Amphibologie. Macédoine de mots dont le sens peut être compris de multiples façons.
[En cours de rédaction]
Étymologie amphibologique
Amphibologie protivophile
Le sens des mots n'est pas une science sûre. Il évolue au fil des siècles, s'éloignant parfois considérablement de son étymologie première pour des raisons qui ne sont pas en lien avec le sens mais pour des considérations historiques ou des fluctuations dans les pratiques. Les contextes politiques, sociaux ou économiques influent sur les pratiques linguistiques, tout autant que celles-ci marquent de leur empreinte leurs environnements. Pour la protivophilie les termes de analecte et rien — que l'on retrouvent dans le titre de l'ouvrage de F. Merdjanov, Analectes de rien — sont deux exemples de glissements entre le sens premier, étymologique, et ceux qu'ils prendront par la suite. Analecte qui désigne dans un premier temps une collecte de petites choses éparpillées, prend ensuite le sens de "miette" puis, par extension, est utilisé pour nommer les esclaves autorisés à ce nourrir des restes des repas de leurs maîtres. La banalisation de l'esclavagisme tend alors à faire disparaître ce sens de l'usage du français pour progressivement le remplacer par celui de "anthologie", de "recueil littéraire". Le terme rien a subi lui aussi un glissement de sens entre son étymon rem qui signifie "chose" et le sens classique actuel qui en fait un synonyme de "néant". Ainsi, l'expression analectes de rien est amphibologique dans la mesure où les sens possibles sont multiples et dépendent essentiellement de l'hominine qui l'utilise et de la raison pour laquelle ille le fait.
Nos travaux les plus récents ne nous permettent pas de comprendre le sens exact que FM a voulu donné à ce mot. Peut-être a-t-il été choisi pour cette polysémie plaisante, pour ses glissements possibles et ses débordements de sens. [...] Écrit au pluriel, analectes renvoie de cette manière à tout cela en même temps : cueillette, choix, recueil, esclave, miette. Cinq mots qui, pêle-mêle, en disent long sur la condition humaine.[1]
De nombreux mots et expressions de la langue française peuvent avoir un caractère amphibologique. Soit à cause de leur histoire et des nombreux sens que les pratiques linguistiques ont conservé, soit par l'utilisation délibérée de l'ambiguïté qu'ils sous-tendent. Il serait fastidieux de se lancer dans une énumération.
Cas 1
L'individualisme est ici à comprendre dans un sens péjoratif pour celleux qui l'utilisent. Il est synonyme de égocentrisme[1 1], c'est à dire que chaque hominine ne pense qu'à sa seule personne, sans considération pour les autres. Dans ce discours critique, l'individu est personne et doit renoncer pour son bien à ses singularités au profit du collectif.
Tout le monde peut entendre[1 2] que l'individualisme[1 3] est la fin[1 4] de l'individu. Se croiser[1 5] sans se découvrir[1 6], rien n'a plus[1 7] de sens. Entraver[1 8] l'autre est une manière de mieux en profiter[1 9]. De mieux cerner[1 10]. Les liens[1 11] se forgent et se renforcent[1 12] doucement[1 13]. Galvanisation[1 14] illusoire de la chétivité[1 15]. L'effet est formidable[1 16] sur les individus, et entre elleux il n'y a plus rien[1 17]. L'individualisme résume cette situation par le populaire[1 18] "Baiser[1 19] et se faire baiser ![1 20]"
Notes
- ↑ égocentrisme
- ↑ Entendre, du latin classique intendere "étendre, tendre (quelque chose) vers" et par extension "tendre, diriger (regard, esprit, attention, etc.) vers", signifie "percevoir avec son ouïe".
- ↑ individualisme
- ↑ Fin, du latin finis "limite", désigne l'arrêt de quelque chose dans l'espace ou dans le temps, la "disparition" ou la "mort".
- ↑ Croiser est la forme verbale de croix, du latin classique crux, et exprime le fait de former une croix. Croiser signifie que deux choses ne sont reliées que par un unique point d'intersection. Par extension, "se croiser", c'est ne pas parvenir à se rencontrer durablement ou tout simplement "se rater"
- ↑ découvrir
- ↑ plus
- ↑ Entraver, du latin trabs "poutre", signifie mettre entre deux travées pour empêcher ou gêner tout mouvement.
- ↑ profiter
- ↑ cerner
- ↑ liens
- ↑ renforcent
- ↑ doucement
- ↑ Galvanisation
- ↑ chétivité
- ↑ formidable
- ↑ il n'y a rien
- ↑ populaire
- ↑ Baiser
- ↑ !
Cas 2
L'individualisme est ici à comprendre dans un sens favorable pour celleux qui l'utilisent. Il est synonyme de égoïsme[2 1], c'est à dire que chaque hominine pense les autres avec autant de considération que sa propre personne. Dans ce discours élogieux, l'individu est une personne et doit exacerber pour son bien ses singularités face au collectif.
Tout le monde peut entendre[2 2] que l'individualisme[2 3] est la fin[2 4] de l'individu. Se croiser[2 5] sans se découvrir[2 6], rien n'a plus[2 7] de sens. Entraver[2 8] l'autre est une manière de mieux en profiter[2 9]. De mieux cerner[2 10]. Les liens[2 11] se forgent et se renforcent[2 12] doucement[2 13]. Galvanisation[2 14] illusoire de la chétivité[2 15]. L'effet est formidable[2 16] sur les individus, et entre elleux il n'y a plus rien[2 17]. L'individualisme résume cette situation par le populaire[2 18] "Baiser[2 19] et se faire baiser ?[2 20]"
Notes
- ↑ égoïsme
- ↑ Entendre, du latin classique intendere "étendre, tendre (quelque chose) vers" et par extension "tendre, diriger (regard, esprit, attention, etc.) vers", signifie "comprendre".
- ↑ individualisme
- ↑ Fin, du latin finis "limite", désigne le but qui constitue le terme de quelque chose, sa "finalité", son "objectif".
- ↑ Croiser est la forme verbale de croix, du latin classique crux, et exprime le fait de former une croix. Croiser signifie que deux choses s’entremêlent et "se croiser" exprime une profondeur quant à la relation entre les deux choses.
- ↑ découvrir
- ↑ plus
- ↑ Entraver, du latin interrogare "questionner" et dérivé d'une ancienne forme enterver, signifie "comprendre".
- ↑ profiter
- ↑ cerner
- ↑ liens
- ↑ renforcent
- ↑ doucement
- ↑ Galvanisation
- ↑ chétivité
- ↑ formidable
- ↑ il n'y a rien
- ↑ populaire
- ↑ Baiser
- ↑ ?
Cas 3
L'individualisme est ici à comprendre dans un sens ludique pour celleux qui l'utilisent. Il est synonyme de égosolisme[3 1], c'est à dire que chaque hominine pense les autres avec autant d'attention que sa propre personne. Dans ce discours érotique, l'individu est face à l'autre et doit explorer les singularités pour faire collectif.
Tout le monde peut entendre[3 2] que l'individualisme[3 3] est la fin[3 4] de l'individu. Se croiser[3 5] sans se découvrir[3 6], rien n'a plus[3 7] de sens. Entraver[3 8] l'autre est une manière de mieux en profiter[3 9]. De mieux cerner[3 10]. Les liens[3 11] se forgent et se renforcent[3 12] doucement[3 13]. Galvanisation[3 14] illusoire de la chétivité[3 15]. L'effet est formidable[3 16] sur les individus, et entre elleux il n'y a plus rien[3 17]. L'individualisme résume cette situation par le populaire[3 18] "Baiser[3 19] et se faire baiser...[3 20]"
Notes
- ↑ égosolisme
- ↑ Entendre, du latin classique intendere "étendre, tendre (quelque chose) vers" et par extension "tendre, diriger (regard, esprit, attention, etc.) vers", signifie tout autant "percevoir avec son ouïe" que "comprendre".
- ↑ individualisme
- ↑ Fin, du latin finis "limite", désigne le but qui constitue le terme de quelque chose, sa "finalité", son "objectif".
- ↑ croiser
- ↑ découvrir
- ↑ plus
- ↑ Entraver est la forme verbale de entrave qui désigne les chaînes, les liens ou les cordes avec lesquelles on attache une personne.
- ↑ profiter
- ↑ cerner
- ↑ liens
- ↑ renforcent
- ↑ doucement
- ↑ Galvanisation
- ↑ chétivité
- ↑ formidable
- ↑ il n'y a rien
- ↑ populaire
- ↑ Baiser
- ↑ ...
Protivophilie amphibologique
Cas unique
Notes
- ↑ "Vie et œuvre de F. Merdjanov" dans F. Merdjanov, Analectes de rien, 2017
|