Agélaste : Différence entre versions
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− | '''Agélaste''' ( en [[macédonien]] - en [[nissard]]) Zoonose anhilarante | + | '''Agélaste''' (''агеласт'' en [[macédonien]] - ''agelaste'' en [[nissard]]) Zoonose <ref>Une zoonose est une maladie et une infection qui se transmet d'une espèce à l'autre.</ref> anhilarante |
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− | Comme beaucoup de mots de la langue [[Français|française]], les racines de ''agélaste'' sont à chercher du côté de la péninsule hellénique où les différents parlers "grecs" antiques fournissent des étymons à plusieurs futures langues d'Europe. ''Agélaste'' est constitué du préfixe privatif ''a-'', de la racine grecque ''γελάω'' ("gelao") qui signifie ''rire'', et du suffixe ''-aste''. La première mention de ''agélaste'' remonte à François Rabelais dans ''Le quart livre des faicts et dicts heroiques du bon Pantagruel'' <ref>Rabelais, ''Le quart livre des faicts et dicts heroiques du bon Pantagruel'', 1552 - [https://fr.wikisource.org/wiki/Les_%C5%92uvres_de_Fran%C3%A7ois_Rabelais_(%C3%89ditions_Marty-Laveaux)/LeQuartLivre/Texte_entier#cite_note-17 En ligne]</ref> en 1552. Il le note ''agelaʃte'', avec l'[[Esse longue (Lettre)|ancienne graphie]] de la lettre ''s'' en vigueur à son époque. Dans son petit lexique en préambule, Rabelais indique qu'il l'emprunte à un texte de Cicéron, ''Sur la fin des bonnes et mauvaises choses'' <ref>Cicéron, ''Sur la fin des bonnes et mauvaises choses'', livre V, chapitre XXX - [https://la.wikisource.org/wiki/De_finibus_bonorum_et_malorum/Liber_Quintus En ligne]</ref> écrit en latin et publié en 45 avant JC<sup>Ⓒ</sup> <ref>Célèbre agélaste</ref> et à Pline l'Ancien dans le tome VII de son ''Histoire naturelle'' parue en 77 après. Tout deux précisent que le surnom ''Agelastos'' est donné à un certain Crassus qui n'aurait rigolé qu'une seule fois dans sa vie. Une information tirée des ''Satires'' de Caius Lucilius <ref>Caius Lucilius, ''Satires'', II<sup><small>ème</small></sup> siècle av. JC<sup>Ⓒ</sup> - [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5774036g En ligne]</ref> datées du II<sup><small>ème</small></sup> siècle avant JC<sup>Ⓒ</sup>. Un usage ancien de ''Agelastos'' en grec se retrouve dans les récits mythologiques. Au IV<sup><small>ème</small></sup> siècle, le poète Callimaque surnomme ainsi le personnage de la mythologie gréco-romaine Pluton <ref>Selon Ovide, ''Les Métamorphoses'' - [https://fr.wikisource.org/wiki/Les_M%C3%A9tamorphoses En ligne]</ref>, le "''dieu des Enfers''". Un métier difficile dont il n'y a pas de quoi rire. Selon le ''Dictionnaire général de la langue française et vocabulaire universel des sciences, des arts et des métiers'' de 1842, l'Agélaste ou Agélastie est une "''pierre célèbre dans l'Attique, sur laquelle se reposa [la divinité] Cérès fatiguée [et triste] de chercher sa fille Proserpine [enlevée par Pluton].''" <ref>''Dictionnaire général de la langue française et vocabulaire universel des sciences, des arts et des métiers'', 1842 - [https://books.google.fr/books?id=m3_U5bTwe-IC&hl=fr&pg=PA34#v=onepage&q&f=false En ligne]</ref> Elle est parfois simplement nommée pierre agélaste. L'usage de ''agélaste'' n'est pas réservé au domaine mythologique. Des philosophes grecs du V<sup><small>ème</small></sup> siècle, Héraclite, Anaxagore et Aristoxène, sont déjà qualifiés d'agélastes <ref>D'après le ''Grand dictionnaire national illustré d'histoire et de géographie : faits historiques, biographie des hommes célèbres'', 1879 - [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6567099c En ligne]</ref>. Dans l'antiquité grecque, deux rois d'une dynastie se prénomment Agelas. Premier du nom règne à la fin du X<sup><small>ème</small></sup> siècle avant JC<sup>Ⓒ</sup> et le second un siècle plus tard. La question du rire divise : | + | Comme beaucoup de mots de la langue [[Français|française]], les racines de ''agélaste'' sont à chercher du côté de la péninsule hellénique où les différents parlers "grecs" antiques fournissent des étymons à plusieurs futures langues d'Europe. ''Agélaste'' est constitué du préfixe privatif ''a-'', de la racine grecque ''γελάω'' ("gelao") qui signifie ''rire'', et du suffixe ''-aste''. La première mention de ''agélaste'' remonte à François Rabelais dans ''Le quart livre des faicts et dicts heroiques du bon Pantagruel'' <ref>Rabelais, ''Le quart livre des faicts et dicts heroiques du bon Pantagruel'', 1552 - [https://fr.wikisource.org/wiki/Les_%C5%92uvres_de_Fran%C3%A7ois_Rabelais_(%C3%89ditions_Marty-Laveaux)/LeQuartLivre/Texte_entier#cite_note-17 En ligne]</ref> en 1552. Il le note ''agelaʃte'', avec l'[[Esse longue (Lettre)|ancienne graphie]] de la lettre ''s'' en vigueur à son époque. Dans son petit lexique en préambule, Rabelais indique qu'il l'emprunte à un texte de Cicéron, ''Sur la fin des bonnes et mauvaises choses'' <ref>Cicéron, ''Sur la fin des bonnes et mauvaises choses'', livre V, chapitre XXX - [https://la.wikisource.org/wiki/De_finibus_bonorum_et_malorum/Liber_Quintus En ligne]</ref> écrit en latin et publié en 45 avant JC<sup>Ⓒ</sup> <ref>Célèbre agélaste né entre 7 et 5 avant lui-même</ref> et à Pline l'Ancien dans le tome VII de son ''Histoire naturelle'' parue en 77 après. Tout deux précisent que le surnom ''Agelastos'' est donné à un certain Crassus qui n'aurait rigolé qu'une seule fois dans sa vie. Une information tirée des ''Satires'' de Caius Lucilius <ref>Caius Lucilius, ''Satires'', II<sup><small>ème</small></sup> siècle av. JC<sup>Ⓒ</sup> - [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5774036g En ligne]</ref> datées du II<sup><small>ème</small></sup> siècle avant JC<sup>Ⓒ</sup>. Un usage ancien de ''Agelastos'' en grec se retrouve dans les récits mythologiques. Au IV<sup><small>ème</small></sup> siècle, le poète Callimaque surnomme ainsi le personnage de la mythologie gréco-romaine Pluton <ref>Selon Ovide, ''Les Métamorphoses'' - [https://fr.wikisource.org/wiki/Les_M%C3%A9tamorphoses En ligne]</ref>, le "''dieu des Enfers''". Un métier difficile dont il n'y a pas de quoi rire. Selon le ''Dictionnaire général de la langue française et vocabulaire universel des sciences, des arts et des métiers'' de 1842, l'Agélaste ou Agélastie est une "''pierre célèbre dans l'Attique, sur laquelle se reposa [la divinité] Cérès fatiguée [et triste] de chercher sa fille Proserpine [enlevée par Pluton].''" <ref>''Dictionnaire général de la langue française et vocabulaire universel des sciences, des arts et des métiers'', 1842 - [https://books.google.fr/books?id=m3_U5bTwe-IC&hl=fr&pg=PA34#v=onepage&q&f=false En ligne]</ref> Elle est parfois simplement nommée pierre agélaste. L'usage de ''agélaste'' n'est pas réservé au domaine mythologique. Des philosophes grecs du V<sup><small>ème</small></sup> siècle, Héraclite, Anaxagore et Aristoxène, sont déjà qualifiés d'agélastes <ref>D'après le ''Grand dictionnaire national illustré d'histoire et de géographie : faits historiques, biographie des hommes célèbres'', 1879 - [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6567099c En ligne]</ref>. Dans l'antiquité grecque, deux rois d'une dynastie se prénomment Agelas. Premier du nom règne à la fin du X<sup><small>ème</small></sup> siècle avant JC<sup>Ⓒ</sup> et le second un siècle plus tard. La question du rire divise : |
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− | Trois autres noms sont régulièrement cités. Buster Keaton, Joseph Staline et Margaret | + | Trois autres noms sont régulièrement cités. Buster Keaton, Joseph Staline et Margaret Tatcher. Le premier pour son personnage cinématographique burlesque et muet, toujours à l'air impassible quoi qu'il lui arrive et qui lui vaut d'être surnommé "''l'homme qui ne rit jamais''". Difficile de confirmer que Joseph "Staline" Djougachvili <ref>Joseph Djougachvili, surnommé "D'Acier" (Staline en russe), dirige d'une main de fer l'Union soviétique entre les années 1920 et sa mort en 1953. Pour rire de sa mort, voir ''La mort de Staline'', 2018. Bande-annonce [https://www.youtube.com/watch?v=8npJaoQBXP8 en ligne]</ref> soit un véritable agélaste, par contre il est facile de penser qu'il est à minima gélotophobie. Qu'il croie, à raison ou pas, que l'on se moque de lui ou de sa politique peut en effet mener quiconque au pire. Et s'il est katagélasticiste, il est préférable de prendre son mal en patience pour que ses gags ne riment pas avec goulag. Plus de dix ans après sa mort, aucun recueil de blagues, calembours et devinettes de l'ancienne première ministre britannique Margaret Tchatcher n'a encore été publié. Surnommée la "Dame de fer" elle est plus célèbre pour sa capacité à ôter le sourire sur les visages britanniques. Elle est plus ''gélaphage'' ou ''gélophage'' qu'autre chose. Parole de gréviste. Ce petit panel d'agélastes hypothétiques n'est pas complet sans Droopy, le chien de Tex Avery. Avec son air impassible il en a toute les apparences, comme Buster Keaton, mais il n'est pas le dernier à utiliser l'humour. |
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− | L'absence des dictionnaires rend compliquée l'utilisation de '' | + | L'absence des dictionnaires rend compliquée l'utilisation de ''agélaste'' et ses dérivés, et minimise sa capacité à se répandre. De fait, son usage est cantonné à des cercles littéraires et intellectuels restreints. Les agélastes n'aspirent pas à une reconnaissance publique. La discrétion est de mise, mais le rire a meilleure réputation depuis que les visions les plus rétrogrades des autorités christiennes se sont un peu atténuées. |
<blockquote>''Ne riez pas, ne dites rien qui provoque le rire'' <ref>Citation d'Ignace de Loyola, fondateur de la ''Compagnie de Jésus'' plus connue sous le nom de Jésuites</ref></blockquote> | <blockquote>''Ne riez pas, ne dites rien qui provoque le rire'' <ref>Citation d'Ignace de Loyola, fondateur de la ''Compagnie de Jésus'' plus connue sous le nom de Jésuites</ref></blockquote> | ||
− | À défaut de pouvoir lister des citations d'hominines qui emploient le terme d'agélaste, afin d'en faciliter son utilisation, la [[protivophilie]] propose une courte liste de quelques synonymes. Seuls les termes épicènes sont proposés afin d'être utilisable en toutes circonstances. Il n'y a pas véritablement de synonymes dans la langue française mais plutôt des proximités de sens. Il en est ainsi pour ''morose'', ''taciturne'', ''triste'', ''apathique'', ''acariâtre'', ''sinistre'', ''lugubre'', ''sombre'', ''austère'' et quelques autres encore. Ils n'expriment pas directement une agélastie mais définissent une absence de rire, parce que jugé hors-propos. Et cette absence n'est pas un absolu, elle est uniquement liée aux situations particulières. Elle est un effacement et non une négation du rire. Hormis dans les cas les plus graves, ces termes proches d'agélaste ne décrivent pas nécessairement un état définitif. Personne ne naît agélaste, mais tout le monde peut le devenir. Ou l'avoir été. L'excès d'agélatie peut-elle | + | À défaut de pouvoir lister des citations d'hominines qui emploient le terme d'agélaste, afin d'en faciliter son utilisation, la [[protivophilie]] propose une courte liste de quelques synonymes. Seuls les termes épicènes sont proposés afin d'être utilisable en toutes circonstances. Il n'y a pas véritablement de synonymes dans la langue française mais plutôt des proximités de sens. Il en est ainsi pour ''morose'', ''taciturne'', ''triste'', ''apathique'', ''acariâtre'', ''sinistre'', ''lugubre'', ''sombre'', ''austère'' et quelques autres encore. Ils n'expriment pas directement une agélastie mais définissent une absence de rire, parce que jugé hors-propos. Et cette absence n'est pas un absolu, elle est uniquement liée aux situations particulières. Elle est un effacement et non une négation du rire. Hormis dans les cas les plus graves, ces termes proches d'agélaste ne décrivent pas nécessairement un état définitif. Personne ne naît agélaste, mais tout le monde peut le devenir. Ou l'avoir été. L'excès d'agélatie peut-elle engendrer une affection dite ''agélastite'', l'allergie au rire ? Dans ces différents états agélastiques, il n'est pas question de choix de l'être ou pas. La notion de choix existe néanmoins dans le vaste monde des agélastes. Elle se retrouve dans des mots comme ''digne'', ''estimable'', ''respectable'', ''honorable'', ''noble'', etc. Tout ce avec quoi il ne faut pas rigoler. Pour ne citer que les deux exemples les plus classiques, la religion, la philosophie, la morale et la politique sont des univers de pensée dans lesquels le rire est regardé avec suspicion. Alors même que Taciturne I<sup><small>er</small></sup> lui-même affirme "''J’ai canonisé le rire ; outre-hominines, apprenez donc – à rire !''" dans sa célèbre comédie ''Ainsi parlait Zarathoustra''. Dans ces systèmes d'évidences de pensées collectives, "''Mourir de rire''" peut être une expression à prendre vraiment au sérieux. L'argument semble imparable : qui peut contester qu'autodérision rime avec trahison ! Idem dans la gastronomie. Le chef Édouard Herriot <ref>Édouard Herriot (1872-1957) est un homme politique "de gauche" et membre de l'Académie française</ref> affirme avec le sourire que "''la politique, c'est comme l'andouillette, ça doit sentir un peu la merde, mais pas trop.''" Il est applaudit pour son humour et donne depuis son nom à une rue de [[Nice]] et à un square dans la petite ville de Gélos <ref>La ville de Gélos tient son nom du terme béarnais ''gélos'' "jaloux". Rien à voir avec la racine grecque ''gélos'' liée au rire</ref>, près de Pau. Ses choix culinaires l'ont considérablement éloigné de la gastronomie protivophile pour qui "''même avec une bonne recette, la politique c'est comme l'andouillette, ça sent toujours trop la merde.''" Mais dans ce cas, pas de rue, ni de square. |
<blockquote>''Le rire n’énonce rien, mais qu’il éclate, pourtant, et la circulation des énoncés s’interrompt, les énoncés, d’être ramenés à leur énonciation, se démasquent : la capacité d’interruption se déduit précisément de la dissymétrie radicale des deux terrains. Le rire ne dit rien sur la vérité, mais ''il montre du doigt tous les mensonges'' – à commencer par celui qui voudrait nous faire croire en la nécessité d’une théorie de la vérité pour savoir ce qu’est le mensonge.'' <ref>Michel Le Bris, ''L’homme aux semelles de vent'', Grasset, 1977. Cité dans ''Poésie par le fait/faire'' - [https://analectes2rien.legtux.org/images/PDF/Poezi.pdf En ligne]</ref></blockquote> | <blockquote>''Le rire n’énonce rien, mais qu’il éclate, pourtant, et la circulation des énoncés s’interrompt, les énoncés, d’être ramenés à leur énonciation, se démasquent : la capacité d’interruption se déduit précisément de la dissymétrie radicale des deux terrains. Le rire ne dit rien sur la vérité, mais ''il montre du doigt tous les mensonges'' – à commencer par celui qui voudrait nous faire croire en la nécessité d’une théorie de la vérité pour savoir ce qu’est le mensonge.'' <ref>Michel Le Bris, ''L’homme aux semelles de vent'', Grasset, 1977. Cité dans ''Poésie par le fait/faire'' - [https://analectes2rien.legtux.org/images/PDF/Poezi.pdf En ligne]</ref></blockquote> | ||
− | Une autre méthode pour favoriser l'emploi d'un mot est de proposer une forme verbale. Partant de rien, il est possible de choisir avec quelle terminaison doit-il s'écrire. Intersectionnelle par méthode, la protivophilie préconise le troisième groupe de conjugaison. Celui des irréguliers et avec un infinitif en ''-ir''. Ainsi, ''agélastir''. Il est possible d'agélastir et de se faire agélastir. Par contre ''être agélasti'' ou ''être agélastie'' n'existent pas car cet infinitif doit être accordé en genre. Donc sans intérêt. Selon les conjugaisons classiques de verbe en ''-ir'' de ce groupe, ''j'agélaste'' au présent de l'indicatif, ''tu agélastais'' à l'imparfait , ''nous agélasterons'' au futur simple. Et l'indispensable subjonctif imparfait ''que vous agélastissiez''. Ceci dans le cas | + | Une autre méthode pour favoriser l'emploi d'un mot est de proposer une forme verbale. Partant de rien, il est possible de choisir avec quelle terminaison doit-il s'écrire. Intersectionnelle par méthode, la protivophilie préconise le troisième groupe de conjugaison. Celui des irréguliers et avec un infinitif en ''-ir''. Ainsi, ''agélastir''. Il est possible d'agélastir et de se faire agélastir. Par contre ''être agélasti'' ou ''être agélastie'' n'existent pas car cet infinitif doit être accordé en genre. Donc sans intérêt. Selon les conjugaisons classiques de verbe en ''-ir'' de ce groupe, ''j'agélaste'' au présent de l'indicatif, ''tu agélastais'' à l'imparfait, ''nous agélasterons'' au futur simple. Et l'indispensable subjonctif imparfait ''que vous agélastissiez''. Ceci dans le cas où agélastir se conjugue comme ''ouvrir''. S'il est dans la lignée de ''mourir'', cela donne de potentielles formes autres. Si ''je meurs'' alors que ''nous mourrons'', ''j'agélaste'' mais ''nous agelostons''. Les deux possibilités ne s'opposent pas nécessairement et sont conformes à l'étymologie et l'histoire de l'orthographe. La langue française a, par exemple, le verbe ''asseoir'' qui se conjugue de deux façons. Libre à qui veux l'une ou l'autre, ''j'assieds'' ou ''j'assois'' au présent. Cette problématique de la conjugaison du rire n'est pas nouvelle et n'est pas cantonnée à la seule langue française, elle est déjà au cœur de ''La conjuration du rire'' du russe Velimir Khlebnikov : |
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<blockquote>''[...] à tout répond mon rire'' <ref>F. Merdjanov (attribué à), ''Le Tout, le Rien'', non daté - [https://analectes2rien.legtux.org/index.php/15-inedits/398-le-tout-le-rien-2 En ligne]</ref></blockquote> | <blockquote>''[...] à tout répond mon rire'' <ref>F. Merdjanov (attribué à), ''Le Tout, le Rien'', non daté - [https://analectes2rien.legtux.org/index.php/15-inedits/398-le-tout-le-rien-2 En ligne]</ref></blockquote> | ||
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+ | La question qui reste jusqu'à aujourd'hui sans réponse est de savoir dans quelle mesure les agélastes sont une forme de zoonose anhilarante. Comment évaluer le risque réel de transmission des hominines vers les autres animaux ? Des études complémentaires devront être menées. | ||
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Agélaste (агеласт en macédonien - agelaste en nissard) Zoonose [1] anhilarante
SommaireÉtymologieComme beaucoup de mots de la langue française, les racines de agélaste sont à chercher du côté de la péninsule hellénique où les différents parlers "grecs" antiques fournissent des étymons à plusieurs futures langues d'Europe. Agélaste est constitué du préfixe privatif a-, de la racine grecque γελάω ("gelao") qui signifie rire, et du suffixe -aste. La première mention de agélaste remonte à François Rabelais dans Le quart livre des faicts et dicts heroiques du bon Pantagruel [2] en 1552. Il le note agelaʃte, avec l'ancienne graphie de la lettre s en vigueur à son époque. Dans son petit lexique en préambule, Rabelais indique qu'il l'emprunte à un texte de Cicéron, Sur la fin des bonnes et mauvaises choses [3] écrit en latin et publié en 45 avant JCⒸ [4] et à Pline l'Ancien dans le tome VII de son Histoire naturelle parue en 77 après. Tout deux précisent que le surnom Agelastos est donné à un certain Crassus qui n'aurait rigolé qu'une seule fois dans sa vie. Une information tirée des Satires de Caius Lucilius [5] datées du IIème siècle avant JCⒸ. Un usage ancien de Agelastos en grec se retrouve dans les récits mythologiques. Au IVème siècle, le poète Callimaque surnomme ainsi le personnage de la mythologie gréco-romaine Pluton [6], le "dieu des Enfers". Un métier difficile dont il n'y a pas de quoi rire. Selon le Dictionnaire général de la langue française et vocabulaire universel des sciences, des arts et des métiers de 1842, l'Agélaste ou Agélastie est une "pierre célèbre dans l'Attique, sur laquelle se reposa [la divinité] Cérès fatiguée [et triste] de chercher sa fille Proserpine [enlevée par Pluton]." [7] Elle est parfois simplement nommée pierre agélaste. L'usage de agélaste n'est pas réservé au domaine mythologique. Des philosophes grecs du Vème siècle, Héraclite, Anaxagore et Aristoxène, sont déjà qualifiés d'agélastes [8]. Dans l'antiquité grecque, deux rois d'une dynastie se prénomment Agelas. Premier du nom règne à la fin du Xème siècle avant JCⒸ et le second un siècle plus tard. La question du rire divise :
Rabelais introduit agélaste dans la langue française du milieu du XVIème siècle sous forme d'un nom. La définition qu'il en donne est "Poinct ne rians, triſtes, faſcheux", il conserve donc le sens ancien de "Qui ne rit pas", "Qui n'a pas le sens de l'humour". Rabelais indique qu'il n'apprécie pas les agélastes car leurs calomnies l'ont fait hésiter à arrêter d'écrire. L'introduction de ce nouveau nom induit de multiples possibilités pour le décliner. Par extension, les agélastes sont les hominines qui font preuve d'une certaine agélastie. Cette dernière peut aussi revêtir un sens pathologique. Le mot agélaste est épicène : Il peut être utilisé au masculin ou au féminin grammatical sans que cela change sa forme. De par son orthographe il convient à une forme adjectivale. Une personne n'est pas uniquement un ou une agélaste, elle peut aussi être qualifiée d'agélaste. Un comportent agélaste ou d'agélaste est typiquement agélastique. Lorsqu'il ne s'agit pas d'un comportement net mais plutôt d'une tendance ou d'un état d'être, le néologisme agélasticité est conforme aux constructions classiques dans la langue française. Une forme verbale est envisageable. Agélaster ou se faire agélaster ? Voire agélastir. Ces possibilités offrent des nuances entre adopter pour soi-même une attitude agélastique, pour se défendre ou protester par exemple, et subir les manigances d'agélastes ou alors de se retrouver sans envie ou possibilité de rire. Agélastement introduit une dimension psychologique ou sociologique des comportements agélastiques et agélastiquement sous-entend un caractère tactique, une manière de faire spécifique. Quelle soit volontaire ou non. L'étude de l'ensemble des caractéristiques agélastes sont le domaine de l’agélastologie et de ses agélastologues ou agélastologistes qui cherchent les raisons de l'absence de rire et décrivent ce qui en découle pour les hominines. Leurs travaux et leurs argumentaires sont qualifiés de agélastologiques. Rien de tel que agélasterie pour donner une petite pointe ironique à cette absence. Ou d'agacement : "Encore une de tes agélasteries !" Un procédé peut être agélastérien. Comme tout phénomène, des hominines s'en emparent pour le défendre, le promouvoir ou le réformer. C'est le rôle que se donnent les agélastophiles avec leur agélastophilie. Inéluctablement, naissent des oppositions ou des peurs parmi les hominines qui se sentent plutôt agélastophobes. Milan Kundera, selon ses propres dires, affirme son agélastophobie. Afin d'éviter les errements phobiques, il est possible en gardant le même sens de proposer anagélatophile ou anagélaste grâce au privatif an-.
UsagesMais aucun de tous ces mots n'est présent dans les dictionnaires modernes de langue française. Même agélaste ou agelaste n'y sont pas mentionnés, hormis s'il s'agit de dictionnaires ornithologiques car les agelastes sont deux espèces de pintades d'Afrique de l'ouest [11]. Entre les XVII et XIXème siècles, plusieurs dictionnaires recensent ce mot [12]. La langue française moderne conserve la racine grecque de rire dans de rares mots de son vocabulaire et dans des domaines très spécialisés. La gélotophobie est la peur pathologique d'être victime de moqueries et de blagues. Ce dont raffolent les katagélasticistes [13], les hominines qui prennent plaisir à rire et se moquer des autres. La gélothérapie qui propose le rire comme thérapie est l'application médicale de la gélotologie qui étudie les effets du rire. Les dérivés gélotologue et gélotologique sont aussi attestés. Dans le domaine médical, gélastique est utilisé pour qualifier une "crise épileptique comportant comme seul signe, ou signe principal, un éclat de rire singulier, immotivé" selon le Dictionnaire médical de l'Académie de Médecine. [14] Encore plus rare, l'adjectif gélasin·e. Selon le dictionnaire Littré il n'est employé que dans deux cas particuliers : Des dents gélasines sont celles qui se découvrent lors de rires et des fossettes gélasines sont celles qui se forment sur les joues des hominines qui rient. [15] Si ce n'est la "normalisation linguistique", il n'y a aucune raison pour que cela reste cantonné à ces deux seules expressions. En effet, des larmes de joie peuvent être gélasines. Une nervosité peut l'être avec le fameux rire nerveux. Ou un orgasme gélasin. Etc. Carmine Mangone rappelle qu'une amertume ou une tristesse peut aussi être gélasine.
Dans la lignée du philosophe grec Aristote qui pense au IVème siècle avant JCⒸ que "L’Homme est le seul animal qui ait la faculté de rire" [17], Rabelais affirme à tort que "le rire est le propre de l'Homme" dans Gargantua [18]. Depuis, de jeunes primates ont fait la démonstration de leur capacité à rire [19]. Si la plus ancienne preuve en images animées de la présence du rire chez les hominines préhistoriques date du documentaire La guerre du feu [20], la représentation fixe la plus ancienne d'hominines en train de rire, ou d'esquisser un sourire, date de plus de 17000 ans. Dans la grotte de la Marche, dans le département français de la Vienne, des gravures sur pierre sont "découvertes" au début du XXème siècle dont certaines montrent explicitement des visages gélasins [21]. Lorsque Rabelais se dit allergique aux agélastes, à celleux qui ne rient pas, il parle plus probablement des misogélastes [22], celleux qui détestent le rire. Les misogélastes refusent le rire. Jugé, au choix, trop décalé, offensant, inapproprié, dangereux, inutile, etc. Bref, pas assez sérieux. Il y a toute une nuance entre l'agélaste et son contraire l'hypergélaste [23]. Il est difficile de reprocher de ne pas rire à tout. Les aspects humoristiques de quelque chose sont relatifs à qui dit et qui entend. Ce qui faisait rire ne le fera pas nécessairement dans le futur, ce qui amuse des hominines attriste d'autres. La plus ancienne blague recensée date d'environ 4000 ans. Cet humour sumérien est très Pipi-Caca : "Il y a une chose qui n'est jamais arrivée depuis des temps immémoriaux : une jeune femme s'est retenue de péter sur les genoux de son mari." Les pets amusent déjà. Loin du jeu de mot "Naître esclave de tout. N’être esclave de rien" supposément retrouvé lors de fouilles archéologiques protivophiles sur un site sumérien[24]. Rédigé en grec ancien dans le courant du IIIème siècle avant JCⒸ, le Philogelos [25] — l'ami du rire — est le premier recueil d'histoires drôles connu. Il en contient 265. Les cibles sont, entre autres, les charlatans, les eunuques et les hominines femelles, les personnes ayant mauvaise haleine et les intellectuels. Ces derniers sont moqués pour leurs connaissances livresques et leur ultracrépidarianisme — l'art de donner son avis sur des sujets que l'on ne connaît pas. L'une des blagues du Philogelos met en scène un intellectuel qui exerce la médecine. Une personne vient le voir et lui dit : "Docteur, quand je me lève le matin, pendant une demi-heure je vois tout sombre, et ce n'est qu'après que j'y vois clair". Le médecin lui répond : "Tu n'as qu'à te réveiller une demi-heure plus tard". La prétention intellectuelle est raillée. Quelques histoires drôles romaines sont aussi répertoriées. En Europe de l'ouest, la plus ancienne trace écrite de blagues est le Codex d'Exeter, un recueil poétique rédigé en vieil-anglais à la fin du Xème siècle. Presque une centaine d'énigmes et devinettes. Certaines sont toujours actuelles et jouent déjà sur des ressorts sexués ambigus pour créer l'effet comique. "Splendide, elle pend / Le long de la cuisse d'un homme, / Sous la cape du maître. / Devant, il y a un trou. / Elle est raide et dure ; / Et occupe une place de choix. / Quand le jeune homme / Soulève son vêtement / Au dessus du genou, / C'est qu'il souhaite visiter / Avec la tête de ce qui pend / Le trou familier / Qu'il a souvent rempli / De son égale longueur." Réponse : Une clé. [26] Alors qu'évidemment l'idée est de faire penser au pénis des hominines mâles. L'adaptation moderne la plus appropriée est : "Qu'est-ce qui pend sur la cuisse d'un homme et aime à pénétrer dans un trou dans lequel il a l'habitude de pénétrer ?" Contrairement aux évidences — ni Molière, ni Bigard ne sont britanniques — le terme de humour est d'origine anglaise. Un dérivé lointain du français humeur qui désigne les liquides et fluides du corps des hominines grâce auxquels la médecine de cette époque pense pouvoir expliquer leurs états de santé. Être de bonne humeur c'est être en bonne santé. Humeur a la même étymologie que humide et que humour, ce que rend très bien l'expression "Pisser de rire". Depuis l'apparition de agélaste dans la langue française, peu de textes semblent l'utiliser si l'on se fie à une recherche rapide sur le site de la Bibliothèque Nationale de France. Au début de la seconde moitié du XVIIème siècle, la luthiste parisienne Mademoiselle Bocquet, prénommée Anne ou Marguerite, participe au salon littéraire de Madeleine de Scudéry [27], les fameux Samedis de Mademoiselle de Scudéry. De celles que les misogynes littéraires appellent les Précieuses. Elle reçoit en 1671 le Premier prix d'éloquence décerné par l'Académie française, l'année même où il est instauré. Prolifique, Madeleine de Scudéry publie les dix tomes de son roman Artamène ou le Grand Cyrus entre 1649 et 1653. Les personnages se nourrissent des hominines de son entourage. Mademoiselle Bocquet [28] semble être le personnage nommé Agélaste [29] , une joueuse de lyre au "tempérament mélancolique". Artamène ou le Grand Cyrus est le plus long roman de la littérature française. À noter aussi Honoré de Balzac dans Les Contes drolatiques vers les années 1830 qui utilise agélaste dans son prologue sous la forme nominale et l'écrit agelaste. Il sert de base pour le nom de famille d'un personnage de fiction, le docteur Agelaste, un vivisecteur de lapins, dans La Soupe au caillou, histoires contemporaines d'Alphonse Karr en 1884 [30]. Quelques noms de véritables agélastes des époques récentes ou actuelles reviennent souvent. Le plus communément cité est Isaac Newton, le physicien et astronome qui "découvre" la force de gravitation et dont on dit qu'il n'a rit qu'une seule fois dans sa vie. Agélaste ou non, ennemi préféré des platistes, il se dit qu'avant sa découverte de la gravité en 1687, les hominines prenaient tout à la rigolade. Rien n'est moins sûr. Dans son Dictionnaire amoureux de l'Humour [31], Jean-Loup Chiflet mentionne que l'écrivain Alphonse Allais est un agélaste. Connu pour ses blagues, son humour décalé, ses calembours et autres jeux de mots, il n'est évidemment pas misogélaste. Pour le plaisir des mots et des sourires, il raffole entre autres des vers holorimes, lorsque la rime est constituée par la totalité du vers et non simplement par quelques syllabes.
Trois autres noms sont régulièrement cités. Buster Keaton, Joseph Staline et Margaret Tatcher. Le premier pour son personnage cinématographique burlesque et muet, toujours à l'air impassible quoi qu'il lui arrive et qui lui vaut d'être surnommé "l'homme qui ne rit jamais". Difficile de confirmer que Joseph "Staline" Djougachvili [33] soit un véritable agélaste, par contre il est facile de penser qu'il est à minima gélotophobie. Qu'il croie, à raison ou pas, que l'on se moque de lui ou de sa politique peut en effet mener quiconque au pire. Et s'il est katagélasticiste, il est préférable de prendre son mal en patience pour que ses gags ne riment pas avec goulag. Plus de dix ans après sa mort, aucun recueil de blagues, calembours et devinettes de l'ancienne première ministre britannique Margaret Tchatcher n'a encore été publié. Surnommée la "Dame de fer" elle est plus célèbre pour sa capacité à ôter le sourire sur les visages britanniques. Elle est plus gélaphage ou gélophage qu'autre chose. Parole de gréviste. Ce petit panel d'agélastes hypothétiques n'est pas complet sans Droopy, le chien de Tex Avery. Avec son air impassible il en a toute les apparences, comme Buster Keaton, mais il n'est pas le dernier à utiliser l'humour.
MésusagesL'absence des dictionnaires rend compliquée l'utilisation de agélaste et ses dérivés, et minimise sa capacité à se répandre. De fait, son usage est cantonné à des cercles littéraires et intellectuels restreints. Les agélastes n'aspirent pas à une reconnaissance publique. La discrétion est de mise, mais le rire a meilleure réputation depuis que les visions les plus rétrogrades des autorités christiennes se sont un peu atténuées.
À défaut de pouvoir lister des citations d'hominines qui emploient le terme d'agélaste, afin d'en faciliter son utilisation, la protivophilie propose une courte liste de quelques synonymes. Seuls les termes épicènes sont proposés afin d'être utilisable en toutes circonstances. Il n'y a pas véritablement de synonymes dans la langue française mais plutôt des proximités de sens. Il en est ainsi pour morose, taciturne, triste, apathique, acariâtre, sinistre, lugubre, sombre, austère et quelques autres encore. Ils n'expriment pas directement une agélastie mais définissent une absence de rire, parce que jugé hors-propos. Et cette absence n'est pas un absolu, elle est uniquement liée aux situations particulières. Elle est un effacement et non une négation du rire. Hormis dans les cas les plus graves, ces termes proches d'agélaste ne décrivent pas nécessairement un état définitif. Personne ne naît agélaste, mais tout le monde peut le devenir. Ou l'avoir été. L'excès d'agélatie peut-elle engendrer une affection dite agélastite, l'allergie au rire ? Dans ces différents états agélastiques, il n'est pas question de choix de l'être ou pas. La notion de choix existe néanmoins dans le vaste monde des agélastes. Elle se retrouve dans des mots comme digne, estimable, respectable, honorable, noble, etc. Tout ce avec quoi il ne faut pas rigoler. Pour ne citer que les deux exemples les plus classiques, la religion, la philosophie, la morale et la politique sont des univers de pensée dans lesquels le rire est regardé avec suspicion. Alors même que Taciturne Ier lui-même affirme "J’ai canonisé le rire ; outre-hominines, apprenez donc – à rire !" dans sa célèbre comédie Ainsi parlait Zarathoustra. Dans ces systèmes d'évidences de pensées collectives, "Mourir de rire" peut être une expression à prendre vraiment au sérieux. L'argument semble imparable : qui peut contester qu'autodérision rime avec trahison ! Idem dans la gastronomie. Le chef Édouard Herriot [35] affirme avec le sourire que "la politique, c'est comme l'andouillette, ça doit sentir un peu la merde, mais pas trop." Il est applaudit pour son humour et donne depuis son nom à une rue de Nice et à un square dans la petite ville de Gélos [36], près de Pau. Ses choix culinaires l'ont considérablement éloigné de la gastronomie protivophile pour qui "même avec une bonne recette, la politique c'est comme l'andouillette, ça sent toujours trop la merde." Mais dans ce cas, pas de rue, ni de square.
Une autre méthode pour favoriser l'emploi d'un mot est de proposer une forme verbale. Partant de rien, il est possible de choisir avec quelle terminaison doit-il s'écrire. Intersectionnelle par méthode, la protivophilie préconise le troisième groupe de conjugaison. Celui des irréguliers et avec un infinitif en -ir. Ainsi, agélastir. Il est possible d'agélastir et de se faire agélastir. Par contre être agélasti ou être agélastie n'existent pas car cet infinitif doit être accordé en genre. Donc sans intérêt. Selon les conjugaisons classiques de verbe en -ir de ce groupe, j'agélaste au présent de l'indicatif, tu agélastais à l'imparfait, nous agélasterons au futur simple. Et l'indispensable subjonctif imparfait que vous agélastissiez. Ceci dans le cas où agélastir se conjugue comme ouvrir. S'il est dans la lignée de mourir, cela donne de potentielles formes autres. Si je meurs alors que nous mourrons, j'agélaste mais nous agelostons. Les deux possibilités ne s'opposent pas nécessairement et sont conformes à l'étymologie et l'histoire de l'orthographe. La langue française a, par exemple, le verbe asseoir qui se conjugue de deux façons. Libre à qui veux l'une ou l'autre, j'assieds ou j'assois au présent. Cette problématique de la conjugaison du rire n'est pas nouvelle et n'est pas cantonnée à la seule langue française, elle est déjà au cœur de La conjuration du rire du russe Velimir Khlebnikov :
Il n'est pas fait mention du terme agélaste par F. Merdjanov dans ses Analectes de rien. L'ensemble de l'ouvrage ne contient que deux occurrences du mot rire. L'une à l'entrée "névrose", l'autre à l'entrée "sans issue". La première est une citation de Sur la terre comme en enfer de Thomas Bernhard, et la seconde est un extrait de Cancioneiro de Fernando Pessoa. Deux joyeux lurons. Une lecture attentive des Analectes de rien montre que le choix des textes pour cette anthologie est dicté par une volonté, à minima, de faire sourire les hominines qui s'y plongent. Cela indique que F. Merdjanov n'est pas agélaste ou du moins pas misogélaste. Selon l'humour propre à chaque personne qui lit son ouvrage, certaines peuvent imaginer une hypergélastie sévère. Mais rien ne le dit. S'il faut impérativement parler de diagnostic psychologique, les termes les plus appropriés sont gélastophile ou gélotophile pour l'approche positiviste, et anagélastophile ou anagélotophile pour une vision par la négative. Parmi les différents textes qui lui sont attribués, hors les Analectes, le seul à confirmer cette hypothèse est Le Tout, le Rien qui se finit par ces quelques mots :
La question qui reste jusqu'à aujourd'hui sans réponse est de savoir dans quelle mesure les agélastes sont une forme de zoonose anhilarante. Comment évaluer le risque réel de transmission des hominines vers les autres animaux ? Des études complémentaires devront être menées. Notes
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