Monsieur Rien : Différence entre versions
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[[Fichier:Usine.jpg|200px|vignette|droite|Rien produire ou produire rien <ref>''L'usine de rien'' réalisé en 2017 par Pedro Pinho. Bande-annonce - [https://youtu.be/UrgL_yDppqw En ligne]</ref>]] | [[Fichier:Usine.jpg|200px|vignette|droite|Rien produire ou produire rien <ref>''L'usine de rien'' réalisé en 2017 par Pedro Pinho. Bande-annonce - [https://youtu.be/UrgL_yDppqw En ligne]</ref>]] | ||
− | De l'anarchisme social à l'individualisme anarchiste, de l'anarcho-syndicalisme à l'illégalisme, en passant par les milieux libres ou les communautés anarchistes, les hominines qui composent ce vaste nuancier qu'est l'anarchie sont multiples. Illes ne se retrouvent pas sur tous les sujets et parfois même s'affrontent autour de certains. Affrontements théoriques qui en arrivent quelques fois à des violences entre elleux. Mais, au-delà de ces différences, l'anarchisme se caractérise pour une volonté de mettre fin aux hiérarchies sociales, économiques et politiques. Cette détermination à lutter contre les formes de pouvoir fait de l'anarchisme un mouvement singulier parmi l'ensemble des autres courants et théories qui se disent révolutionnaires. Sa critique de l'existant se veut radicale et sa vision du futur est sans concession. Tous les domaines des sociétés d'hominines sont passés au [[Hache|hachoir]] de la critique théorique et contestés par des tentatives pratiques. Aucun n'y échappent. Comme le fait la [[protivophilie]] avec beaucoup de plaisir, l'idée de dieu, de patrie, d’État, de patron, d'autorité, de domination ou de famille sont traînées dans la boue. Parfois, l'[[amour]] aussi. Les projets collectifs et les promesses de lendemains meilleurs sont regardés au minima avec méfiance, au plus avec défiance. L'utilisation ou non de la violence dans les pratiques politiques anarchistes est un des sujets qui divisent. Que ce soit pour des raisons défensives, en réponse à la violence directe de milices patronales ou de la police par exemple, ou de manière offensive en détruisant des bâtiments officiels, en dévalisant de riches hominines ou en s'attaquant directement à elleux. Être pacifiste — contre la guerre — ne doit pas être confondu avec le fait d'être pacifique — contre l'utilisation de la violence. Tout en se réclamant de l'anarchisme, il est possible d'être pacifiste et pacifique, ou simplement l'une des deux options. Même si les cas historiques sont plus rares, il existe des pacifiques qui ne sont pas pacifistes. Les première et seconde guerre dites mondiales, pour ne citer que ces deux exemples, sont des moments d'histoire où des anarchistes ont soutenu — au moins en théorie — l'entrée en guerre de tels ou tels pays alors que d'autres préfèrent déserter ou soutenir la désertion. Moins rares sont les cas où des hominines se disent pacifistes mais ne sont pas pacifiques. Que l'on pense aux adeptes de Bakounine qui partent à la fin du XIX<sup><small>ème</small></sup> siècle se battre en Bosnie contre l'empire austro-hongrois ou en Macédoine contre la présence ottomane. Ou aux nombreux assassinats politiques et actes de destruction perpétrés par des hominines se réclamant de l'anarchisme à la charnière des XIX<sup><small>ème</small></sup> et XX<sup><small>ème</small></sup> siècles en Europe, en Asie et aux Amériques. | + | De l'anarchisme social à l'individualisme anarchiste, de l'anarcho-syndicalisme à l'illégalisme, en passant par les milieux libres ou les communautés anarchistes, les hominines qui composent ce vaste nuancier qu'est l'anarchie sont multiples. Illes ne se retrouvent pas sur tous les sujets et parfois même s'affrontent autour de certains. Affrontements théoriques qui en arrivent quelques fois à des violences entre elleux. Mais, au-delà de ces différences, l'anarchisme se caractérise pour une volonté de mettre fin aux hiérarchies sociales, économiques et politiques. Cette détermination à lutter contre les formes de pouvoir fait de l'anarchisme un mouvement singulier parmi l'ensemble des autres courants et théories qui se disent révolutionnaires. Sa critique de l'existant se veut radicale et sa vision du futur est sans concession. Tous les domaines des sociétés d'hominines sont passés au [[Hache|hachoir]] de la critique théorique et contestés par des tentatives pratiques. Aucun n'y échappent. Comme le fait la [[protivophilie]] avec beaucoup de plaisir, l'idée de dieu, de patrie, d’État, de patron, d'autorité, de domination ou de famille sont traînées dans la boue. Parfois, l'[[amour]] aussi. Les projets collectifs et les promesses de lendemains meilleurs sont regardés au minima avec méfiance, au plus avec défiance. L'utilisation ou non de la violence dans les pratiques politiques anarchistes est un des sujets qui divisent. Que ce soit pour des raisons défensives, en réponse à la violence directe de milices patronales ou de la police par exemple, ou de manière offensive en détruisant des bâtiments officiels, en dévalisant de riches hominines ou en s'attaquant directement à elleux. Être pacifiste — contre la guerre — ne doit pas être confondu avec le fait d'être pacifique — contre l'utilisation de la violence. Tout en se réclamant de l'anarchisme, il est possible d'être pacifiste et pacifique, ou simplement l'une des deux options. Même si les cas historiques sont plus rares, il existe des pacifiques qui ne sont pas pacifistes. Les première et seconde guerre dites mondiales, pour ne citer que ces deux exemples, sont des moments d'histoire où des anarchistes ont soutenu — au moins en théorie — l'entrée en guerre de tels ou tels pays alors que d'autres préfèrent déserter ou soutenir la désertion. Moins rares sont les cas où des hominines se disent pacifistes mais ne sont pas pacifiques. Que l'on pense aux adeptes de Bakounine qui partent à la fin du XIX<sup><small>ème</small></sup> siècle se battre en Bosnie contre l'empire austro-hongrois ou en Roumélie/Macédoine contre la présence ottomane. Ou aux nombreux assassinats politiques et actes de destruction perpétrés par des hominines se réclamant de l'anarchisme à la charnière des XIX<sup><small>ème</small></sup> et XX<sup><small>ème</small></sup> siècles en Europe, en Asie et aux Amériques. |
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''Vive l'anarchie !'' <ref>''L'anarchie'', n° 137, 21 novembre 1907 - [https://archivesautonomies.org/IMG/pdf/anarchismes/avant-1914/anarchie/anarchie-n137.pdf En ligne]</ref><br /> | ''Vive l'anarchie !'' <ref>''L'anarchie'', n° 137, 21 novembre 1907 - [https://archivesautonomies.org/IMG/pdf/anarchismes/avant-1914/anarchie/anarchie-n137.pdf En ligne]</ref><br /> | ||
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+ | Le message est simple. Accessible et destiné à l'ensemble des hominines. Sans exception. Contrairement aux croyances religieuses, la description anarchiste du réel se fait à partir des outils disponibles de son époque. En plus des réflexions théoriques, les textes diffusés par des individualités, des groupes ou des journaux sont ceux des sciences sociales naissantes et des sciences dures que sont la biologie, la chimie et les sciences de la Terre. En Russie, ''L'évolution des espèces'' de Charles Darwin ou la sociologie d'Auguste Comte font partie des premiers ouvrages traduits et diffusés clandestinement. Tout en produisant des réflexions critiques sur ces sciences, la pensée anarchiste parvient à se saisir des opportunités qui se présentent. Le rejet de la modernité ou une méfiance vis-à-vis du modernisme n'empêchent pas les anarchistes de savoir y trouver de nouvelles ressources. Arme d'exploitation, la dynamite est rapidement adoptée par les anarchistes les plus "à la pointe" qui en font une arme de destruction. La "Bande à Bonnot" <ref>bande à Bonnot</ref> est la première à réaliser des braquages de banques avec des voitures automobiles et à posséder des armes à feu à répétition que les forces de police n'ont pas encore. Les manières de se vivre anarchiste sont très diverses. | ||
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+ | ''Enfant, je haïssais tout le monde, la moindre caresse me faisait vomir, contre tous les spécimens du sexe masculin en particulier je nourrissais une idiosyncrasie très poussée. Fondée sur un mépris inné. Analysant mes souvenirs, il m'apparaît que dès les premières années de cette petite vie ma perception de moi-même et de l'humanité a été celle de deux puissances en guerre; et dès mon plus jeune âge j'ai instinctivement sous-estimé mon adversaire — je le tenais pour rien. [...] Je volais simplement pour voler, je me faisais un sport de casser les carreaux la nuit à la périphérie de Domažlice, de poser des pierres sur les voies de chemin de fer, de mettre le feu aux meules de blé. Je profanais systématiquement la croix aux environs de la ville, je faisais de l'esclandre à l'église, je lançais, faute de bombes, des tracts anarchistes, etc.'' <ref>[[Ladislav Klíma]], "Autobiographie", texte rédigé en février 1924. Publié dans ''Je suis la volonté absolue'', Éditions de la Différence, 2012</ref> | ||
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Version du 7 août 2023 à 15:19
Monsieur Rien (Господине Ништо en macédonien - Sénher Ren en nissard) Alias de Yégor Martinof ou Iegor Martinov [1].
Contexte protivophileDès la fin du XIXème siècle après JCⒸ [2], les idéaux anarchistes émergent dans les discours politiques contestataires à travers le continent européen, du royaume britannique à l'empire russe, en passant par la république française ou la Roumélie ottomane. Loin d'être un bloc homogène, ils ont des racines multiples. Les histoires régionales ou nationales ont marqué de leurs empreintes les différents mouvements anarchistes émergents, tout autant que les très nombreux textes théoriques qui s'écrivent alors. L'idéologisation de l'anarchie fait qu'il est difficile d'en écrire une histoire. Le processus de normalisation dans l'écriture de l'histoire tend évidemment à retenir des hominines plutôt que d'autres, à ne se souvenir que d'une linéarité plutôt que d'un foisonnement brouillon. La réalité n'est pas toujours facilement acceptable et sa complexité est impossible à assumer totalement. En France, l'anarchie d'alors se nourrit autant des textes et des pratiques de Louis-Auguste Blanqui [3] qu'elle les critique sévèrement, tout comme en Russie où les groupes révolutionnaires anarchistes ne se réclament pas de Serge Netchaïev — le jeune amant d'Albertine Hottin — mais en sont l'une des continuités. Le projet social de Pierre-Joseph Proudhon est valorisé alors que son sexisme est relégué au second plan, les envolées insurrectionnelles de Mikhaïl Bakounine font oublier ses aspirations à la conspiration de petits groupes clandestins pour renverser le pouvoir. Malgré une certaine cohérence théorique sur de grands points philosophiques, les situations sociales et politiques différentes ne provoquent évidemment pas les mêmes effets dans les pratiques et les théories anarchistes. La France et la Russie, par exemple, sont difficilement comparables bien qu'il y ait du commun. Dans l'une, les hominines [4] qui prônent l'anarchisme le font dans une démocratie policée, dans l'autre illes le font dans une autocratie policière. La première affirme l'illusion que l'ensemble des hominines sont des rouages du pouvoir, la seconde ne s'en donne pas la peine. De l'anarchisme social à l'individualisme anarchiste, de l'anarcho-syndicalisme à l'illégalisme, en passant par les milieux libres ou les communautés anarchistes, les hominines qui composent ce vaste nuancier qu'est l'anarchie sont multiples. Illes ne se retrouvent pas sur tous les sujets et parfois même s'affrontent autour de certains. Affrontements théoriques qui en arrivent quelques fois à des violences entre elleux. Mais, au-delà de ces différences, l'anarchisme se caractérise pour une volonté de mettre fin aux hiérarchies sociales, économiques et politiques. Cette détermination à lutter contre les formes de pouvoir fait de l'anarchisme un mouvement singulier parmi l'ensemble des autres courants et théories qui se disent révolutionnaires. Sa critique de l'existant se veut radicale et sa vision du futur est sans concession. Tous les domaines des sociétés d'hominines sont passés au hachoir de la critique théorique et contestés par des tentatives pratiques. Aucun n'y échappent. Comme le fait la protivophilie avec beaucoup de plaisir, l'idée de dieu, de patrie, d’État, de patron, d'autorité, de domination ou de famille sont traînées dans la boue. Parfois, l'amour aussi. Les projets collectifs et les promesses de lendemains meilleurs sont regardés au minima avec méfiance, au plus avec défiance. L'utilisation ou non de la violence dans les pratiques politiques anarchistes est un des sujets qui divisent. Que ce soit pour des raisons défensives, en réponse à la violence directe de milices patronales ou de la police par exemple, ou de manière offensive en détruisant des bâtiments officiels, en dévalisant de riches hominines ou en s'attaquant directement à elleux. Être pacifiste — contre la guerre — ne doit pas être confondu avec le fait d'être pacifique — contre l'utilisation de la violence. Tout en se réclamant de l'anarchisme, il est possible d'être pacifiste et pacifique, ou simplement l'une des deux options. Même si les cas historiques sont plus rares, il existe des pacifiques qui ne sont pas pacifistes. Les première et seconde guerre dites mondiales, pour ne citer que ces deux exemples, sont des moments d'histoire où des anarchistes ont soutenu — au moins en théorie — l'entrée en guerre de tels ou tels pays alors que d'autres préfèrent déserter ou soutenir la désertion. Moins rares sont les cas où des hominines se disent pacifistes mais ne sont pas pacifiques. Que l'on pense aux adeptes de Bakounine qui partent à la fin du XIXème siècle se battre en Bosnie contre l'empire austro-hongrois ou en Roumélie/Macédoine contre la présence ottomane. Ou aux nombreux assassinats politiques et actes de destruction perpétrés par des hominines se réclamant de l'anarchisme à la charnière des XIXème et XXème siècles en Europe, en Asie et aux Amériques.
Le message est simple. Accessible et destiné à l'ensemble des hominines. Sans exception. Contrairement aux croyances religieuses, la description anarchiste du réel se fait à partir des outils disponibles de son époque. En plus des réflexions théoriques, les textes diffusés par des individualités, des groupes ou des journaux sont ceux des sciences sociales naissantes et des sciences dures que sont la biologie, la chimie et les sciences de la Terre. En Russie, L'évolution des espèces de Charles Darwin ou la sociologie d'Auguste Comte font partie des premiers ouvrages traduits et diffusés clandestinement. Tout en produisant des réflexions critiques sur ces sciences, la pensée anarchiste parvient à se saisir des opportunités qui se présentent. Le rejet de la modernité ou une méfiance vis-à-vis du modernisme n'empêchent pas les anarchistes de savoir y trouver de nouvelles ressources. Arme d'exploitation, la dynamite est rapidement adoptée par les anarchistes les plus "à la pointe" qui en font une arme de destruction. La "Bande à Bonnot" [7] est la première à réaliser des braquages de banques avec des voitures automobiles et à posséder des armes à feu à répétition que les forces de police n'ont pas encore. Les manières de se vivre anarchiste sont très diverses.
Récit yégorienCycle merdjanovienNotes
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