique du Nord et est une des composantes de certains ras el-hanout, un mélange d'épices. Quelque peu délaissée, la graine de malaguette est de nouveau importée par les commerçants européens à partir du XIVème siècle lorsque ceux-ci parviennent à rejoindre par bateaux les côtes africaines. Vendue moins chère que le poivre, elle le concurrence sur les marchés d'Europe[7] et réintègre les cuisines. Le Viandier[8] de Guillaume de Tirel et Le ménagier de Paris[9], datés du début et de la fin du XIVème siècle, mentionnent ce "faux poivre" importé par des navires de commerce français puis portugais. Son goût épicé en fait un excellent adjuvant pour les vins, les vinaigres et les eaux-de-vie. La malaguette est progressivement incorporée dans la pharmacopée pour ses prétendues vertus médicinales[10], et ce jusqu'au XIXème siècle. De nos jours, la graine de malaguette est toujours utilisée en Afrique de l'ouest pour ses aspects médicinaux, voire aphrodisiaques, par les hominines mais aussi par les grands singes chez qui la consommation régulière semble diminuer les problèmes cardiaques[11]. L'étymologie du terme malaguette n'est pas clairement établie par les linguistes et les historiens. Si certains évoquent une possible référence à l'ancien royaume mahométien[12] du Mali (ou Meli)[13], grand exportateur de poivre, d'autres émettent l'hypothèse d'un emprunt à la langue portugaise de malagueta qui désigne le piment. Les navigateurs et commerçants portugais qui explorent et longent les côtes africaines puis "découvrent" les voies maritimes vers l'Asie au XVème siècle empruntent peut-être à la langue tamoule le terme de மிளகு (milaku) qui signifie poivre dans cette langue du sud du sous-continent indien. Dans sa Nouvelle géographie universelle. La terre et les hommes de 1887, loin du style décalé du duo co·s·mique Deleuze et Guattari, le géo-poète Élisée Reclus décrit ainsi la malaguette :
Fervente de la macédoine, la protivophilie postule une nécessaire intersectionnalité pour parvenir à saisir les ressentis des végétaux dans leur sur-exploitation pour écrire, enfin, une histoire radicalement anti-spéciste de ce sous lumpenprolétariat du vivant. Le seul témoignage direct dont nous disposons à ce jour est celui recueilli au fil des documentaires auprès de la seule espèce végétale avec laquelle les hominines parviennent aujourd'hui à communiquer verbalement, Groot. Riche de seulement trois mots, sa langue est tout en subtilité pour qui sait la comprendre. Pour les autres, elle ne veut rien dire. Une évidente et synthétique réponse à l'énoncé rhizo-matheux deleuzo-guattarien.
HomininiqueComme dans les autres régions du globe terrestre, les hominines sont présents depuis des millénaires sur la côte de Malaguette et son arrière-pays. Les subdivisions qu'illes s'acharnent à maintenir entre elleux sont insignifiantes pour toutes les autres espèces vivantes qui les entourent. L'hippopotame nain ne les différencie pas plus par leurs langues que le phacochère est capable de nuancer leurs cultures ou que le pangolin leurs intentions envers lui. L'un se réfugie dans des espaces ripariens[16] apeuré aux moindres cris des hominines, l'autre se vexe de masques déformants le moquant grossièrement alors que le pangolin s'éteint de ses prétendues vertus aphrodisiaques fantasmées par les hominines. Défenseur de la cause des pangolins, injustement accusés de disséminer un virus par vengeance[17], l'éthologue porcinophile Renaud Sechan, respecté pour ses travaux publiés en 2020 malgré une santé mentale fragile, "Les animals"[18], rapporte les propos d'un nihiliste pangolin dans un de ses anciens écrits proto-phacochèriens : Les pratiques linguistiques des hominines de la côte de Malaguette se rattachent, selon les linguistes, au vaste groupe des langues nigéro-congolaises qui s'étend dans tout le sud et l'est de l'île-continent africaine[20]. Elles se situent à l'extrémité nord-ouest de cette vaste zone. La taxonomie linguistique discerne plus d'une trentaine de langues différentes et de nombreuses variantes locales. Beaucoup d'entre elles sont apparentées et certaines semblent "isolées". Elles correspondent à des espaces géographiques le long de la côte atlantique et dans l'arrière-pays où vivent de petites communautés d'hominines. Ainsi, dans leurs langues respectives, les différents groupes d'hominines de Malaguette se nomment kru, kplelle, bassa, dan, mande, kissi, sherbro, temme, gola, etc. Les mythologies, l'organisation sociale, les modes de subsistance, l'environnement ou l'histoire sont ce qui singularisent aussi ces groupes d'hominines. Protégée par sa forêt tropicale, la côte de Malaguette est restée à l'écart de l'influence directe des empires africains et des royaumes qui se développent au nord et au sud du Vème au XIVème siècle, et de la mythologie de mahométiens[12] qui poursuit sa lente expansion depuis le "coup de chaud" de l'homme promu prophète un jour de cagnard saharien au VIIème. Néanmoins, les communautés d'hominines vivant près des régions côtières refluent toujours plus devant l'avancée inéluctable d'autres hominines venus de l'intérieur de la grande île-continent. Les relations entre ces différentes communautés hominino-linguales sont faîtes de rivalités, d'échanges, de conflits, d'ignorance mutuelle, de mélanges, etc. Le niveau d'hostilité entre ces différentes communautés est variable et peut parfois mener de la paix à la guerre, mais à des niveaux bien moins meurtriers que les conflits que se mènent les royaumes du pourtour méditerranéen à l'époque où ceux-ci "découvrent" la côte qui deviendra celle de Malaguette. Des hominines, marins, marchands et normands de Dieppe affirment avoir posé le pied et commercé avec celleux de la côte dès la fin du XIVème siècle[21] mais, ce sont des navires portugais à qui la "découverte" est attribuée au siècle suivant par l'historiographie. Dès la fin du XVème siècle des hominines du Portugal établissent des comptoirs marchands, puis, attirés par le gain, les espagnols, les hollandais, les britanniques et les français prennent pied, d'une manière ou d'une autre, sur la côte de Malaguette. Leurs navires marchands exportent les matières premières et alimentent le commerce dans les métropoles. Aucun ne s'aventurent dans l'intérieur des terres et les quelques liens commerciaux se font avec les hominines de la côte. La géographie établie par ces mercanto-navigateurs découpe toute la côte du golfe, que les portugais nomment de Guinée[22], selon les denrées qui s'y trouvent. De l'ouest à l'est, la côte de la malaguette, puis celles de l'ivoire, de l'or et des esclaves. Les connaissances de la région, des hominines qui y vivent, s'enrichissent de plusieurs récits de voyage publiés durant les trois siècles qui suivent[23]. Malgré des relations souvent tendues avec les hominines de la côte de Malaguette, les commerçants parviennent à nouer des accords avec certains pour se fournir en marchandises. Par malentendu, par arnaque ou par appât du gain, des terrains leur sont cédés où sont installées de petites communautés. Elles sont des sortes de quais de chargement gérés par les expatriés d'une entreprise de commerce spécialisée et non des colonies de peuplement. L'intérêt commercial est premier, l'intention colonisatrice de contrôler l'espace naît progressivement. Les cartographies qui se dessinent se couvrent de noms que les colonisateurs, selon leurs langues, décident de donner à une rivière, un village, une montagne, en hommage à une obscure personne ou lieux inconnus pour les hominines originaires de la côte de Malaguette et son arrière-pays. Le commerce de la malaguette est lucratif. Elle est exportée avec les autres marchandises vers les marchés européens par les routes maritimes ouvertes par les navigateurs. Esclavage & abolitionSelon Bion de Boristhène, ancien esclave grec du IIIème siècle avant JC devenu cynique :
Loin des conditions de vie des analectes romains, simples esclaves ménagers, des hominines femelles déportées pour assouvir des envies sexuelles ou des eunuques qui doivent leur prestige à l'amputation de leur sexe, le sort des nombreux hominines réduits à l'esclavage que les marchands exportent de l'Afrique de l'ouest vers le continent américain est sans commune mesure, par son ampleur et ses conditions[25]. Depuis des millénaires des hominines mettent en esclavage d'autres hominines. Les empires et les royaumes d'Afrique, d'Asie et du pourtour méditerranéen ont fait commerce de cette marchandise qui, selon les époques, était chassée dans telle ou telle partie du monde. Des confins de l'Europe orientale, du Caucase ou de l'Afrique, des hominines sont exportés vers le Moyen-Orient, la Chine ou l'Inde pour servir de main-d'œuvre : militaires, esclaves ménagers, prostitution institutionnelle, prolétaires à tout-faire, etc. Les empires et commerçants mahométiens, de part leur situation géographique centrale, contrôlent entre le VIIème et le XXème siècle cette "traite orientale" où les hominines sont mis en esclavage pour leur propre utilisation ou pour être exportés vers l'orient[26] par des détours sahariens ou des ports zanzibariens. Les fournisseurs sont essentiellement des entités politiques, des petits pouvoirs locaux ou des chasseurs d'esclaves qui revendent des prisonniers de guerre, des pauvres endettés ou condamnés, ainsi que d'innombrables personnes "razziées" par les commerçants esclavagistes. Les travaux consacrés à ce sujet estiment à environ quatorze millions d'hominines mâles et femelles ayant été déportés durant cette période, soit une moyenne de plus de 10000 par an. Le taux de mortalité est important et les estimations ne prennent pas en compte le nombre de personnes tuées lors de tentatives de capture[27]. Mais ces chiffres, contestés, sont à prendre avec prudence. A partir de la fin du XVème siècle, les principaux royaumes et empires de l'ouest européen se lancent dans la déportation massive d'hominines vers le "nouveau" continent américain que tous convoitent. Ces hominines, mâles et femelles, adultes et enfants, sont destinés à travailler dans la mise en valeur des nouvelles colonies et fournir la main-d'œuvre nécessaire aux cultures agricoles ensuite exportées vers l'Europe. Ce qui, en d'autres termes, signifie qu'illes sont condamnés aux travaux forcés. Le golfe de Guinée est un nœud important du trafic des esclaves de cette "traite occidentale". La plupart sont fait prisonniers lors des guerres des empires et royaumes d'Afrique de l'ouest, d'autres sont capturées lors d'attaques menées par des commerçants esclavagistes ou des pillards contre des villages. Le commerce se structure et s'amplifie, de nombreuses colonies commerciales s'implantent sur les côtes du golfe de Guinée, de petites villes avec leur marché aux esclaves sont fondées. Pendant les deux premiers siècles, les hominines portugais et hollandais sont les plus actifs dans l'exportation d'hominines vers leurs colonies sud-américaines du Brésil et des Caraïbes. Le royaume d'Espagne, grand bénéficiaire de cette traite trans-atlantique, leur délègue ce commerce. Mais à la fin du XVIIème siècle, les hominines français et britanniques se décident à réclamer une part du butin et se lancent avec entrain dans la "traite occidentale". Destination, le nord du continent américain[28]. Pour une période s'étalant du début du XVIème à la fin du XIXème siècle, les travaux des historiens estiment à environ douze millions le nombre d'hominines, mâles et femelles, déportés d'Afrique et à un peu moins de dix millions celleux qui sont parvenus en vie sur le continent américain. Soit une moyenne d'environ 30000 hominines par an. Le XVIIIème est un siècle florissant pour le commerce des esclaves, avec des moyennes annuelles de plus de 70000 hominines. L’appât du gain et les prétextes philosophiques font bon ménage, l'un enrichit, l'autre justifie. Investisseur dans le commerce colonial[29] et homme de lettres, Voltaire affirme alors qu'il se sent "supérieur à ces nègres, comme ces nègres le sont aux singes, et comme les singes le sont aux huîtres et aux autres animaux de cette espèce." [30] Le transport se fait via des bateaux dans lesquels les esclaves sont stockés dans les cales. Les conditions de vie, l'hygiène et la malnutrition, les violences et les maladies sont fatales pour nombre d'entre elleux. Le voyage trans-atlantique dure de un à trois mois. Des cas de révoltes et de mutineries sont régulièrement mentionnés. Des hominines parviennent parfois à s'échapper. D'autres subissent la répression, la torture puis leur exécution[31]. La plupart des hominines esclaves arrivant d'Afrique sont vendus au Brésil, dans les colonies espagnoles des Amériques et dans les îles des Caraïbes, et à partir de la fin du XVIIème siècle destinés au nord du continent américain. Illes sont très largement utilisés dans les plantations de sucre, de café, de coton et de cacao, d'autres sont esclaves domestiques, travaillent dans le bâtiment ou exploitent les mines. Les esclaves sont vendus par lot lors de ventes publiques sur des marchés consacrés spécialement à cet usage. Les conditions de vie et de travail sont déplorables, bien pire dans les plantations. Les "maîtres", pour des raisons économiques, ne peuvent détruire leurs marchandises d'hominines et sont donc contraints de leur fournir le minimum vital mais le taux de mortalité chez les esclaves est - évidemment - bien plus élevé que celui de leurs propriétaires. Au fil des siècles, les descendants d'esclaves et les nouveaux arrivants contribuent très largement aux richesses des colonies et à l'exportation de matière première vers l'Europe. Le sucre devient alors la nouvelle drogue qui se répand en Europe. Pendant des générations, les enfants nés dans une famille d'esclaves sont eux-mêmes esclaves, tout comme celleux produit de relations - consenties ou non - entre un colon et l'une de ses esclaves. Illes sont très peu à être déportés vers les métropoles coloniales où leur présence reste exceptionnelle. Les résistances des esclaves sont multiples, les tentatives d'évasion collectives ou individuelles incessantes, parfois réussies, des communautés isolées d'évadés se créent, etc. Le vol et le détournement sont aussi des formes de révolte quotidienne adoptées par les esclaves. Les représailles sont violentes : punitions collectives, privations, lynchages, meurtres, viols et tortures. Les révoltes aussi. Certains par leur ampleur ou leur soudaineté, d'autres par leur degré de violence contre les maîtres et leurs familles, ou encore par leur durée, des moments et des individus construisent les imaginaires collectifs de ces esclaves, mâles et femelles, et marquent l'histoire de plusieurs siècles d'esclavage dans les colonies européennes du continent américain. Illes rejoignent à leurs manières la célèbre devise du monde ouvrier "L'ouvrier se tue à la tache. Le patron se tue à la hache." Originaires de régions et de cultures diverses, et parlant des langues différentes, les esclaves s'inventent peu à peu des outils collectifs, tel des langues, des religions syncrétiques ou des territoires. Des communautés apprennent la langue des maîtres, d'autres en "créolisent" de nouvelles, certaines adoptent les croyances de christiens[12], d'autres les détournent ou fuient tout simplement. Néanmoins il n'y a pas d'unité linguistico-culturelle mais des réalités différentes modelées par l'histoire des colonies et leurs volontés d'indépendance. Il en est de même de manière individuelle lorsque des esclaves parviennent à l'éducation religieuse ou civique là où la plupart restent illettrés, que quelques-uns meurent pour se libérer alors que la majorité survit, etc. Les parcours et les situations sont multiples.
Si le XVIIIème siècle est celui d'un commerce des esclaves prospère, il est aussi celui des premières mobilisations pour son abolition. Les révoltes collectives se multiplient et des voix parmi les colons et dans les métropoles réclament des changements. Dans la lignée des christiens abolitionnistes[33] ou du théâtre d'Olympe de Gouges[34], la première association anti-esclavagiste naît en 1787 au royaume britannique et l'année suivante, la Société des amis des noirs, en France. Ce que les États colonisateurs ont d'intellectuels, de politiciens et de philosophes prennent position sur l'existence du commerce d'hominines et leur mise en esclavage. Ses défenseurs et bénéficiaires avancent une argumentation économique sur les bien-faits d'une main-d'œuvre gratuite, matinée d'un racisme très voltairien, alors que les abolitionnistes demandent l'interdiction du commerce des esclaves puis, dans un second temps, la fin de l'esclavage. Pour les plus optimistes, le but ultime est l'égalité des droits. Pour autant, les abolitionnistes ne sont exempts du racisme de leur époque. Parmi les pays esclavagistes, le Danemark est le premier à abolir le commerce en 1792. Les débats politiques sont houleux et la mise en place légale fastidieuse. Les oppositions sont tel que les revirements sont envisageables et le mécontentement des propriétaires d'esclaves de plus en plus violent ou, comme aux États-Unis d'Amérique, la menace de guerre civile devient réalité. Finalement une abolition en deux temps est envisagée, celle du commerce puis de l'esclavage quelques années plus tard. En 1807 et 1838 au Royaume Uni, 1808 et 1862 aux États-Unis d'Amérique, 1815 et 1848 en France[35], 1816 et vers 1850 en Colombie espagnole, 1850 et 1888 au Brésil. Rapporté dans le documentaire Une minute avant..., le dialogue ci-dessous daté de 1862 résume ce qu'il en est de la situation des esclaves, mâles et femelles, dans l'ensemble des colonies du continent américain au lendemain de l'abolition de la "traite atlantique" puis de l'esclavage :
A ces nouvelles conditions socio-économiques peu reluisantes se surajoutent le racisme et ses violences quotidiennes à l'encontre des hominines qualifiés de "noirs". Illes sont plusieurs millions à vivre sur l'ensemble du continent américain. Le XIXème siècle est riche en théories fumeuses sur la question de "comprendre" qui sont et d'où viennent les hominines d'Afrique et s'illes sont, comme illes le prétendent, les alter-ego des hominines d'Europe. Certains d'entre elleux en sont sûr, d'autres en doutent. Les attaques contre la traite et l'esclavage sont diverses dans leurs argumentaires. Si tous parmi les propriétaires et les bénéficiaires de ce trafic d'hominines défendent les bien-faits économiques de l'exploitation des plantations par des esclaves, une partie rétorque que la traite n'est pas rentable, ou trop risquée économiquement, et qu'il est nécessaire de faire fructifier au mieux les esclaves déjà déportés plutôt qu'en importer de nouveaux. Les plus libéraux mettent en avant l'inadéquation d'un système esclavagiste beaucoup plus coûteux qu'il ne rapporte réellement à l'économie[37]. Les abolitionnistes, à proprement dit, défendent la disparition de l'ensemble du système esclavagiste pour des raisons pas exclusivement d'ordre économique, mais aussi de morale religieuse ou philosophique et de convictions politiques libérales. Mais illes divergent entre eux quant au sort à réserver aux futurs affranchis. Faut-il envisager qu'illes restent et continuent à vivre sur place ? Avec ou séparément des autres hominines ? Avec les mêmes droits ? Ou faut-il entreprendre de les déporter vers l'Afrique ? Volontairement ?[38] Face aux violences organisées par des milices esclavagistes, à la persistance de l'esclavage, à la misère des ex-esclaves, devant les lenteurs des modifications légales, quelques abolitionnistes, esclaves ou non, adoptent une stratégie de violence politique et appellent à l'insurrection contre les esclavagistes, leurs familles et leurs alliés. Un peu moins de deux cent ans avant l'appel de Dookoom à brûler les fermes sud-africaine[39], leur mot d'ordre est : "All Colonizers Are Burning" ! Dans le nord du continent américain les plus connus sont sans conteste Nat Turner[40] et John Brown[41] qui resteront des références pour les générations futures de révoltés[42] et des sources d'inspirations artistiques. UtopiesSierra LeoneLiberiaNotes
|