Monsieur Rien : Différence entre versions
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− | + | D'après les dires de Nadia Lobanof <ref>Nadia Lobanof</ref>, l'étudiant Yégor Martinof est volontaire pour participer à une expérience du professeur Lobanof, d'en être le cobaye. De nombreux tests ont été menés auparavant sur d'autres animaux que les hominines. Avec succès. Il s'agit dans un premier temps d'injecter un sérum gras à base de glycérine, une "''sorte de synthèse des éléments essentiels composant les liquides contenus dans les organismes les plus perfectionnés''" <ref name="#rie" />. En plus des injections hypodermiques régulières et savamment dosées, l'expérience nécessite aussi une ingestion par la bouche. Ensuite, Yégor Martinof est placé sous une grande cloche en verre dans laquelle l'atmosphère est chargé de gouttelettes de sérum gras. Il les respire et s'en imprègne doucement. L'idée repose sur une démonstration simple. "''Si l'on mouille simplement avec de l'eau du papier ''non collé'', ce papier absorbe l'eau par capillarité. Aussitôt cet eau chasse l'air, et le papier apparaît translucide... Si le papier est ''collé'', l'eau ne peut pas s'incorporer à lui, mais alors on l'imbibe d'huile. Et cette huile s'insinue dans sa substance, chasse l'air d'une façon beaucoup plus complète, plus durable aussi, et lui donne la translucidité''" <ref name="#rie" />. Avec ce procédé du sérum gras, Yégor Martinof doit dans un premier temps devenir transparent. Ce nouvel état engendre un phénomène optique qui rend l'indice de réfraction égal à celui de l'air, "''de telle façon qu'il n'y eut plus ni réflexion ni réfraction quand les rayons lumineux passaient de l'air dans le corps et du corps dans l'air ambiant''" <ref name="#rie" />. Ce qui, en terme moins scientifique, induit l'invisibilité. Le long et progressif processus est clairement détaillé dans la biographie écrite par Louis Boussenard. Les descriptions de toutes les étapes sont de la bouche même de Nadia Lobanof, très investie dans les travaux scientifiques paternels. | |
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== Cycle merdjanovien == | == Cycle merdjanovien == |
Version du 7 août 2023 à 22:35
Monsieur Rien (Господине Ништо en macédonien - Sénher Ren en nissard) Alias de Yégor Martinof [1].
Contexte protivophileDès la fin du XIXème siècle après JCⒸ [2], les idéaux anarchistes émergent dans les discours politiques contestataires à travers le continent européen, du royaume britannique à l'empire russe, en passant par la république française ou la Roumélie ottomane. Loin d'être un bloc homogène, ils ont des racines multiples. Les histoires régionales ou nationales ont marqué de leurs empreintes les différents mouvements anarchistes émergents, tout autant que les très nombreux textes théoriques qui s'écrivent alors. L'idéologisation de l'anarchie fait qu'il est difficile d'en écrire une histoire réelle. Le processus de normalisation dans l'écriture de l'histoire tend évidemment à retenir des hominines plutôt que d'autres, à ne se souvenir que d'une linéarité plutôt que d'un foisonnement brouillon. La réalité n'est pas toujours facilement acceptable et sa complexité est impossible à assumer totalement. En France, l'anarchie d'alors se nourrit autant des textes et des pratiques de Louis-Auguste Blanqui [3] qu'elle les critique sévèrement, tout comme en Russie où les groupes révolutionnaires anarchistes ne se réclament pas de Serge Netchaïev — le jeune amant d'Albertine Hottin — mais en sont l'une des continuités. Le projet social de Pierre-Joseph Proudhon est valorisé alors que son sexisme est relégué au second plan, les envolées insurrectionnelles de Mikhaïl Bakounine font oublier ses aspirations à la conspiration de petits groupes clandestins pour renverser le pouvoir. Malgré une certaine cohérence théorique sur de grands points philosophiques, les situations sociales et politiques différentes ne provoquent évidemment pas les mêmes effets dans les pratiques et les théories anarchistes. La France et la Russie, par exemple, sont difficilement comparables bien qu'il y ait du commun. Dans l'une, les hominines [4] qui prônent l'anarchisme le font dans une démocratie policée, dans l'autre illes le font dans une autocratie policière. La première entretient l'illusion que l'ensemble des hominines sont des rouages du pouvoir, la seconde ne s'en donne pas la peine. De l'anarchisme social à l'individualisme anarchiste, de l'anarcho-syndicalisme à l'illégalisme, en passant par les milieux libres ou les communautés anarchistes, les hominines qui composent ce vaste nuancier qu'est l'anarchie sont multiples. Illes ne se retrouvent pas sur tous les sujets et parfois même s'affrontent autour de certains. Affrontements théoriques qui en arrivent quelques fois à des violences entre elleux. Mais, au-delà de ces différences, l'anarchisme se caractérise pour une volonté de mettre fin aux hiérarchies sociales, économiques et politiques. Cette détermination à lutter contre toutes les formes de pouvoir fait de l'anarchisme un mouvement singulier parmi l'ensemble des autres courants et théories qui se disent révolutionnaires. Sa critique de l'existant se veut radicale et sa vision du futur est sans concession. Tous les domaines des sociétés d'hominines sont passés au hachoir de la critique théorique et contestés par des tentatives pratiques. Aucun n'y échappent. Comme le fait la protivophilie avec beaucoup de plaisir, l'idée de dieu, de patrie, d’État, de patron, d'autorité, de domination ou de famille sont traînées dans la boue. Parfois, l'amour aussi. Les projets collectifs et les promesses de lendemains meilleurs sont regardés au minima avec méfiance, au plus avec défiance. L'utilisation ou non de la violence dans les pratiques politiques anarchistes est un des sujets qui divisent. Que ce soit pour des raisons défensives, en réponse à la violence directe de milices patronales ou de la police par exemple, ou de manière offensive en détruisant des bâtiments officiels, en dévalisant de riches hominines ou en s'attaquant directement à elleux. Être pacifiste — contre la guerre — ne doit pas être confondu avec le fait d'être pacifique — contre l'utilisation de la violence. Tout en se réclamant de l'anarchisme, il est possible d'être pacifiste et pacifique, ou simplement l'une des deux options. Même si les cas historiques sont plus rares, il existe des pacifiques qui ne sont pas pacifistes. Les première et seconde guerre dites mondiales, pour ne citer que ces deux exemples, sont des moments d'histoire où des anarchistes ont soutenu — au moins en théorie — l'entrée en guerre de tels ou tels pays alors que d'autres préfèrent déserter ou soutenir la désertion. Moins rares sont les cas où des hominines se disent pacifistes mais ne sont pas pacifiques. Que l'on pense aux adeptes de Bakounine qui partent à la fin du XIXème siècle se battre en Bosnie contre l'empire austro-hongrois ou en Roumélie/Macédoine contre la présence ottomane. Ou aux nombreux assassinats politiques et actes de destruction perpétrés par des hominines se réclamant de l'anarchisme à la charnière des XIXème et XXème siècles en Europe, en Asie et aux Amériques.
Le message est simple. Accessible et destiné à l'ensemble des hominines. Sans exception. Contrairement aux croyances religieuses, la description anarchiste du réel se fait à partir des outils disponibles de son époque. En plus des réflexions théoriques, les textes diffusés par des individualités, des groupes ou des journaux sont ceux des sciences sociales naissantes et des sciences dures que sont la biologie, la chimie et les sciences de la Terre. En Russie, L'évolution des espèces de Charles Darwin ou la sociologie d'Auguste Comte font partie des premiers ouvrages traduits et diffusés clandestinement. Avec le risque de finir en prison pour cela. Tout en produisant des réflexions critiques sur ces sciences, la pensée anarchiste parvient à se saisir des opportunités qui se présentent. Le rejet de la modernité ou une méfiance vis-à-vis du modernisme n'empêchent pas les anarchistes de savoir y trouver de nouvelles ressources. Arme d'exploitation, la dynamite est rapidement adoptée par les anarchistes les plus "à la pointe" qui en font une arme de destruction. En France, la "Bande à Bonnot" [7] est la première à réaliser des braquages de banques avec des voitures automobiles et à posséder des armes à feu à répétition que les forces de police n'ont pas encore. Ladislav Klíma rappelle que les manières de se vivre anarchiste sont très diverses. Et pas forcément antagonistes.
Récit yégorienLes sources concernant Yégor Martinof se réduisent à la seule biographie connue qui lui est consacrée par Louis Boussenard [9] dans le numéro 5 de La vie d'aventures d'octobre 1907 [10]. Longue de seulement 32 pages, elle est sobrement intitulée Monsieur... Rien ! Selon les normes de transcription actuelle, il est préconisé d'utiliser plutôt Iegor Martinov pour noter le russe Егор Мартынов en caractères latins. Hormis celle de parution, la courte biographie ne contient aucune date précise. Néanmoins il est possible de la déduire par quelques indications. En effet, l'âge de quatre des personnages est indiqué et, s'agissant de personnes clairement identifiées et dont l'état civil est connu. Elles sont les quatre jeunes filles du tsar Nicolas II et de la tsarine Alix de Hesse-Darmstadt. Si Olga a sept ans, Tata cinq ans, Marie trois et Zazie deux, il est possible d'en conclure que les faits relatés se situent en 1902. En Russie. À cette date, Yégor Martinof est "âgé d'environ 25 ans" [10]. Il est donc né autour de 1877. Probablement en Russie même si cela n'est pas aussi clairement dit. À cette âge, il est décrit comme "grand, vigoureux, énergique, résolu..." [10] Il est étudiant à Saint-Pétersbourg auprès du professeur Marcus Lobanof. Ce dernier est assisté par sa fille Nadia dans les recherches qu'il mène. Âgé d'une cinquantaine d'années, il est d'origine allemande ou suédoise et est né dans le village d'Ermelan près de Riga (Lettonie) [11]. Polyglotte, il est un savant reconnu par ses pairs dans les domaines de l'anatomie, la physiologie, la physique, la chimie et la biologie. "Cependant il se tient en dehors de la science officielle. Il consacre sa haute intelligence à l'étude infatigable de choses étranges, mystérieuses et troublantes qui seront peut-être la science de demain" [10]. Le rejeton d'une copulation fictive entre le docteur Victor Frankenstein et le professeur Didier Raoult. En ce qui concerne les années qui précèdent 1902, rien n'est connu sur la vie de Yégor Martinof. "A-t-il des relations amicales et sociales autres que celles que l’on entretient habituellement avec un animal domestique ou une plante verte ?" [12] pour paraphraser les biographes de F. Merdjanov. Quels sont ses liens avec les milieux anarchistes pétersbourgeois ? Comment a-t-il eu connaissance de l'idée même d'anarchie ? Est-il lié à un groupe constitué ou participe-t-il à un journal ? A-t-il choisi volontairement d'étudier avec le professeur Lobanof ? Autant de questions qui restent sans réponse. Des recherches complémentaires doivent encore être menées pour y répondre. D'après les dires de Nadia Lobanof [13], l'étudiant Yégor Martinof est volontaire pour participer à une expérience du professeur Lobanof, d'en être le cobaye. De nombreux tests ont été menés auparavant sur d'autres animaux que les hominines. Avec succès. Il s'agit dans un premier temps d'injecter un sérum gras à base de glycérine, une "sorte de synthèse des éléments essentiels composant les liquides contenus dans les organismes les plus perfectionnés" [10]. En plus des injections hypodermiques régulières et savamment dosées, l'expérience nécessite aussi une ingestion par la bouche. Ensuite, Yégor Martinof est placé sous une grande cloche en verre dans laquelle l'atmosphère est chargé de gouttelettes de sérum gras. Il les respire et s'en imprègne doucement. L'idée repose sur une démonstration simple. "Si l'on mouille simplement avec de l'eau du papier non collé, ce papier absorbe l'eau par capillarité. Aussitôt cet eau chasse l'air, et le papier apparaît translucide... Si le papier est collé, l'eau ne peut pas s'incorporer à lui, mais alors on l'imbibe d'huile. Et cette huile s'insinue dans sa substance, chasse l'air d'une façon beaucoup plus complète, plus durable aussi, et lui donne la translucidité" [10]. Avec ce procédé du sérum gras, Yégor Martinof doit dans un premier temps devenir transparent. Ce nouvel état engendre un phénomène optique qui rend l'indice de réfraction égal à celui de l'air, "de telle façon qu'il n'y eut plus ni réflexion ni réfraction quand les rayons lumineux passaient de l'air dans le corps et du corps dans l'air ambiant" [10]. Ce qui, en terme moins scientifique, induit l'invisibilité. Le long et progressif processus est clairement détaillé dans la biographie écrite par Louis Boussenard. Les descriptions de toutes les étapes sont de la bouche même de Nadia Lobanof, très investie dans les travaux scientifiques paternels. Cycle merdjanovienNotes
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