Cocovores
Cocovores. Adeptes d'un mouvement historique d'hominines[1] plaçant la noix de coco au centre de l'existant. Parfois aussi cocophiles ou, plus rarement, cocovoriens.
SommaireCocotierParmi les espèces végétales, le cocotier ou cocos nucifera est une plante de type "palmier" de la même famille que l'orchidée ou le bananier. Il n'est pas un arbre même s'il en a nombre d'attributs visibles. Ce qui semble être un tronc avec un bourrelet à sa base est une longue et grosse tige rigide et ses racines sont fines et peu profondes. Toutes ses feuilles émanent d'un unique bourgeon et son fruit qui se développe en régime est communément appelé "noix de coco". Le cocos nucifera est l'unique plante à produire de tels fruits. La plante dispose d'une autonomie reproductive par la fabrication de fleurs mâles et de fleurs femelles sur des périodes qui se chevauchent. Les premiers fruits apparaissent après deux ou six ans selon que le cocotier soit de type nain ou pas. La plante peut vivre plusieurs dizaines d'années avant de dépérir pour mourir progressivement.
GéographieL'origine géographique du cocos nucifera n'est pas déterminée avec précision. La zone première semble être les vastes zones tropicales situées entre le sous-continent à l'ouest des Andaman et Nicobar, l'Inde, et le sud des îles Spratleys. Les fruits tombés au sol se déplacent en fonction de la topographie, au fil des intempéries qui les mènent parfois très loin. Leur coque contient de la chair, un liquide et un embryon reproductif qu'elle protège. Dès que le fruit s'est stabilisé à un endroit il s'implante. Les pluies, les rivières et les mers sont des vecteurs importants de l'expansion du cocotier. Sa diffusion se fait au hasard et il est probable que d'une zone première, le cocotier se soit répandu "naturellement" sur les nombreuses îles entre les océans Pacifique et Indien. Les datations des vestiges archéologiques de cocotiers[3] laissent à penser qu'entre 2500 ans avant JCⒸ[4] et le IXème siècle, les cocotiers, s'implantant sur toutes les terres au climat tropical, ont essaimé de la côte chinoise jusqu'au Darién panaméen. Le cocotier se répand aussi vers l'ouest pour atteindre les côtes de l'Afrique orientale vers le Xème siècle. Jusqu'alors épargnées par le cocotier, les régions tropicales des côtes est de l'Amérique du sud et ouest de l'Afrique voient les premières noix de coco arriver au XVIème siècle, parmi le fatras théologique, viral et militaire qu'apportent les colonisateurs ibériens[5]. DomesticationLes hominines sont aussi de bons diffuseurs de cocotiers qu'illes sèment là où les quatre éléments ne sont pas parvenus à le faire. Lors de leurs lentes migrations vers les îles de l'océan Pacifique les hominines amènent des noix de coco afin d'en implanter où illes se fixeront. La culture du cocotier par les hominines est attestée en Inde dès le VIème siècle et en Chine trois siècles plus tard. Le mélange entre les cocotiers natifs et ceux importés puis sélectionnés par les hominines est probablement à l'origine de la diversité actuelle de cocotiers de par le monde. Les cocoteraies utilisent généralement les variétés sélectionnées pour leurs fruits plus gros et une germination plus rapide. Au fil des siècles, les hominines sont parvenus à créer des variétés particulières adaptées à leur environnement (économique) et offrant le maximum de rendement. Le XXème siècle sera celui des expérimentations et des hybridations. Ces variétés modifiées à partir d'une variété naine sont plus productives mais aussi plus fragiles. Elles sont, de fait, plus exposées à leurs prédateurs qui raffolent, chacun à leur manière, s'en repaître. Du charançon du cocotier aux termites, des renards-volants aux acariens. Actuellement, le cocotier est exploité dans 95 pays dans le monde qui exportent 59 millions de tonnes de noix de coco par an[6]. Les trois principaux producteurs sont, par ordre décroissant, l'Indonésie, les Philippines et l'Inde qui représentent à elles seules plus de 75% de ce commerce. UsagesPour les hominines, le cocotier est une plante à usages multiples depuis des siècles. Son fruit comestible est prisé pour sa chair, contenue dans la coque, qui peut être consommée fraîche ou séchée et de laquelle on obtient du lait en la pressant. Avant maturité, le fruit contient un liquide comestible et sucré, l'eau de coco. Par des procédés de séchage ou de raffinage, la chair est aussi utilisée pour fabriquer des huiles comestibles pour les hominines, du carburant végétal, des produits cosmétiques (savon, pommades) ou des remèdes médicinaux. La coque permet de créer de multiples récipients pour stocker des aliments par exemple. Les fibres qui entourent la noix de coco sont résistantes et entrent dans la fabrication des plusieurs objets tels des cordages ou des brosses. Elles peuvent être tressées. La sève qui s'écoule d'une tige sur laquelle des hominines ont fait une entaille est transformée en sirop sucré pour des boissons. Agglomérée puis séchée, elle permet de faire une sorte de sucre à râper et, fermentée, elle s'alcoolise. La tige et les feuilles sont parfois utilisées par les hominines pour des ornements corporels ou cultuels ou pour des matériaux de construction de petits abris. Sans que cela ait été confirmé, l'existence d'une perle de coco est mentionnée dans des textes qui parlent d'une perle qui se constitue au sein même du fruit lors de sa croissance. Elle est si rare que nul n'en a vu autre part que sur des photographies que beaucoup considèrent fausses[7]. Difficile de répertorier ici tous les usages du cocotier par les hominines tant ils sont nombreux et variés dans les régions où il est présent. Si la quasi totalité des aspects culinaires de la noix de coco sont partagés par l'ensemble des hominines, il n'en est pas de même pour l'utilisation de produits dérivés du reste de la plante. Là où la coque est coupée en deux pour faire un protège-sein pour les hominines femelles, on ne porte pas nécessairement les feuilles en guise de pagne, là où la tige du cocotier est utilisée pour sa solidité on ne se sert pas nécessairement des fibres, etc. Malgré ses recherches - qui continuent - la protivophilie n'a pu trouver trace pour l'instant d'une utilisation de la noix de coco, peut-être percée de trois trous pour y glisser les doigts, pour un jeu consistant à renverser des objets alignés. S'il s'avérait que cette intuition soit démontrée par la suite par l'archéologie ou l'homininologie, ceci ferait des jeux de quilles et du bowling[8] des formes de "réappropriation culturelle"[9]. CocovoriensHormis les énormes crabes des cocotiers[10] qui raffolent de la chair des noix qu'ils brisent avec leurs pinces ou les différents "ravageurs" qui se repaissent de la plante, les cocovoriens sont une forme hybride de cocotier et d'hominine. Illes sont mâles ou femelles. Pour ces hominines, la noix de coco est un élément central de leur existence. Tout comme les respiratoriens[11] et les solariens qui prônent, respectivement, la consommation d'air pour seul aliment et une alimentation basée sur les rayonnements solaires, les cocovoriens vouent un culte particulier au cocotier et à la noix de coco. Pour autant, illes ne peuvent être réduits à une sorte de macédoine de rastafariens et de naturiens. Pour elleux le cocotier est l'unique plante qui permette à des hominines de s'en contenter pour vivre et être en bonne santé. Véritables défis à la biologie des hominines, les cocovoriens répondent à leurs détracteurs par un argumentaire classique de type makairien : Malgré leurs proximités, illes ne sont pas une communauté de pensée unique. Leur diversité est à l'image des quelques expériences de vie de cocovoriens qui nous sont connues, faites d'imprécision et d'éphémérité. Elles produisent ou se fondent sur des mythes, des histoires vécues et des attentes collectives. Même pour celles qui les refusent, elles sont traversées par les mécanismes sociaux des sociétés d'hominines. Elles n'échappent pas plus aux principaux travers qui minent les sociétés d'hominines : l'optimisme et la croyance que le futur existe.
Lister l'ensemble des communautés de cocovoriens n'est pas chose envisageable car la plupart sont inconnues. Nous ne savons rien de leur existence. Parfois, l'historiographie s'enrichit de la découverte dans la myriade d'îles entre les océans Indien et Pacifique de telle ou telle micro-communauté dont on ignorait l'existence. Souvent dans des régions propices au développement du cocotier. Les spécialistes des cocovoriens se sont donc intéressés aux très rares militaires japonais qui n'ont pas eu connaissance de la fin de la Seconde guerre mondiale et ont continué, à quelques uns ou seuls, à se maintenir dans des zones de forêts et de montagnes jusque dans les années 1970[14]. Mais, bien qu'ils consommèrent tous des noix de coco régulièrement, aucun n'a finalement opté pour un strict régime cocovorien pendant ces décennies de survie et de guérilla fantôme. KabakonDans le courant des années 1860, l'empire allemand prend pied en Océanie via des compagnies de commerce. Il se partage la grande île de Nouvelle-Guinée avec les néerlandais et les britanniques où il s'octroie la partie nord-est qu'il renomme "Terre de l'Empereur-Guillaume" et s'installe progressivement dans les nombreuses îles et archipels alentours. Par des échanges avec d'autres colonisateurs[15] ou des achats de terres, l'empire met en place le protectorat de Nouvelle-Guinée allemande qui regroupe la "Terre de l'Empereur-Guillaume", l'archipel Bismarck au nord, les îles de Bougainville, Buka, Choiseul et Santa Isabel dans le nord des Salomon britanniques, ainsi que des multiples archipels de cette partie du Pacifique : les Carolines, les Marshall, Palaos, les Mariannes du Nord et Nauru. Le protectorat est officiellement acté en 1899. Après plusieurs tentatives infructueuses des compagnies de commerce allemandes, les autorités coloniales fixent à Herbertshöhe - actuel Kokopo - leur administration. Une centaine de personnes sont nécessaires à la bonne marche du protectorat. Les principales îles sont renommées, la Nouvelle-Bretagne et la Nouvelle-Irlande deviennent Nouvelle-Poméranie et Nouveau-Mecklembourg. Neulauenburg - actuelle îles du Duc d'York - est un petit groupe de treize îles entre le sud-ouest du Nouveau-Mecklembourg et le nord-est de la Nouvelle-Poméranie. Kabakon, au sud, est l'une d'elles, à une vingtaine de kilomètres au large de Herbertshöhe. Sa superficie est de 3,6 km2. August Engelhardt naît en 1875 à Nuremberg dans le sud de l'empire allemand. Cette époque est celle de l'apparition d'un large mouvement critique de l'industrialisation et de son mode de vie qui questionne le "retour à la nature", réfléchissant de fait sur le nudisme, le végétarisme et la sexualité. En 1898 il coécrit avec August Bethmann Eine Sorgenfreie Zukunft dans lequel il décrit un projet de communauté de frugivore, à prédominance cocovore, dans le Pacifique. Le livre est réédité deux fois l'année suivante. August Engelhardt rejoint alors la "Fontaine de Jeunesse", un centre médical para-institutionnel prônant le végétarisme, la naturopathie et le nudisme où il tente de propager, sans succès, son point de vue sur la noix de coco. Il participe aussi à la mise en place de la colonie individualiste végétarienne de Monte Verita[16] dans le Tessin helvétique. En juillet 1902, August Engelhardt embarque sur un bateau direction la Nouvelle-Guinée allemande. Après deux mois de voyage, il débarque à la mi septembre à Herbertshöhe. Avec l'argent de son héritage, il achète pour 40000 marks la petite île de Kabakon auprès de la compagnie d'Emma Forsayth[17] et devient ainsi, en octobre, propriétaire d'une plantation de cocotiers et de bananiers de plus de 75 hectares. Il construit une cabane de trois pièces, dans laquelle il range ses 1200 livres, abandonne ses habits et adopte une alimentation frugivore basée sur les fruits locaux et, évidemment, la noix de coco. Puis strictement cocovore. En 1903, il est rejoint par August Bethmann, le coauteur de Eine Sorgenfreie Zukunft. Malade, Engelhardt est convaincu par le nouvel arrivant de se rendre en 1904 à l'hôpital de Herbertshöhe où le médecin constate sa mauvaise santé et sa maigreur (39 kg pour 1,66 mètres). Un court séjour hospitalier requinque le cocovorien qui repart pour Kabakon. August Engelhardt invente une philosophie mystique basée sur le soleil et la noix de coco et qu'il nomme "Ordre du Soleil". Avec l'aide de Bethmann il publie régulièrement des articles sur la vie et l'expérience de Kabakon dans des journaux en Europe, et recense les plantes et leurs usages médicinaux par les hominines locaux pour des revues de botanique. Les articles publiés attirent quelques végétariens prétendants cocovoriens. En mars 1905 arrive Wilhelm Bradtke, en octobre Heinrich Conrad, qui ne reste que quelques mois, et en novembre Wilhelm Heine qui meurt rapidement de la malaria. Anna Schwab arrive à Herbertshöhe à la mi-1906. Elle se marie avec August Bethmann et s'installe, elle aussi, à Kabakon. Mais à la mort de son mari de la malaria en septembre et face à ses désaccords sur l'aspect strictement cocovore de la colonie, elle quitte l'île et retourne en Allemagne où elle critique publiquement la communauté de Kabakon. L'état de santé d'Engelhardt est alors décrit comme déplorable, malnutri, les jambes blessées, avec de nombreuses éruptions cutanées et des infections. En parallèle du "retour à la nature", Engelhardt tente de développer le commerce de coco râpé et d'huile de coco à destination de l'Europe. Une extension est même envisagée par l'achat de 50 hectares sur l'île voisine de Kabakon, Kerawara, mais les autorités coloniales refusent. L'exploitation de la cocoteraie est confiée à Wilhelm Bradtke, puis, après son départ, à d'autres cocovoriens nouvellement arrivés mais le commerce n'est pas florissant. Le manque d'argent ne permet plus d'accueillir et de financer l'arrivée et l'installation de nouveaux adeptes cocotiero-solariens à qui, dorénavant, est demandée une participation financière. Pour attirer de nouveaux adeptes à l'Ordre du Soleil, le bimensuel Für Sonne, Tropen u(nd) Kokosnuss ! est lancé en 1909 par Engelhardt et est publié jusqu'en 1913, année de la publication en anglais de Eine Sorgenfreie Zukunft par le naturopathe Benedict Lust. Celui-ci prévoit même de s'installer à Kabakon mais l'éclatement de la Première guerre mondiale met un terme à son projet. Les colonies allemandes du Pacifique tombe sous le commandement des forces australo-britanniques. Engelhardt est fait prisonnier de guerre en 1915 et incarcéré à Rabaul. Considéré excentrique et non-dangereux il est libéré après trois semaines et retourne à Kabakon dont la cocoteraie est maintenant gérée par Wilhelm Mirow. La colonie fut un refuge cocovorien pour une trentaine de personnes au long de son existence, mais les maladies, la malnutrition et l'austérité quotidienne jouent contre elle[18]. August Engelhardt est retrouvé mort, sur une plage, le 6 mai 1919 et enterré au cimetière de l'île voisine de Mioko[19]. Wilhelm Bradtke, le dernier cocovorien de Kabakon, décède le 10 mai à l'hôpital de Bitalovo, près de Herbertshöhe. L'Ordre du Soleil n'a pas survécu au régime cocovorien. De son vivant, August Engelhardt, suscite la curiosité. Des voyageurs viennent se faire prendre en photo avec l'unique cocovorien et plusieurs journalistes, allemands ou étasuniens, viennent l'interviewer. En 2012, l'écrivain helvétique Christian Kracht publie le roman Imperium[20] dans lequel il suit le périple de Engelhardt et propose une fin alternative à la réalité, et en 2014, la nouvelle The Sun Is God[21] est édité par l'irlandais Adrian McKinty. Ben TreAu XIXème siècle, la France, un petit pays à l'extrême ouest du continent eurasiatique, se lance dans la colonisation de régions à travers le monde. L'argumentaire à cette expansion est une macédoine périmée de racisme, de pillages et de massacres qui sont masqués par des discours sur la "mission civilisatrice" et la nécessaire "grandeur de la France". La France prend le contrôle de territoires sur tous les continents, du simple îlot à des régions bien plus grandes que la métropole. La méthode est diverse : achats de terres, conquêtes militaires ou envoi de populations françaises pour des projets de colonies de peuplement. Dans ce qu'elle nomme extrême-orient asiatique, la France s'installe progressivement sur le continent, au sud de la Chine, et sur quelques îles au large jusqu'aux îles Spratleys, dès la seconde moitié du siècle et en prend le contrôle militaire, administratif, politique et économique[22]. Elle forme l'Indochine française[23] administrativement divisée en cinq régions : Cochinchine, Cambodge, Amman, Tonkin et Laos. Les autorités coloniales déportent les hominines qui s'opposent à elles sur les îles de Poulo Condor, au large de la Cochinchine, où un bagne est construit en 1862[24]. Tout au long de la colonisation, l'Indochine est secouée par des mouvements de contestation[25] qui tentent d'obtenir l'indépendance. A l'issue de la sanglante guerre d'Indochine (1946 - 1954 ) qui oppose la puissance coloniale et les partisans de l'indépendance le Cambodge se proclame royaume en 1953 et le Laos en 1954. La Cochinchine, l'Amman et le Tonkin ne parviennent pas à s'unir pour former un Vietnam indépendant. La première devient en 1954 le Vietnam du Sud et les deux autres intègrent le Vietnam du Nord, l'une s'organise politiquement en république alors que la partie nord est sous la direction d'un parti communiste[26].
BougainvilleLos AngelesGalerieNotes
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