Guerre du Dhofar : Différence entre versions
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Légèrement adapté pour cet article, le texte ci-dessous consacré à la Macédoine correspond très bien à une description du Dhofar. Du sultanat d'Oman aussi. Et de tous les autres régions du monde, sans exception. | Légèrement adapté pour cet article, le texte ci-dessous consacré à la Macédoine correspond très bien à une description du Dhofar. Du sultanat d'Oman aussi. Et de tous les autres régions du monde, sans exception. | ||
− | <blockquote>''[Au Dhofar], les structures sociales sont imprégnées de l’héritage [de l'islam]. Que ce soit pour des raisons de croyances religieuses ou au nom d’une morale [musulmane] sécularisée, le patriarcat familial, le mariage, la famille ou le sexisme sont toujours présents. Croire l’inverse revient à penser [qu'une] période socialiste passée aurait pu en venir à bout. Il en découle que la plupart des [dhofaris] en âge de procréer sont invités à le faire afin de reproduire le modèle social de la famille en l’inculquant à leurs enfants. Les parents et l’école sont responsables de l’éducation donnée aux enfants, avec très peu de possibilités concrètes pour ces derniers de négocier ou refuser quoi que ce soit sur le sujet. Sans nourriture, par exemple, un bambin en [Oman] ne survit pas. Le mariage reste le moment important d’une vie sociale. Le décès aussi. Sauf que dans ce cas, seules les personnes vivantes peuvent en profiter. Échapper à la famille – et à sa reproduction – n’est pas chose simple et nécessite de pouvoir se créer d’autres solidarités. Choisies cette fois-ci. La morale, religieuse ou non, les codes traditionnels, les us et coutumes et les contraintes sociales sont omniprésents dans tous les domaines de la vie quotidienne. De la sexualité à la coupe de cheveux, des apparats vestimentaires à la manière de s’exprimer, des goûts culinaires à l’esthétisme, ce sont des carcans dans lesquels tout le monde doit se mouler sous peine d’être exclu. Une étude attentive pointe que la plupart des activités sociales sont genrées de façon binaire avec une préférence donnée à la catégorie "hommes", la seule qui est valorisante.''<ref>Voir le chapitre "Coercition joyeuse ?" de l’article [[Macédoine républicaine]]</ref><blockquote> | + | <blockquote>''[Au Dhofar], les structures sociales sont imprégnées de l’héritage [de l'islam]. Que ce soit pour des raisons de croyances religieuses ou au nom d’une morale [musulmane] sécularisée, le patriarcat familial, le mariage, la famille ou le sexisme sont toujours présents. Croire l’inverse revient à penser [qu'une] période socialiste passée aurait pu en venir à bout. Il en découle que la plupart des [dhofaris] en âge de procréer sont invités à le faire afin de reproduire le modèle social de la famille en l’inculquant à leurs enfants. Les parents et l’école sont responsables de l’éducation donnée aux enfants, avec très peu de possibilités concrètes pour ces derniers de négocier ou refuser quoi que ce soit sur le sujet. Sans nourriture, par exemple, un bambin en [Oman] ne survit pas. Le mariage reste le moment important d’une vie sociale. Le décès aussi. Sauf que dans ce cas, seules les personnes vivantes peuvent en profiter. Échapper à la famille – et à sa reproduction – n’est pas chose simple et nécessite de pouvoir se créer d’autres solidarités. Choisies cette fois-ci. La morale, religieuse ou non, les codes traditionnels, les us et coutumes et les contraintes sociales sont omniprésents dans tous les domaines de la vie quotidienne. De la sexualité à la coupe de cheveux, des apparats vestimentaires à la manière de s’exprimer, des goûts culinaires à l’esthétisme, ce sont des carcans dans lesquels tout le monde doit se mouler sous peine d’être exclu. Une étude attentive pointe que la plupart des activités sociales sont genrées de façon binaire avec une préférence donnée à la catégorie "hommes", la seule qui est valorisante.''<ref>Voir le chapitre "Coercition joyeuse ?" de l’article [[Macédoine républicaine]]</ref></blockquote> |
Depuis sa prise de pouvoir en 1970, l’autocrate Qabus a modernisé l’ensemble du pays : construction d’écoles et d’universités, urbanisation et routes<ref>Marc Valeri, Le sultanat d'Oman en quête d'un second souffle, ''Études du CERI'', n° 122, 2005 [http://www.sciencespo.fr/ceri/sites/sciencespo.fr.ceri/files/etude122.pdf En ligne]. Alexandra Parrs, "Omanisation et interrogations identitaires dans le Sultanat d’Oman", ''Migrations Société'', 2011 [http://www.cairn.info/load_pdf.php?ID_ARTICLE=MIGRA_138_0031 En ligne]</ref>. Toutes portent son nom ! | Depuis sa prise de pouvoir en 1970, l’autocrate Qabus a modernisé l’ensemble du pays : construction d’écoles et d’universités, urbanisation et routes<ref>Marc Valeri, Le sultanat d'Oman en quête d'un second souffle, ''Études du CERI'', n° 122, 2005 [http://www.sciencespo.fr/ceri/sites/sciencespo.fr.ceri/files/etude122.pdf En ligne]. Alexandra Parrs, "Omanisation et interrogations identitaires dans le Sultanat d’Oman", ''Migrations Société'', 2011 [http://www.cairn.info/load_pdf.php?ID_ARTICLE=MIGRA_138_0031 En ligne]</ref>. Toutes portent son nom ! | ||
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Version du 20 septembre 2017 à 10:06
Guerre du Dhofar (1964 - 1976) Le Dhofar est une région du sud du sultanat d'Oman, dans le sud-est de la péninsule arabique.
SommaireGéographie approximativeLa péninsule arabique est séparée de l'Afrique par le canal de Suez qui permet de relier la Méditerranée à la mer Rouge. Depuis l'ouverture de ce canal le 17 novembre 1869, l'Afrique est une île-continent séparée de la péninsule arabique par quelques centaines de mètres. L'ensemble de la péninsule est constituée par la plaque tectonique arabique[1], en contact à l'ouest à la plaque africaine, au nord aux plaques anatolienne et eurasiatique, à l'est avec la plaque indienne et au sud avec la plaque somalienne. La rencontre entre les plaques arabique et anatolienne forme les monts Taurus. Les Taurus s'intègrent dans le grand ensemble montagneux, appelé ceinture alpine, qui s'étend des côtes du Maroc à l'Himalaya, en passant par l'Atlas, la côte ibérique, les Pyrénées, les Alpes et les Apennins, les Balkans, les Carpates, les montagnes d'Asie mineure, le Caucase, les plateaux iraniens, l'Hindou Kouch puis l'Himalaya, pour finir tout le long de l'Indonésie. Les pays actuels de la péninsule sont l'Arabie saoudite, le Yémen, Oman, les Émirats arabes unis, le Qatar, Bahreïn et le Koweït. Hormis l'Arabie saoudite indépendante depuis 1932 et les Yémen et Koweït depuis le début des années 60, les autres pays le sont en 1971. L'Oman est frontalier avec le Yémen au sud, l'Arabie saoudite à l'ouest et les Émirats arabes unis au nord. à l'est il est bordé par l'Océan indien. Le centre de la péninsule arabique est un gigantesque désert de sable et de chaleur, le Rub al-Khali ("Quart Vide"). La péninsule arabique n'est pas un gigantesque espace vide mais un vaste carrefour commercial et le lieu de naissance de plusieurs civilisations prospères[2].
Seules les côtes sont des régions humides. En Oman, le centre du pays est une grande plaine désertique, avec au nord et au sud des régions montagneuses[4]. À la frontière avec l'Arabie saoudite existe une vaste région de sables mouvants et d'eaux saumâtres appelée Umm al Samim[5] ("Mère des poissons")
Un rien sur OmanAprès des guerres de succession, la fondation au milieu du XVIIIème siècle de la dynastie menée par Ahmed ibn Said stabilise les frontières du sultanat et apaise les tensions internes. Le sultanat, dont la capitale est fixée à Mascate, devient un empire maritime et commercial s'étendant de Madagascar, le long des côtes est-africaines jusqu'à l'Inde[6]. Les esclaves sont une des denrées de ce prospère commerce. L'imamat d'Oman, situé dans les terres avec pour capitale Nizwa, est dirigé par des religieux ibadites. En 1820, le sultanat de Mascate s'unit à l'imamat d'Oman pour former le sultanat de Mascate et Oman. L'empire maritime s'effrite, ses territoires réclament l'indépendance, et le commerce des esclaves désormais interdit met l'économie en crise. Tout en gardant une certaine indépendance, il devient une sorte de protectorat britannique de 1891 à 1971. À l'exception de l'Arabie saoudite, les britanniques sont très présents dans toute la péninsule et soutiennent les pouvoirs politiques locaux[7]. Le processus de décolonisation à la britannique instaure un redécoupage des pourtours de l'Arabie saoudite, créant ainsi 6 nouveaux États après des négociations compliquées dans un environnement tribal complexe. Le Koweït et Bahreïn sont des micro-États reposant sur des familles régnantes, les Émirats arabes unis sont une fédération de 7 micro-émirats tribaux à laquelle le Qatar a préféré ne pas participer. En 1967 la Fédération d'Arabie du Sud (ex-protectorat d'Aden) et le protectorat d'Arabie du Sud s'unissent pour former la République populaire du Yémen du Sud (devenue République démocratique populaire du Yémen en 1970). Les dirigeants des différents sultanats et émirats qui constituent le protectorat d'Arabie du Sud prévoient un temps de se fédérer à l'Arabie Saoudite en tant qu’État d'Hadramaout, et donc lui offrir un accès à la mer, mais se ravisent. Les britanniques attribuent le Dhofar au sultanat de Mascate et Oman pour former le sultanat d'Oman, internationalement reconnu en 1971. Mais en Oman et au Yémen, ce processus n'est pas sans rencontrer des oppositions et des résistances. Tout au long des années 50 et 60, l'imamat d'Oman ne cesse de se révolter contre le pouvoir de Mascate qui, en représailles, réduit considérablement son autonomie interne. Les britanniques offrent toujours leur aide militaire pour affaiblir les rébellions et soutenir les potentats locaux. Environ 70% des habitants d'Oman sont adeptes d'une forme minoritaire de l'islam, le kharidjisme[8] ibadite[9]. Le kharidjisme est une école islamique issue des premières discordes entre les successeurs du prophète musulman. Signifiant "sortants, dissidents" (khawāridj en arabe, خوارج) ce terme est utilisé par Ali, le neveu du prophète, pour désigner en 657 ceux qui le critiquent. Des combats opposent régulièrement les partisans d'Ali aux kharidjites. Abd-al-Rahman ibn Muljam, l'un d'eux, assassine Ali le 26 janvier 661 (19 Ramadan 40 de l'hégire) à Koufa (actuelle Irak). Le kharidjisme est distinct du sunnisme et du chiisme. Plutôt rigoriste dans sa pratique religieuse, le kharidjisme se caractérise par son refus du pouvoir dynastique, la mise en place d'élection pour succéder au prophète, choisit parmi le meilleurs des croyants, quelle que soit sa couleur ou sa tribu. Il s'oppose ainsi à la famille du prophète, directe ou indirecte, qui pense avoir la légitimité pour revendiquer la direction de la communauté musulmane. Pour les nouveaux convertis non-arabes, anciens esclaves ou perses, il est un moyen de disputer le pouvoir à la dynastie que veut mettre en place la tribu du prophète. Fragmenté en une dizaine de groupes différents, le kharidjisme est intransigeant et n'hésite pas à combattre les pouvoirs constitués. Il prône l'égalité des croyants et le refus de toute autorité autre que celle qui est choisie par la communauté. Les kharidjites n'hésitent pas à excommunier ou à tuer les mauvais croyants, c'est à dire les non-kharidjites qui s'opposent à eux. La plupart de ces groupes disparaissent sous les coups de la répression ou décimés lors d'affrontements militaires. Le kharidjisme de Abdullah ibn-Ibad at-Tamimi s'installe vers 680 dans l'actuel Oman. Il est le fondateur d'un courant pacifiste du kharidjisme, l'ibadisme, qui mêle les aspects égalitaristes et démocratiques à une appréhension plus personnelle de la religion et une plus grande tolérance aux autres croyants en se basant sur le verset coranique suivant :
Dans le Maghreb, le kharidjisme s'installe durablement à partir du VIIIème siècle et sera à l'origine de nombreux royaumes berbères dans la région. De nos jours, l'ibadisme est la variante musulmane pratiquée par les communautés du Mzab en Algérie, de Djerba en Tunisie et du Djebel Nefousa en Libye. Si le poète urbain Élie Yaffa "Booba"[11] nous dit que "paix rime avec respect, jihad avec fusillade", il ne précise pas dans son œuvre que cela marche aussi avec galéjades. Un ibadite actuel lui répondrait sans doute qu'il en est de même avec balade, ballade, grillade, marmelade, façade, salade ou pelade. Et quelques autres encore. L'approche ibadite peut être résumée par ces quelques vers d'Omar Kayyâm, adepte lui-aussi d'un réalisme incroyable à la limite de l'incroyance réaliste.
Comme au Yémen voisin, Oman est aussi peuplé de quelques communauté juives dans le nord du pays, jusque dans les années 50. La plus vieille mention d’un communauté juive date du IXème siècle. Ce que confirme plus de trois siècles plus tard le rabbin-voyageur Benjamin de Tudèle lors de son périple entre 1165 et 1173 dans les communautés juives du monde entier[13]. Il mentionne la présence de juifs à Mascate. Estimé à environ 5000 personnes, la communauté se désagrège et la plupart immigrent vers Israël après la création de cet État en 1948. Oman n’a pas connu d’épisode de violences antisémites comme ce fut le cas pour les juifs dans d’autres pays arabes
DhofarLe Dhofar est désertique à 60% et se rattache au Rub al-Khal. Situé à la frontière omano-yéménite, le sud du Dhofar est une région de montagnes, dans la continuité de l'Hadramaout yéménite. Contrairement au reste du territoire omanais, le Dhofar montagneux est touché par la mousson qui apporte d'Inde son lot d'eau tous les ans. En 2016, avec 99300 km2, le Dhofar représente environ 30% du territoire d'Oman pour une population d'environ 250000 personnes sur les 4 millions d'omanais, soit 16%. En 1964, les 40 000 habitants du Dhofar représentaient environ 18% des 750 000 omanais. La région est alors la plus pauvre de tout le sultanat[14]. Comme aujourd'hui. L'agglomération urbaine la plus importante est la ville portuaire de Salalah, au sud du Dhofar. Outre ces spécificités géographiques et économiques, le Dhofar est l'une des deux régions où sont parlées des langues sudarabiques. N'étant pas reconnus officiellement, les locuteurs de ces langues sont dans une situation d'illettrisme dans un pays de langue arabe, tenus à l'écart d'une administration arabophone et n'ayant pas accès à une scolarité dans leur langue usuelle. La pratique des langues sudarabiques est en constant recul face à la langue arabe[15]. Les dernières estimations[16] donnent environ 50000 locuteurs du mehri, 25000 du shehri, 200 du bathari et une centaine du hobyot. Le bilinguisme se généralise avec la modernisation du pays et les migrations vers les grands centres urbains. Même si elles sont apparentées à la même famille linguistique, l'arabe et les langues sudarabiques ne sont pas inter-compréhensibles. Le domaine des langues sudarabiques et de leurs parlers locaux est très diversifié avec parfois de fortes différences linguistiques. Il n'y a ni normalisation écrite, ni tentative de standardisation.
Guerre du DhofarSuccédant à son père en 1932, le sultan Saïd ibn Taimour opte pour une politique agressive et un régime despotique. Grâce à l'argent du pétrole, Oman s'émancipe progressivement de la tutelle britannique[17], mais maintien une coopération militaire. L'armée britannique vient en aide au sultan pour mater les rébellions de 1950 et 1957 dans les régions intérieures de l'ancien imamat d'Oman. Au sud du pays, le rapprochement au début des années 60 entre la Fédération d'Arabie du Sud (ex-protectorat d'Aden) et le protectorat d'Arabie du Sud en vue de former un Yémen du Sud unifié trace de fait la nouvelle frontière entre le Yémen et l'Oman. Pour protester contre la situation économique et le rattachement de facto à Oman, de 1962 à 1965, la Société Bienveillante du Dhofar, l’Organisation des Soldats du Dhofar ou la branche locale du Mouvement Nationaliste Arabe multiplient les attaques de "basse intensité" contre les forces armées du sultan. Beaucoup de militants recherchés à Salalah s'installent dans les zones montagneuses. Un groupe de jeunes communistes et nationalistes arabes ou dhofari créé le Front de Libération du Dhofar en 1964 et lance la lutte armée le 9 juin 1965. Les unités de la guérilla contrôle le 2/3 du territoire du Dhofar, à l'exception de Salalah toujours au main du sultan. La population des régions montagneuses est plutôt favorable aux discours de la guérilla. La langue usuelle dans les unités de guérilla est le shehri, aussi appelé jibbali terme qui signifie "montagne". La réponse du sultan Saïd ibn Taimour est violente et redouble après une tentative d'assassinat contre lui en 1966. Aidé par les britanniques et l'Iran, l'armée traque les guérilleros et terrorise la population.
Face aux indépendances prévues dans les protectorats, le mouvement change de nom en 1968 et opte pour Front populaire de libération du Golfe arabique occupé (FPLGAO)[19]. Sa direction regroupe alors 25 personnes originaires des différentes régions de la péninsule. Il veut étendre la lutte armée à Oman et Mascate, au Bahreïn et dans les émirats des futurs Émirats arabes unis. L'arrivée au pouvoir de révolutionnaires marxistes au Yémen du Sud voisin en 1967 change la donne car dorénavant le Front bénéficie de l'aide directe d'un État. Les revendications sont alors plus marquées par l'idéologie marxiste-léninistes, et les aspirations à l'indépendance du Dhofar laissent place à un internationalisme. La critique des nationalismes arabes est sévère :
Abandonnant officiellement le nationalisme arabe ou dhofari, le FPLGAO revendique maintenant un rapprochement avec le Yémen socialiste dans le cadre d'une fédération socialiste regroupant tous les ex-protectorats britanniques de la péninsule. Idéologiquement, il est une macédoine de marxisme-léninisme, de guévarisme, d'une touche de maoïsme et d'une pointe de nationalisme. Le nombre de combattants est alors estimé à 2000, auxquels s'ajoutent 3000 miliciens prêts à prendre les armes dans les "zones libérées". Beaucoup de femmes se battent dans la guérilla. Le roman de l'écrivain égyptien Sonallah Ibrahim, Warda[21], écrit en 2000 retrace le quotidien de Warda, une jeune guérillera, chef d'une unité du Front. Les forces armées du sultan sont incapables de traquer les membres de la guérilla, et leurs exactions répétées contre la population ne fait que renforcer son rapprochement avec les insurgés. Le FPLGAO est à son apogée. Au sultan qui vit dans l'opulence et pense que "Deux fois rien c'est pas rien", les insurgés lui rétorquent, les armes à la main, que "Dhofariens, c'est pas rien". Le 23 juillet 1970, Qabus ibn Said renverse son sultan de père. Despote éclairé, Qabus décide de pacifier son pays. Pour cela, il emploie l'argent du pétrole pour financer des plans d'aide et d'urgence pour les populations les plus pauvres du Dhofar et redéploie les activités militaires avec l'aide des Forces spéciales de l'armée britannique. L'indépendance d'Oman, des Émirats arabes unis, du Qatar et de Bahreïn en 1971 modifie la configuration politique de la région. La même année, le FPLGAO devient le Front populaire de libération d'Oman et du Golfe arabe (FPLOGA). La double politique menée par Qabus parvient au fil des mois à changer les rapports de force sur le terrain. Les guérilleros sont traqués inlassablement et la population voit des aides alimentaires arriver et des écoles se construire. La guerre de propagande aussi fait rage contre les communistes accusés de dévoyer les bons croyants. Avec l'aide du Royaume-Uni, le sultan d'Oman met en place une véritable politique de contre-guérilla[22]. Les unités de la guérilla subissent des contre-attaques, se délitent et les derniers combats ont lieu en 1976. Légèrement adapté pour cet article, le texte ci-dessous consacré à la Macédoine correspond très bien à une description du Dhofar. Du sultanat d'Oman aussi. Et de tous les autres régions du monde, sans exception.
Depuis sa prise de pouvoir en 1970, l’autocrate Qabus a modernisé l’ensemble du pays : construction d’écoles et d’universités, urbanisation et routes[24]. Toutes portent son nom ! Deux fois rienMême si les auteurs de cette rumeur s'en défendent, il a été évoqué un hypothétique voyage de F. Merdjanov[3] :
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