Invisibilité sociale (Sexuelle) : Différence entre versions
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− | Une des conséquences les plus fâcheuses de la sexualité de type hétéro-érotique est le risque d’enfanter. Avec tout ce que cela a de désagréable d’y penser. Le terme de nullipare se compose de rien-engendrer et désigne l’état de l’hominine sans enfant biologique. Face à cette contrainte qui modifie le rapport à la sexualité, qui n’en fait plus qu’une simple source de plaisir, celles et ceux qui n’engendrent rien doivent user de subterfuges pour détourner cette réalité biologique à laquelle il est compliqué d’échapper à 100 %. On ne naît pas nullipare, on le devient. Mais l’accident est toujours possible lors de pratiques similaires à celles employées pour la reproduction. Pour se prémunir d’une telle situation non désirée, les hominines ont mis au point des méthodes dites contraceptives. Si la responsabilité biologique de l’enfantement incombe évidemment aux deux personnes participantes, la responsabilité | + | Une des conséquences les plus fâcheuses de la sexualité de type hétéro-érotique est le risque d’enfanter. Avec tout ce que cela a de désagréable d’y penser. Le terme de nullipare se compose de rien-engendrer et désigne l’état de l’hominine sans enfant biologique. Face à cette contrainte qui modifie le rapport à la sexualité, qui n’en fait plus qu’une simple source de plaisir, celles et ceux qui n’engendrent rien doivent user de subterfuges pour détourner cette réalité biologique à laquelle il est compliqué d’échapper à 100 %. On ne naît pas nullipare, on le devient. Mais l’accident est toujours possible lors de pratiques similaires à celles employées pour la reproduction. Pour se prémunir d’une telle situation non désirée, les hominines ont mis au point des méthodes dites contraceptives. Si la responsabilité biologique de l’enfantement incombe évidemment aux deux personnes participantes, la responsabilité sociale<ref>Paola Tabet, "Fertilité naturelle et reproduction forcée", ''La Construction sociale de l’inégalité des sexes. Des outils et des corps'', L’Harmattan, 1998</ref> repose la plupart du temps sur la composante dite "féminine" du genre hominine, celle qui "porte" ce qui deviendra – s’il survit – un enfant hominine après la mise bas. Par conséquent, les femmes sont plus contraintes que les hommes<ref>Contraception masculine, émission radiophonique ''Comme à la radio'', Canal Sud Toulouse, novembre 2011.</ref> d’être attentives à la contraception<ref>Brenda spencer, "La femme sans sexualité et l'homme irresponsable", ''Actes de la recherche en sciences sociales'', Vol 128, n° 1 Sur la sexualité, 1999 [http://www.persee.fr/docAsPDF/arss_0335-5322_1999_num_128_1_3290.pdf En ligne]</ref>. Cette différenciation est sociale et non biologique dans la mesure où le symbolisme associé à la biologie reproductive n’est pas une donnée biologique en soi car si aucun des deux participants ne se décide à s’occuper du nouvel engendré, celui-ci meurt assez rapidement. Faîtes l’expérience. Vous verrez, la démonstration est implacable. Des travaux récents en paléo-anthropologie tentent de repenser les schémas existants pour proposer une vision de l’évolution où biologie et sciences sociales s’entrecroisent autrement. Sur la distribution des rôles sociaux aux périodes préhistoriques, il a été noté par exemple que la quantité de calories à fournir pour nourrir un nouvel engendré est telle qu’elle nécessite un énorme travail de collecte alimentaire<ref>Jean-Jacques Hublin, ''L’évolution de l’enfance'', Cours filmé au collège de France, 25 novembre 2014 [http://www.college-de-france.fr/video/jean-jacques-hublin/2014/hublin-20141125.mp4 En ligne – mp4 – 884 Mo]</ref>. Le rythme de croissance biologique du nouvel être et sa survie sont une contrainte sociale bien plus importante que la donnée biologique de savoir qui porte la progéniture à venir. Elle ne permet pas une organisation sociale où une partie de la population est tenue isolée des taches indispensables ou seule responsable de la féconde rencontre. Cela implique alors que l’organisation sociale doit être souple sur la prise en charge collective de l’élevage de la progéniture. Une organisation trop rigide – de type couple mâle/femelle avec enfants – réduit statistiquement les chances de survie dans un environnement écologique donné. Car, rappelons-le, si aucun des deux géniteurs ne se décide, la descendance est réduite à néant. Nulle part. D’autres travaux ont été consacré à la dysmorphie humaine<ref>Priscille Touraine, ''Hommes grands, femmes petites : une évolution coûteuse. Les régimes de genre comme force sélective de l’évolution biologique'', Éditions de la Maison des Sciences de l’Homme, 2008. À voir aussi Priscille Touraine, "Des poils et des hommes. Entre réalités biologiques et imaginaires de genre eurocentrés", ''Cahier d'anthropologie sociale'', n° 6 : Poils Et Sang. Pour un tour des critiques féministes de la paléo-anthopologie, Défaire les mythes sur la Préhistoire, que sait-on de nos ancêtres ?, émission radiophonique ''DégenréE'', Radio Kaleidoscope Grenoble, 22 février 2012</ref>. Si les différences morphologiques entre mâle et femelle existent dans l’ensemble du vivant, elles ne sont pas pour autant une généralité. Les situations sont multiples : l’un est plus gros que l’autre, parfois non, la femelle est plus grosse, parfois l’inverse. Il ne s’agit pas de nier ces données mais le postulat est de constater que chez les hominines il y a aussi une répartition genrée de l’alimentation. En d’autres termes, dans l’organisation sociale la nourriture n’est pas répartie équitablement – en variété et en quantité – entre les hominines mâles et femelles. Les exemples sont nombreux de part le monde et le temps. Qu’en est-il alors de cette dysmorphie si cette ségrégation perdure depuis les temps paléo-anthropologiques ? Qu’en est-il de l’impact d’un tel régime sur la construction sociale d’une morphologie devenant progressivement féminine au fil des générations qui se succèdent dans la ségrégation ? L’apartheid (апартхејд en macédonien) est ancien et n’a pas été récemment inventé par le régime prétorien. Ce type de travaux permettent de questionner des évidences scientifiques en ce qu’elles sont aussi le produit social d’une époque et qu’à ce titre elles projettent une somme de constructions sociales lorsqu’elles regardent vers le passé. La démarche peut être encore plus périlleuse quand cela concerne des périodes anté-historiques avec finalement très peu de matériaux d’analyses disponibles31. |
Autant dire que nous n’en savons pas plus sur F. Merdjanov. Mais par l’analyse de son œuvre majeure, il est possible de l’imaginer faisant le choix d’être nullipare. Notre ignorance de la catégorie sexuelle dans laquelle notre nullipare se trouve nous permet d’affirmer que son dilemme oppose contraception définitive et temporaire, chimique et mécanique, avant ou après la naissance. Ligature ou empêchement, hormone ou stérilisation, interruption volontaire de grossesse (IVG) ou infanticide32. Seule l’IVG – autrement appelée avortement – est une action physique vécue exclusivement par les hominines femelles. Les mâles peuvent être accompagnant, tout au plus, mais ce n’est pas rien. Toutes les autres méthodes sont techniquement possibles quelque soit le sexe de la personne. Pilule contraceptive ou plante abortive, vasectomie des déférents ou ligature des trompes33, implant hormonal ou mécanique, stérilet, avortement ou pilule du lendemain, infanticide ou préservatif, spermicide ou éponge… font sans doute partie d’une longue liste de mots de vocabulaire connus de F. Merdjanov. Liste à laquelle s’ajoute sans doute aussi quelques mots de latin : cunnilingus, coitus interruptus, anus, spéculum, rectum, etc. Mais selon que F. Merdjanov soit homme ou femme, l’accessibilité à ces méthodes diffèrent selon les époques, les pays, les changements politiques et sociaux, etc. | Autant dire que nous n’en savons pas plus sur F. Merdjanov. Mais par l’analyse de son œuvre majeure, il est possible de l’imaginer faisant le choix d’être nullipare. Notre ignorance de la catégorie sexuelle dans laquelle notre nullipare se trouve nous permet d’affirmer que son dilemme oppose contraception définitive et temporaire, chimique et mécanique, avant ou après la naissance. Ligature ou empêchement, hormone ou stérilisation, interruption volontaire de grossesse (IVG) ou infanticide32. Seule l’IVG – autrement appelée avortement – est une action physique vécue exclusivement par les hominines femelles. Les mâles peuvent être accompagnant, tout au plus, mais ce n’est pas rien. Toutes les autres méthodes sont techniquement possibles quelque soit le sexe de la personne. Pilule contraceptive ou plante abortive, vasectomie des déférents ou ligature des trompes33, implant hormonal ou mécanique, stérilet, avortement ou pilule du lendemain, infanticide ou préservatif, spermicide ou éponge… font sans doute partie d’une longue liste de mots de vocabulaire connus de F. Merdjanov. Liste à laquelle s’ajoute sans doute aussi quelques mots de latin : cunnilingus, coitus interruptus, anus, spéculum, rectum, etc. Mais selon que F. Merdjanov soit homme ou femme, l’accessibilité à ces méthodes diffèrent selon les époques, les pays, les changements politiques et sociaux, etc. | ||
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Version du 13 septembre 2017 à 14:35
Invisibilité sociale. L'invisibilité sociale est la situation faîte aux catégories, humaines[1] ou non[2], considérées ou traitées en tant que subordonnées et dont la présence, le rôle ou l'histoire ne sont pas pertinents à retenir pour celles et ceux qui bénéficient de ce rapport de subordination. De la sorte, on peut être invisibilisé pour son "appartenance" à plusieurs catégories. Cela serait une erreur de se fier aux listes ci-dessous pour rendre compte de la présence des invisibles dans l'histoire des sociétés humaines, et plus juste de penser à toutes celles et ceux qui n'y sont pas et dont il ne reste – peut-être – rien. Ces listes seront mis à jour au fur et à mesure de l'avancement de ce wikimerdja…
SommaireSexuelleContrairement à certains animaux ayant une sexualité contrainte biologiquement[3], les humains disposent de la possibilité de choisir les pratiques liées à la leur. La différenciation effective entre sexualité érotique et fonction reproductive permet ainsi des combinaisons où chacun et chacune peut laisser libre-cours à son imaginaire. Une catégorisation classique est celle partageant les humains qui sont "attirés" par celles ou ceux avec qui ils peuvent se reproduire – c'est la norme sociale – sans faire appel à des méthodes extérieures (hommes et femmes hétérosexuels), des humains qui préfèrent ceux du même sexe (hommes[4] ou femmes[5] homosexuels). Depuis quelques décennies les catégories "bisexuel" ou "asexuel" sont défendues par leurs pratiquants, voire reconnues. La postface des Analectes de rien mentionne l'hypothétique homosexualité de la mère de F. Merdjanov
La pansexualité définie des pratiques sexuelles érotiques dans lesquelles les choix des partenaires se font en fonction des libres attirances des individus concernés et non selon des critères de catégories[7]. Ce qui revient à dire que la pansexualité dépasse l'hétérosexualité, l'homosexualité et la bisexualité parce qu'elle annihile ces différenciations. Concernant la mère de F. Merdjanov, la postface des Analectes de rien ajoute :
La catégorie pansexuelle concerne les relations entre humains[8] et n'inclue par la sexualité inter-espèces que certains nomment zoophilie[9]. Aucune trace de la sexualité[10] de F. Merdjanov. Peut-on supposer que, à défaut d'en avoir une à plusieurs, la pratique de la masturbation[11] lui est familière[12] ? Si être adepte de rien est synonyme d’une curiosité de tout, il est aisé de fantasmer avec F. Merdjanov les innombrables possibilités d’une sexualité humaine, consentie[13] et multiple, où il n’est pas question d’un pseudo instinct mais d’une volonté de vivre un plaisir qui ne s’embarrasse pas des normes sociales dominantes. La théorie nihiliste de la macédoine illustre au mieux une définition d’une sexualité humaine, diverses dans ses pratique érotiques, faîtes de curiosité du mélange, de partage des envies. Une réciprocité d’oubli total de soi et de bienveillance magnifiée pour l’autre. Il nous est donc impossible d’en dire plus sur cette pseudo "sexualité merdjanovienne", elle lui est propre et n’est connue exactement que de celles et ceux qui l’on eu en partage. Il serait trop long d’énumérer ici toutes les possibilités qu’offrent une telle sexualité. Créer une nouvelle catégorie "bougre" pour la désigner ou croire en une ascendance macédonienne au prétexte de la diglossie de ce terme est une impasse. Qu’il dérive du mot "bulgare" – transformé en bogre, puis bougre – pour désigner les hérétiques bogomiles dans les Balkans au Xème siècle puis, dans un glissement, devenir un terme de stigmatisation liées à une sexualité débridée dont les bogomiles sont accusés – à tort ? – ne sont que deux faits sans lien protivophile. Être un bon bougre ou ne pas être un mauvais bougre, là n’est pas la question. De plus, il n’existe aucune preuve historique, fournie par les sciences dédiées, d’une origine macédonienne ou bogomile de l’expression "Vos normes sont trop étroites pour nos réalités". Ni même merdjanovienne alors que l’évidence d’un rien qui permet tout rejoint la pensée du spermophile François Augiéras sur une pansexualité intègrant les relations avec l'environnement au sens large : arbres, branches, trous, terre, rochers, eaux, etc. Cette approche très intersectionnelle[14] rend visible la question de celles et ceux qui subissent cette différentiation entre les hominines et un extérieur, nommé parfois nature (sic), avec laquelle il devient suspect d’avoir un imaginaire ou des pratiques érotiques. Nul besoin néanmoins de réclamer l’ajout d’une visibilité dans l’abécédaire lgbtqi et asexués. Trop compliquée de trancher entre le F ou le M pour marquer une visibilité merdjanovienne. Et opter pour les deux risque de poser d’autres problématiques liées à l’équilibre des représentations de ces visibilités sexuées. "Adepte de rien" est à la sexo-protivophilie ce que "Être contre tout" est à la protivo-sexologie, un appel à ne rien vouloir des normes et des restrictions afin de pouvoir jouer à se faire plaisir. "Contre le monde et son monde" est un petit haïku érotique qui rappelle que tout est politique, qu’armée de rien la joie est une jouissance puissante, un plaisir destructeur[15]. Et finalement :
Pour les âmes prudes, nous préférons préciser ici que le court texte qui suit est d’un érotisme tel qu’il nécessite quelques précautions. Il est préférable de ne pas fermer les yeux après lecture pour ne pas être submergé par un tourbillon de pensées et d’imaginaires où le plaisir réciproque est l’unique moteur d’un sexualité définitivement débarrassée de la fonction reproductive et uniquement consacrée à l’exploration réciproque des possibilités qu’offrent les rencontres érotisées. La mathématique protivophile affirme que non c’est non, et qu’à cela il n’y a rien à ajouter, ni à démontrer.
Dans le style dystopique de Anecdotes pour servir à l'Histoire secrète des Ebugors[18], daté de 1733, qui narre les aventures du peuple masculin homosexuel de Ebugors, la protivophilie permet un dialogue fantasmé entre des bougres et leur accusateur. Intitulé ACAB ? ce texte pourrait être daté du XVIème siècle, lorsque l’expression langagière de bougre prend le sens de sodomite[19], si la présence de quelques anachronismes n’invalidait pas cette hypothèse. En un acte, ACAB ? s’ouvre sur un citation de François Augiéras :
Si cet échange fictif ne nous renseigne en rien sur la sexualité de F. Merdjanov, il nous en dit long sur le reste.
ReproductionUne des conséquences les plus fâcheuses de la sexualité de type hétéro-érotique est le risque d’enfanter. Avec tout ce que cela a de désagréable d’y penser. Le terme de nullipare se compose de rien-engendrer et désigne l’état de l’hominine sans enfant biologique. Face à cette contrainte qui modifie le rapport à la sexualité, qui n’en fait plus qu’une simple source de plaisir, celles et ceux qui n’engendrent rien doivent user de subterfuges pour détourner cette réalité biologique à laquelle il est compliqué d’échapper à 100 %. On ne naît pas nullipare, on le devient. Mais l’accident est toujours possible lors de pratiques similaires à celles employées pour la reproduction. Pour se prémunir d’une telle situation non désirée, les hominines ont mis au point des méthodes dites contraceptives. Si la responsabilité biologique de l’enfantement incombe évidemment aux deux personnes participantes, la responsabilité sociale[25] repose la plupart du temps sur la composante dite "féminine" du genre hominine, celle qui "porte" ce qui deviendra – s’il survit – un enfant hominine après la mise bas. Par conséquent, les femmes sont plus contraintes que les hommes[26] d’être attentives à la contraception[27]. Cette différenciation est sociale et non biologique dans la mesure où le symbolisme associé à la biologie reproductive n’est pas une donnée biologique en soi car si aucun des deux participants ne se décide à s’occuper du nouvel engendré, celui-ci meurt assez rapidement. Faîtes l’expérience. Vous verrez, la démonstration est implacable. Des travaux récents en paléo-anthropologie tentent de repenser les schémas existants pour proposer une vision de l’évolution où biologie et sciences sociales s’entrecroisent autrement. Sur la distribution des rôles sociaux aux périodes préhistoriques, il a été noté par exemple que la quantité de calories à fournir pour nourrir un nouvel engendré est telle qu’elle nécessite un énorme travail de collecte alimentaire[28]. Le rythme de croissance biologique du nouvel être et sa survie sont une contrainte sociale bien plus importante que la donnée biologique de savoir qui porte la progéniture à venir. Elle ne permet pas une organisation sociale où une partie de la population est tenue isolée des taches indispensables ou seule responsable de la féconde rencontre. Cela implique alors que l’organisation sociale doit être souple sur la prise en charge collective de l’élevage de la progéniture. Une organisation trop rigide – de type couple mâle/femelle avec enfants – réduit statistiquement les chances de survie dans un environnement écologique donné. Car, rappelons-le, si aucun des deux géniteurs ne se décide, la descendance est réduite à néant. Nulle part. D’autres travaux ont été consacré à la dysmorphie humaine[29]. Si les différences morphologiques entre mâle et femelle existent dans l’ensemble du vivant, elles ne sont pas pour autant une généralité. Les situations sont multiples : l’un est plus gros que l’autre, parfois non, la femelle est plus grosse, parfois l’inverse. Il ne s’agit pas de nier ces données mais le postulat est de constater que chez les hominines il y a aussi une répartition genrée de l’alimentation. En d’autres termes, dans l’organisation sociale la nourriture n’est pas répartie équitablement – en variété et en quantité – entre les hominines mâles et femelles. Les exemples sont nombreux de part le monde et le temps. Qu’en est-il alors de cette dysmorphie si cette ségrégation perdure depuis les temps paléo-anthropologiques ? Qu’en est-il de l’impact d’un tel régime sur la construction sociale d’une morphologie devenant progressivement féminine au fil des générations qui se succèdent dans la ségrégation ? L’apartheid (апартхејд en macédonien) est ancien et n’a pas été récemment inventé par le régime prétorien. Ce type de travaux permettent de questionner des évidences scientifiques en ce qu’elles sont aussi le produit social d’une époque et qu’à ce titre elles projettent une somme de constructions sociales lorsqu’elles regardent vers le passé. La démarche peut être encore plus périlleuse quand cela concerne des périodes anté-historiques avec finalement très peu de matériaux d’analyses disponibles31. Autant dire que nous n’en savons pas plus sur F. Merdjanov. Mais par l’analyse de son œuvre majeure, il est possible de l’imaginer faisant le choix d’être nullipare. Notre ignorance de la catégorie sexuelle dans laquelle notre nullipare se trouve nous permet d’affirmer que son dilemme oppose contraception définitive et temporaire, chimique et mécanique, avant ou après la naissance. Ligature ou empêchement, hormone ou stérilisation, interruption volontaire de grossesse (IVG) ou infanticide32. Seule l’IVG – autrement appelée avortement – est une action physique vécue exclusivement par les hominines femelles. Les mâles peuvent être accompagnant, tout au plus, mais ce n’est pas rien. Toutes les autres méthodes sont techniquement possibles quelque soit le sexe de la personne. Pilule contraceptive ou plante abortive, vasectomie des déférents ou ligature des trompes33, implant hormonal ou mécanique, stérilet, avortement ou pilule du lendemain, infanticide ou préservatif, spermicide ou éponge… font sans doute partie d’une longue liste de mots de vocabulaire connus de F. Merdjanov. Liste à laquelle s’ajoute sans doute aussi quelques mots de latin : cunnilingus, coitus interruptus, anus, spéculum, rectum, etc. Mais selon que F. Merdjanov soit homme ou femme, l’accessibilité à ces méthodes diffèrent selon les époques, les pays, les changements politiques et sociaux, etc. Si la sexualité de F. Merdjanov est homo-érotique, cette problématique de la reproduction accidentelle ne se pose pas. À part quelques rares cas – pour cause de contraintes biologiques – toutes les pratiques érotiques hétéro ou homo peuvent être identiques34. La multiplicité des possibles en commun est immense au regard de ce qui ne l’est pas35. Une bonne connaissance des termes inventées pour désigner des pratiques érotiques permet généralement d’acquérir aussi du vocabulaire anglais supplémentaire, de se perfectionner un petit peu en grec et de découvrir dans la langue française des mots désuets, injurieux, rigolos ou savants. Seuls ces derniers ne peuvent véritablement être intégrés dans un érotisme de l’insulte valorisée. La multiplication des acronymes du type IST, MST, BDSM, HIV ou HPV rend leur compréhension difficile pour les plus âgés qui luttent déjà pour ne pas mélanger SNCF et EDF pour les factures, ORTF et H5N1 dans les périodes angoissantes de grippe hivernale. Chez les hominines homo-attirés, pour rester nullipare il suffit de résister à la pression sociale d’utiliser les nouvelles techniques reproductives pour contourner un fait biologique. Accepter des techniques de stérilisation définitive pour un geste symbolique n’est pas aisé mais il n’en reste pas moins qu’une fois fait, la pression sociale n’est plus possible. Les lignes précédentes sur la sexualité de F. Merdjanov et son hypothétique état de nullipare volontaire, permettent au moins d’esquisser le sourire encore plus radieux, le petit grognement supplémentaire, le soupir apaisé ou le soubresaut incontrôlé, de celles et ceux qui jouissent sans crainte de se reproduire accidentellement. Il existe aussi des personnes ne voulant pas être nullipares. [réf. néc. – peu argumenté]
Et la parentalité est de ceux-là. Voir aussi
Notes
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