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Si l'autorité religieuse est contestée dans sa légitimité politique, elle l'est aussi pour sa volonté d'une main-mise sur la validité ou non à accorder à telles ou telles théories ou pensées. Que faire des sciences qui ne s'accordent pas avec les mythologies christiennes ou qui les heurtent ? Les scientifiques et les philosophes de ces siècles charnière inversent la question. Que faire des mythologies et des savoirs qui ne s'accordent pas avec les sciences nouvelles ? La superstar de cette époque est Voltaire. Il aime se voir en pourfendeur de la religion. Des textes anonymes circulent en Europe. La cible est la religion christienne et ses croyances. Le fait même de croire en cette religion est contesté. De ''La béatitude des Chrétiens ou le Fléau de la foy'' de Geoffroy Vallée en 1572 <ref>Geoffroy Vallée, ''La béatitude des Chrétiens ou le Fléau de la foy'', 1572 - [http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k71722w/f48.image En ligne]. Il est réédité au XVIII<sup><small>ème</small></sup> siècle sous le titre ''L'art de ne croire en rien''</ref> — et qui vaut à son auteur la pendaison suivie du bûcher deux ans plus tard <ref>Noël Journet est lui aussi pendu puis brûlé, à Metz en 1582, pour des écrits blasphématoires dont nous ne disposons d'aucune copie. Voir Alain Mothu, "Deux "jeunes éventés" : Geoffroy Vallée et Noël Journet. Spiritualisme et athéisme au XVIe siècle", ''Les dossiers du GRIHL'', 2009 - [http://journals.openedition.org/dossiersgrihl/2083 En ligne]</ref> — à l'anonyme ''Traité des trois imposteurs'' <ref>''Traité des trois imposteurs'', 1777 - [http://classiques.uqac.ca/classiques/holbach_baron_d/trois_imposteurs/trois_imposteurs.pdf En ligne]. Pour une liste des différentes variantes, voir [https://biblioweb.hypotheses.org/16070 ici]. Georges Minois, ''Le traité des trois imposteurs. Histoire d'un livre blasphématoire qui n'existait pas'', Albin Michel, 2009</ref> dans les années 1720 en passant par le ''Testament de Jean Meslier'' publié en 1762 par Voltaire. Ce ''Testament'' est une version remaniée de ''Mémoire des pensées et sentiments de Jean Meslier, prêtre-curé d'Etrépigny et de Balaives, sur une partie des erreurs et des abus de la conduite et du gouvernement des hommes, où l'on voit des démonstrations claires et évidentes de la vanité et de la fausseté de toutes les religions du monde, pour être adressé à ses paroissiens après sa mort et pour leur servir de témoignage de vérité à eux et à tous leurs semblables'', plus connu sous le nom de ''Mémoire des pensées et sentiments de Jean Meslier''. <ref>Mémoire des pensées et des sentiments de Jean Meslier, Talus d'approche, 2007, 3 volumes. Une version du XIX<sup><small>ème</small></sup> siècle est disponible [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b90605955 en ligne]</ref> | Si l'autorité religieuse est contestée dans sa légitimité politique, elle l'est aussi pour sa volonté d'une main-mise sur la validité ou non à accorder à telles ou telles théories ou pensées. Que faire des sciences qui ne s'accordent pas avec les mythologies christiennes ou qui les heurtent ? Les scientifiques et les philosophes de ces siècles charnière inversent la question. Que faire des mythologies et des savoirs qui ne s'accordent pas avec les sciences nouvelles ? La superstar de cette époque est Voltaire. Il aime se voir en pourfendeur de la religion. Des textes anonymes circulent en Europe. La cible est la religion christienne et ses croyances. Le fait même de croire en cette religion est contesté. De ''La béatitude des Chrétiens ou le Fléau de la foy'' de Geoffroy Vallée en 1572 <ref>Geoffroy Vallée, ''La béatitude des Chrétiens ou le Fléau de la foy'', 1572 - [http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k71722w/f48.image En ligne]. Il est réédité au XVIII<sup><small>ème</small></sup> siècle sous le titre ''L'art de ne croire en rien''</ref> — et qui vaut à son auteur la pendaison suivie du bûcher deux ans plus tard <ref>Noël Journet est lui aussi pendu puis brûlé, à Metz en 1582, pour des écrits blasphématoires dont nous ne disposons d'aucune copie. Voir Alain Mothu, "Deux "jeunes éventés" : Geoffroy Vallée et Noël Journet. Spiritualisme et athéisme au XVIe siècle", ''Les dossiers du GRIHL'', 2009 - [http://journals.openedition.org/dossiersgrihl/2083 En ligne]</ref> — à l'anonyme ''Traité des trois imposteurs'' <ref>''Traité des trois imposteurs'', 1777 - [http://classiques.uqac.ca/classiques/holbach_baron_d/trois_imposteurs/trois_imposteurs.pdf En ligne]. Pour une liste des différentes variantes, voir [https://biblioweb.hypotheses.org/16070 ici]. Georges Minois, ''Le traité des trois imposteurs. Histoire d'un livre blasphématoire qui n'existait pas'', Albin Michel, 2009</ref> dans les années 1720 en passant par le ''Testament de Jean Meslier'' publié en 1762 par Voltaire. Ce ''Testament'' est une version remaniée de ''Mémoire des pensées et sentiments de Jean Meslier, prêtre-curé d'Etrépigny et de Balaives, sur une partie des erreurs et des abus de la conduite et du gouvernement des hommes, où l'on voit des démonstrations claires et évidentes de la vanité et de la fausseté de toutes les religions du monde, pour être adressé à ses paroissiens après sa mort et pour leur servir de témoignage de vérité à eux et à tous leurs semblables'', plus connu sous le nom de ''Mémoire des pensées et sentiments de Jean Meslier''. <ref>Mémoire des pensées et des sentiments de Jean Meslier, Talus d'approche, 2007, 3 volumes. Une version du XIX<sup><small>ème</small></sup> siècle est disponible [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b90605955 en ligne]</ref> |
Version du 20 août 2024 à 16:40
Néoplatisme. ( en macédonien - neoplatisme en nissard) Utopie futuriste du passé.
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De toutes les espèces vivantes sur cette la planète, les hominines [2] sont la seule dont nous possédons des représentations du monde qui l'environne, et que nous comprenons. Non pas le monde tel qu'il est est mais tel qu'il est pensé. Comme n'importe quel animal, les hominines ressentent et fondent leurs connaissances de l'existant à partir de leurs sensations. Peu d'espèces semblent avoir des connaissances cumulatives. Hormis les hominines, cela a été confirmé chez les bourdons ou les chimpanzés qui sont capables d'apprendre et de transmettre des techniques ou des savoirs à leurs congénères. [3] Idem chez les minions, une espèce bien plus ancienne que les bourdons, les chimpanzés et les hominines. [4] Cela ne dit évidemment rien sur l'intelligence d'autres espèces. En effet, les poulpes, par exemple, sont capables d'apprentissage et d'expérimentation mais, dans leur environnement naturel, illes [5] ne sont pas dans des conditions matérielles leur permettant de transmettre quelque chose à des congénères. Les individus de cette espèce vivent en solitaire et meurent à l'issue de la reproduction. Les poulpes parviennent très bien à résoudre des problèmes de mécanismes complexes et de labyrinthes en laboratoire mais ne les inventent pas. Les animaux dit sociaux sont plus à même de développer des connaissances cumulatives et des mécanismes de transmission intergénérationnelle. Après les premières stupeurs sont arrivées les premières tentatives de réponse à ce qu'est l'existant pour des hominines. La datation de cela est difficile. Les questionnements sont divers tant le monde est vaste et complexe. Malgré des nuances évidentes, il y a très peu de différences entre les histoires inventées dans les sociétés d'hominines pour raconter le commencement de tout. Le premier scénario de fiction, le premier roman oral ? Les schémas mythologiques sont similaires. Une ligne est tracée entre le Rien primordial et les hominines. D'évidence, le résultat est une narration autocentrée pour décrire l'existant. D'une manière ou d'une autre, les hominines trônent. Illes ne sont jamais simplement une espèce parmi d'autres. Les hominines se répandent progressivement sur l'ensemble des terres émergées de la planète. Au fil de leurs migrations, des changements de climat. La "sortie" d'Afrique est un processus qui prend des centaines de milliers d'années, en plusieurs vagues. Même dans les zones les plus inhospitalières, les hominines sont dorénavant partout. Leur diversité est riche en mythes, en langues, en cultures, etc. HierSans exception, la totalité des cultures hominines se sont dotées de savoirs et de techniques afin de mieux survivre. Pour compenser leur fragilité et s'adapter au mieux à tous les environnements. Il y a de fortes probabilités pour que l'invention des vêtements en peau d'animaux soit concomitante de l'exploration de régions moins tempérées, et non les prémisses de la combinaison de sudation. Le manteau de fourrure ne s'invente pas sous des climats chauds, tout comme les lunettes de soleil ne sont pas adaptées à la nuit polaire. Impossible ici d'énumérer toutes les questions que les hominines se posent. Parmi celles-ci, celles sur la "planète" sur laquelle illes vivent. Est-elle sans fin comme semble le laisser penser son exploration pédestre ? Quelle est sa forme ? Qu'y a-t-il après l'horizon ? Existe-t-il un ailleurs ? Tout indique que les étoiles et les astres solaire et lunaire se déplacent. Sans vouloir faire preuve de validisme [6], il suffit de regarder pour le constater. À partir de ces simples questionnements et constatations, de nombreuses hypothèses peuvent être formulées. Les récits mythologiques ne se gênent pas pour cela. Bien souvent le monde existant n'est pas pensé en tant que planète dans un univers beaucoup plus vaste mais comme l'unique réalité. Les étymologies possibles de ce mot de planète sont d'ailleurs des indicateurs de la complexité de ces réponses apportées par les croyances. Selon la plupart des dictionnaires actuels, le terme planète renvoie à une racine grecque antique signifiant "vagabond", "errant". Le grec ancien utilise l'expression astra planeta, "étoile errante". Un sens que l'on retrouve dans le français moderne planer. Pour certains, il est à rapprocher de flâner qui en serait la déformation. Dans plusieurs langues germaniques nord-européennes, il existe des formes de l'étymon flan avec le sens de "balader", "errer". Tel flanieren en allemand. Ce sens de vagabondage, de déplacement, correspond très bien à une description du mouvement des étoiles, de la lune et du soleil. Elles sont donc bien des planètes. Le terme est aujourd'hui genré au féminin mais pendant plusieurs siècles cela n'a pas été le cas. Le Dictionnaire de la langue française de Godefroy rapporte que un planet est une planète et que une planete est une petite hache pour rendre plat ou une plate-forme. [7] Et planer est l'action de rendre plat. Un sens encore présent en français. Une plaine est un vaste endroit ouvert et à peu près plat. L'utilisation du mot astre évite cette ambiguïté. Son étymon a donné une multitude de mots dans les langues d'Europe. Star en anglais ou stern en allemand. Estela en nissard. Le stella latin débouche sur le nom étoile en français ou le qualificatif stellaire. Ou encore constellation.
À une date incertaine, mais fort probablement très ancienne, les hominines remarquent que l'ombre d'une chose fixe se déplace et change de taille. Cela fonctionne avec toute chose fixe. Ce mouvement de l'ombre est la matérialisation du déplacement du soleil. La longueur portée au sol est le reflet de l'inclinaison du soleil. L'hiver, lorsque la course du soleil est basse, l'ombre est plus longue que l'été, une saison où le soleil est haut. L'expérience est très facilement reproductible. Les premiers calendriers et horloges solaires apparaissent en Asie orientale et au Moyen-Orient. L'observation du ciel permet aux hominines de découvrir moult informations les concernant. Si le soleil et la lune ont une forme circulaire, qu'en est-il du monde ici-bas ? Les premières hypothèses postulent que "notre" monde est lui aussi circulaire. Rien ne dit encore s'il est plat ou cylindrique, mais la question se pose. Les documents les plus anciens dont nous disposons à ce sujet datent de la Grèce antique. L'application de quelques calculs géométriques, une science alors en plein essor, permet de répondre à quelques interrogations. Planter deux bâtons de hauteur égale à des endroits éloignés et mesurer leurs ombres à la même heure est une méthode qui montre que la terre est arrondie. Dès le Vème siècle avant JCⒸ [9], la plupart des érudits de l'antiquité grecque admettent la sphéricité de la Terre. Platon et Aristote pour ne citer que les plus connus. Même si les méthodes de calcul ne sont pas encore très précises, les formes arrondies des ombres de la Terre sur la Lune lors des éclipses et les calculs géométriques solaires sont pour eux des preuves suffisantes. Par contre ils divergent sur la question de la fixité ou non de notre astre terrestre. Même si certains défendent l'idée que l'astre terrestre tourne autour du soleil, le modèle dominant qui se dessine postule que la Terre est immobile et centrale dans l'univers, et que le Soleil et les autres astres tournent autour. Les avis divergent sur le rayon de cette sphère. Sans avoir recours aux mathématiques, il est possible de remarquer qu'au loin, à l'horizon, un bateau qui s'éloigne disparaît progressivement à partir du bas et que le mât est le dernier. Si la surface terrestre est plate, un objet qui s'éloigne à l'horizon doit simplement diminuer jusqu'à devenir si petit qu'il n'est plus visible. Inversement, à partir d'un bateau se rapprochant des côtes, les hominines voient les sommets des montagnes avant les côtes. La courbure terrestre implique qu'à une altitude d'environ 1,70 mètres — à la hauteur d'un regard d'hominine au bord de la mer — la vision ne peut dépasser les 4,7 kilomètres [10]. À une altitude de 1312 mètres, l'horizon visible va jusqu'à presque 130 kilomètres. Les connaissances en astronomie sont résumées au IIème siècle après JCⒸ par l'érudit Claude Ptolémée dans un traité en grec nommé Almageste [11]. Au cours des siècles suivants, la sphéricité de la Terre est chose acquise. Personne ne la remet en cause, que ce soit dans la civilisation mahométienne ou, plus tard, lors du Moyen-Âge européen. L'astronomie et la navigation confirment cela. Le grand sujet de discorde reste la circonférence terrestre et sa place dans l'univers. Le géocentrisme demeure le modèle explicatif consensuel. Les autorités religieuses christiennes n'admettent pas que l'astre terrestre ne soit pas central car cela revient, selon elles, à minimiser la dimension centrale des hominines pour leur divinité. Malgré tout l'humour qui est le sien, ce dieu n'a pas pu créer sa créature préférée — les hominines — dans un simple coin de l'univers parmi d'autres. Pour le reste, elles ne contredisent pas la sphéricité. Dans l'un de ses ouvrages, Historia rerum ubique gestarum [12], le pape Pie II signale en 1458 que "à peu de choses près, tout le monde s’accorde à dire que la forme du monde est sphérique." La fin du XVème et le début du XVIème siècles est une époque d'exploration du monde par voie maritime. Les puissances politiques d'Europe financent des expéditions afin de découvrir de nouvelles routes vers les Indes et l'Orient. L'originalité de Christophe Colomb tient au fait qu'il veut partir en direction de l'ouest pour atteindre l'est. Les critiques de son projet ne sont pas sur l'absence de route vers les Indes, en passant par ce chemin, mais sur l'impossibilité de les rejoindre en bateau car le voyage s'annonce trop long. Les contraintes matérielles sont trop grandes. Lorsque son expédition approche enfin de la terre ferme après plus de deux mois de voyage, l'équipage est mal en point, affamé et à deux doigts de se révolter. En effet, les estimations de Colomb sont mauvaises car il pense que la sphère terrestre est plus petite qu'elle ne l'est véritablement. Ce qu'il ne sait pas, c'est qu'il y a un continent entier entre l'Europe et l'Asie : le Nouveau Monde qui par la suite sera nommé Amérique. [13] Il faut attendre le milieu du XVIème siècle pour que cette représentation du monde soit sérieusement remise en cause. Dans Des révolutions des sphères célestes, Nicolas Copernic [14] propose un système héliocentrique de notre univers. Se basant sur les observations astronomiques et l'héritage de siècles de progrès des sciences mathématiques, il explique que le soleil est un astre central autour duquel tournent les planètes. Dont la Terre. Peu soutenu, les travaux de Copernic ne font pas l'effet d'une bombe. Les autorités religieuses christiennes de Rome — la papauté — ne daignent pas répondre, ni même condamner. Elles l'ignorent. Avec son héliocentrisme affirmé, Copernic vient pourtant de fendiller le consensus. Il pose les fondations modernes de l'astronomie. En 1584, Giordano Bruno [15] publie De l'infinito universo et Mondi dans lequel il affirme : "Il est donc d'innombrables soleils et un nombre infini de terres tournant autour de ces soleils, à l'instar des sept "terres" [la Terre, la Lune, Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne] que nous voyons tourner autour du Soleil qui nous est proche." À l'hypothèse que la sphère terrestre est immobile car lorsqu'un objet est lâché en haut d'un mât, il arrive au pied de ce même mât, Giordano Bruno répond qu'elle peut être mobile. Pour preuve, un objet lâché d'un mât en mouvement, sur un bateau par exemple, atterrie toujours à sa base. Une expérience aisément reproductible de nos jours. Sauter en l'air dans un train en marche, même à grande vitesse, ne fait pas courir le risque de se faire écraser par le bout du compartiment qui arrive à toute allure. Érudits dans plusieurs domaines, Giordano Bruno se met à dos les autorités papales qui lui reprochent ses positions sur la morale ou la religion. Ses positions scientifiques d'astronomie ne sont pas le principal reproche. Il est brûlé vif en 1600 pour hérésie. [16]
Quelques années plus tard, Johannes Kepler publie ses travaux sur les trajectoires des astres et conclue qu'elles ne sont pas circulaires mais elliptiques. Galilée provoque la colère d'érudits de son époque et des autorités religieuses en publiant Sidereus nuncius en 1610. S'appuyant sur les travaux de Copernic et ses successeurs, il fait l'hypothèse d'un système astronomique héliocentrique avec une sphère terrestre en mouvement. L'un de ses outils est une lunette astronomique, une invention récente. Le géocentrisme affirme que le poids des terres émergés, avec leurs montagnes, est tel que la sphère ne peut évidemment pas bouger. Trop lourde. L'observation de la lune avec une lunette astronomique montre très bien qu'elle aussi a du relief alors que tout le monde est d'accord avec le fait qu'elle est en mouvement. Le théologien et érudit Paolo Antonio Foscarini soutient que l'héliocentrisme n'est pas contraire aux écrits de la mythologie christienne et tente de publier en 1615 sa Lettre sur l'opinion pythagoricienne et copernicienne concernant la mobilité de la Terre et la stabilité du Soleil [18]. Mais l'héliocentrisme est officiellement déclaré hérétique en 1616 et les livres sur ce sujet sont ajoutés à l’Index des livres interdits, le catalogue officiel des autorités religieuses papales. [19] La Terre peut bien être sphérique, peu importe, mais hors de question qu'elle bouge. En 1632, Galilée fait paraître Dialogue sur les deux grands systèmes du monde [20] dans lequel trois personnes échangent sur la question. La première, à laquelle il s'identifie, est favorable au système héliocentrique de Copernic, la deuxième, représentant les autorités religieuses, défend le système géocentrique et la troisième n'a pas encore d'avis sur cette question. Les autorités papales n'apprécient pas. L'année suivante, un procès lui est intenté. Il est condamné à ne plus aborder le sujet et contraint à s'exiler. Ses travaux sont ajoutés à l’Index. Si les théories héliocentriques apportent des réponses à des observations astronomique et des calculs géométriques, elles ne sont pas encore en mesure d'expliquer tout ce que cela implique. Si la Terre n'est pas plate, les régions aux antipodes ne doivent pas être habitées car impossible d'y vivre avec la tête en bas. Si la Terre est en mouvement comment si maintenir sans se faire expulser par la vitesse ? Quoiqu'en pensent les héliocentristes, il suffit de retourner un verre d'eau pour constater qu'elle ne reste pas dans le récipient et se déverse. De plus, vivre en permanence la tête en bas n'est pas conseillé. Isaac Newton va permettre d'affiner le modèle héliocentrique. Par ses calculs il montre la présence d'une force de gravitation qui attire vers le sol. S'il est un personnage important dans l'histoire des sciences modernes, il l'est tout autant dans l'histoire de la protivophilie car, selon une source anonyme, "avant sa découverte de la gravité en 1687, les hominines prenaient tout à la rigolade". Les autorités religieuses christiennes de Rome reconnaissent dans le milieu du XVIIIème siècle la validité des théories de Galilée. Ses écrits et tout ceux défendant l'héliocentrisme sont enlevés de l'Index. Aujourd'huiLe développement du commerce mondialisé, les dissensions théologiques entre les différents courants christiens ou les oppositions politiques entre les puissants royaumes d'Europe, entraînent dans leur sillage de profonds changements sociaux et des interrogations philosophiques sur le présent et l'avenir. Les XVIIème et XVIIIème siècles sont l'articulation entre hier et aujourd'hui dans l'histoire du néoplatisme. Depuis maintenant un millénaire et demi, la pensée philosophique et les savoirs de l'antiquité grecque sont partie intégrante des philosophies christiennes et des savoirs qui se développent dans les régions à dominante christienne. Et aussi mahométienne. Les érudits pré-JCⒸ les plus proches des croyances christiennes font office de caution intellectuelle. Les savoirs qui ne sont pas antagonistes avec ce que les autorités religieuses professent sont évidemment valorisés. Elles écrivent ainsi leur "roman national" en ce donnant une profondeur historique. Elles légitiment leur autorité en se posant comme un "progrès" par rapport à une époque précédente. Tout en se présentant comme sa continuité naturelle. La sphéricité du monde est admise grâce aux textes de l'antiquité grecque. Si l'autorité religieuse est contestée dans sa légitimité politique, elle l'est aussi pour sa volonté d'une main-mise sur la validité ou non à accorder à telles ou telles théories ou pensées. Que faire des sciences qui ne s'accordent pas avec les mythologies christiennes ou qui les heurtent ? Les scientifiques et les philosophes de ces siècles charnière inversent la question. Que faire des mythologies et des savoirs qui ne s'accordent pas avec les sciences nouvelles ? La superstar de cette époque est Voltaire. Il aime se voir en pourfendeur de la religion. Des textes anonymes circulent en Europe. La cible est la religion christienne et ses croyances. Le fait même de croire en cette religion est contesté. De La béatitude des Chrétiens ou le Fléau de la foy de Geoffroy Vallée en 1572 [21] — et qui vaut à son auteur la pendaison suivie du bûcher deux ans plus tard [22] — à l'anonyme Traité des trois imposteurs [23] dans les années 1720 en passant par le Testament de Jean Meslier publié en 1762 par Voltaire. Ce Testament est une version remaniée de Mémoire des pensées et sentiments de Jean Meslier, prêtre-curé d'Etrépigny et de Balaives, sur une partie des erreurs et des abus de la conduite et du gouvernement des hommes, où l'on voit des démonstrations claires et évidentes de la vanité et de la fausseté de toutes les religions du monde, pour être adressé à ses paroissiens après sa mort et pour leur servir de témoignage de vérité à eux et à tous leurs semblables, plus connu sous le nom de Mémoire des pensées et sentiments de Jean Meslier. [24] DemainNotes
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