Simon Radowitzky : Différence entre versions
m (→Ekaterinoslav) |
m (→Confins rus') |
||
Ligne 10 : | Ligne 10 : | ||
== Confins rus' == | == Confins rus' == | ||
− | La région d'Europe orientale, comprise entre la mer Noire et la Baltique, est de part sa géographie un lieu de passage depuis des siècles pour les hordes d'hominines venues de l'Est, du Sud ou du Nord. Des mongols, des tatars, des scandinaves, des caucasiens ou des slaves y sont passés pour répandre le sang ou s'installer durablement. De cette [[macédoine]] génétique émergent progressivement à partir du VII<sup>ème</sup> siècle après JC<ref>JC désigne Jésus aka Christ<sup>Ⓒ</sup> jusqu'en 1960 après lui-même, date à laquelle son continuateur JCVD - le poète mystique Jean-Claude Van Damme - promulgue une grande réforme théologique : "''Moi, Adam et Eve, j'y crois plus tu vois, parce que je suis pas un idiot : la pomme ça peut pas être mauvais, c'est plein de pectine...''". Extrait de Dominique Duforest, ''Parlez-vous le Jean-Claude ?'', 2003</ref> des États féodaux. Que ce soit le royaume des tribus scandinaves, qui adoptent les croyances des christiens, ou l'empire des semi-nomades kazhars<ref> | + | La région d'Europe orientale, comprise entre la mer Noire et la Baltique, est de part sa géographie un lieu de passage depuis des siècles pour les hordes d'hominines venues de l'Est, du Sud ou du Nord. Des mongols, des tatars, des scandinaves, des caucasiens ou des slaves y sont passés pour répandre le sang ou s'installer durablement. De cette [[macédoine]] génétique émergent progressivement à partir du VII<sup>ème</sup> siècle après JC<ref>JC désigne Jésus aka Christ<sup>Ⓒ</sup> jusqu'en 1960 après lui-même, date à laquelle son continuateur JCVD - le poète mystique Jean-Claude Van Damme - promulgue une grande réforme théologique : "''Moi, Adam et Eve, j'y crois plus tu vois, parce que je suis pas un idiot : la pomme ça peut pas être mauvais, c'est plein de pectine...''". Extrait de Dominique Duforest, ''Parlez-vous le Jean-Claude ?'', 2003</ref> des États féodaux. Que ce soit le royaume des tribus scandinaves, qui adoptent les croyances des christiens, ou l'empire des semi-nomades kazhars<ref>Entre le VI <sup>ème</sup> et le X<sup>ème</sup> siècle, l'empire khazar s'étend entre la mer Caspienne et la mer Noire et les territoires au nord de cette région. Des sources anciennes mentionnent une conversion aux croyances moïsiennes sans qu'il soit possible de savoir s'il s'agit seulement des dirigeants et de leur cour ou si cela concernait l'ensemble des hominines. Les fouilles archéologiques n'ont pas apporté d'éléments supplémentaires. Dans son ouvrage de 1976, ''La treizième tribu'', Arthur Koestler reprend le schéma biblique et prétend que les khazars sont l'un des tribus "perdues" d'Israël et que leurs descendants seraient les moïsiens ashkénazes d'Europe orientale. Rien n'est jamais confirmer cette thèse.</ref>, qui eux préfèrent celles des moïsiens, ces entités étatiques se structurent pour former de vastes empires régionaux. Ils s'étendent par la guerre ou en faisant des alliances avec les tribus d'hominines qui peuplent la région. Si les kazhars ont laissé peu de traces, des États rus' voient le jour à partir du IX<sup>ème</sup> siècle. La principauté de Kiev éclate au XIV<sup>ème</sup> siècle lors des invasions mongoles. La principauté de Moscou est la grande bénéficiaire de cet éclatement car elle restructure autour d'elle les quelques royaumes rus' qu'elle incorpore petit à petit en son sein. A sa frontière orientale les khanats mongols et à l'ouest les royaumes de Lituanie et de Pologne. La principauté est soumise à l'autorité des mongols desquels elle s'affranchit progressivement tout au long du XV<sup>ème</sup> siècle et grignote des territoires à l'alliance lituano-polonaise. Son pouvoir grandissant, la principauté devient un vaste empire et son dirigeant se proclame "Grand-Prince de toutes les Russies" et son successeur "Tsar de toutes les Russies" en 1547. Monarchie absolue, le tsarat agglomère une multitude d'anciennes principautés dans un empire de plus en plus centralisé. |
[[Fichier:rus.png|200px|thumb|right|Expansion de la Moscovie]]Dans la partie la plus occidentale de l'ancienne principauté de Kiev, demeurée sous autorité polonaise, des paysans russophones parviennent à négocier un statut de libre-organisation contre l'obligation de défendre les armes à la main les frontières. Ils repoussent les avancées des tatars puis des ottomans. Tout au long des XVI<sup>ème</sup> et XVII<sup>ème</sup> siècles, ces cosaques zaporogues<ref>Historiquement, les cosaques sont des communautés socio-militaires d'hominines qui négocient leur "liberté collective" en contrepartie d'une protection des frontières de l'empire tsariste. Ils servent aussi de force d'appui à l'armée. Leurs chefs sont élus. Les cosaques zaporogues - de l'ukrainien ''Запорожжя'' "au-delà des rapides" - perdent leur autonomie en 1775.</ref> se soulèvent contre les polonais et résistent à leur annexion par l'empire tsariste. Installés jusqu'au [[Pridniestrie|Dniestr]], ils sont de fait dans les marges de l'empire et constituent une sorte d'entité para-étatique servant de garde-frontières qui perdurera jusqu'au XVIII<sup>ème</sup> siècle. Elle est alors intégrée au tsarat de Moscou. D'origine slave, le terme ''yкраїна''<ref>Dans l'ensemble des pays "slaves" le terme de ''krajina'' est utilisé pour nommer les régions ou les ex-régions frontalières. Dans les années 1990, il apparaît dans l'actualité internationale dans le contexte de la guerre en Yougoslavie. Une partie des serbes de Croatie, inquiets du nationalisme croate, proclament une République serbe de Krajina puis demandent leur rattachement à la Serbie.</ref> (prononcer oukraïna) signifiant "à la marche" est utilisé pour désigner ces régions qui séparent la Russie de ses ennemis occidentaux, le royaume de Pologne et le grand-duché de Lituanie réunis au sein de la République des Deux Nations. | [[Fichier:rus.png|200px|thumb|right|Expansion de la Moscovie]]Dans la partie la plus occidentale de l'ancienne principauté de Kiev, demeurée sous autorité polonaise, des paysans russophones parviennent à négocier un statut de libre-organisation contre l'obligation de défendre les armes à la main les frontières. Ils repoussent les avancées des tatars puis des ottomans. Tout au long des XVI<sup>ème</sup> et XVII<sup>ème</sup> siècles, ces cosaques zaporogues<ref>Historiquement, les cosaques sont des communautés socio-militaires d'hominines qui négocient leur "liberté collective" en contrepartie d'une protection des frontières de l'empire tsariste. Ils servent aussi de force d'appui à l'armée. Leurs chefs sont élus. Les cosaques zaporogues - de l'ukrainien ''Запорожжя'' "au-delà des rapides" - perdent leur autonomie en 1775.</ref> se soulèvent contre les polonais et résistent à leur annexion par l'empire tsariste. Installés jusqu'au [[Pridniestrie|Dniestr]], ils sont de fait dans les marges de l'empire et constituent une sorte d'entité para-étatique servant de garde-frontières qui perdurera jusqu'au XVIII<sup>ème</sup> siècle. Elle est alors intégrée au tsarat de Moscou. D'origine slave, le terme ''yкраїна''<ref>Dans l'ensemble des pays "slaves" le terme de ''krajina'' est utilisé pour nommer les régions ou les ex-régions frontalières. Dans les années 1990, il apparaît dans l'actualité internationale dans le contexte de la guerre en Yougoslavie. Une partie des serbes de Croatie, inquiets du nationalisme croate, proclament une République serbe de Krajina puis demandent leur rattachement à la Serbie.</ref> (prononcer oukraïna) signifiant "à la marche" est utilisé pour désigner ces régions qui séparent la Russie de ses ennemis occidentaux, le royaume de Pologne et le grand-duché de Lituanie réunis au sein de la République des Deux Nations. |
Version du 8 janvier 2019 à 17:19
Simon Radowitzky. Anarchiste par choix, moïsien[1] par héritage, russe de nationalité et argentin d'exil.
Confins rus'La région d'Europe orientale, comprise entre la mer Noire et la Baltique, est de part sa géographie un lieu de passage depuis des siècles pour les hordes d'hominines venues de l'Est, du Sud ou du Nord. Des mongols, des tatars, des scandinaves, des caucasiens ou des slaves y sont passés pour répandre le sang ou s'installer durablement. De cette macédoine génétique émergent progressivement à partir du VIIème siècle après JC[2] des États féodaux. Que ce soit le royaume des tribus scandinaves, qui adoptent les croyances des christiens, ou l'empire des semi-nomades kazhars[3], qui eux préfèrent celles des moïsiens, ces entités étatiques se structurent pour former de vastes empires régionaux. Ils s'étendent par la guerre ou en faisant des alliances avec les tribus d'hominines qui peuplent la région. Si les kazhars ont laissé peu de traces, des États rus' voient le jour à partir du IXème siècle. La principauté de Kiev éclate au XIVème siècle lors des invasions mongoles. La principauté de Moscou est la grande bénéficiaire de cet éclatement car elle restructure autour d'elle les quelques royaumes rus' qu'elle incorpore petit à petit en son sein. A sa frontière orientale les khanats mongols et à l'ouest les royaumes de Lituanie et de Pologne. La principauté est soumise à l'autorité des mongols desquels elle s'affranchit progressivement tout au long du XVème siècle et grignote des territoires à l'alliance lituano-polonaise. Son pouvoir grandissant, la principauté devient un vaste empire et son dirigeant se proclame "Grand-Prince de toutes les Russies" et son successeur "Tsar de toutes les Russies" en 1547. Monarchie absolue, le tsarat agglomère une multitude d'anciennes principautés dans un empire de plus en plus centralisé. Dans la partie la plus occidentale de l'ancienne principauté de Kiev, demeurée sous autorité polonaise, des paysans russophones parviennent à négocier un statut de libre-organisation contre l'obligation de défendre les armes à la main les frontières. Ils repoussent les avancées des tatars puis des ottomans. Tout au long des XVIème et XVIIème siècles, ces cosaques zaporogues[4] se soulèvent contre les polonais et résistent à leur annexion par l'empire tsariste. Installés jusqu'au Dniestr, ils sont de fait dans les marges de l'empire et constituent une sorte d'entité para-étatique servant de garde-frontières qui perdurera jusqu'au XVIIIème siècle. Elle est alors intégrée au tsarat de Moscou. D'origine slave, le terme yкраїна[5] (prononcer oukraïna) signifiant "à la marche" est utilisé pour désigner ces régions qui séparent la Russie de ses ennemis occidentaux, le royaume de Pologne et le grand-duché de Lituanie réunis au sein de la République des Deux Nations.L'alliance lituano-polonaise est mise à mal vers la fin du XVIIIème siècle et son territoire est divisé entre la Prusse, l'Autriche-Hongrie et la Russie. Les populations d'hominines qui vivent dans ces régions sont très diverses par leurs pratiques linguistiques, leurs croyances religieuses ou leurs conditions de vie. Les territoires récupérés par la Russie tsariste abritent plusieurs millions d'hominines moïsiens qui bénéficiaient d'une relative autonomie depuis des siècles dans la République des Deux Nations, constituant ce que l'on appelle de nos jours le Yiddishland. Ce terme désigne généralement un vaste ensemble territorial - non continu - de la mer Noire à la Baltique sur lequel s'est développé des formes sécularisées des croyances et pratiques religieuses traditionnelles des moïsiens dont la langue partagée, le yiddish[6], est à base germanophone avec de nombreux emprunts et un alphabet hébraïque. Ainsi dans ce contexte moïsien ne définit plus celleux qui se réclament du mythique Moïse, mais celleux qui naissent dans ce contexte culturel et social spécifique. De très nombreux écrits littéraires, du théâtre ou de la poésie, des textes politiques et des essais sont publiés en yiddish. La plupart n'ont pas de caractère religieux et touchent à tous les domaines et questionnements de cette époque. Certains prônent même l'athéisme. L'hébreu est une langue essentiellement liturgique. La tsarine instaure une "Zone de résidence" dans ses nouveaux territoires où les moïsiens sont contraints de vivre, sans droit d'en sortir[7]. Après avoir tenté de convertir "ses" propres moïsiens, elle décide de déplacer dans cette zone ceux qui vivent à travers l'empire. Certaines villes comme Kiev, Sebastopol ou Yalta sont interdites à l'installation de moïsiens, sauf autorisations spéciales, alors que d'autres (Odessa, Chisinau) leur sont permises. Ce statut spécial oblige aussi les moïsiens à ne pas s'installer dans des zones rurales ou à les quitter. Avec des frontières fluctuantes au fil des décisions des autorités russes, cette zone inclue les actuelles Lituanie méridionale, Biélorussie, Pologne, Moldavie, Ukraine et l'ouest de la Russie. Les restrictions d'installation poussent de nombreuses familles de moïsiens vers les villes et renforcent les shtetl[8] existants, ces villages, petites villes ou quartiers exclusivement peuplés de moïsiens. La coexistence n'est pas toujours simple et, imprégnés d'un anti-judaïsme christien[9], des groupes d'hominines attaquent des shtetl et se livrent à des massacres sur les moïsiens à qui il est reproché de tuer rituellement des enfants, de fomenter des assassinats, d'apporter la misère et de répandre la maladie, bref d'être responsables de tous les malheurs du monde. Même si ce phénomène de pillages et de tueries contre des communautés de moïsiens n'est pas le propre de l'Europe orientale, le terme погром (pogrom) qui signifie "massacre, pillage" en russe est entré dans la langue courante pour nommer ces attaques sanglantes. Les pogroms ne sont pas exclusivement tournés contre les moïsiens mais il n'en reste pas moins qu'ils furent les cibles favorites de ces révoltes populaires.
Au cours du XIXème siècle, la plupart des empires ou nations d'Europe sont secouées par l'émergence des nationalismes. A travers tout le continent, des élites intellectuelles, économiques et politiques s'emparent de thèmes tels que la langue, les frontières, la nation, l'ethnie ou la race, l'histoire, le folklore pour construire un argumentaire justifiant des redécoupages de frontières et la création de nouveaux États-nations. Ces nationalismes inventent des identités collectives qui, même si elles sont des illusions, mobilisent des groupes d'hominines prêts à en découdre pour cette nouvelle cause. Chaque nouveau projet d’État-nation puise dans le passé pour se créer une légitimité et une profondeur historique, une artificielle langue nationale est décrétée langue commune, une fallacieuse "communauté de destin" est prétendue et une origine commune est imaginée... Les marches de l'empire russe n'échappent pas à ce phénomène. Une partie de l'intelligentsia citadine se passionne pour le monde paysan[11] dont elle fait un modèle pour la construction d'un nationalisme ukrainien. Les pratiques linguistiques sont répertoriées puis uniformisées dans une langue ukrainienne commune[12] présentée comme différente du russe, le monde paysan est fait archétype pour être l'essence de la future nation, les cosaques sont fantasmés et la principauté de Kiev devient l'argument d'une légitimité historique pour les prétendants à l'indépendance. Un important travail littéraire, poétique ou ethnographique a largement contribué à l'écriture de cette mythologie nationale. Un processus similaire se passe plus au nord pour constituer le nationalisme biélorusse. Les autorités tsaristes répriment durement toutes velléités nationalistes et interdisent les mouvements et les écrits exaltant les aspirations à un État-nation ukrainien indépendant[13]. Dans ce contexte, les pogroms anti-moïsiens s'intensifient entre 1881 et 1884 au sud de la Zone - dans l'actuelle Ukraine - lors desquels des villages sont détruits et des milliers de personnes assassinées . En parallèle de ces revendications nationalistes, l'empire tsariste doit faire face à de très fortes contestations sociales et politiques. L'absolutisme du tsar, le servage et la misère paysanne ou les conditions de travail dans le monde ouvrier urbain sont autant de point d'accroche pour, au minimum, revendiquer plus de droits ou pour réclamer un changement de régime politique. La seconde moitié du XIXème siècle est une période d'effervescence révolutionnaire. Les choix tactiques et les approches théoriques sont multiples. Le tsar Alexandre II est tué le 13 mars 1881 par le groupe Народная воля (Narodnaïa Volia, Volonté du Peuple)[14]. StepnitzStepnitz (סטעפניטץ)[15] est situé au sud-est de Kiev. Au milieu du XIXème siècle sa population d'hominines est d'environ 5400 dont plus de 60% sont moïsiens. Simon Radowitzky naît le 10 septembre ou novembre 1889 dans une famille pauvres du shtetl. Son père est Nahman Radowitzky. Entre 1882 et 1903 le décret d'expulsion des moïsiens de Stepnitz force nombre de familles à quitter le lieu[16], à partir en direction des villes qui leur sont autorisées. La famille Radowitzky s'installe au début XXème siècle dans la ville industrielle d'Ekaterinoslav. EkaterinoslavNe pouvant terminer sa scolarité, le jeune Simon Radowitzky se fait embaucher en tant qu'apprenti par un serrurier. Il loge chez lui et assiste à ses premières discussions politiques entre la fille de son patron et des jeunes de son âge. Quatrième ville du sud de la Russie[17], Ekaterinoslav est une ville industrielle où la métallurgie est une grosse pourvoyeuse d'emplois. Les journées de travail sont de 14 à 15 heures et les conditions sont déplorables, causant de nombreux accidents, pour des salaires de misère. Les manifestations pour l'amélioration des conditions de travail et l'augmentation des salaires sont nombreuses, déplaçant des milliers d'ouvriers. La répression est toujours sévère. Lors de grèves en juin 1904, Simon Radowitzky est blessé au torse par le sabre d'un cosaque et met plusieurs mois à se remettre de ses blessures. Embauché dans les usines Bransk, il est élu secrétaire du conseil de ouvriers (soviet) mais renonce rapidement à cette charge[18]. Après une rixe avec un soldat ivre, qu'il désarme, Simon Radowitzky est condamné à de la prison où il passe 6 mois et fait connaissance de l'anarchisme.
La répression sanglante d'une manifestation ouvrière le 22 janvier 1905 à Saint-Pétersbourg est le déclencheur d'un vaste mouvement de révoltes et de grèves dans les villes de l'empire jusqu'en octobre, évènement généralement appelé "Révolution de 1905". A Ekaterinoslav, les militaires et les grévistes s'affrontent. Une centaine de mort de part et d'autre après une semaines de combats et de barricades. Les théories anarchistes circulent parmi les ouvriers des usines d'Ekaterinoslav et certains n'hésitent pas à s'organiser clandestinement pour tuer des industriels, des contre-maîtres ou des politiciens[20]. Ils financent leurs activités par des braquages. Les plus vindicatifs sont actifs au sein du Groupe des Travailleurs Anarchistes-Communistes d'Ekaterinoslav[21], auquel participe Fedosey Zubariev. Dénoncé d'avoir menacé d'une arme à feu un ouvrier qualifié de son usine pour qu'il déclenche le signal de la grève en octobre 1905, Simon Radowitzky est recherché par la police tsariste. Pour échapper à la condamnation et au bagne, il fuit pour s'installer à Limberg (Liev) en Autriche-Hongrie. Tout au long de 1906, le Groupe des Travailleurs Anarchistes-Communistes d'Ekaterinoslav continue ses attaques et ses assassinats ciblés : deux haut-gradés de l'armée et de la police, trois contre-maîtres et une dizaine de gardes sont tués. Le groupe est démantelé à la fin de l'année et beaucoup de ses activistes[22] mis en prison puis exécutés. De Limberg où il réside toujours, Simon Radowitzky se rend en 1907 en Prusse pour soutenir un mouvement de grève de mineurs dans la région de Haute-Silésie mais il est arrêté par la police locale, puis finalement expulsé vers Varsovie, en territoire russe[18]. Craignant de tomber entre les mains de la police tsariste qui le recherche toujours, Simon Radowitzky se procure de faux-papiers d'identité et prend un bateau à Riga, dans l'actuelle Lettonie, direction l'Amérique du Sud.
ArgentineNotes
|