America Josefina Scarfo : Différence entre versions
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<blockquote>''Je crois que grâce à notre action, individuelle ou collective, nous pourrons arriver à un devenir d'amour, de fraternité et d'égalité. Je veux pour tous ce que je veux pour moi: la liberté d'agir, aimer, penser, etc. Enfin, je désire l'anarchie pour l'humanité toute entière. Je crois que, pour y parvenir, nous devons faire la révolution sociale. Mais je suis également d'opinion que pour arriver à cette révolution, il est nécessaire de se débarrasser de toutes espèces de préjugés, conventionnalisme, fausses morales, codes absurdes. Et en attendant qu'éclate la grande Révolution, c'est une œuvre que nous devons accomplir dans tous les moments de notre existence. Pour que cette Révolution arrive, d'ailleurs, il ne faut pas se contenter de l'attendre, mais la faire par notre action quotidienne. Là où cela nous est possible, il nous faut tâcher d'interpréter le point de vue et conséquemment humain.''</blockquote> | <blockquote>''Je crois que grâce à notre action, individuelle ou collective, nous pourrons arriver à un devenir d'amour, de fraternité et d'égalité. Je veux pour tous ce que je veux pour moi: la liberté d'agir, aimer, penser, etc. Enfin, je désire l'anarchie pour l'humanité toute entière. Je crois que, pour y parvenir, nous devons faire la révolution sociale. Mais je suis également d'opinion que pour arriver à cette révolution, il est nécessaire de se débarrasser de toutes espèces de préjugés, conventionnalisme, fausses morales, codes absurdes. Et en attendant qu'éclate la grande Révolution, c'est une œuvre que nous devons accomplir dans tous les moments de notre existence. Pour que cette Révolution arrive, d'ailleurs, il ne faut pas se contenter de l'attendre, mais la faire par notre action quotidienne. Là où cela nous est possible, il nous faut tâcher d'interpréter le point de vue et conséquemment humain.''</blockquote> | ||
− | [[Fichier:Losojos.jpg|200px|thumb|right|Los Ojos de America (2014)]]Elle fait la connaissance de Di Giovanni alors qu'il est caché par les deux frères dans un coin de la maison familiale. Alerté par la police, le père le découvre et chasse le trio. En 1927, à l'âge de 14 ans, elle entame une relation amoureuse passionnée avec Severino Di Giovanni, de treize ans son aîné. Sa femme, Teresa Mascullo, et leurs trois enfants sont arrivés avec lui en 1922. Josefina Scarfo décrit la situation dans une lettre envoyée de Buenos Aires à E. Armand<ref>Lucien-Ernest Juin, dit E. Armand (1872 – 1962) est un anarchiste né en 1872 à Paris. Il publie en 1911 son ''Petit manuel anarchiste individualiste'' [https://fr.wikisource.org/wiki/Petit_Manuel_anarchiste_individualiste En ligne]. Fonde en 1922 le journal ''L’En-Dehors''. Progressivement, au fil des numéros, il encourage les expérimentations dans le domaine des relations dite "amoureuses" ou sexuelles. Voir Gaetano Manfredonia, Francis Ronsin, ''E. Armand et "la camaraderie amoureuse". Le sexualisme révolutionnaire et la lutte contre la jalousie'', 2000 [http://www.iisg.nl/womhist/manfredo.pdf En ligne]. À lire aussi ''L’illégaliste anarchiste est-il notre camarade ?'' publié en 1923 [https://fr.wikisource.org/wiki/L%E2%80%99ill%C3%A9galiste_anarchiste_est-il_notre_camarade_%3F En ligne].</ref> le 3 décembre 1928 : | + | [[Fichier:Losojos.jpg|200px|thumb|right|Los Ojos de America (2014)]]Elle fait la connaissance de Di Giovanni alors qu'il est caché par les deux frères dans un coin de la maison familiale. Alerté par la police, le père le découvre et chasse le trio. En 1927 après JC<sup>Ⓒ</sup><ref>Si les conventions impliquent que JC - pour Jésus aka Christ - soit le repère historique incontournable, d'autres approches réfutent cela et proposent que ces initiales soient réattribuées en fonction du sujet traité. Par exemple pour cet article John Cleese, le réalisateur britannique de ''Monty Python : Le Sens de la vie'' en 1983, considéré comme le meilleur film anti-biographique consacré aux protagonistes de cette page. </ref>, à l'âge de 14 ans, elle entame une relation amoureuse passionnée avec Severino Di Giovanni, de treize ans son aîné. Sa femme, Teresa Mascullo, et leurs trois enfants sont arrivés avec lui en 1922. Josefina Scarfo décrit la situation dans une lettre envoyée de Buenos Aires à E. Armand<ref>Lucien-Ernest Juin, dit E. Armand (1872 – 1962) est un anarchiste né en 1872 à Paris. Il publie en 1911 son ''Petit manuel anarchiste individualiste'' [https://fr.wikisource.org/wiki/Petit_Manuel_anarchiste_individualiste En ligne]. Fonde en 1922 le journal ''L’En-Dehors''. Progressivement, au fil des numéros, il encourage les expérimentations dans le domaine des relations dite "amoureuses" ou sexuelles. Voir Gaetano Manfredonia, Francis Ronsin, ''E. Armand et "la camaraderie amoureuse". Le sexualisme révolutionnaire et la lutte contre la jalousie'', 2000 [http://www.iisg.nl/womhist/manfredo.pdf En ligne]. À lire aussi ''L’illégaliste anarchiste est-il notre camarade ?'' publié en 1923 [https://fr.wikisource.org/wiki/L%E2%80%99ill%C3%A9galiste_anarchiste_est-il_notre_camarade_%3F En ligne].</ref> le 3 décembre 1928 : |
<blockquote>''Or cette femme malgré son inconscience relative, sympathisa avec nos idées. Elle a donné dernièrement des preuves du mépris dans lequel elle tient les sicaires de l'ordre bourgeois, à la suite des tracasseries dont mon ami a été l'objet de la part de la police. Donc la femme de mon ami et moi-même sommes devenues des amies. Elle n'ignorait rien de l'amour que ressentait pour moi l'homme qui vivait à ses côtés, le sentiment d'affection fraternelle qui existait entre eux lui permit de se confier à elle ; il la laissait libre d'agir à sa guise, comme il convient à tout anarchiste conscient.''</blockquote> | <blockquote>''Or cette femme malgré son inconscience relative, sympathisa avec nos idées. Elle a donné dernièrement des preuves du mépris dans lequel elle tient les sicaires de l'ordre bourgeois, à la suite des tracasseries dont mon ami a été l'objet de la part de la police. Donc la femme de mon ami et moi-même sommes devenues des amies. Elle n'ignorait rien de l'amour que ressentait pour moi l'homme qui vivait à ses côtés, le sentiment d'affection fraternelle qui existait entre eux lui permit de se confier à elle ; il la laissait libre d'agir à sa guise, comme il convient à tout anarchiste conscient.''</blockquote> |
Version du 21 septembre 2019 à 15:12
Scarfo, America Josefina "Fina". (1913 - 2006) Anarchiste italo-argentine.
BiographieNée dans une famille calabraise catholique immigrée en Argentine, Josefina "Fina" est très tôt en contact avec les idées anarchistes par l'intermédiaire de ses deux frères aînés, Paulino et Alejandro, compagnons de lutte de Severino Di Giovanni. Elle dit d'elle-même[1] : Elle fait la connaissance de Di Giovanni alors qu'il est caché par les deux frères dans un coin de la maison familiale. Alerté par la police, le père le découvre et chasse le trio. En 1927 après JCⒸ[2], à l'âge de 14 ans, elle entame une relation amoureuse passionnée avec Severino Di Giovanni, de treize ans son aîné. Sa femme, Teresa Mascullo, et leurs trois enfants sont arrivés avec lui en 1922. Josefina Scarfo décrit la situation dans une lettre envoyée de Buenos Aires à E. Armand[3] le 3 décembre 1928 :
Dans cette lettre, elle raconte un peu de la situation sentimentale de Severino Di Giovanni.
Elle y décrit les critiques faites à leur relation :
Et se défend :
Par cette lettre, elle demande l'opinion de E. Armand, connu dans le milieu anarchistes pour ses écrits sur l'amour libre[4]. Le 20 janvier 1929 dans le n° 151 de L'En-Dehors, E. Armand répond ainsi :
Depuis 1926, la petite bande d'anarchistes enchaîne les attaques à l'explosif contre des intérêts fascistes italiens en Argentine, des cibles américaines en réponse à la mort de Sacco et Vanzetti[5], braquent des banques pour financer la publication de leur journal et de brochures, pour aider les prisonniers ou les faire évader...[6] Si dans cette lettre datée de fin 1928, elle dit qu'elle est encore jeune étudiante, elle laisse imaginer une clandestinité prochaine.
Alejandro Scarfo se fait arrêter en décembre 1928 alors qu'il tente de poser des explosifs sur les rails de chemin de fer qui devaient voir passer le président américain Herbert Hoover en voyage en Argentine. Officiellement Josefina Scarfo est mariée avec Silvio Astolfi, la relation extra-maritale est cachée de la famille afin de ne pas provoquer une rupture entre la fille et ses parents. Finalement, vue la situation, elle s'éloigne de ses parents. Avec son frère Paulino, Severino Di Giovanni et quelques autres elle participe aux activités du petit groupe d'anarchistes. Le 30 janvier 1931, la police tente d'arrêter Di Giovanni alors qu'il sort de l'imprimerie où il travaille sur les œuvres complètes d'Elisée Reclus. Un flic est blessé, un autre est tué. Il est finalement blessé puis arrêté en même temps que Paulino et Josefina Scarfo. Braulio Rojas et Juan Márquez meurent sous les balles de la police. Artemio Pieretti réussit à s'échapper grâce à l'aide de Josefina Scarfo. Il y a un mort parmi les flics. Laura, la jeune fille de Di Giovanni est aussi arrêtée, puis relâchée. Severino Di Giovanni est fusillé le lendemain et Paulino Scarfo le jour suivant. Parce que mineure, Josefina est remise en liberté. Après la mort de Severino Di Giovanni, elle quitte son mari. Elle est employée par Salvadora Medina[7], l’amie de Simon Radowitzky[8], qui lui trouve un job dans un journal. Elle fonde en 1943 avec son nouveau compagnon, l'anarchiste Domingo Landolfi, la maison d'édition Americalee qui publie des textes de Kropotkine, Godwin ou Proudhon par exemple. Elle vit à Buenos Aires. En 1999, elle obtient des autorités argentines la restitution des lettres d'amour envoyées par S. Di Giovanni depuis sa prison mais interceptées par la police.
Un documentaire intitulé Los Ojos de America (Les yeux d'America), réalisé en 2014 par Daiana Rosenfeld et Aníbal Garisto, retrace sa jeunesse et l'histoire d'amour passionnée. Est-ce l'amorce protivophile d'un documentaire sur Albertine Hottin ? Le peu de connaissance sur le polyglottisme de F. Merdjanov ne nous permet pas d'affirmer que ce documentaire lui soit accessible. Il faut être hispanophone et nous ne savons rien d'une hypothétique version sous-titrée en français ou en macédonien, pas plus que de l'état de la diffusion des documentaires latino-américains sur les bords de la mer Noire. Notes
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