Les Bateliers : Différence entre versions
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Fin 1899, Slavitoslav Merdjanov et Piotr Mandjoukov se rendent sous de fausses identités à Istanbul, chacun empruntant un itinéraire différent. Leur but est d'y mener une action violente, mais ils ne disposent que de peu de moyens. Les premiers fonds sont obtenus auprès de l'exarque à qui S. Merdjanov extorque un peu d'argent. En couverture, S. Merdjanov se prétend étudiant en droit, dont la santé fragile nécessite d'être à Istanbul, et P. Mandjoukov dit vouloir s'inscrire au lycée français de la ville. Ce dernier justifie de revenus en se faisant embaucher comme typographe dans l'unique imprimerie bulgare stanbouliote, tenue par un sympathisant de la "cause macédonienne" et son fils. | Fin 1899, Slavitoslav Merdjanov et Piotr Mandjoukov se rendent sous de fausses identités à Istanbul, chacun empruntant un itinéraire différent. Leur but est d'y mener une action violente, mais ils ne disposent que de peu de moyens. Les premiers fonds sont obtenus auprès de l'exarque à qui S. Merdjanov extorque un peu d'argent. En couverture, S. Merdjanov se prétend étudiant en droit, dont la santé fragile nécessite d'être à Istanbul, et P. Mandjoukov dit vouloir s'inscrire au lycée français de la ville. Ce dernier justifie de revenus en se faisant embaucher comme typographe dans l'unique imprimerie bulgare stanbouliote, tenue par un sympathisant de la "cause macédonienne" et son fils. | ||
− | Comme tous les ans, afin d'assister à une cérémonie devant le supposé manteau de Mahomet<ref>Reliques</ref>, le sultan ottoman se déplace dans Istanbul à bord d'une calèche entre son palais et le lieu de la cérémonie. C'est cette occasion, le 14 janvier 1900, que S. Merdjanov et P. Mandjoukov choisissent pour intenter à la vie du sultan. Mais la foule et la rapidité à laquelle passe le cortège sultanesque ne permettent pas aux deux anarchistes de lancer leur bombe ou d'ouvrir le feu sans prendre le risque de faire des blessés innocents. Finalement, ils renoncent à cette action. Ayant eu vent de la présence de ce groupe d'anarchiste, l'ORIMA, qui désavoue les attentats comme mode d'action, envoie à Istanbul un de ses membres pour exécuter S. Merdjanov et P. Mandjoukov. Parvenus à déjouer cette tentative, sans tuer leur exécuteur, les anarchistes chargent l'un des leurs à Salonique de faire savoir directement à la direction de l'ORIMA que : | + | Comme tous les ans, afin d'assister à une cérémonie devant le supposé manteau de Mahomet<ref>Reliques</ref>, le sultan ottoman se déplace dans Istanbul à bord d'une calèche entre son palais et le lieu de la cérémonie. C'est cette occasion, le 14 janvier 1900, que S. Merdjanov et P. Mandjoukov choisissent pour intenter à la vie du sultan. Mais la foule et la rapidité à laquelle passe le cortège sultanesque ne permettent pas aux deux anarchistes de lancer leur bombe ou d'ouvrir le feu sans prendre le risque de faire des blessés innocents. Finalement, ils renoncent à cette action. Ayant eu vent de la présence de ce groupe d'anarchiste, l'ORIMA, qui désavoue les attentats comme mode d'action, envoie à Istanbul un de ses membres pour exécuter S. Merdjanov et P. Mandjoukov. Parvenus à déjouer cette tentative, sans tuer leur exécuteur, les anarchistes chargent Jordan Popjordanov l'un des leurs à Salonique de faire savoir directement à la direction de l'ORIMA que : |
<blockquote>''Si une seconde fois, vous tentez de tuer n'importe qui de nos camarades, nous vous réglerons votre compte à tous, car nous vous connaissons bien, et vous nous connaissez aussi !''</blockquote> | <blockquote>''Si une seconde fois, vous tentez de tuer n'importe qui de nos camarades, nous vous réglerons votre compte à tous, car nous vous connaissons bien, et vous nous connaissez aussi !''</blockquote> | ||
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<blockquote>''J'ai commencé par enlever des pierres de la maçonnerie en fixant, à ma gauche, au fond du puisard, la bougie ! Lorsque le trou atteignit les dimensions permettant de m'y introduire en rampant, je m'arrêtai. Mais l'insuffisance d'espace à l'endroit où je travaillais rendais très difficile l'arrachement des pierres ; et il était difficile plus encore de les retirer et de les arranger. Enfin, au prix de beaucoup d'efforts je réussis à disposer les pierres de telle manière qu'elles me servaient de marches pour monter et descendre dans le puisard.''<ref>Mémoires de P. Mandjoukov</ref></blockquote> | <blockquote>''J'ai commencé par enlever des pierres de la maçonnerie en fixant, à ma gauche, au fond du puisard, la bougie ! Lorsque le trou atteignit les dimensions permettant de m'y introduire en rampant, je m'arrêtai. Mais l'insuffisance d'espace à l'endroit où je travaillais rendais très difficile l'arrachement des pierres ; et il était difficile plus encore de les retirer et de les arranger. Enfin, au prix de beaucoup d'efforts je réussis à disposer les pierres de telle manière qu'elles me servaient de marches pour monter et descendre dans le puisard.''<ref>Mémoires de P. Mandjoukov</ref></blockquote> | ||
− | Pendant une semaine, 10 heures par jour, les deux membres d'une équipe se chargent alternativement, par tranche d'une heure, du creusement et de l'évacuation des gravats pour l'un et de l'activation manuelle d'un grand soufflet de forgeron servant d'aération pour l'autre. Puis ils sont relayés par l'autre équipe. Une fois par semaine, le mercredi, le responsable du détachement militaire protégeant la banque fait une tournée d'inspection des lieux et maisons à proximité du bâtiment. Il inspecte quelques caisses de la maison louée et n'y trouve à chaque fois que des livres de langue russe ou des manuels législatifs. La nouvelle équipe profite de la relève militaire et de l'inspection hebdomadaire pour venir remplacer leurs compagnons. K. Kirkov quitte Istanbul fin mai et Pavel Chatev le remplace début juin. Arrive aussi | + | Pendant une semaine, 10 heures par jour, les deux membres d'une équipe se chargent alternativement, par tranche d'une heure, du creusement et de l'évacuation des gravats pour l'un et de l'activation manuelle d'un grand soufflet de forgeron servant d'aération pour l'autre. Puis ils sont relayés par l'autre équipe. Une fois par semaine, le mercredi, le responsable du détachement militaire protégeant la banque fait une tournée d'inspection des lieux et maisons à proximité du bâtiment. Il inspecte quelques caisses de la maison louée et n'y trouve à chaque fois que des livres de langue russe ou des manuels législatifs. La nouvelle équipe profite de la relève militaire et de l'inspection hebdomadaire pour venir remplacer leurs compagnons. K. Kirkov quitte Istanbul fin mai et Pavel Chatev le remplace début juin. Arrive aussi J. Popjordanov en ce début d'été 1900. Épuisants, les travaux continuent, mais ne peuvent se faire qu'en journée car les coups de marteau risquent d'être entendus la nuit. Finalement, le percement est terminé après presque 5 mois de travaux le 7 août. |
=== Salonique === | === Salonique === |
Version du 12 octobre 2018 à 22:27
Bateliers (Гемиџии, transcrit Gemidžii, en macédonien) Groupe anarchiste actif en Macédoine, alors Roumélie ottomane, entre la fin du XIXème et le début du XXème siècle après JC[1]. [En cours de rédaction]
SommaireContexteOrganisation révolutionnaire intérieure macédo-andrinopolitaineAnarchistes bulgaro-macédoniensInfluence russeLes BateliersBanque ottomane d'IstanbulFin 1899, Slavitoslav Merdjanov et Piotr Mandjoukov se rendent sous de fausses identités à Istanbul, chacun empruntant un itinéraire différent. Leur but est d'y mener une action violente, mais ils ne disposent que de peu de moyens. Les premiers fonds sont obtenus auprès de l'exarque à qui S. Merdjanov extorque un peu d'argent. En couverture, S. Merdjanov se prétend étudiant en droit, dont la santé fragile nécessite d'être à Istanbul, et P. Mandjoukov dit vouloir s'inscrire au lycée français de la ville. Ce dernier justifie de revenus en se faisant embaucher comme typographe dans l'unique imprimerie bulgare stanbouliote, tenue par un sympathisant de la "cause macédonienne" et son fils. Comme tous les ans, afin d'assister à une cérémonie devant le supposé manteau de Mahomet[2], le sultan ottoman se déplace dans Istanbul à bord d'une calèche entre son palais et le lieu de la cérémonie. C'est cette occasion, le 14 janvier 1900, que S. Merdjanov et P. Mandjoukov choisissent pour intenter à la vie du sultan. Mais la foule et la rapidité à laquelle passe le cortège sultanesque ne permettent pas aux deux anarchistes de lancer leur bombe ou d'ouvrir le feu sans prendre le risque de faire des blessés innocents. Finalement, ils renoncent à cette action. Ayant eu vent de la présence de ce groupe d'anarchiste, l'ORIMA, qui désavoue les attentats comme mode d'action, envoie à Istanbul un de ses membres pour exécuter S. Merdjanov et P. Mandjoukov. Parvenus à déjouer cette tentative, sans tuer leur exécuteur, les anarchistes chargent Jordan Popjordanov l'un des leurs à Salonique de faire savoir directement à la direction de l'ORIMA que :
Sans connaître la nature exacte de leurs projets, ni leurs identités réelles, les autorités ottomanes lancent une récompense de 10 000 lires pour la capture de S. Merdjanov et P. Mandjoukov. Piotr Sokolov les rejoint à la fin du mois de janvier 1900. Il arrive sous sa vraie identité et fait valoir sa profession de peintre. Décidés à organiser un nouvel attentat, le trio anarchiste jette son dévolu sur la banque ottomane d'Istanbul qu'ils veulent détruire à l'explosif, celle-là même que des arméniens avaient occupé en 1895[3]. Pour eux, la cible est doublement intéressante car, outre les bureaux de la banque, le bâtiment abrite la régie des tabacs dont les principaux capitaux sont français. Début mars 1900, une maison de trois étages est louée en face de la banque au nom de l'imprimeur, des stocks de papier et des caisses vides y sont entreposés. Dans cette maison, un puisard de 80 cm de large et 3,5 mètres de profondeur est la base de départ de leur projet de percement d'un tunnel de 14,5 mètres sous la rue pour rejoindre un coin du bâtiment bancaire et y déposer des charges explosives. Deux personnes - Zvetko Naoumov et Hadjiata - sont affectées à la surveillance de la maison pendant que deux équipes se relaient pour percer. Konstantin Kirkov et S. Mandjoukov forment une équipe, P. Sokolov et S. Merdjanov une autre. Le 10 mars S. Mandjoukov entame, seul, les trois premiers jours de travaux, armé d'un marteau, de burins, de bougies, d'allumettes et d'une boussole :
Pendant une semaine, 10 heures par jour, les deux membres d'une équipe se chargent alternativement, par tranche d'une heure, du creusement et de l'évacuation des gravats pour l'un et de l'activation manuelle d'un grand soufflet de forgeron servant d'aération pour l'autre. Puis ils sont relayés par l'autre équipe. Une fois par semaine, le mercredi, le responsable du détachement militaire protégeant la banque fait une tournée d'inspection des lieux et maisons à proximité du bâtiment. Il inspecte quelques caisses de la maison louée et n'y trouve à chaque fois que des livres de langue russe ou des manuels législatifs. La nouvelle équipe profite de la relève militaire et de l'inspection hebdomadaire pour venir remplacer leurs compagnons. K. Kirkov quitte Istanbul fin mai et Pavel Chatev le remplace début juin. Arrive aussi J. Popjordanov en ce début d'été 1900. Épuisants, les travaux continuent, mais ne peuvent se faire qu'en journée car les coups de marteau risquent d'être entendus la nuit. Finalement, le percement est terminé après presque 5 mois de travaux le 7 août. SaloniqueExils et déportationsÉpiloguePostéritéNotes |