Néoplatisme
Néoplatisme. ( en macédonien - neoplatisme en nissard) Utopie passéiste du futur.
Avant-hier
De toutes les espèces vivantes sur cette la planète, les hominines [2] sont la seule dont nous possédons des représentations du monde qui l'environne, et que nous comprenons. Non pas le monde tel qu'il est est mais tel qu'il est pensé. Comme n'importe quel animal, les hominines ressentent et fondent leurs connaissances de l'existant à partir de leurs sensations. Peu d'espèces semblent avoir des connaissances cumulatives. Hormis les hominines, cela a été confirmé chez les bourdons ou les chimpanzés qui sont capables d'apprendre et de transmettre des techniques ou des savoirs à leurs congénères. [3] Idem chez les minions, une espèce bien plus ancienne que les bourdons, les chimpanzés et les hominines. [4] Cela ne dit évidemment rien sur l'intelligence d'autres espèces. En effet, les poulpes, par exemple, sont capables d'apprentissage et d'expérimentation mais, dans leur environnement naturel, illes [5] ne sont pas dans des conditions matérielles leur permettant de transmettre quelque chose à des congénères. Les individus de cette espèce vivent en solitaire et meurent à l'issue de la reproduction. Les poulpes parviennent très bien à résoudre des problèmes de mécanismes complexes et de labyrinthes en laboratoire mais ne les inventent pas. Les animaux dit sociaux sont plus à même de développer des connaissances cumulatives et des mécanismes de transmission intergénérationnelle. Après les premières stupeurs sont arrivées les premières tentatives de réponse à ce qu'est l'existant pour des hominines. La datation de cela est difficile. Les questionnements sont divers tant le monde est vaste et complexe. Malgré des nuances évidentes, il y a très peu de différences entre les histoires inventées dans les sociétés d'hominines pour raconter le commencement de tout. Le premier scénario de fiction, le premier roman oral ? Les schémas mythologiques sont similaires. Une ligne est tracée entre le Rien primordial et les hominines. D'évidence, le résultat est une narration autocentrée pour décrire l'existant. D'une manière ou d'une autre, les hominines trônent. Illes ne sont jamais simplement une espèce parmi d'autres. Les hominines se répandent progressivement sur l'ensemble des terres émergées de la planète. Au fil de leurs migrations, des changements de climat. La "sortie" d'Afrique est un processus qui prend des centaines de milliers d'années, en plusieurs vagues. Même dans les zones les plus inhospitalières, les hominines sont dorénavant partout. Leur diversité est riche en mythes, en langues, en cultures, etc. HierSans exception, la totalité des cultures hominines se sont dotées de savoirs et de techniques afin de mieux survivre. Pour compenser leur fragilité et s'adapter au mieux à tous les environnements. Il y a de fortes probabilités pour que l'invention des vêtements en peau d'animaux soit concomitante de l'exploration de régions moins tempérées, et non les prémisses de la combinaison de sudation. Le manteau de fourrure ne s'invente pas sous des climats chauds, tout comme les lunettes de soleil ne sont pas adaptées à la nuit polaire. Impossible ici d'énumérer toutes les questions que les hominines se posent. Parmi celles-ci, celles sur la "planète" sur laquelle illes vivent. Est-elle sans fin comme semble le laisser penser son exploration pédestre ? Quelle est sa forme ? Qu'y a-t-il après l'horizon ? Existe-t-il un ailleurs ? Tout indique que les étoiles et les astres solaire et lunaire se déplacent. Sans vouloir faire preuve de validisme [6], il suffit de regarder pour le constater. À partir de ces simples questionnements et constatations, de nombreuses hypothèses peuvent être formulées. Les récits mythologiques ne se gênent pas pour cela. Bien souvent le monde existant n'est pas pensé en tant que planète dans un univers beaucoup plus vaste mais comme l'unique réalité. Les étymologies possibles de ce mot de planète sont d'ailleurs des indicateurs de la complexité de ces réponses apportées par les croyances. Selon la plupart des dictionnaires actuels, le terme planète renvoie à une racine grecque antique signifiant "vagabond", "errant". Le grec ancien utilise l'expression astra planeta, "étoile errante". Un sens que l'on retrouve dans le français moderne planer. Pour certains, il est à rapprocher de flâner qui en serait la déformation. Dans plusieurs langues germaniques nord-européennes, il existe des formes de l'étymon flan avec le sens de "balader", "errer". Tel flanieren en allemand. Ce sens de vagabondage, de déplacement, correspond très bien à une description du mouvement des étoiles, de la lune et du soleil. Elles sont donc bien des planètes. Le terme est aujourd'hui genré au féminin mais pendant plusieurs siècles cela n'a pas été le cas. Le Dictionnaire de la langue française de Godefroy rapporte que un planet est une planète et que une planete est une petite hache pour rendre plat ou une plate-forme. [7] Et planer est l'action de rendre plat. Un sens encore présent en français. Une plaine est un vaste endroit ouvert et à peu près plat. L'utilisation du mot astre évite cette ambiguïté. Son étymon a donné une multitude de mots dans les langues d'Europe. Star en anglais ou stern en allemand. Estela en nissard. Le stella latin débouche sur le nom étoile en français ou le qualificatif stellaire. Ou encore constellation.
À une date incertaine, mais fort probablement très ancienne, les hominines remarquent que l'ombre d'une chose fixe se déplace et change de taille. Cela fonctionne avec toute chose fixe. Ce mouvement de l'ombre est la matérialisation du déplacement du soleil. La longueur portée au sol est le reflet de l'inclinaison du soleil. L'hiver, lorsque la course du soleil est basse, l'ombre est plus longue que l'été, une saison où le soleil est haut. L'expérience est très facilement reproductible. Les premiers calendriers et horloges solaires apparaissent en Asie orientale et au Moyen-Orient. L'observation du ciel permet aux hominines de découvrir moult informations les concernant. Si le soleil et la lune ont une forme circulaire, qu'en est-il du monde ici-bas ? Les premières hypothèses postulent que "notre" monde est lui aussi circulaire. Rien ne dit encore s'il est plat ou cylindrique, mais la question se pose. Les documents les plus anciens dont nous disposons à ce sujet datent de la Grèce antique. L'application de quelques calculs géométriques, une science alors en plein essor, permet de répondre à quelques interrogations. Planter deux bâtons de hauteur égale à des endroits éloignés et mesurer leurs ombres à la même heure est une méthode qui montre que la terre est arrondie. Dès le Vème siècle avant JCⒸ [9], la plupart des érudits de l'antiquité grecque admettent la sphéricité de la Terre. Platon et Aristote pour ne citer que les plus connus. Même si les méthodes de calcul ne sont pas encore très précises, les formes arrondies des ombres de la Terre sur la Lune lors des éclipses et les calculs géométriques solaires sont pour eux des preuves suffisantes. Par contre ils divergent sur la question de la fixité ou non de notre astre terrestre. Même si certains défendent l'idée que l'astre terrestre tourne autour du soleil, le modèle dominant qui se dessine postule que la Terre est immobile et centrale dans l'univers, et que le Soleil et les autres astres tournent autour. Les avis divergent sur le rayon de cette sphère. Sans avoir recours aux mathématiques, il est possible de remarquer qu'au loin, à l'horizon, un bateau qui s'éloigne disparaît progressivement à partir du bas et que le mât est le dernier. Si la surface terrestre est plate, un objet qui s'éloigne à l'horizon doit simplement diminuer jusqu'à devenir si petit qu'il n'est plus visible. Inversement, à partir d'un bateau se rapprochant des côtes, les hominines voient les sommets des montagnes avant les côtes. La courbure terrestre implique qu'à une altitude d'environ 1,70 mètres — à la hauteur d'un regard d'hominine au bord de la mer — la vision ne peut dépasser les 4,7 kilomètres [10]. À une altitude de 1312 mètres, l'horizon visible va jusqu'à presque 130 kilomètres. Les connaissances en astronomie sont résumées au IIème siècle après JCⒸ par l'érudit Claude Ptolémée dans un traité en grec nommé Almageste [11]. Au cours des siècles suivants, la sphéricité de la Terre est chose acquise. Personne ne la remet en cause, que ce soit dans la civilisation mahométienne ou, plus tard, lors du Moyen-Âge européen. L'astronomie et la navigation confirment cela. Le grand sujet de discorde reste la circonférence terrestre et sa place dans l'univers. Le géocentrisme demeure le modèle explicatif consensuel. Les autorités religieuses christiennes n'admettent pas que l'astre terrestre ne soit pas central car cela revient, selon elles, à minimiser la dimension centrale des hominines pour leur divinité. Malgré tout l'humour qui est le sien, ce dieu n'a pas pu créer sa créature préférée — les hominines — dans un simple coin de l'univers parmi d'autres. Pour le reste, elles ne contredisent pas la sphéricité. Dans l'un de ses ouvrages, Historia rerum ubique gestarum [12], le pape Pie II signale en 1458 que "à peu de choses près, tout le monde s’accorde à dire que la forme du monde est sphérique." La fin du XVème et le début du XVIème siècles est une époque d'exploration du monde par voie maritime. Les puissances politiques d'Europe financent des expéditions afin de découvrir de nouvelles routes vers les Indes et l'Orient. L'originalité de Christophe Colomb tient au fait qu'il veut partir en direction de l'ouest pour atteindre l'est. Les critiques de son projet ne sont pas sur l'absence de route vers les Indes, en passant par ce chemin, mais sur l'impossibilité de les rejoindre en bateau car le voyage s'annonce trop long. Les contraintes matérielles sont trop grandes. Lorsque son expédition approche enfin de la terre ferme après plus de deux mois de voyage, l'équipage est mal en point, affamé et à deux doigts de se révolter. En effet, les estimations de Colomb sont mauvaises car il pense que la sphère terrestre est plus petite qu'elle ne l'est véritablement. Ce qu'il ne sait pas, c'est qu'il y a un continent entier entre l'Europe et l'Asie : le Nouveau Monde qui par la suite sera nommé Amérique. [13] Il faut attendre le milieu du XVIème siècle pour que cette représentation du monde soit sérieusement remise en cause. Dans Des révolutions des sphères célestes, Nicolas Copernic [14] propose un système héliocentrique de notre univers. Se basant sur les observations astronomiques et l'héritage de siècles de progrès des sciences mathématiques, il explique que le soleil est un astre central autour duquel tournent les planètes. Dont la Terre. Peu soutenu, les travaux de Copernic ne font pas l'effet d'une bombe. Les autorités religieuses christiennes de Rome — la papauté — ne daignent pas répondre, ni même condamner. Elles l'ignorent. Avec son héliocentrisme affirmé, Copernic vient pourtant de fendiller le consensus. Il pose les fondations modernes de l'astronomie. En 1584, Giordano Bruno [15] publie De l'infinito universo et Mondi dans lequel il affirme : "Il est donc d'innombrables soleils et un nombre infini de terres tournant autour de ces soleils, à l'instar des sept "terres" [la Terre, la Lune, Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne] que nous voyons tourner autour du Soleil qui nous est proche." À l'hypothèse que la sphère terrestre est immobile car lorsqu'un objet est lâché en haut d'un mât, il arrive au pied de ce même mât, Giordano Bruno répond qu'elle peut être mobile. Pour preuve, un objet lâché d'un mât en mouvement, sur un bateau par exemple, atterrie toujours à sa base. Une expérience aisément reproductible de nos jours. Sauter en l'air dans un train en marche, même à grande vitesse, ne fait pas courir le risque de se faire écraser par le bout du compartiment qui arrive à toute allure. Érudits dans plusieurs domaines, Giordano Bruno se met à dos les autorités papales qui lui reprochent ses positions sur la morale ou la religion. Ses positions scientifiques d'astronomie ne sont pas le principal reproche. Il est brûlé vif en 1600 pour hérésie. [16]
Quelques années plus tard, Johannes Kepler publie ses travaux sur les trajectoires des astres et conclue qu'elles ne sont pas circulaires mais elliptiques. Galilée provoque la colère d'érudits de son époque et des autorités religieuses en publiant Sidereus nuncius en 1610. S'appuyant sur les travaux de Copernic et ses successeurs, il fait l'hypothèse d'un système astronomique héliocentrique avec une sphère terrestre en mouvement. L'un de ses outils est une lunette astronomique, une invention récente. Le géocentrisme affirme que le poids des terres émergés, avec leurs montagnes, est tel que la sphère ne peut évidemment pas bouger. Trop lourde. L'observation de la lune avec une lunette astronomique montre très bien qu'elle aussi a du relief alors que tout le monde est d'accord avec le fait qu'elle est en mouvement. Le théologien et érudit Paolo Antonio Foscarini soutient que l'héliocentrisme n'est pas contraire aux écrits de la mythologie christienne et tente de publier en 1615 sa Lettre sur l'opinion pythagoricienne et copernicienne concernant la mobilité de la Terre et la stabilité du Soleil [18]. Mais l'héliocentrisme est officiellement déclaré hérétique en 1616 et les livres sur ce sujet sont ajoutés à l’Index des livres interdits, le catalogue officiel des autorités religieuses papales. [19] La Terre peut bien être sphérique, peu importe, mais hors de question qu'elle bouge. En 1632, Galilée fait paraître Dialogue sur les deux grands systèmes du monde [20] dans lequel trois personnes échangent sur la question. La première, à laquelle il s'identifie, est favorable au système héliocentrique de Copernic, la deuxième, représentant les autorités religieuses, défend le système géocentrique et la troisième n'a pas encore d'avis sur cette question. Les autorités papales n'apprécient pas. L'année suivante, un procès lui est intenté. Il est condamné à ne plus aborder le sujet et contraint à s'exiler. Ses travaux sont ajoutés à l’Index. Si les théories héliocentriques apportent des réponses à des observations astronomique et des calculs géométriques, elles ne sont pas encore en mesure d'expliquer tout ce que cela implique. Si la Terre n'est pas plate, les régions aux antipodes ne doivent pas être habitées car impossible d'y vivre avec la tête en bas. Si la Terre est en mouvement comment si maintenir sans se faire expulser par la vitesse ? Quoiqu'en pensent les héliocentristes, il suffit de retourner un verre d'eau pour constater qu'elle ne reste pas dans le récipient et se déverse. De plus, vivre en permanence la tête en bas n'est pas conseillé. Isaac Newton va permettre d'affiner le modèle héliocentrique. Par ses calculs il montre la présence d'une force de gravitation qui attire vers le sol. S'il est un personnage important dans l'histoire des sciences modernes, il l'est tout autant dans l'histoire de la protivophilie car, selon une source anonyme, "avant sa découverte de la gravité en 1687, les hominines prenaient tout à la rigolade". Les autorités religieuses christiennes de Rome reconnaissent dans le milieu du XVIIIème siècle la validité des théories de Galilée. Ses écrits et tout ceux défendant l'héliocentrisme sont enlevés de l'Index. Aujourd'huiLe développement du commerce mondialisé, les dissensions théologiques entre les différents courants christiens ou les oppositions politiques entre les puissants royaumes d'Europe, entraînent dans leur sillage de profonds changements sociaux et des interrogations philosophiques sur le présent et l'avenir. Les XVIIème et XVIIIème siècles sont l'articulation entre hier et aujourd'hui dans l'histoire du néoplatisme. Depuis maintenant un millénaire et demi, la pensée philosophique et les savoirs de l'antiquité grecque sont partie intégrante des philosophies christiennes et des savoirs qui se développent dans les régions à dominante christienne. Et aussi mahométienne. Les érudits pré-JCⒸ les plus proches des croyances christiennes font office de caution intellectuelle. Les savoirs qui ne sont pas antagonistes avec ce que les autorités religieuses professent sont évidemment valorisés. Elles écrivent ainsi leur "roman national" en ce donnant une profondeur historique. Elles légitiment leur autorité en se posant comme un "progrès" par rapport à une époque précédente. Tout en se présentant comme sa continuité naturelle. La sphéricité du monde est admise grâce aux textes de l'antiquité grecque, mais l'approche reste un peu mystique selon Aurélien "Orelsan" Cotentin :
Si l'autorité religieuse est contestée dans sa légitimité politique, elle l'est aussi pour sa volonté d'une main-mise sur la validité ou non à accorder à telles ou telles théories ou pensées. Que faire des sciences qui ne s'accordent pas avec les mythologies christiennes ou qui les heurtent ? Les scientifiques et les philosophes de ces siècles charnière inversent la question. Que faire des mythologies et des savoirs qui ne s'accordent pas avec les sciences nouvelles ? La superstar de cette époque est Voltaire. Il aime se voir en pourfendeur de la religion. Des textes anonymes circulent en Europe. La cible est la religion christienne et ses croyances. Le fait même de croire en cette religion est contesté. De La béatitude des Chrétiens ou le Fléau de la foy de Geoffroy Vallée en 1572 [22] — et qui vaut à son auteur la pendaison suivie du bûcher deux ans plus tard [23] — à l'anonyme Traité des trois imposteurs [24] dans les années 1720 en passant par le Testament de Jean Meslier publié en 1762 par Voltaire. Ce Testament est une version légèrement remaniée de Mémoire des pensées et sentiments de Jean Meslier, prêtre-curé d'Etrépigny et de Balaives, sur une partie des erreurs et des abus de la conduite et du gouvernement des hommes, où l'on voit des démonstrations claires et évidentes de la vanité et de la fausseté de toutes les religions du monde, pour être adressé à ses paroissiens après sa mort et pour leur servir de témoignage de vérité à eux et à tous leurs semblables, plus connu sous son nom abrégé de Mémoire des pensées et sentiments de Jean Meslier. [25] L'opposition de Voltaire à la religion est si tranché qu'il lui dénie son héritage grec antique. Autant pour les sciences que pour la philosophie. L'Âge d'Or christien doit rimer avec obscurantisme. Par mensonge délibéré ou biais intellectuel, Voltaire affirme que les autorités et les croyances christiennes ont défendu la théorie d'une Terre plate. En rupture avec les connaissances acquises dans l'antiquité grecque. Pour sa démonstration il cite deux auteurs christiens anciens, Lactance et Cosmas. Vivant à cheval sur les IIIème et IVème siècles, le premier est, selon Nicolas Copernic, un "illustre écrivain mais piètre astronome qui parle de manière infantile de la forme de la Terre quand il se moque de ceux qui déclarent qu’elle a la forme d’un globe." [26] Lactance n'est pas stupide et interroge avec logique la théorie de la sphéricité terrestre : "Ceux qui pensent qu'il y a des antipodiens opposés à nos pas, cela a-t-il quelque sens ? ou bien y a-t-il quelqu'un d'assez inepte pour croire qu'il y a des hommes dont les plantes des pieds sont au-dessus de leurs têtes ? ou bien que ce qui y est posé par terre, pour nous, pend en étant renversé ? que les herbes et les arbres croissent vers le bas ? que les pluies, la neige et la grêle tombent sur terre vers le haut ?" Si la Terre est plate, personne ne peut tomber dans les airs. Il faut attendre la gravité de Isaac Newton pour que des hominines puissent admettre que toute la sphère est habitable. Avant, cela peut paraître impensable. Constantin d'Antioche dit Cosmas Indicopleustès ("le voyageur des Indes") rédige dans le milieu du VIème siècle sa Topographie chrétienne en langue grecque. Le titre de son premier chapitre résume les autres Contre les faux chrétiens qui professent, comme les païens, que le ciel est sphérique. Son ouvrage est très peu distribué et son contenu demeure confidentiel [27]. C'est une première traduction latine en 1707 qui permet à Voltaire et à l'ensemble du monde christien de prendre connaissance de ce livre. Pas publiée depuis le XIIème siècle, la Topographie de Cosmas n'est pas représentative d'une théorie platiste défendue par les autorités religieuses de Rome pendant des siècles. Celles-ci reconnaissent plutôt la validité de plusieurs textes écrits par différents religieux qui défendent que la Terre est une sphère. De Grégoire de Nysse — sans lien de parenté avec Brice de Nice — qui parle au IVème siècle de la forme sphérique de l'ombre terrestre sur la Lune lors d'une éclipse à la parution du Traité de la sphère au XIVème siècle par un dignitaire religieux. Ce même siècle où Thomas d'Aquin, LA grande référence des autorités religieuses papales, est catégorique : "les sciences se différencient en fonction des différents moyens par lesquels la connaissance est obtenue. En effet, l'astronome et le physicien peuvent tous deux démontrer la même chose, par exemple que la terre est ronde : l'astronome au moyen des mathématiques (c'est-à-dire en faisant abstraction de la matière), mais le physicien au moyen de la matière elle-même." [28] Les pensées philosophiques et politiques qui s'élaborent dans le courant du XVIIIème siècle aiment présenter le passé uniquement comme un âge d'ignorance et de superstition. Quitte à traficoter un peu la réalité. Voltaire n'est pas un cas unique. Depuis la "Révolution française" qui a renversé en 1789 le régime féodal et son aristocratie pour le remplacer par un système parlementaire aux mains de la bourgeoisie, le discours officiel et l'historiographie vont dans ce sens. Penser que "Avant c'était pire" permet toujours une meilleure acceptation du présent. Quel qu'il soit. La méthode se rode. Rappelons ici que la chasse aux sorcières ne date pas des périodes médiévales christiennes mais se situe au XVIème et XVIIème siècles. Que l'Inquisition anti-hérétique, aussi terrible soit-elle, n'a pas fait autant de morts que les conflits territoriaux et les guerres entre les royaumes d'Europe dans la même période. Un obscurantisme en remplace un autre : La politique prend le relai du religieux. Le colonialisme européen n'est pas mieux que les Croisades christiennes. Le sort des populations moïsiennes médiévales n'est pas moins enviable que celui qui leur est réservé aux époques modernes. Celui des populations serviles sous la féodalité est-il vraiment différent du sort des hominines maintenant prolétaires ? Les Lumières [29] n'ont fait qu'assombrir la réalité passée et présente. Que ce soit dans la phase où elles prennent de plus en plus de pouvoir politique, économique et culturel, ou lorsqu'elles s'en emparent vraiment, les bourgeoisies n'assument pas ouvertement leur position d'exploiteuse et de profiteuse. Elles rejettent tout sur la féodalité et l'aristocratie renversées. Par lassitude, "J'aime pas les gens" est le cri de ralliement pour des foules populaires qui doutent des promesses qui n'aboutissent à rien.
Inversement, des hominines affirment que c'était mieux avant. Que ce soit à travers la politique ou la religion. L'une prétend qu'un retour en arrière est la solution à toutes les misères du présent et aux avenirs funestes, l'autre prend ses fantasmagories pour la réalité : "On pourrait n’accorder que peu d’importance à tout cela. Après tout, le chrétien peut sauver son âme quelle que soit la forme qu’il attribue à la Terre. L’essentiel n’est-il pas cette effrayante diminution de l’espérance de vie qui n’est plus que de 85 ans alors qu’elle fut au Moyen-Age l’espérance de la vie éternelle ?" [31] Il est vrai que l'impact de la croyance ou non d'une Terre plate est minime sur le sort des hominines. L'illusion n'est pas toujours un frein au réel et la pensée religieuse s'accommode très bien de ses propres contradictions. Isaac Newton, par exemple, est un hominine profondément croyant dans les mythologies christiennes tout en étant un scientifique, un hominine qui cherche la rationalité mais qui est persuadé que l'alchimie [32] est une vraie science. Selon lui, "la gravité explique le mouvement des planètes, mais elle ne peut expliquer ce qui les mit en mouvement. Dieu gouverne toutes choses et sait tout ce qui est ou tout ce qui peut être" ! Avec la pensée religieuse et sa mythologie, la schizophrénie est un état permanent. Entre réalité et mythes. L'idée que la théorie d'une Terre plate est défendue par les autorités religieuses médiévales s'impose. Pouvait-il en être autrement ? Elle devient une évidence partagée et au cours du XXème siècle, cette fausse affirmation continue de circuler. Qui oserait remettre en cause ce que des auteurs fameux comme Voltaire ont dit ? Des spécialistes d'histoire, des romanciers, des érudits reprennent ces déformations historiques, et sont la caution moderne au mythe de la Terre plate. Dans sa biographie éponyme du navigateur Magellan, en 1938, l'écrivain Stephan Zweig croit savoir que la platitude de la Terre est une évidence à l'époque du navigateur. Comme dans Pirates des Caraïbes troisième volet nommé Jusqu'au bout du monde [33]. Contrairement à ce qui s'écrit, l'opposition au voyage de Christophe Colomb n'est pas pour des raisons d'hypothétique platitude mais de capacités à franchir une si longue distance sans ravitaillement. L'essai Les Somnambules. Essai sur l'histoire des conceptions de l'univers, publié en 1959 par Arthur Koestler. Il reprend l'argumentaire qui minimise l'influence de Copernic et Galilée. Il affirme, à tort, que les travaux de Copernic ne sont pas très connus à son époque. "Le livre que personne n’a lu – le Livre des Révolutions des Sphères Célestes était et demeure la plus mauvaise vente de tous les temps." [34] Rien de moins. Une contrevérité largement débunkée en 2004 par Owen Gingerich dans Le livre que nul n'avait lu [35]. Pour Galilée, Arthur Koestler relativise le procès et la mise à l'Index de ses écrits. Des références antiques, quelques textes médiévaux, des sources intellectuelles reconnues et des confirmations contemporaines, tous les ingrédients sont réunis pour un "Mythe de la Terre plate" [36]. Cette nuitLe XIXème est le siècle des grands bouleversements. L'industrialisation grandissante des pays de l'ouest européen entraîne la critique de ce processus et des retombées néfastes sur les hominines qui l'alimentent. Cette critique est autant sociale que politique. La bourgeoisie humaniste se lance dans des programmes d'amélioration des conditions de vie des plus pauvres. La philanthropie a le vent en poupe. Elle vise à calmer les dilemmes moraux de ces philanthropes et à atténuer les misères endurées par la majorité. En parallèle, des théories politiques nouvelles s'élaborent. Leurs buts est de proposer des modes d'organisation qui extraient les hominines des réalités sociales en s'organisant en marge du monde. Pour celleux qui se réclament d'une religion, ces nouvelles théories sont une manière de revenir aux "vraies" sources [37], pour celleux qui refusent les préceptes religieux, elles sont une façon de faire enfin rupture avec des croyances qui incarnent le passé. Dans ce cas, la religion n'est pas vue comme salutaire mais comme responsable de nombreux malheurs pour les hominines. En complément pour les philanthropes ou en réponse aux approches religieuses pour les critiques les plus radicales, les sciences sont mises à contribution. L'organisation sociale, politique et économique sont passées au crible de ces sciences. Des projets collectifs sont envisagés afin de s'extraire au mieux du monde industriel moderne. Il ne s'agit pas de tentatives de retour à un passé mythique mais de se projeter dans le futur en se construisant un présent. Autant les sciences dures — telles que les mathématiques, la physique ou l'astronomie — que les sciences dites humaines sont mises au service de ces projets. Le progrès social est alors nommé socialisme. Avec toute la modestie qui est la sienne, Karl Marx catalogue d'utopistes ces premiers socialismes du début du XIXème siècle alors qu'il qualifie le sien de scientifique. Pourtant, les différentes approches et théories "socialistes" ne restent pas cantonnées au monde des idées mais prennent forme dans de véritables tentatives de les réaliser concrètement. Elles ne sont pas plus utopiques que la pensée marxienne, et ne sont pas moins scientifiques. Les espoirs d'un monde meilleur ne sont pas l'apanage des hominines de la bourgeoisie intellectuelle, c'est aussi une activité de pauvres, la rage au ventre. Dans L'humanisphère, en 1857, l'anarchiste Joseph Déjacque [38] aspire à "la sociale République humaine, une et indivisible, la République des hominines à l’état libre, la République des individualités-unies du globe." [39] Les plus célèbres de ces socialistes "utopistes", tous nés dans le dernier quart du XVIIIème siècle, sont Charles Fourier [40], Étienne Cabet [41], Claude-Henri de Rouvroy de Saint-Simon [42] ou Robert Owen [43]. Ils imaginent des formes d'organisation sociale idéale. Pour cela, les sciences sont sollicitées. Elles sont le socle sur lequel repose l'équilibre à trouver entre individualité et collectivité, au bénéfice des deux. L'architecture des lieux de vie est aussi importante que l'éducation donnée, l'hygiène est aussi primordiale que de la nourriture en quantité suffisante. Le travail est aussi indispensable que le repos, etc. Il y a urgence car tous savent que la situation sociale quotidienne est une catastrophe pour nombre d'hominines et que "Demain c’est trop tard".
Né en 1771 au Pays de Galles britannique dans une famille d'artisan, Robert Owen travaille très tôt dans l'industrie textile en tant qu'apprenti. Il est nommé à la direction d'une manufacture vers l'âge de 20 ans. Il épouse en 1797 la fille d'un industriel et par la suite prend la direction de la filature de son beau-père à New Lanark en Écosse britannique. Humaniste non-religieux, il se fait patron paternaliste. Pour lui, les hominines travaillant dans son entreprise doivent pouvoir bénéficier des meilleurs traitements. Il défend la journée de travail de 8 heures, améliore l'habitat de sa main-d'œuvre et organise la scolarisation de leur progéniture. L'entreprise est florissante et New Lanark est un véritable laboratoire social. Son modèle devient une référence en matière de réformes sociales et économiques [45]. Dans les années 1820, Robert Owen prend ses distances vis-à-vis de l'industrie et projette de mettre en place des communautés de vie. Pour lui, elles sont la seule manière d'échapper aux logiques capitalistiques [46]. Après avoir prôné un réformisme social et politique, Robert Owen imagine un "socialisme" basé sur la coopération où la main-d'œuvre est maîtresse des moyens de production et vit collectivement. Ses écrits trouvent une résonance auprès de plusieurs hominines qui s'associent à lui ou qui tentent de concrétiser son utopie sociale. Sur la petite dizaine d'expériences "owenistes" éphémères aux États-Unis américains, la plus connue de ces communautés est celle de New Harmony [47], fondée en 1825 par Robert Owen lui-même. Elle ne dure que deux années. Au Royaume-Uni britannique, une dizaine de projets de communautés voient le jour entre 1820 et les années 1840. Aucune de ces communautés ne survie au-delà de cette décennie 1840. Samuel Rowbotham cofonde l'une d'elles en 1838, à l'est de l'Angleterre britannique dans le village de Manea. Dans cette région, existent de longs canaux destinés à drainer les eaux marécageuses. Dès l'été 1838, Samuel Rowbotham [48] fait une expérience sur l'un des canaux, rectiligne sur plus de 10 kilomètres. Avec un télescope tenu à 20 centimètres au dessus de l'eau, il regarde s'éloigner un bateau avec un mat d'une hauteur de moins d'un mètre. Au bout de 10 kilomètres, le mat du bateau est toujours visible alors qu'avec une Terre sphérique il devrait être situé plusieurs mètres sous l'horizon. Il en conclue que la Terre est donc plate. Il publie les premiers résultats de ses observations en 1849. Quelques hominines rejoignent ses conclusions. William Carpenter fait paraître en plusieurs épisodes L'Astronomie spéculative étudiée et démasquée - La Preuve que la Terre n'est pas une sphère à partir du 1864. En 1865, sous le titre Astronomie zététique. La Terre n'est pas une sphère, Samuel Rowbotham fait paraître l'ouvrage qui synthétise l'ensemble de ses conclusions. Ses travaux restent inconnus du grand public et ignorés par les scientifiques de cette époque. Le quart d'heure de gloire a lieu en 1870 lorsqu'un partisan de la planéité terrestre invite à un pari qui veut démontrer le contraire. Naturaliste et géomètre, Alfred Wallace relève ce défi, et le gagne. Connaissant les risques de déformation visuelle, dits effet de la réfraction atmosphérique [49], il se propose de faire l'expérience à une hauteur de 4 mètres. Dans ces conditions, le résultat est que la planète est une sphère. Samuel Rowbotham fait des émules et défend sa théorie dans de très nombreuses conférences publics et polémiques avec des astronomes. Il affirme que la Terre est un disque, avec en son centre le pôle Nord et délimité au bord extérieur par un mur de glace, l'Antarctique. Pour lui, le Soleil et la Lune se trouvent à moins de 5000 kilomètres au dessus de la Terre. Une Société zététique est inaugurée au Royaume-Uni britannique et une aux États-Unis américains. Afin de crédibiliser encore un peu plus son argumentaire, il fait paraître L'incohérence de l'astronomie moderne et son opposition aux Écritures où il explique que le seul bon sens démontre que la planète est plate et immobile. Ce que confirme, selon lui, la mythologie christienne dans La Bible. Pour enfoncer un peu plus le clou, l'un de ses adeptes platistes, John Hampden, publie en 1877 son Nouveau manuel de cosmographie biblique. Une vision contredite par d'autres approches religieuses christiennes qui affirment que la Terre est creuse et concave. Évidemment — en faisant abstraction de l'effet de la réfraction atmosphérique — des expériences le prouvent [50]. Après sa mort en 1884, très marginales, les théories de Rowbotham continuent à être relayées, principalement au Royaume-Uni britannique et aux États-Unis d'Amérique. La succession est assurée. Côté britannique, Elizabeth Blount prend le relai de la Société zététique existante et anime à partir de 1893 la Société zététique universelle dans le but de diffuser "des connaissances relatives à la cosmogonie naturelle en confirmation des Saintes Écritures, sur la base d'une recherche scientifique pratique". Le magazine The Earth Not a Globe est la vitrine de la théorie platiste. Un mensuel est même publié entre 1901 et 1904. Outre-Atlantique William Carpenter publie, entre autres, Cent preuves que la Terre n'est pas une sphère [51] en 1885. Dans ce pays, deux courants religieux marginaux adoptent la théorie de la planéité terrestre au prétexte qu'elle est conforme avec leur lecture des mythologies christiennes. L'un est l’Église catholique chrétienne [52], fondée à Zion dans l'Illinois en 1896 et issue de la multitude protestante. Elle a quelques milliers de membres. Au début du XXème siècle, sous la direction de Wilbur Glenn Voliva elle prend le nom d’Église apostolique catholique chrétienne et adopte officiellement la théorie platiste. En 1923, Voliva est le premier prédicateur à posséder sa propre station de radio. Sa Trinité diabolique est constituée de la théorie de l'évolution, de l'exégèse historico-critique de la Bible et de l'astronomie moderne. Voliva prédit plusieurs fois la fin du monde au cours des décennies 1920 et 1930, pour finalement mourir avant lui en 1942. L'autre mouvement religieux platiste est celui des "Hébreux noirs israélites". Affirmant avoir eu des visions expliquant que les hominines à la peau noire sont la véritable descendance du peuple hébreu dont parle le roman La Bible [53], Franck Cherry fonde une première congrégation en 1886. Son décryptage historique de cette fiction littéraire qu'est la Bible lui fait dire que du premier hominine Adam jusqu'à Jésus aka Christ, son lointain cousin consanguin, les principaux personnages ont la peau noire. Comme le peuple hébreu biblique. Dieu déteste les hominines à la peau blanche pour leur méchanceté et les populations moïsiennes actuelles sont issues d'un métissage entre ces antiques populations hébraïques noires et des hominines à la peau blanche. Pour Franck Cherry et son Église du Dieu vivant, pilier de la vérité pour toutes les nations les pratiques et les croyances mélangent les moïsiennes et les christiennes. La Bible christienne est leur référence textuel mais l'hébreu ou le respect du vendredi chômé sont en usage. Le Talmud [54] est aussi une source importante de la théologie inventée par Franck Cherry. En ce qui concerne la planéité terrestre, il fait sienne cette théorie mais nie qu'elle soit circulaire. Elle n'a pas la forme d'une assiette plate classique mais plutôt celle d'une assiette carrée. Les visons ne mentent jamais. Dieu n'est pas là pour blaguer. Quelques décennies avant que la théorie de la forme en donuts n'apparaisse, le britannique Samuel Shenton découvre Astronomie zététique. La Terre n'est pas une sphère de Samuel Rowbotham dans les années 1950. Persuadé de la validité des arguments, il fonde en 1956 la Société internationale de recherche sur la Terre plate. Le premier satellite est envoyé dans l'espace en octobre 1957 par l'Union soviétique [55]. Selon les autorités, il fait le tour du globe terrestre de nombreuses fois avant de se désintégrer dans l'atmosphère après trois semaines mais pour Samuel Shenton, "la navigation autour de l'île de Wight prouverait-elle qu'elle est sphérique ? Il en va de même pour ces satellites." Le début de la conquête spatiale est une épreuve difficile pour le platisme. En 1966, la Société publie Plate réalité dans lequel il est rappelé que "l'astronomie moderne et les vols spatiaux sont des insultes à Dieu et que la punition divine pour l'arrogance de l'humanité n'est plus qu'une question de temps." Lors du vol spatial Apollo 8 en décembre 1968, Samuel Shenton déclare que "s'ils nous montrent une image très claire de la terre vue de l'espace et que l'image ne montre pas tous les continents, et que le bord de l'image est hors perspective, alors cela prouverait que la terre est ronde. En attendant, nous continuerons à nous battre pour prouver que la Terre est plate." [56] Le programme Apollo 11 et le premier pas d'hominines sur la Lune en 1969 le laisse perplexe : "Les astronautes sont hypnotisés et croient qu'ils vont dans l'espace." [57] La première photographie du globe terrestre éclairé dans son entièreté date de décembre 1972, réalisée par des hominines lors de la mission spatiale étasunienne Apollo 17 [58]. Mort en mars 1971, Samuel Shenton ne verra jamais cette photo qui montre que la Terre plate est sphérique. Le platisme est moribond. DemainNotes
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