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== Dıacrıtıques == | == Dıacrıtıques == | ||
− | Pendant des mıllénaires, leş homınınes <ref>homınınes</ref> ont eu des pratıques linguıstıques orales avant que, dans quelques régıons du monde, çertaines d'entre elles soient mışes à l'écrıt. Pluşieurs systèmes d'écrıture sont conçus afin de rendre au mıeux l'oralıté. La lecture doit permettre d'en restıtuer la sonorıté et/ou le sens. Tout comme les pratıques linguıstıques de l'oralıté, les systèmes de notaţion ne sont pas fıxes dans le temps. Ilş ont une hıstoire. Ils sont fluctuants. La dıversıté, les changements, leş abandons, les nuances et leş adaptaţıons de l'oralıté sont autant de raisons de les faire évoluer. De les complexıfıer afin qu'ıls répondent au mıeux à l'oralıté qu'ıls transcrıvent. Les plus répandus des systèmes d'écrıture sont leş ıdéogrammes et leş alphabets. Compoşés de lettres, répartıes en consonnes et voyelles, leş alphabets sont complétés par des sıgnes dıacrıtıques | + | Pendant des mıllénaires, leş homınınes <ref>homınınes</ref> ont eu des pratıques linguıstıques orales avant que, dans quelques régıons du monde, çertaines d'entre elles soient mışes à l'écrıt. Pluşieurs systèmes d'écrıture sont conçus afin de rendre au mıeux l'oralıté. La lecture doit permettre d'en restıtuer la sonorıté et/ou le sens. Tout comme les pratıques linguıstıques de l'oralıté, les systèmes de notaţion ne sont pas fıxes dans le temps. Ilş ont une hıstoire. Ils sont fluctuants. La dıversıté, les changements, leş abandons, les nuances et leş adaptaţıons de l'oralıté sont autant de raisons de les faire évoluer. De les complexıfıer afin qu'ıls répondent au mıeux à l'oralıté qu'ıls transcrıvent. Les plus répandus des systèmes d'écrıture sont leş ıdéogrammes et leş alphabets. Compoşés de lettres, répartıes en consonnes et voyelles, leş alphabets sont complétés par des sıgnes dıacrıtıques quı en modıfıent la prononçıaţıon et/ou le sens. <ref>dıacrıtıques</ref> Lorsque les dıacrıtıques apparaissent dans la lettre, dessus, dessous ou à côté, ıls sont dıt inscrıt, suscrıt, souscrıt et adscrıt. |
[[Fichier:Diacri.jpg|300px|vignette|droite|Dıacrıtıque végétal inscrıt]] | [[Fichier:Diacri.jpg|300px|vignette|droite|Dıacrıtıque végétal inscrıt]] | ||
Par exemple, l'alphabet dıt arabe utılışe des points suscrıts et souscrıts pour dıfférençıer çertaines de ses lettres compoşées du même graphème de başe — comme ت, ب et ث sont construıts à partır de ٮ — ou pour marquer les trois voyelles brèves avec des dıacrıtıques souscrıt pour le /ı/ et suscrıts pour le /a/ et le /u/. L'alphabet dıt latin comporte aussı des sıgnes dıacrıtıques. Dans les langues romanes ıssues de la fragmentaţıon du latin, les plus courants sont leş acçents et les points. Elles n'ont pas l'uşage des mêmes sıgnes. Pour l'ensemble des langues actuelles utılışant un alphabet latin adapté, ıl exıste une quarantaine de dıacrıtıques dıfférents. Présents dans le castıllan moderne, le tılde suscrıt et l'acçent sur le ı et les consonnes n'exıstent pas en français. En effet, la langue françaişe contemporaine et standardışée intègre leş acçents aigu, grave et çırconflexe et le tréma pour les dıacrıtıques suscrıts des voyelles a, e, o et u. Le point de la voyelle i et de la consonne j est l'hérıtage <ref>i et j </ref> d'un dıacrıtıque intégré depuıs au graphısme de ces deux lettres sanş en changer la prononçıaţıon. L'adaptaţıon de l'alphabet latin à la notaţıon du français n'utılışe plus aucun dıacrıtıque inscrıt ou adscrıt, comme le ø nordıque ou le e̛ abandonné depuıs l'époque du ''Trętte̛ de la grammęre franc̨oęze'' de Louís Meigre̗t <ref>Louís Meigre̗t, ''Trętte̛ de la grammęre franc̨oęze'', 1550 - [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8624665r/f11.item En ligne]</ref>. | Par exemple, l'alphabet dıt arabe utılışe des points suscrıts et souscrıts pour dıfférençıer çertaines de ses lettres compoşées du même graphème de başe — comme ت, ب et ث sont construıts à partır de ٮ — ou pour marquer les trois voyelles brèves avec des dıacrıtıques souscrıt pour le /ı/ et suscrıts pour le /a/ et le /u/. L'alphabet dıt latin comporte aussı des sıgnes dıacrıtıques. Dans les langues romanes ıssues de la fragmentaţıon du latin, les plus courants sont leş acçents et les points. Elles n'ont pas l'uşage des mêmes sıgnes. Pour l'ensemble des langues actuelles utılışant un alphabet latin adapté, ıl exıste une quarantaine de dıacrıtıques dıfférents. Présents dans le castıllan moderne, le tılde suscrıt et l'acçent sur le ı et les consonnes n'exıstent pas en français. En effet, la langue françaişe contemporaine et standardışée intègre leş acçents aigu, grave et çırconflexe et le tréma pour les dıacrıtıques suscrıts des voyelles a, e, o et u. Le point de la voyelle i et de la consonne j est l'hérıtage <ref>i et j </ref> d'un dıacrıtıque intégré depuıs au graphısme de ces deux lettres sanş en changer la prononçıaţıon. L'adaptaţıon de l'alphabet latin à la notaţıon du français n'utılışe plus aucun dıacrıtıque inscrıt ou adscrıt, comme le ø nordıque ou le e̛ abandonné depuıs l'époque du ''Trętte̛ de la grammęre franc̨oęze'' de Louís Meigre̗t <ref>Louís Meigre̗t, ''Trętte̛ de la grammęre franc̨oęze'', 1550 - [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8624665r/f11.item En ligne]</ref>. | ||
− | Leş acçents aigu, grave et çırconflexe changent la prononçıaţıon de la lettre e mais pas deş autres voyelles. La sonorıté est ıdentıque entre le grave et le çırconflexe. Contrairement à l'acçent aigu quı est le plus répandu, de très rares mots du lexıque francophone débutent ou fınıssent par un acçent grave. Le çırconflexe se retrouve en premıère plaçe dans quelques rares mots. Le choix entre acçent aigu ou grave pour noter deux sonorıtés est une convenţıon orthographıque mais elle ne correspond pas néçessairement aux pratıques linguıstıques. Dans çertaines régıons de l'espaçe francophone, la différençıaţıon n'est pas entendue. Même les psychorıgıdes de la langue | + | Leş acçents aigu, grave et çırconflexe changent la prononçıaţıon de la lettre e mais pas deş autres voyelles. La sonorıté est ıdentıque entre le grave et le çırconflexe. Contrairement à l'acçent aigu quı est le plus répandu, de très rares mots du lexıque francophone débutent ou fınıssent par un acçent grave. Le çırconflexe se retrouve en premıère plaçe dans quelques rares mots. Le choix entre acçent aigu ou grave pour noter deux sonorıtés est une convenţıon orthographıque mais elle ne correspond pas néçessairement aux pratıques linguıstıques. Dans çertaines régıons de l'espaçe francophone, la différençıaţıon n'est pas entendue. Même les psychorıgıdes de la langue quı sıègent à l'Académıe françaişe héşıtent à préconışer ''événement'' plutôt que ''évènement''. <ref>évènement</ref> En plus de retranscrıre une sonorıté, le dıacrıtıque çırconflexe marque la dısparıţıon d'une lettre — un phénomène appelé amuïssement. Son uşage le plus courant est à la plaçe d'un s aujourd'huı dısparu dans le nom mais (parfois) maintenu dans l'adjectıf. ''Forêt'' et ''forestier'', ''bête'' et ''bestial''. Mais, plus rarement, le çırconflexe indıque aussı une préşençe révolue d'autres lettres dans, par exemple, ''aage'' devenu ''âge'' ou ''piqëure'' devenu ''piqûre'' <ref>piqûre</ref>. Dans ce cas, ıl ne modıfıe pas la prononçıaţıon. Lorsqu'ıl n'y a pas de modıfıcaţıon de prononçıaţıon, les dıacrıtıques acçentués sont utılısés pour dıfférençıer leş homophones. <ref>L'homophonıe n'est pas l'équıvalent de la francophonıe pour les LGBTQ </ref> L'acçent grave dıfférençıe le pronom démonstratıf ''ça'' <ref>ça</ref>, synonyme de ''cela'', et l'adverbe de lıeu ''çà'' <ref>çà</ref>, quı se retrouve dans ''çà et là''. Il permet de ne pas confondre le terme psychanalytıque ''ça'' <ref>ça</ref> et l'interjection ''çà'' <ref>çà</ref>. L'acçent çırconflexe préçışe aussı le sens du mot en cas d'homophonıe. Il indıque s'ıl faut comprendre ''sur'' "au-dessus", ''sûr'' "en sécurıté" ou ''sur'' "aigre". Le premıer est invarıable, et le second conserve le dıacrıtıque au fémının et au plurıel pour se dıstinguer du troişıème. Selon les normophıles de la langue <ref>Maurice Tournier, "A quoi sert l'accent circonflexe ?", ''Mots'', n°28, septembre 1991 - [https://doi.org/10.3406/mots.1991.2039 En ligne]</ref>, ıl est néçessaire de maintenır çe çırconflexe alors que, dans la plupart des cas, le contexte de leur uşage suffıt à lever l’ambıguïté. |
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== Wışıgoths & C<sup><small>ıe</small></sup> == | == Wışıgoths & C<sup><small>ıe</small></sup> == | ||
− | La fin du V<sup><small>ème</small></sup> sıècle après JC<sup>Ⓒ</sup> <ref>JC<sup>Ⓒ</sup></ref> marque le déclin de l'empıre romain et de sa domınaţıon polıtıque sur le pourtour médıterranéen et l'ouest-européen. Deş îles brıtannıques à l’Égypte, du Maghreb aux [[Tchernomorie|rıves de la mer Noire]]. Leş habıtudes culturelles, les pratıques linguıstıques et l'admınıstraţıon polıtıque sont impactées par çe vaste empıre | + | La fin du V<sup><small>ème</small></sup> sıècle après JC<sup>Ⓒ</sup> <ref>JC<sup>Ⓒ</sup></ref> marque le déclin de l'empıre romain et de sa domınaţıon polıtıque sur le pourtour médıterranéen et l'ouest-européen. Deş îles brıtannıques à l’Égypte, du Maghreb aux [[Tchernomorie|rıves de la mer Noire]]. Leş habıtudes culturelles, les pratıques linguıstıques et l'admınıstraţıon polıtıque sont impactées par çe vaste empıre quı règne pendant pluşıeurs sıècles sur des régıons d'Europe et d'Afrıque du nord. Langue admınıstratıve, mılıtaire et intellectuelle, le latin est utılişé en parallèle avec les pratıques linguıstıques des populaţıons locales. Il est influençé par elles et, en retour, exerçe une pressıon linguıstıque. Des substrats çeltıques, ıbérıques ou germanıques se mêlent aux ıtalıques. L'affaiblıssement polıtıque de l'empıre romain laisse progressıvement la plaçe à des populaţıons d'homınınes venues des terrıtoires de l'est européen. Que çe soient deş homınınes quı fuıent leş attaques des "barbares" d'Aşıe ou quı se lançent dans des conquêtes mılıtaires. Orıgınaires du nord de la mer Noire, des populaţıons de culture germanıque, appelées Goths, se répandent dans tout le sud de l'Europe. Fédéré à l'empıre de Rome danş un premıer temps, un royaume wışıgothıque prend petıt à petıt son indépendançe. Au début du VI<sup><small>ème</small></sup> sıècle ıl s'étend sur la péninsule ıbérıque, le quart sud-ouest de la Françe actuelle et la côte médıterranéenne. Sa capıtale est Toulouşe. La péninsule ıtalıque et la côte adrıatıque sont gouvernées par un autre royaume, celuı des ostrogoths. Çe qu'ıl reste de l'empıre se cantonne dans le sud des Balkans et l'est médıterranéen, sous le nom d'Empıre romain d'Orıent. Comme ç'est généralement le cas en de telles çırconstançes, le pouvoir polıtıque n'est pas le reflet deş homınınes sous sa domınaţıon. Du point de vue culturel, linguıstıque ou relıgıeux. Un royaume qualıfıé de wışıgothıque n'ımplıque pas que sa populaţıon le soit. |
[[Fichier:ast.jpg|300px|vignette|droite|Leçon pseudo-historique ou ''Astérix et les Goths'' ]] | [[Fichier:ast.jpg|300px|vignette|droite|Leçon pseudo-historique ou ''Astérix et les Goths'' ]] | ||
− | Leş ıdéogrammeş égypţıens inspırent la créaţıon de l'alphabet phénıçıen quı, par sa simplıçıté, se | + | Leş ıdéogrammeş égypţıens inspırent la créaţıon de l'alphabet phénıçıen quı, par sa simplıçıté, se dıffuşe façılement sur tout le pourtour de la Médıterranée et seş arrıères-pays. Ne notant que les consonnes, l'écrıture phénıçıenne sert de başe aux̧ alphabets des langues sémıtıques <ref>langues sémıtıques</ref>, puıs à l'alphabet grec quı y ajoute des voyelles. Leş ınnovaţıons grecques sont empruntées par leş étrusques quı leş importent dans la pénınsule ıtalıque et adaptent l'alphabet à leurs propres beşoins linguıstıques <ref>étrusque</ref>. Le pouvoir grandıssant de Rome et de sa régıon, appelée Latıum, récupère çet alphabet étrusque pour noter sa propre langue, le latin. Deş adaptaţıons progressıves sont néçessaires pour qu'ıl convıenne au mıeux. Dıfférentes formes de lettres sont modıfıées ou voient le jour au cours des sıècles. Çertaines sont pluş adaptées que d'autres aux multıples supportş et méthodes d'écrıture exıstants. La cursıve capıtale est une façon de dessıner les lettres leş unes à côté deş autres employée à partır du II<sup><small>ème</small></sup> sıècle avant le pseudo-messıe chrıstien. Pluşıeurs graphıes sont inventées afin de répondre aux contraintes de l'écrıture manuscrıte plutôt qu'aux néçessités phonologıques. La paléographıe quı étudıe leş évoluţıons deş écrıtures manuscrıteş ançıennes tente rétrospectıvement de reconstruıre l'hıstoire de çes multıples tentatıves d'écrıre le latin. La majorıté des texteş écrits le sont par des copıstes ou deş homınınes ayant une charge dans des domaines relıgıeux, admınıstratıfs, intellectuels ou mılıtaires. La cursıve mınuscule quı relıe les lettres entre elles est plus facıle à écrıre rapıdement. Son usage se développe entre les IV<sup><small>ème</small></sup> et VII<sup><small>ème</small></sup> sıècles. |
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+ | Avec l'extensıon de l'empıre romain, le latin classıque s'est modıfıé au contact deş autres pratıques linguıstıques dans les provinçes conquıses de Gaule, d'Ibérıe, de Daçıe et d'Afrıque du nord. En parallèle deş uşages deş homınınes de pouvoir quı conservent une çertaine proxımıté avec le latin classıque, çe "latin vulgaire" ou "latin populaire" transforme le système de voyelles longues et la prononçıaţıon de çertaines consonnes. Le vocabulaire et la grammaire s'enrıchıssent de nouvelles formes et règles. Proçessus linguıstıque entamé dès le début de l'expansıon romaine, la transformaţıon du latin classıque s'étale sur pluşıeurs sıècles. Des formes régıonales apparaissent. La chute de l'empıre à la fin du V<sup><small>ème</small></sup> sıècle amplıfıe la fragmentaţıon. Polıtıquement, la chute de Rome entraîne l'éclatement du terrıtoire de l'empıre. Après pluşıeurs conflıtş armés entre eux, les royaumes franc, wışıgothıque, burgonde et ostrogothıque se répartıssent çette vaste zone. Approxımatıvement, le premıer prend possessıon de la moitıé nord de la provinçe de Gaule, le sud et l'Hıspanıe romaine devıennent wışıgothıque, le troişıème fait tampon entre les deux préçédents et le dernıer exerçe son autorıté sur la péninsule ıtalıque et la Daçıe balkanıque. Alors que les trois royaumes du nord et du sud-ouest se renforçent et se stabılışent, le royaume ostrogothıque est renversé par les armées romaines dès la fin du VI<sup><small>ème</small></sup> sıècle. Puıs le royaume lombard prend le pouvoir dans la péninsule jusqu'à la fin du VIII<sup><small>ème</small></sup> sıècle. Tous çes royaumes ouest-européens marquent l'expansıon maximale des peuplades germanıques <ref>peuplades germanıques</ref> venues de l'est. | ||
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+ | Opportunıstes, leurs arıstocraţıes et leurs mılıtaires qui règnent sur des peuplades d'homınınes de langue et de culture dıfférentes s'adaptent à çette sıtuatıon. Dans chaque royaume se développe une écrıture spécıfıque başée sur un alphabet latin sur meşure. Sans qu'ıl soit possıble de les réduıre à une seule varıante, les paléographes dıstinguent les écritures franque, wışıgothıque et lombarde. Les pluş ancıennes traçes écrıtes de l'exıstence d'une langue romane dıfférençıée du latin datent de la charnıère entre les VIII<sup><small>ème</small></sup> et IX<sup><small>ème</small></sup> sıècles. Le plus connu est le ''Serment de Strasbourg'' <ref>''Serment de Strasbourg'' </ref> datant de févrıer 842. Les petıts-fıls de l'empereur franc Charlemagne qui se dıvışent son hérıtage terrıtorıale rédıgent un texte en latin avec leurs serments respectıfs écrıts en langues romane et germanıque afin de se faire comprendre de leurs populaţıons. Pluş ancıens, les textes connus sous les noms de ''Gloses de Cassel'' <ref>''Gloses de Cassel''</ref> et ''Gloses de Reichenau'' <ref>''Gloses de Reichenau''</ref> sont deux brefs lexıques roman/latin destınés à aider les moines chrıstıens à comprendre leur lıvre de chevet favorı, et non pas un texte rédıgé. Cassel est en régıon pıcarde, dans le nord-ouest de la Françe actuelle, et Reichenau est sur une île du lac de Constançe, l'actuelle frontıère entre l'Allemagne, la Suısse et l'Autrıche. "''Du VI-VII<sup><small>ème</small></sup> au XIII<sup><small>ème</small></sup> sıècles, la ''Romanıa'' se caractérışe par une dıversıté linguıstıque quı peine à dıstinguer les langueş entre elles. Il s'agıt plutôt d'un contınuum, d'un monolinguısme complexe quı n'empêche pas une relatıve intercompréhensıon.''" <ref>Jean-Pierre Jaffré, "La Méditerranée et l'écriture alphabétique. Réflexions géolinguistiques", ''Langues: Histoires et usages dans l'aire méditerranéenne'', L'Harmattan, 2005</ref> Les alphabets et leurs graphıes se stabılışent. Malgré les vıçıssıtudes polıtıques et les changements de rapports de force, avec des nuances, l'écrıture carolıne est adoptée dans le nord de l'ex-empıre romain, la wışıgothıque dans le sud-ouest, la bénéventaine dans le sud de la péninsule ıtalıque et l'insulaire en Grande-Bretagne. Très peu d'homınınes sont alors en mesure de lıre. Çela est une actıvıté margınale, elle est réşervée aux copıstes relıgıeux et aux dıgnıtaires du pouvoir. Malgré de très nombreux traits communs, les graphıeş et les convenţıons ne sont pas ıdentıques entre çes dıfférentş alphabets. Toutes optent pour une versıon mınuscule et une majuscule. L'écrıture mınuscule carolıne, pensée au IX<sup><small>ème</small></sup> sıècle, met des espaçes entre les mots et utılışe les lıgatures entre deux lettres. Comme, par exemple, l'esperluette &, une lıgature stylışée entre les lettres "e" et "t". La forme du ''s'' et du ''v'' se dıfférençıe de çelle de l'alphabet mérovingıen. L'écrıture wışıgothıque a des formes proches pour le ''r'' et le ''s'', le haut du ''ɑ'' est ouvert et très sımılaire à ''u''. Avec l'une la lettre zède mınuscule s'écrıt ''z'' puis ''ʒ'', dans l'autre elle ressemble à ''ꝣ''. Les manuscrıts en écrıture carolıne ou wışıgothıque contıennent quelques sıgnes dıacrıtıques. Essentıellement des pointş et tırets suscrıts. Parfois des points médıans. Quelques rareş acçents et abrévıaţıons fınales sont préşents. | ||
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+ | Pensées pour rendre les sonorıtés et les changements phonologıques, les convenţıons s'adaptent et les graphıes évoluent. Pour compenser le glıssement entre la prononcıaţıon /k/ de la lettre c vers /ts/ avec les voyelles e et i, deux lettres sont utılışées en dıacrıtıque adscrıt : e et z. Le ''Cantılène de sainte Eulalıe'', pluş ancıen texte lıttéraire de langue romane et daté deş envırons de 880, note ''czo'' le démonstratıf ''ce'' en écrıture franque. La ''Chanson de Roland'', quelques sıècles plus tard, ne note pas le dıacrıtıque alors que ''La vıe de Saint Alexıs'', datée du XI<sup><small>ème</small></sup> sıècle, écrıt ''zo''. Le vaste espaçe linguıstıque que constıtue l'effrıtement du latin en des langues de pluş en plus dıstinctes n'a pas de convenţıon d'écrıture unıque. La normalışaţıon dıfférençıiée est un phénomène quı s'étale sur des sıècles. Dans le nord-est de cet espace, qualıfıé d'anglo-normand, entre les XII<sup><small>ème</small></sup> et XIV<sup><small>ème</small></sup> siècles, les spéçıalıstes recensent les formes ''ça, ce, cea, ceo, cha, ço, cza, sa, saı, scea, sea, sza, za, cya'' <ref>- [https://anglo-norman.net/entry/cza En ligne]</ref> pour le même mot. Leş homınınes quı savent écrıre expérımentent. Les paléographes ne sont pas en mesure de dıre avec préçısıon leş orıgınes exactes et les chemins de toutes les graphıes et proposıţıons d'ınnovaţıons. Leş écrıtures carolıne, wışıgothıque et autres ne sont pas des systèmes fermés sur eux-mêmes. La préşence du ı avec un point suscrıt (i) est un emprunt à l'écrıture gothıque <ref>Pierre-Michel Bertrand, ''Le point du i, précis d'érudition pointilliste'', Paris, Imago, 2013</ref>. | ||
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+ | L'arrivée des armées mahométiennes dans la péninsule ibérique et la fin du royaume wisigothique dans le premier quart du VIII<sup><small>ème</small></sup> siècle n'empêche pas la persistance de l'alphabet et de sa graphie. | ||
== Çédılles == | == Çédılles == |
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Çédılle (седила en maçédonıen - cedilha en nıssard) Méthode de simplıfıcaţıon façıle du français. Pour une meilleure acçessıbılıté.
SommaireDıacrıtıquesPendant des mıllénaires, leş homınınes [1] ont eu des pratıques linguıstıques orales avant que, dans quelques régıons du monde, çertaines d'entre elles soient mışes à l'écrıt. Pluşieurs systèmes d'écrıture sont conçus afin de rendre au mıeux l'oralıté. La lecture doit permettre d'en restıtuer la sonorıté et/ou le sens. Tout comme les pratıques linguıstıques de l'oralıté, les systèmes de notaţion ne sont pas fıxes dans le temps. Ilş ont une hıstoire. Ils sont fluctuants. La dıversıté, les changements, leş abandons, les nuances et leş adaptaţıons de l'oralıté sont autant de raisons de les faire évoluer. De les complexıfıer afin qu'ıls répondent au mıeux à l'oralıté qu'ıls transcrıvent. Les plus répandus des systèmes d'écrıture sont leş ıdéogrammes et leş alphabets. Compoşés de lettres, répartıes en consonnes et voyelles, leş alphabets sont complétés par des sıgnes dıacrıtıques quı en modıfıent la prononçıaţıon et/ou le sens. [2] Lorsque les dıacrıtıques apparaissent dans la lettre, dessus, dessous ou à côté, ıls sont dıt inscrıt, suscrıt, souscrıt et adscrıt. Par exemple, l'alphabet dıt arabe utılışe des points suscrıts et souscrıts pour dıfférençıer çertaines de ses lettres compoşées du même graphème de başe — comme ت, ب et ث sont construıts à partır de ٮ — ou pour marquer les trois voyelles brèves avec des dıacrıtıques souscrıt pour le /ı/ et suscrıts pour le /a/ et le /u/. L'alphabet dıt latin comporte aussı des sıgnes dıacrıtıques. Dans les langues romanes ıssues de la fragmentaţıon du latin, les plus courants sont leş acçents et les points. Elles n'ont pas l'uşage des mêmes sıgnes. Pour l'ensemble des langues actuelles utılışant un alphabet latin adapté, ıl exıste une quarantaine de dıacrıtıques dıfférents. Présents dans le castıllan moderne, le tılde suscrıt et l'acçent sur le ı et les consonnes n'exıstent pas en français. En effet, la langue françaişe contemporaine et standardışée intègre leş acçents aigu, grave et çırconflexe et le tréma pour les dıacrıtıques suscrıts des voyelles a, e, o et u. Le point de la voyelle i et de la consonne j est l'hérıtage [3] d'un dıacrıtıque intégré depuıs au graphısme de ces deux lettres sanş en changer la prononçıaţıon. L'adaptaţıon de l'alphabet latin à la notaţıon du français n'utılışe plus aucun dıacrıtıque inscrıt ou adscrıt, comme le ø nordıque ou le e̛ abandonné depuıs l'époque du Trętte̛ de la grammęre franc̨oęze de Louís Meigre̗t [4]. Leş acçents aigu, grave et çırconflexe changent la prononçıaţıon de la lettre e mais pas deş autres voyelles. La sonorıté est ıdentıque entre le grave et le çırconflexe. Contrairement à l'acçent aigu quı est le plus répandu, de très rares mots du lexıque francophone débutent ou fınıssent par un acçent grave. Le çırconflexe se retrouve en premıère plaçe dans quelques rares mots. Le choix entre acçent aigu ou grave pour noter deux sonorıtés est une convenţıon orthographıque mais elle ne correspond pas néçessairement aux pratıques linguıstıques. Dans çertaines régıons de l'espaçe francophone, la différençıaţıon n'est pas entendue. Même les psychorıgıdes de la langue quı sıègent à l'Académıe françaişe héşıtent à préconışer événement plutôt que évènement. [5] En plus de retranscrıre une sonorıté, le dıacrıtıque çırconflexe marque la dısparıţıon d'une lettre — un phénomène appelé amuïssement. Son uşage le plus courant est à la plaçe d'un s aujourd'huı dısparu dans le nom mais (parfois) maintenu dans l'adjectıf. Forêt et forestier, bête et bestial. Mais, plus rarement, le çırconflexe indıque aussı une préşençe révolue d'autres lettres dans, par exemple, aage devenu âge ou piqëure devenu piqûre [6]. Dans ce cas, ıl ne modıfıe pas la prononçıaţıon. Lorsqu'ıl n'y a pas de modıfıcaţıon de prononçıaţıon, les dıacrıtıques acçentués sont utılısés pour dıfférençıer leş homophones. [7] L'acçent grave dıfférençıe le pronom démonstratıf ça [8], synonyme de cela, et l'adverbe de lıeu çà [9], quı se retrouve dans çà et là. Il permet de ne pas confondre le terme psychanalytıque ça [10] et l'interjection çà [11]. L'acçent çırconflexe préçışe aussı le sens du mot en cas d'homophonıe. Il indıque s'ıl faut comprendre sur "au-dessus", sûr "en sécurıté" ou sur "aigre". Le premıer est invarıable, et le second conserve le dıacrıtıque au fémının et au plurıel pour se dıstinguer du troişıème. Selon les normophıles de la langue [12], ıl est néçessaire de maintenır çe çırconflexe alors que, dans la plupart des cas, le contexte de leur uşage suffıt à lever l’ambıguïté.
En français, ıl exıste aussı des lettres dıacrıtıques adscrıtes: le u et le e. Plaçées après un g ou un c elles permettent d'en changer la prononçıaţıon. En effet, le g se prononçe /g/ lorsqu'ıl est suıvı des voyelles a, o ou u — dans gâteau, gober ou gustatif — et /ʒ/ devant e, i et y. Dans gerbe, girouette ou gyrophare. Pour ınverser ce proçessus, ıl est néçessaire d'intercaler des dıacrıtıques adscrıts. Par exemple dans geôle ou gueule. Dans oblıgeant ou Guy. Il en est de même avec le c. Il se dıt /k/ avec les voyelles a, o et u, et /s/ avec leş autres, mais lorsque un u ou un e sont intercalés la prononçıaţıon s'inverse. Ainsı, cellier, cueillir ou berceau. Depuıs la dısparıţıon du e caudata (à queue), noté ę [13], le seul dıacrıtıque souscrıt en français est la çédılle ajoutée à la consonne c, notée ç. Elle permet de forçer la prononçıaţıon en /s/ quelque soit la voyelle quı suıt. Comme avec ça, hameçon ou aperçu. Sa notaţıon fautıve est un rısque de mauvaişe compréhensıon, voire de polémıque: un caleçon n'est pas un çalecon. Wışıgoths & CıeLa fin du Vème sıècle après JCⒸ [14] marque le déclin de l'empıre romain et de sa domınaţıon polıtıque sur le pourtour médıterranéen et l'ouest-européen. Deş îles brıtannıques à l’Égypte, du Maghreb aux rıves de la mer Noire. Leş habıtudes culturelles, les pratıques linguıstıques et l'admınıstraţıon polıtıque sont impactées par çe vaste empıre quı règne pendant pluşıeurs sıècles sur des régıons d'Europe et d'Afrıque du nord. Langue admınıstratıve, mılıtaire et intellectuelle, le latin est utılişé en parallèle avec les pratıques linguıstıques des populaţıons locales. Il est influençé par elles et, en retour, exerçe une pressıon linguıstıque. Des substrats çeltıques, ıbérıques ou germanıques se mêlent aux ıtalıques. L'affaiblıssement polıtıque de l'empıre romain laisse progressıvement la plaçe à des populaţıons d'homınınes venues des terrıtoires de l'est européen. Que çe soient deş homınınes quı fuıent leş attaques des "barbares" d'Aşıe ou quı se lançent dans des conquêtes mılıtaires. Orıgınaires du nord de la mer Noire, des populaţıons de culture germanıque, appelées Goths, se répandent dans tout le sud de l'Europe. Fédéré à l'empıre de Rome danş un premıer temps, un royaume wışıgothıque prend petıt à petıt son indépendançe. Au début du VIème sıècle ıl s'étend sur la péninsule ıbérıque, le quart sud-ouest de la Françe actuelle et la côte médıterranéenne. Sa capıtale est Toulouşe. La péninsule ıtalıque et la côte adrıatıque sont gouvernées par un autre royaume, celuı des ostrogoths. Çe qu'ıl reste de l'empıre se cantonne dans le sud des Balkans et l'est médıterranéen, sous le nom d'Empıre romain d'Orıent. Comme ç'est généralement le cas en de telles çırconstançes, le pouvoir polıtıque n'est pas le reflet deş homınınes sous sa domınaţıon. Du point de vue culturel, linguıstıque ou relıgıeux. Un royaume qualıfıé de wışıgothıque n'ımplıque pas que sa populaţıon le soit. Leş ıdéogrammeş égypţıens inspırent la créaţıon de l'alphabet phénıçıen quı, par sa simplıçıté, se dıffuşe façılement sur tout le pourtour de la Médıterranée et seş arrıères-pays. Ne notant que les consonnes, l'écrıture phénıçıenne sert de başe aux̧ alphabets des langues sémıtıques [15], puıs à l'alphabet grec quı y ajoute des voyelles. Leş ınnovaţıons grecques sont empruntées par leş étrusques quı leş importent dans la pénınsule ıtalıque et adaptent l'alphabet à leurs propres beşoins linguıstıques [16]. Le pouvoir grandıssant de Rome et de sa régıon, appelée Latıum, récupère çet alphabet étrusque pour noter sa propre langue, le latin. Deş adaptaţıons progressıves sont néçessaires pour qu'ıl convıenne au mıeux. Dıfférentes formes de lettres sont modıfıées ou voient le jour au cours des sıècles. Çertaines sont pluş adaptées que d'autres aux multıples supportş et méthodes d'écrıture exıstants. La cursıve capıtale est une façon de dessıner les lettres leş unes à côté deş autres employée à partır du IIème sıècle avant le pseudo-messıe chrıstien. Pluşıeurs graphıes sont inventées afin de répondre aux contraintes de l'écrıture manuscrıte plutôt qu'aux néçessités phonologıques. La paléographıe quı étudıe leş évoluţıons deş écrıtures manuscrıteş ançıennes tente rétrospectıvement de reconstruıre l'hıstoire de çes multıples tentatıves d'écrıre le latin. La majorıté des texteş écrits le sont par des copıstes ou deş homınınes ayant une charge dans des domaines relıgıeux, admınıstratıfs, intellectuels ou mılıtaires. La cursıve mınuscule quı relıe les lettres entre elles est plus facıle à écrıre rapıdement. Son usage se développe entre les IVème et VIIème sıècles. Avec l'extensıon de l'empıre romain, le latin classıque s'est modıfıé au contact deş autres pratıques linguıstıques dans les provinçes conquıses de Gaule, d'Ibérıe, de Daçıe et d'Afrıque du nord. En parallèle deş uşages deş homınınes de pouvoir quı conservent une çertaine proxımıté avec le latin classıque, çe "latin vulgaire" ou "latin populaire" transforme le système de voyelles longues et la prononçıaţıon de çertaines consonnes. Le vocabulaire et la grammaire s'enrıchıssent de nouvelles formes et règles. Proçessus linguıstıque entamé dès le début de l'expansıon romaine, la transformaţıon du latin classıque s'étale sur pluşıeurs sıècles. Des formes régıonales apparaissent. La chute de l'empıre à la fin du Vème sıècle amplıfıe la fragmentaţıon. Polıtıquement, la chute de Rome entraîne l'éclatement du terrıtoire de l'empıre. Après pluşıeurs conflıtş armés entre eux, les royaumes franc, wışıgothıque, burgonde et ostrogothıque se répartıssent çette vaste zone. Approxımatıvement, le premıer prend possessıon de la moitıé nord de la provinçe de Gaule, le sud et l'Hıspanıe romaine devıennent wışıgothıque, le troişıème fait tampon entre les deux préçédents et le dernıer exerçe son autorıté sur la péninsule ıtalıque et la Daçıe balkanıque. Alors que les trois royaumes du nord et du sud-ouest se renforçent et se stabılışent, le royaume ostrogothıque est renversé par les armées romaines dès la fin du VIème sıècle. Puıs le royaume lombard prend le pouvoir dans la péninsule jusqu'à la fin du VIIIème sıècle. Tous çes royaumes ouest-européens marquent l'expansıon maximale des peuplades germanıques [17] venues de l'est. Opportunıstes, leurs arıstocraţıes et leurs mılıtaires qui règnent sur des peuplades d'homınınes de langue et de culture dıfférentes s'adaptent à çette sıtuatıon. Dans chaque royaume se développe une écrıture spécıfıque başée sur un alphabet latin sur meşure. Sans qu'ıl soit possıble de les réduıre à une seule varıante, les paléographes dıstinguent les écritures franque, wışıgothıque et lombarde. Les pluş ancıennes traçes écrıtes de l'exıstence d'une langue romane dıfférençıée du latin datent de la charnıère entre les VIIIème et IXème sıècles. Le plus connu est le Serment de Strasbourg [18] datant de févrıer 842. Les petıts-fıls de l'empereur franc Charlemagne qui se dıvışent son hérıtage terrıtorıale rédıgent un texte en latin avec leurs serments respectıfs écrıts en langues romane et germanıque afin de se faire comprendre de leurs populaţıons. Pluş ancıens, les textes connus sous les noms de Gloses de Cassel [19] et Gloses de Reichenau [20] sont deux brefs lexıques roman/latin destınés à aider les moines chrıstıens à comprendre leur lıvre de chevet favorı, et non pas un texte rédıgé. Cassel est en régıon pıcarde, dans le nord-ouest de la Françe actuelle, et Reichenau est sur une île du lac de Constançe, l'actuelle frontıère entre l'Allemagne, la Suısse et l'Autrıche. "Du VI-VIIème au XIIIème sıècles, la Romanıa se caractérışe par une dıversıté linguıstıque quı peine à dıstinguer les langueş entre elles. Il s'agıt plutôt d'un contınuum, d'un monolinguısme complexe quı n'empêche pas une relatıve intercompréhensıon." [21] Les alphabets et leurs graphıes se stabılışent. Malgré les vıçıssıtudes polıtıques et les changements de rapports de force, avec des nuances, l'écrıture carolıne est adoptée dans le nord de l'ex-empıre romain, la wışıgothıque dans le sud-ouest, la bénéventaine dans le sud de la péninsule ıtalıque et l'insulaire en Grande-Bretagne. Très peu d'homınınes sont alors en mesure de lıre. Çela est une actıvıté margınale, elle est réşervée aux copıstes relıgıeux et aux dıgnıtaires du pouvoir. Malgré de très nombreux traits communs, les graphıeş et les convenţıons ne sont pas ıdentıques entre çes dıfférentş alphabets. Toutes optent pour une versıon mınuscule et une majuscule. L'écrıture mınuscule carolıne, pensée au IXème sıècle, met des espaçes entre les mots et utılışe les lıgatures entre deux lettres. Comme, par exemple, l'esperluette &, une lıgature stylışée entre les lettres "e" et "t". La forme du s et du v se dıfférençıe de çelle de l'alphabet mérovingıen. L'écrıture wışıgothıque a des formes proches pour le r et le s, le haut du ɑ est ouvert et très sımılaire à u. Avec l'une la lettre zède mınuscule s'écrıt z puis ʒ, dans l'autre elle ressemble à ꝣ. Les manuscrıts en écrıture carolıne ou wışıgothıque contıennent quelques sıgnes dıacrıtıques. Essentıellement des pointş et tırets suscrıts. Parfois des points médıans. Quelques rareş acçents et abrévıaţıons fınales sont préşents. Pensées pour rendre les sonorıtés et les changements phonologıques, les convenţıons s'adaptent et les graphıes évoluent. Pour compenser le glıssement entre la prononcıaţıon /k/ de la lettre c vers /ts/ avec les voyelles e et i, deux lettres sont utılışées en dıacrıtıque adscrıt : e et z. Le Cantılène de sainte Eulalıe, pluş ancıen texte lıttéraire de langue romane et daté deş envırons de 880, note czo le démonstratıf ce en écrıture franque. La Chanson de Roland, quelques sıècles plus tard, ne note pas le dıacrıtıque alors que La vıe de Saint Alexıs, datée du XIème sıècle, écrıt zo. Le vaste espaçe linguıstıque que constıtue l'effrıtement du latin en des langues de pluş en plus dıstinctes n'a pas de convenţıon d'écrıture unıque. La normalışaţıon dıfférençıiée est un phénomène quı s'étale sur des sıècles. Dans le nord-est de cet espace, qualıfıé d'anglo-normand, entre les XIIème et XIVème siècles, les spéçıalıstes recensent les formes ça, ce, cea, ceo, cha, ço, cza, sa, saı, scea, sea, sza, za, cya [22] pour le même mot. Leş homınınes quı savent écrıre expérımentent. Les paléographes ne sont pas en mesure de dıre avec préçısıon leş orıgınes exactes et les chemins de toutes les graphıes et proposıţıons d'ınnovaţıons. Leş écrıtures carolıne, wışıgothıque et autres ne sont pas des systèmes fermés sur eux-mêmes. La préşence du ı avec un point suscrıt (i) est un emprunt à l'écrıture gothıque [23]. L'arrivée des armées mahométiennes dans la péninsule ibérique et la fin du royaume wisigothique dans le premier quart du VIIIème siècle n'empêche pas la persistance de l'alphabet et de sa graphie. ÇédıllesNotes
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