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Le pays Quint<ref>droit du quint</ref> est à cheval sur la frontière entre le département français des Pyrénées atlantique et la province espagnole de Navarre, il est le prolongement méridional de la vallée des Aldules, une vaste zone de bois et de pâturage. La controverse entre la France et l'Espagne dure plusieurs siècles, ponctués de décisions judiciaires et de décrets, pour finalement trouver un arrangement en 1856. Le pays Quint est coupé en deux<ref>Georges Viers, "Le Pays des Aldudes", ''Revue géographique des Pyrénées et du Sud-Ouest'', tome 22, fascicule 4, 1951 - [https://www.persee.fr/doc/rgpso_0035-3221_1951_num_22_4_1321 En ligne]. Isabelle Castro, Pierre Pailhé, "La vallée des Aldudes, un système coutumier confronté à l'espace et au temps", ''Revue géographique des Pyrénées et du Sud-Ouest'', tome 63, fascicule 3-4, 1992 - [https://www.persee.fr/doc/rgpso_0035-3221_1992_num_63_3_3304 En ligne]</ref>. Le nord revient à la France, avec les villages d'Aldudes, Urepel et Banca<ref>Iparetarrak</ref> sur lesquels elle exerce sa pleine souveraineté. Le sud du pays Quint (2500 ha) est placé sous souveraineté espagnole mais son administration reste française. Ce territoire est subdivisé en deux partie. Celle du nord est librement accessible pour la France et la partie sud est soumise au versement d'une rente à l'Espagne pour le droit d'usage. Les rares hominines qui vivent actuellement dans cette région sont soumis à l'impôt foncier en Espagne et payent leurs taxes d'habitation en France. | Le pays Quint<ref>droit du quint</ref> est à cheval sur la frontière entre le département français des Pyrénées atlantique et la province espagnole de Navarre, il est le prolongement méridional de la vallée des Aldules, une vaste zone de bois et de pâturage. La controverse entre la France et l'Espagne dure plusieurs siècles, ponctués de décisions judiciaires et de décrets, pour finalement trouver un arrangement en 1856. Le pays Quint est coupé en deux<ref>Georges Viers, "Le Pays des Aldudes", ''Revue géographique des Pyrénées et du Sud-Ouest'', tome 22, fascicule 4, 1951 - [https://www.persee.fr/doc/rgpso_0035-3221_1951_num_22_4_1321 En ligne]. Isabelle Castro, Pierre Pailhé, "La vallée des Aldudes, un système coutumier confronté à l'espace et au temps", ''Revue géographique des Pyrénées et du Sud-Ouest'', tome 63, fascicule 3-4, 1992 - [https://www.persee.fr/doc/rgpso_0035-3221_1992_num_63_3_3304 En ligne]</ref>. Le nord revient à la France, avec les villages d'Aldudes, Urepel et Banca<ref>Iparetarrak</ref> sur lesquels elle exerce sa pleine souveraineté. Le sud du pays Quint (2500 ha) est placé sous souveraineté espagnole mais son administration reste française. Ce territoire est subdivisé en deux partie. Celle du nord est librement accessible pour la France et la partie sud est soumise au versement d'une rente à l'Espagne pour le droit d'usage. Les rares hominines qui vivent actuellement dans cette région sont soumis à l'impôt foncier en Espagne et payent leurs taxes d'habitation en France. | ||
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Version du 2 décembre 2020 à 19:02
Présides. Postillons espagnols sur la côte méditerranéenne marocaine.
SommaireDénominationLe terme de préside est attesté dans la langue française depuis le courant du XVIème siècle après JCⒸ[1] et emprunté au castillan presidio. Dérivé du latin praesidium qui signifie "protection, défense" et désigne une garnison ou un poste militaire, il est par la suite utilisé dans le sens de "lieu fortifié". Par extension, le français désigne par ce terme un "poste fortifié établi par les Espagnols"[2] sur le pourtour méditerranéen. L'histoire de l'expansion des royaumes ibériques (Espagne et Portugal actuels) dans le nord du continent africain à partir du XVème siècle retient l'expression plazas de soberanía, "lieux de souveraineté", pour nommer les quelques lieux d'implantation militaire dans ces régions. Pour la protivophilie, ces petits postes épars sont, par définition, des postillons. Ces postillons espagnols se répartissent sur la côte méditerranéenne de l'actuel Maroc et sont constitués, d'ouest en est, de l'île Persil, de Ceuta, du rocher de Vélez de la Gomera, des îles Alhucemas, de l'île Alboran, de Melilla et des îles Zaffarines. De part leur histoire et leur géographie qui les placent à la rencontre des mondes ibériques et amazigho-arabes, tout ces lieux ont aussi des noms puisant dans les pratiques linguistiques du Maghreb. Ainsi l'île Persil est appelée Leïla qui est son synonyme en arabe, Sebta est la version maghrébine de Ceuta, le rocher de Badis est Vélez de la Gomera, les îles Alhucemas sont la version castillane de la ville côtière proche d'Al Hoceïma, Alboran est dénommée Al Buran en arabe et surnommée le "nombril de la mer", le nom de Melilla reste proche des sonorités amazigho-arabes, et les îles Zaffarines tiennent leur nom du terme amazigh ichfaren qui signifie "littoraux".Largement urbanisés par les hominines[3], les territoires de Ceuta (18,5 km2) et Melilla (13,41 km2) sont situés sur la partie continentale de la côte alors que les autres présides sont des îles. Sur certaines des hominines ont construit des bâtiments durables afin de pouvoir y vivre de manière permanente ou temporaire. Persil (0,15 km2) est un îlot de pierre accidenté à 200 mètres de la côte qui trône à 70 mètres d'altitude. Inhabité, il est facilement accessible à marée basse. Le rocher de Vélez de la Gomera (0,019 km2) forme une presqu'île de pierre atteignant 87 mètres d'altitude et que la marée haute transforme parfois en île en recouvrant un banc de sable. Des bâtiment recouvrent la presque totalité du rocher. Les îles Alhucemas (0,046 km2) sont un mini archipel constitué de trois îles de taille proche, l'île de Terre, l'île de Mer et le rocher Alhucemas. Les deux premières sont à environ 50 mètres de la côte et hautes respectivement de 11 et 4 mètres, le rocher est à 800 mètres et culmine à 27 mètres. Il est le seul à abriter des bâtiments. Les îles Zaffarines (0,525 km2) sont un archipel constitué des îles du Congrès, Isabelle II et du Roi. L'île du Congrès, à un peu plus de 3 km des côtes, est la plus proche des trois ainsi que la plus grande (0,256 km2) et la plus haute (137 mètres). Un kilomètre plus loin, celle d'Isabelle II presque deux fois plus petite (0,153 km2) n'est haute que de 35 mètres. Elle est la seule de l'archipel à avoir des bâtiments sur son sol. À un peu moins de 200 mètres au large, l'île du Roi (0,1162) qui culmine à 9 mètres d'altitude. À plus de 50 km de la côte maghrébine et environ 85 de la côte ibérique, l'île Alboran (0,0712 km2) est la plus isolée de tous les présides. Seul point émergeant d'une chaîne montagneuse sous-marine, elle comprend l'île Alboran à proprement dit et le minuscule îlot de la Nube qui ne sont séparés que par un petit canal de 100 mètres de long et deux mètres de profondeur. Le point le plus haut d'Alboran est à 15 mètres au dessus du niveau de la mer. Seuls deux bâtiments y sont construits par des hominines. L'île donne son nom à cette partie occidentale de la mer Méditerranée qui débouche via le détroit de Gibraltar sur l'Atlantique, la mer d'Alboran. Ce nom est dérivé d'un mot turc signifiant tempête. Synonyme en quelque sorte d'un sérieux postillonnage. PostillonnadeDans le commerce maritime ou l'exploration géographique, le mer d'Alboran revêt un caractère particulier. Elle est la partie la plus étroite de la mer méditerranéenne, là où les continents d'Afrique et d'Europe sont les plus proches. Elle est juste au point de rencontre des deux plaques tectoniques. De plus, elle est l'unique passage vers l'océan atlantique à travers l'étroit goulet de 14,5 km qu'est le détroit de Gibraltar. Les différents pouvoir politico-religieux qui se succèdent dans la région au cours des vingt derniers siècles érigent des villes, des ports et des fortifications le long des côtes ibériques et maghrébines de la mer d'Alboran. Entre les VIIème et XVème siècle, des royaumes maghrébins mahométiens[4] contrôlent en grande partie les deux rives continentales de cette mer. L'invasion d'armées de christiens venues du nord entame progressivement les royaumes mahométiens sur la péninsule ibérique. Elles parviennent à renverser les pouvoirs en place et contraignent une partie de la population à fuir ou d'autres à se convertir. Les royaumes maghrébins quittent la péninsule et se replient sur le continent africain. La prise de contrôle des territoires par les royaumes d'Espagne et du Portugal qui se mettent en place se double de tentatives d'étendre leur pouvoir sur des endroits stratégiques qui protégeraient leurs intérêts commerciaux. À partir du début du XVème siècle, ces deux royaumes prennent place entre l'actuel Maroc et la Tunisie. Dans les marges de l'empire ottoman, le Maghreb est une zone de friction entre cet empire et, d'une part, les pouvoirs politiques locaux, et d'autre part, les royaumes ibériques. Le commerce légal ou illégal, étatique ou de pirates, de denrées, de produits et d'esclaves est florissant autour de la mer d'Alboran et suscite de nombreuses convoitises. Puissance régionale maritime grandissante, le royaume d'Espagne parvient à s'installer dans plusieurs ports et fortification tout au long du XVIème siècle. Outre les présides, les villes de Oran, Bougie, les rochers d'Alger et Tunis passent sous contrôle espagnol. Le royaume ibérique sécurise ainsi ses portes d'accès à l'économie africaine et ottomane, et neutralise partiellement la concurrence qu'est la piraterie. Le but n'est pas une colonisation, seules des garnisons militaires sont maintenues sur place dans des casernes et des places fortes alors que l'arrière-pays n'est pas du tout investi par les armées ibériques. Certaines tentatives se soldent par un échec et les ottomans parviennent à maintenir leur main-mise sur les villes et les ports convoités. De multiples batailles navales entre les empires ottoman et espagnol, entre ce dernier et les pirates de la mer d'Alboran, jalonnent l'histoire de ces quelques bouts de terre. Avec la "découverte" des Amériques et le commerce transatlantique entre l'Afrique et ce continent qui prend de l'ampleur, ainsi que les explorations commerciales le long des côtes africaines, la maîtrise de cette région acquiert une nouvelle dimension. Pour tous les pouvoirs politiques du pourtour méditerranéen, elle est le seul accès maritime à la façade océanique qui mène à tous les autres continents. Les quelques implantations espagnoles le long des côtes atlantiques maghrébines se font plus territoriales, tel le nord du Maroc, le Sahara espagnol ou les Canaries. Les conditions de vie des quelques centaines de militaires cantonnés dans les présides autres que Ceuta et Melilla sont très dures du fait de leur situation isolée. Les rochers de Vélez de la Gomera et d'Alger ne disposent par exemple pas de sources d'eau potable et celle-ci doit être importée régulièrement à partir de la péninsule ibérique. En plus des casernes, des églises sont construites sur quelques uns ainsi que des phares. De petits bagnes sont installés dans plusieurs présides. Mais le royaume d'Espagne ne parvient pas à se maintenir face à l'empire ottoman qui récupère une partie des villes et consolide sa présence au Maghreb vers la fin du XVIIIème siècle. Les présides actuels sont ce qu'il reste de la présence espagnole sur la côte maghrébine. La situation actuelle date de 1956 lorsque le Maroc est reconnu État indépendant par l'Espagne, fixant ainsi les nouvelles frontières entre les deux pays. Le Maroc conteste ce découpage et réclame depuis sa pleine souveraineté sur les présides, hormis Alboran, restés espagnols. Le Maroc défend que les présides sont des vestiges coloniaux dont les territoires doivent lui être rétrocédés, alors que l'Espagne plaide que, contrairement au reste du Maghreb dont elle s'est retirée, la souveraineté sur les présides sont un héritage légal et historique qui ne procède aucunement du colonialisme. Au même titre que Gibraltar fait qu'il existe une frontière commune entre le royaume britannique et celui d'Espagne, les présides tracent une frontière terrestre entre l'Espagne et le Maroc, une frontière politique entre les continents européen et africain. La dernière confrontation militaire date de 2002 lorsque des forces spéciales de l'armée espagnole sont envoyées sur l'îlot Persil pour en chasser six militaires marocains. Postillons mineursLes présides mineurs sont de minuscules territoires îliens répartis le long de la côte méditerranéenne de l'actuel Maroc jusqu'à la frontière algérienne. Ils sont les reliquats de la politique maritime du royaume espagnol qui vise à sécuriser son commerce maritime, à le préserver des attaques des marines ottomanes ou de la piraterie à partir du XVème siècle. Les présides actuels ne sont que la partie encore visible de l'ancien système de présides que le royaume d'Espagne met en place sur l'ensemble du pourtour méditerranéen. Aujourd'hui italiennes ou grecques, des îles ou des villes furent fortifiées pas les espagnols en Méditerranée orientale afin de préserver leurs intérêts marchands mais la perte de puissance politique du royaume et des accords ont depuis mis à mal leur influence dans cette région : L'Espagne n'y a plus de territoires sous sa souveraineté. Îlot PersilAprès la prise de Ceuta par les armées du royaume portugais en 1415, l'îlot — large d'environ 500 mètres sur 300 — est officiellement incorporé à la nouvelle place forte portugaise. Une première tentative d'y construire une fortification est un échec et tous les projets qui suivirent restèrent lettre morte. Le Portugal cède sa souveraineté sur Ceuta et ses dépendances au royaume d'Espagne dans la seconde moitié du XVIIème siècle. Les britanniques revendiquent l'îlot et l'occupent pendant quelques années au début du XIXème siècle, mais finalement les espagnols installent un groupe de quatre militaires et un chien chargés de surveiller l'indépendance de l'îlot et le préserver des aspirations marocaines. Dans la décennie 1960, des accords sont conclus pour que l'îlot Persil soit déclaré terra nullius par les deux pays et qu'aucun des deux ne maintiennent une quelconque présence d'hominines et de drapeaux. Le nouveau statut accordé par l'Espagne à Ceuta en 1995 relance la polémique. L'îlot est incorporé aux frontières de Ceuta. Les protestations marocaines ne suffisent pas à faire reculer les revendications espagnoles. En 2002, l'Espagne envoie 6 hélicoptères et une trentaine de forces spéciales, accompagnés d'un navire de guerre, pour déloger six militaires marocains chargés de la lutte anti-drogue. "Operación Romeo-Sierra" est le nom de code de cette action militaire. Aucune résistance de la part des assiégés qui quittent immédiatement l'îlot. À la demande des concernés, les États-Unis d'Amérique font médiateur entre l'Espagne et le Maroc pour qu'un accord soit trouvé. Finalement, il est décidé de prolonger le statut quo existant jusqu'alors. Rocher Vélez de la GomeraLe rocher, et la ville de Badis dont il est proche, sont occupés à partir de 1508 par des forces espagnoles. Une fortification est érigée sur le promontoire rocheux que forme le rocher Vélez de la Gomera. Ses dimensions sont de 260 mètres sur une centaine, au plus large, et une hauteur de 87 mètres. L'Espagne en est chassée en 1522, puis après des tentatives échouées reprend le contrôle du rocher en 1564 qui servait depuis plusieurs décennies de repère de pirates. En effet, pendant ces années, le rocher est l'endroit privilégié où les bateaux pirates mouillent et trouvent refuge. Les marchandises pour la ville de Badis se déchargent ici. L'Espagne fait construire des maisons, une caserne, une église et un port. Le lieu est utilisé en bagne par les autorités espagnoles qui envoient ici des récalcitrants. Un phare est construit et opérationnel dès le début du XXème siècle. Le rocher forme alors un micro village escarpé, avec ses habitations, ses cafés et ses commerces, qui peut compter plus de 400 hominines, bagnards compris. L'endroit ne dispose pas de source d'eau potable et dépend d'un approvisionnement extérieur. De nos jours seuls quelques militaires espagnols sont encasernés et relevés en permanence sur le rocher pour maintenir la frontière fermée juste après le banc de sable. En 2012, des militants de l'approche marocaine sur la souveraineté du rocher Vélez de la Gomera sont arrêtés, puis relâchés, après avoir voulu y planter des drapeaux marocains. Îles AlhucenasL'île de Terre — environ 190 mètres sur 130 — et l'île de Mer — environ 250 mètres sur 50 — sont situées à environ 50 mètres du continent. Comme l'indique leur nom, la première est plus proche de la côte que la seconde. Aucune des deux n'est habitée ni n'abrite de bâtiments, si ce n'est un minuscule cimetière abandonné sur l'île de Mer. À 800 mètres de la côte, la troisième île de l'archipel est le rocher Alhucenas — environ 170 mètres sur 85 — qui donne son nom à l'archipel. Après une première occupation espagnole au milieu du XVIème siècle, le rocher est pleinement investi en 1673. Des maisons, un fort, une église et un port y sont construits. Et plus tard, un phare. Le cimetière est installé sur le minuscule îlot La Pulpera qui est relié au rocher par un petit pont. N'ayant aucun accès direct à une source d'eau potable, les hominines entreprennent la construction d'une citerne souterraine qu'il faut réalimenter régulièrement. Le micro-village comporte quelques commerces et va abriter jusqu'à 300 personnes. Lieu isolé du royaume espagnol, il est utilisé pendant plusieurs siècles pour tenir à l'écart les indésirables, puis se transforme officiellement en bagne dans lequel sont enfermés des prisonniers "de droit commun" et des déserteurs, puis des "prisonniers politiques" et autres dissidents. En 2012, un groupe d'une soixantaine d'hominines cherchant à migrer vers l'Europe parviennent à rejoindre l'île de Terre, la plus accessible de l'archipel, mais la plupart sont arrêtés par les militaires espagnols et expulsés vers le Maroc. En 2020 les 350 hominines qui vivent sur le rocher Alhucenas sont des militaires espagnols, chargés de la garde de la frontière, et leurs familles ainsi que quelques fonctionnaires et commerçants. Îles ZaffarinesDes trois îles de l'archipel, l'île du Congrès est la plus grande et la plus haute. Promontoire rocheux d'environ 900 mètres sur 500, situé à un peu plus de 4 kilomètres du continent, il culmine à 137 mètres. Sa géographie escarpée ne permet pas un accès facile. L'île est inhabitée mais abrite un petit cimetière dans sa partie basse. Dans les années 2000, des fouilles archéologiques ont permis de mettre à jour des restes d'occupation par des hominines de l'époque néolithique. Mesurant environ 400 mètres sur 400, l'île Isabelle II est la seule à être habitée. Une église, des bâtiments militaires, un débarcadère et un phare y sont construits à partir de 1848, date à laquelle le royaume espagnol s'octroie la souveraineté sur les trois îles de l'archipel. Les installations militaires sont utilisées pour en faire un bagne jusqu'à la moitié du XXème siècle. L'église est depuis abandonnée. Si la population de l'île Isabelle II, bagnards compris, a pu approcher les 1000 hominines, elle est aujourd'hui réduite à une petite garnison militaire et des scientifiques venus observer et étudier l'écosystème local. Officiellement, l'archipel est classé "zone naturelle protégée" afin d'y préserver sa faune et sa flore. L'île du Roi — environ 1000 mètres sur 100 — est elle aussi inhabitée, hormis par les quelques hominines enterrés dans le petit cimetière civil. Elle était reliée à l'île Isabelle II par un quai artificiel de 180 mètres de long mais la construction des hominines n'a pas résisté aux vagues en 1914 et il ne reste aujourd'hui que des vestiges sous-marins. Île AlboranUnique point émergeant d'une chaîne montagneuse sous-marine, l'île Alboran mesure environ 600 mètres sur 250, et culmine à 15 mètres d'altitude dans sa partie la plus élevée. À la rencontre des plaques tectoniques, la région est une zone sismique[5]. Le "nombril de la mer" est approximativement à mi-distance entre la péninsule ibérique et les côtes maghrébines. Le minuscule îlot de la Nube est à une centaine de mètres d'Alboran, séparés par des eaux peu profondes. L'île tient son nom du corsaire Mustafa ben Yusuf[6] qui y établie au XVIème siècle sa base principale pour attaquer les côtes ibériques. Il est surnommé al borany, la "tempête", tant ses raids navals sont redoutés. Les espagnols prennent pied sur l'île en 1540, bien décidés à en chasser le corsaire et ses bateaux. Des légendes rapportent que le trésor du corsaire est encore caché sur l'île. Sans véritablement s'y installer, le royaume d'Espagne contrôle maritimement les alentours de l'île et exploite leurs grandes ressources de pêche. Dans le milieu du XIXème siècle, un phare est construit. Son fonctionnement nécessite dès lors la présence permanente de deux hominines[7] jusqu'à son automatisation dans les années 1960. À l'extrémité de l'île, côté îlot de la Nube, un petit cimetière abrite trois tombes. Deux d'entre elles sont occupées par les restes de la femme et la belle-mère d'un gardien de phare, mortes en 1910 et 1920, et la troisième par un aviateur militaire allemand de la Seconde guerre mondiale. À quelques pas de ce cimetière il reste encore les vestiges d'une ancienne tombe que certains historiens attribuent à Mustafa ben Yusuf "La Tempête". La présence répétée de pêcheurs soviétiques sur l'île pousse l'Espagne à installer une petite garnison militaire dans les années 1960. Une caserne, un débarcadère et un héliport voient le jour. La situation géographique de l'île Alboran et son caractère relativement plat l'exposent à des contraintes climatiques qui ne permettent pas le développement à terre d'une faune et d'une flore importantes. Mais son milieu aquatique est riche en poissons et autres petits animaux marins. Elle est actuellement déclarée "Réserve maritime", pour préserver les ressources, et "Réserve de pêche" pour mieux les exploiter. L'île est un haut-lieu de reproduction pour les goélands leucophées, alias les gabians. L'île Alboran est administrativement rattachée à la province d'Almería, située sur les côtes de la péninsule ibérique, et n'a pas le statut de préside. Elle n'est pas revendiquée par le Maroc. Postillons majeursContrairement aux présides mineurs, les présides majeurs de Ceuta et Melilla sont bien plus qu'une simple postillonnade. Enclaves continentales, ce sont plutôt des flaques postillonnaires. Toutes deux sont des zones urbaines anciennes, dotées de ports et de fortifications, et des points d'entrée et de transit de marchandises entre la péninsule ibérique et les côtes maghrébines. Elles furent d'abord de simples ports sécurisés ayant un intérêt stratégique dans le contrôle maritime et le maintien de routes de commerce. Véritables villes, Ceuta et Melilla, se sont construites progressivement pendant des siècles, au fil des différentes dominations politiques qui s'y succèdent : phéniciens, romains, royaumes maghrébins, empires ottoman et espagnol. Les hominines qui y vivent sont à l'origine d'origine ibérique, puis par l'extension des frontières et les migrations des hominines du Maghreb, la population des deux villes se sont étoffées de populations arabo-berbères. Cette main-d'œuvre est la bienvenue et contribue à l'essor économique des enclaves espagnoles. Des luttes menées dans le courant des années 1980 ont permis l'obtention de la nationalité espagnole pour de très nombreuses familles, installées depuis des décennies et reconnues citoyennes de Ceuta et de Melilla. Des politiques visant à rééquilibrer les différences sociales et lutter contre les ségrégations sont mise en place : la convivencia est l'art du "vivre ensemble citoyen" des deux postillons majeurs. La création de partis politiques se réclamant des mahométiens des présides ne contrebalance pas l'exclusion sociale que la plupart vivent au quotidien. La demande de reconnaissance de l'amazigh de Melilla en tant que co-langue officielle de l'Espagne n'aboutit pas. Ceuta et Melilla obtiennent en 1995 le statut de villes autonomes au sein de l'Espagne, qui mélange prérogatives des régions et compétences citadines locales. CeutaCeuta tient son nom de l'appellation grecque de Sept Collines, puis romaine Septa, qui désigne l'implantation urbaine d'hominines dans la péninsule d'Almaria surplombée d'autant de petites collines. La construction d'un port et de forteresses est l'élément fondateur de Ceuta, située stratégiquement en face de Gibraltar, dans la partie la plus étroite entre la péninsule ibérique et les côtes maghrébines. Elle contrôle le versant sud du détroit de Gibraltar. Après sept siècles sous domination romaine, puis autant sous domination maghrébine, le royaume du Portugal s'accapare de Ceuta en 1415. Il s'y maintient jusqu'en 1580 où la souveraineté est donnée au royaume d'Espagne. Les deux royaumes ibériques officialisent cela en 1668. Malgré les attaques des royaumes maghrébin et britannique, l'Espagne consolide sa présence autour de Ceuta au XVIIIème et XIXème siècles. Néanmoins les britanniques s'emparent en 1704 du rocher de Gibraltar[8], l'équivalent ibérique de Ceuta mais qu'ils ne parviennent pas à prendre. Le royaume du Maroc conteste la souveraineté espagnole et de nombreux accrochages opposent les militaires des deux pays. Les tensions aux frontières de Ceuta sont courantes. Prétextant une violation de sa frontière à Ceuta, le royaume espagnol se lance en 1859 dans une guerre contre le Maroc. Après deux années de guerre, ce dernier perd quelques portions de son territoire. Les frontières de Ceuta sont repoussées hors des alentours de la péninsule pour s'étendre dans tout l'arrière-pays sur "le territoire compris entre la mer, en suivant les hauteurs de Sierra Bullones jusqu'au ravin de Anghera" selon le traité de Wad-Ras signé en avril 1860 entre les belligérants[9]. Le nouveau territoire de Ceuta passe à 18,5 km2, sa superficie et sa frontière actuelles. Comme tous les territoires espagnols des côtes maghrébines, Ceuta a ses églises, plusieurs mêmes, ses commerçants, sa populace et son bagne. Son statut de colonie pénale est aboli en 1911. En concurrence avec la France, le colonialisme espagnol s'installe au Maghreb et acquière des îles[10] et des étendues de territoires le long de la côte atlantique. Il se confronte directement au royaume marocain à qui il conteste sa souveraineté sur plusieurs régions. Cette implantation espagnole au Maghreb favorise le développement de Ceuta, de nouveaux ports et de nombreuses infrastructures sont construits. En ce début du XXIème siècle, Ceuta est une ville de plus de 85000 hominines. Modernisation oblige, le bagne est devenu prison. La population de la ville est un mélange d'hominines hispanophones, originaires de la péninsule ibérique et adeptes de la mythologie des christiens, et d'hominines maghrébins. Les premiers représentent environ 55% de la population de la ville. La langue est un marqueur social, le castillan est la langue du pouvoir et du commerce, l'arabe celle de la main-d'œuvre. En pratique les hispanophones parlent pour la plupart le melitano, une variante locale du castillan andalou teinté de catalanisme, et seuls quelques petits groupes de moïsiens utilisent une variante du judéo-espagnol, le jaquitia[11], héritage de leurs ancêtres expulsés de la péninsule ibérique aux XVème et XVIème siècles. L'arabe de Ceuta, appelé darya, se différencie des autres parlers de la région par les influences phonétiques, morphologiques, syntaxiques et lexicales du castillan. Essentiellement oral et non reconnu, il est la langue pratiquée par la majorité des 45% de la population de Ceuta, essentiellement adeptes de la mythologie des mahométiens. La prospérité de Ceuta tient au fait que l'essentiel de son activité soit dédiée au commerce. Elle est un point d'entrée de nombreux produits venant d'Espagne et dont le commerce avec le Maroc est une source importante de revenu. Les marchandises sont vendues légalement ou alimentent le petit commerce marocain de la débrouille. Elle permet aussi un accès à l'Europe pour les marchandises et les hominines. Depuis 2001, les autorités de Ceuta ont érigé une barrière de 8 kilomètres le long de la frontière avec le Maroc, faîte de plusieurs rangées de grillages de 6 mètres de hauteur, surplombés de barbelés. Un système électronique de surveillance s'ajoute aux patrouilles des gardes espagnols. Ce no man's land hautement sécurisé est destiné à dissuader les hominines qui veulent se rendre illégalement en Europe. Tous les ans des centaines se font blesser ou tuer en tentant de passer cette frontière. Bonne courage à celleux qui ont réussi. MelillaAprès des siècles sous domination romaine, l'ancienne place forte phénicienne de Melilla échoit aux royaumes maghrébins mahométiens qui se succèdent entre le Xème et le XVème siècle. En 1497, Melilla tombe sous la domination du royaume d'Espagne et marque le début de l'expansion espagnole et de son implantation dans différentes places fortes le long des côtes maghrébines[12]. Pendant cinq siècles de domination espagnole, Melilla s'est développée, non pas grâce au commerce mais en basant son économie sur la pêche, le fret et l'exploitation des mines des régions voisines. Le traité de Wad-Ras signé en 1860 après la guerre entre les royaumes marocain et espagnol avalise la souveraineté de ce dernier et trace de nouvelles frontières pour la ville qui s'étend un peu plus. La superficie de Melilla est dorénavant de 13,41 km2. Cet accord fixe la souveraineté de l'Espagne sur Ceuta et Melilla, ainsi que sur le rocher Vélez de la Gomera et les îles Alhucemas. Melilla obtient le statut de port franc, c'est-à-dire que les taxes et les réglementations ne sont pas identiques que celles appliquées dans le reste du pays. Plus basses et plus souples. Une importante garnison militaire est encasernée en permanence, chargée de protéger les frontières de la ville contre les revendications marocaines. Comme pour Ceuta, l'implantation de colonies espagnoles sur le sol maghrébin profite à l'expansion économique de Melilla qui devient une ville régionale de premier ordre. L'indépendance en 1956 du royaume du Maroc trace une frontière qui perturbe considérablement la vie économique de Melilla qui se retrouve coupée des mines de l'arrière-pays. Elle se restructure grâce à ses avantages fiscaux[13] qui attirent des investisseurs et le développement d'une économie de service tournée vers les villes marocaines. De nos jours Melilla est une ville de plus de 85000 hominines. La moitié est hispanophone et l'autre berbérophone, l'une est très majoritairement christienne, l'autre mahométienne. Les pratiques linguistiques des hispanophones sont celles de Ceuta et son melitano catalo-andalou, et pour les berbérophones les mêmes que celles des hominines du Rif voisin. Pour des raisons démographiques liées à leur situation économique et sociale, les populations d'hominines maghrébins ont augmenté plus rapidement, passant de quelques pourcents au début du XXème siècle à la moitié un peu plus d'un siècle après. Les inégalités sociales se calquent souvent sur ces "différences linguistiques". En 2009, financée par l'Union européenne, Melilla installe une frontière faite de 12 kilomètres d'un double grillage de 6 mètres, de barbelés et de miradors le long de sa frontière marocaine. Des caméras et des détecteurs de mouvement sont utilisés en plus des patrouilles. Seuls trois endroits sont aménagés pour être des points de passage contrôlés par des gardes-frontières. Ce dispositif ultra-sécurisé a démotivé nombre d'hominines cherchant à passer la frontière par des voies non-officielles. Beaucoup ont préféré la route de l'Europe par la mer, à travers le détroit de Gibraltar ou par les îles Canaries, quitte à peut-être y perdre la vie. Pseudo-postillonsDans le nord de la péninsule ibérique, l'Espagne a une frontière terrestre commune avec la France. Elle suit la chaîne montagneuse des Pyrénées, passant parfois d'un versant à l'autre. Les deux pays sont parvenus à fixer une entente entre eux en ce qui concerne certains territoires convoités ou revendiqués. D'ouest en est, l'île des Faisans, le pays Quint, Andorre et Llivia bénéficient de statuts spécifiques hérités de leur histoire propre, mais ce ne sont pas des présides. Juste de pseudo-postillons. Les accords signés entre les deux pays concernant ces statuts ne souffrent d'aucune contestation de part et d'autre. La frontière atlantique entre l'Espagne et la France, son point le plus occidental, se situe au niveau de l'embouchure de la Bidassoa, un fleuve prenant sa source dans les Pyrénées. D'une superficie d'environ 200 mètres sur 40, l'île des Faisans est faîte de dépôts alluvionnaires de l'embouchure retenus par l'installation de pierres tout autour. À partir du XVème siècle elle est utilisée par les deux pays pour en faire un lieu de rencontres diplomatiques, puis dans les trois siècles suivant elle va être aussi un haut-lieu de négociations royales autour de l'échange d'enfants. Quelle enfant de trois ans faut-il marier avec un prince de cinq ans son aîné pour le bien-fait des familles ? Quelle princesse de huit ans va avoir la chance d'être donnée en mariage à un jeune adulte de son âge ? En souvenir de cette glorieuse période de leur histoire, l'Espagne et la France se partage depuis 1856 la souveraineté de l'île qui est un condominium : Du 1er août au 31 janvier pour la France, du 1er février au 31 juillet pour l'Espagne. Le titre de vice-roi est porté par un responsable militaire local de la marine de chaque pays, par alternance de 6 mois[14]. Le pays Quint[15] est à cheval sur la frontière entre le département français des Pyrénées atlantique et la province espagnole de Navarre, il est le prolongement méridional de la vallée des Aldules, une vaste zone de bois et de pâturage. La controverse entre la France et l'Espagne dure plusieurs siècles, ponctués de décisions judiciaires et de décrets, pour finalement trouver un arrangement en 1856. Le pays Quint est coupé en deux[16]. Le nord revient à la France, avec les villages d'Aldudes, Urepel et Banca[17] sur lesquels elle exerce sa pleine souveraineté. Le sud du pays Quint (2500 ha) est placé sous souveraineté espagnole mais son administration reste française. Ce territoire est subdivisé en deux partie. Celle du nord est librement accessible pour la France et la partie sud est soumise au versement d'une rente à l'Espagne pour le droit d'usage. Les rares hominines qui vivent actuellement dans cette région sont soumis à l'impôt foncier en Espagne et payent leurs taxes d'habitation en France. D'une superficie de 430 km2, Andorre est coincé dans les hauteurs pyrénéennes entre l'Espagne et la France. Notes
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