Black War
Black War (црна војна en macédonien - guèrra negra en nissard) Version anglophone la plus proche de la "Guerre noire" francophone, et réciproquement.
Sens a·variésDans toutes les pratiques linguistiques du monde, les mots ont une histoire. Celle-ci n'est pas exclusivement du domaine de l'étymologie. Ni de l'orthographe. Les définitions changent avec le temps, elles se modifient progressivement. Parfois même jusqu'à vouloir dire l'inverse, à l'exemple de rien qui signifiait chose avant de devenir un synonyme de néant. Le sens des mots est à l'image de l'époque à laquelle ils sont employés. Ils se disent et s'entendent dans un contexte social, politique ou culturel particulier. Chaque mot est le reflet d'une idée de son temps, tout autant qu'il le modèle. Deux sens opposés, ou nuancés, peuvent même coexister. Des expressions avec rien rendent cette situation linguistique singulière : "Rien que je veux" s'oppose à "Je veux que rien". Les processus linguistiques ne sont pas des règles immuables, empruntant des chemins de traverse, des périples biscornus, dont les résultats peuvent être étonnants. Par exemple, l'ancien noiantir ou néantir, avec le sens de réduire à néant, a évoluer vers le moderne anéantir en gardant le même sens. Pourtant le préfixe privatif a- indique que le mot exprime ainsi le contraire ou l'absence de ce qu’il exprimait. Idem avec annihiler, basé sur la racine nihil, "rien", et le préfixe privatif an-. Sans ce préfixe, nihiler en dit déjà beaucoup. Des normes et des pratiques se font et se défont selon les contextes. Difficile de faire un retour en arrière ou une nouvelle proposition sans prendre le risque d'un contresens. Par exemple, s'il est vrai que le suffixe privatif a le même effet sur aplatir, l'introduction du simple platir pour exprimer exactement la même chose peut prêter à confusion aux époques où les platistes existent. Cette problématique existe déjà avec le mot nihiliste qui laisse à penser que des hominines [2] sont adeptes de rien, comme s'illes étaient pour rien alors qu'il s'agit d'être contre tout. Même pour Victor Hugo, dans son roman Les misérables consacré aux moins-que-rien, cette ambiguïté est source de malentendu :
Si ce n'est la langue dans lesquels ils sont employés, il n'y a pas de différence entre les mots guerre et war. Leur sens et leurs étymologies sont identiques. Bien que dite latine, la langue française c'est construite aussi au fil des siècles sur un fond germanique, alors que l'anglais est considérée comme une langue germanique ayant moult latinismes. Les glissements entre ces deux langues en construction se sont fait à partir de la seconde moitié du XIème siècle après JCⒸ [4] par l'intermédiaire de l'anglo-normand. Arrivant de Normandie, Guillaume et ses armées conquièrent alors l'île britannique et importent leurs pratiques linguistiques d'oïl qui se mêlent au "vieil anglais" [5] en usage. L'anglo-normand devient la langue de la royauté, de son aristocratie et de sa bourgeoisie commerçante avant de laisser placer à l'anglais actuel. Ce dernier comporte des milliers de mots venant de Normandie. Parmi ceux-ci le terme war, dérivé de werre. A dictionary of the Norman or Old French language recense la forme wiere [6] et les lexiques de pratiques linguistiques anciennes du nord de la France mentionnent des formes apparentées. L'étymon est germanique et se retrouve dans la plupart des langues germaniques actuelles. La mutation de werre dans plusieurs langues latines a donné guerre en français et guerra en castillan, en portugais ou en nissard par exemple. La transformation du w initial en un g est un phénomène constaté dans d'autres termes : le waitier normand est le wait anglais et le guetter français. Idem avec warde, ward et garde. La racine latine bellum pour nommer la guerre est encore présente dans la langue française moderne dans belliciste, belligérant·e ou belliqueux et belliqueuse pour en citer quelques-uns. Ou encore rebelle et ses dérivés. Utilisée en français, l'expression casus belli — au sens de "occasion de guerre" — conserve cette racine latine. La signification première de war ou de guerre est une opposition ou un conflit entre deux parties, même s'il est possible d'être en guerre avec soi-même. Généralement, une guerre oppose à minima deux individualités, une individualité à un groupe, ou deux groupes. Seul le contexte explicite permet de déterminer le sens exact à donner à ce mot. Mais cela ne se limite pas à un tête-à-tête, en effet les parties prenantes à une guerre peuvent être plus de deux camps. L'utilisation de guerre doit se faire avec prudence et nécessite d'être qualifié car toutes les guerres ne sont pas de même nature.
Rien de comparable entre une guerre entreprise par un État avec son armée et celle que livre un petit groupe d'hominines. La comparaison entre une guerre d'agression et une stratégie de défense n'est pas raisonnable. Les moyens mis en œuvre, les motivations et les conséquences ne sont pas identiques. Selon les contextes, une guerre peut être totale, asymétrique, civile, sociale, etc. Elle peut être éclair ou longue. Militaire ou économique. Elle peut être qualifiée de civilisation, d'extermination ou de libération, selon le sens que veut lui donner les parties belligérantes. L'emploi du terme guerre pour nommer une opposition ou un conflit n'est pas un simple descriptif d'une réalité mais relève d'un choix politique d'au moins l'une des parties en présence. L'imaginaire qui entoure la guerre lui donne une dimension exceptionnelle, loin de la simple guéguerre. La multiplicité d'usage que "guerre" peut revêtir fait que son emploi est aussi obscur que son antonyme, la paix.
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