Black War

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Black War (црна војна en macédonien - guèrra negra en nissard) Version anglophone la plus proche de la "Guerre noire" francophone, et réciproquement.


[En cours de rédaction]


Sens a·variés

"Go nuts" in english [1]

Dans toutes les pratiques linguistiques du monde, les mots ont une histoire. Celle-ci n'est pas exclusivement du domaine de l'étymologie. Ni de l'orthographe. Les définitions changent avec le temps, elles se modifient progressivement. Parfois même jusqu'à vouloir dire l'inverse, à l'exemple de rien qui signifiait chose avant de devenir un synonyme de néant. Le sens des mots est à l'image de l'époque à laquelle ils sont employés. Ils se disent et s'entendent dans un contexte social, politique ou culturel particulier. Chaque mot est le reflet d'une idée de son temps, tout autant qu'il le modèle. Deux sens opposés, ou nuancés, peuvent même coexister. Des expressions avec rien rendent cette situation linguistique singulière : "Rien que je veux" s'oppose à "Je veux que rien". Les processus linguistiques ne sont pas des règles immuables, empruntant des chemins de traverse, des périples biscornus, dont les résultats peuvent être étonnants. Par exemple, l'ancien noiantir ou néantir, avec le sens de réduire à néant, a évoluer vers le moderne anéantir en gardant le même sens. Pourtant le préfixe privatif a- indique que le mot exprime ainsi le contraire ou l'absence de ce qu’il exprimait. Idem avec annihiler, basé sur la racine nihil, "rien", et le préfixe privatif an-. Sans ce préfixe, nihiler en dit déjà beaucoup. Des normes et des pratiques se font et se défont selon les contextes. Difficile de faire un retour en arrière ou une nouvelle proposition sans prendre le risque d'un contresens. Par exemple, s'il est vrai que le suffixe privatif a le même effet sur aplatir, l'introduction du simple platir pour exprimer exactement la même chose peut prêter à confusion aux époques où les platistes existent. Cette problématique existe déjà avec le mot nihiliste qui laisse à penser que des hominines [2] sont adeptes de rien, comme s'illes étaient pour rien alors qu'il s'agit d'être contre tout. Même pour Victor Hugo, dans son roman Les misérables consacré aux moins-que-rien, cette ambiguïté est source de malentendu :

Le nihilisme est sans portée. Il n’y a pas de néant. Zéro n’existe pas. Tout est quelque chose. Rien n’est rien. [3]

Guerre

Si ce n'est la langue dans lesquels ils sont employés, il n'y a pas de différence entre les mots guerre et war. Leur sens et leurs étymologies sont identiques. Bien que dite latine, la langue française c'est construite aussi au fil des siècles sur un fond germanique, alors que l'anglais est considérée comme une langue germanique ayant moult latinismes. Les glissements entre ces deux langues en construction se sont fait à partir de la seconde moitié du XIème siècle après JC [4] par l'intermédiaire de l'anglo-normand. Arrivant de Normandie, Guillaume et ses armées conquièrent alors l'île britannique et importent leurs pratiques linguistiques d'oïl qui se mêlent au "vieil anglais" [5] en usage. L'anglo-normand devient la langue de la royauté, de son aristocratie et de sa bourgeoisie commerçante avant de laisser placer à l'anglais actuel. Ce dernier comporte des milliers de mots venant de Normandie. Parmi ceux-ci le terme war, dérivé de werre. A dictionary of the Norman or Old French language recense la forme wiere [6] et les lexiques de pratiques linguistiques anciennes du nord de la France mentionnent des formes apparentées. L'étymon est germanique et se retrouve dans la plupart des langues germaniques actuelles. La mutation de werre dans plusieurs langues latines a donné guerre en français et guerra en castillan, en portugais ou en nissard par exemple. La transformation du w initial en un g est un phénomène constaté dans d'autres termes : le waitier normand est le wait anglais et le guetter français. Idem avec warde, ward et garde. La racine latine bellum pour nommer la guerre est encore présente dans la langue française moderne dans belliciste, belligérant·e ou belliqueux et belliqueuse pour en citer quelques-uns. Ou encore rebelle et ses dérivés. Utilisée en français, l'expression casus belli — au sens de "occasion de guerre" — conserve cette racine latine.

La signification première de war ou de guerre est une opposition ou un conflit entre deux parties, même s'il est possible d'être en guerre avec soi-même. Généralement, une guerre oppose à minima deux individualités, une individualité à un groupe, ou deux groupes. Seul le contexte explicite permet de déterminer le sens exact à donner à ce mot. Mais cela ne se limite pas à un tête-à-tête, en effet les parties prenantes à une guerre peuvent être plus de deux camps. L'utilisation de guerre doit se faire avec prudence et nécessite d'être qualifié car toutes les guerres ne sont pas de même nature.

Parce que t’es rien. Rien ! T’es le contingent, un simple outil, à peu près autant qu’un manche de pelle. Si tu vis, c’est que les obus n’ont pas voulu de toi ! [7]

Rien de comparable entre une guerre entreprise par un État avec son armée et celle que livre un petit groupe d'hominines. La comparaison entre une guerre d'agression et une stratégie de défense n'est pas raisonnable. Les moyens mis en œuvre, les motivations et les conséquences ne sont pas identiques. Selon les contextes, une guerre peut être totale, asymétrique, civile, sociale, etc. Elle peut être éclair ou longue. Militaire ou économique. Elle peut être qualifiée de civilisation, d'extermination ou de libération, selon le sens que veut lui donner les parties belligérantes. L'emploi du terme guerre pour nommer une opposition ou un conflit n'est pas un simple descriptif d'une réalité mais relève d'un choix politique d'au moins l'une des parties en présence. L'imaginaire qui entoure la guerre lui donne une dimension exceptionnelle, loin de la simple guéguerre. La multiplicité d'usage que "guerre" peut revêtir fait que son emploi est aussi obscur que son antonyme, la paix.

Noir·e

Les mots black et noir ont une étymologie différente. Pour l'un, elle est à chercher dans des germanismes, pour l'autre dans des latinismes. Le "vieil anglais" qui se parle avant l'invasion normande utilise blæc dans le sens de "totalement sombre" [8] et de "brûlé". Cela se retrouve dans plusieurs autres pratiques linguistiques germaniques anciennes des actuelles territoires de la Norvège aux Pays-Bas, en passant par l'Allemagne. Blakkr, blah et blakken sont très proches. Pour les linguistes qui tentent de reconstituer une langue commune, ancienne et fictive, à l'ensemble des hominines du continent européen et voisinage, l'étymon hypothétique *bhleg est à rapprocher de ceux qui constituent le latin flagrare ou le grec ancien phlegein et qui ont le sens de "brûler". Usité dans déflagration par exemple. La couleur noire est plutôt rendue par le vieil anglais sweart, proche du schwartz de l'allemand moderne, qui est progressivement supplanté par black dans l'anglais moderne. Les pratiques linguistiques anglaises conservent jusqu'au XVème siècle l'ambiguïté de sens entre les mots blake, blak et blac qui signifient tout autant "pâle" que "sombre". En rapport avec le scintillement ou la lumière pour le premier, et à l'obscurité pour le second.

La langue française standardisée actuelle ne conserve (presque) aucun mot forgé sur cet étymon. À noter l'hypothèse de la blaque du XVIIIème siècle ou la blague moderne, l'étui destiné à contenir du tabac ou la plaisanterie. Selon certains dictionnaires, son origine est une variation de l'anglais black par des marins français du XVIIIème siècle qui ont "l'habitude de rapporter des étuis à tabac en cuir des colonies britanniques, où le tabac était cultivé, et ils auraient utilisé le terme black pour décrire la couleur sombre de ces étuis" [9]. Le dictionnaire de l'EHPAD linguistique qu'est l'Académie française avance que la blague est à rapprocher du néerlandais balg, "gaine ou enveloppe" [10]. Le sens de "plaisanterie" ou de "farce" apparaît dans les dictionnaires du début du XIXème siècle. Toujours très en décalage avec son temps, la septième édition du guide de l'EHPAD avalise la signification de "mensonge", de "vanterie", en 1878. Hypothétiquement en rapport avec l'aspect gonflé, boursoufflé, d'une blague à tabac. Le sens de "farce visant à se moquer" n'apparaît que dans la version suivante en 1935 [11].

Le Französisches Etymologisches Wörterbuch (FEW) indique que la même racine que black se retrouve dans les pratiques linguistiques locales de quelques régions du nord-ouest de la France dans la première moitié du XXème siècle. Non pour désigner la couleur mais pour le fait de brûler. Une blaque est "une flamme, une étincelle", une blaquée ou une blaquède sont une "flambée" et blaquer signifie "scintiller". Des variantes anglo-normandes sont attestées depuis le XIIème siècle et suivant. Blac, blache, blachhe, blacke ou blake, mais aussi blec, blecce, blecche ou blech se traduisent par l'anglais black. Et black se traduit en français par noir·e. Ce que confirme le ménestrel Jean-Philippe "Johnny Hallyday" Smet, seigneur de Lapalissade, lorsqu'il déclame "Noir c'est noir" en traduction de la célèbre platitude amoureuse "Black is black" du groupe de troubadours espagnols Los Bravos [12] :

Noir c'est noir
Il me reste l'espoir
Oui gris c'est gris
Je n'veux plus d'ennuis, oh, oh
Ça vaut le coup
De sauver notre amour
Rien que pour nous
De sauver notre amour
Rien que pour nous [13]

L'étymologie de noir·e est le latin niger. Une racine qui se retrouve dans de multiples langues latines sous la forme negr- et qui est aussi utilisée dans des langues telles que l'anglais. Dans l'espace linguistique francophone ancien, les formes noir et neir [14] coexistent mais la plupart des mots d'alors se constituent à partir de nègre. L'adjectif pour qualifier de noir est negrin et le negrier est une espèce de vigne sauvage [15]. Le vocabulaire incluant noir va se diversifier. Outre la couleur, ces variantes indiquent aussi des notions de tristesse, de mort, de lugubre ou d'hostilité. La noirceure est la marque de coups portés et n'est pas encore la noirceur et noirdir est le fait de noircir, dans le sens de l'expression "noircir le tableau" et non pas une histoire de changement de couleur. Déjà présent en latin et encore en usage dans la langue française, seul dénigrer et ses dérivés se rattachent à la racine niger avec ce même sens.

Scène de "porno interracial" entre femelle bleue et translucide sans genre [16]

L'utilisation du nom ou de l'adjectif noir·e pour catégoriser des populations d'hominines a progressivement supplanté celui de nègre. Avant les postulats racistes qui se mettent en place au cours des siècles, il n'y avait aucune connotation péjorative dans cet emploi. Le sens se veut alors essentiellement descriptif et n'induit pas une origine géographique ou un groupe particulier d'hominines. Au XVIIème siècle, "Avoir la peau noire" signifie avoir les cheveux très bruns, noiraut et noiraude sont utilisés pour indiquer la couleur dominante du pelage d'une espèce animale. La noiraude est une célèbre vache hypocondriaque [17]. Les langues française et anglaise ont longtemps utilisé nègre et nigger pour désigner plus spécifiquement les hominines d'Afrique, dans un premier temps, puis plus généralement les populations d'hominines ayant la peau noire selon celleux qui pensent que la leur est blanche. Il n'y a aucune réalité à cela. Nigger et ses dérivés sont empruntés à la langue française. Avec blewman [18], l'anglais hésite et propose le bleu pour caractériser des hominines dans un même ensemble de couleur de peau alors que le français fait le choix du noir pour les mêmes hominines et garde le bleu pour la couleur du sang des aristocrates. Pour ne pas faire d'erreur de traduction, les hominines de couleur bleue sont noir·es et inversement. Ce sont les hominines dit "de couleur". La blague la plus célèbre sur ce sujet est écrite par le stand-upper de la négritude Léopold Sédar Senghor [19]. Dans Poème à mon frère blanc, il se moque de cette assignation à la seule couleur noire par celleux qui se disent appartenir à la blanche mais passent par plusieurs autres selon les circonstances, et ce tout au long de leur vie. "Rions noir" et inversement. La géographie de l'Afrique est une chose imprécise pour les hominines d'Europe. Les gueules noires ne sont pas dans les mines du nord de l'Europe mais quelque part au sud de la Méditerranée. Le racisme scientifique et ses théories fumeuses qui s'élaborent à partir du XVIIème siècle confirment ce que le racisme religieux affirme depuis des siècles. En effet, selon les textes moïsiens et christiens, les hominines de "race noire" sont la descendance de Cham, maudite par son propre père Noé [20]. Pour rappel, Noé est un personnage de fiction principalement connu pour avoir construit une arche afin d'y regrouper un couple mâle/femelle de chaque espèce pour les sauver de l'anéantissement par un déluge divin et, selon les théories les plus crédibles, être le principal responsable de la disparition des licornes après en avoir pris par erreur deux de même sexe [21].

Le racisme moderne va changer le sens des mots et imposer des hiérarchies fantasmées entre les hominines. De fait, noir·e et nègre deviennent des qualificatifs dévalorisants qui ne nécessitent pas forcément de les faire précéder de sale pour dénigrer. Ils ne sont plus simplement utilisés pour nommer des hominines à la peau sombre mais plutôt pour affirmer une prétendue suprématie des hominines à la peau claire, dite "blanche". Ces leucodermes — du grec leuco- "blanc" et derme "peau" — justifient ainsi la mise en esclavage, la maltraitance, la ségrégation, voire l'extermination, des populations qualifiées de nègres — les mélanodermes, du grec mélano "noir". Leurs territoires peuvent donc être annexés et leurs femelles convoitées par la force. Des caractères psychologiques, des déterminismes culturels ou des archétypes civilisationnels sont prêtés aux populations et aux individus à la peau sombre. Ils ne sont en aucun cas des manières de s'auto-définir. Par effet miroir, illes sont ce que les populations et les individus à la peau claire ne sont pas. L'imaginaire sexuel, par exemple, fait partie des domaines où le suprématisme blanc exerce sa rhétorique. Les "hommes noirs" sont considérés comme fougueux et dotés d'un sexe énorme alors que les "femmes noires" sont vues comme débridées et nymphomanes. Cela sert tout autant de repoussoir que de fantasmagorie. Le "Nègre" imaginaire est un concurrent sérieux pour les mâles blancs et un danger pour les femelles blanches, exposées à cette animalité sexuelle, alors que la "Négresse" imaginée est une concurrente pour les femelles blanches et un fantasme inavouable pour les mâles de leur couleur. Dans le contexte des cultures misogynes d'Europe, cet imaginaire raciste permet de justifier le contrôle sur les mœurs, les comportements et la sexualité des femelles par les mâles et de justifier les débordements de ces mêmes mâles. En parallèle, ces archétypes racistes fondent l'argumentaire d'une inégalité entre les sexes. Qui peut réellement protéger les femelles blanches de leur propres faiblesses morales et de la violence noire, si ce n'est les mâles leucodermes et leurs nationalismes [22]. Dans la réalité du monde, hors des catégories, il n'existe personne qui est de couleur noire, pas plus que blanche. Tout est en nuance. Du bleu nuit au cuivré en passant par des multiples sombres, dans un cas, et dans l'autre du mat au rosi, en passant par le blême. Il n'y as pas de véritables frontières entre des couleurs précises mais un vaste nuancier de teintes. Ceci est la conséquence logique d'une origine commune. La peau sombre des hominines les plus préhistoriques de l'Angleterre actuelle est dorénavant un fait acquis [23]. Rien à voir avec le prénom ou le patronyme Blake qui vient du moyen-anglais blake dans le sens de "pâle".

Rien ni personne ne pourra étouffer une révolte
Tu as semé la graine de la haine, donc tu la récoltes
Les rebelles et les rebuts ont tous opté pour le boycott
Faisons en sorte que les aisés nous lèchent les bottes [24]

À une époque plus contemporaine, les usages de black, noir·e et nègre se sont transformés. Des hominines à qui ces qualificatifs injurieux sont destinés se les réapproprient et les retravaillent pour leur donner une dimension positive. Pour en faire une marque de fierté et une méthode émancipatrice. Ce mouvement de contestation, tout autant que d'affirmation, apparaît et se développe dans le début du XXème siècle parmi les hominines mélanodermes des États-Unis d'Amérique et des Caraïbes [25], et entre les deux guerres dite mondiales, dans les populations colonisées d'Afrique.

Sur le continent nord-américain et ses îles caribéennes, l'esclavage [26] a laissé place à la ségrégation entre "Blancs" et "Noirs". Avec le slogan "Back to Africa", Marcus Garvey et son Universel Negro Improvement Association (Association Universelle pour le Progrès Nègre - UNIA) sont favorables à une migration-retour vers l'Afrique alors que W.E.B. Du Bois et la National Association for the Advancement of Colored People (Association nationale pour la promotion des gens de couleur - NAACP) militent pour rester dans de meilleures conditions. La vie sociale est organisée par un pouvoir politique leucoderme pour que les deux catégories aient des lieux séparés. Les restaurants, les hôtels ou les transports en commun, pour quelques exemples, ne sont pas des endroits à partager. Cette ségrégation raciale se double d'une hiérarchisation sociale : La pauvreté et la misère sont majoritairement une histoire et une réalité noires. Ce système semble si bien rodé qu'Adolf Hitler [27] envoie ses spécialistes pour l'étudier et ensuite instaurer la meilleure réponse à ses propres préoccupations racistes. Pour voyager aux États-Unis d'Amérique, il est alors préférable de se procurer The Negro Motorist Green Book [28], un guide publié entre 1936 et 1964 pour "donner au voyageur noir une information le mettant à l'abri des difficultés et tracas, rendant son voyage plus agréable". Il s'inspire de guides similaires destinés aux moïsiens nord-américains victimes elleux-aussi de discriminations. Évidemment, les lois ségrégationnistes ne sont pas respectées par l'ensemble des hominines à la peau claire. Une minorité y résiste. La seconde moitié du XXème siècle est celle du "Black Power" [29]. L'affirmation politique que "Black is Beautiful", que la couleur noire est belle. Elle aussi. L'usage de Negro n'est plus vraiment d'actualité et le "Nigger !" ne sort que de bouches racistes. Les revendications sont politiques, sociales et culturelles. Derrière cette demande d'égalité, il y a aussi le postulat d'une reconnaissance de la pleine participation à la construction d'un pays dans lequel illes vivent. L'histoire, la culture ou l'économie étasuniennes sont indissociables des populations noires descendantes des esclaves des siècles passés. George Washington qui donne son nom à la capitale aurait-il été le premier président étasunien sans ses esclaves ? Hollywood serait-elle synonyme international de cinéma sans sa première superproduction Naissance d'une nation [30] en 1915, une version raciste de l'histoire récente ? Qui connaîtrait Elvis Presley sans les "musiques noires" tel que le blues ? Comment une économie florissante aurait-elle pu se développer sans sa mélano-main-d'œuvre et ses leuco-moins-que-rien ?

Dans l'espace francophone colonial et métropolitain, la négritude est revendiquée par des hominines vivant le racisme au quotidien dans les années 1930. Dans un contexte anticolonial, elle se définie comme mouvement littéraire et politique. Elle propose de passer du négrier aux "Neg' Riez !" [31]. Un de ses chantres, Léopold Sédar Senghor explique que "la négritude est un fait, une culture. C'est l'ensemble des valeurs économiques, politiques, intellectuelles, morales, artistiques et sociales des peuples d'Afrique et des minorités noires d'Amérique, d'Asie, d'Europe et d'Océanie." La négritude ne cherche pas l'indépendance mais la reconnaissance. La langue française est tout autant vecteur que synonyme de la colonisation. L'approche de la négritude est critiquée, jugée très intellectuelle. Selon l'écrivain nigérian Wole Soyinka en 1962, "Le tigre ne proclame pas sa tigritude. Il bondit sur sa proie et la dévore." [32] Pour lui, il y a d'autres priorités que la reconnaissance de la négritude. "Pourquoi fallait-il gaspiller notre énergie dans de vaines rhétoriques alors que notre continent se débattait dans des problèmes politiques et économiques insurmontables ? La situation nécessitait que l’on agisse avant tout." Il relativise plusieurs années après en précisant que le contexte colonial français et ses procédés diffèrent des pays sous domination anglaise. Les luttes anticoloniales peuvent ne pas être identiques. "Ma réflexion sur la question de la négritude a beaucoup évolué à partir du moment où j’ai compris que la libération des Africains francophones passait nécessairement par l’affirmation de l’identité noire. Les Senghor, les Césaire, les Damas étaient les produits typiques de la colonisation française, qui, en voulant faire de l’élite noire des Français à part entière, ont déclenché ce mouvement de rébellion intellectuelle et poétique. On a assisté à un phénomène similaire dans les colonies portugaises où l’assimilation des autochtones était la politique officielle. Les Anglais, pour leur part, s’étaient toujours gardés de s’immiscer dans la vie culturelle de leurs sujets africains tout simplement parce qu’ils les croyaient incapables de s’adapter à la culture britannique, nécessairement supérieure." [33] Le racisme est polymorphe. Depuis 1971, une Maison de la Négritude et des Droits de l'Homme [34] est ouverte dans la petite ville française de Champagney dans le département de Haute-Saône. Elle se fixe pour but de perpétuer une mémoire de l'esclave, des luttes pour son abolition et de ses conséquences sur la réalité présente. Le choix de Champagney est symbolique. Ce village de Franche-Comté est l'un des rares villages où dans leur Cahier de Doléances [35] de mars 1789 figure clairement une demande d'abolition de l'esclavage [36]. Hors de ce contexte de la négritude, le nom ou l'adjectif nègre s'utilise pour des insultes racistes ou dans de rares mots. La Tête-de-Nègre, dorénavant renommée Tête-Choco, est une pâtisserie à base de blancs d'œufs battus ou de guimauve reposant sur une gaufrette ou un biscuit, le tout enrobé de chocolat. Un ou une nègre est une "personne anonyme qui rédige pour une personnalité, qui compose les ouvrages d'un auteur connu" [37]. Dans ce sens, le terme est épicène alors que le féminin classique de nègre — pour désigner les hominines — est généralement négresse. Exceptionnellement, il arrive que celle-ci soit verte [38].

Négro, négro plus rien ne m'étonne, plus rien ne me désole [39]

La réappropriation de termes racistes insultants est un phénomène qui touche les cultures populaires urbaines parmi les hominines qui les subissent directement. C'est-à-dire les hominines vivant en Europe ou dans les Amériques et les Caraïbes, dont l'ascendance se trouve en Afrique, et ce pour cause d'esclavage, de colonisation ou de migration. Cela est particulièrement visible dans les mondes anglophone et francophone à travers le hip-hop : Nigger et Négro se retrouvent dans de nombreux textes de rap. Mais pas seulement. Les cultures musicales s'emparent de ce vocabulaire pour le retourner, spécialement dans ce qui est appelé les "musiques noires" comme le rappelle le musicologue Élie "Booba" Yaffa dans son ouvrage Je me souviens : "Avant Michael Jackson et l'arrivée de la drogue. J'me souviens quand les négros n'étaient pas à la mode" [40]. Si les racistes utilisent plus discrètement le mot nègre dans leurs insultes, le racisme moderne se contente de noir·e pour vomir sa bile mélano-allergique. Pas la peine d'en dire plus, tant le mot est chargé de sous-entendus par celleux qui l'utilise en insulte. Une époque pas si lointaine où Michel Leeb faisait rire son public avec des sketches, mêlant "accent africain" fictif avec cris et gestuels de singe [41]. Pour les autres, il y a plusieurs façons de nommer sans injurier ou de s'auto-désigner sans honte. Renoi ou Kebla, le verlan [42] de noir·e et de black, sont d'un usage courant dans les décennies 1980 et 1990. L'utilisation du verlan est une méthode qui permet d'amoindrir la connotation péjorative et de faciliter ainsi la réappropriation. Le triptyque "Black Blanc Beur" [43] pour parler de la France est très en vogue en réponse au "Bleu Blanc Rouge" chauvin. Diversité vivifiante vs Consanguinité débilitante. Si dans un premier temps l'usage de Renoi, Black ou Kebla fait partie des pratiques linguistiques des milieux populaires, il s'étend aux autres couches sociales de la société française. Dorénavant même le psychopathe francophile Bernard Pivot ou les hominines qui écoutent France Culture sont capables de les comprendre. Actuellement, les usages sont encore en évolution. Renoi, Black ou Kebla sont vus comme des euphémisations qui nient une réalité sociale, culturelle et politique : les mécanismes discriminatoires à l'encontre de populations considérées noires par celles qui ne le sont pas. Nommer pour rendre visible. Assumer l'existence d'une assignation d'hominines, mâles et femelles, à la couleur noire par celleux qui sont dans la blanche. Et donc des réalités sociales, politiques et économiques différentes que cela a pour conséquences. Le racisme n'est pas qu'une opinion individuelle et ses retombées, une somme de préjugés collectifs, mais aussi un ensemble de processus discriminatoires et de mécanismes intégrés qui divisent la population entre leucodermes et mélanodermes. Qui défavorisent les Noir·es et avantagent les Blanc·hes. Pas de compétition entre les racismes, seulement des histoires différentes. Remplacer Noir·e par Arabe, Asiatique ou toute autre catégorisation racialisante fonctionne très bien.

Donc toi viens pas m'dire que j'fais la gueule pour rien
J'oublie pas qu'c'est, "Un jour t'as tout, demain t'as plus rien" [44]

Les problématiques sont similaires dans le monde anglophone. Les coloured people, les "gens de couleur", ont admis dans un premier temps le vocabulaire servant à les désigner, puis ont réussi à imposer une auto-dénomination. Plutôt que de s'accrocher à une couleur de peau avec Black People et Black American, il est préféré une référence à une africanité originel. Les Afro-American deviennent ensuite African American. Aujourd'hui Black semble être redevenue une couleur visible. Tristement célèbre avec ce nouveau slogan "Black Lives Matter" — "Les vies des noir·es comptent" — lancé après la mort de George Floyd, un afro-américain tué par trois policiers en 2020. Soixante ans après la fin de la ségrégation, les États-Unis sont un bon exemple de ce qu'est le racisme dit systémique : il est possible d'être "african american" et de se faire élire à la présidence d'un pays où il y a trois fois plus de risque pour des blacks de mourir lors d'une arrestation par la police. Un pays à deux doigts du chaos et de l'effondrement lorsque la population blanche découvre en 2016 que leur chanteuse préférée Beyoncé est devenue noire [45]. Inutile de proclamer que finalement tout le monde est de couleur bleue afin de faire cesser la ségrégation et le racisme si c'est pour conserver des places différenciées pour le bleu clair ou le bleu foncé. Le racisme est bien plus complexe qu'une simple histoire de couleur de peau.

Vers rien

Dans leur représentation du monde, les populations d'hominines leucodermes d'Eurasie, d'Amériques et du Moyen-Orient ont créé une cartographie où les empreintes d'une division raciale de l'existant sont encore présentes. À travers le globe, des populations sont étiquetées noires. L'Afrique subsaharienne est dite "Noire" et la région hérite d'un pays du nom de Soudan, abrégé de l'arabe "Pays des Noirs", et de Zanzibar, du persan zang, "Noir". L'expression persane زنگبار Zangi-bar signifie la "Côte des Noirs". En Asie du Sud-Est, aux Philippines, en Malaisie et dans les îles indiennes des Andaman et Nicobar, plusieurs société d'hominines sont qualifiées de negritos. Ce terme espagnol signifie "petits noirs" et désigne l'ensemble des populations d'hominines "à la peau noire" et "de petite taille" de cette région. Cette classification ne correspond à aucune réalité commune et les sociétés ainsi classées n'ont rien à voir entre elles, mais elle résume le manque d'imagination et le subtile racisme des colonisateurs espagnols arrivant dans les actuelles Philippines. Ce qualificatif englobe de très petites sociétés d'hominines — parfois encore chasseurs-cueilleurs. Il est un synonyme de "pygmées" qui lui désigne les hominines de petites tailles vivant actuellement en Afrique [46] [47]. En Océanie, la Mélanésie tient son nom de la couleur de peau assignée aux hominines. Elle est au sens strict "îles peuplées de mélanodermes", de la racine grecque nesos "île". Elle comprend l’île de Papouasie-Nouvelle-Guinée, l’archipel de Bismarck, des Lousiades, des Nouvelles-Hébrides, de Salomon, les îles Fidji et la Nouvelle-Calédonie. Elle se différencie de l'Austronésie, de la Polynésie et de la Micronésie, des dénominations purement géographiques forgées dans le milieu du XVIIIème siècle par un lettré français [48]. De austra le "sud", de poly "nombreuse" et de micro- "petite" [49]. Outre la Mélanésie, la Polynésie et de la Micronésie, l'Austronésie comprend aussi l'Australasie. Cette dernière regroupe l'Australie, la Tasmanie, la Nouvelle-Zélande et toutes les petites îles associées. Dans les deux premières, l'anthropologie coloniale a établi que les populations autochtones devaient être dénommées aborigènes — "qui sont originaires", équivalent du français indigène —, tout en les classant néanmoins dans les populations mélanodermes d'Asie australe. Le militaire et explorateur français Jules Dumont d'Urville propose vers 1835 que l'Australie et la Tasmanie soient rattachées dans une Mélanésie dans les nomenclatures géographiques. Il reprend à son compte le qualificatif de mélanien utilisé depuis une décennie par le botaniste français Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent pour désigner les hominines des îles de Tasmanie et de Papouasie-Nouvelle-Guinée, habitées selon lui par la race mélanienne. Ce dernier divise les hominines en quinze races [50]. L'australasienne est celle des hominines d'Australie et se différencie de la mélanienne. Selon sa nomenclature raciste, l'espèce mélanienne comprend les hominines de Mélanésie et de Tasmanie, les aborigènes de Taïwan [51] et les hominines de la Terre de Feu, dans l'extrême sud des Amériques [52].

Drapeau post-colonial des fiertés tasmaniennes

La Tasmanie est une île de 60000 km2 — soit plus de quinze fois le département des Alpes-Maritimes, un peu moins de 3 fois la Macédoine — située à environ 200 kilomètres au sud de l'Australie. Elle est parsemée d'un peu plus de 300 îles et îlots. Lors de la dernière période de glaciation — entre 100000 et 10000 avant le présent — alors que le niveau des eaux est plus bas, elle est rattachée à l'Australie. Les premières populations d'hominines s'y installent il y a environ 40000 ans. Elles sont la partie la plus méridionale des populations qui arrivent sur le continent australien quelques dizaines de milliers d'années plus tôt. La Papouasie-Nouvelle-Guinée, l'Australie et la Tasmanie ne forme alors qu'un seul bloc. Sans lien terrestre avec le reste de l'Asie, l'arrivée de ces hominines se fait par voie maritime. Illes y découvrent une faune unique : les marsupiaux. La fonte des glaces au nord du globe et la montée du niveau des mers qui en découle sépare l'Australie de la Tasmanie vers 10000 ans avant le présent. Les cultures des hominines de Papouasie-Nouvelle-Guinée, d'Australie et de Tasmanie se différencient à cette période. La géographie et le climat de Tasmanie sont différents de l'Australie. Sa position très méridionale fait qu'elle est très exposée au vents violents du Sud du globe et très régulièrement arrosée par des pluies, ainsi que de neige lors de la saison froide de juin et juillet. L'ouest reçoit beaucoup plus de précipitations que l'est. Largement montagneuse dans sa partie occidentale, la Tasmanie est couverte de forêts, traversée de fleuves et parsemée de lacs. Le point culminant est le mont Ossa à 1614 mètres. Généralement, elle est divisée en trois écorégions : "Forêts pluviales tempérées" à l'ouest, "Forêts des massifs centraux" et "Forêts tempérées" à l'est. Sur l'ensemble de son territoire, au fil des millénaires, des sociétés d'hominines nomades se structurent autour de la chasse et de la cueillette.

En novembre 1642, un bateau néerlandais arrive au large de l'île. À son bord, Abel Tasman, chargé par la Compagnie néerlandaise des Indes orientales d'explorer la région à la recherche de nouvelles opportunités commerciales. Il est considéré comme le premier hominine blanc à poser les yeux sur ces rivages qu'il cartographie et nomme Terre Van Diemen [53]. Trente ans plus tard, une expédition française débarque pour la première fois à terre, puis elle est très partiellement explorée par les britanniques en 1773 et 1777. Vingt ans plus tard, la première colonie britannique s'installe dans le sud de l'Australie. Un bateau fait le tour de la Terre Van Diemen, confirmant ainsi qu'il s'agit d'une île. Afin de prendre de vitesse les possibles aspirations françaises sur l'île, la première colonie britannique s'installe en 1803 dans le sud du territoire, sur la rive est de l'estuaire du fleuve Derwent.

Contre mon ami j’étais en colère,
Je dis ma colère, et elle prit fin.
L’étant aussi contre mon ennemi,
Je n’en dis rien, ma colère poussa. [54]



zanj Code noir namibie

De rien

Pour rien

Notes

  1. "Go nuts"
  2. hominines
  3. Victor Hugo, Les misérables, tome II, livre VII, 1862 - En ligne
  4. JC
  5. La terminologie "vieil anglais" n'est pas une langue unique mais un continuum. Elle regroupe les pratiques linguistiques germaniques, entre le Vème et le XIIème siècle, des populations d'hominines arrivant du nord-européen et qui s'installent durablement en Angleterre. Les Angles et les Saxons. Le vieil anglais s'alimente des langues celtiques, scandinaves puis latines. Sur les liens entre langues française et anglaise, voir Henriette Walter, Honni soit qui mal y pense, Robert Laffont, 2011
  6. Robert Kelham, A dictionary of the Norman or Old French language, 1779 - En ligne
  7. Gabriel Chevallier, La peur. Cité à l'entrée "working class hero" dans F. Merdjanov, Analectes de rien, 2017
  8. Etymonline - [En ligne]
  9. wiktionnaire - [En ligne]
  10. Académie française - En ligne
  11. Dictionnaire de l’Académie française, 8e édition, 1935 - En ligne
  12. Los Bravos, Black is black, 1966 - En ligne
  13. Johnny Hallyday, "Noir c'est noir" sur l'album La Génération perdue, 1966 - En ligne
  14. Préciser que c'est un anagramme de rien n'apporte rien.
  15. Lexique de l'ancien français - [En ligne]
  16. Réalisé avec trucages.
  17. La noiraude - En ligne
  18. blewman
  19. Léopold Sédar Senghor, Poème à mon frère blanc - En ligne
  20. maudite par Noé
  21. Voir le court documentaire Les licornes, 2015 - En ligne
  22. Elsa Dorlin, La matrice de la race, 2006
  23. Angleterre peau noire
  24. 2 Bal & Mystic, "La sédition" sur la BO du documentaire Ma 6-T Va Cracker, 1997 - En ligne
  25. Caraïbes
  26. esclavage
  27. Pour celleux qui connaissent déjà Adolf Hitler, Multiversity propose 6 histoires alternatives. Voir Love Death & Robots, saison I, épisode 17 - En ligne
  28. The Negro Motorist Green Book
  29. "Black Power"
  30. Naissance d'une nation
  31. Aimé Césaire
  32. Wole Soyinka
  33. Wole Soyinka
  34. Maison de la Négritude et des Droits de l'Homme
  35. Cahier de Doléances
  36. Extrait de l'article 29 du Cahier de doléances : "Les habitants et communauté de Champagney ne peuvent penser aux maux que souffrent les nègres dans les colonies, sans avoir le cœur pénétré de la plus vive douleur, en se représentant leurs semblables, unis encore à eux par le double lien de la religion, être traités plus durement que ne le sont les bêtes de somme.
  37. "Nègre" dans le Le Trésor de la langue française - En ligne
  38. Négresses Vertes
  39. Booba, "Boîte vocale" sur l'album Ouest Side, 2006 - En ligne
  40. Booba feat. Kennedy, "Je me souviens" sur l'album Ouest Side, 2006 - En ligne
  41. Michel Leeb dans L'africain et L'épicerie africaine
  42. verlan
  43. Beur est le verlan de Reu-beu, lui-même verlan de Arabe. Ce triptyque résume la composition et les mélanges qui fondent la population française moderne.
  44. PNL, "Loin des hommes" sur l'album Le Monde Chico, 2015 - En ligne
  45. Le jour où Beyoncé est devenue noire, 2016 - En ligne
  46. Serge Bahuchet, "L'invention des Pygmées", Cahiers d'études africaines, vol. 33, n° 129, 1993 - En ligne
  47. Batwa du Rwanda
  48. Charles de Brosses, Histoire des navigations aux terres australes, 1756 - [En ligne]
  49. Serge Tcherkézoff, Polynésie/Mélanésie. L'invention française des races et des régions de l'Océanie (XVIe – XIXe siècles), Papeete, Au vent des îles, 2009
  50. Christophe Brun, "Découper la Terre, inventorier l'Homme. Le planisphère de Bory de Saint-Vincent, 1827", Monde(s), n°3, 2013 - En ligne
  51. aborigènes de Taïwan
  52. Distribution primitive du genre humain à la surface du globe, par Mr le Colonel Bory de St Vincent, 1827 - En ligne
  53. Van Diemen
  54. William Blake, Chants d’Expérience.