Spratleys
Spratleys. Nom d'un archipel, constitué de 14 îlots et de près de deux cent récifs coralliens, situé en "mer de Chine méridionale" selon la Chine, en "mer des Philippines occidentales" pour les Philippines et en "mer orientale" pour le Vietnam.
SommaireGéographie naturelleLa mer dans laquelle sont situées les îles Spratleys est délimitée par les côtes du Vietnam, de la Chine, de Taïwan, des Philippines, de Brunei et de la Malaisie. Elle est une mer ouverte, au sud sur le détroit de Malacca qui débouche sur l'océan indien, et au nord sur le Japon et l'océan pacifique. La cartographie historique indique que la région de l'archipel des Spratleys est une zone poissonneuse parcourue depuis plusieurs siècles par les pêcheurs venus de tout son pourtour. Avant d'être désigné sous le nom exotique qu'il tient d'un navigateur britannique du nom de Richard Spratly, des dénominations existent en viet, en mandarin, en tagalog ou en malais. En 1843, à bord du baleinier Cyrus, le commandant Richard Spratly note deux îlots sur sa carte pour notifier le danger qu'ils représentent pour la navigation. Il nomme le premier du nom d'un autre commandant et le second du sien. Par extension, cet îlot de Spratley a servi à désigner l'ensemble d'un archipel de 14 îlots coralliens et d'environ deux cent récifs, dont certains sont immergés, qui s'étend sur 500 km de long et 500 km de large. L'îlot de Itu Aba, le plus grand, s'étend sur 1,3 km et mesure 46 ha (0,46 km2) et le plus petit, Lakiam Cay, pas plus de 0,44 ha (0,0044 km2). L'îlot de Spratley, proprement dit, a une superficie de 13 ha (0,13 km2). La superficie totale de l'archipel est de 2 km2. Les conditions ne permettant pas d'y développer une économie locale, aucun de ces îlots n'a été colonisé durablement par les hominines. Les seuls autochtones sont des volatiles. Au XIXème siècle, l'archipel est encore une sorte de terra nullius.RessourcesSituée à l'est de la route commerciale de cette mer intérieure, la zone des Spratleys n'est pas propice à la navigation pour ses nombreux récifs, ses objets maritimes à fleur d'eau et ses eaux peu profondes. Pour les hominines, les ressources sont traditionnellement le produit de la pêche et le guano. Les fonds marins de l'archipel sont jugés riches en gaz et en pétrole par les experts. Géographie humaineEn 1883, l'Allemagne ouvre la valse des drapeaux en s'attribuant la souveraineté sur l'archipel des Spratleys. L'opposition de la Chine à cette annexion se fonde sur une cartographie historique dans laquelle les Spratleys sont mentionnées selon une terminologie chinoise. Grande perdante de la Première guerre mondiale, l'Allemagne perd toutes ses possessions coloniales. Déjà présente dans la région, la France s'appuie sur l'histoire du royaume de Champassak pour revendiquer le rattachement de l'archipel à sa colonie de Cochinchine. Après l'envoi d'une première expédition "scientifique" en 1927, la France occupe en 1930 l'îlot de Spratley[1] qu'elle rebaptise Île de la Tempête[2]. Trois ans plus tard, neuf des principaux îlots sont annexés à la province d'Indochine[3] de l'empire colonial français. Lors de la Seconde guerre mondiale, les quelques militaires japonais installés sur l'îlot de Itu Aba et les milliers d'oiseaux locaux font connaissance avec le napalm américain. Les militaires japonais occupent l'Indochine française. A l'issue de cette guerre la Chine occupe divers îlots sans résistance de la France, trop occupée par les révoltes qui secouent l'Indochine[4]. L'éclatement de l'empire colonial français en Asie amène à la création du Cambodge, du Laos et du Vietnam. La sanglante Guerre d'Indochine dure de 1946 à 1954.[5]. La France n'a plus aucune prétentions sur l'archipel des Spratleys. Le Vietnam est divisé jusqu'en 1976 entre l'ex-province de Cochinchine, le Sud-Vietnam, et le nord mené par les communistes. Malgré l'implication américaine dans la Guerre du Vietnam, du fanfaron Captain America ou du désespéré Rambo, de l'introduction du napalm dans la gastronomie vietnamienne, la réunification se fait au profit du nord. Place à la République Socialiste du Viet-Nam.Dès lors, l'archipel va être au centre de tensions militaires et diplomatiques entre les différents pays riverains. Chacun revendique certains îlots et récifs en s'appuyant sur des constructions argumentaires historiques ou géologiques. Si quelques confrontations militaires directes opposent parfois ces pays, la situation est un statu quo dans lequel les îlots sont progressivement occupés militairement. Actuellement, en plus de nombreux récifs, les Philippines occupent 7 îlots, le Vietnam 6 et Taïwan 1. La Chine, la Malaisie et Brunei se sont installés sur des récifs. Tout ces pays y ont construit des infrastructures pour asseoir leur prise de possession. Des casernes et des aéroports, des conserveries et des ports. Ceux qui n'ont pu s'attribuer un îlot ont fait émerger, à partir de bas-fonds et de récifs, des îles artificielles. L'archipel est doté de 7 aéroports servant pour le commerce, le militaire ou le tourisme. La Malaisie a par exemple augmenté la superficie du récif de Swallow de 6,2 à 38 ha, et la Chine à construit à partir de 7 récifs plus de 1000 ha de "terres" immergées. La colonisation de l'archipel des Spratleys est telle qu'elle nécessite la présence de plus de 2000 personnes. Soit 1000 habitants au km2. Le conflit latent autour de l'archipel des Spratleys est une zone de tension qui alimente en permanence les discours nationalistes dans les pays concernés. Les différentes tentatives d'interventions diplomatiques internationales ou régionales n'ont pour l'instant réglé aucun des différends. Les intérêts économiques de cette région sont immenses et poussent les belligérants à maintenir une pression constante. Il n'y a jamais de guerre pour rien... Géographie utopienneLa situation de terra nullius de l'archipel a suscité dès la fin du XIXème siècle des rêves et des tentatives d'y instaurer de nouveaux territoires "libres". En 1877, le navigateur britannique James George Meads fonde sur l'îlot de Itu Aba le Royaume de l'Humanité dont il se proclame roi sous le nom de James Ier. Désireux d'œuvrer pour le "bien-être" des plus déshérités, le roi se propose d'instaurer un royaume pour que les plus pauvres puissent y apprendre à lire et vivre décemment. En 1888, environ 2000 personnes ont immigrés vers le Royaume de l'Humanité. Son successeur, George Ier, est contraint de reconnaître la souveraineté britannique en 1893. Le royaume qui comprend plusieurs îlots de l'archipel devient protectorat de l'empire britannique. Cette décision est rejetée par les suivants. Arrivé au pouvoir en 1914, Franklin Ier met en place une université dans la capitale, Southwark, situé sur l'îlot de Itu Aba. La population du royaume est alors d'environ 7000 personnes. La France annexe quelques îlots dans les années 30 sans provoquer de résistance de la part du roi et de son armée, les Royals Grenadiers. En 1939, la menace de l'invasion japonaise pousse le roi a faire évacuer la totalité des habitants. La décision est prise de se réfugier en Australie. La Seconde guerre mondiale prend fin en 1945, l'année de la mort du roi en exil. Entre temps, l'armée japonaise à construit une base navale sur Itu Aba et les américains l'ont bombardé au napalm. Seuls 3000 personnes retournent après-guerre sur les terres du royaume. La succession se complique après des morts prématurées. En 1953, sous le règne de Morton Ier, la population atteint 5000 personnes, ce qui pour les autorités est le seuil nécessaire pour une autosuffisance. Les années 50 sont aussi celles de la contestation. Des voix se font entendre pour réclamer qu'une République soit proclamée pour remplacer une monarchie finissante. Les républicains, menés par Songhrati, sont très actifs. Il est arrêté à Manille pour fabrication de timbres. Le royaume se divise en deux entités en 1959 pour finalement se réunir en 1963 sous le nom de République de Morac-Songhrati-Meads. Le commerce se développe avec les Philippines. Les invasions militaires de plusieurs îlots et la mort, en 1972, de tous le gouvernement lors d'un typhon, contraignent toute la population à quitter la région pour se réfugier en Australie. Aucune reconnaissance internationale n'a pu être encore obtenu par les autorités en exil de la République de Morac-Songhrati-Meads[6]. En 1956 Tomas Cloma, un avocat et marchand de poissons philippin, prend possession de l'îlot de Flat au large des Philippines. Avec une quarantaine de personnes, il proclame la naissance de Freedomland (Kalayaan en tagalog). Il est décidé à y mettre en place une conserverie et à faire commerce du guano. Tablant sur les revendications des Philippines sur certaines parties des Spratleys, Tomas Cloma espère un soutien tacite de ce pays. Il revendique sa souveraineté sur 53 îlots ou récifs. Dans les années 70, les relations entre les deux pays se détériorent. Brièvement emprisonné en 1972, Tomas Cloma change le nom de Freedomland pour Colonia en 1974, et quitte le pouvoir. Après la signature d'un accord avec les Philippines, Colonia est officiellement intégrée à la province philippine de Palawan[7]. En remerciement, un timbre à l'effigie de Tomas Cloma est imprimé par les autorités philippines.Sans que le lien puisse être établi avec certitude entre les deux affaires, en août 1974, les autorités françaises arrêtent en France une personne pour la vente de timbres du Freedomland. Originaire de Provence, le comte Othmar di Schmieder Rocca Forozata se revendique de la Principauté de Freedomland[8], fondée en 1970 et qui s'étend sur 74 îlots et récifs au large de Bornéo. Des passeports freedomlandais, imprimés aux Philippines, sont saisis. La justice française le condamne pour escroquerie. Le peu d'informations disponibles sur la République de Koneuwe ne permettent pas d'en dire beaucoup plus. Dans le courant des années 1970, cette République est proclamée sur quelques îlots des Spratleys. Une source affirme que Koneuwe signifie KOmmunistisch-NEUtral-WEstlich (Communiste-Neutre-Occidental) et parle d'une groupe libertaire d'origine helvétique. Elle précise aussi qu'en Tchécoslovaquie des personnes ont été arrêté pour leurs liens avec cette république. Une histoire de timbres ? Le dernier en date des projets politiques dans l'archipel des Spratleys est la République Souveraine de Thaumaturgie dont la capitale, Mère Thérésa City, devrait s'établir sur le récif Louisa. Elle revendique 14 îlots ou récifs déjà occupés par les pays riverains. Géographie merdjanovienneOn prête parfois à F. Merdjanov la phrase suivante : "La géographie, c'est la guerre en temps de paix". Il n'en est rien[9]. Affirmer que les républiques, les royaumes et autres principautés précédentes sont fictives est facile. Elles se sont construites autour d'un imaginaire partagé par des communautés d'hominines dans des projets de vie, réels ou non. Leurs mythologies nationales se forgent sur un passé fantasmé ou des intentions déguisées. L'absence de trace de George Meads dans les archives de la marine britannique suffit-t-elle à confirmer son inexistence ? Tomas Cone est-il un simplement un habile commerçant ou bien un agent des Philippines ? Peu importe. Se poser la question, c'est, pour eux, comme remettre en cause la véracité d'Obélix, ou prétendre que Napoléon était un agent de Buonarotti. Les mythologies nationales sont toujours choses fragiles et en perpétuelle réécriture. La Macédoine par exemple n'a pas hésité à s'attribuer un lien avec l'antique Alexandre ou les anarchistes des Bateliers.
Pour la protivophilie, les illusions collectives ne sont pas une hypothèse. Le Royaume de l'Humanité, la Principauté de Freedomland, la République de Morac-Songhrati-Meads ou celle de Koneuwe sont fictives, tout aussi illusoires que les prétentions nationalistes des pays riverains sur l'archipel des Spratleys. Tous s'inventent un argumentaire. Les îles de l'archipel constituent ce que les géographes protivophiles nomment un "Point de Rien". Les Spratleys sont une de ces régions maritimes que les hominines ont pris soin de répertorier minutieusement afin de l'éviter au mieux. Tous s'en servent un peu mais personne n'en veut ! La configuration géographique et géologique qui en faisait une zone où rien règne, devient le point de dissonance essentiel entre différents prétendants à une souveraineté. Pour cela, de rien, ils se construisent de toutes pièces une légitimité. Ainsi les Spratleys se transforment en enjeu, à la limite de la guerre, et offrent ainsi en miroir la fausseté de ce qui construit les nationalismes. L'archipel est un reflet de ce qui fait la guerre, et ce n'est jamais pour rien. Pour la protivophilie, la géographie utopique est aussi fausse que la géographie humaine, la Chine, la Malaisie, le Vietnam et les autres n'ont pas plus de réalité que les royaumes et républiques des Spratleys. Géographie fictiveDifficile d'évoquer la Guerre du Vietnam sans évoquer le documentaire Rambo, réalisé en 1982, qui permit à toute une génération de s'informer sur cette guerre. Ce film est une adaptation hollywoodienne du roman Premier Sang publié par David Morell en 1972 dans lequel le héros est plus humain[11], plus emprunt au doute. Mais peut-être est-ce dû au jeu de l'acteur dans le docu-fiction ? L'histoire est celle d'un jeune homme américain qui eut la chance d'aller apprendre à tuer, à torturer, à risquer la mort et la donner, à sauver sa peau pour son pays et, un peu idéaliste, s'imagine être bien reçu à son retour. Déception ! Dans le roman, Rambo meurt, abattu par son ancien supérieur. Que ce soit dans sa version cinématographique ou romanesque, rien n'est dit sur l'hypothétique présence de Rambo dans l'archipel des Spratleys. Pourtant, toutes les raisons sont réunies pour qu'il y intervienne. Sans aller jusqu'aux Spratleys, peut-être est-il venu libérer des prisonniers du bagne de Poulo Condor. Nous ne savons pas si l'auteur avait prévu d'écrire un nouveau roman consacré à cette partie la plus méconnue de la vie de Rambo. Seul un déclassement des archives de la CIA permettrait d'en savoir plus.D'un point de vue protivophile, il n'est pas plus compliqué de faire un lien entre Rambo et les îles Spratleys que de réussir à citer F. Merdjanov dans un article consacré à un archipel dont nous ne sommes pas sûr qu'il fut une destination pour F. Merdjanov. Ni même qu'il lui soit connu. Une probabilité existe néanmoins que, enfant, la manie de collectionner les timbres puisse avoir été une de ses occupations et qu'ainsi le Freedomland entre dans son monde. Ce ne serait pas le premier enfant à apprendre quelque chose avec une activité qui sert à rien. Peut-être la presse locale a-t-elle relaté l'arrestation du comte du Freedomland, né en Provence ? Une première page parce qu'il est enfant de la région ? Naître à Nice en 1970, c'est s'amuser, s'informer ou s'abreuver, des nouvelles locales et internationales par le prisme d'un regard centré sur la région. L'essence même de la presse régionale. Elle est la source d'informations principale pour ses lecteurs. Une raisonnement identique fonctionne d'ailleurs pour toutes les autres régions et tous les autres années. Est-il pensable que l'entourage de F. Merdjanov ait pu échapper à cette information ? Est-ce un vague souvenir d'une information entendue au journal télévisé ? Y a-t-il eu une diaspora des Spratleys installée à Nice ? Ce qui, dès lors, permettrait d'affirmer que la situation de l'archipel ne lui soit pas chose inconnue. Les réhabilitations et les travaux urbains de 1970 à Nice ont fait totalement disparaître toute chance de retrouver trace d'affiches ou de graffitis d'un militantisme de cette diaspora. Au détour d'une affiche, on peut toujours apprendre de rien. Que le tag ACAB - que l'on retrouve encore de nos jours sur les murs - puisse signifier All Caye Are Beautiful n'est pas une idée plus farfelue que 1312 est énigmatique. Géographie politiqueGéographie ludiqueSpratleys Islands© est le nom d'un jeu de rôle, mêlant bataille navale et jeu de Go, morpion et loto. Nous sommes très éloignés de l'esprit des jeux protivophiles. Le X marque une occupation et le R une revendication. Nous ignorons la signification exacte et l'origine des chiffres de la colonne "superficie" car ils varient selon les versions des riverains. Les règles ne sont pas clairement définies.
Notes
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