Pomme : Différence entre versions

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== Réhabilitation ==
 
== Réhabilitation ==
  
[[Fichier:Deleau.jpeg|200px|vignette|droite|Affiche complotismiste <ref>Sur ''Complots faciles''</ref>]]
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Même si cela est très-très-très marginal, et donc mentionné nulle-part, la protivophilie relève l'existence d'une approche dite ''abeliste'' ou ''abelitioniste''. Ne pas confondre avec ''appeliste'' ou ''abolitionniste'', deux autres pans de la critique sociale radicale. L'idée est de faire connaître le sort fait aux pommes. À toutes les pommes. Leur principal porte-parole est le charismatique Jean-Claude Van Damme qui ose, en 2003, annoncer publiquement que "''Moi, Adam et Eve, j'y crois plus tu vois, parce que je suis pas un idiot : la pomme ça peut pas être mauvais, c'est plein de pectine...''" <ref>Dominique Duforest, ''Parlez-vous le Jean-Claude ?'', 2003</ref> La lutte est lancée. Et elle sera longue. Il faut en finir avec les blagues déplacées, les allusions sulfureuses et les insultes permanentes. Halte à la calomnie et au dénigrement. Guillaume Tell <ref>Guillaume Tell</ref> n'est qu'un infâme pourfendeur de pomme et Isaac Newton <ref>Isaac Newton</ref> s'accapare honteusement les travaux qui concluent à l'existence de la gravité terrestre. L'un transperce avec ses flèches, l'autre regarde une pomme tomber. Par humilité et délicatesse d'esprit, JCVD n'admet jamais qu'il est en quelque sorte dans la continuité de l'œuvre du beatboxer Ludwig van Beethoven <ref>Ludwig van Beethoven</ref> et son fameux "''Pom Pom Pom Pom''" qui ouvre sa cinquième symphonie. <ref>Cinquième symphonie - [En ligne]</ref> Une écriture abeliste de l'histoire des hominines est encore à faire. Il faut faire savoir que Blanche-Neige n'existe pas et que la pomme de l'histoire n'est en rien responsable de l'empoisonnement d'une jeune hominine femelle en cavale. Tout ceci n'est qu'une fiction. Malgré la gravité de l'accusation, le recours à des rhétoriques fallacieuses est totalement proscrit. Inutile d'accuser l'eau pour espérer amoindrir sa propre peine. Elle qui a noyé la presque totalité des hominines et des êtres vivants sur ordre de la divinité dans l'épisode du Déluge. Elle n'y est pour rien.  
Même si cela est très-très-très marginal, et donc mentionné nulle-part, la protivophilie relève l'existence d'une approche dite ''abeliste'' ou ''abelitioniste''. Ne pas confondre avec ''appeliste'' ou ''abolitionniste'', deux autres pans de la critique sociale radicale. L'idée est de faire connaître le sort fait aux pommes. À toutes les pommes. Leur principal porte-parole est le charismatique Jean-Claude Van Damme qui ose, en 2003, annoncer publiquement que "''Moi, Adam et Eve, j'y crois plus tu vois, parce que je suis pas un idiot : la pomme ça peut pas être mauvais, c'est plein de pectine...''" <ref>Dominique Duforest, ''Parlez-vous le Jean-Claude ?'', 2003</ref> La lutte est lancée. Et elle sera longue. Il faut en finir avec les blagues déplacées, les allusions sulfureuses et les insultes permanentes. Guillaume Tell <ref>Guillaume Tell</ref> n'est qu'un infâme pourfendeur de pomme et Isaac Newton <ref>Isaac Newton</ref> s'accapare honteusement les travaux qui concluent à l'existence de la gravité terrestre. L'un transperce avec ses flèches, l'autre regarde une pomme tomber. Par humilité et délicatesse d'esprit, JCVD n'admet jamais qu'il est en quelque sorte dans la continuité de l'œuvre du beatboxer Ludwig van Beethoven <ref>Ludwig van Beethoven</ref> et son fameux "''Pom Pom Pom Pom''" qui ouvre sa cinquième symphonie. <ref>Cinquième symphonie - [En ligne]</ref> Une écriture abeliste de l'histoire des hominines est encore à faire. Il faut faire savoir que Blanche-Neige n'existe pas et que la pomme de l'histoire n'est en rien responsable de l'empoisonnement d'une jeune hominine femelle en cavale. Tout ceci n'est qu'une fiction. Malgré la gravité de l'accusation, le recours à des rhétoriques fallacieuses est totalement proscrit. Inutile d'accuser l'eau pour espérer amoindrir sa propre peine. Elle qui a noyé la presque totalité des hominines et des êtres vivants sur ordre de la divinité dans l'épisode du Déluge. Elle n'y est pour rien.  
 
  
 
=== Biologique ===
 
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La partie de l'anatomie des hominines mâles placée sous la gorge et appelée pomme d'Adam n'a donc rien à voir ni avec une pomme, ni avec Adam. Et inversement. Que cette partie s'appelle ainsi n'est pas une preuve scientifique de l'existence d'Adam et de l'histoire de sa pomme maudite. Elle est l'autre nom, symbolique, de la proéminence laryngée du cartilage thyroïde ! La bosse présente au niveau du larynx et plus visible chez les hominines mâles que chez les femelles. Elle est présente chez l'ensemble des mammifères. Elle se compose de cartilages et sert à protéger les cordes vocales, le larynx ainsi que la glande thyroïde. Elle na jamais été un bout de pomme coincé dans la gorge. Anatomiquement, la pomme est aussi la tête, le crâne ou le visage. De manière figurée, "''Pour ma pomme''" signifie pour soi. Paradoxalement, pour les hominines "''Être une pomme''" n'est pas enviable. Synonyme de crétinisme léger ou de naïveté. La dialectique et la dimension dépréciative sont les mêmes qu'avec ''poire'' et "''Être une poire''". Pour celleux qui n'en ont jamais vu côte-à-côte, l'hominine de petite taille fait, selon l'expression consacrée, environ trois pommes de haut. La mesure est indicative car cela dépend du type de pomme choisi. Du point de vue de la botanique, la pomme est un faux-fruit. Au sens strict, un fruit est la transformation à partir du pistil d'une fleur. La pomme est une induvie, une "''partie accessoire de la fleur qui se développe après la fécondation et enveloppe un ou plusieurs fruits ou graines.''" <ref>Wikitionnaire - [En ligne]</ref> Dans son cas, le fruit véritable est le cœur de la pomme qui contient les graines. Par exemple, la fraise n'est pas le fruit. Celui-ci est la petite graine jaune parsemée sur toute la partie charnue. Toutes les induvies des fleurs n'apportent pas un intérêt nutritif ou gustatif. Cette façon particulière de la pomme de maintenir ses graines dans un petit sac entouré d'une large zone pulpeuse est appelée ''piridion'', du grec "petit sac". <ref>piridion</ref> Une particularité du pommier qui se retrouve dans l'aubépine, le cognassier, le poirier, le néflier et quelques autres. Le niveau de parenté entre les pommiers et les hominines n'est pas aisé à déterminer avec précision. Il y a un lien plus étroit entre animaux et champignons qu'avec les végétaux. Ces trois catégories appartiennent aux eucaryotes, qui constituent l'un des trois règnes du vivant au côté des bactéries et des archées. Ils proviennent tous de LUCA <ref>Acronyme de l'anglais Last Universal Common Ancestor, dernier ancêtre commun universel</ref> qui est le plus récent organisme dont sont issues toutes les espèces vivant actuellement sur Terre. À quelques milliers de millénaires prêts, LUCA fête son 4,2 milliardième anniversaire. Instable et en évolution permanente, iel est une macédoine génétique qui engendre de la diversité et aboutit, entre autres, aux différents légumes de la [[salade niçoise]], au diable de Tasmanie et à [[F. Merdjanov]].
 
La partie de l'anatomie des hominines mâles placée sous la gorge et appelée pomme d'Adam n'a donc rien à voir ni avec une pomme, ni avec Adam. Et inversement. Que cette partie s'appelle ainsi n'est pas une preuve scientifique de l'existence d'Adam et de l'histoire de sa pomme maudite. Elle est l'autre nom, symbolique, de la proéminence laryngée du cartilage thyroïde ! La bosse présente au niveau du larynx et plus visible chez les hominines mâles que chez les femelles. Elle est présente chez l'ensemble des mammifères. Elle se compose de cartilages et sert à protéger les cordes vocales, le larynx ainsi que la glande thyroïde. Elle na jamais été un bout de pomme coincé dans la gorge. Anatomiquement, la pomme est aussi la tête, le crâne ou le visage. De manière figurée, "''Pour ma pomme''" signifie pour soi. Paradoxalement, pour les hominines "''Être une pomme''" n'est pas enviable. Synonyme de crétinisme léger ou de naïveté. La dialectique et la dimension dépréciative sont les mêmes qu'avec ''poire'' et "''Être une poire''". Pour celleux qui n'en ont jamais vu côte-à-côte, l'hominine de petite taille fait, selon l'expression consacrée, environ trois pommes de haut. La mesure est indicative car cela dépend du type de pomme choisi. Du point de vue de la botanique, la pomme est un faux-fruit. Au sens strict, un fruit est la transformation à partir du pistil d'une fleur. La pomme est une induvie, une "''partie accessoire de la fleur qui se développe après la fécondation et enveloppe un ou plusieurs fruits ou graines.''" <ref>Wikitionnaire - [En ligne]</ref> Dans son cas, le fruit véritable est le cœur de la pomme qui contient les graines. Par exemple, la fraise n'est pas le fruit. Celui-ci est la petite graine jaune parsemée sur toute la partie charnue. Toutes les induvies des fleurs n'apportent pas un intérêt nutritif ou gustatif. Cette façon particulière de la pomme de maintenir ses graines dans un petit sac entouré d'une large zone pulpeuse est appelée ''piridion'', du grec "petit sac". <ref>piridion</ref> Une particularité du pommier qui se retrouve dans l'aubépine, le cognassier, le poirier, le néflier et quelques autres. Le niveau de parenté entre les pommiers et les hominines n'est pas aisé à déterminer avec précision. Il y a un lien plus étroit entre animaux et champignons qu'avec les végétaux. Ces trois catégories appartiennent aux eucaryotes, qui constituent l'un des trois règnes du vivant au côté des bactéries et des archées. Ils proviennent tous de LUCA <ref>Acronyme de l'anglais Last Universal Common Ancestor, dernier ancêtre commun universel</ref> qui est le plus récent organisme dont sont issues toutes les espèces vivant actuellement sur Terre. À quelques milliers de millénaires prêts, LUCA fête son 4,2 milliardième anniversaire. Instable et en évolution permanente, iel est une macédoine génétique qui engendre de la diversité et aboutit, entre autres, aux différents légumes de la [[salade niçoise]], au diable de Tasmanie et à [[F. Merdjanov]].
  
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=== Artistique ===
 
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La pomme est présente dans des nombreuses expressions artistiques élaborées par les hominines. Que ce soit dans une recette de compote ou de tarte. Cette dernière est d'ailleurs synonyme de l'usage dépréciatif de ''pomme'' dans le sens de naïveté, de douce bêtise. Dans les faits, "''Être tarte''" est un peu "''Être une bonne pomme''". Même s'il est possible de faire des tartes avec une multitude d'autres fruits. La pomme vient nourrir la liste des fruits et légumes servant aux hominines à s'insulter ou à se rabaisser. Le navet, la poire, la courge, la banane ou le fayot, pour quelques exemples. En plus de servir à en faire des jus, le fruit du pommier est aussi un ingrédient dans la fabrication d'alcools divers. En France, les plus connus sont les cidres obtenus par fermentation et les calvados qui sont des eaux-de-vie issues de distillation.
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Bien au-delà de la question de l'impact de la consommation d'alcool sur la création artistique, la pomme inspire. Dans l'univers des chansons de l'espace francophone, les deux plus notables sont la comptine enfantine ''Pomme de reinette et pomme d'api'' et le tube de la fin des années 1950 de Sacha Distel intitulé ''Scoubidou''.
  
 
[[Fichier:Pommcout.jpg|300px|vignette|droite]]
 
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La pomme est présente dans des nombreuses expressions artistiques élaborées par les hominines. Que ce soit dans une recette de compote ou de tarte. Cette dernière est d'ailleurs synonyme de l'usage dépréciatif de ''pomme'' dans le sens de naïveté, de douce bêtise. Dans les faits, "''Être tarte''" est un peu "''Être une bonne pomme''". Même s'il est possible de faire des tartes avec une multitude d'autres fruits. La pomme vient nourrir la liste des fruits et légumes servant aux hominines à s'insulter ou à se rabaisser. Le navet, la poire, la courge, la banane ou le fayot, pour quelques exemples. En plus de servir à en faire des jus, le fruit du pommier est aussi un ingrédient dans la fabrication d'alcools divers. En France, les plus connus sont les cidres obtenus par fermentation et les calvados qui sont des eaux-de-vie issues de distillation.
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Il existe plusieurs versions de la comptine et ses origines ne sont pas clairement identifiées. Contrairement à la version moderne chantée par les enfants, le folkloriste Adolphe Orain recense en 1897 <ref>Adolphe Orain, ''Folk-lore de l'Ille-et-Vilaine: De la vie à la mort'', 1897 - [https://archive.org/details/folkloredelille01oraigoog/page/n59/mode/2up En ligne]</ref> en Ille-et-Vilaine une version dans laquelle elle avait un début différent et constituait une véritable histoire : celle d'une vendeuse de fruits qui s'installe à Paris et y vend des pommes de reinette et d'api. Les origines de ces noms de pommes font débat. L’appellation reinette est mentionnée pour la première fois dans la première moitié du XVI<sup><small>ème</small></sup> siècle. Elle désigne une variété de pomme apparue en Normandie au début de ce siècle. Son orthographe est ''rainette'', ''raynette'' ou ''reinette''. <ref>''Dictionnaire de l'ancienne langue française et de tous ses dialectes du IXe au XVe siècle'', tome X "Complément", 1902 - [https://archive.org/details/GodefroyDictionnaire10/page/n483/mode/2up En ligne]</ref> Dans ''Les origines de la langue françoise'' de 1650, la raison d'un tel nom questionne : "''Peut-être de ''reginetta'' comme qui dirait la reine des Pommes; ou plutôt de ''raine'' qui signifie ''grenouille'', et qui a été fait de ''rana'' car ce fruit est marqué ''[de petites taches]'' comme le ventre des grenouilles. Dans le Boulenois ''[Boulonnais]'' on dit encore à présent ''raine'' pour une ''grenouille''. Cette signification se retrouve dans une ''Ballade de Villon''.''" <ref>Gilles Ménage, ''Les origines de la langue françoise'', 1650 - [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k10402303/f626.item En ligne]</ref> Le mot ''rainette'' dérive du latin ''rana'' qui a le sens de grenouille et l'emploi de ''raine'' est confirmé par des dictionnaires historiques du XVIII<sup><small>ème</small></sup> siècle. <ref>"Raine" dans Jean-Baptiste de La Curne de Sainte-Palaye, ''Dictionnaire historique de l'ancien langage françois ou Glossaire de la langue françoise'', tome IX - [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k50688w/f23.item En ligne]</ref> Même questionnement sur l'étymologie de pomme d'Api. Dans la troisième édition de ''L'Abrégé des bons fruits, avec la manière de les connoistre et de cultiver les arbres'', parue en 1690, Jean Merlet précise qu'elle est "''une pomme sauvage qui s'est trouvée dans la forêt d'Apis en Bretagne''" <ref>Jean Merlet, ''L'Abrégé des bons fruits, avec la manière de les connoistre et de cultiver les arbres'', 1690 - [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k8702258t/f154.image En ligne]</ref>, sans plus de précision sur la localisation de cette forêt qui n'existe plus sous ce nom. Il indique que cette variété se retrouve aussi en Normandie et qu'elle "''est des meilleures à faire cidre, aussi bien qu'à manger crue''". Si l'on se fie à ces quelques précisons, il est envisageable que la chansonnette soit originaire de l'ouest de la France. Impossible de trancher sur ces hypothétiques étymologies. La comptine enfantine ''Pomme de reinette et pomme d'api'' s'en passe très bien pour exister en tant que telle. Tout comme l'absence de la mention de la vendeuse de fruits n'empêche en rien la transmission orale de cette chansonnette. Une fin a même été ajoutée pour servir de base à un jeu de mains. Par glissement phonologique, la comptine a évolué. "''D'apis, d'apis rouge''" et "''D'apis, d'apis gris''" sont parfois "''Tapis''". Si des variantes conservent encore le cœur de cette chansonnette consacrée aux pommes, comme la québécoise "''Pomme d'arinette et pomme d'api''", d'autres versent dans l'absence de sens pour seulement conserver la sonorité rythmique. "''Pomparinette et pontapi''" <ref>Variantes de la chanson ''Pomme de reinette et pomme d'api'' - [https://www.mamalisa.com/?t=f_family&c=585 En lien]</ref> ne veut rien dire.
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Beaucoup plus contemporaine, la chanson de Sacha Distel est une adaptation en français de ''Apples, Peaches and Cherries'' ("Pommes, pêches et cerises"), chantée en 1954 par Peggy Lee <ref>''Apples, Peaches and Cherries'' est d'abord interprétée en 1947 par Josh White. La version de Peggy Lee - [https://www.youtube.com/watch?v=sH11gKkPns0 En ligne] et la version de Josh White - [https://youtu.be/CZZmBGky5e4?feature=shared En ligne]</ref> et composée par le poète Abel Meeropol. <ref>Abel Meeropol</ref> Ce dernier est l'auteur de la célèbre chanson antiesclavagiste ''Strange Fruit'' ("Fruit étrange") interprétée en 1939 par Billie Holliday. Les fruits symbolisent ici les corps des hominines qui se font pendre au seul motif d'avoir la peau noire. Il ne faut pas faire dans la controverse facile : Abel Meeropol n'est pas un horrible détracteur des pommes. Que ce soit dans ''Apples, Peaches and Cherries'' ou dans son adaptation en 1959 par le parolier Maurice Tézé en ''Scoubidou'', il est question de fruits et de scoubidous. Dans les deux cas, la chute de la chanson prend la forme d'une recommandation à l'auditoire. Il est plus question de fantaisie que de morale. Le texte étasunien narre l'histoire d'un hominine mâle qui s'amourache de la jeune et charmante fille du marchand de fruit qui passe sous ses fenêtres, et avec qui il a finalement 10 enfants. Il est donc conseillé de prendre garde aux marchands qui crient "''Pommes, pêches et cerises''". La version chantée par Sacha Distel en conserve l'idée générale. Elle raconte la rencontre [[Amour|amoureuse]] entre un jeune hominine mâle et une femelle. <ref>mâle et une femelle</ref> Elle est vendeuse de fruits et s'installe rapidement chez sa moitié mâle à qui elle ne veut faire manger que des pommes et des poires à la place des repas. Moralité, "''Célibataire vaut mieux rester / Plutôt que de croquer''". Sous entendu la pomme. L'expression "''Croquer la pomme''" a une dimension sentimentale et/ou sexuelle. Elle reprend le sens des mythologies grecques antiques où Dionysos crée la pomme pour l’offrir à Aphrodite, sa maîtresse et déesse de l'amour. Le mot ''scoubidou'' est inventé pour la version française afin de remplacer  "''skoo-bee-doo-bee-skoo-doo''", une onomatopée rythmique <ref>onomatopée rythmique</ref> qui ne veut rien dire.
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<blockquote>''Les chanteurs, dès qu'ils la bouclent, on les oublie. L'oreille est un conduit, rien n'y séjourne.'' <ref>San-Antonio, ''Faut-être logique'', 1974</ref> </blockquote>
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Tout comme ''Pomme de reinette et pomme d'api'' a subi des modifications, ''Scoubidou'' est très largement dénaturé. L'histoire racontée est passée totalement au second plan et seul le refrain est véritablement resté dans la mémoire collective musicale. Prononcez "''Des pommes. Des poires''" sur le bon air de musique et "''scou-bi-dou-bi-dou-wa''" est immédiatement chantonné. Cette onomatopée va connaître une seconde vie. Un loisir passe-temps consistant à tresser ensemble des fils de plastique de différentes couleurs prend le nom de Scoubidou dans les années 1980. <ref>scoubidou</ref> Habilement, une chose qui ne sert à rien est nommée par un mot qui ne veut rien dire. Un peu comme avec [[Jargon|schmilblick]] ou le [[Tac-Tac]]. Le loisir nihiliste découle du titre de la chanson, et non l'inverse. La vendeuse de fruits ne vendait pas des pommes, des poires et des Scoubidous. Ni n'essayait d'en faire manger à son compagnon.  
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Les arts visuels ont aussi une responsabilité dans la façon dont les pommes sont perçues parmi les hominines. Pendant des siècles, les représentations de la mythologie de la pomme d'Adam et Ève ne cessent de les montrer comme synonyme de malheur et de souffrance. Elle illustre un modèle explicatif qui est un mensonge, et donne donc une explication fallacieuse à la réalité des hominines. Une étude approfondie est encore nécessaire pour déterminer si la peinture montre plus souvent des pommiers dans une forêt ou un verger qu'une pomme cueillie. Les natures mortes en regorgent.  
  
Elle inspire
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Le sort fait aux pommes dans l'art est difficilement envisageable. Deux exemples suffisent à résumer. Dans l'un elle est au cœur de l'histoire, le personnage principal qui aident les hominines, dans l'autre elle est totalement absente alors qu'elle avait toute sa place. En 2004, le documentariste danois Anders-Thomas Jensen réalise ''Adam's Apples'' <ref>Anders-Thomas Jensen, ''Adam's Apples'', 2004. Bande-annonce [https://www.youtube.com/watch?v=3TLhuHLptJE en ligne]</ref>, littéralement les pommes d'Adam. Il suit la folle vie d'Adam, un néo-nazi condamné pour un délit mineur et envoyé dans un centre de réinsertion pour ex-prisonniers tenu par un pasteur christien, Ivan. Celui-ci vit avec son enfant lourdement handicapé et accueille déjà trois autres hominines. Khalid, un immigré qui braque seulement des stations-service, Gunnar un ex-champion de tennis condamné pour viol et Sarah, une ancienne alcoolique. Le projet de réinsertion d'Adam est de veiller sur le pommier, attendre que les pommes mûrissent puis de faire un gâteau avec. D'une ironie à "''Se fendre la pomme''" <ref>Existe goût poire</ref>, à rigoler avec l'absurde. Les choses ont changé en près de quatre siècles. L'absence de centralité de la pomme dans ''La Tragique histoire d'Hamlet, prince de Danemark'' de William Shakespeare <ref>William Shakespeare, ''La Tragique histoire d'Hamlet, prince de Danemark'', 1603</ref> remonte à 1603, date de sa publication. Elle raconte sa tentative de venger l'assassinat de son père, par son oncle et beau-père, via une pièce de théâtre. Un classique de la littérature anglo-saxonne. La tirade la plus célèbre est sans conteste "''To be or not to be, that is the question''", "Être ou ne pas être, la question est là" — parfois "''Être ou n'être pas''" — avec laquelle Hamlet interroge ses petits problèmes existentiels. La vie, la mort, la vengeance, le sens, la justice, etc. Elle est la première phrase du monologue de Hamlet dans la première scène de l'acte III. La mise en scène classique le montre agenouillé sur une jambe, s'adressant à un crâne qu'il tient dans sa main, face à lui. La symbolique est forte. Que d'analyses savantes, d'écrits littéraires, de références et de décorticages de son sens et de ses implications. Et pourtant, une pomme aurait très bien pu tenir ce rôle. Non pas une représentation idéalisée mais un peu flétrie avec "''un ver dans la pomme''" car est-ce vraiment une façon si pertinente de poser la question ? N'est-ce pas "''Beaucoup de bruit pour rien''" pour reprendre le titre d'un texte shakespearien ?
  
Pomme de reinette et pomme d'api
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''La vie n’est qu’une ombre errante ; un pauvre acteur''<br />
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''Qui se pavane et s’agite une heure sur la scène''<br />
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''Et qu’ensuite on n’entend plus ; c’est une histoire''<br />
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''Racontée par un idiot, pleine de bruit et de fureur,''<br />
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''Et qui ne signifie rien.'' <ref>Shakespeare, ''Macbeth'', acte V, scène 5. Cité à l'entrée "beaucoup de bruit pour rien" dans F. Merdjanov, ''Analectes de rien'', Gemidžii Éditions, 2017.</ref><br />
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</blockquote>
  
 
=== Philosophique ===
 
=== Philosophique ===

Version actuelle datée du 13 juillet 2025 à 21:43

Pomme (јаболко en macédonien - pom en nissard) Être ou ne pas (en) être (une).


[En cours de rédaction]


Avertissement

Jes.jpg

Bien que les religions et les mythologies de toutes sortes soient des œuvres de fiction, elles impactent durablement, non pas seulement les imaginaires des hominines [1], mais aussi leurs comportements car elles sont, par essence, productrices de normes sociales et morales. Lorsqu'elles n'en sont pas les sources, elles en sont les légitimations. Tout autant constitutives de réalité que véritable réalicide pour les hominines qui y croient et/ou les subissent. L'amour divin a bien souvent des allures de parc à bestiaux et d'abattoir à ciel ouvert.

Dans les trois monothéismes qui naissent et se développent dans les territoires du sud-est de la Méditerranée au cours des derniers millénaires, il y a la croyance naïve d'une divinité suprême qui crée toutes choses. Elle seule est incréée — bien qu'existante ! — et son monde est un chaos infini, un grand tohu-bohu [2]. De l'hébreu ancien תֹ֙הוּ֙ וָבֹ֔הוּ, de tōhū "vide, néant, désert, solitude" et bōhū "vide". Probablement par ennui de vivre dans la solitude, cette divinité se forge un univers tangible, peuplé d'êtres vivants, entièrement soumis à son bon vouloir. Apparaissent les végétaux et les animaux. Elle instaure que l'hominine est l'animal auquel les autres doivent obéir. Unique de son espèce, l'hominine se nomme Adam. Né trop tôt pour connaître les anti-dépresseurs, il ne peut rester seul sans prendre le risque de se perdre dans ses pensées. Ève est créée pour lui tenir compagnie. Trop égocentrique, Adam ne comble pas la curiosité d'Ève. Enfreignant l'interdiction dictée par la divinité, elle propose à Adam de manger avec elle du fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal. Le serpent lui a dit que cela serait une bonne chose. Plutôt que manger ce serpent pour le faire taire définitivement, les deux hominines décident de passer à l'acte. En colère pour cette désobéissance, l'entité divine chasse ses hominines de leur "paradis" où la nourriture ne manque pas et les condamne à vivre durement du travail de la terre. Ainsi que toute leur descendance. Dieu est très exigeant en amour. Selon ce scénario mythologique, cet épisode marque le début de la réalité historique des hominines et de leurs civilisations.

La traduction en latin des textes moïsiens et christiens sur cette pré-histoire mythologique, écrits en hébreu, en araméen et en grec, présente quelques difficultés. Quel est donc le fruit de cet arbre dit de la connaissance du bien et du mal ? Les avis divergent et parfois il est dit qu'il s'agit d'une figue, d'une poire, d'une grenade ou d'une grappe de raisin. Tout se joue autour de la traduction du mot malum. Le latin tardif ne fait plus la distinction entre les voyelles longues et courtes, ainsi il y a confusion entre mālum et mălum. Le premier, emprunté au grec parlé dans le sud de la péninsule italique, désigne les fruits arrondis [3] alors que le second est d'origine latine avec le sens de mal ou mauvais [4]. L'un se retrouve en français dans melon [5] ou camomille [6] et l'autre dans tous les dérivés à partir de la racine mal, comme par exemple malheur, maladie ou malhonnête. En latin, poma désigne les fruits à noyaux ou à pépins. La datation du glissement de sens entre malum et pomme n'est pas établie mais il intervient dans le contexte des pratiques linguistiques qui se rattachent au latin du nord de l'empire romain. Cette possibilité de "jeu de mot" ne fonctionne pas dans les langues d'écriture des plus anciens textes de cette mythologie. D'après les traductions du mot français pomme dans les différentes langues latine d'Europe, il semble que celles du nord adoptent des dérivés de poma alors que les autres conservent des dérivés de malum. Par exemple, le normand poume et l'occitan poma, ou l'italien et le corse mela. Dans l'espace germanique l'étymon n'est pas le même et donne apfel en allemand et apple en anglais. Une racine qui se retrouve aussi dans les langues slaves, via аблъко, prononcez /ablŭko/, qui a le sens de pomme. Le latin abellāna désigne une noisette. Un fruit à noyaux et de forme arrondie. Vestige de cette racine latine, le dictionnaire de l'Académie française rapporte qu'une aveline est une variété de grosse noisette, et l'avelinier est l'arbrisseau qui les porte. [7]. Au XIème siècle après leur messie, les récits légendaires christiens autour du roi Arthur et de sa quête du Graal [8] conservent le sens de "pomme" de l'étymon commun aux langues germaniques, celtiques ou italiques. L'île d'Avallon, où le roi Arthur part en convalescence et où son épée magique Excalibur est forgée, est désignée comme l'île aux pommes. Merlin le magicien enseigne sous un pommier. [9]

Pendant des siècles, les représentations artistiques de ce fruit défendu oscillent entre raisin, pomme et vigne, et il est à noter que Adam et Ève ont généralement une feuille de vigne pour cacher leur sexe. Les pratiques linguistiques francophones les plus anciennes utilisent pome ou pume pour désigner le fruit du pommier. [10] Le sens générique de fruit est encore présent en français moderne dans pomologie qui est la science des fruits ou dans les locutions pomme de pin, pomme de terre ou le désuet pomme d'amour qui désigne la tomate [11]. L'aspect arrondi est attesté dans les locutions pomme d'arrosoir ou de douche, dans le pommeau d'une canne ou d'une épée. [12]

Les symboliques et/ou les conséquences parmi les sociétés christiennes de ce mythe fondateur sont de trois ordres. Spéciste, sexiste et pommiste. Cette hiérarchisation dicte que les hominines sont une espèce qui règne sur les autres, que l'élément femelle de ce duo primordial est responsable de l'expulsion du paradis, et que la pomme est le symbole absolu du malheur des hominines. Au cours des siècles, des hominines femelles ont fait entendre leurs voix pour protester contre les symboles et les conséquences d'un tel imaginaire misogyne. La critique antispéciste s'en nourrit. Mais les seules à ne pas être entendues sont les première concernées, les pommes elles-mêmes. Culpabilisées à l'extrême, elles se désespèrent. Extrait d'une interview exclusive protivophile de l'une d'elles, rendue publique en 2022 :

Je ne peux rien pour toi
Lalalalala
Si tu entends ma voix
Je ne sais pas pourquoi
Lalalalala
Tu souffres autant de moi [13]

Réhabilitation

Même si cela est très-très-très marginal, et donc mentionné nulle-part, la protivophilie relève l'existence d'une approche dite abeliste ou abelitioniste. Ne pas confondre avec appeliste ou abolitionniste, deux autres pans de la critique sociale radicale. L'idée est de faire connaître le sort fait aux pommes. À toutes les pommes. Leur principal porte-parole est le charismatique Jean-Claude Van Damme qui ose, en 2003, annoncer publiquement que "Moi, Adam et Eve, j'y crois plus tu vois, parce que je suis pas un idiot : la pomme ça peut pas être mauvais, c'est plein de pectine..." [14] La lutte est lancée. Et elle sera longue. Il faut en finir avec les blagues déplacées, les allusions sulfureuses et les insultes permanentes. Halte à la calomnie et au dénigrement. Guillaume Tell [15] n'est qu'un infâme pourfendeur de pomme et Isaac Newton [16] s'accapare honteusement les travaux qui concluent à l'existence de la gravité terrestre. L'un transperce avec ses flèches, l'autre regarde une pomme tomber. Par humilité et délicatesse d'esprit, JCVD n'admet jamais qu'il est en quelque sorte dans la continuité de l'œuvre du beatboxer Ludwig van Beethoven [17] et son fameux "Pom Pom Pom Pom" qui ouvre sa cinquième symphonie. [18] Une écriture abeliste de l'histoire des hominines est encore à faire. Il faut faire savoir que Blanche-Neige n'existe pas et que la pomme de l'histoire n'est en rien responsable de l'empoisonnement d'une jeune hominine femelle en cavale. Tout ceci n'est qu'une fiction. Malgré la gravité de l'accusation, le recours à des rhétoriques fallacieuses est totalement proscrit. Inutile d'accuser l'eau pour espérer amoindrir sa propre peine. Elle qui a noyé la presque totalité des hominines et des êtres vivants sur ordre de la divinité dans l'épisode du Déluge. Elle n'y est pour rien.

Biologique

Affiche complotismiste [19]

La partie de l'anatomie des hominines mâles placée sous la gorge et appelée pomme d'Adam n'a donc rien à voir ni avec une pomme, ni avec Adam. Et inversement. Que cette partie s'appelle ainsi n'est pas une preuve scientifique de l'existence d'Adam et de l'histoire de sa pomme maudite. Elle est l'autre nom, symbolique, de la proéminence laryngée du cartilage thyroïde ! La bosse présente au niveau du larynx et plus visible chez les hominines mâles que chez les femelles. Elle est présente chez l'ensemble des mammifères. Elle se compose de cartilages et sert à protéger les cordes vocales, le larynx ainsi que la glande thyroïde. Elle na jamais été un bout de pomme coincé dans la gorge. Anatomiquement, la pomme est aussi la tête, le crâne ou le visage. De manière figurée, "Pour ma pomme" signifie pour soi. Paradoxalement, pour les hominines "Être une pomme" n'est pas enviable. Synonyme de crétinisme léger ou de naïveté. La dialectique et la dimension dépréciative sont les mêmes qu'avec poire et "Être une poire". Pour celleux qui n'en ont jamais vu côte-à-côte, l'hominine de petite taille fait, selon l'expression consacrée, environ trois pommes de haut. La mesure est indicative car cela dépend du type de pomme choisi. Du point de vue de la botanique, la pomme est un faux-fruit. Au sens strict, un fruit est la transformation à partir du pistil d'une fleur. La pomme est une induvie, une "partie accessoire de la fleur qui se développe après la fécondation et enveloppe un ou plusieurs fruits ou graines." [20] Dans son cas, le fruit véritable est le cœur de la pomme qui contient les graines. Par exemple, la fraise n'est pas le fruit. Celui-ci est la petite graine jaune parsemée sur toute la partie charnue. Toutes les induvies des fleurs n'apportent pas un intérêt nutritif ou gustatif. Cette façon particulière de la pomme de maintenir ses graines dans un petit sac entouré d'une large zone pulpeuse est appelée piridion, du grec "petit sac". [21] Une particularité du pommier qui se retrouve dans l'aubépine, le cognassier, le poirier, le néflier et quelques autres. Le niveau de parenté entre les pommiers et les hominines n'est pas aisé à déterminer avec précision. Il y a un lien plus étroit entre animaux et champignons qu'avec les végétaux. Ces trois catégories appartiennent aux eucaryotes, qui constituent l'un des trois règnes du vivant au côté des bactéries et des archées. Ils proviennent tous de LUCA [22] qui est le plus récent organisme dont sont issues toutes les espèces vivant actuellement sur Terre. À quelques milliers de millénaires prêts, LUCA fête son 4,2 milliardième anniversaire. Instable et en évolution permanente, iel est une macédoine génétique qui engendre de la diversité et aboutit, entre autres, aux différents légumes de la salade niçoise, au diable de Tasmanie et à F. Merdjanov.

Originaire d'Asie centrale, le pommier est attesté autour de 50 millions d'années avant le présent. Il peut mesurer quelques dizaines de mètres et vivre plusieurs centaines d'années. [23] Les botanistes désigne sous le nom de Malus la vaste famille des pommiers. La dissémination du pommier hors de l'Asie centrale est généralement expliquée par la consommation du fruit par des ours qui consomment les plus juteux et les plus sucrés, et de fait répandent les graines via leurs déjections. La diversité naît de ce processus de sélection. L'ère d'extension de ces antiques pommiers va de la Chine à l’Égypte, en passant par l'Europe. La plus ancienne preuve d'utilisation de pommiers sauvages en Europe date de quatre millénaires : de petites pommes cueillies de l'espèce Malus sylvestris (Pommier des bois) ont été retrouvées coupées et séchées sur un site néolithique du Jura. Des recherches génétiques récentes ont montré que le pommier domestique (Malus domestica) est issu de l'espèce centrasiatique Malus sieversii et non de Malus sylvestris. Durant des siècles, les hominines sélectionnent les graines et utilisent le système de greffe [24] pour créer une multitude de variétés qui correspondent à leurs besoins — consommation crue ou cuite, en alcool et décorative. Sur le pourtour méditerranéen, la culture du pommier domestique et des greffes est déjà connue par les civilisations antiques pharaonique et hellénique. Dans cette dernière, la nymphe Pomone [25], divinité des arbres fruitiers et des jardins cultivés, est souvent représentée avec une pomme à la main.

De la beauté, une fleur en aurait-elle par hasard ?
Un fruit aurait-il par hasard de la beauté ?
Que non : ils ont couleur et forme
Et existence, rien de plus.
La beauté est le nom de quelque chose qui n’existe pas.
Que je donne aux choses en échange du plaisir qu’elles me donnent.
Elle ne signifie rien.
Alors pourquoi est-ce que je dis des choses : elles sont belles ? [26]

Alors que ses pommes sont petites et âpres, le Malus sylvestris est occasionnellement utilisé pour être le porte-greffe de variétés domestiques. Le pommier domestique se caractérise entre autre par sa petite taille, d'où le nom de Malus pumila — du latin pumilus "nain" — qui lui est parfois donné. Depuis le XVIème siècle en Europe, les deux variétés de pommier domestique qui servent souvent de porte-greffe sont le pommier Doucin (ou Douçain) et le pommier (de) Paradis. Le premier, de plus grande taille, se nomme ainsi d'après un dérivé du mot douce. Le second tient son nom du botaniste Leonhart Fuchs qui, en 1542, publie De historia stirpium commentarii insignes (Commentaires remarquables à propos de l'histoire des plantes) où il précise que "les poètes latins nous apprennent que la pomme dans laquelle Ève et Adam mordirent avec tant de convoitise, appartenait précisément à cette variété, d'où vient qu'ensuite on lui donna le nom du lieu alors habité par eux, le Paradis terrestre" ! La structure génétique de la pomme fait que des semis réalisés à partir de graines d'une même pomme ne donnent pas nécessairement la même variété. Pour ce faire, il est donc préférable de réaliser des greffons. De nos jours, il existe un peu plus de 20000 variétés de pommiers créées par les hominines. Selon les chiffres de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), la production mondiale s'élève en 2022 à environ 100 millions de tonnes, toutes variétés confondues. La Chine représente près de la moitié de cette production. En 2024, la France a produit un peu moins de 1500 tonnes. [27] Les variétés les plus produites sont, par ordre décroissant, la Golden, la Gala, la Pink Lady et la Granny.

Artistique

La pomme est présente dans des nombreuses expressions artistiques élaborées par les hominines. Que ce soit dans une recette de compote ou de tarte. Cette dernière est d'ailleurs synonyme de l'usage dépréciatif de pomme dans le sens de naïveté, de douce bêtise. Dans les faits, "Être tarte" est un peu "Être une bonne pomme". Même s'il est possible de faire des tartes avec une multitude d'autres fruits. La pomme vient nourrir la liste des fruits et légumes servant aux hominines à s'insulter ou à se rabaisser. Le navet, la poire, la courge, la banane ou le fayot, pour quelques exemples. En plus de servir à en faire des jus, le fruit du pommier est aussi un ingrédient dans la fabrication d'alcools divers. En France, les plus connus sont les cidres obtenus par fermentation et les calvados qui sont des eaux-de-vie issues de distillation.

Bien au-delà de la question de l'impact de la consommation d'alcool sur la création artistique, la pomme inspire. Dans l'univers des chansons de l'espace francophone, les deux plus notables sont la comptine enfantine Pomme de reinette et pomme d'api et le tube de la fin des années 1950 de Sacha Distel intitulé Scoubidou.

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Il existe plusieurs versions de la comptine et ses origines ne sont pas clairement identifiées. Contrairement à la version moderne chantée par les enfants, le folkloriste Adolphe Orain recense en 1897 [28] en Ille-et-Vilaine une version dans laquelle elle avait un début différent et constituait une véritable histoire : celle d'une vendeuse de fruits qui s'installe à Paris et y vend des pommes de reinette et d'api. Les origines de ces noms de pommes font débat. L’appellation reinette est mentionnée pour la première fois dans la première moitié du XVIème siècle. Elle désigne une variété de pomme apparue en Normandie au début de ce siècle. Son orthographe est rainette, raynette ou reinette. [29] Dans Les origines de la langue françoise de 1650, la raison d'un tel nom questionne : "Peut-être de reginetta comme qui dirait la reine des Pommes; ou plutôt de raine qui signifie grenouille, et qui a été fait de rana car ce fruit est marqué [de petites taches] comme le ventre des grenouilles. Dans le Boulenois [Boulonnais] on dit encore à présent raine pour une grenouille. Cette signification se retrouve dans une Ballade de Villon." [30] Le mot rainette dérive du latin rana qui a le sens de grenouille et l'emploi de raine est confirmé par des dictionnaires historiques du XVIIIème siècle. [31] Même questionnement sur l'étymologie de pomme d'Api. Dans la troisième édition de L'Abrégé des bons fruits, avec la manière de les connoistre et de cultiver les arbres, parue en 1690, Jean Merlet précise qu'elle est "une pomme sauvage qui s'est trouvée dans la forêt d'Apis en Bretagne" [32], sans plus de précision sur la localisation de cette forêt qui n'existe plus sous ce nom. Il indique que cette variété se retrouve aussi en Normandie et qu'elle "est des meilleures à faire cidre, aussi bien qu'à manger crue". Si l'on se fie à ces quelques précisons, il est envisageable que la chansonnette soit originaire de l'ouest de la France. Impossible de trancher sur ces hypothétiques étymologies. La comptine enfantine Pomme de reinette et pomme d'api s'en passe très bien pour exister en tant que telle. Tout comme l'absence de la mention de la vendeuse de fruits n'empêche en rien la transmission orale de cette chansonnette. Une fin a même été ajoutée pour servir de base à un jeu de mains. Par glissement phonologique, la comptine a évolué. "D'apis, d'apis rouge" et "D'apis, d'apis gris" sont parfois "Tapis". Si des variantes conservent encore le cœur de cette chansonnette consacrée aux pommes, comme la québécoise "Pomme d'arinette et pomme d'api", d'autres versent dans l'absence de sens pour seulement conserver la sonorité rythmique. "Pomparinette et pontapi" [33] ne veut rien dire.

Beaucoup plus contemporaine, la chanson de Sacha Distel est une adaptation en français de Apples, Peaches and Cherries ("Pommes, pêches et cerises"), chantée en 1954 par Peggy Lee [34] et composée par le poète Abel Meeropol. [35] Ce dernier est l'auteur de la célèbre chanson antiesclavagiste Strange Fruit ("Fruit étrange") interprétée en 1939 par Billie Holliday. Les fruits symbolisent ici les corps des hominines qui se font pendre au seul motif d'avoir la peau noire. Il ne faut pas faire dans la controverse facile : Abel Meeropol n'est pas un horrible détracteur des pommes. Que ce soit dans Apples, Peaches and Cherries ou dans son adaptation en 1959 par le parolier Maurice Tézé en Scoubidou, il est question de fruits et de scoubidous. Dans les deux cas, la chute de la chanson prend la forme d'une recommandation à l'auditoire. Il est plus question de fantaisie que de morale. Le texte étasunien narre l'histoire d'un hominine mâle qui s'amourache de la jeune et charmante fille du marchand de fruit qui passe sous ses fenêtres, et avec qui il a finalement 10 enfants. Il est donc conseillé de prendre garde aux marchands qui crient "Pommes, pêches et cerises". La version chantée par Sacha Distel en conserve l'idée générale. Elle raconte la rencontre amoureuse entre un jeune hominine mâle et une femelle. [36] Elle est vendeuse de fruits et s'installe rapidement chez sa moitié mâle à qui elle ne veut faire manger que des pommes et des poires à la place des repas. Moralité, "Célibataire vaut mieux rester / Plutôt que de croquer". Sous entendu la pomme. L'expression "Croquer la pomme" a une dimension sentimentale et/ou sexuelle. Elle reprend le sens des mythologies grecques antiques où Dionysos crée la pomme pour l’offrir à Aphrodite, sa maîtresse et déesse de l'amour. Le mot scoubidou est inventé pour la version française afin de remplacer "skoo-bee-doo-bee-skoo-doo", une onomatopée rythmique [37] qui ne veut rien dire.

Les chanteurs, dès qu'ils la bouclent, on les oublie. L'oreille est un conduit, rien n'y séjourne. [38]

Tout comme Pomme de reinette et pomme d'api a subi des modifications, Scoubidou est très largement dénaturé. L'histoire racontée est passée totalement au second plan et seul le refrain est véritablement resté dans la mémoire collective musicale. Prononcez "Des pommes. Des poires" sur le bon air de musique et "scou-bi-dou-bi-dou-wa" est immédiatement chantonné. Cette onomatopée va connaître une seconde vie. Un loisir passe-temps consistant à tresser ensemble des fils de plastique de différentes couleurs prend le nom de Scoubidou dans les années 1980. [39] Habilement, une chose qui ne sert à rien est nommée par un mot qui ne veut rien dire. Un peu comme avec schmilblick ou le Tac-Tac. Le loisir nihiliste découle du titre de la chanson, et non l'inverse. La vendeuse de fruits ne vendait pas des pommes, des poires et des Scoubidous. Ni n'essayait d'en faire manger à son compagnon.

Les arts visuels ont aussi une responsabilité dans la façon dont les pommes sont perçues parmi les hominines. Pendant des siècles, les représentations de la mythologie de la pomme d'Adam et Ève ne cessent de les montrer comme synonyme de malheur et de souffrance. Elle illustre un modèle explicatif qui est un mensonge, et donne donc une explication fallacieuse à la réalité des hominines. Une étude approfondie est encore nécessaire pour déterminer si la peinture montre plus souvent des pommiers dans une forêt ou un verger qu'une pomme cueillie. Les natures mortes en regorgent.

Le sort fait aux pommes dans l'art est difficilement envisageable. Deux exemples suffisent à résumer. Dans l'un elle est au cœur de l'histoire, le personnage principal qui aident les hominines, dans l'autre elle est totalement absente alors qu'elle avait toute sa place. En 2004, le documentariste danois Anders-Thomas Jensen réalise Adam's Apples [40], littéralement les pommes d'Adam. Il suit la folle vie d'Adam, un néo-nazi condamné pour un délit mineur et envoyé dans un centre de réinsertion pour ex-prisonniers tenu par un pasteur christien, Ivan. Celui-ci vit avec son enfant lourdement handicapé et accueille déjà trois autres hominines. Khalid, un immigré qui braque seulement des stations-service, Gunnar un ex-champion de tennis condamné pour viol et Sarah, une ancienne alcoolique. Le projet de réinsertion d'Adam est de veiller sur le pommier, attendre que les pommes mûrissent puis de faire un gâteau avec. D'une ironie à "Se fendre la pomme" [41], à rigoler avec l'absurde. Les choses ont changé en près de quatre siècles. L'absence de centralité de la pomme dans La Tragique histoire d'Hamlet, prince de Danemark de William Shakespeare [42] remonte à 1603, date de sa publication. Elle raconte sa tentative de venger l'assassinat de son père, par son oncle et beau-père, via une pièce de théâtre. Un classique de la littérature anglo-saxonne. La tirade la plus célèbre est sans conteste "To be or not to be, that is the question", "Être ou ne pas être, la question est là" — parfois "Être ou n'être pas" — avec laquelle Hamlet interroge ses petits problèmes existentiels. La vie, la mort, la vengeance, le sens, la justice, etc. Elle est la première phrase du monologue de Hamlet dans la première scène de l'acte III. La mise en scène classique le montre agenouillé sur une jambe, s'adressant à un crâne qu'il tient dans sa main, face à lui. La symbolique est forte. Que d'analyses savantes, d'écrits littéraires, de références et de décorticages de son sens et de ses implications. Et pourtant, une pomme aurait très bien pu tenir ce rôle. Non pas une représentation idéalisée mais un peu flétrie avec "un ver dans la pomme" car est-ce vraiment une façon si pertinente de poser la question ? N'est-ce pas "Beaucoup de bruit pour rien" pour reprendre le titre d'un texte shakespearien ?

La vie n’est qu’une ombre errante ; un pauvre acteur
Qui se pavane et s’agite une heure sur la scène
Et qu’ensuite on n’entend plus ; c’est une histoire
Racontée par un idiot, pleine de bruit et de fureur,
Et qui ne signifie rien. [43]

Philosophique

Notes

  1. hominines
  2. tohu-bohu
  3. mālum
  4. mălum
  5. melon
  6. camomille
  7. aveline - En ligne
  8. quête du Graal
  9. Collectif, La Pomme : Histoire, symbolique & cuisine, Sang de la Terre, 1998
  10. pome ou pume
  11. tomate
  12. pommeau
  13. Pomme, "Rien de toi" sur l'album Consolation, 2022 - En ligne
  14. Dominique Duforest, Parlez-vous le Jean-Claude ?, 2003
  15. Guillaume Tell
  16. Isaac Newton
  17. Ludwig van Beethoven
  18. Cinquième symphonie - [En ligne]
  19. Sur Complots faciles
  20. Wikitionnaire - [En ligne]
  21. piridion
  22. Acronyme de l'anglais Last Universal Common Ancestor, dernier ancêtre commun universel
  23. Actuelle forêt primaire
  24. greffe
  25. Pomone
  26. Alberto Caeiro, "XXVI", Le gardeur de troupeaux. Cité par Adrien Neir dans Autoportrait d'un inconnu à partir de rien écrit par d'autres ou le pot-pourrien, inédit
  27. Selon l'Association Nationale Pommes Poires - En ligne
  28. Adolphe Orain, Folk-lore de l'Ille-et-Vilaine: De la vie à la mort, 1897 - En ligne
  29. Dictionnaire de l'ancienne langue française et de tous ses dialectes du IXe au XVe siècle, tome X "Complément", 1902 - En ligne
  30. Gilles Ménage, Les origines de la langue françoise, 1650 - En ligne
  31. "Raine" dans Jean-Baptiste de La Curne de Sainte-Palaye, Dictionnaire historique de l'ancien langage françois ou Glossaire de la langue françoise, tome IX - En ligne
  32. Jean Merlet, L'Abrégé des bons fruits, avec la manière de les connoistre et de cultiver les arbres, 1690 - En ligne
  33. Variantes de la chanson Pomme de reinette et pomme d'api - En lien
  34. Apples, Peaches and Cherries est d'abord interprétée en 1947 par Josh White. La version de Peggy Lee - En ligne et la version de Josh White - En ligne
  35. Abel Meeropol
  36. mâle et une femelle
  37. onomatopée rythmique
  38. San-Antonio, Faut-être logique, 1974
  39. scoubidou
  40. Anders-Thomas Jensen, Adam's Apples, 2004. Bande-annonce en ligne
  41. Existe goût poire
  42. William Shakespeare, La Tragique histoire d'Hamlet, prince de Danemark, 1603
  43. Shakespeare, Macbeth, acte V, scène 5. Cité à l'entrée "beaucoup de bruit pour rien" dans F. Merdjanov, Analectes de rien, Gemidžii Éditions, 2017.