Point Nemo

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Point Nemo (Точка Немо en macédonien - Ponch Nemo en nissard) Milieu de rien.


[En cours de rédaction]


Triangulation protivophile

Avec plus de 165 millions de km2, l'océan Pacifique représente plus d'un tiers de la surface totale du globe terrestre et sa superficie est supérieure à l'ensemble des terres émergées. Malgré le nom qu'il lui est généralement donné, la Terre est une planète aquatique. La répartition entre espaces terrestres et maritimes n'est pas équilibrée. Environ un tiers des zones terrestres se situent dans l'hémisphère sud — entre l'équateur et le pole Sud — où elles ne représentent que 20% de sa surface. Du point de vue géologique, l'océan Pacifique se situe sur la plus grande plaque tectonique [1] qui est bordée par de nombreuses failles marines [2] et par la "ceinture de feu", un alignement de volcans qui s'étire sur plus de 40000 kilomètres, de la Nouvelle-Zélande à la péninsule du Kamtchatka, au nord-est de la Russie, puis le long du continent américain, de l'Alaska à la Terre de Feu. La plaque tectonique pacifique se déplace en direction du nord-ouest à une vitesse moyenne d'environ 8 centimètres par an. Cette situation en fait le lieu de très nombreux séismes marins dont certains donnent naissance à de puissants raz-de-marées. L'océan Pacifique est parcouru de chaînes montagneuses sous-marines qui, en rapport aux fonds abyssaux, peuvent atteindre entre 2000 et 3000 mètres d'altitude.

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Point Nemo

Nommé en référence au capitaine Nemo, le héros de Vingt Mille Lieues sous les mers [3] le roman d'aventure de Jules Verne, le point Nemo est le pôle maritime d'inaccessibilité. C'est-à-dire qu'il est le lieu marin le plus éloigné des terres. Pour situer ce lieu, il est nécessaire de résoudre le problème du plus grand cercle vide. En 1992, un ingénieur canado-croate parvient à calculer que cette zone se situe dans la partie méridionale de l'océan Pacifique. Le point Nemo se trouve à équidistance des îles Pitcairn au nord, des îles de Pâques au nord-est et de l'Antarctique au sud. Plus précisément, il est le centre d'un cercle qui passe par l'îlot Pandora de l'île Ducie, une des quatre îles des Pitcairn, par l'îlot Motu Nui, à l'extrémité sud-ouest de l'île de Pâques, et par l'île Maher au nord de la côte de l'Antarctique. Ducie est un atoll de 3,9 km2 composé de quatre petites îles, à 500 kilomètres à l'est des autres îles qui constituent Pitcairn. Surface rocheuse de 0,039 km2, Motu Nui est la partie émergée d'une montagne volcanique sous-marine s’élevant à 2000 mètres d'altitude. En forme de fer à cheval et d'une longueur d'un kilomètre, l'île Maher est à une dizaine de kilomètres au nord de la grande île volcanique de Siple au large de l'Antarctique occidental. Recouvertes de neige, ces îles sont réunies au continent antarctique par la banquise. Du point de vue politique, les îles Pitcairn sont un territoire britannique d'outre-mer et l'île de Pâques est sous autorité du Chili. Plus 14000 kilomètres séparent Adamstown, la capitale des Pitcairn, à Londres, la métropole britannique. Plus de 3700 kilomètres entre la capitale pascuane Hanga Roa et celle du Chili. L'île Maher dépend de la Terre Marie Byrd, la seule région de l'Antarctique à n'être revendiquée par aucun pays. Officiellement, la Terre Marie Byrd est donc une terra nullius [4]. Aucune des trois petites îles définissant le point Nemo n'est habitée par des hominines [5]. Des quatre îles qui composent le territoire britannique, seule Pitcairn à proprement dit a une population d'hominines. Adamstown, unique village, est peuplé d'une quarantaine d'hominines. Sur l'île de Pâques chilienne vivent environ 7800 hominines. L'isolement géographique de l'île pascuane est tel que l'endroit peuplé d'hominines le plus proche est les îles Pitcairn, à plus de 2700 kilomètres à l'est. Pour ces dernières, les hominines les plus proches sont la dizaine qui vivent à environ 540 kilomètres à l'est sur la petite île d'Akamaru dans l'archipel des Gambier, actuellement incorporé dans la Polynésie française [6]. L'ensemble de cet archipel abrite environ 1800 hominines.

L'intérêt du Royaume-Uni et du Chili pour ces archipels s'explique non par leurs superficies ou les hominines qui y vivent mais par la Zone économique exclusive (ZEE) [7] supplémentaire qu'ils permettent à ces deux pays. Avec 47 km2, l'archipel de Pitcairn représente une ZEE de 836100 km2 — plus que la ZEE de l'île de Grande-Bretagne — et l'île de Pâques chilienne dispose d'une ZEE de 713465 km2 pour une surface de 164 km2 alors que le Chili a une ZEE trois fois plus importante pour une superficie presque 5000 fois plus grande.

Les restes archéologiques de temples, les objets en pierre et les pétroglyphes trouvés sur les deux principales îles de l'archipel Pitcairn montrent que son occupation par des hominines est très ancienne. Elle semble prendre fin au début du XVIème siècle après JC [8]. Les îles sont inhabitées lorsque des hominines, venant d'Europe sur des bateaux, les cartographient progressivement à partir du début du XVIIème siècle. L'île Pitcairn est nommée ainsi par un marin britannique en 1767 du nom d'un matelot de quinze ans Robert Pitcairn qui est le premier à l'avoir aperçu. En avril 1789 une partie des marins du bateau britannique Bounty se mutinent. Le capitaine et les membres d'équipage qui lui restent fidèles sont mis dans une petite embarcation. Les mutins gardent le Bounty [9] et tentent de s'installer sur une petite île de l'actuelle Polynésie française. Sans succès [10]. La population locale n'y est pas favorable. En janvier 1790, neuf des mutins britanniques et 18 hominines de Tahiti — 6 mâles, 11 femelles et un nourrisson — arrivent sur l'île Pitcairn. Le choix se porte sur cette île inhabitée car sa cartographie est approximative. Le bateau est sabordé. Les relations entre les britanniques et les tahitiens dégénèrent après quelques années. En 1793, cinq mutins sont tués par les tahitiens qui, tous, sont assassinés en 1794 par les survivants et leurs compagnes tahitiennes. En 1800, il ne reste qu'un unique survivant des mutins, neuf hominines femelles et 23 enfants. Une cinquantaine d'années plus tard, alors que Pitcairn est annexée par le Royaume-Uni, la population est de presque 200 hominines. Illes parlent le pitkern [11], un créole d'anglais et de tahitien, et sont adeptes des mythologies christiennes [12]. Une culture pitcairnaise voit le jour. Elle fonde ses préceptes moraux et ses traditions sur un mélange singulier d'un passé britannique et tahitien, une macédoine culturelle à base d'ingrédients christiens et polynésiens [13]. Consciente de la surpopulation, une grande partie des hominines demandent à pouvoir s'installer sur une autre île. Le Royaume-Uni propose l'île inhabitée de Norfolk [14], au nord de la Nouvelle-Zélande. Toute la population pitcairnaise s'y installe en 1856 et seule une vingtaine d'hominines retournent sur Pitcairn quelques années plus tard. À la fin du XIXème siècle, presque cent hominines y vivent. Après l'installation d'un missionnaire de l’Église adventiste du septième jour [15] en 1886, illes en deviennent adeptes. Au début du siècle suivant, les îles inhabitées Henderson [16], Oeno et Ducie deviennent britanniques et sont intégrées administrativement à celle de Pitcairn — sans demander l'avis aux hominines de l'île. Le pic de population est atteint dans le milieu des années 1930 avec 250 hominines et décline depuis pour atteindre aujourd'hui le nombre d'une quarantaine [17], répartie en quelques familles.

Les études menées récemment sur l'île de Pâques ont permis de dater du tout début du XIIIème siècle l'arrivée des hominines. Sans qu'il soit possible de dire avec certitude que cela fut le cas, les hypothèses indiquent qu'illes viennent de l'ouest et passent par l'archipel des Gambier, puis Pitcairn, avant d'arriver. Plus de 3000 kilomètres. En bateau, bien évidemment [18]. Vivant sur une île très isolée illes développent une culture singulière, dont les grandes statues de pierre pour rendre un "culte aux ancêtres" [19] sont la caractéristique la plus connue. Les premiers bateaux avec des hominines venus d'Europe ou de leurs implantations américaines y accostent à partir de 1722. Ne prenant pas la peine de demander aux hominines qui y vivent le nom qu'illes lui donnent, elle est appelée île de Pâques, en référence à son jour de "découverte". Cinquante ans plus tard, l'Espagne décrète sa souveraineté sur l'île, sous le nom d'île de San Carlos. Avec la fin de l'esclavage, pour répondre à leurs besoins en main-d'œuvre pour les plantations, les mines et la récolte du guano, les colonies européennes d'Océanie et d'Amérique du sud mettent en place un système de recrutement à destination des hominines de la myriade d'îles de l'océan Pacifique. Appelé Blackbirding [20] — de "black bird", "oiseau noir" en anglais — il s'apparente dans le meilleur des cas à du travail forcé, et au pire, à de véritables razzias esclavagistes contre les hominines des îles. Ainsi, dans la seconde moitié du XIXème siècle, la population d'hominines de l'île de Pâques passe d'environ 2500 à une petite centaine. Esclavagisée pour du guano sur les îles Chincha et décimée par les maladies et les conditions de travail. Le français Jean-Baptiste Onésime Dutrou-Bornier décide de s'implanter sur cette île pour y lancer un vaste projet agricole pour lequel il fait venir des hominines des îles de l'ouest du Pacifique et achète à bas prix des terrains. Après un échec agricole, il importe huit mille quatre cents moutons, cent cinquante bœufs et une vingtaine de chevaux pour en faire l'élevage. La centaine d'autochtones de l'île de Pâques [21] ayant survécu se mêle aux hominines arrivant pour les plantations ou les élevages. Beaucoup viennent de l'île de Rapa, sous domination française, à plusieurs milliers de kilomètres à l'ouest. Pour elleux, l'île de Pâques se nomme Rapa Nui [22], la Grande Rapa. Jean-Baptiste Onésime Dutrou-Bornier se marie avec une polynésienne qui se proclame reine de l'île en 1870. Pendant plusieurs années, le couple royal demande au gouverneur français de Tahiti d'être reconnu comme un protectorat français. Sans suite. Les relations entre le royal esclavagiste et sa main-d'œuvre sont tendues.

Milieu de rien

Le point Nemo se situe à une distance de 2688 kilomètres de chacune des îles Pandora, Motu Nui et Maher. Il est le centre du cercle formé par ces trois lieux et selon la formule mathématique pour calculer la surface d'un cercle, celle-ci est le rayon de 2688 kilomètres, multiplié par lui-même et par le nombre π (pi), soit 22,7 millions de km2. L'équivalent de 300000 fois la superficie de Nice ou de 880 fois celle de la Macédoine, selon les mathématiques protivophiles, ou plus d'une quarantaine de fois celle de la France métropolitaine pour utiliser une mesure plus standard. Le point Nemo est à environ 3500 kilomètres des côtes chiliennes et plus de 4500 de la Nouvelle-Zélande.


Notes

  1. plaque tectonique
  2. failles marines
  3. Jules Verne, 'Vingt Mille Lieues sous les mers
  4. terra nullius
  5. hominines
  6. Polynésie française
  7. Zone économique exclusive (ZEE)
  8. JC
  9. Bounty
  10. Fort George
  11. pitkern
  12. christien
  13. Affaire des îles Pitcairn
  14. Norfolk
  15. l’Église adventiste du septième jour
  16. Henderson
  17. Olivier Goujon, Pitcairn, les révoltés du Bounty vont disparaître, Max Millo, 2021
  18. 19 jours en pirogue
  19. Moaïs
  20. Blackbirding
  21. Haumakas
  22. Rapa Nui